Les 4 ouvriers entrent sur le plateau avec un char et enlèvent les barrières séparant le gradin du plateau. Tout en travaillant, ils parlent… entre eux et pour eux.
Dès les ouvriers hors du site, on entend une voix off, posée, énergique et chaleureuse, celle du Monsieur Loyal.
- Loyal: Madame, Mademoiselle, Monsieur, Bonsoir ! Bienvenue à Echallens… Bienvenue dans le Gros-de-Vaud* pour la xxème représentation de CHANTIER – LE SPECTACLE ! *Il apparaît au-dessus des gradins et descend devant les spectateurs.
- Loyal: Ma bétonnière et moi-même sommes heureux de vous accueillir dans notre Nous espérons que vous passerez une belle soirée dans notre univers grâce à toute notre troupe. Mais avant de vous conter notre histoire, nous allons procéder au tirage au sort du jour. Dans ma chère bétonnière se trouve le nom de toutes les personnes qui nous ont fait l’amitié de réserver des places ce soir. Chère bétonnière, tirage au sort, c’est à vous !
La bétonnière s’enclenche et tourne afin de mélanger les papiers.
- Loyal : Merci ! (La bétonnière s’immobilise) Voyons qui est l’heureuse ou heureux élu de la soirée… (il plonge la main dans la bétonnière, tire un papier et lit) Le/la gagnant/e du jour est Madame/Monsieur xxxxx. Que cette personne veuille bien se lever afin que je l’aperçoive. Vous êtes là ! Félicitations Madame/Monsieur XXX, on vous applaudit ! Je suppose que vous n’êtes pas venue/venu seule/seul ce soir, est-ce que la/les personne/s qui vous accompagne/ent peuvent également se lever ? Merci, bravo à vous également.
Je me doute qu’à cet instant, vous vous demandez ce que vous avez gagné ? Et bien, Madame/Monsieur, vous avez gagné ce que vous venez de voir. A l’entracte, et vous serez les seuls à pouvoir le faire, vous monterez dans une nacelle à près de 25 mètres de haut afin d’admirer notre site, Echallens, le Gros-de-Vaud et le pied du Jura au crépuscule ! A l’entracte, merci de suivre notre hôtesse Virginie qui vous conduira à l’embarquement.
Sans plus attendre, Madame, Mademoiselle, Monsieur, pour vous ce soir… voici CHANTIER – LE SPECTACLE ! Bonne soirée !
Justine sort de chez elle en chantonnant « Colchique dans les prés » ; elle arrose ses fleurs.
- Justine …encore une belle journée ! Si tu voyais ça Louis…un magnifique soleil pour mes Viens, viens regarder… mhmm oui, évidemment…
Elle entre à nouveau chez elle.
- Justine Mon pauvre Louis, viens avec moi…voilà…
Elle ressort avec un cadre photo.
- Justine Tiens regarde comme il fait beau. Cette année le jardin est magnifique ! Regarde- moi ces tomates, on en a jamais eu de si belles. Et ces fraises, tu as vu cette quantité ? Le curé va encore pouvoir s’empiffrer avec mes confitures. Et ce calme, ah, ce calme…mais qu’est-ce que j’aime les dimanches ! Ah, mon Louis…tu me manques, tu sais. C’est dommage de profiter de ce beau jardin toute seule. Quelle idée tu as eu de partir si vite. Seule, ce n’est pas pareil… non… c’est pas pareil. Enfin…en attendant que l’on se retrouve il faut vivre, s’occuper ! Tiens, je te mets là, hein… tu aimais bien être là, tu te souviens ? (exclamation nostalgique)
Polo ouvre les volets de sa roulotte ; quelques instants plus tard, il en sort sans être vu par Justine, lui aussi arrose ses fleurs et arrange les alentours.
- Polo (voir s’il parle) Bonjour les fleurs ! Qu’est-ce qu’on est belles ce matin…
Bicod débarque à jardin dans sa voiture ; Justine l’entend et le voit.
- Justine Oh non, pas lui ! Louis, ça va chauffer ! Vlà le bonimenteur immobilier !
Bicod sort de sa voiture avec un bouquet de fleurs. Toute la scène va être suivie de loin par Polo.
- Bicod (regarde autour de lui) Trop calme ce chantier ! Beaucoup trop calme. Une perte de temps ces dimanches ! (il regarde ses chaussures) Cette poussière ! Ils pourraient nettoyer ! (arrivé au portail de Justine) Bonjour Madame Sauvageat ! On est déjà dans son jardin ? Remarquez quand on a une maison comme la vôtre, autant être dehors ! (sourire commercial et hypocrite)
- Justine Quand on a votre délicatesse, autant rester dans sa voiture ! Au revoir…
- Bicod (sur le même ton) Allons, allons ! C’était de l’humour…tenez, je vous ai apporté ces quelques fleurs qui seront plus heureuses dans un vase que dans ma main.
- Justine Les fleurs s’épanouissent dans un jardin Monsieur Bicod, une fois déracinées elles se meurent… comme nous.
- Bicod Mouais, bon ben prenez-les. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un jardin.
- Justine Moi oui…
- Bicod (off) Pour l’instant… (A Justine) Tout de même Madame Sauvageat, à votre âge ce n’est pas judicieux de jardiner si tôt ! On se fatigue, et puis le soir on se retrouve avec plein de douleurs.
- Justine Les douleurs du corps sont moins graves que celles de l’âme.
- Bicod Vous avez regardé la brochure que je vous ai donnée ?
- Justine
- Bicod Vous devez la lire. Je vous assure que c’est ce qu’il se fait de mieux à notre époque pour heu… des gens comme vous.
- Justine (le regardant méchamment) M’intéresse pas.
- Bicod Mais enfin soyez raisonnable, je ne vais pas venir tous les dimanches pour vous convaincre d’avoir du bon sens… votre parcelle, votre micro-parcelle de 50m2, je vous en ai donné 15'000 mille francs et pour votre maison 200'000.- alors que ça n’en vaut pas la moitié ! Vous savez ce que ce quartier de villas me coûte ?
- Justine M’intéresse pas.
- Bicod Evidemment à part les tomates et les fraises, rien ne vous intéresse ! Des millions, vous m’entendez des millions ! Et juste à cause de votre parcelle, je suis bloqué !
- Justine Je suis censée m’excuser ?
- Bicod Non, vendre !
- Justine M’intéresse pas.
- Bicod Mais à la Résidence, ils ont un énorme jardin ! (il lui tourne autour, ne tient pas en place)
- Justine Mon petit me va très bien.
- Bicod Là-bas on vous fera votre lessive !
- Justine J’aime bien faire la mienne.
- Bicod Tous les jours vous avez cinq menus à choix.
- Justine A quoi ça sert, j’en mange qu’un, et encore !
- Bicod Sans compter les activités, le loto, les films, les jeux de sociétés, les promenades, les concerts, les visites de musée…
- Justine Si j’en avais besoin, je ne vivrais pas là.
- Bicod C’est le nec plus ultra, une résidence cinq étoiles ! Croyez-moi, ils sont nombreux ceux qui aimeraient habiter à la Résidence des Chrysanthèmes.
- Justine (un temps en le regardant) Le nom donne envie ! S’il y en a tellement, offrez-leur un appartement.
- Bicod Madame Sauvageat, va falloir trouver une solution parce que moi je ne vais pas tenir longtemps ! J’ai un projet à terminer rapidement!
- Justine Et moi une vie à finir… tranquillement !
Justine lui tend un râteau qu’il ne peut faite autrement que de prendre.
- Justine Tenez ça ! Vous n’avez pas l’habitude qu’on vous dise non, hein ?
- Bicod C’est vrai, ce que je veux, je l’ai !
- Justine Et bien cher Monsieur Gérard Bicod aujourd’hui est un grand jour, vous venez de vous prendre votre premier râteau ! Et voilà le deuxième, pour ma parcelle c’est non ! Et pour ma maison c’est encore non ! Avec mon Louis, on a travaillé dur pour nous offrir cette « micro-parcelle » comme vous dites ! Mais je suis heureuse avec ma micro-parcelle ! Mon jardin et ma maison c’est tout ce qu’il me reste et je compte bien les garder ! Alors, construisez tout ce que vous voulez, où vous voulez mais sur cette parcelle, y a moi ! Un point c’est tout ! Bon dimanche ! Et merci de fermer le portail en sortant !
Justine rentre chez elle…
- Bicod Très bien, Madame Sauvageat, ah vous portez bien votre nom ! Sauvage ! Tronchue ! Caractérielle ! Vous voulez la guerre ? Et bien vous l’aurez ! Vous venez de refuser le raisonnable ! (en partant) Je déteste les vieilles ! Je les déteste depuis toujours… Un pied dans la tombe et ce n’est même pas reconnaissante devant la bonté, la générosité. On veut jouer….et bien vous allez apprendre à jouer, avec mes règles !
Il remonte dans sa voiture et part bruyamment. Justine ressort presque aussitôt avec Louis…
- Justine C’est bon, il est loin. T’as vu Louis, je ne me suis pas laissé faire ! Malotru ! S’il croit que son chéquier va m’impressionner ! Construire, construire, il n’y a que ça qui compte ! Rassure-toi Louis, je ne vais pas mordre à l’hameçon de cet asticot de
Polo se dirige vers Justine avec quelque chose dans la main ; il s’arrête devant le portail.
- Polo Bonjour Madame Justine, vous allez bien ?
- Justine Bonjour Polo, ça va je vous remercie, vous avez dormi dans votre roulotte ?
- Polo Oui, j’aime le dimanche, c’est calme et puis je n’ai personne qui m’attend alors… je suis allé au village et je vous apporté des petits pains au lait.
- Justine Merci Polo ! Pour certaines choses, j’ai la dent dure mais pour le pain, je préfère ceux-là (petit rire). Entrez et servez-vous de tomates.
- Polo (Polo passe le portail et la rejoint) Merci Madame Justine.
- Justine Madame, madame…contentez-vous de Justine !
- Polo Bien…Mad…Justine. Je m’excuse pour monsieur Bicod, ce n’est pas bien ce qu’il fait. Chez moi, on respecte les anciens.
- Justine J’en ai vu d’autres ! S’il croit m’amadouer, il se trompe. Une belle voiture, un beau costume et de belles dents et ça croit régner sur le monde ; mais ça n’en est qu’une particule !
Ils sont au milieu des tomates.
- Justine Vous êtes chez nous depuis longtemps ?
- Polo Ca fait 21 ans que je viens travailler en Suisse. Chez moi en Algarve, il n’y a pas de Il faut bien gagner sa vie…
- Justine Oui, et pour vous durement même. Que faisiez-vous au Portugal ?
- Polo J’ai commencé des études en littérature mais j’ai arrêté, l’état n’avait pas de places pour des professeurs. J’avais une cousine qui travaillait ici qui m’a dit que je trouverais certainement quelque chose. J’ai fait mes valises et cela fait 21 ans que je conduis ma pelle. Je ne pensais pas faire cela.
- Justine Il n’y pas de sot métier Polo, une vie gagnée honnêtement voilà ce qui compte. Bicod gagne plus que vous… il a plus à perdre aussi…
- Polo Vous croyez que vous allez pouvoir garder votre maison ?
- Justine J’en suis sûre ! Ni Bicod, ni son argent vont me faire partir !
- Polo Mais… il est coriace et n’a pas pour habitude de perdre. Il peut être mauvais.
- Justine S’il doit recevoir une leçon et apprendre à perdre à son âge, je serai heureuse d’être celle qui la lui donnera ! Aucun homme n’est mauvais Polo, on ne nait pas mauvais, on le devient…reste à savoir pourquoi.
- Polo Je crois que j’en assez Justine, merci. Vous savez, la semaine je dois faire mon travail et je ne peux pas contredire mes chefs, j’en suis désolé… j’aimerais pouvoir vous défendre.
- Justine Ne vous inquiétez pas, Louis est là.
- Polo Je vais retourner dans ma roulotte, écrire à ma famille…
- Justine Oui, allez Polo, allez…
- Polo Bon dimanche, merci.
Polo retourne dans sa roulotte.
- Justine C’est un bon gaillard ce Polo… hein Louis ? Si on allait goûter ce petit pain ? Oh, il y en a deux, ça tombe bien…
Justine rentre chez elle. On entend des voix au lointain.
- Valérie Yvan, je ne le ferais pas à ta place, tu vas te faire mal.
- Yvan T’inquiètes, je te rappelle qu’à 20 ans je faisais de la gym…
- Valérie Oui…à 20 ans ! (on voit des mains sur les barrières qui cherchent une prise, Yvan apparait puis disparait)
- Yvan Et puis, on a acheté notre maison et j’aimerai bien voir où en est sa construction. Ce n’est pas de ma faute si le portail est fermé !
- Valérie Reviens demain, les ouvriers seront là. Il y a un panneau « Chantier interdit »
- Yvan Interdit, j’ai quand même le droit de venir sur mon terrain ! Voilà ! (il sort jusqu’à la taille, puis saute sur le tas de terre et se déchire le pantalon !) Merde !
- Valérie Qu’est-ce qu’il y a ?
- Yvan Rien ! T’inquiète ! Bouge pas, je vais t’aider à passer. (il approche un baril ou autre chose pour l’aider à faire passer son amie) Tends les bras ! Voilà… allez fais un effort !
- Valérie On n’a pas idée, on dirait des cambrioleurs !
Au moment de passer la clôture, elle déchire sa robe !
- Valérie Oh non ! C’est malin ! Ma robe !
- Yvan On est raccord comme ça, regarde !
- Valérie Bravo ! Monsieur Maillard, je ne vous félicite pas !
- Yvan (il sort un plan d’une poche) Bon, alors d’après le plan… attends, ça c’est celle des voisins (à jardin), là-bas (à cour) c’est l’autre… la nôtre… la nôtre… ben… elle devrait être là.
- Valérie Comment ça là, il n’y a rien ! Tu es sûre que tu lis le plan correctement ?
- Yvan C’est toi qui me dis ça ? La dernière fois que je t’ai donné un plan à lire pour aller à Grimentz, on s’est retrouvé à Loèche !
- Valérie Ok, alors Monsieur Boussole, tu es sûr qu’elle devrait être là ?
- Yvan Aussi sûr que le jour où je t’ai dit oui.
- Valérie Oooh, c’est mignon. (elle l’embrasse)
- Yvan Ce qui l’est moins, c’est que rien n’a bougé pour notre maison (il se promène en faisant mine de compter ses pas) et je crois savoir pourquoi.
- Valérie Ah ? Et pourquoi ?
- Yvan Cette maisonnette est sur notre parcelle ; et apparemment elle n’est pas abandonnée…
- Valérie Tu crois ?
- Yvan A moins que les ouvriers aient le temps de jardiner ou… quelqu’un habite ici !
