Trente kilomètres à pied

Genres :
Thèmes : · ·
Distribution :

Jacques et André, deux jeunes retraités, n’en pouvant plus de cohabiter avec leurs femmes toute la journée, décident de fuguer quelques jours. Mais si l’un est bon randonneur, l’autre est le parfait pantouflard et après trente kilomètres à pied, au soir du premier jour, les pieds en compote et le moral à zéro, il contraint son copain à poser la tente sur la petite place de Piron-sur-Ajasse.

Au petit matin, pour expliquer leur présence incongrue en ce lieu, ils s’inventent des rôles. Jacques se serait fait jeter à la rue par une femme autoritaire et aurait rencontré l’amnésique André en cours de route. Prise de pitié, toute la commune se mobilise et organise une chaîne de solidarité autour de ces deux hommes… qui ne demandaient qu’à prendre le large !

Il y a là : le maire de Piron-sur-Ajasse, qui voit ici une occasion rêvée de faire parler de sa commune ; Claudine, la secrétaire de mairie, prête à réaliser une vidéo pour les actualités régionales ; Roselyne et Rolande, les deux sœurs célibataires qui tiennent le bistrot de la place et qui s’en feraient bien de potentiels maris ; Henriette, la vieille institutrice bigote qui aimerait bien remettre dans le droit chemin ces deux brebis égarées ; et Fonfonse, l’employé communal « avec son défaut de fa… de fafa… de fabrication »… Et ce ne seront pas l’arrivée de deux journalistes TV en quête de reportage, ni la tentative de kidnapping par la commune voisine qui vont arranger leur situation et les aider à sortir du mensonge dans lequel ils se sont eux-mêmes empêtrés…

Si vous aimez les pièces drôles, décalées, avec des rôles bien typés et équilibrés, alors vous avez là un texte irrésistible et prometteur de joyeuses répétitions.

ACTE I

 

Nous sommes en fin de journée. À l’extinction des lumières dans la salle, le rideau s’ouvre sur la scène qui reste plongée dans le noir total. Du fond de la salle, on entend chanter à voix haute et deux personnages, chargés comme des mulets, arrivent. Ce sont Jacques et André, deux amis fraîchement retraités qui, ne pouvant plus supporter leurs épouses sur leur dos vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ont décidé de s’offrir une escapade. Jacques, bon marcheur, devance André de quelques longueurs et braille à tue-tête. André, qui a de la peine à suivre, chante avec moins d’enthousiasme et commence à râler…

Jacques (en pleine forme, chantant à tue-tête) - « Trent’ kilomètres à pied, ça use, ça use, trent’ kilomètres à pied, ça use les souliers… trent’ et un kilomètres à pied, ça use, ça use, trent’ et un kilomètres à pied, ça use les souliers… Trent’ deux kilomètres à pied, ça use, ça use… »

André (fatigué, exaspéré, le coupant) - Tais-toi ! Arrête ta chanson débile, je n’en peux plus…

Jacques (s’arrête et attend son copain) - Au contraire, faut chanter mon Dédé, c’est ce qui motive les troupes. (Il termine.) « Trent’ deux kilomètres à pied, ça use les souliers… »

André (boitillant, geignard, le coupant) - Ce ne sont pas mes souliers qui sont usés, couillon ! Ce sont mes panards ! Ils sont en feu. C’est une vraie marmelade dans mes grolles. J’ai l’impression que mes orteils ont fondu les uns sur les autres.

Jacques (secouant la tête, moqueur) - Ce que tu peux être douillet quand même… C’est pas croyable !

André (complètement arrêté) - Forcément, toi, t’es habitué aux grandes randonnées. Saint-Jacques-de-Compostelle tous les ans… plus quinze bornes par jour pour entretenir ta forme… plus plein de bricolage à droite et à gauche…

Jacques (pas convaincu) - Et alors ?

André (répétant en maugréant) - Et alors, et alors… t’es forcément plus en forme que moi ! Quand je me suis tapé quinze fois le tour de mon bureau dans la journée, j’ai déjà des crampes partout. Tu rajoutes à ça quelques déplacements aux toilettes et je suis complètement courbaturé.

Jacques (prenant ça à la rigolade) - Eh oui… Surtout qu’avec ta prostate qui déconne, ça te fait tout de suite des allers-retours supplémentaires. (Il rit.)

André (à moitié vexé) - Ah ! c’est malin ! Ah ! ça c’est fin ! Bonjour l’humour !

Jacques (moqueur) - Imagine, Dédé, que tu sois payé à chaque fois que tu tires la chasse d’eau…

André (ne comprenant pas) - J’vois pas le rapport…

Jacques (très sérieux) - Le rapport, c’est qu’on pourrait dire que tu gagnes ton pain… des pisses ! (Il rit, content de son calembour.) Pain d’épices… C’est marrant, non ?

