Au secours ça se corse

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Trois amis arrivent dans le cabanon qu’ils ont loué pour les vacances dans l’arrière-pays niçois. L’étourderie de l’un d’eux va les conduire à être confrontés à de gros problèmes financiers inattendus. Pour s’en sortir, ils vont tenter de se refaire en allant au casino.
L’un d’entre eux va se retrouver entraîné ensuite dans une partie de poker pipée et ne trouvera de salut que dans la fuite. Mais les malfrats vont rapidement le retrouver et la situation va encore empirer. C’est alors qu’ils vont se lancer dans le kidnapping de la fille d’un milliardaire lors d’un bal costumé mais ils se trompent de personne… tous les évènements vont alors se précipiter et les plonger dans une spirale infernale

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ACTE 1

 

 

 

La porte s’ouvre. Les trois jeunes entrent,  portant des sacs de voyage et précédés d’une dame avec un fort accent du midi.

Et voilà, mes petits messieurs, vous y êtes !

olivier - Ah ! Un peu de fraîcheur !

jeff - Le soleil tape fort, aujourd’hui !

La tante - Vé ! C’est que vous êtes pas dans le Nord ! Ici le soleil, il est généreux et c’est pas la pollution qui lui fait de l’ombre !Vous allez voir comme vous allez être bien. Ici, le silence, il vous écorche le tympan que c’est un bonheur ! C’est que vous êtes à l’écart de la route et que ça vous évite les pétarades de moteurs ! (Elle remonte le store.) - Vé ! C’est pas beau cette vue ?

Simon - Y a un sacré panorama !

Jeff - Oui et ça sent bon la lavande…

olivier - Oh ! On voit la mer !

la tante - Je vous l’avais pas dit, histoire de faire la surprise. Oh, c’est qu’un petit bout, té ! mais ça scintille qu’on dirait des diamants…

Simon - En tout cas quel calme !

la tante - Ah, pour ça, vous serez tranquilles. Quand je vois tous ces Parisiens qui viennent s’estrapaner sur la côte. Ils se plaignent que dans le métro ils sont esquichés comme des anchois et en vacances, ils trouvent rien de mieux que de venir s’entasser sur la plage. Té ! Y faut être fada !

olivier (qui est toujours en train de regarder la mer, au loin) - On en est à combien ?

la tante - Oh bé ça je peux pas vous dire… moi, les estivants, je les compte pas, hé !

olivier - Non, je voulais dire, on est à combien de kilomètres de la plage ?

la tante - Ah… trois ou quatre.

Jeff (à Simon) - Tu parles… Disons plutôt six ou sept…

Simon - C’est dingue, ici. Ils exagèrent tellement que tu es obligé de diviser par deux ce qu’ils te racontent mais pour les distances, c’est le contraire, tu es obligé de multiplier par deux !

la tante - Bon… que je vous montre. La « quittechenette », avec tout le barda qu’y faut, que si par hasard il vous manque quelque chose, vous me dites, je suis pas loin ! Bon, là, c’est le salon, le « livingue roume », comme ils disent les Anglais. Venez, que je vous montre les chambres, la salle de bains et le petit coin, comme qui dirait le « pipiroume », quoi ! (Ils la suivent.).

On entend une sonnette de vélo puis une jeune fille arrive, accent du midi.

Magali - Y a quelqu’un ? You hou, la tante, tu es là ? (Elle voit les sacs, se regarde dans la glace, arrange ses cheveux. Les garçons et la tante reviennent.).

la tante - Té ! Te voilà, toi ! Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

Magali - Je suis venue voir s’il y avait besoin de rien (Elle dévore les garçons des yeux, fait sa coquette.).

la tante - Arrête de me raconter des cagades ! Je sais bien pourquoi tu es là… (Aux garçons.) - C’est Magali, ma nièce, la fille de mon frère. Il me l’envoie pour les vacances.

Magali (minaudant) - Bonjour… On pourrait se faire la connaissance : c’est quoi, vos petits noms ? (Chacun dit son prénom.).- Et qu’est-ce que de beaux garçons comme vous viennent faire dans ce coin perdu ?

la tante - Ils sont venus pour la tranquillité ! Alorsse, tu vas leur la faire, la tranquillité ! Et plus vite que ça, fan de chichiourle !

magali (elle l’ignore.) - Je suis là pour le service. Si vous avez besoin, y faut pas hésiter, vous pouvez me demander ce que vous voulez…

Les garçons sourient, gênés, acquiesçant.

la tante - Tu vas finir, dis ! Et que je te prends l’accent pointu, et que je te fais des mines, et que je te tortille du croupion qu’on dirait une pintade en folie !

olivier - C’est gentil à vous, mais on va se débrouiller…

jeff - Pas de soucis, on a l’habitude.

Simon – Vous savez, quand on est célibataire…

magali (se rapprochant encore plus) - Pas pour très longtemps, ça m’étonnerait, vous envoyez des ondes, qu’on dirait des aimants et que même, ça me fait comme des chatouillis…

la tante (elle l’attrape par le bras) - T’as pas de honte, dis ! Allez zou ! Tu te rentres ! (Elle la pousse vers la sortie.) - Tu te le prends le vélo, t’y poses tes fesses et tu pédales vite fait jusqu’à la maison et que je t’y trouve quand je reviendrai de chez la Marie Pichon ! (On entend la sonnette du vélo. La tante crie.) - Et que je t’y reprenne à venir ici, espèce de gourgandine ! (Aux garçons.) - Si c’est pas malheureux ! Tout le portrait de sa mère, que son mari, peuchère, que pourtant il est pompier, il a jamais pu lui éteindre le feu qu’elle avait au derrière ! Bon… Il faut que j’y aille. Vous avez des vélos dans la remise derrière la maison . Pour aller à la mer, c’est plus pratique rapport à la circulation.

jeff - Je vous raccompagne en voiture.

la tante - Té ! Vous voulez rire ! Que vous croyez que je les ai eus comment les mollets bien ronds ! Merci quand-même et à la revoyure ! Que si vous avez le besoin, vous hésitez pas, hé ?

les garçons - Au revoir ! Merci ! (La tante s’en va.).

Olivier - Ben dites-donc…!

simon (imitant Magali) - « Vous pouvez me demander ce que vous voulez ». Elle promet la gamine ! Elle a du boulot la tantine, moi je vous le dis !

jeff - C’est son problème, pas le nôtre. Bon, on s’installe vite fait et on file. Je vous dis pas les canons qu’on va trouver à la plage !

simon - En parlant de plage, on en est quand-même un peu loin…C’est pas vraiment l’ambiance bord de mer…

Olivier -T’es marrant, c’est pas les mêmes prix non plus ! Et puis rien ne nous empêche de rentrer uniquement pour nous coucher.

jeff - C’est vrai… et puis l’avantage, c’est qu’on va se faire des grasses matinées royales ! Ecoutez ce silence….

Olivier - Je sais pas vous mais moi j’ai trop envie de me baigner. On rangera plus tard.

jeff - T’as raison ! (il attrape un sac de sport) - Maillots, serviettes, tout est là-dedans, on peut y aller !

simon - On arrive les filles ! Ca va déménager ! Les gars, je sens qu’on va faire des ravages !

magali (de dehors) - You hou ! C’est re-moi !

simon - Oh ben non !

Olivier - Qu’est ce qu’elle veut !

jeff - Je sens qu’elle va me fatiguer…

magali (elle entre) - Vous me voyez toute confuse, mais j’ai crevé ma roue de vélo et je suis si tellement gourde que je sais pas la réparer toute seule !

Olivier - La maison de votre tante n’est pas si loin… Vous pouvez le pousser jusque là bas.

magali - Ca serait bête que j’abîme le pneu alors que j’ai la rustine…

simon - Moi, je n’ai jamais fait ça.

jeff - Je vais défaire les bagages.

magali (se tournant vers Olivier) - Et vous ? Vous voulez bien me la coller la rustine ? Y a ce qu’il faut dans la remise.

Olivier - Ben… C’est à dire que…on allait partir…

simon - Mais si, il va le faire ! On a bien cinq minutes…

jeff - Il adore le bricolage !

olivier (regard noir et entre ses dents) - Merci, les gars…

magali - Venez que je vous montre. (Ils sortent.)

jeff - Ah, le pauvre vieux ! Il est cuit !

simon - Moi, cette fille, elle me fait peur ! Elle a l’air gourmand du cannibale devant l’explorateur dans sa marmite !

jeff (prenant l’accent africain) - « Elle va le bouffer tout cru ! » (Il emporte des sacs vers les chambres)

simon - Bon, ben y a plus qu’à attendre ! (il allume la télé. C’est le tirage du loto) - Encore perdu ! (il éteint la télé)

jeff (qui revient) - C’était quoi ?

simon - Le tirage du loto. On n’a encore qu’un seul numéro. Je me demande pourquoi on joue…

jeff - Les probabilités vieux ! C’est mathématique : plus tu joues la même combinaison, plus tu as de chances de gagner.

simon - C’est sûr ! Si tu joues pendant cent ans ou plus…

jeff - Il y a peu de chances, d’accord, mais c’est possible. Si tu  joues pas, t’en as aucune !

simon - Remarque, la mise divisée par trois, c’est pas ruineux mais bon… c’est une dépense inutile.

jeff - En parlant de dépense inutile, calcule ce que te coûtent tes cigarettes dans une année… Une fortune ! Et tout ce que tu risques de gagner, c’est un cancer du poumon !

simon - Evidemment… Vu comme ça…

jeff - Ca fait au moins cinq ans qu’on joue les mêmes numéros. Ils sortiront un jour, c’est fatal !

simon - J’aime ton optimisme…

Olivier revient, échevelé, la chemise à moitié ouverte, un pan hors du pantalon, les lunettes de travers, des traces de rouge à lèvres un peu partout sur le visage.

olivier - C’est pas une fille, c’est une sangsue doublée d’une pieuvre !

Les deux autres le regardent, hallucinés.

jeff - Ben mon pauvre vieux…

simon - Elle t’a violé ou quoi ?

olivier - Elle a carrément essayé ! (Il se nettoie avec un torchon.).

jeff - Pendant que tu rebouchais le trou ?

simon (imitant Magali) - « Avec la rustine ? »

olivier - Sa roue n’était même pas à plat ! - C’était une ruse pour m’attirer dans la remise.

jeff - Dis donc, elle est culottée !

simon - Et elle voulait que tu la déculottes !

olivier - Hilarant ! J’aurais aimé vous y voir !

simon - Allez, c’est pas si terrible !

jeff - Tu as sauvé ta virginité, j’espère ?

olivier - C’est ça, rigolez bien ! Vous n’aviez qu’à y aller, vous, dans la remise…

jeff - Moi, je préfère les filles qui se font désirer et quand enfin elles te tombent dans les bras, tu as l’impression d’avoir remporté la médaille d’or aux jeux olympiques.

simon - Eh ben moi, j’aime mieux tester des tas d’échantillons. Comme ça, le jour où je me déciderais, je serais sûr d’avoir fait le bon choix !

jeff - Elle est repartie ?

olivier - Je pense que oui…

jeff - T’en sais rien ?

olivier - Ben… je me suis positivement échappé. Elle m’avait coincé contre un vieux bahut. Elle a voulu enlever son tee-shirt. J’ai profité qu’elle avait la tête prise dans l’encolure pour me tirer !

