Du rififi au Georges VI

Genres :
Thèmes : ·
Distribution :
Durée :

Bernadette est femme de service à l’hôtel minable Georges VI dont la patronne vient
d’hériter de son dernier mari. La clientèle se faisant rare, la patronne pensait licencier Bernadette.
Cette dernière a trouvé le remède à ce problème en complicité avec son petit ami, gérant de la
station service d’en face. Il propose aux clients de faire lui-même le plein, en les envoyant prendre un
café. Pendant ce temps, il mettait du sucre dans le réservoir pour mettre la voiture en panne et ainsi
diriger le client vers le Georges VI. C’est ainsi que se retrouvent dans le même hôtel, l’inspecteur
chargé de l’enquête d’un vol de bijoux, un des deux braqueurs, une nymphomane, la femme de
l’inspecteur avec son amant et la belle-mère du même inspecteur.
L’inspecteur ayant avoué à Bernadette, qu’il serait capable du pire s’il apprenait que sa
femme le trompe, cette dernière fait de son mieux pour qu’il ne l’apprenne pas, mais ce n’est pas
chose simple entre la gestion des portables et tout le reste. Mais lorsqu’elle s’aperçoit que les bijoux
sont dans la guitare d’un client, elle hésite entre les garder ou les remettre à l’inspecteur. Le
braqueur et sa maitresse du soir découvrant que les bijoux ne sont plus là, font courir le bruit que les
bijoux sont faux, dans l’espoir de les voir réapparaitre.

🔥 Ajouter aux favoris

Décor (1)

Du rififi au Georges VIL’action se passe de nos jours dans un hôtel plutôt minable. Le comptoir à gauche, avec une porte donnant derrière. A droite, une porte donnant vers la chambre 500, au fond la porte d’entrée et à sa droite, un escalier donnant vers les chambres 502, 503 et 504. Sous l’escalier la porte donnant vers la chambre 501. Un petit canapé, une table basse et une petite table ronde avec deux chaises. A droite ou à gauche une petite terrasse avec une table et deux chaises. Sur les murs, 4 tableaux représentant les défunts maris de la patronne.

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

Du rififi au Georges VI

ACTE 1

Scène 1

(La Patronne, Bernadette)

(Quand le rideau s’ouvre, la patronne est au comptoir à lire des documents. La bonne essuie les tables)

La patronne : Vous vous rappelez Bernadette, notre conversation du mois dernier ?

Bernadette : Celle où vous m’avez annoncé que vous alliez bientôt me virer ? Ben évidemment que je m’en rappelle, vous croyez quoi ? Que j’allais ouvrir une bouteille de champagne en arrivant chez moi ….

La patronne : Allons allons, comme vous y allez, j’avais quand-même dit peut-être !

Bernadette : Ouais, quand on n’est pas sûr eh ben on se la f….. (Gênée) Pardon, mes paroles dépassent parfois mes pensées, alors ! Vous voulez en venir où ?

La patronne : Au moment où je vous ai dit ça, nous n’avions pratiquement plus de clients ….

Bernadette : C’est vrai, à part les deux faiseurs de cocus du mardi soir, personne….

La patronne : Je ne comprends pas, notre hôtel est pourtant très convenable …

Bernadette : Ouais enfin, y’a mieux, des prises qui ne marchent plus, les robinets qui fuient et j’en passe … et le choix du nom de l’hôtel ….. « Hôtel Georges VI », excusez-moi mais c’est pas très judicieux !

La patronne : Peut-être, mais en tous les cas, depuis que j’ai voulu vous congédier, dès la semaine d’après on faisait le plein, c’est incroyable, non ?

Bernadette : (ironique) Un don du ciel !

La patronne : Ecoutez, je sais que vous vous appelez Bernadette mais je ne crois pas du tout aux miracles !

Bernadette : Vous devriez, vous devriez …

La patronne : C’est ça ! Bon, nous sommes mardi, est-ce que vous avez préparé la chambre 502 ?

Bernadette : Evidemment, depuis le temps que ça dure, ça devient automatique !

La patronne : Bien Bernadette !

Bernadette : J’ai une question : On n’a que cinq chambres, alors pourquoi ne pas mettre chambres 1, 2, 3, 4 et 5 au lieu de 500, 501, 502, 503, 504…….

La patronne : Mais enfin Bernadette, quand les clients appellent et qu’ils réservent la chambre 504 par exemple, ils pensent forcément que c’est un très grand hôtel et ….

Bernadette : On n’appellerait pas ça de la publicité mensongère ?

La patronne : Aucune loi interdit de numéroter les chambres comme on le souhaite, si j’avais voulu mettre 4500, 4501 etc .., je pouvais !

Bernadette : A Las Végas, je veux bien mais là !

La patronne : Par contre pour ce soir, à part l’Inspecteur Lapeyre à la 503, nous avons  encore 3 chambres de libres ! (éclair et coup de tonnerre)

Bernadette : Tiens, ça c’est un signe !

La patronne : N’importe quoi ! (elle sort)

Bernadette : (prenant son portable, appelant) Allo ! Dédé ? (silence) Pour ce soir, on a encore trois chambres de libres, si tu peux m’arranger ça, ça serait super, la patronne s’inquiète ! (silence) Quoi, le sucre ? (silence) J’aimerais mieux que tu te débrouilles tout seul, la patronne va finir par avoir des doutes ! Bon, tu peux m’en envoyer trois pour ce soir, merci mon Dédé ! (silence) Bon, ok je file t’en apporter, heureusement que t’es juste en face ! (elle passe derrière le comptoir et met un kilo de sucre dans un sac, veillant à ne pas être vue, un homme arrive d’une chambre)

Inspecteur Lapeyre : Excusez-moi, la prise de ma chambre ne fonctionne pas, je peux me brancher quelque part ici ?

Bernadette : Euh, oui bien sûr ! Tenez, ici !

Inspecteur Lapeyre : (d’un ton sévère) Merci mais je ne voudrais pas dire, hôtel Georges VI avec des prises qui ne fonctionnent pas, ça fait un peu désordre vous ne trouvez pas ?

Bernadette : Alors ça, c’est pas moi qui ai donné le nom à cet hôtel ! Vous pensez que votre voiture sera prête demain matin ?

Inspecteur Lapeyre : Oui, le garagiste me l’a confirmé !

Bernadette : Alors là, vous pouvez avoir confiance en lui, c’est mon …. (Hésitante) mon beau-frère. (À l’oreille) Par contre, je peux vous demander quelque chose ?

Inspecteur Lapeyre : Oui, Je vous écoute !

Bernadette : Si vous pouviez éviter de dire aux autres que vous êtes tombés en panne à la station service de mon beau-frère, ça m’arrangerait, ça pourrait lui faire de la mauvaise pub !

Inspecteur Lapeyre : Pas de soucis. Surtout qu’il a insisté pour faire le plein lui-même, et pendant ce temps-là il m’a même proposé de prendre un café gratos à la boutique. C’est un gars bien, votre beau-frère !

Bernadette : Ça c’est sûr ! Vous m’excusez deux minutes, je dois aller lui porter quelque chose, je reviens !

Inspecteur Lapeyre : Faites donc ! (elle sort. Il appelle) Allo ! (silence) Lapeyre au téléphone ! (silence)  Je suis désolé, je suis en panne, je ne pourrai pas être là pour le débriefing ! (silence) Non, désolé, j’ai perdu sa trace, comme il s’était enfui, j’avais mis une balise sous sa voiture, pensant qu’il reviendrait la chercher à un certain moment, mais il a peut-être changé de véhicule ! (silence) Je suis à l’hôtel pour la nuit, je vous rappelle demain matin ! (la patronne revient)

La patronne : Ah, monsieur Lapeyre, tout se passe bien ? (le voyant brancher son portable) Bon, désolé pour les prises !

Inspecteur Lapeyre : (ton sévère) Vous auriez pu m’avertir !

La patronne : Demain matin, normalement l’électricien vient, je vous tiens au courant !

Inspecteur Lapeyre : Très drôle, mais vous allez vite comprendre que l’humour ne fait pas vraiment partie de mes qualités !

La patronne : Oh là, désolé ! Vous n’avez pas croisé Bernadette ?

Inspecteur Lapeyre : Bernadette ?

La patronne : Oui, la femme de service qui s’occupe des chambres !

Inspecteur Lapeyre : Ah si, elle est sortie voir son beau-frère qui tient la station service d’en face !

La patronne : (surprise) Son beau-frère ?

Inspecteur Lapeyre : Oui celui qui m’a conseillé votre hôtel du fait que …. (Bernadette revient)

Bernadette : Désolé madame, j’étais parti porter quelque chose à …

La patronne : à votre beau-frère !

Bernadette : (surprise) Euh oui …. Mon beau-frère !

La patronne : Vous ne m’aviez pas dit que le patron de la station était votre beau-frère !

Bernadette : Ben, vous me l’aviez pas demandé non plus !

Inspecteur Lapeyre : Désolé de couper cette intéressante conversation, mais pourrais-je avoir une boisson, le temps que mon téléphone se recharge ?

La patronne : Bernadette, occupez-vous de monsieur !

Bernadette : Bien madame ! (la patronne sort) Quand je pense qu’elle voulait me virer le mois dernier !

Inspecteur Lapeyre : Vous virer ?

Bernadette : Ben oui, me virer, me lourder, me licencier quoi !

Inspecteur Lapeyre : Ça va j’ai compris et pourquoi elle a voulu vous virer ?

Bernadette : Pas assez de clients, et ben vous savez quoi, depuis qu’elle a voulu me virer, eh bien on fait le plein tous les soirs, c’est incroyable ça !

Inspecteur Lapeyre : Le hasard !

Bernadette : (malicieuse) C’est ça, le hasard. Bon vous voulez quoi ?

Inspecteur Lapeyre : Un thé ! Vous avez une terrasse ?

Bernadette : Euh oui, vous prenez la porte en face et je vous apporte votre thé !

Inspecteur Lapeyre : Merci ! (il sort)

Bernadette : Un thé ! Il se prend pour Sherlock Holmes ce mec, pas vraiment sympathique… (Elle prend son portable) Oui Dédé, c’est moi, dis-donc le mec que tu viens de m’envoyer, quel rustre, essaie de faire mieux le prochain coup ! (silence) Quoi, tu m’envoies déjà quelqu’un d’autre, super ! J’espère que tu m’as trouvé quelqu’un de mieux à ce coup-ci ! (silence) Différent ? On verra ! Au fait, je dis aux clients que tu es mon beau-frère, ça passera mieux au cas où ! (la porte s’ouvre) Je te laisse, une cliente arrive ! (elle raccroche)

Scène 2

(Brigitte, Bernadette, la patronne)

(Une jeune femme entre. Elle porte une tenue très provocante. Elle mâche un chewing-gum)

Brigitte : Salut !

Bernadette : (surprise, dévisageant Brigitte) Ouah …Euh … salut !

Brigitte : Vous avez une chambre ? On m’a dit que f’était poffible !

Bernadette : Bien sûr, mais qui vous a dit ….

Brigitte : Le mec fuper canon de la ftation d’en fafe. Il f’occupe de ma caiffe qu’a un problème.

Bernadette : (surprise par le parler) Vous savez quoi, le mec super canon de la station d’en face, c’est mon  …beau-frère alors .. pas touche merci, il est déjà pris ! C’est quoi votre nom ?

Brigitte : Moi c’est Brigitte !

Bernadette : Ok pour Brigitte mais votre nom c’est quoi ?

Brigitte : Dis-donc, t’es bien curieuse !

Bernadette : Je ne suis pas curieuse mais ….

Brigitte : Mais t’aime bien favoir !

Bernadette : C’est à cause de vigipirate, on doit avoir les noms c’est tout !

Brigitte : Ok, ok, mon nom c’est Le Buiffon !

Bernadette : (elle note. Brigitte regarde le registre)

Brigitte : Qu’est-ce que vous avez écrit, c’est pas le Buiffon, c’est le Buiffon !

Bernadette : Euh, i don’t understand !

Brigitte : Le buiffon, le buiffon comme la haie quoi !

Bernadette : Okay, okay, le buisson !

Brigitte : Voilà !

Bernadette : Bien, vous aurez la chambre 503, voici les clés ! Dites-moi, vous êtes tombée en panne ?

Brigitte : Ouais, comment t’as deviné ? Ton beauf, le fuper canon, il a infisté pour faire le plein lui-même, vachement fympa …. En plus, pendant qu’il faisait le plein, il m’a proposé un café gratos à la boutique. Vachement fympa ton beauf…

Bernadette : Okay, ça va j’ai compris, il est fympa et alors ….

Brigitte : Eh bien après, pas moyen de démarrer. C’est là qu’il m’a proposé de venir à votre hôtel ! Vous pouvez me dire où fe trouve le jacuzzi ?

Bernadette : (ironique) Le jacuzzi, pas de jacuzzi, vous rêvez …

Brigitte : Ok ! J’me contenterai de la pifine ! (elle prend les clés et monte)

Bernadette : La pifine … c’est ça ! Le petit dej, de sept heures à huit heures !

Brigitte : Ouah, ça fait vachement tôt, je fuis pas fûre d’être levée.

Bernadette : Avec le calme d’ici, vous inquiétez-pas vous allez dormir comme un loir.

Brigitte : Dormir, dormir, fa va dépendre… (La patronne revient)

La patronne : Alors ?

Bernadette : Une cliente vient d’arriver, mais pas n’importe quelle cliente !

La patronne : Comment ça ?

Bernadette : Je vous explique pas la dégaine.

La patronne : C’est qui ?

Bernadette : Brigitte … Lahaye !

La patronne : Quoi ! Brigitte Lahaye a pris une chambre dans notre hôtel ? C’est extraordinaire !

Bernadette : Vous la connaissez ?

La patronne : Voyons Bernadette, c’est une actrice !

Bernadette : Ah bon, connais pas, elle a joué dans quel film ?

La patronne : (gênée, changeant de conversation, consultant le registre) Bon, alors on en est à ….. Qu’est-ce que vous me racontez ? Je ne vois pas Brigitte Lahaye dans le registre. Je vois juste une certaine Brigitte Le Buisson mais …

Bernadette : Ouais, ben j’me suis gourrée, Le Buisson et La haie pour moi c’est pareil, non ! Je monte faire la chambre 504.

La patronne : Dites Bernadette, vous avez dit tout à l’heure que le patron de la station c’était votre beau-frère !

Bernadette : Oui, et alors ?

La patronne : Hier, je vous ai vue en train de l’embrasser. Ça ne me regarde pas, mais vous avez une drôle de façon d’embrasser votre beau-frère dîtes donc !

Bernadette : (Surprise) Hier, ah … oui, bien sûr. En fait, j’étais en train de lui apprendre le baiser théâtral, vous connaissez le baiser théâtral ?

La patronne : Oui, bien sûr !

Bernadette : Eh bien, comme je viens de vous le dire,  j’étais en train de lui apprendre le baiser théâtral, c’est tout.

La patronne : On met bien le pouce sur la bouche du partenaire pour le baiser théâtral ?

Bernadette : Evidemment !

La patronne : Vous aviez les deux mains sur les fesses du garagiste alors .. pour  le pouce !