- Valérie Mais Monsieur Bicod nous avait dit qu’il commençait cette semaine ?
- Yvan Apparemment, il n’a pas tout dit…
Justine sort de chez elle
- Justine Je reviens Louis, je vais juste étendre la lessive.
- Valérie Ils vivent à plusieurs là-dedans ? Qu’est-ce qu’on fait ?
- Yvan C’est l’occasion de savoir ce qu’ils font encore là.
- Valérie Mais qu’est-ce que tu vas leurs dire ?
- Yvan Ne t’inquiètes pas...
Ils s’approchent de Justine
- Yvan Bonjour Madame.
- Justine Ah, bonjour. Tiens, le portail était ouvert ?
- Valérie Non, on a joué les chenapans en cambant la barrière ! On voulait juste voir le chantier.
- Justine Ah, vu vos tenues vous ne devez pas le faire souvent ! (rires)
- Yvan En effet ! Vous êtes encerclée par les travaux, étonnant de rester comme cela au milieu d’un chantier?
- Justine Plus méritant qu’étonnant ! Ce n’est pas facile de résister aux promoteurs Ils sont prêts à tout pour vous chasser de vos terres, aussi petites soit- elles.
- Valérie Et vous avez réussi ?
- Justine Bien sûr que oui ! Celui qui nous fera partir d’ici, il n’est pas encore né !
- Yvan Ah…
- Valérie Oui… ah !
- Yvan Parce que d’après le panneau de chantier, il y a encore une villa…juste là.
- Justine Oui, je sais bien mais dans la réalité, il y a la mienne.
- Yvan Vous vivez seule ?
- Justine Oui… enfin avec mon Louis (elle regarde la photo)
- Valérie Et donc... vous allez rester ici ?
- Justine Ben oui ! Pourquoi voulez-vous que je parte, je suis chez moi !
- Yvan Oui, bien sûr. On ne va pas vous déranger plus longtemps, hein chérie ?
- Valérie Non, on vous souhaite un bon dimanche… et bonne chance !
- Justine (sourire sonore) … à vous également, m’sieur dame.
Justine rentre chez elle ; Yvan et Valérie s’éloignent et tout en se dirigeant vers la clôture...
- Yvan Non mais c’est incroyable ! La grand-mère est chez nous ! On l’a acheté ce terrain ! Bicod va m’entendre…Demain, on débarque avec le contrat ! Crois-moi ça va bouger !
- Valérie Pauvre grand-mère. Il va se passer quoi pour elle ?
- Yvan Je n’en sais rien mais ce n’est pas notre problème.
Ils cambent à nouveau la barrière. Loyal apparaît à la porte d’une roulotte à cour. Alors qu’il s’adresse au public, Justine termine d’étendre sa lessive, rentre chez elle après avoir senti quelques fleurs.
- Loyal Les jours se suivent et ne ressemblent pas. Justine a profité de son dimanche, du calme mais le chantier doit se poursuivre ; une nouvelle semaine débute, les ouvriers arrivent tôt…
Des ouvriers entrent sur le chantier par cour, Polo les salue mais ils l’ignorent, ils déposent leurs affaires dans la roulotte et se dirigent vers les porta-cabines, le contremaître sort de son bureau à jardin avec un plan dans les mains, Polo se dirige aussi vers le contremaître.
- Silvio Pas besoin de venir Polo, tu sais ce que tu as à faire !
- Polo Bien… (à part) Au fait, oui merci, j’ai passé un bon week-end…
- Ramon (A Polo en montrant la maison de Justine de la tête) Alors, on s’est fait une copine avec la vieille ?
- Sébastien Tu l’as aidé pour sa lessive ? (ils ricanent)
- Luigi (Cherchant ses mots) Et… Et tou… tou as…
- Ramon Viens Luigi !
- Luigi Si, ma yé voulais dire queque chose.
- Sébastien Tu le diras plus tard !
- Silvio Bon les gars, on y va ! On n’est pas en avance…
- Ramon Bien chef, on arrive.
- Silvio (en se référant au plan) Luigi, tu attaques la porte, vous deux vous commencez l’arrière.
- Luigi On commencé…là tout de souite ?
- Silvio Non, non, d’abord on va se faire une partie de boules !
- Luigi Ah si ? (en voyant la tête de Silvio) ... ah mais non, c’est pour rigoler. Mais yé voulais dire on fait pas lé touyoutoutou?
- Silvio Pas le temps ! On a déjà assez de retard avec la troisième qui traîne.
- Sébastien Bon, au boulot !
- Luigi Si ma l’arssitecte é va pas être contente.
- Ramon Le client non plus si sa baraque est pas finie.
- Luigi Seffe ? Yé po voir encore lé plan ?
- Silvio Pourquoi tu ne sais plus à quoi ressemble une porte ?
- Luigi Si ma… elle est où?
- Sébastien Là où on passe au travers…
Ramon et Sébastien s’affaire à préparer les matériaux (briques, sac de ciment, eau, etc)
- Silvio Assez bavardé ! (Luigi prend le plan et repère l’emplacement de la porte, Silvio remonte dans son bureau. Quelques instants plus tard, Gertrud l’architecte débarque à jardin.
- Gertrud Bonjour Messieurs ! (en passant devant eux et en se dirigeant vers Luigi) Déjà au travail ?
- Ramon Bonjour, oui pas le temps de traîner !
- Gertrud Vous avez déjà fait l’échauffement ?
- Luigi Ah non, on a même pas ou lé temps dé faire lé touyoutoutou !
- Gertrud Ça ne va pas messieurs ! Nous nous sommes engagés à suivre les recommandations de la SUVA ! (en direction du porta-cabine) Silvio ! Et vous Luigi allez me chercher l’appareil ! Polo ! Vous aussi ! (Polo les rejoint)
- Luigi Y é savait qué fallait faire lé touyoutoutou ! (il va chercher un chariot avec des hauts-parleurs)
- Sébastien C’est bon Luigi, arrête de faire du lèche-bottes !
Silvio sort de son porta-cabine.
- Silvio (Gêné) Bonjour Madame ! Je ne vous attendais pas si tôt… on allait justement… (il mime des exercices gymniques)
- Gertrud Bien sûr ! Allez messieurs on s’éparpille devant moi.
- Luigi Voilà M’dame ! (Il enclenche l’appareil et on entend le générique de « Gym Tonic »)
- Gertrud Allez messieurs, de l’énergie, de l’enthousiasme pour cette nouvelle journée. Et un… deux… trois… on lève les bras… on les baisse…. on lève… on baisse… on écarte la jambe sur le côté… on ouvre, on ferme… l'autre jambe… on ouvre, on ferme… on écarte les bras… on tourne…
- Luigi Ca, yème bien… comme pour s'envoler!
- Silvio Oh, le bimoteur… en silence les exercices!
- Gertrud Bien, on court sur place… de petits pas….
- Ramon On court sur place, c’est intelligent !
- Sébastien On a vraiment l’air con !
- Ramon Chez Sinloger ou Lorpatti, on n’était pas ridicule comme ça !
- Gertrud On s’échauffe en silence !
- Sébastien Ca pour s’échauffer, on s’échauffe…
Justine sort de chez elle avec un calepin et un crayon dans la poche de son tablier
- Justine Mais regarde-les voir Louis ! A gigoter tous les matins comme ça !
- Gertrud (Elle stoppe la musique) C’est bien messieurs, merci ! Au travail ! (Luigi range l’appareil, Gertrud se dirige vers les bureaux)
- Silvio (essoufflé, s'appuyant sur les genoux) Super, là on est en forme maintenant les gars ! (Rejoint Gertrud)
- Ramon En forme, ouais…
- Polo Moi je trouve ça bien, on pense à notre santé. (il se dirige vers les toilettes mobiles)
- Sébastien Celui-là, je te jure pas foutu de penser comme tout le monde !
- Luigi Si, touyours à part…
- Ramon Hé les gars, regardez ! (il montre de la tête où va Polo) Vous pensez à ce que je pense…
- Sébastien Ouais !
- Luigi Si !
Ils regardent Polo entrer dans la cabine et dès que la porte se ferme, se précipitent vers elle.
- Ramon Go ! (Sébastien siffle et la petite grue se déplace au-dessus de la cabine, le câble descend et les ouvriers fixent le crochet à la cabine)
- Luigi On va bien rigoler !
- Sébastien Chuuut, tais-toi !
- Ramon Allez descend… voilà… Luigi croche !
- Luigi Hé, là y a pas qué la sasse qui va être tiré, no?
- Sébastien Chuuuut!.. Prêt? (signe du pouce des collègues ; il siffle en direction de la grue et fait signe de la main de monter).
La grue soulève la cabine, seule la partie haute se lève laissant apparaître le bidet ; on voit Polo assis qui se lève brusquement en essayant d’empêcher l’action. Il se retrouve suspendu dans les airs, pantalons sur les chevilles !
- Polo Oh ! Ca va pas !? … Hé ! Mais arrêtez ça tout de suite ! (il grommelle, crie)
- Ramon Alors Polo ? On fait encore de la gym ?
- Sébastien Après le fitness, rien de tel qu’un peu d’agrès !
La grue fait un mouvement de 180 degrés en direction de la roulotte de Polo.
- Polo Descendez-moi tout de suite! C’est pas drôle !
- Luigi Ah si, quand même oune pô !
- Polo Je me plaindrai au syndicat !
- Sébastien Le syndicat, le syndicat mais oui, gnia, gnia, gnia!
- Ramon En attendant, retourne dans ton coin.
- Justine (Elle regarde la scène en hochant de la tête) Mais qu'est-ce qu'il se passe? (elle voit Polo) Mon Dieu! Qu'est-ce que vous faites là-haut? Mais remontez votre pantalon, voyons!
- Polo Je voudrais bien mais là ça ne va pas être possible! Désolé…
- Luigi Ma en même temps, y a pas grand sose à voir (rires)!
- Polo Vous êtes vraiment trop stupides !
Polo est posé à côté de sa roulotte.
- Ramon De quoi te plains-tu? Maintenant tu as les WC à côté de ta roulotte!
- Luigi Ah mais non, parcé qué lé bidet, il a pas souivi!
- Sébastien Assez rigolé, on a du job.
Les ouvriers retournent à leurs activités, mur arrière et porte; Justine est dans son jardin et regarde ses tomates.
- Justine Je suis sûre qu'ils viennent me chaparder des tomates ! Mais, tu vas voir… alors, plant numéro 1, combien on en a ? 1, 2, 3, 4,…8..11 ; là c’est noté ! Plant numéro 2, 1, 2, 3, 4, 5…
Polo vient vers elle.
- Polo Je m'excuse Mad… Justine pour ce que vous venez de voir.
- Justine Oh, ne vous inquiétez pas, ça m'a fait plonger dans des souvenirs (petit rire)
- Polo Heu, oui… que faites-vous ?
- Justine Je compte mes tomates ! J’ai le sentiment qu’elles disparaissent !
- Polo Oh non, vous ne pensez pas qu'on vous les vole?
- Justine Ben…
- Polo Vous vous faites des idées. Ils ne sont pas malins mais ils sont honnêtes.
- Justine Mouais, ben on verra bien! Là… maintenant c'est répertorié et noté!
- Polo Comme vous voulez, je retourne à mon travail.
- Justine Oui, moi aussi…
Justine rentre chez elle et Polo retourne à sa pelle.
Un camion avec un tableau électrique entre sur le terrain. Silvio sort de son porta-cabine.
- Silvio Ah, voilà la plus belle…
Luigi se dépêche de se coiffer, Ramon se sent l'haleine et Sébastien se resserre le pantalon.
- Silvio Oh, les gars! Ca va?
- Sébastien Oui, oui très bien…
- Luigi Ah si, voilà lè dosième soleil de la iournée…
- Chloé Salut les gars! La forme?
- Ramon Jusqu'ici c'était l'enfer mais maintenant que tu es là, c'est le paradis.
- Luigi Si tou vo, ma femme elle a fait trop de tripes alors y é po t'en donner!
- Chloé Merci, mais je n'aime pas ça!
- Luigi Merda!
- Sébastien Ca fait un bail qu'on t'as pas vu!
- Chloé Arrête tes salades Sébastien, c'était vendredi !
- Silvio Bon, bien… tu as le nouveau tableau?
- Chloé Ouais! Un coup de main s'il vous plait!
- TOUS Oui!
- Luigi Moi!
- Ramon Non, moi!
- Silvio On se calme! C'est qu'un tableau! Retournez à votre job! (niaisement) C'est moi qui vais l'aider…
Il se dirige vers elle qui est déjà montée sur le pont pour détacher l'armoire électrique.
- Chloé Faudra m'expliquer ce que vous faites avec votre matériel, c'est le troisième que je livre! Vous avez regardé avec la Welche Energie?
- Silvio Evidemment, d'ailleurs il est censé venir brancher celui-là; paraît que c'est à cause de bestioles qui s'enfilent et qui font un court-jus.
- Chloé Des bestioles? Quel genre de bestioles peut s'enfiler là-dedans?
- Silvio Aucune idée, il voulait faire examiner l'ancien tableau avant de me le dire.
- Luigi Hé Chloé! Si lé trou, il était plous grand, y aurait pou rentrer parcé qué moi, yé souis oune bête!
- Silvio Vu ton rythme de travail Luigi, une bête de somme oui!
- Chloé Ah au fait ce matin au dépôt, j'ai entendu que le syndicat allait venir contrôler le
- Silvio Pas de souci, ils peuvent venir on est clean.
- Chloé Ca je le pense bien mais… ils auraient été alertés par un ouvrier qui se plaint de ses conditions de travail.
- Ramon C'est pas ici, ils doivent se tromper.
- Sébastien Ouais, on n’a pas de problème là.
- Luigi Hé les gars, vous croyez pas que c'est…
- Ramon … le moment de te taire, et de te concentrer sur ta porte!
- Luigi (à l'italienne) Ma!
- Sébastien Si, ta porte!
- Chloé Ouais bon, vous verrez bien! Je vais pas partir à vide, y a quelque chose à reprendre?
- Silvio Les canalisations là-bas.
- Chloé Ca marche! (elle se dirige vers les tuyaux et commence à les charger)
- Luigi (A Ramon) C'est quelle hore?
- Ramon Huit heures et demi
- Luigi Alors c'est pas l'hore.
- Sébastien De quoi?
- Luigi Dé la pausse!
- Silvio Qui dit pause, dit travail… avant!
- Luigi ok, ok… yé travaille… yé travaille…
Bicod débarque en voiture accompagné de son assistante.
- Silvio Les gars, on met la 4ème… vlà Bicod!
Silvio se dépêche d'aller avertir l'architecte au bureau.
- Luigi Avec son assistante, la zoulie Madémoiselle Gamaret…
- Ramon Gamay! Mademoiselle Gamay!