Les deux autres rient. La tante arrive.

la tante - Pardon pour le dérangement mais dites, la Magali, elle serait pas revenue, par hasard ? (Ils font tous signe que non.).- C’est que je me méfie, hé ! Quand je suis revenue de chez la Marie Pichon, la Magali, elle était pas à la maison. Où elle peut bien être ?

jeff - Ah je vous assure, on ne l’a pas vue…

olivier - Vous avez dû la rater de peu…

Simon - Oh oui… de peu…

la tante - C’est que mon frère, il me l’a confiée et c’est pas un travail simple, je vous le dis, moi, té ! Des sauterelles pareilles, c’est comme des mantes religieuses ! Ca vous bouffe le mâle tout cru ! (Elle aperçoit Magali qui passe devant la fenêtre, essayant de partir en douce.). - Té ! La voilà ! Où tu vas comme ça ? Viens un peu par ici ! (Magali entre.).

magali - Tu arrivais plus alors je me faisait le mauvais sang !

la tante - Et tu es venue jusqu’ici pour avoir des nouvelles !

magali - Bé… tout juste !

la tante - Té ! Tu vas en avoir des nouvelles ! Et pas plus tard que dans cinq secondes, si tu es encore ici ! Allez file, fille perdue, avant que je te frotte le postérieur avec des orties ! Comme ça, tu sauras pourquoi tu as chaud aux fesses !

Magali enfourche son vélo et s’en va.

la tante (aux garçons.) - Ah, mon pauvre frère ! Il avait pas mérité ça ! Que sa femme elle est partie on sait pas où avec on sait pas qui et que maintenant, sa fille, elle prend la relève ! Ca te me fait monter la boufaïsse que ça va finir par me faire tourner les sangs en bouillabaisse !

Elle part.

olivier - Qu’est-ce que je vous disais !

jeff - Tu parles d’un numéro !

simon - La tante ou la nièce ?

jeff - Les deux !

olivier - En tout cas, je l’ai échappé belle, à quelques minutes près elle nous surprenait dans la remise…elle aurais cru que j’en profitais, je te dis pas la crise !

jeff - Parle pas de malheur ! Bon, j’avais commencé de défaire les bagages, je termine vite fait et on se tire. (Simon allume la télé) - Eteins cette télé, Simon, on est en vacances !

simon - Quel rapport ? Je ne vois pas ce qu’il y a de gênant.

jeff - J’aime mieux entendre les cigales et puis, viens t’occuper de tes affaires, ça sera fait.

simon - Bon… d’accord… (ll se lève pour éteindre le poste. C’est une course hippique qui commence.)

olivier - Aaaaaaah !!! N’éteins pas ! Là… l’hippodrome… les chevaux… horreur !!

jeff - Mais… qu’est-ce qui te prend ?

simon - Ca va pas ? T’es malade ?

olivier - Taisez-vous ! Silence ! (Chaque fois que le commentateur cite Belphégor, un cheval.) - Non ! Oh non ! Pitié ! Non ! (Il se colle devant la télé, se tord les mains, anxieux. Finalement, c’est l’arrivée de la course, le commentateur annonce le vainqueur : Belphégor.) - C’est pas possible !!! Qu’est-ce que je vais faire !!!

jeff - Mais enfin, explique-toi !

simon - Mais parle bon sang !

olivier - C’est une catastrophe ! J’ai complètement oublié ! C’est affreux !

jeff - Quoi ? Qu’est-ce qui est affreux ?

olivier (d’une voix blanche) - Mon patron m’avait demandé de miser sur Belphégor… Il n’avait pas le temps, il partait en séminaire. Il m’a donné l’argent et il m’a dit que si le cheval gagnait, comme je lui rendais service, il me donnerait dix pour cent des gains !

simon - Eh bien, c’est lui qui a gagné ! Pourquoi tu fais cette tête ?

olivier - Tais-toi ! (Il monte le son pour entendre le montant des gains, qui sont très gros.) - A vingt contre un, ça fait… 15.000 euros ! C’est terrible !! (Il éteint le poste.).

jeff - Ben dis donc… même que dix pour cent, ça fait une belle petite somme !

simon - Tu pourras nous payer un plateau de fruits de mer !

olivier - Pas même pas un bigorneau ! J’ai oublié de le faire !

jeff - Tu as oublié de faire quoi ?

olivier - Le tiercé ! Ca m’est complètement sorti de la tête !

jeff - Comment on peut oublier une chose pareille ? Mais, comment tu fais !

simon - Tu n’as plus qu’à t’excuser. Ben mon pauvre vieux, il ne va pas être content ton patron…

olivier - M’excuser ! Tu as entendu ce que ça rapporte ! C’est un coup à me faire virer !

jeff - Dis donc ! Une somme pareille !

simon - Ca peut arriver, la preuve ! Il va comprendre…

jeff - Comprendre…t’en a de bonnes, toi !

olivier - Il va m’en vouloir !… Oh non ! Oh non !

simon - Qu’est-ce que tu vas faire ?

olivier - Je n’en sais rien ! Tu parles de vacances, tiens ! On n’est pas arrivé que… Oh… je suis dégoûté (Il est au bord des larmes.)

simon - T’en fais pas, on est là !

jeff - On va sûrement trouver un moyen…

olivier - Mais vous ne risquez pas de m’aider…Comment je vais faire pour trouver une somme pareille ! Il faudrait avoir une paye de ministre !

simon - On pourrait demander un prêt à la consommation… chacun 5.000 euros. On ne te demande pas ce que tu comptes en faire, tu as le fric en quarante huit heures et tes mensualités, c’est toi qui les fixe…

jeff - … Et qui les paye pendant quinze ans avec des taux d’intérêt frisant les vingt pour cent ! C’est vraiment le piège à éviter !

olivier - Et puis c’est mon problème… Je ne veux pas vous mêler à ça.

simon - Si c’est ton problème, c’est le nôtre aussi ! C’est ça l’amitié !

jeff - Tu peux compter sur nous.

olivier - Bien sûr mais…

simon - On va t’aider. Je ne sais pas encore comment mais on va trouver une solution.

Le portable d’Olivier sonne.

olivier - Allô ? (Il bouche le micro.) - C’est lui ! C’est mon patron ! Qu’est-ce que je fais ? (Affolé.)

jeff - Tu lui dis que tu es en vacances…loin et que…je sais pas moi !

olivier - Allô ? Bonjour monsieur… … Belphégor ? … … le grand prix… … (Mimiques aux copains.) - Bien sûr … … oh non ! je n’ai pas oublié, monsieur… … (Aux copains.) - Il est excité comme une puce ! Qu’est-ce que je fais ?

jeff - Dis-lui que tu l’entends très mal…

simon - Que t’es à Marrakech

olivier - Je vous entends mal… … à l’étranger … Marrakech … (Les deux autres parlent un pseudo arabe, font des bruits de toutes sortes.) - Un souk ! Je suis dans un souk ! Je… crrrrr… pour… crrrrr… crrrrr… bien… crrrrr… au r… voir crrrrr… (Il raccroche. Tous les trois sont épuisés et s’assoient, silencieux.)

olivier - Bon sang ! Il m’a éclaté le tympan !

jeff - Qu’est-ce qu’il a dit ?

olivier - Il est ravi ! Il m’a dit de bien profiter de mes vacances, qu’on s’arrangerait au retour et qu’en plus des dix pour cent promis, il n’oublierait pas le service que je lui ai rendu.

simon - Bon. Maintenant, il faut trouver l’argent !

Ils réfléchissent.

jeff - Dites-donc… Et si on allait flamber au casino ?

olivier - Pour perdre le peu qu’on a !

jeff - Ou ramasser un beau paquet !

olivier – Remarque.. c’est une idée… Je dois pouvoir aller jusqu’à mille euros, c’est pas si mal !

jeff - Pour gagner gros, il faut miser gros ! J’ajoute 700 euros. Je ne peux pas faire mieux, désolé…

simon - Ben moi, une fois les vacances payées, à peu près la même chose.

olivier - Vous êtes sympas les gars mais c’est moi qui ai fait la boulette, c’est à moi de débourser. Et maintenant que j’ai un emploi… enfin, j’espère que je vais le garder !

jeff - T’angoisse pas, ça ne sert à rien ! On a dit qu’on allait t’aider, on participe, un point c’est tout. Ca multipliera les chances de gagner.

olivier - C’est trop sympa les gars (Il donne l’accolade à chacun.) - Merci… merci…

jeff - De rien../

simon - C’est normal …

jeff - On se séparera : machines à sous, roulette, black-jack… Je la sens bien, cette soirée ! Allez, les gars, je vous le dis, on va exploser la banque !

olivier - Si tu pouvais dire vrai…

simon - En attendant, je vous signale qu’on est en vacances ! Des filles superbes nous attendent ! A nous les petites Anglaises ! (Les deux autres le regardent, interloqués.) - Ben oui, quoi ! sur la Promenade des Anglais, qu’est-ce que vous voulez qu’on trouve ? (Ils rient.).

jeff - Bon. On s’emporte une veste, une chemise et une cravate, sinon ils ne nous laisseront pas entrer au casino.

olivier - C’est bien vrai… Je ne pensais pas à ça.

simon - Attends… On ne va pas se balader comme ça !

jeff - Ah le boulet ! On les enfilera par-dessus les tee-shirts, le soir venu !

simon - Ah ben oui, bien sûr…

Chacun part vers les chambres et en revient avec les vêtements.

jeff - C’est OK ?

olivier - Pourvu qu’on finisse pas KO !

simon - C’est pas vrai d’avoir un moral pareil ! Allez, je te dis, cette nuit on est milliardaire ! Et en attendant ce soir, on va se piquer une tête dans la grande bleue ! (Ils baissent le store et sortent).

La lumière baisse puis s’éteint, relayée par une lumière bleue. Une bande son démarre : bruits de casino, croupiers, roulette, etc…

Le son s’amplifie puis diminue peu à peu et cesse. Simon et Jeff reviennent.

jeff - Il n’est pas encore revenu ! Mais où est-ce qu’il a bien pu aller ?

simon - Mais pourquoi il est parti du casino !

jeff - Et surtout pour où ? Et Dieu sait avec qui !

simon - Bon sang ! J’étais coincé à une table de jeu en pleine partie de baccara. Je lui ai demandé de m’attendre mais il m’a dit que c’était une « bonne occasion à ne pas manquer ».

jeff - Moi pareil ! La boule était en train de sauter dans la roulette… D’ailleurs, comme les autres fois, elle s’est arrêtée juste à côté de la case que j’avais choisie. Il s’amène et il me dit de pas l’attendre, qu’il rentrerai en taxi. Je lui ai demandé où il allait mais il est parti en me disant « j’ai un bon plan… t’inquiète… ».

simon - Il est bon, lui ! Il est quelque part dans la nature, en pleine nuit… Je n’aime pas ça mais alors, pas du tout !

jeff - Et avec du fric dans les poches…

simon - Ou ce qu’il en reste ! Moi, personnellement, j’ai tout paumé.

jeff - Ben moi, j’avais presque reconstitué la mise mais après je me suis mis à perdre. Non seulement on n’a pas pu l’aider mais en plus, on n’a plus un rond !

simon - Ouais… pour nous, c’est pas terrible mais pour lui, c’est pire. Je ne sais pas comment il va s’en sortir… 15.000 euros, ça ne se trouve pas comme ça !

jeff - Mais comment il a fait pour oublier de le jouer, ce Belphégor !

simon - Tu le connais, une vraie tête en l’air… (On entend claquer une portière de voiture. Il va voir à la fenêtre) - Ah ! le voilà enfin !

