Joyeux Anniversaire Juliette !

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Parfois la vie peut sembler monotone, c’est le cas pour Juliette qui s’ennuie. Elle souhaiterait qu’il se passe des choses dans sa vie.
Le jour de son anniversaire va lui réserver bien des surprises, mais là, pour le coup c’est peut être un peu trop !

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                                                          ACTE 1

 

 

SCENE 1

 

(C’est l’après midi, Julien est sur le départ pour voyage d’affaires il rassemble ses bagages, son épouse Juliette est plongée dans sa lecture)

 

JULIEN : - Franchement,  si tu savais comme ça m’emmerde ce déplacement à Londres ! Vraiment ça tombe mal ! La veille de ton anniversaire en plus ! Mais bon, ne t’inquiète pas je serai là à temps pour t’emmener dîner demain soir !

 

JULIETTE : -Hum…

 

JULIEN : -À chaque fois c’est la même chose ! En Angleterre, j’ai l’impression de perdre mon temps ! Ces anglais… ils sont durs en affaires, ils ne lâchent pas le morceau !

 

JULIETTE :- Cette idée aussi de vouloir vendre des tire bouchons à des anglais ! Pourquoi pas des parasols tant  qu’on y est ! A mon humble avis,  tu aurais plus de chance avec des décapsuleurs ou mieux des parapluies !

 

JULIEN :-Oui mais attention ! Ce ne sont pas des tire bouchons ordinaires ! Ce sont des tire bouchons connectés !

 

JULIETTE : -La bonne blague ! C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Tout est connecté de nos jours ! Bientôt même le distributeur de PQ sera connecté ! Un tire bouchon connecté quel intérêt tu peux me dire ? Surtout en Angleterre !

 

JULIEN : -J’ai un patron qui anticipe ! Avec le réchauffement climatique, on cultivera  bientôt des vignes en Angleterre !

 

 

 

JULIETTE : - Voilà autre chose ! Bon admettons, mais  « connecté » pourquoi faire ?

 

JULIEN : - ça calcule le nombre bouteilles que tu débouches!

 

JULIETTE :- ça pourrait en effet être utile à certains !

 

JULIEN : -Tu ne penses pas à moi j’espère !

 

JULIETTE : - Mais non…bien sûr que non…

 

JULIEN : - Le pire dans l’histoire c’est que je sais que je me déplace pour pas grand chose!  En plus, je n’aurai même pas la compensation de profiter de l’occasion pour me faire un  petit resto ! Vu ce qu’ils bouffent, ça ne donne pas envie !

 

JULIETTE : - Tu n’es pas un fin gourmet de toute  façon ! Toi, tu te régales avec une pizza !

 

JULIEN : - Il vaut mieux une bonne pizza qu’un steak bouilli avec des petits pois fluo!

 

JULIETTE :-  Les clichés ! Ils ont aussi des restaurants gastronomiques !

 

JULIEN :- En Angleterre ? Il faut  bien chercher…de toute façon, ce n’est pas prévu dans mon budget ! Pas de regret en ce qui me concerne car « la grande cuisine » c’est un peu comme l’art contemporain, du « foutage » de gueule ! Tu ne reconnais rien dans ton assiette, les portions sont minuscules, la taille d’un confetti ! Au temps pour moi ! Tout n’est pas petit, l’addition elle, est inversement disproportionnée, résultat, tu crèves la dalle et en sortant, tu te précipites sur un hamburger !

 

JULIETTE : - Mais enfin ! On ne va pas dans un restaurant  gastronomique pour se goinfrer ! Se rassasier !mais pour découvrir des saveurs !... Ne te plains pas ! Au moins, toi tu voyages ! Tu te promènes …

 

JULIEN : - Je me promène ? Tu parles d’une promenade !

 

JULIETTE : - Bah oui ! Je t’envie… (Gros soupir)

 

 

JULIEN : -  Qu’est ce qui t’arrive ma Juliette ? Tu ne me ferais pas un petit coup de mou ? Ah je sais…c’est à cause de ton anniversaire ? Tous les ans c’est la même chose !