Bernadette : (décontenancée) Oui, eh ben j’ai du oublier de mettre le pouce, c’est tout ! (Elle monte)

La patronne : Cette petite a vraiment des mœurs douteuses ! (Inspecteur Lapeyre revient) Ah, on dirait que le temps se gâte. (Il s’assoit)

Scène 3

(Inspecteur Lapeyre, la patronne, Bernadette, Johnny)

Inspecteur Lapeyre : Vous avez un code WIFI ?

La patronne : (lui donnant un papier) Oui, mais ça ne fonctionne qu’ici, pas dans les chambres ! Le code c’est Georges123456 ! Avec un G majuscule s’il vous plait !

Inspecteur Lapeyre : Merci ! Mais pour un hôtel qui porte le nom de Georges 6, Il n’y a pas grand-chose qui fonctionne ici.

La patronne : Désolé, mais cet hôtel appartenait à Georges mon dernier mari. Il m’a quittée il y a deux mois. Alors, je n’ai pas encore eu le temps de tout remettre aux normes, et c’est surtout pas lui qui va m’aider maintenant.

Inspecteur Lapeyre : Si c’est lui qui est parti, il doit vous indemniser.

La patronne : Ça va pas être facile !

Inspecteur Lapeyre : Comment ça ? Donnez-moi son adresse, je suis inspecteur, je peux lui mettre la pression.

La patronne : La pression, justement le jour qu’il m’a quittée il en avait beaucoup trop pris de pressions, il a voulu me réparer le lave-vaisselle, il n’a pas pensé à couper le courant et hop ! Si vous voulez aller le voir, c’est au boulevard des allongés, si vous voyez ce que je veux dire !

Inspecteur Lapeyre : Ah, je vois ! Désolé ! Mais le nom de Georges 6, c’est en souvenir de…

La patronne : De lui, mon sixième mari, je n’ai épousé que des Georges et c’était le sixième !

Inspecteur Lapeyre : Ah oui, quand-même ! (consultant son portable) Ah ça y est, il est rechargé. Excusez-moi il faut que je prévienne mon épouse ! (il fait le numéro, sans réponse) Bon je rappellerai !

La patronne : Vous avez dit que vous étiez inspecteur ?

Inspecteur Lapeyre : Inspecteur Lapeyre, de la brigade des fraudes !

La patronne : Ah ! Vous enquêtez sur quelque chose en ce moment ?

Inspecteur Lapeyre : Un vol de bijoux.

La patronne : Et vous pensez les trouver dans mon hôtel ?

Inspecteur Lapeyre : Non, pas vraiment, en fait si je suis là c’est que je suis tombé en … (Bernadette revient)

Bernadette : La pouffiasse de la 502 se plaint encore que l’eau n’est pas assez chaude.

La patronne : Bernadette, je vous interdis de traiter nos clients de la sorte.

Bernadette : Ouais, ben je l’aime pas et pis c’est tout. De toute façon, son Jules ne va pas tarder, comme ça elle va nous foutre la paix.

La patronne : (à l’inspecteur) Faut l’excuser, elle ne brille pas par sa délicatesse ! Excusez-moi ! (elle sort)

Inspecteur Lapeyre : Si je comprends bien, vous avez des clients réguliers dans votre hôtel !

Bernadette : Pour sûr, vous allez voir dans quelques minutes le mec va débarquer, c’est comme ça tous les mardis soir. Lui, c’est un assureur et elle c’est une femme de flic. Encore un qui ferait mieux de s’occuper de ses affaires que de celles des autres. (Le portable de Lapeyre sonne)

Inspecteur Lapeyre : Inspecteur Lapeyre, j’écoute ! (Surprise de Bernadette) Non, je vous dis, j’ai perdu sa trace et je suis toujours bloqué dans un hôtel en attendant la réparation de ma voiture ! Tenez-moi au courant quand vous avez des nouvelles ! (il raccroche)

Bernadette : Vous êtes flic ? (il téléphone de nouveau)

Inspecteur Lapeyre : (sévèrement) Non, je suis inspecteur ! Et vous ne voyez pas que je suis en train de téléphoner ?

Bernadette : Ok ok, ça va !

Inspecteur Lapeyre : Bon alors, tu décroches ou quoi ? Bon sang, c’est bien la peine d’avoir un portable ! (Johnny entre)

Bernadette : Bonjour M. Johnny, toujours fidèle à ce que je vois et toujours à l’heure! (l’homme s’interroge) Enfin, quand je veux dire fidèle, je veux évidemment dire fidèle au rendez-vous du mardi soir ! Elle est déjà là, vous pouvez y aller !

Johnny : Merci ! (il monte)

Bernadette : (à l’inspecteur Lapeyre) C’est lui dont je vous parlais, l’habitué du mardi soir avec la femme du flic !

Inspecteur Lapeyre : Je vous jure que si ça m’arrivait, je pourrais être capable du pire !

Bernadette : Vous voulez dire, si votre femme vous trompait ?

Inspecteur Lapeyre : Exactement, je pense que je ne me contrôlerais plus si j’apprenais une telle chose. (S’énervant) Je suis comme ça, j’ai le sang chaud. Je suis capable de tout casser, et en plus  .. (Montrant son arme), je ne sais pas ce qui pourrait arriver.

Bernadette : (levant mes bras) Oh là, oh là ! Effectivement, vous ne rigolez pas, vous !

Inspecteur Lapeyre : Exactement, dites-moi, votre patronne m’a raconté pour son dernier mari. Et les 5 autres, qu’est-ce qu’ils sont devenus ?

Bernadette : Les 4 premiers, je ne sais pas mais son avant-dernier, Georges 5 si vous voulez, accident de chasse, rectifié en un rien de temps !

Inspecteur Lapeyre : Il était chasseur !

Bernadette : Non ! Mais si vous avez déjà été aux toilettes, vous avez pu vous rendre compte que tout était neuf !

Inspecteur Lapeyre : Oui, d’ailleurs je m’aperçois qu’il n’y a que ça de neuf dans cet hôtel ! C’est quoi le rapport ?

Bernadette : Vous vous rappelez les anciennes chasses d’eau avec le réservoir en haut, on tirait sur une chaine et …

Inspecteur Lapeyre : Et ?

Bernadette : Et ben le Georges 5, il a tiré trop fort sur la chasse et tout a descendu, et bing un cinquième de liquidé. C’est pour ça que je vous dis que c’était un accident de chasse !

Inspecteur Lapeyre : (regardant les cadres sur les murs) Otez-moi d’un doute, ces cadres sur les murs, ce sont ses maris ?

Bernadette : Oui ! (montrant les cadres) Vous avez là le 1, après le 2, ensuite le 3, là c’est le 5 !

Inspecteur Lapeyre : Et le 4 ?

Bernadette : Elle pouvait pas l’encadrer ! Et bien sûr, il manque Fa dièse..

L’inspecteur Lapeyre : Fa dièse ?

Bernadette : Oui Fa dièse, Georges VI si vous voulez !

L’inspecteur Lapeyre : Pourquoi Fa dièse ?

Bernadette : Il mesurait un mètre cinquante deux ! Certains clients le surnommaient comme ça !

L’inspecteur Lapeyre : C’est quoi le rapport ?

Bernadette : Ben, Fa dièse, il est près du sol c’est tout ! (L’inspecteur ne comprend pas) On voit bien que vous n’êtes pas musicien vous ! Bref, il n’y a pas le cadre, c’est encore trop récent ! (Johnny redescend)

Johnny : Dites-moi, Il n’y a toujours pas de courant dans les prises, vous pouvez recharger le téléphone de mon amie, vous avez bien une prise derrière le bar ?

Bernadette : Oui, pas de soucis ! (elle branche le téléphone)

Johnny : Merci ! (il remonte)

Bernadette : Vous voyez, la gonzesse n’a même pas le courage de descendre elle-même, je vous jure !

Inspecteur Lapeyre : (sévère) Vous êtes vraiment sûre que ça vous regarde ?

Bernadette : (vexée) Vous devriez être content, je défends la cause masculine ! Si monsieur l’inspecteur n’a rien besoin d’autre, je vais bosser ! (elle sort vers la terrasse pour nettoyer la table et les chaises) Celui-là, il va pas tarder à me donner de l’urticaire !

Inspecteur Lapeyre : Celle-là, elle va pas tarder à me les briser menu ! (il prend son portable et appelle). Alors, tu décroches ! (Bernadette revient, au même moment le téléphone branché au comptoir se met à sonner) Vous ne répondez pas ?

Bernadette : Excusez-moi inspecteur, mais c’est pas mon téléphone, je me permettrais pas, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Votre femme ne répond toujours pas ?

Inspecteur Lapeyre : Non, je ne comprends pas ! Elle est en train de faire du scrabble chez une copine …… (Réagissant) Vous voyez, vous ne pouvez pas vous en empêcher !

Bernadette : Je disais ça comme ça. N’empêche que si  c’est comme moi, je ne réponds plus aux numéros que je ne connais pas, avec toutes les arnaques et les démarchages ça me gonfle, elle connait votre numéro au moins ?

Inspecteur Lapeyre : Evidemment, elle l’a mis dans ses contacts avec ma photo en plus, elle sait donc forcément que c’est moi qui appelle ! (il raccroche, le téléphone du bar s’arrête de sonner). Bon je réessaie encore une fois ! (il appelle de nouveau, aussitôt le téléphone du bar se remet à sonner, Bernadette s’approche du téléphone)

Bernadette : (apercevant la photo de l’inspecteur sur le téléphone, le regardant, jetant aussi un œil vers le haut de l’escalier) Nom de diou ! (elle improvise) Euh …. Inspecteur, je vais faire du bruit car je vais passer l’aspirateur, vous seriez plus à l’aise sur la terrasse pour téléphoner ! (elle va vite chercher l’aspirateur)

Inspecteur Lapeyre : Vous ne pouvez pas attendre ? (Elle branche l’aspirateur et le met en route) Incroyable ! (il sort et elle s’empresse de répondre, s’assurant que personne la regarde)

Bernadette : (éteins l’aspirateur, décroche, changeant sa voix, plutôt enrouée) Allo !

Inspecteur Lapeyre : Mathilde, c’est toi ?

Bernadette : Ben oui, qui veux-tu que ça soit, tu m’appelles sur mon téléphone, c’est forcément moi qui répond ?

Inspecteur Lapeyre : Toujours aussi de bonne humeur à ce que je vois, mais tu as une drôle de voix ?

Bernadette : (improvisant) Euh, ben ….j’ai mis la clim en venant et voila, maintenant,  je me tape un putain de mal de gorge !

Inspecteur Lapeyre : Voila que tu jures maintenant ! Je t’avais averti pour la clim. Mais enfin, pourquoi tu ne décrochais pas ?

Bernadette : Ah oui, oui oui oui,  pourquoi je ne décrochais pas … (visant son aspirateur) eh ben … tout simplement parce que j’étais en train de passer l’aspirateur et que je n’ai pas entendu la sonnerie, c’est tout !

Inspecteur Lapeyre : Tu passais l’aspirateur chez Gisèle ?

Bernadette : (improvisant) Euh … Oui, nous avons mangé une galette et j’ai fait plein de saletés alors j’ai passé l’aspirateur, c’est tout !

Inspecteur Lapeyre : Ok, bon je t’appelle car j’ai eu un problème de voiture et je ne pourrai pas rentrer cette nuit, je dors à l’hôtel. Je suis désolé !

Bernadette : Pas grave, je peux bien me passer de toi pour une nuit, il est bien ton hôtel au moins ?

Inspecteur Lapeyre : Minable, hôtel Georges 6, tu parles ! Pas de wifi, même pas de courant dans les prises des chambres, et je ne te parle pas du personnel !

Bernadette : Quoi, le personnel ?

Inspecteur Lapeyre : Oui, la patronne, déjà un peu spéciale mais alors la bonne … je t’explique pas !

Bernadette : Tu veux dire la femme de chambre, Chéri ?

Inspecteur Lapeyre : Chéri, eh ben dis-donc tu t’améliores ! Femme de chambre, oui si tu veux. Je te jure qu’elle n’a pas inventé l’eau chaude celle-là !

Bernadette : (masquant son combiné) Connard !

Inspecteur Lapeyre : Déjà le look, tu la mets dans un cerisier, c’est sûr t’as plus de merles autour !

Bernadette : (masquant son combiné) Pauvre type !

Inspecteur Lapeyre : Et je ne te parle pas de la conversation, elle a du arrêter l’école après le primaire c’est pas possible ! Bref, une cruche quoi !

Bernadette : (masquant son combiné) Une cruche maintenant ! Trouduc ! (reprenant le combiné, se reprenant et improvisant) Bon, du coup, ça te dérange pas si je reste coucher chez Gisèle cette nuit ?

Inspecteur Lapeyre : Non, bien sûr, souhaite-lui le bonjour !

Bernadette : (criant) Gisèle, t’as le bonjour de …. (En aparté) Merde, c’est quoi son prénom ? T’as le bonjour de mon Chéri. Ça y est, c’est fait ! (elle raccroche violemment, à la surprise de l’inspecteur) Arrêter l’école après le primaire, alors là … mais le coup de la cruche, alors là, ça passe pas, ça passe pas du tout ! (On entend une porte claquer, Bernadette accourt pour vérifier que ce n’est pas la femme de l’inspecteur. L’amant redescend)

Scène 4

(Johnny, Bernadette, la patronne, inspecteur Lapeyre, Jacques Durand, Brigitte, Johnny)

Johnny : Y’a un problème ?

Bernadette : (Faisant semblant d’essuyer la porte d’entrée) Euh, non pas de problème !

Johnny : Je peux récupérer le téléphone ? Il doit être rechargé.

Bernadette : (surveillant l’éventuelle arrivée de l’inspecteur) Au fait, le mari a téléphoné. C’est bon, j’ai tout arrangé.

Johnny : Quoi, vous avez répondu au téléphone de mon amie ?

Bernadette : Ben oui, j’ai pas voulu vous déranger. (Coquine) Vous étiez peut-être très occupés !

Johnny : Ok, ça va ! Et vous dites que vous avez tout arrangé, mais tout arrangé quoi ?

Bernadette : Le mari ne rentre pas cette nuit, alors vous pouvez la garder au chaud jusqu’à demain matin, elle est pas géniale la Bernadette ? Vous allez pouvoir en profiter un max !

Johnny : Euh … (sceptique) Bon, d’accord, Je passe la commission ! (il monte)

Bernadette : J’ai pas envie qu’il casse tout l’autre abruti, il va falloir gérer ! (Elle range son aspirateur, la patronne revient)

La patronne : Bernadette, vous faites quoi avec l’aspirateur ? Vous l’avez déjà passé ce midi.

Bernadette : Oui, mais c’était mal fait, et vous connaissez ma conscience professionnelle ! (L’inspecteur revient)

La patronne : Alors inspecteur, vous avez réussi à avoir votre épouse ?

Inspecteur Lapeyre : C’est bon, merci ! Vous pouvez me servir une bière ?

La patronne : Pas de soucis, je vous apporte ça !

Bernadette : Non, madame, laissez, je vais m’occuper de Môssieur l’inspecteur.

La patronne : Comme vous voulez Bernadette ! (Bernadette passe derrière le bar et ouvre une bière. Elle se dirige ensuite vers l’inspecteur et fait tomber maladroitement la bière sur le pantalon de l’inspecteur)

Inspecteur Lapeyre : (se relevant précipitamment) Non mais ça va pas !