Olivier entre.

simon - Tu es malade ! On s’est fait un de ces soucis !

jeff - Tu étais où ? Pourquoi tu es parti ?

simon - Tu étais avec qui ?

olivier - Ah les mecs… si vous saviez…

jeff - On aimerait bien savoir ! Raconte !

olivier - J’étais en train de jouer au craps, je perdais tout ce que je voulais. Il y avait un type derrière moi qui m’a demandé si j’étais intéressé par une partie de poker. Je savais pas trop quoi répondre… Il m’ a dit que je laissais trop de place au hasard, que le poker, c’était moins aléatoire. J’étais pas très chaud mais il m’a assuré que c’était avec des gens très bien et qu’il m’appellerait un taxi pour rentrer. Alors je me suis dit que perdu pour perdu… j’aurais peut-être plus de chance aux cartes.

jeff - Et tu pars comme ça, toi ! Avec un mec que tu ne connais pas et qui t’embarque on ne sait où !

simon - T’es complètement ouf !

olivier - C’était un mec sympa, avec beaucoup de classe et il m’a emmené en Mercedes !

jeff - Tous les gages d’une bonne moralité, en effet…

simon - Ecoute… Il est là, il est vivant, c’est le principal.

jeff - Et tu reviens… riche, je suppose ?

olivier - Ben… Au début, j’ai gagné tout ce que je voulais. J’avais reconstitué mon capital et même un peu plus et puis après, la chance a tourné…

jeff - Comme par hasard !

simon - Ils étaient de mèche ! C’est le coup classique : on te laisse gagner, tu prends confiance et après c’est la dégringolade… J’ai tort ?

olivier - C’est à peu près comme ça que ça s’est passé...

jeff - Je vois. Tu as tout reperdu.

olivier - Pas vraiment…

simon - Qu’est-ce que tu entends par « pas vraiment » ?

olivier - En fait… C’est un peu plus pire qu’avant…

jeff - Qu’est-ce que tu dis !

simon - Pire ? Comment ça, pire ?

olivier - J’ai signé… une reconnaissance de dette.

jeff - Quoi !!!

simon - De combien ?

olivier - Euh… de 20.000 euros.

jeff - Ahhhhhhh !!!

simon - C’est pas vrai ! C’est pas possible !

olivier - Vous affolez pas, les mecs ! Je les ai bien eus !

jeff - Comment ça ?

olivier - J’ai donné une fausse identité, j’ai pris un air dégagé, j’ai signé d’un air blasé, ils m’ont appelé un taxi. Je l’ai fait tournicoter dans tous les sens et quand j’ai été sûr qu’on n’était pas suivi, je me suis fait ramener ici. Pas plus difficile que ça !

simon - Mais… Et s’ils te retrouvent ?

olivier - Et comment ? Le papier qu’ils ont gardé, c’est du vent ! Une signature bidon, aucune adresse. C’est eux qui se sont fait avoir ! Cela dit, j’ai plus un rond.

jeff - Tu es sûr qu’ils ne te retrouveront pas ?

olivier - Comment veux-tu qu’ils fassent ? Par contre, on ne remet plus les pieds à Nice, c’est plus prudent.

simon - De toute façon, la plage, là-bas, c’est des galets. En tout cas, chapeau ! Tu t’en es bien sorti !

jeff - Eh bien moi, je trouve que c’est un peu facile, tout ça !

olivier - T’inquiète, je te dis !

jeff - Admettons… Bon, ben moi, je suis vanné.

olivier - Moi aussi…Au fait, et vous ?

simon - Zéro au compteur !

olivier - Bon sang ! C’est pas vrai ! Je vous rembourserai.

jeff - Ne t’en fais pas pour ça… Allez, viens te coucher.

olivier - Quand je pense que je dois toujours 15.000 euros à mon patron…

simon - On verra ça demain… enfin, tout à l’heure… Il est quand-même cinq heures du matin !

Ils vont tous se coucher. Ils baissent le store. Les lumières s’éteignent, remplacées par une vague lueur bleutée de nuit

Au bout d’un moment, trois hommes vêtus d’imperméables et de chapeaux entrent et s’installent : un près de la porte, un sur une chaise et le dernier appuyé contre le comptoir de la cuisine américaine.

Olivier se lève. Il est encore passablement endormi. Il relève le store.. Il ne voit pas tout de suite les trois hommes puis s’aperçoit enfin de leur présence.

olivier - Ahhhh !!!!

Matteo (accent corse prononcé) - Eh bien petit, on prend des vapeurs de jeune fille ?

Olivier les regarde à tout de rôle, les yeux exorbités.

olivier - Mais… mais… qui êtes-vous ?

Matteo (se tournant vers celui qui est accoudé à la cuisine) - Dis-lui, toi. Moi, il me fatigue déjà.

le broyeur - Faut pas lui en vouloir, chef. Y peut pas nous connaître : on s’est pas présenté !

Matteo - T’as raison. Mais il pourrait se douter (A Olivier.) - T’as pas une petite idée ?

olivier - Pas du tout ! Et je vous prie de sortir d’ici !

Matteo (aux autres) - Vous entendez ça, vous autres ?

le broyeur - C’est un comique…

le bavard - Ouaip !

Matteo - Oui mais moi, les comiques, ça me fait pas rire. Alors comme ça, tu croyais doubler Dino Franceschi !

olivier - Mais… De qui parlez-vous ?

Matteo - Arrête… Tu me fatigues, je te dis… Et fatiguer un Corse, c’est du suicide ! T’as pas eu de chance, cette nuit, au poker…

olivier (sans conviction) - Quel poker ?

Matteo - Tu vois, là, tu commences à m’énerver, petit… c’est pas bon pour ta santé.

olivier - Mais je vous assure !

Matteo - Faut dire que t’es pas bien malin… Tiens, au fait, je te rends ton portefeuille, des fois que tu aurais besoin de ta carte d’identité… (Olivier est liquéfié.) - Quant à Marco, le chauffeur de taxi, tu l’as bien baladé avant d’arriver ici.

olivier - Mon Dieu ! Le pauvre homme a parlé sous la torture !

Matteo (aux autres) - Alors là, on en a touché un bon !

le broyeur - Sûr ! J4en ai pourtant vu, des caves mais alors lui, il a remporté le pompon !

le bavard - Ouaip !

Matteo - T’es vraiment un cas, petit ! T’as oublié que c’est monsieur Franceschi qui te l’a appelé, le taxi ?

olivier - Mais alors… Ce Marco, c’est un homme à vous ?

Matteo - Dis-donc, tu progresses ! Bon. Maintenant, ouvre grand tes manettes : monsieur Franceschi, il veut bien te pardonner ton écart de conduite. Il comprend la vie. Alors, tout ce qu’il te demande, c’est de payer ta dette avec, bien sûr, un petit supplément, c’est normal !

olivier - Mais comment voulez-vous…

Matteo - Ca, c’est ton problème. Quand on est un demi-sel, on vient pas jouer dans la cour des grands !

olivier - Ecoutez, monsieur… ?

Matteo - Matteo, pour te servir.

olivier - Ecoutez, monsieur Matteo, si je suis venu à cette partie de poker, c’est que justement j’avais besoin d’argent. Sinon, je ne joue jamais, je ne suis pas un joueur invétéré et…

Matteo (montrant le truand qui a des gants et tape le poing dans chaque main.) - C’est « invertébré » qu’il faudra dire quand le Broyeur se sera occupé de toi. On te retrouvera genre café moulu, mouture extra fine… Il se tourne vers le Broyeur.) – Vas-y toi, explique.

le broyeur (s’approche tout près d’Olivier) – J’suis un méticuleux, t’as pas idée. Je m’occupe de chaque os en particulier et pis je mets chaque morceau dans sa petite boîte, comme au musée de l’homme.

Olivier – Aahhhh !

le broyeur– Et les boyaux, tu sais ce que j’en fais des boyaux (Olivier fait non de la tête et avale difficilement sa salive. Le Broyeur, faisant le geste)  - Je les enroule proprement autour du cou, façon rouleau de réglisse. Qu’est-ce que tu veux, j’suis un délicat, on se refait pas. Pas vrai, le Bavard ?

le bavard - Ouaip !

le broyeur - Je commence quand, chef ?

Matteo - Patience, le Broyeur. Le patron lui accorde un délai de deux jours.

olivier - Deux jours ! Comment voulez-vous que je trouve 20.000 euros en deux jours !

Matteo - Pas 20.000, petit… 40.000 !

olivier - Quoi !!!

Matteo - T’as voulu doubler monsieur Franceschi alors lui, il double la dette, normal !

olivier - Mais c’est affreux !

Matteo - Arrête de te plaindre. Y en a qui, à ta place, seraient déjà balancés au large du Cap Ferrat avec un bloc de béton en guise de chaussures. Mais dans ton cas le patron a voulu être indulgent. Tu pourrais avoir de la gratitude…

le broyeur - Le patron est trop bon, chef.

le bavard - Ouaip…

Matteo - Tais-toi, le Bavard, tu saoules !

Jeff et Simon arrivent à leur tour.

Matteo - Ah, mais t’es pas tout seul ! Tu vas pouvoir te faire aider ! Au fait : si t’as dans l’idée de jouer les filles de l’air, oublie. T’as pas les épaules. Messieurs, Je vous salue bien ! (A Olivier.) - T’oublies pas, petit : quarante huit heures, pas une de plus ! (Aux deux truands.) - Venez, vous autres.

le broyeur (toujours le même jeu avec ses poings) - Au plaisir de te revoir, mec…

le bavard - Ouaip…

Matteo - La ferme, le Bavard ! J’aime pas me répéter !

Ils sortent. Les jeunes les regardent partir, par la fenêtre.

jeff - Je ne te demande pas qui c’est… Je suppose qu’il s’agit de ceux que tu as si habilement « semés » cette nuit ?

olivier - Ils m’ont dit qu’ils m’appelaient un taxi mais c’était un de leurs complices… Je pouvais pas deviner !

simon - Est-ce que tu te rends compte qu’on a affaire à des truands ! A la pègre !

jeff - « C’était un mec super sympa »… « avec beaucoup de classe »… C’est pas possible, c’est un cauchemar !

simon - Les deux jours, c’est pour payer les 20.000 euros que tu leur dois ?

olivier - C’est-à-dire… ils ont doublé la somme.

simon - Quoi !!!

jeff - - Je vois que tout s’arrange…

olivier - Je vais aller chez les flics.

jeff - C’est ça ! Et nos familles n’auront plus qu’à faire rapatrier nos corps ! t’es complètement allumé !

olivier - Mais, qu’est-ce que tu veux que je fasse !

jeff - Qu’ON fasse, vieux ! On est toujours avec toi.

olivier - Non. Là, ça devient trop grave. Je ne peux pas vous entraîner là-dedans. J’en suis à 55.000 euros !

simon - Vous voyez, ma première idée de faire un prêt n’était pas si mauvaise. On n’en parlerait plus !

jeff - En deux jours, tu dis ? (Il va faire du café.)

olivier - Comment veux-tu ? (Simon allume la télé en sourdine.).

jeff - Oh, Simon, la barbe avec la télé !

simon - J’ai besoin d’un fond sonore.

olivier - Et moi, j’ai besoin de fonds tout court !

jeff - Bon sang, dans quel guêpier tu t’es fourré !

simon - Eh ! Ecoutez ça ! (Il monte le son.).

le commentateur télé - « encore une fois, Eléonore Bernstein fait parler d’elle. La fille du célèbre milliardaire, de passage sur la Côte, donne un bal costumé ce soir, à bord du yacht « la Perle des Mers » que son père lui a offert pour ses dix huit ans. Cent cinquante invités triés sur le volet seront présents. Quant au somptueux buffet, il sera l’œuvre du plus grand traiteur niçois. Pour la petite histoire, le thème de la soirée étant « nos amis les animaux », nous avons pu avoir l’information selon laquelle Eléonore Bernstein sera déguisée en lapin. Nous lui souhaitons donc une soirée pleine de… rebondissements ! » (Simon éteint le poste.).

simon - La voilà la solution !

olivier - Ah oui ? Et c’est quoi ?

simon - On loue des déguisements, on se glisse parmi les invités et on kidnappe… le lapin ! La fille Bernstein !

jeff – Mais dis donc, c’est une super idée ça ! La maison est suffisamment à l’écart, on demande une rançon et…

olivier - Et on se retrouve en taule et pour un bon bout de temps ! Vous êtes malades, tous les deux ou quoi ?

simon - Excuse-nous de vouloir te tirer d’affaire…

jeff - On demande juste la somme qu’il nous faut. C’est rien pour Bernstein. En vingt quatre heures, il aura payé !

simon - Quant à la fille, ça lui fera des souvenirs ! Elle va trouver ça « follement excitant » !

olivier - C’est vrai que 55.000 euros, pour un milliardaire, c’est comme si on m’en demandait dix…

jeff - Le tout, c’est de trouver le truc idéal pour faire partie des invités.