 

JULIETTE : Tu te rends compte ? Plus d’un demi-siècle !

 

JULIEN : - Evidemment en comptant comme ça !  Je comprends que ça te déprime ! Dis toi plutôt que tu as plusieurs fois 20 ans et tu verras ça ira beaucoup mieux !

 

JULIETTE : - Je m’emmerde Julien !

 

JULIEN : - Merci ! Ça fait plaisir ! Tu t’emmerdes avec moi ? C’est ça que je dois comprendre ?

 

JULIETTE :- Bah oui…je m’emmerde ! Avec toi, sans toi, je m’emmerde tout court ! Il ne se passe rien …dans notre vie…dans la mienne surtout ! Le temps passe de plus en plus vite …

 

JULIEN : - Si le temps passe vite, ça prouve que tu ne t’emmerdes pas !

 

JULIETTE : - Tu ne comprends pas…j’ai l’impression d’être sur un manège qui tourne de plus en plus vite …et ce qui me déprime c’est que ce manège va un jour s’arrêter de tourner…Et là, pas de pompon pour un deuxième tour gratuit.

Je ne verrai plus le jour se lever, le soleil se coucher, la mer, les saisons, je ne sentirai plus le vent et la pluie sur mon visage, le soleil me chauffer la peau, mes yeux ne verront plus les personnes que j’aime.

 

JULIEN : - Oui mais d’un autre côté, si ça peut te consoler tu ne verras plus non plus les personnes que tu détestes !

 

JULIETTE : - Ce qui me désole, c’est que pour l’instant je peux jouir de tout cela et je m’emmerde !

 

JULIEN :- Beaucoup de gens aimeraient être à ta place, crois moi ! Par les temps qui courent c’est un luxe que de s’emmerder ! Je te rappelle que c’est toi qui as voulu prendre ta   pré–retraite !

 

 

 

 

 

 

 

 

JULIETTE :-  Mais il n’y a pas que le boulot dans la vie !

J’ai l’impression que ma vie ressemble de plus en plus à celle de notre voisine du dessus ! Il ne se passe rien ! Les petites courses, le ménage, faire à manger etc.…rien de passionnant !oui décidément…j’ai de plus en plus de points communs avec cette pauvre Mme Chapelle, sauf qu’elle, elle est veuve !

 

JULIEN : -Heureusement pour moi que toi tu ne l’es pas ! Permets-moi de te dire que tu as des jugements un peu rapides.

Qu’est ce que tu connais de la vie de Mme Chapelle ? Elle a peut être une vie plus trépidante que tu ne l’imagines… (Soudain mystérieux) il ne faut pas toujours se fier aux apparences…elle pourrait te surprendre…elle a peut être un amant…

 

JULIETTE :- Pas possible !

 

JULIEN : - Pourtant….

 

JULIETTE :- Quoi ? Tu as remarqué quelque chose ?

 

JULIEN :- Ce que tu peux être curieuse !

 

JULIETTE : - D’abord je ne suis pas curieuse, je m’informe, je m’intéresse aux autres…C’est différent !.... Tu ne dis pas ça par hasard, tu as remarqué quelque chose !

 

JULIEN :- Effectivement… (Il continue à préparer ses affaires)

 

JULIETTE : - Et bien alors ?

 

JULIEN : - Tu aimerais bien savoir hein ?

 

JULIETTE :- Alors ?

 

 

 

 

 

 

JULIEN :-… Un homme plus jeune qu’elle, beaucoup plus jeune lui rend visite assez régulièrement depuis la semaine dernière. Ça ne peut pas être son fils, elle n’a qu’une fille. De plus il essaie d’être le plus discret possible, comme s’il cachait quelque chose…

 

JULIETTE :- Non ? Madame Chapelle ? En fait, sa vie est moins emmerdante que la mienne finalement, merde alors !

 

JULIEN : - Trouve-toi une occupation !

 

JULIETTE :- Tu veux que je prenne un amant ?