La patronne : Bernadette, vous ne pouvez pas faire attention !

Bernadette : (Bêtement, les mains sur les hanches) Oh là là, qu’est-ce que je suis cruche !

Inspecteur Lapeyre : Mais elle n’est pas bien celle-là, elle l’a fait exprès, c’est pas possible !

La patronne : Non, excusez-là ! Je vais vous arranger ça. Bernadette, allez donc à la superette d’à côté me chercher trois baguettes de pain et du sucre en morceaux, d’ailleurs je ne comprends pas où il peut passer tout ce sucre !

Bernadette : Bien madame, j’y vais ! (elle sort en sifflant)

Inspecteur Lapeyre : Vous arrivez à la supporter ?

La patronne : Figurez-vous que j’ai failli la licencier, et du jour que je lui en ai parlé, tout s’est arrangé, depuis on fait le plein tous les soirs !

Inspecteur Lapeyre : Ah, et vous ne trouvez pas ça bizarre ?

La patronne : Ben pas forcément, ça doit être le hasard c’est tout !

Inspecteur Lapeyre : Si vous le dites !

La patronne : Venez donc avec moi, je vais essayer de vous nettoyer ça ! (ils se dirigent vers la porte derrière le bar. Peu de temps après, un homme entre, housse de guitare à la main, s’apercevant qu’il n’y a personne fait sonner la cloche. La patronne apparait, pantalon de l’inspecteur sur l’épaule) Ah bonjour, veuillez m’excuser, je suis à vous dans une minute ! (l’homme s’assoit sur le petit canapé, ne quittant pas d’un œil sa guitare. Son portable sonne)

Jacques Durand : Allo ! (silence) Je sais, je suis à la bourre mais je suis tombé en rade de caisse, je suis obligé de dormir à l’hôtel, en attendant la réparation ! (Silence) T’inquiètes, la marchandise est en lieu sûr. (Silence) J’ai réussi à semer les poulagas ! Ils avaient mis une balise sous la caisse, je l’ai vue quand le garagiste l’a mise sur le pont, je l’ai détruite, alors ils peuvent toujours courir !(Silence) Ok, on se retrouve demain à l’endroit prévu, (silence) Mais non, je ne vais pas te la faire à l’envers, salut ! (il raccroche. La patronne revient avec l’inspecteur en pantalon ridicule)

La patronne : Je suis désolé de ne pas avoir pu enlever la tache de bière, pour le pantalon de rechange, désolé aussi, je n’avais pas mieux ! (l’inspecteur se rassoit) Du coup, je vous ressers une autre bière et c’est moi qui vais vous la servir. Je peux m’occuper de monsieur avant ?

L’inspecteur : Bien sûr, faites !

La patronne : (à l’homme à la guitare) Bon je suis à vous ! Je vois que monsieur est musicien !

Jacques Durand : (froid) Vous avez une chambre pour la nuit ?

La patronne : Bien sûr, je vous donne la 504. Vos noms et prénoms s’il vous plait !

Jacques Durand : Quoi !

La patronne : Plan vigipirate oblige, désolé !

Jacques Durand : Alors … (improvisant un faux nom) Jacques … Durand !

La patronne : Merci ! (donnant les clés) Vous voulez une boisson avant de monter ?

Jacques Durand : Oui, un sky fera l’affaire !

La patronne : Un sky ?

Jacques Durand : Un whisky quoi !

La patronne : Ah, bien sûr je vous apporte ça ! (l’homme s’assoit sur le petit canapé et pose sa guitare sur la table. La patronne apporte le whisky et veut enlever la guitare pour y poser le verre)

Jacques Durand : Hep là, pas touche, c’est fragile !

La patronne : Ah, excusez-moi ! (elle pose le verre. L’inspecteur est surpris de la réaction. Bernadette revient avec le sucre et les 3 baguettes) Ah, vous voilà enfin !

Bernadette : (posant les baguettes et le sucre derrière le bar) Excusez-moi, mais j’ai croisé mon beauf et …..

La patronne : Et vous lui avez fait le coup du baiser théâtral, c’est ça ? (l’inspecteur vide sa bière et monte l’escalier sous l’œil ahuri de Bernadette)

Bernadette : Ouah, la dégaine de Columbo ! (Désignant l’homme du canapé) C’est qui ?

La patronne : Un client qui vient d’arriver. Du coup, il ne nous reste plus qu’une chambre ! (Brigitte redescend)

Brigitte : (du bas de l’escalier) Dites, j’arrive pas à tourner le robinet de la douche d’eau chaude, quelqu’un peut … (apercevant l’homme du canapé, elle s’approche et s’assoit sous l’œil intéressé de Bernadette et la patronne) Dis-moi beau goffe, tu joues de la guitare ?

Jacques Durand : (sans la regarder, sur son portable, ironiquement) Ben non, tu vois bien que c’est un accordéon !

Brigitte : J’aime bien les mecs qui jouent de l’accordéon. (Posant ses pieds sur la housse), Dis-moi mon mignon, tu t’y connais en plomberie ? (il se détourne pour les enlever et est subjugué par le physique de la jeune femme) J’ai un problème avec ma douche !

Jacques Durand : (sous le charme) Euh, mais bien sûr ma jolie, la plomberie c’est carrément mon truc ! (il se lève)

Brigitte : (à la patronne) Du coup, fa va aller, j’ai trouvé mon réparateur ! (ils montent sous l’œil ébahi de Bernadette et la patronne)

Bernadette : Vous avez vu ça, elle a même pas mis 5 minutes pour emballer le mec, c’est impressionnant !

La patronne : Il en a même oublié son instrument !

Bernadette : (coquine) Si ça se trouve, c’est pas cet instrument là qui intéresse la Brigitte ! Au fait, vous avez su pour le cambriolage de la bijouterie de Vertou ?

La patronne : Non !

Bernadette : Deux braqueurs ont emporté pour 500000 euros de bijoux ce matin, c’est mon beauf qui me l’a dit !

La patronne : Mais j’y pense, l’inspecteur m’a dit qu’il enquêtait sur un vol de bijoux, ça doit être ça ! Je vais au bureau, j’ai de la compta en retard !

Bernadette : Vous avez raison, commencez donc par ma fiche de paye ! (chantant la chanson de Pierre Perret « Je suis l’plombier, bier bier j’ai un beau métier, j’fais mon turbin,bin, bin, bin, bin dans ma salle de bain » la patronne soupire et sort. Bernadette s’approche discrètement de la guitare) J’aurais bien aimé jouer de la guitare. Quand j’étais gosse. J’avais commencé à apprendre « jeux interdits », (regardant autour d’elle) tiens je vais voir si je m’en rappelle. De toute façon la patronne est occupée et le plombier doit déjà être en train d’essayer son robinet. (Elle ouvre discrètement la housse de la guitare, sort la guitare et essaye de jouer tant bien que mal le début de « jeux interdits) Alors ça doit commencer là ! Bon, c’est pas gagné ! (elle n’y arrive pas et s’énerve. A ce moment, elle entend un bruit venant de l’intérieur de la guitare) C’est quoi ce bruit ? (elle renverse la guitare et la secoue. Des bijoux et colliers en sortent) C’est pas vrai, des bijoux ! (elle vide la caisse de la guitare) J’y crois pas, certainement les bijoux du hold-up ! Ça ne m’étonne pas, il a une tronche de malhonnête ce mec, tout de suite, je l’avais remarqué ! (elle ramasse les bijoux. Elle réfléchit un moment) Si je le dis à l’imbécile d’’inspecteur, j’aurais peut-être droit à une récompense, mais j’ai pas envie de lui faire plaisir à cet abruti ! …… combien qu’il a dit déjà mon Dédé, 500000 c’est ça ? Et la prime 100, 200, 500 balles grand maxi, on a vite fait les comptes, allez ! (mettant les bijoux dans sa poche) In the pocket, comme y disent les angliches ! (elle remet la guitare dans son étui et réfléchit en la secouant) Le problème, c’est quand il va prendre la guitare sans bruit il va se douter de quelque chose. (Elle réfléchit) J’ai peut-être une solution ! (Elle se dirige derrière le bar et ramène un kilo de sucre. Elle mettre plusieurs morceaux dans la guitare et la secoue) Parfait, tu es géniale ma petite Bernadette ! (elle remet la guitare dans l’étui. Elle entend des pas dans l’escalier et va se cacher derrière le bar. Jacques Durand, à peine rhabillé se jette sur la housse et l’ouvre, secoue la guitare avec un soupir de soulagement et remonte avec elle) Elle a eu chaud la petite Bernadette ! (elle téléphone) Dédé ? (silence) Tu m’avais pas dit un jour que ça te plairait d’aller survoler le Grand Canyon en hélico ? (silence) Eh ben mon Dédé, tu peux déjà commencer à faire tes valises ! (silence) T’inquiètes, je t’expliquerai, pour la dernière chambre, tu m’envoies quelqu’un ? (silence)  Super, bisous mon Dédé ! (elle sort. Peu de temps après, l’amant descend et l’inspecteur le suit)

 

Scène 5

(Johnny, inspecteur Lapeyre, la patronne, Bernadette, Roseline Chabelot)

Johnny : (surpris par le pantalon) Bonjour !

Inspecteur Lapeyre : (sévère) Mon pantalon vous intéresse ?

Johnny : Euh non, excusez-moi, c’est original c’est tout !

Inspecteur Lapeyre : Dites-moi, c’est vous qui occupez la 502 n’est-ce pas ?

Johnny : Oui, pourquoi ?

Inspecteur Lapeyre : Je suis votre voisin, alors quand vous y allez, merci d’y aller  un peu moins fort, c’est gênant !

Johnny : (ricanant) Ah ok, je comprends, je suis désolé mais c’est vrai qu’on se lâche, c’est plus fort que nous ! Je vous offre une bière pour le désagrément ?

Inspecteur Lapeyre : Si vous insistez ! (Johnny fait sonner la cloche. La patronne arrive)

Johnny : S’il vous plait, on pourrait avoir deux bières ?

La patronne : Bien sûr, je vous apporte ça !

Johnny : On va s’assoir ?

Inspecteur Lapeyre : Pourquoi pas ? (feignant ne pas savoir) Vous y venez souvent dans cet hôtel ?

Johnny : Tous les mardis !

Inspecteur Lapeyre : Un habitué quoi ! J’ai une question, c’est le pire hôtel du coin, pourquoi venir ici ? Moi je suis ici à cause d’une panne mais vous ? (la patronne apporte les deux bières) Merci de ne pas faire comme votre abrutie d’employée ! (à l’amant) L’autre cruche m’avait renversé la bière sur mon pantalon, alors (montrant son pantalon) vous comprenez ! Alors je vous demandais, pourquoi cet hôtel ?

Johnny : Disons que la dame qui est avec moi, ce n’est pas ….

Inspecteur Lapeyre : Ce n’est pas votre femme, ça j’avais compris !

Johnny : Comment ça, compris ?

Inspecteur Lapeyre : Celle qui renverse les bières, elle n’a pas que les mains maladroites mais la langue aussi !

Johnny : Ah je vois, en fait c’est pire que ça, c’est la femme d’un autre, alors discrétion oblige, et je ne pense pas que son abruti de mari puisse se douter que sa femme puisse fréquenter un hôtel aussi minable. Tant qu’à faire les choses, autant faire les choses bien.

Inspecteur Lapeyre : Vous êtes marié ?

Johnny : Ah non ! Sinon, je ne me permettrais pas !

Inspecteur Lapeyre : Et ça ne vous gêne pas de vous payer la femme d’un autre ?

Johnny : Quand le mari de la femme, c’est un abruti non, surtout quand c’est un flic !

Inspecteur Lapeyre : Ah ! Heureusement que ma femme est chez une de ses collègues ce soir et que j’ai pu la joindre au téléphone sinon, j’aurais pu me poser quelques questions !

Johnny : (surpris) Parce que vous êtes flic ?

Inspecteur Lapeyre : Non, (insistant) inspecteur !

Johnny : Pardon, de toute façon, je vous rassure vous n’avez pas du tout le profil du mari !

Inspecteur Lapeyre : Parce que vous le connaissez ?

Johnny : Non du tout, mais ce qu’elle m’en a dit ça me suffit largement.

Inspecteur Lapeyre : Bon écoutez, je vais demander à changer de chambre, comme ça, ça vous évitera de penser pas à moi quand vous  …. Bon vous avez compris !

Johnny : Finalement, pour un  flic … pardon, pour un inspecteur vous êtes vachement compréhensible. Des flics …. des inspecteurs comme vous, y’en a pas deux. J’en parlerai à mon amie ! Bon excusez-moi, je vais la rejoindre car elle est très demandeuse vous savez ! Bonne soirée ! (il monte)

Inspecteur Lapeyre : Y’en a pas deux ! Elle est bonne celle-là, s’il connaissait mon nom ! (la patronne revient) Ah vous tombez bien, mon pantalon n’est pas encore sec ?

La patronne : Euh non, désolé inspecteur, encore trente minutes !

Inspecteur Lapeyre : Ok, par contre, il vous reste une chambre de libre ?

La patronne : Oui, il en reste deux au rez-de-chaussée !

Inspecteur Lapeyre : Parfait, je peux m’y installer ?

La patronne : Euh oui, pourquoi ?

Inspecteur Lapeyre : Disons que vos cloisons ne sont pas très épaisses et mes voisins de la 502 … enfin vous voyez ce que je veux dire ?

La patronne : (ironique) Ah c’est vrai, l’assureur doit apparemment bien assurer sur le sujet ! Vous pouvez prendre la 500, la 504 sera pour le guitariste !

Inspecteur Lapeyre : Le guitariste ?

La patronne : Ah vous n’avez pas eu le temps de le voir, la Brigitte …

Inspecteur Lapeyre : Brigitte ?

La patronne : Oui, une jeune poulette, elle se l’est tout de suite accaparée et il n’a même pas eu le temps de s’installer. Du coup, ça va peut-être nous libérer une chambre vu comme c’est parti !

Inspecteur Lapeyre : Dites-moi, faites attention à ce que cet établissement ne devienne pas un hôtel de passe, vous pourriez avoir des ennuis !

La patronne : Comme vous y allez ! (ironique) Maintenant si la locataire de la 501 vous plait, ça pourrait aussi nous libérer une autre chambre … (l’inspecteur ne sourit pas) Désolée, c’était de l’humour ! Vous pouvez aménager, la 500 est prête ! (Bernadette revient) Bernadette, Monsieur l’inspecteur va plutôt prendre la 500 au rez-de-chaussée, il va donc aller chercher ses affaires et…

Bernadette : (de peur qu’il ne rencontre sa femme) Non non, c’est moi qui vais le faire, c’est tout de même pas au client de déménager ! (à l’inspecteur) Vous verrez, vous serez bien mieux en bas ! (elle monte directe)

Inspecteur Lapeyre : C’est quoi ce sursaut d’amabilité soudain ?