Ils réfléchissent.

simon - J’ai trouvé ! On va dans une pâtisserie, on achète deux gâteaux, comme ça on aura chacun un emballage, on se glisse parmi les livreurs du traiteur et le tour est joué !

jeff - Pas bête du tout ! Une fois sur place, on se planque, on enfile les déguisements et quand les invités arrivent, on se mêle au joyeux petit groupe !

olivier - Y a de l’idée mais…

simon - Je te dis que c’est un bon plan. Ca marchera.

olivier - Oui, mais si…

simon - Qui ne tente rien n’a rien !

olivier - Vous croyez que c’est si simple que ça ! Vous ne pourrez même pas mettre un pied sur la passerelle…

jeff - Arrête ! Tu vas finir par nous porter la poisse !

olivier - Bon sang, les mecs, j’y crois pas… c’est l’escalade infernale…

jeff - C’est pas le moment de faire des grandes phrases. Il faut être méthodique. Simon et moi, on part en début d’après-midi et on s’occupe de tout. Fais confiance, on va la ramener, l’Eléonore !

olivier - Et moi ?

jeff - Toi, tu resteras ici. Tu t’assureras que le coin est tranquille quand on débarquera avec la fille. Tu lui libéreras une chambre et la salle de bains.

simon - Eh ! Oh ! On ne va pas la garder un mois en pension !

jeff - C’est vrai mais bon, elle a sûrement l’habitude d’avoir ses aises.

olivier - En admettant que ça marche, comment on fait pour récupérer la rançon, hein ? Arrêtez le délire, les mecs !

simon - On va bien trouver un moyen…

olivier - Les flics connaissent toutes les ficelles et on est loin d’être des pros.

jeff - Justement, c’est peut-être un avantage, on va trouver le truc inédit…

olivier - Inédit, tu parles…

simon - Tu pourrais être positif. Tais-toi et cherche !

jeff - On pourrait… non, ça va pas…

simon - Et si on… non, laisse tomber…

jeff - Il faut que ce soit dans un endroit plein de monde.

simon - Tu as raison ! C’est dans la foule qu’on se fait le moins remarquer !

olivier - A Nice, les endroits fréquentés, c’est pas ce qui manque… Tenez, le jardin Albert Ier : il y a toujours beaucoup de promeneurs !

simon - Bon, on a le lieu, mais on n’est pas mieux avancé. On fait comment pour récupérer la rançon ?

jeff - On va trouver, il FAUT qu’on trouve !

olivier - Laissez tomber je vous dis, c’est perdu d’avance…

On entend des cris venant de dehors.

magali - Aïe, aïe, je souffre, j’ai besoin qu’on me donne le secours ! Ouille, aïe !!!

simon (il regarde par la fenêtre) - La nympho !

jeff - On va la virer vite fait, c’est pas le moment…

magali (elle crie) - Il faut venir me chercher, j’ai la cheville grosse comme une pastèque ! Aïe !

olivier - Il manquait plus que ça !

jeff (à Simon) - Bon, viens m’aider.

Ils sortent et reviennent portant Magali qui s’accroche à eux. Ils la dépose sur un fauteuil.

olivier - Qu’est ce qui s’est passé ?

simon - Apparemment elle s’est fait une entorse.

jeff - Ca vous fait mal où ?

magali - C’est ma cheville, j’ai mis le pied dans un trou, ça a craqué comme une biscotte !

jeff - Faites voir (Il enlève la socquette, Magali pousse des petits cris et pose sa jambe sur sa cuisse) - Vous êtes sûre que c’est celle-là ?

olivier - Elle a rien votre cheville !

simon - Elle est même pas bleue !

magali - C’est que c’est une entorse interne, c’est les pire ! Il faut le massage, y a que ça pour le soulagement…

simon – Ben voyons !

olivier – Je ne pense pas que ce soit nécessaire.

magali – Mais que si que y en a le besoin ! C’est la vraie vérité du Bon Dieu.

jeff (crachant dans ses mains) - Ah oui ! C’est un massage que vous voulez, alors on y va !

Il lui fait un massage plus que musclé.

magali - Ah, oh, quel sauvage, mmmh, aïe…

olivier - Ma parole, elle aime ça !

simon - Donne des glaçons, ça refroidira ses ardeurs !

Olivier les apporte et Jeff en prend un.

jeff - Bonne idée ! (Il frotte vigoureusement la cheville)

magali - Ah, oh, tortionnaire va… ! (Elle se pâme)

olivier - Arrête, tu vas finir par lui péter la cheville pour de bon !

simon - En plus ça l’excite…

magali - Ca me fait le froid partout, que maintenant, ma peau, elle est pleine de petits picons !Tenez, touchez…(Elle essaie de prendre leurs mains pour les poser sur sa cuisse)

jeff - (remettant la socquette) - C’est ça oui, allez zou, il faut partir !

La voix de la tante retentit.

la tante - Magali ! Où tu te caches ?

olivier - Oh non, pas elle !

la tante (elle toque à la porte ouverte et entre) - Ah, je peux l’attendre le journal vé ! On peut compter sur toi pour avoir des nouvelles fraîches ! (Aux garçons) - Je vous demande le grand pardon que j’en oublie de vous dire bonjour mais que ça fait un bon moment que je me la cherche… (A Magali) - Et qu’est ce que tu fais comme ça avec la jambe en l’air ?

magali - J’ai que j’ai la blessure et que lui (Elle montre Jeff d’un air extasié) - Il m’a soignée !

la tante - Et tu l’as eue comment, la blessure ?

magali - Té, sur le chemin que c’est plein de cailloux et de trous !

la tante - Et qu’est ce que tu faisais sur le chemin qui mène ici ? Je t’avais dit de pas revenir !

magali - J’apportais le journal, pour l’hospitalité. Té : j’en avais pris deux. (Elle en tend un à sa tante et l’autre à Simon)

la tante (doucereuse) - Et elle va mieux ta cheville ?

magali - Elle tiraille encore un peu mais je supporte.

la tante -  Tant mieux…(Elle crie et lui tape dessus avec le journal) - Comme ça tu vas pouvoir repartir plus vite que tu es venue ! Je te me vais t’aplatir ton museau de rat que tu vas ressembler à un pékinois, fais confiance !(Ce faisant elle bouscule Simon, il échappe son journal) - Oh, pardon ! (Elle lui tend le sien et ramasse l’autre) - Tenez, prenez celui-ci, de toute façon c’est le même.

jeff – En aucun cas je n’ai profité de la situation, j’espère que vous me croyez !

la tante – Vous faîtes pas le souci, té, que je la connais ! Regardez-la cette gambelle, elle saute comme un cabri…(elle sort en poursuivant sa nièce) attends un peu que je t’attrape!

olivier - C’est pas tenable, on va pas vivre ça pendant quinze jours !

jeff - En tout cas, ça a servi à quelque chose…

olivier - Ah bon, tu trouves ? Et à quoi ?

simon - Là j’avoue…

jeff - Vous avez pas remarqué le coup du journal ?

simon - De quoi tu parles ?

jeff - En te bousculant elle t’a fait échapper ton journal, elle t’a donné le sien en disant : prenez celui-ci de toute façon c’est le même…LE MÊME !!!

olivier et simon - Et alors ?!

jeff - Alors j’ai trouvé, pour la remise de rançon : on leur demande de faire un paquet avec les billets entourés de papier journal, le mec devra le tenir à la main et se balader dans le parc. Je ferai semblant de faire du jogging. Je le bouscule, il échappe le paquet et je me tire avec !

olivier - C’est discret !

jeff - Attends ! C’est là que mon cerveau génial intervient aidé un peu par la tantine, c’est vrai !! Simon le suit de près, il tient un paquet identique dans lequel on aura mis des papiers blancs et il le lui donne en disant « tenez, m’sieur, vous avez fait tomber ça ». Le type croit que c’est celui qu’il vient d’échapper, le remercie et le tour est joué !

simon - Elle est super, ton idée !

olivier - Quand-même… Il y a des risques… Vous êtes sûrs de vouloir le faire ?

simon - Moi, je me sens d’attaque !

jeff - Moi aussi, je suis prêt !

simon - De toute façon, on n’a plus vraiment le choix…

jeff - Bon… ben…on se lance ?

simon - Pour moi, ça roule !

olivier - Après tout… Pourquoi pas… Au point où on en est !

Jeff - Alors, c’est décidé ! On a l’après-midi pour tout préparer…

simon - Et ce soir… On va à la chasse au lapin !!!

Rideau

 

 

 

ACTE 2

 

Olivier est seul, très nerveux, il regarde par la fenêtre, va sur le pas de la porte, tourne en rond.

Finalement, lueur de phares et claquement de portières. Jeff et Simon arrivent, déguisés mais masques rabattus. Ils encadrent le « lapin » et le poussent très vite dans la maison.

olivier - C’est pas vrai ! On l’a fait ! J’y crois pas ! Comment ça s’est passé ?

simon - Comme sur des roulettes !

jeff - Exactement comme prévu ! (Il montre le lapin.) - Elle n’y a vu que du feu !

Le lapin grogne car un adhésif est plaqué sur la bouche du masque.

olivier - Ecoutez, mademoiselle, il ne faut pas avoir peur. On n’est pas méchant. Je vous assure qu’on ne vous veut aucun mal…

simon - Quand on vous aura expliqué, je suis sûr que vous comprendrez.

olivier - Enlevez-lui tout ça (Il montre le masque et le ruban adhésif.) - Elle doit étouffer, là-dessous !

jeff - Je veux bien vous enlever le masque mais il faut promettre de ne pas crier… D’accord ?

Acquiescement du lapin.

jeff - C’est juré ?

Acquiescement encore plus fort. Jeff détache les poignets et soulève le masque. Apparaît une dame d’un certain âge qui n’a rien à voir avec Eléonore !

olivier - C’est pas la fille !!!

simon - Le lapin ! Ils avaient dit le lapin !

jeff - Mais… qui êtes-vous ?

Nanou - Mais qu’est-ce qui m’est arrivé ? Mais je suis où ? Mais vous êtes qui ?

jeff - C’est à vous qu’on le demande ! Qui êtes-vous ?

Nanou - Ben… je suis Nanou !

olivier - C’est pas Eléonore Bernstein ! C’est pas Eléonore Bernstein !

simon - Oui, ça va, on l’avait vu. Calme-toi !

jeff - Nanou qui ? Nanou quoi ? Pourquoi vous étiez sur le yacht ? Pourquoi vous êtes déguisée en lapin ? Hein ? Pourquoi ? Pourquoi ? (Il la secoue en criant.)

Nanou - C’est les gardes du corps de mademoiselle Bernstein qui m’ont dit que je devais mettre ce déguisement… que c’était ce qui avait été dit à la télévision et que Eléonore serait déguisée autrement, question de sécurité. Apparemment, ils avaient raison de prendre des précautions et si j’étais sur le yacht, jeune homme, c’est que je suis la dame de compagnie de mademoiselle Bernstein. Je suis à ses côtés depuis sa plus tendre enfance…

olivier - C’est foutu ! Râpé ! Cuit ! A l’eau !

jeff - Tais-toi ! Je pense à un truc (A Nanou.) - Elle doit beaucoup tenir à vous, Eléonore, non ?