André (regardant son copain avec commisération) - Eh ben dis donc, le grand air ne t’arrange pas, mon pauv’ Jacquot. Plus tu te ventiles les méninges et plus tu deviens bête. La prochaine fois que tu iras à Compostelle, fais donc brûler un cierge à Saint-Jacques pour qu’il te rende un peu moins con !

Jacques (lui tapant amicalement sur l’épaule) - Oh là là ! Si on ne peut plus rigoler… Fais pas cette tête, je disais ça pour te faire oublier la fonte de tes arpions. (Il rit à nouveau.)

André (se remettant à boiter) - Eh ben c’est raté. Oh ! purée, ce que j’ai mal !

Jacques (avise un banc posé sur le devant de la scène) - On va se poser sur le banc et casser une petite croûte. Qu’est-ce que tu en dis mon Dédé ? (Tout en montant sur scène, il entonne un autre couplet.) « Trent’ trois kilomètres à pied, ça use, ça use, trent’ trois kilomètres à pied… »

André (le coupe en râlant) - Ça use les souliers, c’est bon, on va le savoir ! (Le menaçant du doigt.) Je te préviens que si tu continues à me chanter ne serait-ce qu’une strophe de ta rengaine de scout, en cinq minutes, tu auras foutu en l’air plus de quarante ans de belle et loyale amitié.

Jacques (en s’asseyant sur le banc) - D’accord, d’accord, ne te fâche pas. (Machinalement, il entonne « Mes souliers » de Félix Leclerc.) « Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé, ils m’ont porté de l’école à la guerre, j’ai traversé sur mes souliers ferrés, le monde et sa misèèèèère… » (Il fait traîner le mot « misère ».)

André (va craquer) - Tu le fais exprès, c’est pas possible autrement… (Il chiale à moitié.)

Jacques (allant chercher son copain et le faisant asseoir près de lui sur le banc) - Pleure pas Dédé. Elle n’est pas belle la vie sans nos femmes ?

André (tout triste, pleurnichant) - Nan, elle n’est pas belle !

Ils sont installés sur le banc qui est sur un côté et en avant-scène. Jacques a ouvert son sac et en a sorti un sandwich qu’il commence à manger à pleines dents. André est assis, prostré. Il n’ose plus bouger.

Jacques (tout en mangeant) - Faudrait savoir ! Il y a deux jours tu ne pouvais plus la supporter ta bonne femme.

André (s’en prenant à son copain) - Mais qu’est-ce qui m’a pris de t’écouter ? J’étais sûr qu’elle était complètement tordue ton idée.

Jacques (s’engoue et tousse) - Alors ça, c’est la meilleure ! Tu ne manques pas d’air pépère. Qui c’est qui en avait marre de sa Paulette depuis qu’elle avait pris sa retraite, hein ? Qui c’est qui en avait marre de se faire commander tous les matins, marre d’avoir une liste longue comme le bras de travaux à faire avant le soir, hein, qui c’est ?

André (se défendant comme il peut) - Peut-être… mais je n’étais pas le seul à en avoir marre…

Jacques (le coupant) - Je n’ai jamais dit le contraire. Moi aussi la Viviane elle m’empoisonne la vie depuis qu’on est toute la journée ensemble. Fais pas ci… fais pas ça… essuie tes pieds avant d’entrer… tonds la pelouse… repeins le couloir de l’entrée… va faire laver la voiture… (Odieux.) Est-ce que je lui rappelle, moi, qu’il faut qu’elle fasse la vaisselle, le repassage, le balayage, les vitres, les courses… enfin toutes ces petites conneries ménagères de tous les jours ? Non. Avec délicatesse, je la laisse gérer son emploi du temps toute seule, comme une grande.

André (voulant rendre Jacques responsable de leur fugue) - Tu vois bien que toi aussi elle t’agace ta Viviane !

Jacques (se défendant à son tour) - Peut-être, mais moi je m’en accommodais… je composais avec… tandis que toi tu es venu me tanner le cuir au moins dix fois pour qu’on fasse une fugue ensemble. Pour leur donner une leçon, comme tu disais. Alors hein, cacahouète mon pote !

André (mollement) - Tu me connais… fallait refuser.

Jacques (hochant la tête) - Eh ben, vaut mieux entendre ça que d’être sourd. Bon, allez, bouffe ton sandwich, ça ira mieux après.

André (fatigué) - J’peux pas, je suis trop fatigué. (Comme un gamin.) Et puis d’abord je n’aime pas les sandwiches.

Jacques (insistant) - Allez, allez, faut manger. Tu as déjà les panards lourds comme du béton, ce n’est pas la peine de les alourdir davantage en ayant, en plus, l’estomac dans les talons. (Il rit.) L’estomac dans les talons, pour t’alourdir les panards, elle est bonne celle-là, non ? (André ne rit pas. Il pense.)