La patronne : Elle est comme ça, profitez-en, ça ne va pas durer ! (Bernadette redescend avec les affaires de l’inspecteur)

Bernadette : J’espère que j’ai rien oublié ! (Elle donne le tout à l’inspecteur. Fouillant sa poche, elle sort un pistolet) Ah, j’avais oublié ça ! (l’inspecteur lui prend délicatement l’arme des mains.  La patronne lui donne la clé et il va dans sa chambre)

La patronne : Je retourne au bureau ! (elle sort. Son de texto sur le téléphone de Bernadette)

Bernadette : Dédé, qu’est-ce qu’il me veut encore ? (elle regarde le texto) Ah, « coucou ma Dédette ! Dernier arrivage en cours, tu ne devrais pas être déçue, tu vas être gâtée ! ». Eh ben super, du coup on va être au complet ! (Une femme d’un certain âge entre, excentrique à souhait, portant un chapeau avec une plume. En aparté) Ah effectivement,  le dernier arrivage, c’est le bouquet final ! Robin des Bois est enfin sorti de la forêt de Sherwood ! (à la femme) Madame !

Roseline Chabelot : Excusez-moi on m’a dit que je pouvais disposer d’une chambre dans votre établissement. Voyez-vous, je suis tombé en panne de voiture dans la station d’en face et ….

Bernadette : C’est mon beau-frère qui dirige la station d’en face !

Roseline Chabelot : Si c’est à votre beau-frère que j’ai eu à faire, je dirais que c’est un homme plutôt charmant car …

Bernadette : Si celui qui vous a servi a la fossette de Kirk Douglas et les dents du bonheur d’Omar sharif, c’est bien mon chér…  c’est bien mon cher beau-frère ! (la patronne appelle)

Bernadette : Oui, sharif !

Roseline Chabelot : Les dents du bonheur vous dites ?

Bernadette : Oui madame, les dents du milieu quand elles sont espacées, on appelle ça les dents du bonheur !

Roseline Chabelot : Je ne savais pas. En tous les cas, ce garçon m’a paru bien élevé. Figurez-vous qu’il s’est proposé de me faire le plein lui-même en m’invitant à prendre un café à l’accueil pendant le remplissage. Je ne savais pas que des hommes aussi charmants pouvant encore exister de nos jours. Pouvez-vous me montrer ma suite, je vous prie ?

Bernadette : Oh là, pour la suite vous repasserez, pour ce soir vous n’aurez qu’une chambre. Je peux vous demander une faveur ?

Roseline Chabelot : Dites toujours !

Bernadette : Si vous pouviez éviter de raconter que vous êtes tombée en panne à la station de mon beau-frère, ça m’arrangerait car ça pourrait lui faire du tord, vous comprenez !

Roseline Chabelot : Pas de soucis ma chère, je serai muette comme une tombe. (La patronne arrive)

La patronne : Alors Bernadette … (Apercevant Roseline Chabelot) Excusez-moi madame, je prends le relais. Bernadette, merci de faire aussi le ménage dans ma chambre et aussi la votre, pendant que vous y êtes !

Bernadette : Bien madame ! (elle sort)

La patronne : Bien, je peux vous demander votre nom ?

Roseline Chabelot : Pardon !

La patronne : Depuis vigipirate, nous sommes obligés. Désolée !

Roseline Chabelot : Roseline Chabelot !

La patronne : Merci, je vous donne donc la 500 ! (consultant son registre) Ah non, la 500 c’est l’Inspecteur Lapeyre !

Roseline Chabelot : Lapeyre, comme c’est amusant, ma fille s’appelle aussi … malheureusement  Lapeyre !

La patronne : Malheureusement ?

Roseline Chabelot : Oui, malheureusement, le jour ou elle a rencontré mon abruti de gendre, elle aurait mieux fait de  … enfin, ce serait trop long à vous expliquer !

La patronne : De toute façon, cela ne me regarde pas. (Donnant les clés) Votre chambre se trouve au dessous de l’escalier, à gauche !

Roseline Chabelot : Merci ! En attendant, pouvez-vous me servir un thé ? Merci ! (elle va dans la chambre, la patronne prépare le thé. Johnny redescend)

Johnny : Excusez-moi, pouvez-vous recharger une fois de plus le portable de mon amie ?

La patronne : Bien sûr, pas de soucis !

Johnny : Il se décharge très vite, Je vais attendre un peu, car  il se recharge aussi  très vite ! (Roseline Chabelot revient, s’installe à la table)

Roseline Chabelot : Bonjour jeune homme !

Johnny : Bonjour madame, merci pour le jeune homme !

Roseline Chabelot : J’insiste pour le jeune homme et d’ailleurs, est-ce que le jeune homme me ferait l’honneur d’accompagner à sa table une vieille dame ?

Johnny : Je n’oserais pas et d’ailleurs, vieille dame, comme vous y allez !

Roseline Chabelot : (en aparté) Comme il est charmant ! (à Johnny) Vous voyez, le courant passe déjà bien entre nous, allez, venez ! Vous prenez quoi ?

Johnny : Est-ce bien raisonnable ?

Roseline Chabelot : Voyons, jeune homme, si l’on faisait que ce qui était raisonnable, qu’est-ce qu’on s’ennuierait sur cette terre ! Vous ne trouvez pas ?

Johnny : Vous avez sans doute raison ! Ce sera un café !

Roseline Chabelot : Madame, pouvez-vous servir un café à ce jeune homme ? Vous le mettrez sur ma note ! Merci !

La patronne : Pas de soucis ! (appelant Bernadette) Bernadette ! (Bernadette apparait) Vous pouvez servir un café à Monsieur, je dois sortir un instant ! Merci ! Au fait, j’ai remis le portable de l’amie de monsieur en recharge ! (elle sort. Bernadette sert le café)

Johnny : Je vais faire attention, le client d’à côté s’est fait renverser une bière sur son pantalon par la serveuse !

Roseline Chabelot : Ah ! (Bernadette sert le café. Johnny se retire par précaution)

Bernadette : Bon, ça va, une fois mais pas deux !

Roseline Chabelot : Alors jeune homme, vous êtes en voyage ?

Johnny : Euh, non pas vraiment !

Roseline Chabelot : En fait, cela ne me regarde pas mais …

Johnny : Vous aimeriez bien savoir ! N’est-ce pas ! Et vous ?

Roseline Chabelot : En fait, j’allais voir ma fille qui n’habite pas loin et je me suis soudain rappelé que le mardi, elle passait sa soirée chez une amie, j’ai alors décidé de faire demi-tour, malheureusement j’ai failli manquer de carburant, je me suis donc arrêtée à la station d’en face, et du coup pas moyen de redémarrer, alors le garagiste m’a gentiment proposé de venir dormir dans cet hôtel assez piteux mais bon !

Johnny : Votre fille vit seule ?

Roseline Chabelot : (ironique) Ah, vous aussi vous aimez bien savoir !

Johnny : Désolé !

Roseline Chabelot : Pas de soucis ! Je vais vous dire, non, elle ne vit pas seule, et c’est bien dommage !

Johnny : Ah !

Roseline Chabelot : Celui qui lui sert de mari ne vaut pas un pet de lapin ! Depuis que Môssieur a monté en grade, il joue les Kékés, bref c’est un con !

Johnny : Ah ! Vous ne l’aimez pas !

Roseline Chabelot : Il ne m’aime pas non plus et c’est tant mieux ! D’ailleurs il faut que j’appelle ma fille, excusez-moi !

Johnny : Je vous en prie ! (elle appelle. Le téléphone du bar sonne, Bernadette regarde le téléphone)

Bernadette : (en aparté) Putain, c’est pas vrai ! La belle-mère du flic ! (elle coupe le son du mobile)

Roseline Chabelot : Je ne comprends pas, elle ne répond toujours pas, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé !

Bernadette : Non non, elle va très bien ! (elle se rend compte de sa bourde) Euh, tout va très bien !

Roseline Chabelot : Vous la connaissez ?

Bernadette : Qui ?

Roseline Chabelot : Ma fille !

Bernadette : Euh … non ! Pourquoi ?

Roseline Chabelot : J’ai dit, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé et vous avez répondu « Tout va très bien »

Bernadette : Ah oui …. (Improvisant) Ah non, en fait je voulais dire « Tout va très bien ! » C’est-à-dire que je répète actuellement « Tout va très bien madame la marquise » pour le mariage de ma sœur. Vous connaissez ! (elle commence à chanter, plutôt mal)  Allo allo ! Jacques quelles nouvelles, absente depuis quelques jours, au bout du fil je vous appelle, que trouverais-le à mon retour ? Tout va très bien ….

Roseline Chabelot : Merci, ça ira comme ça !

Bernadette : Vous avez besoin d’autre chose ? (restant derrière le bar)

Roseline Chabelot : Merci, ça ira !

Johnny : Donc, on peut dire que le torchon brûle entre vous et votre gendre !

Roseline Chabelot : Je vais être franc avec vous, c’est un garçon comme vous qu’il lui fallait, pas un excité comme l’autre !

Johnny : Excité ?

Roseline Chabelot : Oui, il est capable de tout quand il est contrarié !

Johnny : A ce point là !

Roseline Chabelot : Une fois, sur un parking de super marché, un mec avait juste fait un tout petit sourire à sa femme, ma fille, eh bien il l’a pris par le colback, il l’a mis dans un chariot et il l’a poussé dans la vitrine.

Johnny : Ah oui, quand-même ! Pas trop de dégâts ?

Roseline Chabelot : La vitrine complètement détruite.

Johnny : Je voulais parler du mec !

Roseline Chabelot : Ah lui, six mois d’arrêt de travail.

Johnny : Le patron du super marché a du faire une drôle de tête !

Roseline Chabelot : C’est sûr, la vitrine ne lui a pas fait de cadeau !

Johnny : Je ne comprends pas !

Roseline Chabelot : Avec tout ce qu’il s’est ramassé comme bouts de verre, il ressemblait plus à Frankenstein qu’à un patron de super marché.

Johnny : Le mec dans le chariot, c’était le patron ?

Roseline Chabelot : Eh oui mon cher, Il ne rigole pas le gendre ! Et si on changeait de sujet, vous savez quoi, on va faire un selfie, comme ça ma fille vous connaitra et avec un peu de chance ….

Johnny : Allons, je ne voudrais pas casser le couple, j’ai beau être célibataire mais quand-même ! Et n’oubliez-pas, j’ai une amie qui m’attend !

Bernadette : (en aparté) Oh le faux-cul ! (réagissant par rapport au selfie) Un selfie oh là, faut pas de selfie, surtout pas de selfie !

Roseline Chabelot : Ecoutez, si ça pouvait le faire je dirais que …..

Bernadette : (marmonnant) ça va le faire ! (réagissant à sa bourde une fois de plus)

Roseline Chabelot : Pardon !

Bernadette : Dans la vie faut pas s’en faire, moi je ne m’en fais pas ! C’est ma deuxième chanson pour le mariage de ma sœur ! (Roseline Chabelot est dubitative, et propose un selfie à l’amant)

Roseline Chabelot : Allez jeune homme …. Au fait, votre petit nom c’est quoi ?

Johnny : Johnny !

Roseline Chabelot : Johnny, ah l’idée était bonne quand vos parents ont choisi ce prénom. Ma fille adore Johnny, on y va ? Allez Johnny, on va allumer le feu ! (ils posent et prennent la photo) Allez, je l’envoie à ma fille, elle va être heureuse ! (elle envoie la photo. Aussitôt, un son de texto retentit derrière le bar. Bernadette s’empresse de supprimer la photo sur le mobile en recharge)

Bernadette : (supprimant la photo) Et toc ! (Jacques Durand et Brigitte descendent. Les deux femmes se dévisagent, l’une provocante et l’autre extravagante. Les deux s’assoient)

Scène 6

(Roseline Chabelot, Jacques Durand, Brigitte, Johnny, Bernadette, la patronne, inspecteur Lapeyre)

 Roseline Chabelot : Ah, un guitariste, vous pouvez me jouer un air de Johnny ? Vous seriez bien aimable !

Jacques Durand : (pris au dépourvu) Euh, désolé, je me suis fait mal à la main gauche en …..(Cherchant ses mots)

Brigitte : En réparant le robinet de ma douche !

Johnny : C’est dommage ! Bon, je vais récupérer le portable, il doit être rechargé ! Bonne soirée, ravie de cette conversation !

Roseline Chabelot : Bonne soirée mon cher Johnny, on se reverra certainement ! Messieurs-dames ! (elle va dans sa chambre et l’amant monte)

Bernadette : Vous avez besoin de quelque chose ?

Jacques Durand : Non, pour le moment ça va ! (Bernadette sort vers la terrasse et appelle Dédé)

Bernadette : Dédé ? (silence) Je suis dans la merde ! (silence) Figures-toi que la femme de l’inspecteur, c’est c’elle qui roucoule avec le mec de la 502 ! (silence) Comme tu dis, c’est la merde ! Et apparemment, quand le mec s’énerve il ne fait pas mine, il est capable de tout alors si il apprend que sa femme s’adonne aux plaisirs dans la 502, je t’explique pas le résultat. En plus il est armé ! Il est capable de tout, c’est confirmé par sa belle-mère ! (silence) Ben oui mon Dédé, ça c’est le bouquet final, l’épouvantail que tu m’as envoyé en dernier c’est la belle-mère du flic ! Ah t’as gazé sur ce coup là mon Dédé, t’as vraiment gazé ! (elle raccroche, revient à l’accueil et sort)

Brigitte : Dis-donc, tout à l’heure, j’ai l’impreffion que je t’ai tiré d’un mauvais pas, f’est quoi Fette histoire de problème à la main gauche. (Coquine) Pour moi, j’ai trouvé qu’elle était très fonctionnelle fette main gauche tout à l’heure !

Jacques Durand : Euh merci, mais en fait je ne sais pas du tout jouer de la guitare alors merci de m’avoir sauvé la mise !

Brigitte : Okay, mais alors pourquoi te balader avec une guitare fi tu ne fais pas en jouer !

Jacques Durand : Je ne sais pas si je peux vraiment te faire complètement confiance …..

Brigitte : Allons, allons, jusque là, tu n’as pas été défu, non ? (il regarde autour de lui, ouvre l’étui de la guitare)

Jacques Durand : Tiens, mets la main dans la caisse de la guitare et tu verras ! (elle passe sa main sous les cordes) Alors, tu les sens ?

Brigitte : Euh oui, il y a quelque chose, je le fens bien !

Jacques Durand : Alors, tu devines ce que c’est ?

Brigitte : Ben ouais, je crois favoir !

Jacques Durand : (souriant) Tu sais, Il peut y en avoir aussi un peu pour toi !

Brigitte : Je te remercie, mais avec mon diabète f’est pas très judicieux ! Quelle drôle d’idée !

Jacques Durand : Pourquoi tu me parles de diabète ?

Brigitte : (retirant un morceau de sucre) Ben …..

Jacques Durand : (excité) Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? (il contrôle et en ressort d’autres. L’inspecteur revient, il remet vite fait les sucres dans la caisse)

Inspecteur Lapeyre : (ironique) Ah, j’arrive trop tard pour la fin du concert !

Jacques Durand : En fait, je ne peux pas jouer, je me suis fait mal en débloquant le robinet de la douche de Brigitte !

Brigitte : (coquine) Je l’ai pourtant bien maffé mais fa n’a pas fuffit !

Inspecteur Lapeyre : Bien sûr, bien sûr ! (il  va aux toilettes)

Brigitte : Tu peux m’expliquer ?