- Luigi Sais pas jé (cépage) … confonds tout lé temps.
Bicod freine sans ménagement, sort de sa voiture avec énergie, suivie de son assistante qui fait des petits pas et tente de tout bien faire comme il faut et d'anticiper les souhaits de Bicod.
- Bicod Ca bosse un peu ici? Mademoiselle Gamay?
Tout le monde s'active tout en l'observant du coin de l'œil. Dès que Bicod observe telle ou telle personne, celle-ci travaille avec une énergie caricaturale.
- Gamay Oui Monsieur Bicod ?
- Bicod Soleil!
- Gamay Oui, bien sûr Monsieur Bicod
Mademoiselle Gamay va dans la voiture (à voir coffre ou habitacle) elle prend un parapluie doré aux gigantesques initiales GB.
- Gamay Voilà…
L'architecte sort de son bureau, Silvio suit derrière avec plein de plans roulés, et joue les lèche-botte avec un ton à la Castafiore.
- Gertrud Monsieur Bicooood, quelle joie de vous voiiiir… n'est-ce pas Silvio?
- Silvio Ouais… joie…
- Gertrud Autant vous le dire tout de suite Monsieur Bicod, le chantier n'est pas en retard, n'est-ce pas Silvio?
- Silvio Pas… en retard…
- Bicod Et la cahutte là? J'ai des futurs propriétaires sur le dos parce que l'on est pas capable de régler un cas des plus simples.
- Gertrud Bien sûr, mais notre avance sur le reste du chantier va nous permettre de nous en occuper, n'est-ce pas Silvio?
- Silvio Nous… occuper…
Justine sort de chez elle alors que Bicod se dirige vers l'architecte suivi de son assistante.
- Justine Viens mon Louis (elle remarque Bicod)… Non, retour à la maison!
- Bicod L'avance… parce que pour vous le chantier est en avance? Vous entendez ça, mademoiselle Gamay? Y a de quoi voir rouge!
- Gamay Oui, Monsieur Bicod… y a de quoi. (tout en lui répondant, elle bouge le parapluie qui n'est plus au-dessus de Bicod)
- Bicod Soleil!
- Gamay Oh pardon monsieur Bicod!
- Bicod Planning!
- Gamay Bien monsieur Bicod.
- Bicod Pas besoin de répéter sans arrêt mon nom, je le connais!
- Gamay Oui, pardon… monsieur.
- Bicod Ca aussi, je le sais!
- Gamay … bien… voilà.
- Bicod Donc, selon le planning, l'arrière de cette villa devrait être en haut, le cadre de la porte en haut!
- Luigi Là, ça va monter vite, seffe!
- Bicod Au fond, l'excavation devrait être…
- Luigi Pas en haut, c'est pas possiblé…
- Silvio Luigi, merci…
- Bicod Rien n'est en haut ici, tout est en bas! Ça traîne… il y a un planning et un budget à respecter Madame Stocken! Alors on respecte!
- Gertrud Evidemment, évidemment…n'est-ce pas silvio?
- Silvio … demment…
- Bicod Bien, alors on se bouge et on règle le cas de la vieille, clair?
(A Gamay) Soleil! (elle s'exécute aussitôt)
- Gertrud Oui…mais…comment?
- Bicod Par tous les moyens!
Le couple Maillard débarque à leur tour…
- Yvan Bonjour M'sieur, dames…
- Bicod Et voilà, si vous aviez fait votre travail on n'en serait pas là! (prenant un ton particulièrement commercial et mielleux). Madame et Monsieur Maillard quel plaisir de vous voir, bienvenue chez vous enfin (éclat de rires) pour bientôt!
- Yvan Oui, heu… alors justement c'est le « bientôt » qui nous inquiète un peu…
- Valérie (A Yvan) Un peu? Tu rigoles? Vas-y quoi… !
- Yvan Hier, nous sommes venus par simple curiosité nous promener et nous avons constaté avec mon épouse que notre… notre…
- Valérie (A Yvan) Je te jure toi! (A Bicod) Que rien n'avait avancé, que sur notre parcelle il y a cette petite maison avec une dame qui y vit et qui n'a pas du tout l'intention de partir! Nous avons un contrat Monsieur Bicod!
- Bicod Oui, je sais que vous avez un contrat, c'est moi qui l'ai signé (rires) Blague à part, c'est un tout petit contretemps de rien du tout, ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que votre mari doit très bien le comprendre, mhm? En tant que paléontologue, vous connaissez le temps que peut prendre certains chantiers. Il est clair que les fossiles que vous étudiez, c'est pas le genre à vous retarder contrairement à… (montre de la tête la maison de Justine) mais c'est une question d'heures, nous sommes sur le point de finaliser, les délais seront respectés. N'est-ce pas Madame Stocken?
- Gertrud (timidement).
- Bicod Vous entendez, cela ne souffre d'aucune hésitation!
- Yvan Oui, merci…
- Valérie Très bien! Soit! Alors, merci de nous informer quand la maison de cette dame sera détruite et quand il y aura le premier coup de pelleteuse! On est d'accord?
- Bicod Bien sûr, nous allions vous le proposer! N'est-ce pas Madame Stocken?
- Gertrud Il faudrait…
- Bicod Voilà, vous voyez! Monsieur Maillard vous avez la chance d'avoir une épouse qui a du caractère, comme je vous comprends. Moi également, j'aime les femmes dynamiques qui savent dire les choses, hein Mademoiselle Gamay? Soleil!
- Gamay Heu… oui…
- Bicod Je crois que tout a été dit! Madame Stocken, je vous laisse contacter les Maillard ces prochains jours…heu non demain, pour les inviter à ce premier coup de pelle, on est d'accord?
- Gertrud (empruntée) Pourrions-nous en discuter avant…?
- Bicod Nul besoin, j'ai une totale confiance en vous! Je vous laisse gérer et merci de m'avertir, je veux être là pour l'événement! Bien, Monsieur et Madame Maillard (les accompagnant vers la sortie), je vais vous laisser retourner à vos activités, le chantier doit avancer et c'est dangereux par ici, vous comprenez…?
- Yvan Oui, merci pour tout, au revoir Monsieur Bicod!
Ils quittent le chantier et Bicod revient sur ses pas.
- Valérie Merci pour tout? Pour tout? Non mais tu rigoles? Y a pas de pour tout qui fasse, y a rien! Je te jure, t'arrêtes pas de gérer des chantiers pour ton boulot mais alors pour nous… Tintin!
Ils partent…
- Bicod Bien! Là, la situation est sous contrôle, ils ont tout avalé et une fois de plus grâce à moi!
- Gertrud Sous contrôle, on a quand même un cas à régler et pardon mais ce n'est pas à nous de…
- Bicod (gros soupir) Ça va, j'ai compris! Vous allez voir! Allez tout le monde au travail, Mademoiselle Gamay suivez-moi!
Tout le monde travaille en observant encore Bicod… qui se dirige vers la maison de Justine.
- Bicod Madame Sauvageat! Bonjour, madame Sauvageat! S'il vous plaît, sortez… nous avons à parler!
- Justine (off) Je peux pas, je fais des tartines!
- Bicod Des tartines! (Aparté) Madame fait des tartines… (A Justine) Je comprends que vos tartines ne puissent attendre contrairement à mon chantier mais je souhaiterais m'entretenir avec vous.
Justine sort avec une tartine à la confiture aux fraises qu'elle termine d'étaler avec un couteau.
- Justine (sèche) Me voilà! (très douce) Bonjour Mademoiselle…
- Gamay Bonjour Madame.
- Bicod (fait des présentations sur le bout des lèvres) Madame Gamay, Madame Sauvageat. Bien, avez-vous réfléchi depuis hier?
- Justine Réfléchi à?
- Bicod (commençant à fulminer) À… À… notre discussion, très chère Madame Sauvageat, parce qu'aujourd'hui je suis dans une situation des plus délicates et je dois prendre des décisions que vous le vouliez ou non. Je dois construire une villa ici et je ne peux plus attendre Madame Sauvageat, je dois agir!
- Justine Ma pauvre mademoiselle, je ne sais pas quelles sont vos conditions salariales mais vous devez vraiment avoir besoin de travailler pour le supporter quotidiennement!
- Bicod (regard méchant en direction de Mlle Gamay)
- Gamay … non… non… tout va très bien, c'est très… intéressant.
- Justine Si on s'intéresse aux causes perdues, sans doute! Hier, je vous ai tout dit Monsieur Bicod! C'est non, non et re-non!
- Bicod (hors de lui) Je déteste les vieilles! Vous l'aurez voulu! Vous ne me laisser pas le choix! Vous voulez la guerre et bien vous l'aurez!
- Justine (calme, une pointe ironique) Hou là…mais c'est qu'on serait énervé…mais c'est pas en s'excitant comme un moucheron que vous allez la gagner votre bataille, hein? Et puis un bon soldat, part au combat le ventre plein, goûtez-moi ça! (elle lui enfourne sa tartine dans la bouche)
Bicod est surpris, enlève la tartine et parle en finissant sa morce forcée tout en gardant la tartine dans sa main).
- Bicod Mais je n'en veux pas de votre tartine! Pas besoin de tartine pour gagner. Sur ce, bonne journée et… bonne chance! (il part et mademoiselle Gamay peine à le suivre)
- Justine Au revoir Monsieur Bicod… je viens Louis, je viens…
Tous les ouvriers le regardent en craignant sa réaction.
- Bicod Et vous là! Qu'est-ce que vous avez à me regardez? Au boulot! (A Mlle Gamay en tendant sa tartine). Tenez-moi ça!
Tout le monde s'affaire exagérément…
- Gertrud La situation est critique…
- Bicod La vôtre surtout, si les choses ne bougent pas!
- Silvio En même temps cette vieille dame…
- Bicod Oui…?
- Silvio Ben… elle est chez elle, elle n'a plus que son jardin…et…
- Bicod Parfait! Voilà! Merci! On va lui couper l'eau!
- Gertrud Comment ça?
- Bicod Quoi comment ça? En coupant l'eau! Vous allez me condamner sa conduite! Plus d'eau, plus de potager, on fait tout crever!
- Gertrud Là, c'est pas une bonne conduite justement…
- Bicod Dites, rappelez-moi le nom de celui qui vous paie? Couper l'eau, c'est un ordre! Et appelez-moi quand vous l'aurez fait quitter sa maison, aujourd'hui! (A Mlle Gamay) Au bureau! (Ils retournent vers la voiture. Une fois arrivés…)
- Gamay Que dois-je faire avec ça? (montrant la tartine)
- Bicod Ce que vous voulez! (elle va pour la jeter) Non, tout compte fait donnez-la moi et prenez le volant!
- Gamay Heu…vous voulez que je conduise votre voiture?
- Bicod Oui, on ne va pas appeler un taxi! Allez on se dépêche!
Il monte dans la voiture et avant que Mlle Gamay soit à l'intérieur (elle range les affaires dans le coffre) on entend Bicod.
- Bicod Délicieuse sa confiture… dommage (ils quittent le chantier)
Justine ressort dans son jardin, le regarde, prend un râteau et ratisse… mollement.
- Justine (soupir) Je suis inquiète Louis, j'ai peur… Oh mais, je vais me battre jusqu'au bout, je vais pas le laisser faire le Bicod. Mais quand même…je me sens vulnérable, on a plus 20 ans. Tu serais toujours là, on pourrait se tenir les coudes, hein mon Louis?...Mon bon Louis…
CHANSON "Louis dort"
(on entend l'intro joué par un accordéon, l'accordéoniste est dans le décor discret au lointain).
A la fin de la chanson, Justine rentre chez elle…doucement en prenant son Louis et en le serrant contre son cœur. Polo qui a tout observé se dirige vers ses collègues
- Polo J'ai honte, j'ai honte de moi et vous devriez avoir honte! Nous sommes tous là à assister à l'inadmissible sans rien faire! Je suis le premier à m'en vouloir de ne pas oser bouger! Cette pauvre dame, tellement gentille, qui a le mérite de se battre pour ce qui lui reste! Nous on est là à rien faire.
- Silvio Qu'est-ce qu'on peut faire? C'est pas nous le patron!
- Luigi Et moi, yé voudrais pas l'être quand yé voit ça
- Ramon Nous, notre place est sur le chantier, ces histoires ça nous concernent pas.
- Sébastien J'ai une famille à nourrir, je peux pas prendre de risques.
- Chloé Dites-donc les gars, vous êtes des marrants vous, dès que je débarque vous jouez aux mâles qui débordent de testostérone mais dès qu'il s'agit d'en avoir une paire, alors là!
- Ramon Elle est facile! Tu n'avais qu'à l'ouvrir avant si tu es si courageuse!
- Chloé Polo a raison…si on la défend tous, on peut faire plier Bicod.
- Polo Oui, j'en suis sûr.
- Sébastien Mais vouloir faire plier Bicod, c'est comme faire perdre 40 kilos à Brélaz!
- Chloé Il l'a fait justement!
- Silvio Qu'en pensez-vous Madame Stocken?
- Gertrud Bien, la situation n'est pas simple. Contrer Monsieur Bicod juste parce que nous ne sommes pas d'accord, cela ne suffit pas. Et cela n'a rien à voir avec le courage. Calmons-nous et au travail!
- Polo Il n'y a plus qu'à espérer un miracle. Notre Dame de Fátima aide-nous… (il retourne dans son coin).
- Silvio (A Gertrud) Je fais quoi pour l'eau?
- Gertrud Vous avez entendu… on coupe!
Silvio prend des outils et se dirige vers un endroit caché (à déterminer) pour couper l'eau.
- Gertrud Allez tout le monde, au travail!
- TOUS (plus ou moins en même temps)
- Ramon N'y pensons plus…allez les gars.
- Sébastien J'ai une famille moi, j'y peux rien…
- Chloé C'est triste, vraiment triste.
- Luigi Ma, qu'est-qué on pou faire…rien!
- Polo (seul) Notre Dame de Fátima…s'il vous plaît…
Heinz de la Welche Energie entre dans le chantier.
- Heinz (parle avec un accent fédéral, lent!) Hoi! Grüezi tout le monde! Wie goht's?
- Gertrud Bonjour Heinz, ça va, ça va. Merci de brancher le tableau au plus vite.
- Heinz Vite, vite… ça c'est vite dit mais je fais les choses normal parce que si je vais vite et que le fil bleu il est sur le rouge, ça fait boum! (rire bête)
- Gertrud D'ailleurs, qu'est-ce qui s'est passé avec l'autre tableau?
Justine sort dans son jardin et commence à désherber.
- Heinz Voi, ça c'est incroyable qu'est-ce qui a eu! On a démonté le tableau et on a rien vu! Mais après qu'on a cherché mieux, on a trouvé!