André (rêveur) - Quand je pense qu’en ce moment Paulette est en train de mettre la table…

Jacques (attristé pour son copain) - Arrête Dédé, tu te fais du mal pour rien.

André (continuant, rêveur) - Elle a posé ma serviette près de mon assiette… la rouge, c’est ma couleur… elle c’est la serviette bleue…

Jacques (amusé) - Vous utilisez toujours les mêmes serviettes ? Vous les lavez de temps en temps quand même ?

André (même jeu, continuant, sans écouter son copain) - Elle me sert le potage ; quatre louches pleines. J’aime bien le potage de Paulette, il est bon…

Jacques (lui tend son sandwich) - Grignote ton sandwich et ne pense plus au potage de Paulette.

André (ignorant le sandwich) - Elle veut m’en remettre une cinquième louche…

Jacques (hochant la tête) - Ça ne m’étonne pas, elle en rajoute facilement une louche, Paulette.

André (complètement parti dans ses rêveries) - Moi je refuse, comme d’habitude, mais Paulette, elle me la verse quand même…

Jacques (hochant la tête) - J’en étais sûr.

André (de plus en plus attristé) - « C’est pour te faire grandir », qu’elle me dit en riant, Paulette. Elle me dit ça tous les soirs Paulette… sauf ce soir. C’est la première fois en trente ans de mariage que je n’ai pas ma louchée supplémentaire… (Douloureux.) Ça me maaaanque !

Jacques (regardant son copain) - Mais c’est qu’il me ferait un p’tit coup de mou le Dédé !

André (repartant dans ses rêves) - Et puis après, elle m’apporterait une paupiette parce qu’on est mercredi et que tous les mercredis soir, elle me fait des paupiettes de veau, Paulette. Même qu’elles sont drôlement bonnes les paupiettes de Paulette…

Jacques (un peu moqueur) - C’est plein de fantaisie chez vous dis donc… Qu’est-ce qu’on doit se marrer !

André (veut continuer) - En dessert, je sais aussi que j’aurais eu un flan au chocolat…

Jacques (commençant à en avoir marre) - Le flan au chocolat, c’est aussi le mercredi soir ?

André (avec évidence) - Non, c’est parce qu’il se périme demain. Et puis après le dessert…

Jacques (l’arrête net) - Stop, Dédé ! Tu fais chier avec ton repas. On ne va pas passer le réveillon là-dessus ! (Il lui tend à nouveau son sandwich.) Mange plutôt ton sandwich. (Dédé l’ignore et repart dans son spleen.)

André (voix de plus en plus triste) - Si ça se trouve, elle ne va pas dormir de la nuit Paulette. Elle doit être morte d’inquiétude. Quand je pense que, ce matin, je lui ai dit que je m’absentais cinq minutes pour aller porter sa commande de La Redoute à la poste…

Jacques (essaie de faire rire son pote) - Elle va croire que tu es parti directement à Roubaix en prendre livraison. (Il rit.)

André (regardant Jacques de travers) - Et ça te fait rire ? Tu ne te rends pas compte comme elle est sensible Paulette…

Jacques (un peu ironique) - Si elle était si sensible que ça, Paulette, elle serait déjà partie à ta recherche, tu ne crois pas ?

André (bredouillant) - Oui mais le temps qu’elle réalise… qu’elle en parle à Viviane… qu’elles aillent toutes les deux à la gendarmerie déclarer notre disparition… le temps d’organiser les secours… enfin tout ça quoi…

Jacques (enfonçant le clou) - Ah oui ? Et pour composer ton numéro de téléphone sur son portable, à ton avis, il lui faut toute la journée ?

André (accusant le coup, sortant précipitamment son mobile de sa poche) - Oh ! pétard ! Je n’ai pas pensé à ça. (Il consulte nerveusement sa messagerie et regarde bêtement son copain.) Y a rien…

Jacques (riant) - Forcément qu’il n’y a rien, banane ! Sinon, on les aurait entendus sonner nos portables. (Posant la question comme un instituteur.) Et si ça n’a pas sonné, ça veut dire quoi à ton avis ?

André (timidement) - Qu’elles n’ont pas appelé…

Jacques (comme un maître d’école) - Bien Dédé. Et si elles n’ont pas appelé, tu en conclus quoi ?

André (sans trop y croire) - Que leurs batteries de téléphone étaient à plat ?

Jacques (en hochant la tête) - Eh ben dis donc, tu as l’imagination fertile, toi ! Tu as vraiment l’esprit fécond. Et en deux mots : fait con…

André (commençant à comprendre) - Tu veux dire qu’elles…

Jacques (continuant) - Qu’elles n’en ont rien à foutre de nous… parfaitement… et qu’elles sont très contentes qu’on ait débarrassé le plancher.