Jacques Durand : D’accord, mais pas ici ! Quelqu’un m’a fait un coup fourré et j’aimerais bien savoir qui c’est ! (ils sortent vers la terrasse) Voilà ! Ce sera plus discret !

Brigitte : Je t’écoute mon mignon !

Jacques Durand : Tu as entendu parler de l’histoire du vol des bijoux à Vertou ?

Brigitte : Ouais, j’ai appris fa fe matin et alors ? (Jacques Durand ne répond pas) Non, f’est pas vrai…. f’est toi ?

Jacques Durand : Chut ! Moins fort. En fait on était deux, on a tété obligés de se séparer pour semer les flics.

Brigitte : Tu es un braqueur, je fuis tombée sur un braqueur !

Jacques Durand : Désolé, je …..

Brigitte : Comment ça désolé, mais f’est génial, tu es mon premier braqueur ! J’ai connu des politiques, des chefs d’entreprise, même une fois un avocat, fa n’a pas été le meilleur celui-là ! Depuis, quand on me propose des avocats dans le menu, f’est niet, mais du coup, un braqueur, f’est fûr tu es mon premier !

Jacques Durand : Tu connais les risques en fréquentant un braqueur !

Brigitte : Ouais mais une furdose d’adrénaline, ça ne me déplait pas non plus !

Jacques Durand : N’empêche que si je ne retrouve pas tout de suite le butin, mon associé ne va pas être content du tout, je suis dans la merde !

Brigitte : Tu comptes faire comment ?

Jacques Durand : Aucune idée ! Mais c’est forcément quelqu’un d’ici qui a fait le coup, ça ne peut pas être autrement. Alors, si on fait le tour, la femme de ménage, elle est trop cruche pour faire un truc pareil !

Brigitte : fa f’est vrai et la patronne, f’est possible ?

Jacques Durand : Pourquoi pas ? Il reste le mec de la 500 !

Brigitte : Le mec au pantalon trop court ?

Jacques Durand : Oui, celui-là, je le sens pas trop. Un fouineur peut-être, et j’aime pas les fouineurs. Le mec de la 502, je vois pas quand il aurait pu faire ça, ils sont tout le temps en action !

Brigitte : F’est vrai, qu’ils font fort. Mais elle, on ne l’a jamais vue !

Jacques Durand : C’est vrai, mais je pige que dalle, j’ai tout le temps eu l’étui avec moi alors …

Brigitte : Non, désolé il y a un moment tu l’avais laiffé sur la table.

Jacques Durand : Quand ça ?

Brigitte : Et bien quand  j’ai invité mon petit plombier dans ma chambre, il l’avait oublié, il était complètement fous l’emprise de mon charme irrésistible.

Jacques Durand : C’est vrai !

Brigitte : Ouais, et tu m’as abandonnée d’un coup, je fuis même tombée du lit tellement tu t’es précipité. Quand tu es remonté avec la guitare, je me fuis dit « F’est pas vrai, il m’a lourdée pour fa guitare !». Fur le coup, je n’ai pas pigé mais …

Jacques Durand : Mais après, je me suis bien rattrapé, pas vrai ?

Brigitte : Ouais, mon petit braqueur a été parfait ! (Il réagit)

Jacques Durand : En tout cas, je suis toujours dans le pétrin ! (son portable sonne) Oh putain, c’est lui !

Brigitte : Qui, lui ?

Jacques Durand : Gérard, mon associé ! (décontenancé) Qu’est-ce que je lui dis ?

Brigitte : Paffes le moi ! (elle prend le téléphone)

Jacques Durand : Qu’est-ce que tu … ?

Brigitte : Allo ! (silence) Non, f’est Brigitte ! (silence) La meuf de … (en aparté) F’est quoi ton prénom ?

Jacques Durand : Gilles !

Brigitte : Oui Brigitte ! La meuf de Gilou, il ne peut pas répondre il est devant moi au contrôle des bagages à l’aéroport ! (en aparté à l’homme) Il f’énerve déjà ! (silence) Aux Bahamas, pourquoi ? (éloignant le combiné de son oreille, en aparté) Il f’énerve de plus en plus ! (silence) On part dans 20 minutes, pourquoi ? (silence)

Jacques Durand : Il a dit quoi ?

Brigitte : J’ai pas très bien compris, mais je crois que f’était pas très gentil, gentil et il raccroché !

Jacques Durand : Pourquoi tu as fait ça ?

Brigitte : Mais pour qu’il te foute la paix. Elle est pas géniale la Brigitte ?

Jacques Durand : Ok, tu as assuré. Maintenant, il a toujours mon numéro, il n’a pas fini de me harceler ! (Brigitte rend le portable en enlevant  la carte sim) En fait, tu penses vraiment à tout ! Puisque tu es si géniale, dis-moi donc comment je peux me sortir de cette situation !

Brigitte : J’ai ma petite idée ! Une petite idée qui pourrait bien faire réapparaitre les bisoux ! (Jacques lui fait une bise) Bisoux pas bisous !

Jacques Durand : Ok, alors Explique !

Brigitte : Laiffe moi faire et fuis moi ! Je t’offre un fky ! (ils rentrent, appuient sur la sonnette et s’assoient. La patronne arrive)

La patronne : Oui !

Brigitte : Vous pouvez nous fervir un fky et un coca, merci !

La patronne : Ok !

Brigitte : (s’assurant bien que la patronne puisse entendre) J’y penfe, si on n’était pas tombés en panne tous les deux à la station, on fe ferait jamais connus, tu te rends compte ?

Jacques Durand : C’est vrai !

Brigitte : Au fait, tu connais la dernière ?

Jacques Durand : A quel sujet ?

Brigitte : Tu fais, le braquage de la bijouterie de Vertou. (Clin d’œil)

Jacques Durand : Ouais, je suis au courant !

Brigitte : J’ai une copine qui boffe dans la bijouterie !

Jacques Durand : Hein, je …

Brigitte : (clin d’œil) Je l’ai eu au téléphone tout à l’heure. Tu fais ce qu’elle m’a dit ?

Jacques Durand : Non, mais tu vas me le dire ! (la patronne sert les boissons)

Brigitte : Les bisoux qu’étaient dans la vitrine …..(Il lui fait un bisou) Non pas un bisou, les bisoux !

Jacques Durand : Ceux qui ont été volés ?

Brigitte : Oui !

Jacques Durand : Et ?

Brigitte : Et ? Et bien f’était des faux. Depuis quelques temps, en vitrine ils mettent des faux, vu qu’ils fe font fait déjà voler plein de fois !

Jacques Durand : (qui commence à rentrer dans le jeu) C’est pas vrai, alors les braqueurs qui pensent avoir 500000 euros, en fait ils ont que des clopinettes !

Brigitte : Exactement, quels nuls alors !

Jacques Durand : Tu es sûr de ça ?

Brigitte : Ouais, tu veux que j’appelle Carla ?

Jacques Durand : Carla ?

Brigitte : Ma copine de la bijouterie !

Jacques Durand : Non, ça va je te crois ! On remonte ? (ils remontent. Bernadette revient et Roseline Chabelot sort de sa chambre. Bernadette panique)

Roseline Chabelot : S’il vous plait, pourrais-je avoir une bouteille d’eau ?

Bernadette : Oui, je vous l’apporte tout de suite ! (elle se précipite derrière le bar et apporte une bouteille d’eau, surveillant la porte de l’inspecteur)

Roseline Chabelot : Merci, mais c’est pas la peine de s’affoler pour ça, je pouvais attendre !

Bernadette : (scrutant toujours la chambre de l’inspecteur) Vous oui, mais moi pas ! (Roseline Chabelot entre dans sa chambre et referme la porte. Aussitôt, l’inspecteur sort de sa chambre) Inspecteur, vous voulez quoi ?

Inspecteur Lapeyre : Qu’est-ce qui vous arrive encore ? Je veux juste récupérer un plan du département que j’ai vu à l’entrée ! Ça vous pose un problème ?

Bernadette : Du tout ! (elle court chercher le plan et lui apporte très rapidement, scrutant la chambre de Roseline)  Voilà ! Vous n’êtes pas obligé de me remercier ! (il la regarde, souffle un coup et referme la porte) Oh le bol !! (À ce moment, l’alarme incendie retentit, Roseline Chabelot sort de sa chambre)

Roseline Chabelot : Qu’est-ce qui se passe ? (l’inspecteur sort de sa chambre)

Inspecteur Lapeyre : Qu’est-ce qui se passe ? (Roseline Chabelot se retourne)

Roseline Chabelot : (apercevant Inspecteur Lapeyre) L’abruti !

Inspecteur Lapeyre : La grognasse !

Bernadette : La boulette ! (en aparté) Et voilà, c’est la cata ! (Gilles et Brigitte descendent en peignoir)

Jacques Durand : Qu’est-ce qui se passe ? (Johnny descend)

Johnny : Qu’est-ce qui se passe ? C’est grave ? Mon amie est dans son bain, vous voulez que j’aille la chercher !

La patronne : (arrivant) Non, ne vous inquiétez pas, j’ai déclenché l’alarme par erreur en faisant la cuisine, vous pouvez retourner dans vos chambres !

Bernadette : (contente du dénouement) Yes ! (la patronne s’étonne et repart)

Brigitte : Bon, mon braq… mon Gilou, on va peut-être pouvoir terminer fe qu’on a commenfé alors ! (ils montent)

Roseline Chabelot : (à Johnny, désignant l’inspecteur) C’est lui !

Johnny : Qui ça, lui !

Roseline Chabelot : (à voix basse) Mon abruti de gendre ! C’est lui !

Johnny : (remontant,  décontenancé) Ah, oui, d’accord ! (Roseline Chabelot part dans sa chambre)

Bernadette : Oh l’andouille de belle-mère !

Rideau

Fin de l’acte 1

 

 

 

 

 

 

ACTE 2

Scène 1

(Inspecteur Lapeyre, Roseline Chabelot, la patronne, Bernadette, Johnny, Brigitte, Jacques Durand)

 (Même situation que la fin de l’acte 1. L’inspecteur Lapeyre s’apprête à entrer dans sa chambre)

Inspecteur Lapeyre : Je peux savoir ce que vous foutez là ?

Roseline Chabelot : J’allais vous poser la même question. Croyez bien que si je n’étais pas tombé en panne, j’aurais eu l’immense plaisir de ne pas vous avoir devant moi ce soir, mon cher !

Inspecteur Lapeyre : Je peux en dire autant pour ce qui me concerne ! (elle entre dans sa chambre en claquant la porte)

Bernadette : C’est votre belle-mère ? Elle a du caractère ! (il entre dans la chambre en claquant la porte) Ouah ! On va vers une ambiance sud-américaine là ! Et pour l’autre du haut, (dépitée) mais comment je vais gérer moi ? (la patronne revient)

La patronne : Bon, plus de peur que de mal !

Bernadette : C’est vous qui le dites !

La patronne : Ce n’est pas un drame non plus ! (lisant le journal) Tiens, ils parlent du hold-up de Vertou. J’en ai appris une bonne ce matin ! Vous savez quoi ?

Bernadette : J’attends !

La patronne : Les bijoux, vous savez les bijoux d’une valeur de 500000 euros !

Bernadette : (se servant un verre) Oui bon !

La patronne : C’était du toc !

Bernadette : (recrachant son verre) Quoi ?

La patronne : Oui, c’est la pin-up de la 503 qui l’a dit tout-à-l’heure !

Bernadette : Comment elle sait ça, elle ?

La patronne : Elle a une copine qui travaille dans cette bijouterie. Comme ils se sont faits volé pas mal de fois, ils ont mis des copies en vitrine !

Bernadette : Ah les abrutis !

La patronne : Pourquoi des abrutis ? Ils ont bien fait, non !

Bernadette : Euh … oui, bien sûr, je voulais parler des braqueurs !

La patronne : Ah bon ! (elle sort)

Bernadette : (mettant sa main dans la poche, sortant discrètement quelques bijoux) On dirait pourtant des vrais ! (appelant au téléphone) Dédé ! (silence) Tu peux annuler la balade en hélico sur le Grand Canyon ! (silence) Je t’expliquerai ! (elle raccroche. Johnny descend, apparemment ennuyé) Comme vous êtes là, vu votre tronche, vous avez un problème ?

Johnny : C’est peu dire !

Bernadette : Un problème qui ne se trouverait pas par hasard dans les chambres 500 et 501 !

Johnny : Oui, surtout la 500 !

Bernadette : Ça, je confirme !

Johnny : Comment ça, vous connaissez la situation ?

Bernadette : Disons, que je suis un peu psychologue, disons que j’ai des bonnes oreilles mais aussi une bonne vue, vous pouvez consulter si vous voulez !

Johnny : Comment ça ?

Bernadette : (désignant la terrasse) Passez donc à mon bureau. Allez, pour la première consultation, je vous la fais gratos !

Johnny : (pris au dépourvu) Merci, c’est gentil ! (il la suit et s’assoit)

Bernadette : Bon alors, expliquez-moi tout !

Johnny : C’est-à-dire que la femme qui….

Bernadette : la femme qui est avec vous c’est la femme de l’inspecteur qui croit bêtement qu’elle est tranquillement à faire des parties de scrabble chez sa copine Gisèle. Manque de pot, y’a la belle doche qui surgit, qui peut pas saquer son gendre qui ne se doute pas que sa femme est là-haut en train de batifoler avec un charmant jeune homme !

Johnny : Merci pour le charmant jeune homme !

Bernadette : De rien ! Jeune homme qui a tapé dans l’œil de la belle doche qui ferait tout pour éjecter le flic de gendre pour vous mettre à sa place. Par contre, pour l’heure les deux ne doivent pas se douter que vous roucoulez tous les deux dans la 502, même si ça pourrait ne pas déplaire à la belle-doche car le problème, c’est le flic !

Johnny : Oui, car c’est un …..

Bernadette : C’est un violent, on ne sait pas ce qu’il pourrait faire si il le découvrait ! Il est capable de tout ! En tout cas, merci pour toutes vos explications. Alors, vous proposez quoi ?

Johnny : Ben c’est vous la psy !

Bernadette : Oui enfin, psy, psy, je débute mais j’ai comme une petite idée ! (elle sort les bijoux de sa poche, à la grande surprise de l’amant) Vous savez ce que c’est ?

Johnny : Oui, des bijoux, je ne suis pas aveugle non plus !

Bernadette : Vous savez d’où ils viennent ces bijoux ?

Johnny : Vu les infos, ça pourrait venir du cambriolage de la bijouterie !

Bernadette : Exactement !

Johnny : C’est vous qui les avez ….

Bernadette : Je m’appelle Bernadette, je ne suis peut-être pas une sainte mais piquer des bijoux quand-même !

Johnny : Alors, vous les avez trouvés où ?

Bernadette : Dans la guitare du mec de la 504. C’est lui qui a du faire le braquage !

Johnny : D’accord, mais à un moment, il va bien s’en rendre compte !

Bernadette : J’ai fait ce qu’il fallait !

Johnny : Supposons, et après ?

Bernadette : Pour votre problème de cœur, l’idéal serait de vous débarrasser du flic !

Johnny : Euh, oui, mais débarrasser, vous voulez dire ….