- Ramon Et? C'est quoi?
- Heinz Ca vous allez pas croire tellement qu'c'est incroyaaable!
- Sébastien Bon, t'accouches!
- Heinz Voi, voi je vais expliquer. Dans le tableau on a trouvé des petites bêtes. Elles sont entrées et pis elles sont montées et pis elles sont arrivées là ouski faut pas et bzzzzzz! Electrocufiées!
Silvio revient de sa "cachette".
- Silvio C'est fait Madame Stocken, salut Heinz!
- Heinz Ah voi, salut Siiilvio!
- Luigi Ma, qu'est-ce qué c'était commé bestioles?
- Heinz Ah voi, ça c'est le plus qui est incroyaaable… des Nacktschnecke! … Des limaces!
- Ramon Quoi? Ce sont des limaces qui ont bousillé notre tableau?
- Silvio Ca, je ne l'avais encore jamais entendu!
- Heinz Ah moi non plus mais ça doit faire le même bruit qu'un autre animal quand ça fait bzzz!
- Gertrud Bon, merci de contrôler que des limaces ne peuvent entrer dans celui-là, Heinz!
- Heinz Voi, voi, j'ai déjà pensé, j'ai pris un avec la serrure en haut (rires) et pis sur ce chantier, on voit plus des escargots, hein les gars (rires)
- Ramon Ouais, c'est ça, très drôle! Branche-nous notre tableau plutôt.
- Chloé Bon, moi je suis ok… à plus les gars (elle remonte dans son camion et part).
Tout le monde retourne à son travail, Gertrud et Silvio au bureau.
- Justine (aparté) T'as entendu Louis? … tu penses à ce que je pense?... hein?... (petit rire) On est d'accord! (En se baissant dans ses carreaux) Petite, petite, petite, petite… houhou… où c'est qu'elles sont ces petites limaces? Ce serait bien que j'en trouve des courageuses… des limamikazes… Mais oui Louis, tu as raison…je vais arroser et ça va les attirer…
Elle se dirige vers son tuyau d'arrosage, ouvre le robinet et…rien!
- Justine Ben alors? Qu'est-ce qui se passe? Y a pas d'eau? Je te jure, ce chantier! Qu'est-ce que je fais sans eau moi?
Elle pose son tuyau, prend un arrosoir et se dirge vers Polo
- Justine Polo!... Poloooo! Vous êtes là?
Polo sort de derrière sa roulotte.
- Polo Oui, Justine je suis là, j'étais derrière à trier du matériel. Qu'y a-t-il?
- Justine Je n'ai plus d'eau au jardin, il y a une coupure?
- Polo Oooohhh, ils l'ont fait… mhmm…
- Justine (suspicieuse) Fait quoi Polo?
- Polo Monsieur Bicod n'a pas aimé tout à l'heure que vous le ridiculisiez devant tout le monde et… pour vous faire partir, il a demandé à ce que l'on vous coupe l'eau.
- Justine Comment? Il a osé faire ça? Mais alors, il la veut vraiment sa guerre!
- Polo Je suis désolé…
- Justine Je sais Polo, je ne vous en veux pas à vous, je sais qu'il vous tient par les… enfin qu'il vous tient! Dites vous seriez d'accord de me remplir mon arrosoir, je dois arroser mes fraises et mes tomates.
- Polo C'est bien le minimum que je puisse faire. Donnez-le moi et je vous le ramène, il sera trop lourd pour vous.
- Justine Merci Polo, vous êtes vraiment un gentil gars. (elle se dirige vers sa maison).
- Polo Je fais tout ce que je peux.
- Justine Je sais… je sais…
- Heinz Voilà, c'est tip-top! Le tableau est branché. (les ouvriers se rapprochent) Je vais encore coller une autocollante exprès.
- Sébastien Un autocollant pourquoi?
- Heinz Regarde, j'ai fait exprès une pour dire aux limaces que c'est verboten! Interdit!
- Ramon Ah ben là… forcément, elles vont pas oser entrer!
- Heinz Voilà… super! Prima! Vous avez de nouveau le courant, merci qui?
- TOUS (3 ouvriers) Merci la Welche Energie!
- Heinz Voi, voi mais c'est normal. C'est mon travail et avec Heinz tu es dans le jus, mais c'est positif! Voilà messieurs, je vais aller mainnant hein… et pis à la prochaine!
- Luigi Grazie miele Enzo!
- Heinz Nicht Enzo! Enzo c'est ferrari, moi c'est Heinz comme le ketchuuup, hein!
- Sébastien Merci et à une prochaine.
Heinz repart, Polo revient vers Justine qui est dans son jardin.
- Polo Voilà Justine, où voulez-vous que j'arrose?
- Justine Oh merci, vous êtes adorable… je dirai un peu là…
- Polo Mais, vous êtes sûre qu'il faut arroser, c'est pas sec!
- Justine Hein, ah… heu…oui, oui…mes fraises et mes tomates ont besoin de beaucoup d'eau. Encore un peu là… c'est très bien, merci.
- Polo Vous savez Justine, je suis vraiment désolé et j'espère…
- Justine Tchuu, tchu, tchu, tchu, tchu… ne dites rien mon Polo. Tout va bien, enfin tout va très bien aller.
- Polo Si vous le dites. Mais… j'ai quand même peur que vous ne puissiez plus profiter de vos légumes…
- Justine Ooooh mais Justine a plus d'un tour dans son sac et comme vous pouvez le voir, ce n'est pas dans mon potager qu'on trouve des courges, mais à côté!
- Polo Si vous le dites. Je dois y retourner… (il part dans son coin, mais se retourne et observe et écoute Justine)
- Justine Merci Polo, merci… Bon, alors… elles sont où ces limaces… allez, allez… venez mes petites, c'est tout mouillé… Justine a besoin de vous… pour une fois on se dépêche les filles.
Polo revient sur ses pas, s'approche de la clôture de Justine.
- Justine Tu vas voir mon Louis, on va bien rire… quelques limaces et… boum! Nous on a plus d'eau et eux plus de jus!
- Polo Justine?
- Justine (surprise) Heu…oui!
- Polo Qu'est-ce que vous faites-là?
- Justine Et bien… je… vous voyez… heu… y a… comment dire… heu…
- Polo Vous préparez un mauvais coup…? (il entre dans le jardin).
- Justine (prise en défaut) Moi? Non… je…
- Polo Vous cherchez des limaces pourquoi? Vous n'auriez pas une idée en rapport avec le tableau électrique?
- Justine Heu… le tableau? Mhmm?
- Polo Mhmm, j'ai compris. Vous voulez faire exploser à nouveau le tableau!
- Justine heu… c'est Louis qui a eu l'idée!
- Polo (sourire) Admettons Justine. Mais… vous n'allez pas y arriver toute seule; je peux vous aider?
- Justine Vous voulez m'aider? Mais c'est dangereux!
- Polo Non, y a plus agressif que des limaces!
- Justine Mais je ne vous parle pas de ça! C'est dangereux pour vous! Vous risquez votre place!
- Polo Ne vous inquiétez pas. A nous deux, on est bien plus malins que les pieds nickelés d'à côté! (il se penche dans un carreau) Regardez j'en ai une!
- Justine Hou, elle est belle celle-là! Je l'avais pas vu… faut dire que je vois moins bien.
- Polo Voyez que je peux vous être utile. Là encore une!
- Justine Moi aussi, là!
- Polo Je pense Justine qu'il ne faut pas en prendre trop, ce serait louche d'en trouver des
- Justine Vous avez raison, j'en ai encore deux ici.
- Polo Parfait! Bon, maintenant…il faut juste trouver le moyen d'aller les mettre. Mes collègues sont à côté du tableau. Il faudrait une diversion.
- Justine Heu… Oh! J'ai une idée! (Un peu comme un général) Vous, vous gérez les limaces, moi j'actionne le plan diversion, deux secondes je reviens!
- Polo Bien mon général!
Justine rentre chez elle en s'amusant de la future situation.
- Justine Oh, oh mon Louis, on va s'amuser….on va bien rire…alors…voilà…ça….ça aussi, aussi ça, ah oui surtout ça! Mes gaillards…mes gaillards….
Justine ressort avec un panier contenant du pain, du beurre et sa confiture à la fraise.
- Justine Voilà, je suis prête! Commando limaces et confiture de fraises, paré!
- Polo C'est quoi votre idée?
- Justine Personne n'a jamais résisté à mes tartines! Vous, vous passez par derrière… vous vous mettez en embuscade, faites gaffe pas qu'elles s'échappent, … moi, je les attire… je leurs offre mes tartines et quand je vous fais signe, GO! Les limamikazes au tableau! Compris?
- Polo Compris!
- Justine Bien, en position!
Polo fait le tour de la maison, passe par l'arrière du décor et se tient prêt à agir. Justine sort de son jardin et se dirige vers les ouvriers.
- Justine (toute gentille) Bonjour Messieurs…
- Luigi
- Sébastien Bonjour Madame.
- Ramon
- Justine Vous savez ce qui se passe, j'ai plus d'eau chez moi?
- Sébastien (coupant la parole à ses collègues qui allaient dire quelque chose) Non, on ne sait pas mais on va demander au chef.
- Luigi Ma, y a pas bésoin… c'est…
- Ramon En effet ce que l'on va faire, voir avec le chef. (regard de tueur à Luigi)
- Justine Merci, c'est gentil de vous en occuper. Vous vous levez tôt pour travailler pis c'est pénible un chantier. Je vais être franche avec vous, si je déteste l'asticot en costume, je n'ai rien contre vous, vous faites votre travail.
- Sébastien Heu oui, on est là pour travailler… en effet.
- Ramon Et nous non plus, on n’a rien contre vous Madame.
- Justine Appelez-moi Justine, ça fait des semaines que l'on se côtoie. J'ai vu qu'on approchait de la pause alors en bon voisinage, je me suis dit Justine, tu pourrais leur préparer un petit quelque chose. Je vous ai apporté de quoi manger mes bonnes tartines à la confiture de fraise.
- Luigi Oh là là, ma ça c'est bone, bueno, bueno! Grazie miele!
- Ramon Oui, c'est très gentil, vraiment.
- Justine Avec plaisir… mais voyons… on a pas beaucoup de place ici… où c'est que l'on va se mettre… Ah! Là-bas! Suivez-moi!
Les ouvriers un peu interloqués, se mettent en file indienne et la suivent. Ils se dirigent vers le devant de la maison en construction.
- Justine Voilà, ici ce sera parfait! Et en plus avec cette vue (face public). (A Ramon) Vous, la nappe! (A Sébastien) Vous les couverts et les serviettes! (A Luigi) Et vous, on coupe le pain! Messieurs (elle regarde en direction de Polo, lève son bras) GO! (elle baisse le bras).
Polo se dirige vers le tableau et fait ce qu'il a à faire, Justine continue à faire diversion!
- Sébastien Dites-donc, vous avez fait l'armée?
- Justine Oh, excusez-moi, c'est vrai que parfois je fais un peu ma cheffe!
- Luigi Ma, oune seffe comme vous, yé veux bien! Y a pas beaucoup dé seffe qui font des tartines!
- Sébastien Ah si, y en a! Mais les leurs sont plutôt salées!
Durant cette scène chacun fait sa tartine, s'applique. Polo poursuit son introduction de limaces.
- Justine Oh, attention ça coule! Ce serait dommage d'en perdre… Ce n'est pas trop difficile de travailler avec Monsieur Bicod?
- Ramon Vous savez, c'est le promoteur et pas notre chef. Heureusement on le voit pas souvent sur les chantiers.
- Sébastien Faut dire qu'il y a moins de moquette que dans son bureau.
- Ramon Mais c'est vrai que sur celui-là, il vient plus souvent et… vous n'y êtes pas pour rien!
- Justine Je m'en doute mais c'est lui qui a tort, pas moi. Il a juste besoin d'une petit leçon; sûrement qu'il est encore un peu humide derrière les oreilles (petit rire).
Polo lui fait signe que tout est OK, puis retourne vers sa pelleteuse. Justine dès qu'elle l'a vu, range ses affaires prestement et retourne chez elle!
- Justine Voilà messieurs! J'espère que cette petite pause vous aura plu! Moi, j'ai été heureuse d'avoir cette discussion avec vous! Je vous souhaite une belle journée!
- Luigi (bouche pleine) C'est fini? Déia? Y en ai manyé qu'oune????
- Sébastien Heu… merci Madame… c'était très bien.
- Ramon Très bon.
- Luigi Très court!
Les ouvriers sont médusés; et retournent à leur travail
- Sébastien C'est étonnant quand même, de partir comme ça!
- Ramon Elle doit avoir quelque chose sur le feu.
- Luigi Ma, c'est dommase, parce qué sa confitoure… santa madonna, mhmm!
Justine arrive devant sa porte, contrôle que les ouvriers ne la regardent pas, va à l'angle de sa maison pour faire un signe "ok" à Polo.
- Justine Mhm, mhm, mhm, mhm, (à voix basse) Il est où Polo? Ah, il est là. C'est bien, super! Ca a marché! (Louis dans ses bras) Dis Louis, faut attendre combien de temps pour les limaces se prennent la chlaguée? Ca fait du combien une limace? Mhm…mouais, t'as raison autant attendre dedans.
- Loyal Au grand désespoir de Justine, les limaces ont décidé de ne pas atteindre leur but durant cette journée. Ne voyant toujours pas Justine sur le départ, Bicod perd
- Gertrud (sortant avec Silvio de son bureau; stressée) Messieurs, branle-bas de combat, Bicod vient de m'appeler, il débarque avec les propriétaires de la villa.
- Sébastien Pourquoi? Il pense qu'on a construit la baraque en un jour?
- Silvio Non! Mais il nous a juste dit que ça allait bouger!
- Ramon Et ben, qu'il vienne!
- Luigi Moi yé dit qu'éééé… c'est la merda!
Justine sort de sa maison…
- Justine Le tableau est toujours là Louis. On a pas de bol, déjà qu'une limace c'est pas… mais si en plus on tombe sur des bernoises… enfin!
Bicod débarque en trombe avec sa voiture: il en sort comme un diable de sa boîte, suivi péniblement par son assistante. Les ouvriers observent la scène en rangeant leurs affaires.
Justine Mais quel excitée il en a! Viens Louis, on rentre. On va quand même lui faire un signe…
Justine le salue hypocritement de la main avant de rentrer chez elle.
- Bicod (A Silvio) Hé vous ! Venez vers moi ! (Silvio accoure) Ecoutez-moi bien, cette situation n’est plus possible, il faut que l’on avance. Vous allez… (il regarde autour de lui et fais signe à Ramon de se rapprocher de lui et lui parle dans l’oreille)…c’est compris ?