Nanou - Evidemment ! Je l’ai pratiquement élevée ! Elle est comme ma propre fille !

jeff (aux copains) - Rien n’est perdu ! Le père Bernstein aura à cœur de payer la rançon de la nounou de sa fille.

simon - Tu as raison !

Nanou - Toutes ces émotions m’ont brisée… C’est la première fois que je suis kidnappée…

olivier - Et nous, c’est la première fois que nous enlevons quelqu’un, je vous assure, madame !

Nanou - Mademoiselle !

olivier - Oh, pardon…

Nanou - Il n’y a pas de mal.

olivier - Nous sommes désolés de vous causer ce désagrément mais, comme vous l’avez compris, nous n’avons pas d’autre choix que de vous échanger contre une rançon.

jeff - Bien entendu, vous serez traitée avec tous les égards que vous méritez.

Nanou - Je l’espère bien!

simon - C’est l’affaire d’un jour ou deux, pas plus…

jeff - Vous savez… tout ce que nous voulons obtenir, c’est 55.000 euros.

Nanou - C’est une honte ! Je mérite beaucoup plus !

simon - Ah bon… vous croyez… (Air rêveur.) - Ma foi…

olivier (à Simon) - Eh ! Oh ! On s’en tient à ce qu’on a dit !

jeff - Il a raison. Il est hors de question de réclamer plus !

simon - Oh, ça va… On peut rêver, non ?

Nanou - Une somme aussi ridicule… Vous ne serez pas pris au sérieux !

olivier - On n’est pas des voyous, mademoiselle ! 55.000 euros, c’est juste ce qu’il nous faut. Nous ne demanderons pas un sou de plus.

jeff - Et comme c’est une somme raisonnable, ça sera vite réglé, c’est le principal.

Nanou - Bien… Je suppose que je dois me faire une raison… Je voudrais me reposer un peu.

olivier - Oh mais bien sûr… Votre chambre est prête.

jeff - Et vous aurez la salle de bains pour vous toute seule.

simon (aux copains) - Je n’ai pas sommeil. Si vous voulez, je prends le premier tour de garde.

Nanou - Allez donc vous coucher tranquilles tous les trois. Je ne vous causerai aucun souci, je vous assure. J’ai passé l’âge de faire des exploits.

simon - Oui… ben moi, je veille… Excusez le manque de confiance…

Nanou - Comme vous voudrez, jeune homme, c’est votre droit.

olivier - Il ne faut pas avoir peur. Je vais tout vous dire, vous allez comprendre pourquoi on a fait ça.

Jeff, Olivier et Nanou sortent, Simon reste. Lumière bleue de nuit. Au bout de quelques temps, on entend les ronflements de Simon

 

La lumière revient, c’est le matin. Simon est toujours affalé dans le canapé. Les copains se lèvent.

jeff - Eh ! Oh ! Réveille-toi!

simon - Hein… Quoi… Qu’est-ce que c’est ?

olivier (toujours sur les nerfs) - Il s’est endormi ! Endormi ! (Il part en courant vers les chambres et revient, rassuré.) - Ca va, elle est toujours là, elle dort encore…

jeff - Comme sentinelle, tu te poses un peu là!

simon - Désolé, les gars… Je ne me suis même pas rendu compte que je m’endormais !

Ils font du café. On entend la sonnette du vélo de Magali.

olivier - Oh non ! Pas elle !

simon (il va à la fenêtre) - On y a droit, les gars !

Magali entre, une tarte à la main

magali - Bonjour vous trois ! J’espère que vous avez pas bu le café, que je vous apporte une tarte aux mirabelles faite maison !

tous - Salut…

jeff - C’est de la part de votre tante ?

magali - Non, de la mienne ! Que je l’ai faite exprès pour vous !

olivier - Il ne fallait pas…

simon - C’est gentil… Elle est appétissante.

magali (se collant contre lui) - Pas autant que moi, quand-même ? mmmhhh ?

simon (gêné, en la repoussant) - Euh… Eh bien…

jeff - Et bien, merci beaucoup et bonne journée… (Il veut la pousser vers la sortie mais Magali se dérobe.)

magali - C’est que ça m’a donné de la peine ! Je mérite bien une petite tasse de café, non ?

jeff - Ben…

magali - C’est gentil de m’inviter… Donnez-moi le couteau. (Ils lui servent le café, elle coupe des parts de tarte A Simon.) - Le plus difficile, c’est de faire la pâte. Il faut savoir bien pétrir, malaxer, tapoter, comme ça (Elle tripote les épaules et la poitrine de Simon. Il se dérobe.) - C’est que je suis habile de mes mains !

olivier - On n’en doute pas une seconde !

magali - Alors ? Elle est pas bonne ?

jeff - J’avoue qu’elle est délicieuse.

magali - Elle est encore toute tiède, c’est encore meilleur, non ?

Les garçons toussotent, gênés. La tante arrive, très « remontée ».

la tante - Et rebelote ! A tous les coups on gagne ! J’étais certaine de te trouver là… Elle est où, la tarte à la Marie Pichon ? (Les garçons montrent les restes.) - Elle lui l’a volée alors qu’elle l’avait mise à refroidir sur le bord de sa fenêtre. Je t’ai vue ! J’étais chez elle ! Dis pas non !

jeff - On est désolé… On ne savait pas…

olivier - Elle nous a dit que c’était elle qui l’avait faite.

simon - En tout cas, elle est délicieuse… Vraiment….

la tante - (elle attrape sa nièce) - Vé… Je t’avais avertie que je voulais plus te voir traîner par ici ! Je m’en vais te fermer dans ta chambre et je te vais avaler la clé pour être sûre !

magali - Tu en fais des histoires pour une tarte !

la tante - En parlant de tarte, si tu insistes, je vais t’estramasser une torgnole que ça va te décoller le fond de teint ! (Aux garçons.) - Ce coup-ci, elle viendra plus vous escagasser ! Vous avez ma parole ! (A Magali.) - Allez zou ! Plus vite que ça ! A la maison !

Elles s’en vont.

jeff - J’espère qu’elle va vraiment nous en débarrasser.

simon (rêveur) - Quel tempérament !

olivier - Eh ! Redescends sur terre ! On a assez de problèmes, d’accord ?

jeff (à Simon) - Va plutôt voir si mademoiselle Nanou est réveillée.

Simon sort et revient avec Nanou.

olivier - Bonjour. Vous avez bien dormi ?

Nanou - A ma grande honte… j’avoue que oui.

simon - Honte de quoi ? (Il lui sert un café et un peu de tarte.)

Nanou - Merci… Eh bien parce que Eléonore doit être aux cents coups, la pauvre petite !

jeff (à Simon) - Tiens, allume la télé. Si ça se trouve, il y a un flash spécial.

Simon zappe et se met sur une chaîne info

 On entend quelques nouvelles puis : « une soirée extra ! super réussie ! » voilà ce que nous a déclaré Eléonore Bernstein, tout à fait enchantée du bal costumé donné hier soir à Nice, à bord de la Perle des Mers, dernier cadeau de son père. Sa prochaine escale sera Saint-Tropez où à n’en pas douter elle donnera une autre fête encore plus prestigieuse si c’est possible…

Simon éteint le poste.

Nanou - Et moi ! Ils n’ont pas parlé de mon enlèvement !

olivier - Mais enfin… Ils se sont quand-même bien aperçus que vous n’étiez plus là !

simon - Ca alors, c’est la meilleure !

jeff - Pas de panique… Ca fait partie de leur plan. Ils ne veulent pas provoquer les ravisseurs, leur faire peur. Ca veut dire « on n’a pas averti les médias ou la police ». Ils veulent traiter directement avec nous, sans faire de vagues.

olivier - Qu’est-ce qu’on fait ?

jeff - Ce qui était prévu : on téléphone, on demande la rançon, on les laisse mijoter quelques heures, on rappelle et on fixe les conditions pour la remise du fric ce soir.

simon - Problème de taille : on appelle quel numéro ?

jeff - Mademoiselle Nanou va nous le dire.

Nanou - Maintenant que je sais pourquoi vous en êtes arrivés là, je veux bien vous aider. Je connais le numéro de la résidence…

jeff - Et M. Bernstein, il y est, dans sa résidence ?

Nanou - Je ne sais pas, moi… En principe… Sauf s’il est en voyage.

olivier - Et s’il n’y a que les domestiques ?

simon - Eh ben ils feront passer le message !

jeff - Mademoiselle Nanou, je vous en prie, donnez-nous ce numéro.

Nanou – Attendez… (Elle réfléchit.) - C’est le… 01, 14… 26… ou 28… non, 26, 02 et 07, je crois,…Oui, c’est ça : le 01 14 26 02 07. Au fait, il faudrait me procurer un vêtement : je suis en petite tenue sous ce déguisement.

jeff – Bien sûr ! Simon, raccompagne Mademoiselle Nanou dans la chambre. Vois avec elle pour un peignoir, un survêt… enfin, ce qui peut aller.

simon - OK. Mais franchement, on pourrait demander un peu plus ! Ca rembourserait ce qu’on a paumé au casino !

Nanou - Vous devriez écouter votre ami, M. Bernstein n’est pas à 10.000 euros près.

olivier - Et pourquoi pas un million ou deux, tant qu’on y est ! Allons-y gaiement ! Plongeons dans le grand banditisme !

jeff - Il a raison. On s’en tient à ce qu’on a dit sinon on aura ce poids sur la conscience toute notre vie !

simon - Je ne veux pas insister mais c’est logique qu’on récupère l’argent qu’on a joué et perdu.

Olivier - C’est vrai, vous avez tout paumé à cause de moi…

simon - Toi aussi, tu y as laissé des plumes !

jeff - On demande 2.000 euros de plus, ça fera un compte rond.

simon - OK pour 57.000 euros ! Allez, venez, Mademoiselle Nanou, c’est pas que vous n’êtes pas mignonne en lapin mais vous devez avoir envie de vous mettre à l’aise !

Ils sortent.

jeff – (tendant le papier) : Tiens, vas-y, appelle.

olivier – Oh non, je pourrais jamais !

(Jeff compose le numéro)

jeff (il met un mouchoir sur le micro) - Allô ? Je voudrais parler à Monsieur Bernstein… J’insiste. C’est une question de vie ou de mort… … Monsieur Bernstein ?… Vous êtes son secrétaire ? Passez-moi votre patron ! C’est à lui que je veux parler… C’est une affaire urgente et privée !… (A Olivier.) - Il refuse obstinément de me le passer !

olivier - Il va finir par te raccrocher au nez ! Dis-lui tout…

jeff (d’une voix très menaçante) - Très bien ! Ecoutez, mon vieux, nous avons en notre compagnie une personne à laquelle M. Bernstein tient beaucoup. Nous la libérerons contre une rançon de 57.000 euros et… (A Olivier.) - Il rigole !!!… (Au téléphone.) - C’est très sérieux ! Je ne plaisante pas ! Appelez la Perle des Mers, vous verrez bien ! 57.000 euros ou nous serons sans pitié pour notre otage !… … C’est ça, renseignez-vous…

simon (qui revient) - Alors ?

jeff - Non mais j’y crois pas ! Il m’a parlé comme à un débile ! (L’imitant.) - « mais oui, mon brave, on va se renseigner, calmez-vous… Au fait, on peut aller jusqu’à 57000 et un euro, si vous préférez »

olivier - Et là, qu’est-ce qui se passe ?

jeff - Il appelle le yacht sur une autre ligne ; il va moins rigoler !

simon - J’espère bien !

Nanou revient, en survêtement trop grand pour elle.

Nanou - Ca va comme vous voulez ?

olivier - Pas trop, non… Apparemment, ils ne sont pas au courant de votre disparition !

Nanou - C’est une plaisanterie !

jeff - Si je m’attendais à ça…

simon - Remarque, c’est peut-être normal… C’est plein de monde, sur ce yacht.