 

JULIEN :- Non,  Je n’irais pas jusque là …Il y a d’autres occupations ! Qu’est ce que tu veux que je te dise ? Je ne sais pas…. Fais du tricot !

 

JULIETTE :- Tu en as encore beaucoup des idées comme celle là ? Décidément mon pauvre Julien tu n’as aucune imagination…

 

JULIEN :- Puisque toi tu en as, tu devrais être capable de trouver de quoi t’occuper !

 

JULIETTE :- J’en ai des idées…mais elles ne sont pas réalisables…j’ai envie et besoin de me sentir respirer … vivre…palpiter…

 

JULIEN :- Pour peu qu’on le veuille vraiment, tout est réalisable ! Regarde Madame Chapelle elle continue de s’envoyer en l’air !

 

JULIETTE : -Il doit il y avoir une autre raison en ce qui la concerne !

 

JULIEN : - Pourquoi elle n’aurait pas d’amant ? Tu es jalouse ma parole ?

 

JULIETTE :- Non pas du tout !

 

JULIEN : - En fait je sais d’où vient ton problème ma Juliette,  je crois que tu lis trop ! Ça te monte à la tête !

 

JULIETTE :- Comment  peux-tu me dire une chose pareille ! On ne lit jamais trop mais plutôt pas assez ! Surtout en ce qui te concerne !

 

 

 

 

 

JULIEN : -  En effet, OUI,  excuse-moi, mais moi j’ai autre chose à faire, je bosse encore, et je n’ai pas encore l’age de la retraite!

 

JULIETTE :- Merci ! Ça c’est délicat ! Merci Julien de me rappeler que je suis beaucoup  plus vieille que toi !

 

JULIEN :- Mais je n’ai pas dit ça pour ça ! Ce que tu peux être susceptible ! Si je peux me permettre, c’est vrai que tu lis beaucoup, mais toujours la même chose ! (Il prend les livres posés sur la table et les énumère)   « L’étrangleur de la gare Saint Lazare » ! «  Le boucher du métro! » « Les noces de sang » ! Etc...Etc.….Tes histoires de psychopathes, tu n’en as pas marre ? Entre tes livres, tes séries et tes émissions type « faites entrer l’accusé » (Il regarde son livre) Tiens qu’est ce que  je disais… varie un peu…je ne sais pas moi… lis des livres d’aventures puisque tu en rêves,  de science fiction ou mieux, érotiques …ça pourrait te donner des idées…

 

JULIETTE :- C’est un reproche ?

 

JULIEN :- Non une suggestion !

 

JULIETTE :- Puisqu’on en parle, pourquoi crois tu que je lis ce genre de livre ? Au moins avec eux je connais le grand frisson !

 

JULIEN :- Et avec moi…non ? Attends ? Qu’est ce que je dois comprendre…Tu simules ?

 

JULIETTE :- Certainement pas ! Je ne suis pas une tricheuse, moi quand je m’emmerde ça se voit tout de suite ! Je ne suis pas assez charitable pour faire semblant juste pour te faire plaisir !

Reconnais que tu n’es pas toujours au top !

 

JULIEN :- Attends que je revienne de LONDRES, tu vas voir si je ne suis pas au top !

 

JULIETTE : - Des promesses…toujours des promesses…

 

(Julien parait contrarié)

 

 

 

 

 

JULIETTE :- Mais je plaisante ! Tu n’as plus d’humour ? Ça au moins tes anglais en ont eux ! Alors  tache de rapporter des échantillons ! En tout cas je remarque que depuis une quinzaine de jours tu rentres de plus en plus tard…

 

JULIEN :-  Je bosse ! Attends… tu me soupçonnes d’avoir une maîtresse ? N’importe quoi ! Tu sais très bien que je n’aime pas les complications !

 

JULIETTE : -C’est la seule raison pour laquelle tu n’as pas de maîtresse ? Parce que tu n’aimes pas les complications ! Ce qui laisse sous entendre que si ça n’était pas le cas….

 

JULIEN : - Pense ce que tu veux…Ecoute, Je n’aime pas qu’on se dispute juste avant que je prenne l’avion…imagine qu’il se casse la gueule…

 

JULIETTE :-  Julien ! Ne dis pas des trucs pareils !