- Silvio Mais vous êtes sûr monsieur Bicod…
- Bicod Discutez pas, faites ce que je vous dis !
- Silvio Bien, c’est vous le patron…
Madame et Monsieur Maillard arrive également sur le terrain par jardin.
- Bicod Bonjour ! Vous arrivez pile poil à l’heure.
- Yvan On est rarement en retard.
- Valérie Nous !
- Bicod Madame Maillard fait de l’humour, ha, ha ! Chose promise, chose due, on attaque votre maison aujourd’hui !
- Valérie Mais… la dame est toujours là ?!
- Bicod Hein ? Ah, ça… un détail ! (A mademoiselle Gamay) Qu’est-ce que vous attendez vous ? Le champagne, allez on y va, on y va…
- Gamay Oh ! Pardon, tout de suite monsieur Bicod.
Mlle Gamay se déplace jusqu’au coffre de la voiture et en sort une corbeille de pique-nique.
- Bicod (A Ramon) Et vous ? Allez ! Go ! Go !Go !
- Ramon Si, on y va mais vous êtes sûr que…
- Bicod Je sens la question de trop là…
- Ramon Bon, ok. (Tout en se dirigeant vers la maison de Justine, il siffle et fait signe à la grue ; alors que Bicod parle avec les Maillard, Ramon attend quelque chose en regardant en l’air.
- Bicod Voilà, nous y sommes enfin ! Il y a toujours des désagréments sur un chantier mais il n’y a pas de problème, que des solutions. Nous allons fêter le premier coup de godet et d’ici quelques mois, Madame et Monsieur Maillard, vous serez comme des tourtereaux dans votre petit nid douillet. Et on se sera d’heureux tourtereaux grâce à qui ? Grâce à Bicod ! Des fois je m’épate moi-même… (A Mlle Gamay) Alors ce champagne, ça vient ? Vous attendez que le bouchon saute tout seul ?
- Gamay A choisir, je préfèrerais… je vais attendre qu’il saute !
- Bicod Mais vous le faites exprès ? Evidemment que non, on n’attend pas ! Bicod n’attend pas et on ne fait pas attendre Bicod ! Faites-le sauter !
- Gamay Bien… (elle s’exécute en se tortillant et en ayant peur du bouchon).
- Bicod (A Ramon) Et vous? Qu’est-ce que vous attendez ? Allez hop !
- Ramon Tout de suite… (il siffle, la grue descend un crochet au-dessus de la maison de Justine, il l’accroche à la maison)
- Valérie (A Bicod) Que faites-vous ?
- Bicod Je libère votre terrain ! Je libère et je construis !
- Yvan Ce n’est pas un peu limite comme procédé ?
- Bicod Aux grands maux les grands remèdes ! Et c’est parti !
La grue soulève la maison de Justine avec Justine à l’intérieur. On l’entend en off.
- Justine Mais qu’est-ce que… (elle ouvre sa fenêtre) Aaaahhh ! Mais…mais vous êtes fou ! Bicod ! Bicod ! Descendez-moi tout de suite et la maison avec !
- Valérie Mais elle va tomber !
- Bicod Mais non, mais non… c’est une dure à cuire, croyez-moi ! Ne vous inquiétez pas Madame Sauvageat, vous allez redescendre !
- Silvio J'ai jamais vu ça!
- Gertrud On est dans de beaux draps!
- Justine Dans mon jardin ! Je veux descendre dans mon jardin ! Voyou ! (elle ferme sa fenêtre et en off) Ah le voyou ! Ah, le… (le plancher de sa maison se brise et on voit les jambes de Justine passer au travers) Aaaaaaahhhh !
- TOUS Crient! Sauf Bicod!
- Valérie Chouchou, fais quelque chose, dis quelque chose, là on va trop loin !
- Yvan Faudrait savoir, tu la veux notre maison ?
- Bicod (A Ramon) Dépêchez-vous ! Posez la maison !
- Ramon On fait de notre mieux ! Et puis c’est votre idée !
La maison de Justine est posée sur le remblai au lointain. A peine la maison posée, Justine en sort paniquée et en colère.
- Justine Non mais ça va pas Bicod ?! (elle manque te tomber) Mais où je suis ? On arrête tout de suite ça !
- Bicod C’est fini Justine !
- Justine C’est fini ! Mais regardez où je suis ! Descendez-moi ! Remettez-moi immédiatement à ma place ! Sacripant ! Escroc ! Pompe à fric ! Particule! Malotru ! Asticot des villes!
Le bouchon de champagne saute et simultanément Mlle Gamay crie !
- Gamay Aaaah !
- TOUS Aaaah !
- Bicod Mais ça ne va pas de crier comme cela ! Servez le champagne ! (A Polo) Vous là ! Le machiniste, on y va ! Premier coup de godet ! (Polo dépité se dirige vers sa machine).
- Justine Champagne ! Vous buvez du champagne ! Et pis quoi encore ? Et je vous interdis de trouer mon terrain, vous m’entendez ?
- Bicod Non, je ne vous entends pas !
- Justine Je vous en prie Monsieur Bicod, cette maison c'était notre rêve à mon Louis et à moi, vous le brisez. Vous aimeriez que l'on vous ôte vos rêves?
- Bicod Je n'ai pas de temps pour rêver Madame Sauvageat. Et ici, on travaille! Personne ne rêve sur ce chantier!
Polo sur les marches de sa pelleteuse se retourne, lève son bras…
- Polo Ah si! Moi je rêve, je rêve toutes les nuits… et c'est beau…
Changement de lumière, tous les personnages s'éclipsent discrètement. On entend le son d'un violoncelle. Nathalie Manser apparaît sur une plate-forme élévatrice qui la monte au-dessus de la maison de Justine. Trois pelles pneus entrent sur le terrain en se suivant. Elles s'arrêtent au milieu de la scène et pivotent face au public. Danseuses et acrobates débutent le tableau "Tête en lune".
TABLEAU TÊTE EN LUNE
A la fin du morceau de Nathalie Manser, on entend au loin un battement de cœur sourd. Il se rapproche et s'intensifie. Blaise Mettraux apparaît au-dessus du gradin sur une plateforme et entourée d'éléments de chantier transformé en "outilophone". Descendu et arrivé à une certaine hauteur, il lance une phrase musicale avec ses percussions. Les danseuses disparaissent; les percussionnistes arrivent en courant au centre de la scène et commencent à jouer leur morceau. Un autre groupe de danseuses/danseurs débarquent autour des pelles et le tableau "Rythmes de chantier" débute.
TABLEAU "RYTHMES DE CHANTIER"
Pour la fin du tableau, tous les danseurs/euses se retrouvent sur scène pour le final de la 1ère partie. Il se termine par un cri tribal.
- TOUS HÉÉÉ!
NOIR
- Loyal (Définir son emplacement) Entracte, vingt minutes d'entracte.
ENTRACTE
2ème partie
Le plateau est éclairé faiblement. Le temps d'un noir, les comédiens reprennent leur place d'avant le tableau "TÊTE EN LUNE". La pelleteuse de Polo est en place vers la parcelle de Justine, Polo aux commandes. Voir si intro Monsieur Loyal ou musicale.
- Bicod Assez rêvé! Faut que ça bouge! (A Polo) On y va!
- Gertrud Monsieur Bicod!
- Bicod Pas le temps! Allez!
- Justine (triste voir larmoyante) Noooon, pas ça…M'sieur Bicod
- Valérie Je ne sais pas si je dois être contente là…
- Yvan N'en rajoute pas, c'est déjà assez compliqué comme ça!
- Justine Polo ! Polo, ne faites pas ça ! Laissez mon terrain !
La pelleteuse plante son godet.
- Luigi Moi, yé vé plorer si ça continoue…
- Sébastien (le prend dans ses bras) Ca va aller, Luigi, ça va aller…
- Ramon Renifle, sort un mouchoir de sa poche et se mouche…
La pelle semble bloquer sur quelque chose (voir si plusieurs coups de godet). Polo baisse la puissance de la pelleteuse et en sort.
- Bicod Qu’est-ce que vous faites ? On continue !
- Polo Je ne peux pas, il y a quelque chose qui coince… (il se dirige vers le terrain et frotte quelque chose avec ses mains). Regardez, c'est bizarre.
- Bicod Ce qu’il y a de bizarre, c’est d’arrêter de travailler alors que son patron nous a donné un ordre !
- Polo Désolé, mais il y a un truc là… et c'est énorme!
- Bicod Mademoiselle Gamay, allez voir!
Silvio et Gertrud se rapprochent aussi de la scène
- Gamay Moi? Bien… (elle s'approche comme elle peut dans sa tenue et regarde ce que Polo fait).
- Bicod Alors ? Vous voyez quoi ?
- Gamay Heu… Monsieur Polo a touché quelque chose… de… blanc… enfin de jaune plutôt. On dirait un os! Oui, oui il est tombé sur un os!
- Yvan Un os? Attendez, je vais allez voir… (il se dirige vers le trou, sort un pinceau de sa poche, met ses lunettes et inspecte l’objet)
- Bicod On ne va pas s'arrêter pour un os! On est à la campagne, il doit y en avoir plein d'os! (eaux)
- Luigi No, pas là… on a coupé!
- Justine Même le terrain est contre vous Bicod!
- Yvan Oooohhh, c’est pas vrai… oooohhh… chérie… c'est pas vrai… mais crois-tu que c'est possible… dans notre terrain… oh miracle !
- Bicod Qu’est-ce qu’il y a ?
- Valérie Tu as trouvé quelque chose ?
- Justine C’est mon terrain, c’est à moi !
- Yvan Avec tout le respect que je vous dois madame, ce qu’il y a là est un trésor national ! Il n'est ni à vous, ni à moi!
- Bicod Expliquez-vous ! On ne va pas perdre notre temps à cause d’un vulgaire os!
- Yvan Chérie mon nom va entrer dans les livres d’histoires ! Croyez-moi Monsieur Bicod là moi, je ne perds pas mon temps! Sûrement pas ! Je crois bien que nous sommes en présence d’un mammalia de la sous-classe theria de l’ordre des Proboscidea, de la famille des elephantidae, genre mammuthus… je pense qu'il s’agit d’un Mammuthus primigenius, soit un mammouth laineux ! Fantastique!
- Luigi Moi, yé rien compris!
- Bicod Fantastique!
- Valérie Tu veux dire qu’on a un mammouth dans notre jardin ?
- Yvan (Tout en continuant à dégager la défense) C’est ça ! Magnifique ! La découverte de ma vie ! Regardez-moi cette défense, en parfait état!
- Justine Hé Bicod ! Le promoteur haineux bloqué par un pachyderme laineux!
- Bicod Vous l’autre ancêtre, silence!
- Yvan Monsieur Bicod ! Nous devons immédiatement fermer cette zone. Personne ne doit y pénétrer avant que j'obtienne l'autorisation de fouiller. Plus rien ne doit se faire sur ce terrain!
- Bicod C'est une plaisanterie?
- Valérie Je ne pense pas, Sylvain s'y connait c'est son travail.
- Justine Ca signifie qu'on ne va pas continuer à perforer mon terrain?
- Yvan C'est ça! Rendez-vous compte! Il a disparu de nos contrées environ 10'000 avant Jésus Christ !
- Justine Mon Dieu!
- Sébastien Ça nous rajeunit pas!
- Gertrud Manquait plus que ça! Bien, on ne va pas rester planté là à rien faire, il ne va pas s'échapper!
- Silvio Vous avez raison! Les gars vu l'heure, vous me sécurisez l'endroit et on se voit Bonne fin de journée!
Les ouvriers vont chercher du matériel (rubalise), barrières.
- Yvan Monsieur Bicod, vous pouvez être heureux, on va parler de vous!
- Bicod Vos m'en direz tant! Madame Stocken, monsieur Silvio au bureau! Mademoiselle Gamay, planning! (elle le lui donne et suit le groupe au bureau).
- Justine (A Polo) Polo! Je l'ai échappé belle! Et là Bicod… (petit rire) il l'a dans l'os!
- Polo (regardant le ciel) Merci… (A Justine) Vous gagnez un peu de temps…
- Justine Mhmm… Oui. J'ai pas l'air fin là-haut! Il aurait pu prévoir un ascenseur! (en faisant le tour de sa maison) Je suis censée aller apporter mes pots de confitures au curé. Comment je vais faire moi? Non mais regardez-moi ça Polo!
- Polo Bougez pas! J'ai une idée! (Polo va à sa roulotte, prend des couvertures les arrangent dans le godet).
- Justine Je ne bouge pas, je ne peux pas aller bien loin! Et Louis qui a le vertige! (en direction de l'intérieur de la maison) Ca va mon Louis? T'inquiète pas, tout va bien!
Justine entre chez elle prendre son panier et ses pots de confitures.
- Ramon Bon, on fait le tour avec la rubalise.
- Sébastien Jamais vu ça moi! Un pachyderme sur un chantier!
- Luigi (regardant Sébastien) Oh si… moi yen voit oune tout les yours! (rires avec Ramon)
- Sébastien Très drôle… bouge-toi la brindille au lieu de dire des bêtises!
- Ramon Au fait, à part ça (mouvement de la tête sur la rubalise) on doit mettre autre chose? Un panneau?
- Sébastien Pense pas… un peu con de mettre défense de toucher la défense!
- Luigi Et après c'est moi qui dis des connéries!
- Ramon Bon, on rentre!
Les ouvriers passent par leur roulotte prendre leurs affairent puis sortent de scène à cour. Polo monte aux commandes de sa machine et se dirige vers Justine qui est sortie de chez elle.
- Justine (Voyant Polo s'approcher de sa maison) Mais vous faites quoi Polo? Vous n'allez quand même pas déguiller mon tas de terre?
- Polo (sortant de sa cabine) Ne vous inquiétez pas. Vous vouliez un ascenseur? Et bien le voilà! Montez dans le godet!
- Justine Vous êtes sûr? C'est pas dangereux? Votre grosse bête là, elle va pas s'énerver?
- Polo (sourire) Ne vous inquiétez, c'est moi qui l'ai dressé! Installez-vous!
- Justine Bien…Oh! Louis… (elle va vite le chercher et ressort, prend place dans le godet) Je te tiens Louis, je te tiens… (fort) SUIS PRÊTE! GO POLO, GO!
Polo fait descendre Justine doucement jusqu'au sol.
- Polo Et voilà, tout en douceur. Tout va bien Justine?
- Justine Oui, merci. C'était rigolo!
- Polo Alors quand vous voulez monter ou descendre, n'hésitez pas, je suis là.
- Justine Merci mon Polo, vous être vraiment un gentil gars. (lui fait un bec)
- Polo Vous me gênez…
- Justine Allons voir ce mammouth qui a eu la bonne idée de finir ses jours ici. C'est quand même une belle bête. Alors comme ça c'était un laineux…et ben à l'époque, il devait faire des sacrés pelotes! (rires) Ah pis, vous imaginez… s'il y avait des angoras…!