Nanou - Si ça se trouve, Eléonore dort toujours. Elle ne s’est pas encore rendue compte de mon absence.

jeff (faisant signe de se taire) - Alors ?… Pardon ? … … Vous plaisantez !!… Mais je vous assure que… (A tous.) - Il m’a raccroché au nez !

olivier - Mais… C’est quoi, le problème ?

jeff - Il a appelé le yacht. On lui a dit que tout allait bien ! Il a parlé avec la fille Bernstein et elle a dit que non, il ne manquait personne !

Nanou - Alors ça, c’est trop fort !

simon - C’est une histoire de fous !

nanou (elle pleure) - Elle n’a même pas vu que je n’étais plus là !

olivier - Allons… Allons… Ne vous mettez pas dans des états pareils… (Il la prend par les épaules, la fait asseoir.)

Nanou - Oh, j’ai bien compris, allez ! Elle se moque pas mal de moi ! Je fais partie des meubles, c’est tout !

olivier - (aux copains) - Vous croyez qu’ils vont accepter de payer une rançon pour la récupérer ?

jeff – Tu rigoles !

simon - Ben… Quand-même !

Nanou - Coupez-moi un doigt ! Un bout d’oreille ! N’importe quoi. Comme ça, ils seront bien obligés d’y croire !

olivier - Quelle horreur !

simon - Ca va pas bien !

jeff - Calmez-vous, voyons…

La tante arrive.

la tante - La confusion me fait les palpitations ! Je sais bien que je vous embête mais la Magali, elle s’est escapée par la fenêtre ! C’est une vraie bougresse ! Oh pardon ! Je vois que vous êtes avec une dame qui est dans la peine… (Elle s’avance vers Nanou.) - Et qu’est-ce qu’elle a, la petite mère, à pleurer comme ça ?

Nanou - Ah, madame ! Une fille que j’ai élevée! Bercée, protégée, soignée ! Bref, en un mot, aimée ! Je disparais et elle ne s’en rend pas compte !

la tante - Té ! C’est comme moi ! (Elle s’assoit à côté de Nanou.) - La petite de mon frère que c’est moi qui l’ai élevée, vu que sa mère elle pensait qu’à la gaudriole ! Si j’avais eu du lait, vé, je l’aurais nourrie de mon sein ! L’argent de poche, c’est moi qui lui donnais ! Les devoirs, les leçons, c’est moi que je l’aidais à les faire ! Et bé, l’ingrate, aujourd’hui, elle s’en moque comme de son premier pistou ! Elle fait tout pour me faire tourner en bourrique !

Les garçons assistent à toute cette scène, interloqués.

Nanou - Moi, Eléonore, elle m’a toujours malmenée mais je croyais que c’était pour me taquiner parce qu’elle m’aimait bien ! J’avais bien tort…

la tante - La vôtre, elle est au nord et ben moi, la mienne, elle est au sud mais c’est du pareil au même ! Je vous le dis : la région, elle fait rien à l’affaire. Ah, la Magali, quand je la retrouve, je vais si tellement la petafiner que le Frank je sais plus qui… mais si, vous savez bien, celui qui a un nom savant…avec des coutures et des boulons sur la tête…

jeff - Frankenstein, sans doute…

la tante - C’est ça ! Einstein ! Eh bé, le Frank Einstein, il aura l’air d’un plaiboi, à côté d’elle ! Té, les garçons, vous auriez pas quelque chose de fort que ça nous remette le moral à marée haute ?

jeff - On va bien trouver une bouteille…

olivier - Voilà... Du whisky…

simon - Pendant que tu y es, verse-nous en un verre… On est en train de vivre quelque chose d’hallucinant… Ca s’arrose !

Olivier verse à boire à tout le monde.

la tante - Laisse la bouteille, fiston, c’est pas avec une lichette qu’on va se noyer le chagrin ! Pas vrai, la mère ?

Nanou - Oh moi… Juste un doigt, je n’ai pas l’habitude…

Pendant tout le dialogue, la tante reverse régulièrement du whisky.

la tante - Allez ! Pas de manières ! C’est en vidant son verre qu’on arrive au fond du problème et le problème, je vais vous dire, c’est qu’on est trop sensible ! Notre cœur, il a beau être grand, il peut pas contenir toute la méchanceté du monde ! (elle commence à être pompette)

Nanou - Quand j’étais là, elle s’en moquait et je suis plus là, elle s’en moque aussi… (Elle pleure.)

la tante - Oh peuchère ! Elle coule comme un robinet que le joint a pété ! (Aux garçons.) - Comment qu’elle s’appelle ?

olivier - Nanou.

la tante - (elle commence à être pompette) - Arrête, Nanou, tu te fais du mal ! T’es de quel signe ?

Nanou - Des poissons… ons… ons…

la tante - Ah bé je comprends mieux. C’est un signe d’eau… Té ! Je te fais rire : je suis du même signe que ma mère et ma grand-mère. Dans la famille, on est Vierge de mère en fille ! (Nanou pleure de plus belle. Elles sont saoules toutes les deux.) - Eh bé non, ça te fait pas rire ! Et tu as un polisson dans ta vie ? Un homme, je veux dire.

Nanou - (voix pâteuse) - J’ai jamais eu l’occasion…

la tante - Ah bon, tu es demoiselle… Moi, je l’ai eue l’occasion mais ça a raté. Le premier, c’était un poète ! Un jour, il m’a envoyé une lettre sur un beau papier où ce qu’il avait dessiné des fleurs. Il avait écrit « quand le temps deviendra sombre, lorsque la pluie tombera, je serai là. »

nanou (reniflant) - Et alors ?

la tante - Et alorsse, il a pas plu … (A Olivier en lui tendant la bouteille vide.) - Té, fiston, elle aurait pas une sœur jumelle des fois ?

olivier - Vous allez vous mettre malade…

la tante - Oh, cette cagade ! Ici, dans le biberon, on te met l’anisette que ça te fait le vaccin contre la gueule de bois !

jeff - Il reste du martini.

simon - C’est pas une bonne idée.

la tante - Oh peuchère ! C’est de la boisson de bourgeoise ! Tant pis, donne quand-même !

jeff - Je vous sers un verre et c’est tout !

la tante - Misère… T’entends ça, Nanou ? C’est les restrictions comme avec la gestapo ! (Elle lui prend la bouteille, en verse à Nanou et à elle-même.) - Une autre fois, j’en ai rencontré un autre. Il avait quelque chose de Sean Connery mais ça s’est pas fait non plus, il avait plus de Connery que de Sean ! Eh, c’est la vie…(Elles sont saoules toutes les deux.) - Après, j’ai comme qui dirait fait les vendanges : j’ai grappillé de droite et de gauche en évitant les pépins ! Oh, maintenant, je cherche plus vé ! Je me trouverais que des vieux qu’il faudrait leur frotter le rhumatisme…Alors, merci bien !

olivier - Vous devriez rentrer, votre nièce est sûrement revenue.

la tante - Ah, celle-là, je l’avais oubliée ! Que pour la supporter, il faudrait être une sainte ! Et vous me voyez, moi, en sainte ? (Elle veut se lever mais tient à peine debout. Nanou est affalée sur la table.) - Oh pétalugue ! J’ai les yeux qui me tournent et les guibolles plus molles que des chamalloves !

jeff - Simon… Ramène-la chez elle.

simon - Tu parles d’une galère ! J’en vois plus le bout… (Il l’emmène.)

olivier - Je pensais à un truc… Et si on faisait téléphoner Mademoiselle Nanou? Ils seraient bien obligés de la croire !

jeff - Mais bien sûr ! Pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt ! Mademoiselle Nanou ! Eh ! Oh ! (Il la secoue.)

nanou - J’ai sommeil…

jeff - Oui oui, vous retournerez vous coucher mais avant, vous allez passer un coup de fil.

nanou - J’ai personne à qui téléphoner.

jeff - Si : à Bernstein.

nanou (se redressant tout à coup) - Donnez !

jeff (il compose le numéro et lui passe le téléphone) - Tenez…

nanou - Allô ?… Je veux parler au secrétaire de M. Bernstein… … Allô ? C’est Nanou… Oui, moi, Nanou ! On m’a enlevée!... Oui ! Enlevée !… Kidnappée ! Et personne ne s’en est rendu compte ! C’est honteux !

Jeff lui reprend le téléphone. Comme elle est pompette, Olivier l’aide à regagner la chambre. Elle crie- « il faut demander plus ! Beaucoup plus ! ».

jeff (Au téléphone.) - Alors, vous êtes convaincu ? Maintenant passez-moi Bernstein et plus vite que ça ! Il est en voyage ? C’est votre problème ! On veut le fric ce soir ! (A Olivier, revenu de la chambre) - Il ne peut rien faire tant que son patron n’est pas là !

olivier - Insiste, le délai expire à cinq heures, demain matin.

jeff (au téléphone, voix toujours menaçante) - T’as pas le choix, mon pote ! C’est ce soir sinon… on ne répond pas de la santé de l’otage… (Un petit moment s’écoule. Il raccroche.)

olivier - Alors ?

jeff - Il va téléphoner à Bernstein pour voir ça avec lui. Il m’a dit de rappeler dans un moment.

olivier - C’est la meilleure ! Maintenant, c’est lui qui donne des ordres ! Je la sens mal, cette histoire…

Simon revient.

simon - Alors ?

olivier - C’est Mademoiselle Nanou qui a appelé. Ils nous croient maintenant, mais Bernstein est en voyage !

jeff - Il ne faut pas se faire d’illusions, les gars. Ca ne sera pas possible avant demain…

olivier - C’est horrible ! Le Corse va revenir avec le Broyeur !

simon - On demandera un petit délai. Quelques heures, c’est pas le bout du monde !

jeff - Bon… Je rappelle (Il compose le numéro.) - C’est vous ? Très bien. Alors ?… … (Aux autres.) - Y a pas moyen…C’est d’accord mais pas avant demain, en fin de matinée… (Geste fataliste des copains. Au téléphone.) - Entendu, 57.000 euros en petites coupures usagées, enveloppées dans du papier journal. Vous le tiendrez à la main et vous irez vous promener dans les allées du jardin Albert Ier entre dix et onze heures. Le reste, je m’en charge. Inutile de préciser que si vous avertissez la police, Mademoiselle Nanou ne sera plus qu’un lointain souvenir ! (Il raccroche, se laisse tomber sur une chaise. Ses mains tremblent.) - Donnez-moi quelque chose à boire, les gars…

olivier (lui versant le fond de martini) - C’est tout ce qui reste.

simon - Elles t’ont eu une de ces descentes ! La proprio ronflait déjà avant que je la mette sur son lit !

olivier - Mademoiselle Nanou, c’était pareil !

jeff - Au moins, comme ça, on aura un moment de tranquillité…

A ce moment précis, entrent les trois malfrats.

matteo - Salut les michetons, ça va comme vous voulez ?

olivier - Qu’est-ce que vous faites là ?

jeff - Sortez !

simon - Vous n’avez rien à faire ici !

matteo - Vous entendez ça, vous autres ? Comment qu’on me cause !

le bavard - Ouaip !

le broyeur - Vous voulez que je les corrige, chef ? Histoire de leur apprendre la politesse !

matteo - Laisse, je suis sûr qu’ils le pensent pas. C’est la surprise. (Il s’approche d’Olivier, le Broyeur sur ses talons, toujours en train de taper un poing dans sa main.) - C’est bien ça, hein ?

olivier - Oui oui…

matteo (il vient vers Simon) - Toi, je vais te répondre. Tu te trompes : on a beaucoup à faire, ici !

simon - (sa voix s’affaiblit à chaque mot) - Ben… c’est-à-dire… le délai, c’est demain à cinq heures…

matteo (il s’approche de Jeff) - Quant à toi, je sors quand je veux ! Y en a qu’un qui a le droit de me donner des ordres, c’est Monsieur Franceschi !

