Au lever du rideau, tout le monde chuchote, pour créer un peu d'animation. A l'entrée de la salle de réunion, la directrice et la surveillante générale, qui discutent à voix basse, accueillent bientôt deux nouveaux arrivants : Monique et René. (A noter que ce couple, Monique et René, fait un peu “zone”...)
MONIQUE : (entre, en pliant un parapluie) Quel vieux temps pourri !...
RENE : Bon dieu, quelle poisse ! (A la directrice.) Si ça continue comme ça, dans la cour, vous pourrez mettre un panneau, “défense de pêcher” !
MONIQUE : (serrant la main de la directrice) Bonjour madame la directrice. Excusez ma pogne mouillée...
RENE : Bonjour mesdames.
LA DIRECTRICE et Mlle PION : Bonjour !
LA DIRECTRICE : (présentant mademoiselle Pion) Notre surveillante générale : Mad'moiselle Pion.
MONIQUE : (serrant la main de mademoiselle Pion) Bonjour !
RENE : (même jeu) Mad'moiselle. J'ai la main moite, les pieds “poites”, et... j'm'arrêterai là. (Il sourit.)
MONIQUE : (à la directrice) Alors ? quoi de d'neuf, au sujet d'Thierry ?
LA DIRECTRICE : (un peu embarrassée) Ben... à vrai dire... Ça m'ennuie d'avoir à vous dire ça... mais, il n'y a eu aucune amélioration dans son comportement, depuis notre dernière entrevue.
RENE : Il n'a pas fait un effort ?
LA DIRECTRICE : Un effort ?... lui ? non. Mais en mettant son poing sur le nez d'un de ses camarades, jeudi, à la récréation de dix heures, on peut tout de même dire, qu'il a fait un “nez-fort”, cette semaine.
MONIQUE : Aïe !
LA DIRECTRICE : Comme vous dites. Aïe !
RENE : On lui a fait la leçon pourtant.
LA DIRECTRICE : Je n'en doute pas.
RENE : Ah, oui. Cent fois, je lui ai répété qu'il fallait toujours frapper avec le plat d'la main. Pour pas laisser d'trace.
MONIQUE : Le fait d'avoir discuté avec lui, n'a rien donné alors ?
LA DIRECTRICE : Apparemment, ça n'a pas porté ses fruits.
MONIQUE : Pourtant, l'aut' jour, j'ai pris deux bonnes minutes, pour lui parler. J'pensais qu'il avait compris.
LA DIRECTRICE : Deux minutes, c'était peut-être pas suffisant ?...
MONIQUE : Ben, oui. Mais vous savez, quand on travaille...
LA DIRECTRICE : Et oui. Je sais... Enfin, mademoiselle Pion va pouvoir vous en dire plus que moi... (Elle se tourne vers mademoiselle Pion.)
Mlle PION : Ben... il est vrai que comme vient de vous le dire, madame Bismuth, ça ne s'est pas tellement arrangé. Et moi, je dirais même que ça s'est aggravé.
RENE : Qu'est-c'qu'il a fait encore ?
Mlle PION : Et bien, par exemple, pas plus tard qu'hier, le surveillant de la cour, monsieur Piquetoux, l'a surpris en train de fumer, dans les waters.
LA DIRECTRICE : Et oui.
RENE : (prenant Monique à témoin) Encore un truc qu'on lui a répété au moins cent fois ! “Ne fume pas dans les waters ! c'est pas un endroit pour fumer !” Ça peut être dangereux, c'est vrai ! y a bien assez d'place sur la cour, quand même !!
(Mademoiselle Pion et la directrice se regardent étonnées.)
LA DIRECTRICE : Et encore, ça ce n'est rien. Y a trois jours, il a répondu à monsieur Golant. Son professeur de français. Que vous verrez tout à l'heure.
RENE : (se méprenant) Il a répondu ? Ce serait plutôt bien ça, non ?...
Mlle PION : Attendez. Comprenons-nous bien. Il n'a pas répondu à...