- Polo (rires) Oui! Ils devaient avoir de sacrés nœuds !
On entend un "Boum", le tableau électrique vient de sauter. Justine et Polo crient en même temps!
- Justine Youhou! Nos limamikazes ont rempli leur mission!
- Polo Oui mais Bicod est là… je vais me faire discret…(Polo retourne vers sa roulotte)
Bicod, Gertrud, Mlle Gamay et Silvio sortent du bureau, Justine, comme si de rien n'était installe son panier sur son vélo.
- Silvio C'était quoi ce bruit?
- Bicod Ce chantier commence sérieusement à me les briser!
- Justine Le bruit venait de par là-bas… vers votre gros machin là…
- Gertrud Le tableau électrique? Encore? (ils descendent vers le tableau)
- Silvio Mais on est damné, c'est pas possible! Le troisième! C'est le troisième! (il ouvre le tableau et observe).
- Justine (à voix basse) Jamais deux sans trois !
- Gertrud C'est louche! Je n'ai jamais vu ça ! On nous les trafique c'est pas possible.
- Bicod Evidemment! Je ne serais pas étonné que ce soit la vieille. Regardez, elle tente de s'échapper!
- Gamay Heu oui, elle n'a pas l'air pressée non plus… (regard sombre de Bicod)
- Bicod (Tout en se dirigeant vers elle suivi de Gertrud et Mlle Gamay) Madame Sauvageat !
- Justine (ironique) Ouiiiiiii, monsieur Bicod ? Que puis-je faire pour vous ?
- Bicod (s'approchant d'elle) Ne faites pas l'innocente ! Qu'est-ce que vous avez fait ? Vous pensez que vous allez réussir à empêcher le chantier de se terminer en jouant les terroristes?
- Gertrud Enfin, on a pas de preuve, et puis franchement madame… (la montrant)
- Bicod Elle n'a pas l'air comme ça, mais elle est diabolique!
- Justine Voyons Monsieur Bicod, hein? Est-ce que j'ai une tête de terroriste? Vous me voyez à la tête d' Al-Quaïmama? S'il vous plait… Et puis, rien que de changer une ampoule j'ai peur, alors trifouiller votre machin-là.
- Bicod Vous êtes bien plus maline que vous n'en avez l'air!
- Justine Oh, un compliment! Je dois quand même vous avouer que votre tableau qui explose, ça m'amuse (petit rire).
- Bicod Ben voyons!
- Silvio (rejoignant le groupe) Vous n'allez pas le croire! Encore des limaces et au moins cinq! Mais qu'est-ce qu'elles ont à s'enfiler là?
- Bicod Vous avez une idée Madame Sauvageat?
- Justine Non, aucune… Bien! Ce n'est pas que je m'ennuie avec vous mais j'ai une livraison à faire! Tiens, j'en ai suffisamment pour vous en donner un à chacun, vous verrez un peu de douceur ne vous fera pas de mal. (elle tend un pot de confiture à chacun Silvio, Gertrud et Mlle Gamay)
- Bicod Et maintenant de la corruption !
- Justine Ooooh, corrompre avec de la confiture aux fraises, vous avouerez qu'il y a plus illégal que ça! Vous devez le savoir…
- Bicod Dites donc!
- Justine Et vous, après ce que vous m'avez fait, vous n'y avez pas droit! Vous n'avez pas une tête de bec à bonbons !
- Bicod Ah! Et j'ai une tête de quoi ?
- Justine (ironique) Vous voulez vraiment que je vous réponde ?
- Bicod Mhmm, impertinente !
- Gamay Pardon mais à votre âge vous allez jusqu'au village en vélo? (Bicod se place vers le vélo et discrètement crève les pneus)
- Justine Bien oui, heureusement que je l'ai… je peux faire mes emplettes.
- Gertrud Silvio, merci d'appeler la Welche Energie qu'ils viennent remplacer le
- Silvio Oui, et je vais même négocier un rabais de quantité !
- Bicod Bon, Mademoiselle Gamay on a plus rien à faire ici pour aujourd'hui. Retour! (il part en direction de la voiture)
- Gertrud Bonne soirée!
- Silvio Au revoir.
- Justine (A mademoiselle Gamay) Mademoiselle! Tenez, je vous en donne deux à vous…
- Gamay Oh merci….
- Bicod Mademoiselle Gamay!
- Gamay (A Bicod) Oui, pardon monsieur j'arrive! (Aux autres) Au revoir! (A Justine) Merci…
- Gertrud Bien, nous aussi on va vous laisser, les journées sont longues, surtout ici! Bonsoir!
- Silvio Au revoir Madame et merci pour le pot.
Ils quittent le plateau par jardin.
- Justine Je suis fier de moi mon Louis! Notre plan a parfaitement fonctionné! Mais demain, un nouveau tableau sera là… et il faudra trouver autre chose… (elle ranges ses pots et se prépare à monter sur son vélo…)
Mlle Gamay entre dans la voiture avec ses deux pots.
- Bicod C'est le moment! Qu'est-ce que c'est que ça? Vous avez deux pots de confitures?
- Gamay Heu… oui, deux.
- Bicod Merci de m'en avoir pris un! Pas un bec à bonbons, non mais je vous jure!
- Gamay (gênée) Mais… je vous en prie.
- Bicod Faut reconnaître que sa confiture est… bon passons! (ils partent)
- Justine Voilà…en route mon Louis! (elle monte sur son vélo) Mais…qu'est-ce qu'il y a? (elle en redescend et observe sa roue arrière) Oh non! Le pneu arrière est crevé! (elle regarde l'avant) Celui de devant aussi! Houuu, le sacripant! Oh, c'est lui! Je vais lui faire bouffer sa cravate à l'asticot! Et comment je fais moi maintenant? Et monsieur le curé qui doit m'attendre!
Elle appuie son vélo contre la barrière de son potager.
- Justine Et plus personne. Y a bien Polo mais il mérite d'avoir sa soirée tranquille! (elle regarde autour d'elle et remarque une brouette à chenilles, s'en approche, dépose ses pots et Louis dans la benne) Mhmm… je les ai vu faire…comment ça non Louis? Après tout ce que l'on a subi, je ne vais pas me gêner! Et puis, ni vu, ni connu je le remets à sa place après. Comment ça marche?… ah oui, ils tirent là-dessus! (elle tire sur le câble, elle enclenche le moteur, touche les différentes manettes; la machine se déplace toute seule et Justine tente de la suivre et de monter dessus) Mon dieu, mes pots qui se font la malle! Louis, pars pas! Attends-moi! Je vais pas courir derrière… (elle cherche à monter sur les marchepieds et y parvient après plusieurs essais) Houhou, ça y est! Monsieur le curé…j'arriiiiiiive! (elle quitte le plateau par cour)
Les lumières baissent. On entend la voix de Polo…puis, doucement on découvre l'intérieur de sa roulotte dont les parois sont remplies de livres comme une bibliothèque.
- Polo Ma chère sœur, ici tout va bien. Je suis sur un chantier où j'ai fait la connaissance d'une charmante grand-maman qui se bat pour garder sa maison. Elle est très touchante et drôle aussi. Rien ne change avec mes collègues, ils me mettent toujours à l'écart, ils ne comprennent pas, ils ne comprennent rien. Heureusement, j'ai mes livres et ça m'aide à passer le temps. J'espère que toute la famille se porte bien et je me réjouis de vous retrouver pour les vacances d'été. Je vous apporterai un pot de confiture aux fraises de Justine, c'est la grand-maman, vous verrez elle est délicieuse. Je t'embrasse ma chère Olinda comme les petits et je te dis à bientôt. Polo, ton frère qui pense à toi, qui pense au pays. (Son téléphone sonne, il décroche)
Allo? Bonsoir Madame Porsche!... Oui, c'est moi qui ai écrit au syndicat… Je ne veux pas créer de problèmes mais il est vrai que ce chantier est particulier et qu'il y a quelques points qui à mon avis… Oui… bien sûr… parfait, alors à demain… Au revoir Madame Porsche. (Soupir, Se déplaçant dans sa roulotte en cherchant un livre)
Bien, lequel… je vais commencer ce soir...?... Oui, celui-là…Voyage au bout de la nuit de Céline (il prend le livre…s'installe dans un fauteuil et commence sa lecture; le son va petit à petit diminuer, les persiennes qui forment la paroi de la roulotte se ferment doucement durant la fin de la lecture).
Notre vie est un voyage dans l'hiver et dans la nuit, nous cherchons notre passage dans le ciel où rien ne luit. Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. - Loyal Rien de tel qu'une bonne nuit de repos après une journée de travail qui n'a pas manqué de rebondissements. Comment trouver une solution pour chacun? Est-ce si compliqué de contenter tout le monde? Il faudra bien que des concessions se Ne serait-ce pas qu'une question de volonté?
Le lendemain… Justine est dans son potager avec son arrosoir…
- Justine Aaah, c'est juste plus d'eau! Mais c'est pas possible! Tu vas voir… je vais t'en trouver de l'eau, moi! Allez viens Louis!
Justine part au lointain, cherche des tuyaux un peu partout… disparaît derrière les remblais. Silvio sort de son bureau.
On entend, le bruit d'un camion à cour et on voit les 3 ouvriers faire des signes, reculer au pas et on voit apparaître le camion avec un tableau électrique. Silvio les observe.
- Sébastien C'est bon, viens! Ouais… parfait…
- Ramon Un peu sur la gauche!
- Sébastien Continue… nickel!
- Luigi Qu'est-ce qu'elle condouit biène…
- Sébastien Encore heureux c'est ce qu'on lui demande!
- Ramon Encore quelques mètres….
- Silvio Vous faites quoi là?
- Sébastien C'est Chloé qui amène le nouveau tableau, on l'aide à reculer.
- Ramon On voudrait pas qu'il y ait d'accident et avoir le syndicat sur le dos !
- Silvio Et vous avez besoin de vous y mettre à trois ?!!
- Lugi Ma seffe, c'est normal qu'avec Chloé on vo tous roucouler…!
- Silvio Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir une équipe pareille ! Bon allez, on avance !
- Luigi Ah mais non, on roucoule !
- Silvio Dépêchez-vous !
- Luigi Ah mais là, la marsse arrière, elle est au max!
- Sébastien Luigi, la ferme !
Silvio avec un geste de dépit rentre dans son bureau !
- Ramon C'est bon ! Stop !
- Sébastien Tu n'es pas venue toute seule Chloé, salut Heinz !
- Chloé Salut les gars ! Ben je me suis dite qu'avec le bernois… on gagnerait du temps en passant le prendre.
- Luigi Hé, Heinz… tou a fait toute la route à côté dé Chloé?
- Sébastien Non, il a couru derrière, t'as le cerveau aussi développé qu'un Grisini !
Tout le monde se dirige vers le tableau.
- Heinz Voi, voiii, gruezi par là…alors, on veut vider le stockrrre de la Welche Energie? Il faut arrêter avec ces tableaux!
- Ramon On aimerait bien, mais apparemment ils fonctionnent mieux comme pièges à limaces que comme tableaux électriques !
- Heinz C'est encore des limaces… heuui… c'est pas croyaaable!
- Luigi Lé seffe il en a trouvé cinque!
- Heinz Ca c'est bizarre, tout il était bien fait. En plus, il y avait le panneau…
- Sébastien Ben, on est tombé sur des limaces illettrées!
- Heinz Pourtant, j'ai étudié l'animal pour comprendre… je suis resté des heures dans mon jardin pour regarder qu'est-ce qu'elles font, ouske qu'elles vont…
- Ramon C'est pas pénible pendant des heures?
- Heinz Nein, nein…moi j'aime bien rester immobile! A la welche, ils voulaient que je fais les installations des éôliennes mais j'ai dit non ça bouge trop! Enfin ici, dans le Gros-de- Vaud ça bouge plus, hein !
- Chloé Bon, perso moi je suis payée pour bouger, alors on décharge les gars?
- Luigi Si, si… on bouze ! On bouze !
Les ouvriers donnent un coup de main à Chloé alors qu'Heinz tourne autour de l'ancien coffret et l'observe de très près.
- Chloé Bon, qui monte?
- Sébastien Pas moi, ça va aller…
- Chloé Viens Luigi !
- Ramon Et pourquoi pas moi ?
- Luigi Ma, yé souis l'italien, normal qué Chloé s'intéresse à ma botte sécréte! Sébastien, tou mé fais la pétite ésselle? (Sébastien l'aide à monter sur le pont).
- Heinz Là…y a un truc! C'est pas normal! A la Welche on sait faire les tableaux! Y a rien! Pas de marques! Pas de traaaaces! La serrure est pas krraput!
- Chloé Et alors, qu'est-ce que ça veut dire Sherlock Heinz?
- Heinz Ça veut dire… nein, ça c'est pas possible! Ca je crois pas hein?!
- Sébastien Dis-nous!
- Heinz Vous pouvez pas croire ça! C'est totalement incroyaaaaable!
- Ramon Tu nous dis !
- Heinz Je crois que les limaaaces, elles ont la clé !
- Chloé Je te jure qu'est-ce que t'es con toi !
- Sébastien Phénomène celui-là !
- Heinz Je rigooole! Je sais que les limaces elle peuvent pas avoir la clé… elles ont pas de poches (rires)
- Ramon Voilà… bon, branche au lieu de dire des conneries!
Les ouvriers retournent à leur maison, Chloé monte au bureau. On entend Justine, sans la voir…
- Justine Mais oui Louis, ça doit être ça! Attends… c'est dur! Hein, mais oui… t'inquiètes on risque rien! (on l'entend pousser des grognements d'efforts, et à un moment donné, un geyser d'eau apparaît au lointain !)
- Justine Oups! Viens Louis on s'en va!
On voit Justine passer au loin pour rejoindre sa maison. Silvio sort de son bureau.
- Silvio Mais qu'est-ce qui se passe encore ?
- Luigi C'est l'eau qui a pété !
- Silvio Merci ! Je vois ! Allez faut arrêter ça ! Il y va.
- Heinz Evidemment, mainant… y va y a voir beaucoup de limaaaces!
- Silvio Pas le moment de faire l'humour! Luigi, viens m'aider!
- Luigi Non, yé pô pas… yé lé roume! Ma Chloé po y allé… lé concours dé miss t-shirt mouillé!
- Silvio Rhume ou pas rhume, viens Luigi, c'est un ordre!
- Ramon Pour une fois qu'il va se mouiller au travail!
- Chloé Vous êtes dingues vous! Votre chantier c'est un spectacle!
- Sébastien Vas-y déjà, je t'amène un truc (Sébastien entre le porta-cabine à jardin lointain).