le broyeur (impatient) - Je peux, chef ? Dites, je peux ?

matteo - Patience, le Broyeur… Plus tard…

le broyeur (boudeur) - Des promesses… toujours des promesses…

matteo - Tu peux me dire merci, petit. Aujourd’hui, c’est mon jour de bonté.

jeff (bredouillant) - Merci m’sieur.

olivier - Excusez-moi, Monsieur Matteo mais est-ce que vous voudriez bien nous dire pourquoi vous vous êtes donné la peine de venir jusqu’ici ?

matteo (ravi) - Eh bien voilà ! c’est comme ça que j’aime qu’on me parle (Il lui tapote la nuque.) - Tu es un bon petit gars, toi. Alors, je t’explique : Monsieur Franceschi, il m’a dit comme ça « Matteo, les jeunes, c’est impulsif, ça se croit invulnérable alors ça fait des bêtises. Va donc voir s’ils ont bien compris ce que tu leur as dit »

simon - Ah ça… Pour avoir compris, on a bien compris !

le broyeur - Il vous a interrompu, chef .Je peux ?

matteo - Du calme, le Broyeur. Si j’ai besoin, je t’appelle.

le broyeur (retournant s’asseoir) - C’est pas juste… Moi, je m’étais engagé pour l’action et j’ai jamais le droit de cogner… (Au bavard.) - C’est vrai, quoi !

le bavard - Ouaip…

matteo - Dis donc, le bavard, que je t’y reprenne à encourager une mutinerie ! Tu en dis trop ! Un jour, ça te perdra… Bon, je reprends. Monsieur Franceschi, il a un principe : il aime mieux s’assurer que tout se déroule comme prévu plutôt que d’être obligé de sévir… Economie de temps et d’énergie…

jeff (il lève le doigt) - Je peux ?

matteo - C’est bien, petit… T’apprends vite ! Je t’écoute.

jeff (il se racle la gorge) - Le délai expire demain matin à cinq heures donc, je ne comprends pas pourquoi vous êtes là…

matteo - Toi, je sens que tu vas me fatiguer.

le broyeur - Moi, je demande plus rien puisque j’ai pas le droit !

matteo - Ecoute, on est là, on y reste. Si vous avez le fric, on s’en va. Si vous l’avez pas, on attendra jusqu’à demain matin. Si à cinq heures vous l’avez pas, on se fâche… C’est pas plus compliqué !

olivier - Ben c’est que… justement… on a un petit souci…

matteo - Tsss tsss tsss… Oh ! que j’aime pas ça…

le broyeur - Un souci ? Ah ! que j’aime ça !

olivier – L’argent, on l’aura, je vous assure mais… pas avant… demain, dans la matinée…

jeff - Midi au plus tard, vous l’aurez !

matteo - C’est dommage… vous commenciez à m’être sympathiques…

le broyeur - Gnignigni… ce coup-ci, j’ai de l’espoir ! (Rire bête.)

le bavard - Ouaip !

olivier - Monsieur Matteo… Je vous jure qu’il n’y a pas d’embrouille !

jeff - Avouez que quarante huit heures, c’était un peu juste.

simon - Quelques petites heures de plus… C’est pas bien grave…

matteo - Si, c’est grave, petit. C’est TRES grave !

Magali surgit.

magali - La tante elle doit me chercher alors je viens demander le refuge ! Oh pardon ! Vous avez du monde… (tout de suite coquette.) - Bonjour messieurs, je suis toute confuse de vous interrompre la conversation.

jeff - C’est pas une bonne idée de venir ici…

simon - Oui, votre tante vous attend.

magali - Ben justement, elle m’attend, c’est bien ça le problème !

matteo - Tu as des soucis fillette ? Qu’est-ce que je peux faire ?

magali - Oh, monsieur, vous pouvez pas grand chose… Quand ma tante elle est en pétard, on n’a plus qu’à se garer les miches ! Alors, je suis venue demander l’hospitalité.

olivier - Je suis sûr qu’elle ne vous en voudra pas… Allez, rentrez vite !

matteo - Minute, petit ! T’es pas très galant avec les demoiselles…

magali - Oh, ce que vous êtes gentil ! C’est agréable de trouver quelqu’un qui vous comprend !

matteo - Cette petite, je sens qu’elle a du potentiel…

le bavard - Ouaip…

matteo (au bavard) - Je t’ai pas demandé ton avis ! (A Magali.) - Alors comme ça, tu veux rester ici ?

magali - Il y va de ma vie, je vous assure !

matteo - Alors, il y a pas de problème ! Au contraire…

olivier - Monsieur Matteo… Ecoutez…

matteo - La ferme, petit ! J’ai à téléphoner. Si j’entends la moindre parole, le Broyeur s’occupera de vous (Il lui fait un signe de tête et le Broyeur s’approche des jeunes.)

magali - (dévorant Le Broyeur des yeux) Oh ! ce qu’il est viril ! Je suis toute pleine de frissons !

le broyeur - Elle a parlé, chef ! Je peux ?

matteo - Non, abîme pas le matériel, il peut servir… (Il téléphone.) - Allô, patron ? Vous aviez raison, il va y avoir un petit problème…… pas avant demain midi… … (Aux garçons.) - Vous devez avoir le derrière bordé de nouilles : Monsieur Franceschi, il veut bien vous accorder le délai… (« ouf » des garçons.) - Ca sera 50.000 euros.

olivier - Ah non ! C’est impossible !

jeff - C’était pas prévu !

simon - Pour quelques heures d’écart, c’est cher payé !

matteo (toujours au téléphone) - Vous savez, patron, il y a peut-être une autre solution… Envoyez-moi Sandy et Lola, je vais voir avec elles… …c’est ça… vous avez bien compris… je m’en occupe… (Il raccroche) - C’est bon, on reste à 40.000.

olivier - Oh merci !

jeff - C’est sympa.

simon - Oui, ça soulage !

matteo - C’est pas moi qu’il faut remercier, c’est votre copine (A Magali.) - C’est quoi, ton nom ?

magali - Magali.

matteo - Magali, tu vas pouvoir faire quelque chose pour eux. Tu veux bien ? (Le Broyeur tient toujours les garçons en respect.)

magali - Ben… Si je peux rendre service et qu’il y a la récompense, je veux bien.

matteo - Tu me plais, toi et j’aime ton accent !

magali - Il est juste au bout de ma langue, vous avez qu’à venir le chercher ! (Elle se colle à lui.)

le broyeur - Chef ! Elle vous agresse ! Je peux ?

matteo - Tais-toi, crétin ! Retourne t’asseoir !

La tante arrive.

la tante - Et vas-y que je te pègue ! Pire que la super glu ! Oh misérable ! Alors maintenant, tu te dragues des vieux !

matteo - Comment elle parle de l’homme cette espèce de vieille ménopause !

la tante - Je suis peut-être pas la galinette du jour mais vous, vous êtes pas le perdreau de l’année ! La viande faisandée, ça a rien à faire avec la chair fraîche !

le broyeur - Elle vous insulte, chef ! Je peux ?

matteo - Pour l’instant, tu neutralises et toi, le Bavard, aide-le !

Les deux s’avancent vers le tante. Ils l’attrapent chacun par un bras, la soulèvent de terre et la posent sur une chaise.

la tante – Lâchez-moi, espèce de grands pendards !

 Les garçons veulent intervenir mais Matteo sort un pistolet et les tient en respect.

matteo - Tout le monde se calme ! On a assez rigolé ! Ca suffit !

Nanou arrive de la chambre.

nanou - Vous ne pouvez pas crier moins fort ! J’ai un de ces mal de tête !

matteo - Allons bon ! En voilà une autre ! Il en sort de partout !

le broyeur - Je la neutralise, chef ?

matteo - Tu veux neutraliser quoi, tête sans cervelle ? Tu vois bien qu’elle est pas dangereuse !

le broyeur - On sait jamais, chef ! (Au bavard.) - Hein ?

le bavard - Ouaip !

matteo - (au bavard) - Ecoute bien, Le Bavard, si je t’entends encore une fois, je te fais bouffer ta langue !

Deux filles arrivent accompagnées par une « mère maquerelle »

matteo -  Tiens, Mado la Stéphanoise, qu’est ce que tu viens faire ici ?

Mado – Tu penses pas que j’allais laisser deux de mes filles dans la nature !

matteo -  T’es bien devenue frileuse…

Mado – T’es marrant, c’est pas toi qui es responsable du cheptel !

sandy - Salut tout le monde ! Ben dites donc, c’est caillouteux pour venir ici !

lola (elle boîte) - Je me suis pété un talon ! Une paire de pompes que j’ai payée une fortune !

sandy - T’auras qu’à te faire deux ou trois clients de plus, ça te remboursera !

matteo - Dites… Je vous ai pas fait venir pour parler cuisine !

lola - Ben oui, d’abord, pourquoi on est là ?

matteo (il montre les garçons) - Ces trois là ont une dette avec le patron. Comme y a des soucis, y a un supplément et comme ça leur pose un problème, y a ces trois là en compensation (Il désigne la tante, Magali et Nanou.)C’est à vous de me dire si on peut en tirer quelque chose…

sandy -  (examinant les femmes) - Tu veux que je te fasse plaisir ou tu veux un avis sincère ?

matteo - Fais pas la maligne, je t’écoute (A Lola.) - Et toi aussi !

sandy -  (commençant pas Nanou) - Ben dis-donc, c’est avec ça que tu veux agrandir l’équipe! Pince-moi, je rêve ! (Matteo la pince.) - Aïe ! C’était une expression !

lola - C’est pas des retouches qu’il faut faire, c’est carrément le ravalement de toute la façade !

sandy -  Elle a raison. C’est mission impossible !

lola - Celui qui a dit que les cas désespérés c’était les plus beaux, y s’est jamais penché sur la question, faut croire !

jeff - Non mais dites donc ! C’est honteux !

simon - On n’est pas à la foire aux bestiaux !

olivier - J’ai compris ! Ils veulent les prostituer !

la tante - Oh, bonne mère ! Si vous touchez un cheveu de ma nièce, je vous pulvérise !

Les trois truands interviennent.

matteo - On se tait ! (Montrant le Broyeur.) - Ou je le lâche !

sandy -  (elle s’approche de la tante) - Alors elle, mine de rien… (Elle la palpe, la retourne.) - Elle a de beaux restes mais bon… c’est quand-même des restes ! C’est l’âge qui suit pas !

la tante - Mais qu’est-ce qu’elle dit, cette grande saucisse ! Et que je te marpaille, et que je te tripote, et que je t’évalue la viande ! Mais qu’est-ce qu’elle me veut, à la fin ?

lola - T’as pas compris ?

la tante - Oh que si, j’ai compris ! Mais c’est non, non et non ! Moi ? Faire le trottoir ? Jamais ! Plutôt me passer sur le corps !

olivier - C’est honteux !

simon - Vous êtes ignobles !

jeff - Vous ne l’emporterez pas au paradis !

Nanou est effarée, pleure, se mouche.

matteo - Le paradis, c’est fait pour les caves comme vous ! Et si vous êtes pressés d’y aller, faut le dire ! (Il joue avec son revolver.)

sandy -  (s’approchant de Magali) - Par contre, elle, c’est de la poulette surchoix ! Y a du moelleux !

lola - Oui… Et les hommes, ça leur plait ! Ils aiment mieux se manger une belle brioche que de se grignoter un mikado !

matteo - Sans compter que côté caractère, au plus qu’elles sont maigres, au plus qu’elles font la gueule. (à Mado) regarde les mannequines, quand elles défilent, on dirait qu’on leur a bouffé toutes leurs provisions de l’hiver !(montrant Magali)mais la petite là, rien que son sourire, il te promet la lune !

magali (fiérote) - Merci pour le compliment…

la tante - Tu vas te taire, dis, fadasse !