Bernadette : Non, on va pas le zigouiller non plus, mais ces bijoux, s’ils finissaient dans la poche du flic et qu’on puisse le découvrir ça  pourrait le disqualifier et il pourrait même finir en cabane !

Johnny : Pourquoi pas, c’est jouable mais comment les mettre dans sa poche ?

Bernadette : Voila mon plan ! Le flic vient souvent avec son ordi dans l’accueil à cause de la wifi. A chaque fois, il pose sa veste sur le fauteuil. Il suffit juste de l’appeler pour une raison ou une autre et pendant qu’il est parti, hop on met les bijoux dans sa poche ! (Pendant que Bernadette et l’amant continuent de discuter, Brigitte et Gilles descendent, veulent aller sur la terrasse mais s’aperçoivent que la place est prise, s’installent donc dans l’accueil)

Jacques Durand : C’est franchement chiant, y’a vraiment qu’ici qu’on a de la connexion. Tu penses que ton plan va marcher ?

Brigitte : Je fuis sûre que l’information est déjà diffusée. Facebook à côté de la Bernadette, f’est de la pacotille ! Tu vas voir que felui ou felle qui a fait le coup va vite f’en débarraffer quand il va l’apprendre. (Regardant la terrasse) Je me demande bien fe qu’ils peuvent fe raconter sur la terraffe ! Bon, j’envoie mon texto et on remonte ! (l’inspecteur sort de sa chambre, la patronne arrive derrière son bar)

La patronne : Ah inspecteur ! Vous désirez quelque chose ? (Jacques Durand et Brigitte réagissent)

Inspecteur Lapeyre : Je veux simplement du sucre pour mon café !

La patronne : Ah bien sûr, pas de problème ! (elle cherche mais ne trouve pas) Ah désolé, encore pas de sucre, ce n’est pas normal que le sucre disparaisse comme ça !

Inspecteur Lapeyre : Comment ça ?

La patronne : Depuis quelques temps, le sucre disparait anormalement !

Inspecteur Lapeyre : Vous voulez dire qu’on vous vole votre sucre ?

La patronne : Je n’irais pas jusque là, mais ce n’est pas normal !

Inspecteur Lapeyre : Vous voulez que j’enquête ?

La patronne : Non, c’est gentil mais je pense que vous avez mieux affaire avec votre vol de bijoux ! (les deux compères se regardent)

Inspecteur Lapeyre : Ne vous inquiétez-pas, ça avance, j’attends des images de vidéo surveillance et après, je pense que ça ira très vite ! (inquiétude de l’homme) Bon, du coup je vais me passer de sucre !

Brigitte : F’est très bien inspecteur ! Le fucre fe n’est pas bon pour la fanté !

Inspecteur Lapeyre : Merci pour le conseil ! (à la patronne) Au fait, je vais demander à toute votre clientèle de ne pas sortir sans mon autorisation !

Jacques Durand : (s’énervant) De quel droit vous …

Inspecteur Lapeyre : (présentant sa carte) Du droit que je suis un inspecteur de police et que j’enquête sur un vol de bijoux.

La patronne : Et de sucre !

Brigitte : (improvisant) Excusez mon ami, il voulait m’emmener au resto fe foir. Mais c’est pas grave mon chéri, on ira demain foir ! (L’inspecteur entre dans sa chambre, la patronne sort)

Jacques Durand : J’y crois pas, c’est le flic qui me courre après !

Brigitte : T’es tranquille puisque tu n’as plus les bijoux !

Jacques Durand : Ouais, allez on monte, l’odeur de flic me rend malade ! (ils montent)

Johnny : Bon, d’accord c’est bien beau tout ça, mais comment faire découvrir aux autres qu’il a les bijoux dans sa poche, on va pas le fouiller !

Bernadette : On trouvera bien un moyen de lui donner sa veste en la prenant à l’envers, on verra bien ! (Apercevant Inspecteur Lapeyre s’installer dans le salon)  Tiens, ça va être le moment !

Johnny : Et comment on va le faire sortir ?

Bernadette : Ah, c’est vrai, il va falloir trouver une idée ! (la patronne entre)

La patronne : Tenez inspecteur, votre pantalon est prêt ! (Bernadette profite de l’occasion, la patronne ressort)

Inspecteur Lapeyre : Ah enfin ! (à Bernadette) Et vous, n’avisez-plus de me servir à boire ! (à la patronne) Je peux laisser ma veste et mon ordi ?

Bernadette : Oui oui, faites donc ! (il part avec son pantalon dans la chambre. Elle fait signe à l’amant de venir rapidement mettre les bijoux dans la poche de l’inspecteur. Bernadette prend un bijou et le met dans un coin du canapé)

Johnny : Pourquoi vous faites ça ?

Bernadette : Cherchez pas et rejoignez vite fait la belle ! (il s’empresse vers l’escalier. Bernadette s’affaire derrière le bar. Le téléphone de l’inspecteur sonne)

Inspecteur Lapeyre : Oui ! (silence) Vous avez réussi à avoir les images de la vidéo surveillance de la station ? (silence) Vous pouvez me les envoyer ? (silence) Merci ! (à Bernadette) La wifi marche bien sur la terrasse ?

Bernadette : Non, désolé ! (elle fait semblant de sortir et surveille par l’entrebâillement de la porte)

Inspecteur Lapeyre : Bon, j’espère que ça va arriver vite ! (après un temps) Ah voilà ! Voyons voir ! (au bout d’en temps) Ah, intéressant tout ça, qu’est-ce qu’elle fout la Bernadette avec son soi-disant beauf ? Elle lui donne quelque chose, c’est quoi ? Voyons voir si je peux zoomer ! Ah je vois, intéressant, intéressant ! (Bernadette se gratte la tête et referme la porte. La patronne revient)

La patronne : Tout va bien inspecteur ?

Inspecteur Lapeyre : Cela irait mieux si je pouvais brancher mon ordinateur dans la chambre. J’aimerais être tranquille.

La patronne : Désolé, l’électricien ne vient que demain matin.

Inspecteur Lapeyre : Vous avez un petit tournevis ?

La patronne : Pardon !

Inspecteur Lapeyre : Je vous demande si vous avez un petit tournevis, je pourrais essayer de réparer la prise.

La patronne : Je devrais avoir çà ! (elle lui donne un tournevis) Tenez ! Mais je pense que c’est un problème général.

Inspecteur Lapeyre : Je vais voir ! (il prend son ordinateur et rentre dans sa chambre.  Aussitôt Bernadette revient)

La patronne : Vous savez Bernadette, plus ça va plus  je trouve l’inspecteur sympathique !

Bernadette : C’est vous qui voyez, mais c’est sûr que moi je ne partirais pas en vacances avec !

La patronne : Je trouve qu’il s’est calmé !

Bernadette : Eh bien s’il s’est calmé, c’est très bien parce que quand il s’énerve, il est capable de tout casser ! Surtout s’il apprenait que sa femme le trompe !

La patronne : Vous savez ça de qui ?

Bernadette : De lui-même et c’est même confirmé par sa belle-mère !

La patronne : Vous connaissez sa belle-mère ?

Bernadette : L’épouvantail de la 501, c’est sa belle-mère !

La patronne : C’est pas vrai ?

Bernadette : Si, et il vaut mieux qu’ils ne se rencontrent pas !

La patronne : Et pourquoi ? Ce n’est pas notre problème.

Bernadette : Et bien le top du top, vous allez rire, la femme du mardi de la 502 ….

La patronne : Oui et bien ?

Bernadette : Vous allez vous bidonner……. c’est la femme de l’inspecteur !

La patronne : Non !

Bernadette : Si !

La patronne : Et vous avez réussi à éviter les rencontres ?

Bernadette : J’avais presque réussi mais quand vous avez mis l’alarme en route, l’inspecteur et sa belle-mère sont sortis en même temps, donc c’était raté !

La patronne : Et la femme de l’inspecteur ?

Bernadette : Du coup, c’est plus facile comme elle ne descend jamais ! (Johnny descend)

Johnny : Ecoutez, le problème d’électricité dans les chambres, il n’y a pas moyen de résoudre ça. Mon amie aimerait bien suivre « Koh-Lanta », ça commence à l’agacer et elle risque de descendre.

La patronne : Désolé, l’électricien ne vient que demain !

Johnny : Vous avez vérifié les fusibles ?

La patronne : Les fusibles, c’est quoi ?

Johnny : C’est une sécurité en cas de surtension. Vous avez bien un coffret électrique ?

Bernadette : (se tournant derrière le bar) C’est peut-être là-dedans ! (elle ouvre)

Johnny : Vous pouvez regarder s’il y a un bouton qui n’est pas remonté ?

Bernadette : Ah oui, effectivement y’en a un qu’est en bas !

Johnny : Remontez-le !  Je vais remonter et vous dire si ça fonctionne ! (Elle s’apprête à remonter le fusible)

La patronne : (affolée) Attendez, l’inspecteur est en train de bricoler les prises !

Bernadette : (A ce moment, on entend un cri venant de la chambre de l’inspecteur) Vous disiez ? (l’inspecteur sort, tremblotant, avec les cheveux droits sur la tête) Oh là ! On dirait Frankenstein ! (Johnny redescend)

Johnny : C’est bon ça ….. (Voyant l’inspecteur) ça marche !

L’inspecteur : Je peux savoir qui a remis l’électricité dans les prises ? On a voulu m’éliminer, c’est ça ?

Bernadette : Si vous bricoliez les prises, moi je n’étais pas au courant !

TABLEAU

 Scène 2

(Johnny,  la patronne,  Inspecteur Lapeyre, Roseline Chabelot, , Bernadette, , Brigitte, Jacques Durand)

 (Roseline Chabelot sort de sa chambre, essayant de trouver le réseau pour son portable)

Roseline Chabelot : Bon sang, le réseau c’est franchement nul ici !

Bernadette : (derrière le bar) Placez-vous au bout du bar, ça marchera mieux ! (Roseline Chabelot exécute)

Roseline Chabelot : Effectivement, merci ! (elle appelle) Bon, j’espère que tu vas me répondre ma chérie ! (elle attend) Ah, Mathilde, ça y est, je t’ai enfin !

Bernadette : (chantant Brel) Mathilde est revenue …. Pardon !

Roseline Chabelot : Mais enfin ma chérie, je t’ai appelée plein de fois, tu ne répondais jamais ! (silence) Oui, d’accord, problème de batterie ! Gisèle va bien ? (silence) Tu lui souhaiteras le bonjour ! (sourire de Bernadette. silence) Bon, tu sais quoi ? (silence) Je voulais aller te voir et je me suis soudainement rappelé que tu n’étais pas là le mardi soir, j’ai alors fait demi-tour, avec un réservoir presque vide, je suis donc arrêté à une station, le gars de la station, très gentil m’a fait le plein, mais après je n’ai pas pu redémarrer. (Silence)  Le gars, toujours aussi sympathique, avec sa fossette et ses dents du bonheur (silence) Je t’expliquerai ! Alors il m’a conseillé l’hôtel d’en face, et donc je dors ici ce soir ! (silence) Mais la meilleure, le comble si je peux dire ! (silence) Tu vas jamais deviner, mon voisin de chambre tu sais qui c’est ? (silence) Ton imbécile de Mari ! (silence) Non, je ne sais pas ce qu’il fait là, surtout dans un hôtel aussi minable ! (silence) Quel hôtel ? Le Georges VI, allo, allo ! (Bernadette commence à s’inquiéter) Franchement pas terrible … allo ! Mathilde ! Allo ! Allo ! Décidément c’est vraiment la zone blanche chez vous !

Bernadette : Tant qu’on n’atteint pas la zone rouge …. (En aparté) C’est la merde, c’est la merde ! (à Roseline Chabelot) Comme vous êtes là, vu votre tronche, vous avez un problème ?

Roseline Chabelot : C’est peu dire !

Bernadette : Un problème qui ne concernerait pas par hasard votre fille et la chambre 500 !

Roseline Chabelot : Comment ça, vous connaissez la situation ?

Bernadette : Disons, que je suis un peu psychologue, disons que j’ai une bonne vue et aussi des bonnes oreilles, vous pouvez consulter si vous voulez !

Roseline Chabelot : Comment ça ?

Bernadette : (désignant la terrasse) Passez donc à mon bureau. Pour la première consultation, je vous la fais gratos !

Roseline Chabelot : (prise au dépourvu) Merci, c’est gentil ! (elle la suit et s’assoit)

Bernadette : Bon alors, expliquez-moi tout !

Roseline Chabelot : C’est-à-dire que ma fille qui….

Bernadette : Votre fille que vous croyez en train de faire un scrabble tranquillement chez sa copine Gisèle ….

Roseline Chabelot : Comment ça je crois .. !

Bernadette : Vous savez quoi, je devrais pas vous le dire …

Roseline Chabelot : Mais tel que je vous connais, vous allez me le dire !

Bernadette : Exactement, c’est vrai ça ne me regarde pas mais votre fille n’est pas chez sa copine Gisèle … !

Roseline Chabelot : Comment vous savez ça vous ?

Bernadette : Disons que j’ai de bons yeux et surtout de bonnes oreilles ?

Roseline Chabelot : Vous l’avez déjà dit, et alors vous voulez en venir où ?

Bernadette : J’ai cru comprendre que vous ne portiez pas votre gendre dans votre cœur et que vous seriez heureuse si elle pouvait trouver quelqu’un d’autre !

Roseline Chabelot : Oui on peut voir ça comme ça !

Bernadette : Eh ben ça y est c’est fait

Roseline Chabelot : Comment ça c’est fait ?

Bernadette : Pourquoi croyez-vous que votre fille vous a raccroché au nez tout à l’heure ?

Roseline Chabelot : Je ne sais pas moi, c’est vous la psy !

Bernadette : La psy, la psy, enfin je débute. Qu’est-ce que vous lui avez dit avant qu’elle ne raccroche ?

Roseline Chabelot : Je ne sais plus moi …. Ah si, que je dormais au Georges VI !

Bernadette : Et bien voilà ….. (Roseline Chabelot commence à comprendre) ça y est, vous comprenez !

Roseline Chabelot : Ma fille est ici ? (Bernadette acquiesce)  Mais avec qui si ce n’est pas indiscret !

Bernadette : Je devrais pas vous le dire, mais entre femmes on peut bien se rendre service, n’est-ce pas ?

Roseline Chabelot : On appelle ça la solidarité féminine, alors !

Bernadette : Vous allez être heureuse, car votre fille est avec, avec, avec ….

Roseline Chabelot : C’est pas vrai, Johnny ?

Bernadette : Eh oui !

Roseline Chabelot : Enfin, depuis le temps que j’attendais ce moment !

Bernadette : Oui, mais le problème, c’est le gendre, s’il apprend ça il est capable de tout casser !

Roseline Chabelot : Je confirme, c’est un con ! Mais du coup, vu la bonne nouvelle, je vais essayer de me calmer sur son compte, cette nouvelle m’a mise de meilleure humeur, merci ma chère !