- Silvio (A Luigi) Viens! C'est que de l'eau! (ils se dirigent vers l'eau, sous l'eau!)
Sébastien ressort avec un parapluie qu'il va apporter à Luigi qui le tient au-dessus de lui. Justine débarque vers la roulotte de Polo qui en sort.
- Polo Qu'est-ce que… oh non!
- Justine Polo! Vous êtes là… c'est moi qui…
- Polo C'est vous qui avez fait ça?
- Justine J'ai pas fait exprès, je voulais juste remettre l'eau dans mon jardin!
- Polo Oh mais quelle idée…bon, je vous monte dans votre maison depuis le côté, rien ne sert de se faire remarquer.
- Justine Merci Polo, je suis désolée…
- Polo C'est bon, allez on se dépêche!
Polo prépare la pelleteuse, et monte le plus discrètement possible depuis le côté Justine qui, une fois en haut, rentre chez elle.
- Ramon Alors Luigi? C'est comment?
- Luigi Mouillé Ramon, mouillé!
- Silvio Luigi, le parapluie sur moi, merci
- Luigi Ma, il est trop péti et si yé lé mé sour toi, moi yé souis trempé!
- Silvio (insistant) LUIGI…..
- Luigi ok, ok… (il déplace le parapluie et se fait tremper) Aie, aie… quel temps!
- Ramon Dis-toi que c'est de l'eau bénite!
- Luigi Ca mé rappelle mon baptême.
- Silvio Faudra m'expliquer comment c'est possible qu'une conduite s'ouvre toute seule ! (il coupe l'eau) Ah… enfin… Quelqu'un a ouvert l'eau, y a pas de dégâts, c'est intentionnel !
- Luigi Ah, il fait de nouveau beau ! (il ferme le parapluie)
- Ramon Impossible ! On était tous là ! On aurait vu !
Polo les rejoint.
- Sébastien Le voilà, lui… t'étais où?
- Polo Ben au fond, encore un problème technique?
- Silvio Tu n'as rien vu ?
- Polo Ben non, je pouvais pas là-bas…
- Silvio La vanne ne s'est pas ouverte toute seule!
- Heinz Voii, c'est comme le tableau ! Là y a quéchose de bizarre !
- Silvio Au fait, vous avez vu la grand-mère ?
- Chloé Vous ne pensez quand même pas que c'est la grand-mère qui déglingue tout ?
- Sébastien Ben, en même temps…
- Ramon C'est elle qui a le plus de raisons de le faire.
- Chloé Arrêtez, une grand-mère ça fait pas ça, ça fait du bon café.
- Luigi Et oune confitoure… mhmmm
- Polo Ca m'étonnerait, je l'ai vue chez elle en venant, elle peut pas descendre toute seule!
- Silvio Y a qu'un moyen de le savoir, on va lui demander !
Tout le monde se dirige vers la maison de Justine.
- Silvio (pas fort) Madame! Madame…!
- Luigi Pas commé ça! (plus fort) Youstine! Youstine!
- Justine (off à l'intérieur) Aie, aie, aie Louis… ça va chauffer pour nous (fort) Ouiiiii, j'arriiiive!
- Polo Je vous avais dit qu'elle était chez elle.
Justine sort avec son panier.
- Justine (empruntée) Bonjour… oh dites-donc, il y a du monde ! C'est la pause, vous voulez des tartines ?
- Silvio Non, merci. On a rencontré un petit souci avec l'eau.
- Justine Un souci?
- Luigi Ô une orase !
- Silvio Quelqu'un a trafiqué la vanne de la conduite du fond, vous ne seriez pas au courant ?
- Justine C'est l'eau ou l'électricité qu'on vous a traficoté?
- Heinz Voii, aussi le jus !
- Justine Non, je ne sais pas, je ne sais rien… vous savez à mon âge, on aime pas trop l'humidité…
- Chloé Bon, vous n'allez pas l'embêter plus longtemps, la pauvre ! Regardez, vous lui faites peur!
- Justine Merci mademoiselle, vous êtes gentille.
- Sébastien Ben nous voilà bien avancé ! (Ton de la confidence) Tout ça les gars…
- Chloé (se râcle la gorge)
- Sébastien heu… tout ça les…. collègues… pas la peine de l'ébruiter!
On entend des voix à l'extérieur, côté cour, la syndicaliste Mado Porsche débarque suivie de plusieurs syndiqués avec des calicots et autres banderoles enroulés.
- Syndiqués Bicod, du bon boulot! - La santé au chantier! - Respect, respect sinon on rouspète!
- Silvio Oh non, pas le syndicat… pas maintenant!
- Syndiqués Bicod, du bon boulot! - La santé au chantier! - Respect, respect sinon on rouspète!
Ils s'avancent devant le groupe d'ouvriers. Ils s'arrêtent sur un geste militaire de Mado.
- Mado Bonjour Messieurs, (A Chloé) madame! (fait encore un geste en donnant un ordre!) Calicots!
Les délégués déploient des calicots et banderoles aux couleurs du syndicat Gnia-Gnia!
- Mado Merci camarades syndiqués !
- Silvio Bonjour Mado !
- Justine Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Mado Bonjour Madame ! Je m'appelle Mado Porsche, secrétaire générale du syndicat Gnia-Gnia !
- Sébastien Gnia, gnia, gnia…
- Silvio Chut !
- Mado Bonjour Silvio ! Nous avons reçu des plaintes au sujet de ce chantier !
- Silvio Ah bon ?
- Mado Oui, il semblerait que vous rencontriez quelques difficultés et que vos méthodes sont à la limite du légal.
- Justine A la limite, à la limite! Regardez où je suis! Ils ont déplacés ma maison!
- Mado Je vois Madame et… je me doute bien que vous n'avez pas fait construire là- haut! J'ai appris également que vous rencontriez des problèmes électriques?
- Heinz Voi, mais ça c'est les limaces!
- Mado Mhm… à ce que je vois, vous avez aussi avez des soucis d'eau!
- Silvio Juste quelques gouttes rien de grave…
- Luigi Quelques gouttes ?!
- Justine Sans compter les os du mammouth !
- Mado C'est-à-dire ?
- Luigi Y a oune éléfante qui est morte là !
- Sébastien (A Luigi) Un mammouth pas un éléphant! Et cette partie du chantier est bloquée à cause de ça !
- Mado Mais avec des méthodes de travail datant de la préhistoire, je ne suis pas étonnée. Et le pire, vous déstabilisez et faites pression sur une pauvre grand-mère sans parler qu'au sein de votre équipe, certains ne sont pas intégrés pour ne pas dire rejetés! (les 3 ouvriers regardent Polo)
- Ramon Ah bon ?
- Lugi Nooooo…
- Silvio Rien de particulier, vous savez ce que c'est les chantiers…
- Mado Justement ! Et surtout ici ! (A Chloé) Vous madame, pas de souci ?
- Chloé Avec eux ? Non, je ne me laisse pas faire et puis ils sont aussi dangereux qu'un troupeau de gastéropodes !
- Mado Donc Silvio, pour le reste tant que le syndicat n'a pas les garanties nécessaires nous restons sur le chantier ! (Aux syndiqués) En position !
Les syndiqués s'éparpillent partout sur le site et au signal de Mado, scandent !
- Mado Reeeeee-vendications!
- Syndiqués Bicod, du bon boulot! - La santé au chantier! - Respect, respect sinon on rouspète!
- Justine (amusée) On se croirait en 68, quel petchi !
- Silvio On pourrait aller discuter au bureau ?
- Mado Allons-y !
- Silvio Bon ! On se bouge tout le monde !
Chacun retourne à son poste, Chloé, Heinz et David repartent en camion. Les syndiqués restent en place. Silvio et Mado se dirigent vers le bureau et s'immobilisent dès qu'ils entendent Bicod. Bicod débarque avec les Maillard, Mlle Gamay et Gertrud
- Gertrud Nous sommes sur le point de tout régler…
- Bicod Qu'est-ce que… Oh non ! Pas Gnia-Gnia !
- Mado Bonjour Bicod !
- Bicod Bonjour Mado ! Mademoiselle Gamay, photos ! (Gamay prend des photos de la manfestation et des manifestants).
- Bicod Vous êtes sur un terrain privé ! Interdiction d'entrer ! C'est dangereux un chantier !
- Mado Moins que vous !
- Yvan (timidement) Si vous voulez, on peut… (mimant un départ)
- Bicod Vous, vous restez ici! (A Mado) Que voulez-vous? Vous ne pensez pas que vous avez autre chose à faire que venir empêcher les gens de travailler ?
- Mado Mon activité consiste justement à ce que le gens puissent travailler dans de bonnes conditions et en respectant les règles !
- Bicod Mais tout est respecté ici ! On a même arrêté les travaux suite à une découverte paléontologique ! Un mammouth qui fait de la laine !
- Gertrud En fait, c'est pas le mammouth qui…
- Bicod Oui, ça va j'ai compris !
- Mado Comment expliquez-vous vos problèmes d'électricité et d'eau? Si ce ne sont pas des problèmes de respect des règles, d'où viennent-ils?
- Bicod Demandez à la vieille !
- Justine Et bien en fait… heu…
- Mado Vous devriez avoir honte ! Madame, justement ! Elle s'est prise pour une tortue en déplaçant sa maison?
- Bicod Je dois construire ! Les délais Madame Porsche, les délais !
- Mado Je vais vous en donner un de délai, celui de déplacer d'ici à demain matin cette dame là où elle doit être ! Sinon, la presse va adorer cette histoire !
- Bicod Admettons que je le fasse. Vous avez ensuite l'intention de m'empêcher encore de travailler ?
- Mado Si j'ai la preuve que vos problèmes techniques sont mineurs et que les ouvriers travaillent dans de bonnes conditions, absolument pas.
- Bicod Bon ! Madame Stocken, pensez-vous pouvoir régler ces problèmes?
- Gertrud Bien sûr ! J'y veillerai personnellement.
- Bicod (A Yvan) A nous… votre mammouth, quand est-ce qu'on le sort ? Il ne faut pas des semaines pour sortir les restes de ce pachyderme?
- Yvan Ce n'est pas si simple. Il est là depuis 10'000 ans, il peut bien rester encore un moment! Ce d'autant plus qu'à l'état ils ne sont pas pressés.
- Bicod Vous m'en apprenez une bonne !
- Valérie Dis-lui chéri, ne tourne pas autour du pot.
- Yvan Oui, en fait je n'ai pas les crédits pour cette fouille et donc, on doit la mettre sous protection en attendant que le prochain budget soit adopté.
- Bicod Quand?
- Yvan Heu…
- Valérie Dans deux mois Monsieur Bicod !
- Bicod (colère retenue) Je vais exploser…
- Polo Pardon mais, comment allez-vous faire pour protéger votre trouvaille durant ces deux mois ? Et vous n'êtes pas sûr d'obtenir les fonds…
- Yvan Oui, c'est vrai. La meilleure chose à faire serait de l'enfouir à nouveau. Mais nous devrions installer une barrière sur le périmètre et protéger la zone de la pluie.
- Bicod C'est d'un simple !
- Gamay Monsieur Bicod ?
- Bicod Oui ?!
- Gamay La maison des Maillard n'étant pas excavée on pourrait construire par-dessus ?
- Yvan Heu, oui… mais je me vois mal démolir ma villa, le jour où j'ai l'autorisation de
- Polo A mon avis, la meilleure solution serait… de remettre celle de Justine. Pas de changement pour le mammouth, ni pour Justine et Gnia-Gnia sera content. Ca fait déjà quelques problèmes de réglés, non ? Quant aux soucis techniques, je suis certain que dès lors, nous n'en rencontrerons plus.
- Bicod Excellent ! Excellent ! N'est-ce pas Madame Porsche ?
- Mado C'est positif, en effet !
- Bicod Bon, eh bien vous pouvez regrouper votre troupeau et aller bloquer d'autres chantiers ! Au revoir Gnia-Gnia et merci !
- Mado Camarades ! Notre action, notre présence a porté ses fruits ! Retour à la base ! (les syndicalistes se regroupent et tout en pliant leurs banderoles quittent le plateau).
- Bicod Madame Stocken, réglez la question de cette maison.
- Gertrud Silvio, les gars…go ! (les ouvriers préparent la maison de Justine)
- Justine Pardon Monsieur Bicod. Je suis très contente de réintégrer ma place mais… pour la suite?
- Bicod La suite? Très simple! Je finis mon chantier au maximum, on déterre le mammouth, je construis la maison de Maillard et vous à la Résidence! On va pas y passer des Il me semble que j'ai été suffisamment gentil comme cela !
- Justine Gentil… c'est ça l'adjectif que je cherchais pour vous…
- Polo Monsieur Bicod, Madame mériterait tout de même…
- Bicod Vous, ce n'est pas parce que l'on a eu une bonne idée, qu'il faut penser que l'on peut la ramener! Déplacez-moi cette baraque! (se dirige vers sa voiture et consulte des dossiers sur le capot avec Mlle Gamay).
La maison de Justine est remise dans sa position initiale. Justine observe du reste avec attention la grue.
- Silvio Merci les gars, impeccable! (Une fois la maison en place, tout le monde retourne à son travail.)
- Polo Justine, vous revoilà à la maison.
- Justine Oui, mais pour combien de temps ?
- Polo Je ne sais pas mais, vous vous êtes bien battue ! Vous m'impressionnez !
- Justine Toute la vie, il faut se battre mon Polo, toute la vie… et ce n'est pas fini ! Pour faire sortir l'animal de son terrier, il faut aller le chercher… mhm…
- Polo Vous avez une idée?
- Justine Heu, non, non…! Changeons de sujet (l'entraînant vers sa roulotte) dis donc, cette grue, ça n'a pas l'air simple de la manier ?
- Polo La petite là ? Oh non, un gamin y arriverait !
- Justine (intéressée) Ah oui ? Vous êtes là ce soir ?
- Polo (désolé) Oh, vous vouliez que l'on passe la soirée ensemble ? J'ai rendez-vous à l'association portugaise pour faire une lecture…
- Justine Allez-y, c'est important! Il y aura d'autres occasions…tout à l'heure vous m'expliquez la grue, je trouve ça très intéressant.
- Polo Si vous voulez. Pardon, je dois finir derrière…
- Justine Oui, oui Polo. (s'immobilise, fait mine de prendre une décision; se dirige vers Bicod) Monsieur Bicod!
- Bicod Oui ?
- Justine J'ai bien réfléchi et…
- Bicod Ouiii ?
- Justine Je vais vendre mon terrain et ma maison !
- Bicod C'est une plaisanterie?
- Justine Non, non ! Avec tout ce remue-ménage, je n'en peux plus. Et puis au rythme où ça va avec le mammouth, j'ai largement le temps de finir comme lui !
- Bicod Je suis heureux de vous entendre, enfin raisonnable.