André (douloureusement) - Oh noooooonnnn…

Jacques (pragmatique) - Oh siiiiiii ! Et si tu as une autre explication à proposer, eh bien je suis preneur.

André (bouleversé) - Ta Viviane est peut-être contente, mais pas Paulette… pas ma petite Paulette…

Jacques (lui tendant à nouveau un sandwich) - Allez, mange, Dédé. Il fait nuit, faut qu’on aille planter la guitoune dans un coin par là.

André (délaçant ses chaussures) - Paulette… ma petite Paulette…

Jacques (voulant l’en empêcher) - Eh ! oh ! N’enlève pas tes grolles avant qu’on soit arrivés, tu ne pourras jamais les remettre après. Tes nougats ont peut-être doublé de volume, mais tes pompes, elles, sont restées à la même pointure.

André (en pleine déprime) - M’en fous ! Je ne ferai pas un mètre de plus. Laisse-moi crever là.

Jacques (moqueur) - Et ça y est, le voilà à l’agonie… (Essayant de le raisonner.) Dédé, on ne va quand même pas poser la tente ici, on est à l’entrée d’un village.

André (s’attaquant à l’autre chaussure) - M’en fous ! De toute façon, j’veux pas dormir dans un pré, j’ai peur des bêtes.

Jacques (agacé) - Mais y a pas de bêtes dans les prés !

André (essaie de retirer ses chaussures) - Si môssieu, y a des bêtes ! Des toutes petites bêtes qui se faufilent partout que t’en retrouves même des fois jusque dans ton slip. Et puis il y fera froid, c’est humide… et puis j’aurai mal au dos… et puis d’abord à la maison, je dors toujours sous une couette… et puis merde ! Qu’est-ce que je suis venu foutre ici ? Et ces putains de godasses qui ne veulent pas s’enlever…

Jacques (le calmant) - Du calme, du calme, je vais t’aider. Et ensuite on posera la tente juste à côté, d’accord ? (Dédé acquiesce de la tête. Jacques se lève et va l’aider à tirer sur une chaussure.)

André (geignard) - Vas-y mollo, espèce de brute, tu veux absolument arracher mes reliquats d’orteils en même temps que la godasse ? (Jacques lui enlève une chaussure et fait une moue face à l’odeur qui s’en dégage.)

Jacques (mouvement de recul et ventilation avec le plat de sa main) - Wouahhhhh ! (Pas très emballé.) Tu veux vraiment enlever l’autre aussi ?

André (se faisant vexant) - Si tu veux faire le boulot à moitié, fallait partir avec un unijambiste ! Et si tu ne veux pas bosser du tout, fallait faire équipe avec un cul-de-jatte !

Jacques (enlève la seconde chaussure et, avec une moue de dégoût) - À défaut de fromage en dessert, on aura au moins l’odeur. Parfum munster… Ça promet une belle nuit.

André se relève avec peine et marche péniblement, les pieds rentrés en dedans. Il fait quelques pas en maugréant tandis que Jacques a sorti une petite tente rapide Quechua qu’il a jetée sur le milieu de la scène et qui s’est formée toute seule.

André (en marchant péniblement) - Aïe… Ouille… Aïe aïe aïe… Ouille ouille ouille…

Jacques (en montant la tente) - Ce que tu peux être douillet ! Je me demande comment elle a fait pour te supporter aussi longtemps, Paulette.

André (douloureux) - Ma p’tite Paulette… (Il hurle à la mort.) Pauleeeeeettte !

Jacques (se précipitant et lui mettant la main devant la bouche) - Mais il va nous réveiller tout le village ce con ! Va te coucher, tu m’énerves. (Il le pousse sous la tente.) Et dors vite parce que demain matin on décampe d’ici rapidement. (Il le rejoint sous la tente. Leurs pieds dépassent au bout.) Et mets-toi des boules Quies dans les oreilles parce que je ronfle. (Il s’en met lui aussi.) D’ailleurs je m’en mets aussi parce que je ronfle tellement fort que j’arrive à me réveiller moi-même.

Un petit temps de silence. Puis…

André (voix off) - Jacquot ?

Jacques (agacé) - Ouaaaais…

André (voix off, suppliante) - J’peux te tenir la main ?

Jacques (voix off) - Non, mais ça ne va pas !

André (voix off) - J’angoisse. Quand j’ai des angoisses, le soir, Paulette me prend toujours la main.

Jacques (voix off) - Ben oui, mon pote, mais moi, j’suis pas Paulette.

André (voix off) - Oui, mais t’es mon meilleur copain…

Jacques (voix off) - Je sais, Dédé, je sais. Toi aussi, t’es mon meilleur...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Achetez un pass à partir de 5€ pour accédez à tous nos textes en ligne, en intégralité.




Retour en haut
Retour haut de page