Bernadette : De rien ! Justement, c’est le moment il vient s’installer ! (L’inspecteur s’installe avec son ordi sur le canapé)

Inspecteur Lapeyre : Bon, est-ce que ça va fonctionner ici ? Quel hôtel de merde ! (il essaie) Ah, c’est bon ! Alors, la balise a arrêté de fonctionner à quel endroit ? Voyons voir, ah c’est ici ! Adresse, 220, rue des infidèles à Jard. Donc, il s’est bien arrêté dans ce bled ! (le téléphone du bar sonne. La patronne entre et décroche)

La patronne : Allo ! (silence) Oui, c’est bien ici ! (silence) Désolé, pour ce soir c’est complet, par contre demain ce sera possible ! (silence) Pas de soucis, je prends note ! (silence) L’adresse : 219, rue des infidèles à Jard ! (L’Inspecteur Lapeyre réagit) Merci et à demain !

Inspecteur Lapeyre : Excusez-moi mais Ici, c’est le 219, rue des infidèles ?

La patronne : Oui et ?

Inspecteur Lapeyre : Le 220, c’est où ?

La patronne : En face, le garage !

Inspecteur Lapeyre : Ok, merci ! Intéressant, très très intéressant ! (Roseline Chabelot rentre dans l’accueil, suivie de Bernadette)

Roseline Chabelot : Bonjour cher gendre, comment allez-vous ? (L’Inspecteur Lapeyre s’étonne) Bernadette, servez donc une bière à mon gendre et vous la mettrez sur ma note !

Inspecteur Lapeyre : Mais je ne veux pas de bière, surtout venant de votre part, et surtout pas servie par votre Bernadette !

Roseline Chabelot : Allons, allons, c’est pour m’excuser de vous avoir traité d’abruti tout à l’heure !

Inspecteur Lapeyre : C’est quoi ce rebond de gentillesse soudain ? C’est louche ! (à la patronne) Bon alors ok pour la bière, vous mettrez la plus chère, merci ! Et c’est vous qui me la servez ! (à Roseline Chabelot) Et je ne m’excuserai pas pour vous avoir traité de grincheuse ! (Bernadette sort. Il se lève et s’adresse à la patronne) Dites-moi, j’aimerais avoir quelques renseignements car il y plein de détails qui me tracassent !

La patronne : C’est-à-dire ?

Inspecteur Lapeyre : Disons que vous voyez ou entendez peut-être des choses qui pourraient m’éclaircir sur certains sujets qui m’interrogent !

La patronne : En fait, vous me prenez pour une indic …

Inspecteur Lapeyre : On peut dire ça …

La patronne : Comme Huggy dans Starsky et Hutch !

Inspecteur Lapeyre : Exactement, vous avez tout compris ! (elle le fixe sans dire un mot). Ah je vois ! (il lui donne un billet)

La patronne : (prenant le billet et continuant à le fixer) Je me laisse assez facilement convaincre ! (il lui redonne un autre billet) Vous m’avez convaincue !

Inspecteur Lapeyre : Bon, maintenant, je vous écoute !

La patronne : Eh bien, je n’ai rien à vous dire car je n’ai encore rien vu et encore rien entendu ….. Ah si !

Inspecteur Lapeyre : Oui !

La patronne : J’ai appris, mais ça vous devez déjà le savoir !

Inspecteur Lapeyre : (pressé) Bon, vous accouchez !

La patronne : J’ai entendu tout à l’heure que les bijoux qui ont été volés à la bijouterie ce sont des faux !

Inspecteur Lapeyre : Qui vous a dit ça ?

La patronne : La pin-up de la 503, enfin elle ne me l’a pas dit personnellement mais je l’ai entendue quand elle l’a dit à son copain le guitariste.

Inspecteur Lapeyre : Ça c’est intéressant ! Et le guitariste, vous en pensez quoi ?

La patronne : Je pense qu’il joue aussi bien de la guitare que moi du violoncelle, si vous voyez ce que je veux dire !

Inspecteur Lapeyre : Je vois ! Et votre employée, celle qui m’a gâché mon pantalon ?

La patronne : Oh ben elle, c’est un phénomène, c’est sûr elle est curieuse, maladroite mais bon …. Ah mais peut-être aussi un peu menteuse !

Inspecteur Lapeyre : C’est-à-dire ?

La patronne : Disons que quand elle nous parle de son beau-frère de la station, j’ai des doutes !

Inspecteur Lapeyre : Des doutes sur quoi ?

La patronne : Je pense que c’est plutôt son mec !

Inspecteur Lapeyre : Vous savez pourquoi elle fait croire à tout le monde que c’est son beau-frère ?

La patronne : Non, allez donc savoir ! Faudrait mieux lui demander !

Inspecteur Lapeyre : Et la femme de la 502 ?

La patronne : Alors là, mystère ! On la voit quand elle arrive, tout juste quand elle repart, elle ne descend jamais !

Inspecteur Lapeyre : Vous ne trouvez pas ça bizarre ?

La patronne : Si mais bon, ça ne nous regarde pas, du moment qu’on me règle la chambre ! Bon, excusez-moi j’ai du travail ! (il se rassoit sur le canapé)

Inspecteur Lapeyre : Bon, si je récapitule, le beauf n’est pas le beauf mais plutôt le petit ami, il y a du sucre qui disparait, quelqu’un veut faire croire que les bijoux sont des faux, la belle-mère tombe en panne à la station, tout comme moi et …

Roseline Chabelot : (derrière le bar) Excusez-moi d’avoir entendu mais les deux de la 503 sont aussi tombés en panne à la station.

Inspecteur Lapeyre : Intéressant, très intéressant ! Alors comme ça tous les clients de l’hôtel tombent en panne dans la même station d’en face, étonnant non ?

La patronne : (ironique) Pour les prochains renseignements, il va falloir penser à la rallonge ! (elle sort)

Inspecteur Lapeyre : Je pense que Sainte Bernadette doit jouer un bon petit rôle dans tout ça ! (il aperçoit un collier sur le canapé) Qu’est-ce que c’est que ça ? Un collier ! (il regarde sur son ordi) Mais c’est un collier du braquage, et pas faux comme quelqu’un voudrait bien nous le faire croire ! (il s’énerve) C’est quoi ce bordel ? (il appelle la patronne en faisant sonner la cloche. La patronne arrive)

Scène 3

(Inspecteur Lapeyre, Roseline Chabelot, la patronne, Bernadette, Johnny, Brigitte, Jacques Durand)

La patronne : Vous voulez d’autres infos ?

Inspecteur Lapeyre : Non, faites moi venir tous les clients à l’accueil, (gueulant) vous avez cinq minutes !

La patronne : Qu’est-ce …. Bon j’y vais ! (elle monte. Bernadette arrive)

Bernadette : Vous voulez quelque chose ?

Inspecteur Lapeyre : Allez me chercher la cliente de la 501 ?

Bernadette : Oh là, on se calme, oui, ben votre belle-mère quoi ! Pourquoi vous allez pas la chercher vous-même, c’est votre belle-mère pas la mienne !

Inspecteur Lapeyre : (insistant) Allez ! (elle va chercher Roseline Chabelot. Johnny descend et suivent l’homme et Brigitte)

Bernadette : On peut savoir ce qui se passe !

Brigitte : Ouais, on peut favoir ce qui se paffe ?

Inspecteur Lapeyre : Il se passe que je ne suis pas content, mais alors pas content du tout car on se fout de ma gueule dans cet hôtel, et il va vous falloir me donner quelques explications !

Johnny : Des explications sur quoi ?

Inspecteur Lapeyre : (montrant le collier) Sur ça ! (clin d’œil de Brigitte à l’homme)

Roseline Chabelot : C’est un collier, c’est tout, pas de quoi en faire …

Inspecteur Lapeyre : Un collier du butin du braquage de la bijouterie ! Ah, c’est bien j’ai retrouvé le collier mais le reste, il est où le reste ? (personne ne répond. Il sort son pistolet et tire vers le plafond)

La patronne : (Quelque chose tombe du plafond) Vous avez abimé mon plafond !

Bernadette : (ironique) Un plafond tout neuf !

Inspecteur Lapeyre : Alors il est où le reste ? (pas de réponse) Bon, videz vos poches ! (chacun vide ses poches en en sortant des objets plus ou moins insolites mais sans résultats) Ok !

Brigitte : Bon, alors on peut remonter ?

Inspecteur Lapeyre : Certainement pas, je vais fouiller les chambres. Ma chère Roseline, vous allez les tenir en joue pendant que je vais faire les chambres ! (il lui donne le pistolet)

Roseline Chabelot : C’est un plaisir que de vous rendre service mon cher ! Ça marche comment ces machins ?

Inspecteur Lapeyre : C’est simple, vous le prenez comme ça, vous mettez l’index sur la gâchette mais sans appuyer dessus ! (elle tire maladroitement et fait tomber le cadre de Georges 5)

La patronne : Vous avez descendu mon pauvre Georges !

Inspecteur Lapeyre : Je vous avais dit de ne pas appuyer !

Roseline Chabelot : C’est sensible ces machins là !

Inspecteur Lapeyre : (à l’amant) Je ne vois pas votre amie, elle n’est pas descendue ?

Johnny : Elle a horreur des coups de feu, alors ça m’étonnerait que ….

Inspecteur Lapeyre : C’est pas mon problème, allez la chercher !

Johnny : (hésitant) Bien, mais je ne vous promets pas … (il s’apprête à monter)

Bernadette : C’est bon, j’y vais, je vais lui expliquer, avec un peu de psychologie, je devrais pouvoir la décider ! (Roseline s’interroge, Bernadette monte)

Inspecteur Lapeyre : Elle, psy ?

Brigitte : Du coup, il va fe paffer quoi ?

Inspecteur Lapeyre : Quand l’amie de monsieur sera descendue, je vais fouiller toutes les chambres et on verra bien ce que je vais pouvoir y trouver !

Jacques Durand : Et si vous ne trouvez rien ?

Inspecteur Lapeyre : Ne vous inquiétez-pas, je vais trouver quelque chose ! (Bernadette revient accompagnée de l’amie de l’amant, portant perruque, lunettes de soleil et masque du covid)

Bernadette : En fait, elle m’a dit qu’elle a chopé le covid, c’est pour ça qu’elle ne voulait pas descendre ! Et comme elle a 40 de fièvre, elle est certainement contagieuse, alors je serais vous je …!

L’inspecteur : Bon, restez loin de moi et videz vos poches ! (elle vide ses poches, sans résultat). Je vais fouiller votre chambre et dès que j’ai fini vous pourrez remonter. Vous avez bien compris ?

Mathilde : (avec une voix enrouée) Oui !

L’inspecteur : Et vous la belle-mère, ne perdez pas de vue sur les suspects !

Roseline Chabelot : (ironique) Bien inspecteur ! (il monte)

Johnny : (à la femme) Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais le covid, si ça se trouve, tu me l’as refilé ! (à ce moment tout le monde s’éloigne de l’amant, sous l’œil amusé de Bernadette)

Roseline Chabelot : (révolver à la main) Hop hop hop, on ne s’éloigne pas !

Brigitte : On va attendre longtemps comme ça ?

Jacques Durand : Tout ça pour du toc !

Roseline Chabelot : Comment ça, du toc ?

Jacques Durand : Ouais d’après que les bijoux volés, c’est du toc !

Bernadette : Faut vraiment être couillon pour se faire avoir aussi bêtement !

Johnny : C’est vrai ça, faut vraiment être couillons !

Roseline Chabelot : Il le sait mon gendre que c’est du toc ?

La patronne : Bien sûr qu’il le sait ! (L’Inspecteur Lapeyre redescend. A la femme) Bon, vous pouvez remonter ! Au fait, je ne vous félicite pas pour votre parfum, ma femme utilise le même, c’est une horreur ce parfum !

Bernadette : (en aparté) Oh là là ! Quelle andouille ! (le téléphone de Lapeyre sonne)

Inspecteur Lapeyre : Oui inspecteur Lapeyre ! (silence)  Ah bon, parfait ! (silence) Vous pouvez me l’envoyer par what’sapp ? (silence) Merci, j’attends ! Ne vous en faites pas, normalement je ne vais pas vous retenir très longtemps ! (il consulte son portable) Ah ça y est, voyons si c’est intéressant ! Ce sont des images de vidéosurveillance de la station service d’en face ! (consultant les images vidéo) Mais c’est parfait tout ça ! Je vais continuer la visite des chambres et je reviens vers vous ! Roseline, garde à vous !

Roseline Chabelot : (faisant le salut militaire) Bien inspecteur ! (il monte)

La patronne : Le voila qui se met à faire de l’humour maintenant !

Roseline Chabelot : ça c’est quand il est sûr de gagner, et c’est pas bon signe ! (il redescend)

Inspecteur Lapeyre : La 502, j’aimerais avoir les clés, merci ! (Brigitte lui lance les clés) Merci !

Roseline Chabelot : Il m’énerve quand il est comme ça !

Jacques Durand : S’il vous énerve, pourquoi vous lui obéissez, vous n’avez qu’à laisser le pistolet et on en parle plus et voilà ! (l’Inspecteur Lapeyre redescend avec la guitare)

Inspecteur Lapeyre : Allez l’artiste, vous pouvez nous jouer un petit  morceau ?

Jacques Durand : Je vous ai déjà dit que j’ai un problème avec …

Inspecteur Lapeyre : Avec votre poignet, je sais ! Mais moi, j’ai tout de même envie de voir ce bel instrument. Vous permettez ? (il ouvre l’étui et sort la guitare) Elle est jolie cette guitare, mais y’a comme un petit bruit qui me dérange quand je la secoue, écoutez-moi ça ! (il secoue la guitare et on entend le bruit) C’est normal ce bruit ? (personne ne répond) Je vais vous dire moi, ce qui fait du bruit dans cette guitare ! (il la renverse sans regarder) Alors, qu’est-ce que vous en dites monsieur le guitariste ? (il ne se rend pas encore compte que des morceaux de sucre sont tombés. Tout le monde se met à rire)

Roseline Chabelot : Franchement Georges Lapeyre, des inspecteurs comme vous y’en a pas deux pareils sur cette terre !

Bernadette : (chantant) Lapeyre, y’en a pas deux !

La patronne : Bernadette !

Bernadette : Patronne, vous vous demandiez où passait tout votre sucre, eh ben ça y est on a la réponse !

Inspecteur Lapeyre : Le sucre ? (regardant sous la guitare) Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Jacques Durand : En fait vous me soupçonniez d’avoir caché des bijoux dans ma guitare ?

Brigitte : Faudrait vraiment être couillon ! (à l’amant) Hein !

Inspecteur Lapeyre : Ça vous arrive souvent de mettre des morceaux de sucre dans votre guitare ?

Jacques Durand : Ben..

Brigitte : (inspirée) Tu ne m’as pas dit tout à l’heure que f’était pour pomper l’humidité, comme f’est du bois et que ….

Jacques Durand : Si c’est pour ça, comme le bois se travaille et qu’il risque de se ….

Inspecteur Lapeyre : Bon, je sens que ça va me gonfler, il faut que je m’aère ! (il s’apprête à aller sur la terrasse.  A Roseline) Quant à vous, vous continuez à les surveiller !

Bernadette : Attendez inspecteur, vous allez prendre froid, prenez votre veste ! (elle prend la veste dans le mauvais sens et fait tomber les bijoux)

Tous : Waouh !

Roseline Chabelot : Ce n’est pas possible, mon gendre, voleur de bijoux, on aura tout vu ! Eh bien ça va être votre fête ! (il s’assoit)

Inspecteur Lapeyre : Qu’est-ce que ça veut dire ? (prenant les bijoux) Ils sont tous là …

Johnny : Oui et avant ils étaient dans votre poche !