- Justine Mais… il y a juste une condition.
- Bicod Je me disais aussi… laquelle?
- Justine Vous venez manger chez moi pour signer le contrat.
- Bicod (dodelinant de la tête) Est-ce bien nécess….
- Justine C'est ça ou rien!
- Bicod Soit! J'accepte…
- Justine Bien Bicod, bien… alors ce soir à 19h00 et ne soyez pas en retard, je déteste ça!
- Bicod J'ai compris, à ce soir… avec le contrat. (ils quittent le terrain)
- Justine C'est ça, prenez votre petit contrat! A ce soir…
NOIR
- Loyal Pauvre Justine! La voilà contrainte de vendre sa maison. Elle se sera battue jusqu'au bout en y croyant mais l'obstiné Bicod est encore arrivé à ses fins. Et nous, bientôt aussi… Au fait? Et si Justine…
- Justine Voilà, tout est prêt. J'espère que ça lui plaira à l'asticot (petit rire malin).
On entend le bruit d'une voiture, Bicod arrive. Il sort de sa voiture avec un énorme bouquet de fleurs et se dirige vers la maison de Justine.
- Bicod (très amical) Justine ? Justiiiiine ? Me voilà… je suis à l'heure.
- Justine (off) C'est parti mon Louis… (elle sort) C'est bien! Bonsoir…
- Bicod Bonsoir chèèère Madame Sauvageat!
- Justine Vous parlez du prix?
- Bicod (sourire) Mais non, mais non ! Tenez, c'est pour vous… (il lui tend le bouquet)
- Justine Oh mais vous avez fait des folies ! Ces pauvres fleurs coupées…
- Bicod Allons, allons ! Dites-vous qu'en ce moment il y a un fleuriste qui est moins pauvre justement !
- Justine Installez-vous, j'arrive… servez-nous un petit Porto. (elle rentre)
- Bicod Ah, bien… on ne mange pas tout de suite?
- Justine (off) Tout de même, je vous ai invité à manger alors prenons le temps.
- Bicod Oui, oui… (voix basse) pas trop quand même. (A Justine) J'ai amené le contrat!
- Justine C'est bien, c'est bien…
- Bicod Vous verrez c'est assez simple et puis c'est écrit en gros !
- Justine Le montant surtout ?
- Bicod (petit rire) Heu… oui, le montant aussi…
- Justine (en sortant) Voilà… ma spécialité, des croissants au jambon…
- Bicod Très bien, merci…
- Justine Santé !
- Bicod Et prospérité !... Alors pour le contrat, il est là…
- Justine Je vois bien… alors ce croissant?
- Bicod Hein? (enthousiaste) Oh une merveille ! Comme votre confiture… (se reprenant) enfin, c'est pas mal.
- Justine Mhm, mhm…
- Bicod Donc pour le contrat, il suffit de signer en bas…
- Justine Après l'avoir lu… bien sûr?
- Bicod Evidemment! Alors lisez…
- Justine Déjà? Vous êtes comme un gosse le jour de Noël, vous ne pouvez pas attendre !
- Bicod Ben… faut dire que celui-là… de cadeau… je l'attends depuis un moment, voyez !
- Justine Je vois, je vois… vous aimeriez donc régler ça maintenant ?
- Bicod Oui, c'est ça ! Et on mange après !
- Justine Si vous voulez ! Je peux me lever ?
- Bicod Si vous lisez mieux debout, je vous en prie… (Justine se lève et lit le contrat plus ou moins dans sa barbe).
- Justine Alors… contrat de vente entre Gérard Bicod SA, avenue de… Justine Sauvageat… le terrain… le montant total d'achat est de (petit sursaut de Justine) Hou ! Quand même hein ?… les parties… gnia, gnia, gnia, gnia, gnia…
- Bicod Si vous pouviez éviter de dire Gnia-Gnia… ça a tendance à me…
- Justine Oui, pauvre monsieur Bicod… alors… mhm… mhmm… mhmm… ça me semble tout à fait correct.
- Bicod Mais ça l'est, ça l'est! Voilà un stylo… en bas…
- Justine Oui, oui… oh, il est joli…
- Bicod Il peut! (Justine signe… puis souffle sur la signature) Pas besoin, c'est un stylo ! Bien! Parfait ! (va pour prendre le contrat mais Justine se recule).
- Justine Doucement! Il est signé! Je veux juste encore lire les petits caractères en bas…
- Bicod Mhmm…
Justine se lève, lit, marmonne tout en tournant autour de la benne à béton, Bicod la suit impatient. A un moment, Justine fait mine de s'encoubler et laisse tomber le contrat dans la benne!
- Justine Oups ! Mais quelle cloche !
- Bicod C'est pas vrai ! Il est où ?
- Justine Là… au fond ! Mais ne vous inquiétez pas, il est signé !
- Bicod Oui, oui, oui… mais je préférerai l'avoir dans la poche, voyez-vous ?
- Justine Je vois bien…
Bicod fait le tour de la benne, cherche un appui et maladroitement entre dans la benne. Justine elle, retourne vers sa maison, prend la télécommande de la grue…
- Bicod Il est où ? Ah, là ! Ah, ah, ah ! Le contrat ! Je l'ai ! Je l'ai Madame Sauvageat !
- Justine C'est bien, c'est bien… (pour elle) Alors pour monter, c'est celui-là je crois…
A ce moment la benne à béton avec Bicod à l'intérieur monte dans les airs. Justine manœuvre la grue maladroitement et la benne va connaître quelques soubresauts!
- Bicod Mais ? Mais qu'est-ce que vous faites ? Oh ! Ça va pas ?
- Justine Va bien, va bien… parfait !
- Bicod Madame Sauvageat, descendez-moi tout de suite !
- Justine Non, pas maintenant !
- Bicod Comment ça ? Le contrat est signé ! Madame Sauvageat !
- Justine Je sais mais… là-haut, il ne vous sert pas à grand-chose !
- Bicod Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Justine Vous croyez que j'allais vous vendre mon terrain et ma maison comme ça ? Si facilement ?
- Bicod Mais vous avez signé ! Vous n'allez pas me laisser comme ça ?!
- Justine Vous vouliez ce contrat, vous l'avez ! Alors profitez-en là-haut !
- Bicod Elle est folle ! Je veux en profiter en bas de mon contrat !
- Justine Ah, non, si vous voulez que je vous descende, c'est tout simple. Vous prenez le contrat, vous le déchirez et zou les petits papiers !
- Bicod Mais ça va pas ?
- Justine Très bien ! Contrat déchiré ou Bicod tout là-haut ! Vous voulez jouer les durs, les intraitables mais moi, j'ai vite compris qui vous étiez ! Vous traitez les gens comme s'ils vous devaient tout mais c'est vous qui devez à la société une part de votre réussite ! Vous n'aimez pas les vieilles… faites attention parce qu'un jour viendra où vous pourriez bien vous détester ! Vieux con !
- Bicod Je vous permets pas!
- Justine Pas besoin ! Arrêtez de jouer votre personnage avec moi, ça prend plus ! Tous ceux qui aiment ma confiture ont bon fond et je sais que vous l'adorez ! Enlevez votre masque Bicod !
- Bicod Madame Justine, descendez-moi s'il vous plaît.
- Justine (calme) Je veux garder ma maison et vous avez les moyens de me la laisser.
- Bicod Mais… j'ai une maison à construire.
- Justine Le vieux Chollet est prêt à vendre son terrain juste derrière, votre couple sera très bien là-bas aussi, même mieux. (Douce) Au fond, vous n'êtes pas mauvais Bicod, vous jouez le mauvais. J'en ai vu du pays, j'en ai connu du monde et je sais que votre conduite n'est qu'un rempart que vous vous êtes construit pour vous protéger. (en fond, l'intro de Tête en lune se fait entendre…)
- Bicod S'il vous plait…
- Justine C'est vous votre premier ennemi, pas les autres. Je ne sais pas qui vous a fait du mal, il y a sans doute longtemps, mais ne le rendez pas. Soyez vous-même; ne vous cachez pas pour manger de la confiture aux fraises.
- Bicod Justine…
- Justine Moi j'arrive au bout de mon chemin et je n'ai pas envie de changer de route avant que cela s'éteigne. Mais vous, votre parcours est encore long, vous avez plein de choses à entreprendre. Alors faites-les, menez-les à bien… mais pas uniquement pour vous. Vous verrez Bicod, offrir est plus beau que recevoir…
- Bicod Justine… Justine (soupirs…tristesse…)
NOIR
"Tête en lune" dans le noir, le temps de la mise plateau, puis shunt…
Bicod est sur le terrain avec Mlle Gamay, Yvan et Valérie; ils discutent entre eux. Les ouvriers observent la scène depuis leur poste de travail, Silvio et Gertrud sortent du bureau pour voir également ce qu'il se passe. Justine est dans son jardin avec Polo qui semble sur le départ avec une valise.
- Justine Je vous en ai emballé trois Polo. Trois belles Mara des bois. Je suis certaine qu'elles vont se plaire au Portugal !
- Polo Merci Justine ! Je m'en occuperai bien et chaque fois que j'en croquerai une, je penserai à vous.
- Justine Oh ce que vous dites, quand même ! (ils rient ensemble)
- Polo J'ai aussi quelque chose pour vous, c'est un livre qui vient de ma bibliothèque. Les pensées de Blaise Pascal. Il dit notamment "Ce serait une erreur de s'en remettre totalement à la raison car elle n'est pas "raisonnable"". Ce livre, on ne peut le ressentir, le comprendre qu'en ayant de l'humilité. Vous le comprendrez plus vite que moi…
- Justine Hmm ! (Elle lui fait un bec)
- Bicod Mademoiselle Gamay, auriez-vous la gentillesse de me donner le plan ?
- Gamay Avec plaisir Monsieur Bicod… (elle le lui tend)
- Bicod Donc Madame et Monsieur Maillard, votre maison sera là-bas. La parcelle est mieux orientée et vous serez légèrement à l'écart, un peu plus chez vous. Comme vous l'avez demandé, il y aura un petit chemin en pierres naturelles qui vous reliera à la maison de Justine. Et je vous promets que, cette fois, le délai sera tenu.
- Yvan C'est parfait !
- Valérie Oui, c'est encore mieux ainsi Monsieur Bicod.
- Yvan Merci vraiment !
- Bicod Dites-le à Justine, c'est elle qui a fait que le pire des de mes chantiers devienne celui qui a changé ma vie. Mademoiselle Gamay, vous avez pris ce que je vous ai demandé ?
- Gamay Oui, vous souhaitez le lui apporter maintenant ?
- Bicod Allons-y !
Bicod et les autres se dirigent vers la maison de Justine. Silvio et Gertrud sont toujours devant leur bureau et descendent rejoindre les ouvriers regroupés sur la maison en construction.
- Gertrud Silvio, je dois vous avouer que là… je n'aurais pas parié cher sur un tel revirement.
- Silvio On est deux ! Comme quoi, rien n'est impossible…
- Sébastien Tu vois Luigi, rien n'est perdu ! Un jour peut-être, tu sauras enfin travailler !
- Luigi Ma ! Yé travaille ma plousse… mentalément!
- Ramon C'est quand tu veux pour devenir un manuel !
- Luigi Ma no, Luigi ça va bien!
Bicod, Mlle Gamay et les Maillard sont vers Justine.
- Bicod Voilà Justine, vos futurs voisins seront des propriétaires heureux!
- Justine Moi aussi! Et puis à mon âge avoir comme voisin un paléontologue, ça peut servir! (tous rient)
- Bicod Mademoiselle Gamay et moi-même avons quelque chose pour vous. (il fait signe à mademoiselle Gamay de prendre la parole).
- Gamay On s'est dit… que… (elle fouille dans son sac)… pour que vous puissiez continuer à faire votre bonne confiture… un peu d'anti-limaces vous serait utile! (elle lui l'offre)
- Justine Oh, oh, oh… c'est autour du tableau électrique qu'il faudrait en mettre !
- Gamay Mais surtout... avec ce que vous vivez ici, Monsieur Bicod voulait que vous puissiez vous reposer en prenant quelques jours de repos. (elle lui tend une enveloppe qu'elle ouvre)
- Justine Oh ! Un voyage au Portugal ! A Faro…
- Polo C'est chez moi ! Je serai votre guide Justine !
- Justine Merci Monsieur Bicod (le serre contre elle), je savais qu'au fond, vous n'étiez pas mauvais… eh bien vous voyez, ce n'est pas plus compliqué que ça la vie. On n'apprécierait pas autant le soleil si de temps en temps il n'y avait pas quelques La vie c'est cela…
NOIR
- FINAL "C'EST CELA LA VIE"
FINAL 2ème partie, comédiens/comédiennes, chanteurs, acrobates, Monsieur Loyal
Comédiens/comédiennes sur scène
Chanteurs rejoignent la scène
Début du chant
Au fil du chant:
Les barils s'embrasent
Les pelleteuses arrivent tous feux allumés
L'échafaudage arrive au-dessus des spectateurs et se place à mi-hauteur face gradin
Les pelleteuses s'allument (complément fixé aux machines)
Dernier coup de timbale, embrasement du site 1'' ou 1,5''
NOIR
NOIR 3’’ – Plein feux – Monsieur Loyal apparaît au loin sur la plateforme élévatrice
- Loyal : Vous venez d’assister à CHANTIER – LE SPECTACLE !
Laissez-moi vous présenter celles et ceux qui ont œuvré pour vous offrir ce spectacle :
- Les comédiens et comédiennes
- Les chanteurs, chanteuses, percussionnistes, danseuses, acrobates et machinistes
- Les bénévoles
- Le comité d’organisation et le comité de soutien
- Les compositeurs et chorégraphe
- L’auteur et metteur en scène
- Les artistes sur un rang, 2 saluts
b. Les artistes s'écartent, arrivée des bénévoles; les artistes se tournent d'1/4 inverse des aiguilles de la montre et laissent passer les autres. Sur un rang et 2 saluts.
c. Idem que précédemment etc.
d. TOUS, 2 saluts, puis se retournent et salue de la main Monsieur Loyal - Selon les soirs intervention de TPA pour saluer des invités
f. Départ de TOUS
g. Rappel? Si oui, TOUS.
Si TPA prend la parole, il clôt la soirée et envoie toute la troupe dans les coulisses par « ….bon retour chez vous, bonsoir ! » Si non :
1008.Loyal : Merci cher public d’être venu si nombreux ce soir ! Le temps pour la troupe de se démaquiller, de se changer et nous vous retrouvons sous la cantine pour partager un verre. Pour ceux qui nous quittent, nous vous souhaitons une belle fin de soirée et un bon retour chez vous. Bonsoir !
La troupe quitte le plateau par le lointain en saluant de la main.
F I N