Les truands se servent à boire. Matteo, grand seigneur donne des bières et des sodas à qui en veut. Il en lance une au Broyeur.

matteo - Tiens, le Broyeur, ouvre-moi ça (Le broyeur décapsule la bouteille avec les dents.)

magali (admirative, tendant son soda) - Oh ! Et moi, vous voulez bien me le faire ?

la tante (la tirant par le bras) - Fais confiance ! Si tu insistes, il va te l’enlever, la capsule !

matteo- (à Sandy et Lola) - Alors ? Vos conclusions ?

sandy -  (montrant Nanou) - Elle, y a rien à faire.

lola - Par contre la fille, elle a l’air d’être motivée !

Mado - (montrant la tante..) - Celle-là, à la rigueur, on pourrait la mettre en promotion pour ceux qu’ont pas trop les moyens …

la tante - Dites donc, vous avez ouvert une maison close ou quoi ? Y en a pas assez, des greluches, que vous venez recruter à domicile ?

lola - Faut pas être méprisante, mémère ! Qu’on est utile ! Que si on n’existait pas, y en aurait des grands malades de la solitude ou pire, des bizarres qui iraient agresser les honnêtes femmes !

sandy -  On n’est pas des fainéantes, je te le dis ! Tiens dites-leur Madame Mado, vous vous savez ce que c’est…

Mado -  C’est sûr ! Je connais le métier. Moi, j’étais la reine de l’abattage : on m’appelait la Bûcheronne de Pigalle.

lola - Et moi, pendant longtemps, j’ai pas changé de poste et ben, là, sur le mur où que je m’appuyais pour attendre le micheton, y a encore la marque de mes fesses !

sandy -  Ah, on sait tortiller du popotin ! C’est pas pour rien qu’on l’appelle le valseur !

lola - C’est comme qui dirait un sacerdoce !

magali - Eh bé moi, ça me déplairait pas, le sacerdoce !

la tante - Oh bonne mère ! Retenez-moi, sinon je l’estrapane !

jeff - Ca suffit ! Stop! Taisez-vous! (A Matteo.) - C’est d’accord, vous aurez 50.000 euros, je vous en donne ma parole.

simon - Vous avez la mienne aussi.

olivier - Je vous jure sur l’honneur que demain, tout sera réglé!

matteo - Chez moi, en Corse, l’honneur c’est sacré ! J’espère que tu dis pas ça à la légère, petit…

olivier – Monsieur Matteo… S’il vous plait, faites-nous confiance.

matteo –– Vas-y Mado, tu peux ramener les filles et dis à Monsieur Franceschi que les choses s’arrangent comme il le souhaite.

Mado - C’était pas la peine de déranger, tu leur a coupé le premier sommeil…Ah ! elles vont être fraîches pour ce soir !

sandy -  Bon… Ben, salut…

lola - Et comment je fais maintenant avec mon talon ?

sandy -  T’as qu’à boiter!

Elles sortent.

la tante - Bon. Eh ben moi, je me rentre. (A Magali.) - Et toi, tu viens avec moi !

matteo - Vous n’allez nulle part !

olivier - Monsieur Matteo !

matteo - Pas avant que tout soit réglé !

jeff - Mais…

simon - M’enfin…

matteo - Ca y est ! Ils me refatiguent !

olivier - Ecoutez…

le broyeur - Il insiste, chef ! Je peux ? (Matteo lui fait signe que non, de la tête..) - On fait rien qu’à me frustrer… C’est mauvais pour ma santé ! (Il retourne s’asseoir.)

matteo - Filez dans les chambres et n’oubliez pas qu’on veille au grain ! (Ils s’en vont tous. Les trois truands s’installent tant bien que mal..) - Encore une nuit blanche ! Quel fichu boulot !

le bavard - Ouaip…

matteo - Dis donc, le Bavard, t’as pas l’intention de me faire la conversation toute la nuit ! Je supporterai pas !

 

 

Noir

 

 

C’est le lendemain matin. Olivier est avec les truands. Ils boivent le café. Olivier se lève, va à la fenêtre, fait les cent pas.

olivier - Ils devraient être de retour… C’est pas normal… Pourvu que…

matteo - Arrête, petit, que tu me donnes le tournis !

olivier - Ah ! Les voilà !

Jeff et Simon entrent.

jeff (brandissant le paquet) - Le voilà votre fric !

matteo (il le lui arrache des mains) - Dis donc, fiston, c’est le banquier qui s’est amusé à faire ce petit paquet ?

jeff (essayant de le reprendre) - Je vais vous donner ce qui vous revient.

matteo - Tiens donc ! Y a plus que prévu ? C’est intéressant, ça, petit…

olivier - Monsieur Matteo, prenez ce qu’on vous doit et rendez-nous le reste.

matteo - Tss tss tss ! On voudrait me priver de mon pourboire, c’est pas gentil…

simon - Oh non… Vous ne pouvez pas faire ça, c’est du vol !

matteo - Va te plaindre à la police, petit… (Aux truands.) - Allez, les gars, on s’arrache, on a une autre affaire à régler !

le broyeur - Ce que vous êtes fort, chef !

le bavard - Ouaip !

matteo - Ca suffit, le Bavard ! J’aime pas les flatteries (Aux garçons.) - Saluez la petite pour moi. C’est dommage, elle avait des dispositions…

Les garçons sont accablés. Les truands sortent. A peine sont ils dehors qu’on entend, venant d’un porte-voix :

  • « rendez vous, vous êtes cernés ! jetez vos armes et avancez les bras en l’air ! »

Coups de semonce, lueurs de gyrophares, etc. Les garçons se précipitent vers la fenêtre. Les  femmes arrivent à leur tour.Tout le monde va à la fenêtre. On entend un inspecteur de police à l’extérieur :

- « Tiens, ce bon vieux Matteo ! C’est fou le hasard, hein ! Je vois qu’il y a du monde à la maison. Viens un peu par ici qu’on s’explique… »

L’inspecteur entre, poussant Matteo qui est menotté.

l’inspecteur - M’sieurs-dames… (A Matteo) - Alors comme ça, tu te lances dans le kidnapping, maintenant ? Au fait, entre nous, la remise de rançon, truc de débutant. Pas digne de toi…

matteo - Vous vous trompez, inspecteur.

l’inspecteur - Ben voyons... La filature nous amène jusqu’ici et paf, sur qui on tombe ? Sur toi ! (Il fouille les poches du bandit et sort le paquet de billets) - Oh ! Tu as vu ce qu’il y a dans ta poche ? Le fric de la rançon… Soigneusement emballé par nos soins ! C’est dingue ! Un peu plus et tu partais avec, sans t’en apercevoir !

Matteo (montrant les garçons) - Les voilà vos coupables !.

l’inspecteur - Oui, j’y venais... Je les ai reconnus, ceux du square. Venez par ici, tous les deux.

olivier - Inspecteur, je vais tout vous dire !

nanou (s’interposant) - Taisez-vous ! C’est moi qui vais tout expliquer ! Ils l’ont fait sous la contrainte, monsieur l’inspecteur ! Ces bandits nous retenaient en otages et nous menaçaient. Ils n’avaient pas le choix, je suis prête à témoigner !

matteo - Qu’est-ce qu’elle ulule, cette vieille chouette !

la tante - Moi aussi, je suis témouine ! Que même ils voulaient nous faire faire le grand écart… si vous voyez ce que je veux dire !

nanou- Ces jeunes gens ont été poussés au désespoir par ces crapules qui les avaient ruinés au poker.

l’inspecteur - Ah ! Les fameuses parties truquées de Dino Franceschi … C’est vous, Nanou ?

nanou- Oui.

l’inspecteur - Bien, vous serez convoquée ainsi que vous messieurs et nous  mettrons tout ça au clair. En attendant, veuillez me remettre vos cartes d’identité, je vous prie. Inutile de vous préciser que vous devez tous rester à la disposition de la justice. (A Nanou) - Mademoiselle Bernstein vous attend avec impatience.

nanou- Elle ne s’était même pas rendue compte de mon absence…

l’inspecteur - C’était une manœuvre pour déstabiliser les ravisseurs. En fait, elle était morte d’inquiétude.

nanou- Oh, la brave petite !

l’inspecteur - Un collègue va vous ramener. (Entraînant Matteo) - On va faire une visite surprise à Franceschi. Avec le dossier qu’on a sur lui plus le flagrant délit, il va venir te tenir compagnie. Par ces grosses chaleurs, un peu d’ombre te fera du bien !

matteo - Même en prison, un Corse reste libre !

Ils sortent.

olivier - Mademoiselle Nanou, comment vous remercier…

jeff - Si vous saviez comme on regrette…

simon - On vous demande pardon .

nanou - Faites-moi confiance, avec ce que je vais lui dire, monsieur Bernstein veillera à ce que ces truands restent au frais pendant longtemps et je le convaincrai de faire en sorte qu’aucune charge ne soit retenue contre vous. Je crois que vous avez eu droit à une bonne leçon !

Tous s’embrassent. Nanou s’en va. Les garçons, la tante et Magali regardent tout le monde partir.

la tante - Té ! Ca fait du bien de plus les voir, ces vilains pas beaux !

magali - Moi, je les ai pas trouvés antipathiques…

la tante - Alors toi, je vais te la faire la conversation! Rentre que, espèce de hétaïre !

magali - (Minaudant) - A bientôt…

la tante - Té ! Bien sûr « à bientôt », espère ! Que le jour où tu pourras remettre les pieds ici, les cigales, elles siffleront la Marseillaise !

Elles s’en vont.

olivier - Quelle histoire ! Et tout ça pour rien…Me revoilà au point de départ. Je dois toujours autant d’argent à mon patron et par ma faute, vous êtes à sec, tous les deux !

jeff - On y réfléchira à tête reposée…Allez, viens, on va s’allonger un moment, on est mort.

simon - Ben moi, je vais m’affaler devant la télé… J’ai besoin de me vider la tête !

Jeff sort, Simon allume le poste. Quelques bla bla puis tirage du loto. Il regarde d’un œil mort.

  • « le 11 »

simon - Tiens… on en aura au moins un.

  • « le 32 »

simon - et de deux, ça s’arrose !

  • « le 17 »

simon - Hou là ! Trois ! On a gagné au moins quatre euros !

  • « le 44 »

simon (il commence à se redresser) - Ben… Ca fait quatre, ça !

  • « le 6 »

simon - Non !!

  • « le 29 »

simon - Quoi !!!

  • « et le numéro complémentaire : le 12 »

simon - On s’en fout du complémentaire ! C’est pas possible ! C’est arrivé ! C’est arrivé ! (Il crie.) - Jeff ! Olivier ! venez vite !!

Jeff revient.

jeff - Qu’est-ce qui se passe encore ?

simon - On a gagné !! (Il pleure et rit à la fois, l’attrape, part en courant, saute, etc..) - On a gagné au loto! On a gagné !!

jeff - Mais… mais…tu en es sûr ?!

simon - On a décroché la cagnotte je te dis, oui… !!!

Olivier revient.

olivier - C’est quoi ces cris?

simon - On a gagné !

jeff - Au loto !

simon - On a les six bons numéros !

jeff - Tu te rends compte !

olivier - Le loto ! Le loto !

simon - Comme je te le dis !

jeff - J’arrive pas à y croire !

olivier - Le loto !!!

jeff - Donne le ticket, que je l’embrasse !

simon - On le fera encadrer !

Olivier se tait.

jeff - Eh bien… le ticket, donne-le !

simon - Le ticket ! Tu l’as pas perdu, au moins?

jeff - Tu l’as laissé chez toi… C’est ça ?

Olivier yeux grand ouverts. Ils se tait.

jeff - Ne me dis pas que tu as oublié de le faire !!!!!!

olivier - Ben…si.

simon et jeff - Ahhhhhhhhh !!!!!!

 

FIN

 


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