Brigitte : On est tous témoins !

Inspecteur Lapeyre : Quelqu’un m’a joué un sale tour et je vais …..

Roseline Chabelot : Et je vais aller en prison, et ma fille va être enfin … (à ce moment, l’homme s’empare du révolver de Roseline Chabelot)

Jacques Durand : Bon, allez c’est fini, on arrête de jouer ! (l’inspecteur ne réagit pas) Il est con ou quoi ! Allez, refile moi les bijoux et on se tire !

Inspecteur Lapeyre : (ignorant les menaces) C’est vrai qu’ils sont beaux les bijoux !

Roseline Chabelot : Bon écoutez Georges !

La patronne : Georges, vous vous appelez Georges ?

Roseline Chabelot : Allez, ne faites pas l’andouille, c’est vrai que je ne vous aime pas beaucoup mais quand-même ! Et puis la veste que vous portez c’est quand-même moi qui vous l’ai offerte au début de votre mariage, ça me gênerait assez d’y faire un trou !

Jacques Durand : (s’énervant) Bon, je vais me servir moi-même ! (il commence à ramasser les bijoux mais l’inspecteur l’en empêche et le maitrise facilement) Voilà, mon vieux, de la guitare tu vas maintenant passer au violon !

Johnny : Je ne comprends pas, il aurait pu vous tirer dessus !

Inspecteur Lapeyre : Pas de risque, je n’avais que deux balles, j’ai tiré la première et (à Roseline Chabelot)  vous la deuxième !

Brigitte : Et moi, je deviens quoi dans tout Fa ?

Inspecteur Lapeyre : Je vais appeler des collègues pour venir vous chercher et …

Jacques Durand : Attendez, elle n’y est pour rien, c’est moi qui ai fait le coup !

Inspecteur Lapeyre : Vous et un complice ! Je sais que ce n’est pas mademoiselle mais nous verrons, en attendant je vais vous attacher ensemble et on va attendre gentiment l’arrivée de mes collègues. (Son portable sonne) Allo, Lapeyre ! (silence) Génial, merci ! (il raccroche) Mes collègues viennent de m’annoncer qu’ils ont arrêté un certain Gérard à l’aéroport de Nantes, il s’apprêtait à embarquer pour les Bahamas !

Brigitte : Quelle andouille !

Inspecteur Lapeyre : Allez, je vous attache !

Jacques Durand : Non, il n’en est pas question !

Brigitte : Fi, moi je veux !

Roseline Chabelot : C’est beau l’amour quand-même ! Vous en pensez quoi Johnny ?

Johnny : Effectivement, c’est beau !

Inspecteur Lapeyre : Avancez ! (Brigitte et l’homme avancent. Simulant le mariage d’un couple, consultant son portable) Monsieur Gilles Berto, eh oui je connais votre nom ! Alors, acceptez-vous de prendre pour complice mademoiselle Brigitte Le Buisson ici présente ?

Jacques Durand : Qu’est-ce que c’est que cette connerie, euh oui !

Inspecteur Lapeyre : Mademoiselle Brigitte Le Buisson, acceptez-vous de prendre pour complice monsieur Gilles Berto, ici présent ?

Brigitte : (excitée) Ouiiiiii !

Inspecteur Lapeyre : Vous êtes désormais unis par les liens …. (Changeant de ton) par le lien des menottes ! Allez, asseyez-vous ! (tout le monde applaudit. Le portable de l’Inspecteur Lapeyre sonne) Oui, ok je vous les amène ! Allez, on y va ! (ils sortent)

Scène 4

(Inspecteur Lapeyre, Roseline Chabelot, la patronne, Bernadette, Johnny, Mathilde)

Bernadette : C’est un sacré rigolo, quand il veut votre gendre ! Il a du faire l’école du rire quand il était jeune !

Roseline Chabelot : Méfiez-vous, ça peut vite changer avec lui, parlez-en à ma fille, vous verrez. Au fait, tout à l’heure quand vous êtes allé la chercher, vous m’avez fait une de ces peurs !

Bernadette : J’ai improvisé et ça a marché. Autrement, ça aurait été la cata ! Je trouve que je gère assez bien la situation.

Roseline Chabelot : Le coup du Covid, bien vu !

Bernadette : C’était pour justifier le masque. Elle n’est pas plus malade que moi ! (l’inspecteur revient)

L’inspecteur Lapeyre : Voilà, voyez-vous,  tout ça m’a mis de meilleure humeur !

Bernadette : C’est parfait !

L’inspecteur Lapeyre : Par contre, (à Bernadette) vous !

Bernadette : Oui, monsieur l’inspecteur !

L’inspecteur Lapeyre : Je pourrais aussi vous embarquer !

La patronne : Voyons Georges !

L’inspecteur Lapeyre : (s’énervant) Inspecteur, merci !

La patronne : D’accord, Georges !

L’inspecteur Lapeyre : J’ai résolu le problème pour le vol de votre sucre !

La patronne : C’est bien Georges !  Et ?

L’inspecteur Lapeyre : La vidéo surveillance, c’est extraordinaire ! (à Bernadette) Vous pourrez dire à votre ami le garagiste que s’il avait été futé, il aurait du couper les caméras.

Bernadette : Ah le couillon !

La patronne : On peut m’expliquer ?

L’inspecteur Lapeyre : Eh bien voilà ! Mademoiselle vous piquait votre sucre pour le donner à son soi-disant beau-frère qui le mettait dans le réservoir de certains clients pour mettre la voiture en panne et ainsi diriger les clients vers votre hôtel.

La patronne : C’est donc pour ça qu’on fait le plein tous les soirs, bravo Bernadette !

Inspecteur Lapeyre : Bravo, bravo ! Comme vous y allez, c’est un délit !

Bernadette : J’avoue, j’avoue tout monsieur l’agent ! (tendant ses mains pour les menottes)

Inspecteur Lapeyre : Allons, allons, vous me prenez pour qui ?  Je ne vais pas vous arrêter !

Bernadette : Ah bon, pourquoi ?

Inspecteur Lapeyre : Vous n’avez pas commis un crime non plus, et puis sans vous, si vous n’aviez pas mis en panne la voiture de ce Gilles Berto, je n’aurais peut-être pas mis la main dessus !

La patronne : C’est vrai ça, vous avez collaboré avec la police ! Bravo Bernadette ! (Johnny descend, Roseline sort de sa chambre)

Johnny : Je pense aller diner maintenant, quelqu’un veut m’accompagner ?

Roseline Chabelot : Pourquoi pas ?

Inspecteur Lapeyre : (à Johnny) Votre amie ne vient pas ?

Johnny : Disons que …

Bernadette : C’est vrai qu’avec le covid, manger avec un masque c’est pas facile !

Inspecteur Lapeyre : C’est vrai, j’avais oublié. Et bien écoutez, je vous accompagne volontiers et vous savez quoi, je vais vous arroser mon succès pour cette enquête.

Roseline Chabelot : Pour une fois que vous payez, je ne vais surtout pas rater ça ! (L’inspecteur et Johnny sortent. En aparté) J’aime pas quand il est comme çà, çà ne me dit rien qui vaille !

Inspecteur Lapeyre : Bon Roseline, tu viens ?

Roseline Chabelot : Voila qu’il me tutoie maintenant ! (à l’inspecteur) J’arrive !

Bernadette et la Patronne : Bonne soirée !

La patronne : Par contre, on sait toujours pas qui a mis les bijoux dans la poche de la veste de Georges !

Bernadette : Georges ?

La patronne : Oui, c’est le prénom de l’inspecteur !

Bernadette : (amusée) Oui, c’est vrai. En fait il s’en fout, il est tellement content d’avoir réussi que le reste l’importe peu.

La patronne : J’ai comme l’impression que vous savez qui c’est !

Bernadette : Ah si vous saviez, et si je vous racontais tout en dinant !

La patronne : Je suis impatiente de tout savoir ! (elles sortent)

(À ce moment, les lumières baissent et une lumière éclaire l’horloge qui avance d’une heure trente. Roseline Chabelot arrive, un peu énervée, cherchant la clé)

Roseline Chabelot : Ah c’est vrai, je n’ai pas de clé. Bon, j’espère que je vais bien dormir après un diner aussi piteux. Quelle calamité ce gendre ! (elle entre dans sa chambre)

(À ce moment, les lumières baissent et la lumière éclaire de nouveau l’horloge qui avance d’une heure. Johnny entre avec l’inspecteur visiblement très éméché)

Inspecteur Lapeyre : Allez Johnny, avant d’aller se pieuter, on va se prendre un petit cognac !

Johnny : Non, inspecteur, ça va aller comme çà !

Inspecteur Lapeyre : Non mon copain, plus d’inspecteur maintenant c’est Georges ! Un petit cognac pis après on se connait plus !

Johnny : Non merci, j’en ai pas envie !

Inspecteur Lapeyre : (chantant la chanson de Johnny) Allez Johnny « Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie » (il appuie sur la sonnette. Bernadette arrive)

Bernadette : Oui qu’est-ce que … Oh la murge !

Inspecteur Lapeyre : Ma p’tite Bernadette, tu peux nous servir deux cognacs pour mon ami et moi ?

Bernadette : Ecoutez inspecteur, je pense que la barrique est déjà pleine et …

Inspecteur Lapeyre : (sortant sa carte) C’est un  ordre ma p’tite Bernadette !

Bernadette : Je vous dis non !

Inspecteur Lapeyre : Allez me chercher la patronne !

Bernadette : Désolé, ça fait un quart d’heure que je la cherche !

Johnny : Désolé, Georges, je monte retrouver …

Inspecteur Lapeyre : Attends mon Johnny, on l’a encore jamais vue ta gonzesse, elle est trop belle c’est ça, t’as peur qu’on te la pique ?

Johnny : (clin d’œil à Bernadette) C’est ça Georges, c’est ça ! Bonne nuit Georges ! (se retournant vers Bernadette) Il est pas encore servi ce cognac ?

Bernadette : (résignée) Bon allez, comme ça après vous allez me foutre la paix ! (elle le sert) C’est la maison qui offre !

Inspecteur Lapeyre : Le cognac, Bernadette, c’est pour avoir la niaque ! (enfilant son verre cul sec) Vous êtes un amour, ma p’tite Bernadette ! Je peux avoir la clé ?

Bernadette : Je ne la vois pas, vous avez du la laisser sur la porte !

Inspecteur Lapeyre : Ah ok ! (il se dirige vers les chambres mais semble un peu perdu) Bernadette !

Bernadette : Oui, inspecteur !

Inspecteur Lapeyre : (ayant du mal à articuler) Ma chambre, c’est bien la 500 ?

Bernadette : (qui a mal entendu) Hein ?

Inspecteur Lapeyre : 501, merci ! (il se dirige vers la 501)

Bernadette : Mais qu’est ce qu’il fait ? (il rentre et ferme la porte. S’adressant au public) Normalement, dans peu de temps, il devrait se passer quelque chose là ! (Quelques instants plus tard, on entend un cri)

Roseline Chabelot : (de la chambre) Qu’est- ce que vous fichez là ? Non, mais ça va pas ! (elle ouvre la porte, pousse l’inspecteur en dehors) Non seulement abruti, vous êtes aussi un pervers, pauvre type ! (elle referme la porte)

Inspecteur Lapeyre : (tenant son pantalon) Bernadette !

Bernadette : Oui inspecteur !

Inspecteur Lapeyre : (Croisant les bras et laissant tomber son pantalon) La patronne avait raison, vous êtes une petite menteuse Bernadette, c’est pas bien. Ma chambre c’est la 500, pas la 501 !

Bernadette : Que ça peut être con, un homme quand ça a bu ! (l’inspecteur remonte son pantalon tant bien que mal. Il entre dans sa chambre et en ressort aussitôt)

La patronne : (rattrapant l’inspecteur) Non, Georges ! Tu reviens ! (elle referme la porte)

Bernadette : C’est pas vrai, Georges sept ! (clamant) Patronne, il va falloir se calmer là, on n’a plus de place pour mettre un nouveau cadre ! Bon si j’allais dormir ! (elle sort)

(À ce moment, les lumières baissent et une lumière éclaire l’horloge qui avance jusqu’à six heures du matin. La patronne sort de la chambre 500, à peine rhabillée et se dirige vers l’arrière du bar. L’horloge avance de nouveau jusqu’à sept heures du matin. Bernadette est derrière le bar, l’inspecteur sort de sa chambre et s’assoit sur le petit canapé, visiblement pas en très grande forme)

Inspecteur Lapeyre : S’il vous plait, pourriez-vous ….

Bernadette : (qui avait anticipé, apporte un verre et fait tomber un efferalgan dans le verre) Voila, monsieur le commissaire ! Les neurones vont bien ce matin ? Vous avez toujours la niaque ? On a un petit déjeuner copieux ce matin, si ça vous intéresse !

Inspecteur Lapeyre : ça va, ça va, et d’abord « Inspecteur » pas commissaire, surtout pas ce matin !! Merci ! (Mathilde,  femme de l’inspecteur descend, toujours avec lunettes noires, perruques et lunettes de soleil)

Mathilde : (surveillant l’inspecteur et masquant sa voix) Je viens régler la chambre ! (Roseline sort de sa chambre, la patronne revient)

Roseline Chabelot : Bonjour ! Pour le petit déjeuner, ça se passe où ?

La patronne : Vous sortez, et première porte à droite !

Roseline Chabelot : Merci ! (parlant fort) Alors comment va mon pervers de gendre ce matin ?

Inspecteur Lapeyre : (se bouchant les oreilles) ça va, ça va !

Roseline Chabelot : Vous vous rendez compte ? Si ma fille était là, mais quel spectacle pour elle !

Inspecteur Lapeyre : (ironique) Ouais, mais votre fille n’est pas là ! Et toc ! (Roseline jette un regard amusé à Mathilde qui répond par un pouce levé)

Roseline Chabelot : Je vais prendre mon petit déjeuner, à ce que je vois, je vais certainement avoir le plaisir de ne pas vous avoir à ma table !

Mathilde : (à Bernadette) En tout cas, merci d’avoir su faire les choses comme il faut !

Bernadette : Pas de soucis, ce fut un plaisir ! C’est vrai que j’ai fait les choses bien comme il faut ! Je m’épate moi-même !

Mathilde : Au revoir Bernadette !

Bernadette : Merci ! Au revoir madame Lapeyre ! (elle se rend compte de son erreur)

L’inspecteur Lapeyre : (avec une énergie soudaine) Vous avez dit quoi ?

Bernadette : (Affolée) Non, rien je voulais dire …. (L’inspecteur s’empresse d’enlever le masque et les lunettes de la femme et se met à crier. Il prend une chaise qu’il s’apprête à casser. A ce moment les acteurs se figent)

Voix off sono : La scène qui suit étant d’une rare violence, nous avons préféré la couper pour ne pas choquer les spectateurs les plus sensibles ! Merci pour votre compréhension ! (Noir et fermeture de rideau)

(Aussitôt un écriteau apparait devant le rideau avec écrit dessus : « Hôtel momentanément indisponible pour travaux de rénovation »)            FIN


Retour en haut
Retour haut de page