 

JULIEN :- Au moins là il se passerait un évènement dans ta vie ! Tu te sentirais bien vivante contrairement à moi et en plus tu toucherais du pognon !

 

 

JULIETTE :- Changeons de conversation, ça porte malheur. Il est à quelle heure ton avion ?

 

JULIEN : - A 16 H  45 ! Il ne faut pas que je traîne.

 

JULIETTE : - Sois vigilant ! Si tu remarques le moindre bagage ou comportement suspect préviens la police,  mais attention, fais le discrètement…. il vaut mieux la prévenir pour rien que de se dire après coup « si j’avais su » !

 

JULIEN :- Parce que tu penses que si mon avion explose, j’aurais encore le loisir de me poser la question « si j’avais su » !

 

JULIETTE :- T’as raison ! C’est con ce que je viens de dire…mais fais gaffe quand même…

 

 

 

 

 

JULIEN : - Tu tiens un peu à moi finalement !

 

JULIETTE :- Beaucoup même ! T’es chiant mais c’est vrai …je t’aime !

 

JULIEN : -Allez ! Bisous ma Juliette !

 

JULIETTE :- Attends je t’accompagne à l’ascenseur…On va s’embrasser du 12ème  jusqu’au rez de chaussée…

 

JULIEN : - Super ton idée ! Tu vois quand tu veux !

Ils sortent)

 

(à la fenêtre)

JULIETTE :- Pense à ce que je t’ai dit, sois vigilant !

 

SCENE 2

 

(Elle revient, elle se sert une tasse de thé et s’installe avec son livre, elle est plongée dans sa lecture quand entre sa fille Emma en catimini, elle se place derrière elle et lui crie dans les oreilles)

 

EMMA :- Bonjour Maman !

 

JULIETTE : - (en sursautant) Tu veux ma mort ? Tu m’as fais peur !

 

EMMA :- Tu devrais être contente ! Tu adores avoir peur ! Entre tes bouquins et tes séries…

 

JULIETTE :- Tu ne vas pas t’y mettre  aussi ! Ton père m’a servi le même refrain tout à l’heure.

 

EMMA :- Il n’est pas là ?

 

JULIETTE :- Non, tu ne l’as pas croisé ? Il vient de partir pour Londres. Il va essayer de fourguer sa camelote, ce n’est pas gagné. Je te sers une tasse de thé ?

 

EMMA :-Volontiers.

 

JULIETTE :- Qu’est ce qui t’amène ? Tu te promenais dans le quartier ?

 

EMMA :- Maman… J’ai une grande nouvelle à t’annoncer !

 

JULIETTE :- (aux anges, elle la serre dans ses bras) Enfin ! Ce que je suis contente ! C’est génial ! C’est pour quand ?

 

 

EMMA : - Pour dans quinze jours !

 

JULIETTE :-  (observant le ventre plat d’EMMA) Ce n’est pas possible !

 

 

EMMA :- (regardant son ventre à son tour réalise la méprise) Mais non Maman ! Tu n’y es pas du tout ! Ce n’est pas du tout ça ! Et ce n’est pas prêt d’arriver ! Je n’ai plus de mec !

 

JULIETTE : - Ah bon ! Tu n’es plus avec Benjamin ? Je m’y attendais … dommage…je l’aimais bien moi celui là…

 

EMMA :-  De toute façon ça ne pouvait pas marcher…

 

JULIETTE : - ça je l’ai toujours pensé ! Vous êtes bien trop différents !

 

EMMA : - En fait Maman… le problème n’est pas là…c’est plus complexe …je crois que je suis lesbienne !

 

JULIETTE : Pardon ?

 

EMMA : Ne m’oblige pas à le répéter, c’est déjà assez difficile à dire et tu as très bien entendu.

 

 

JULIETTE :- Pour une fois qu’il se passe quelque chose d’un peu surprenant dans ma vie ! Ma fille  m’annonce comme ça de but en blanc au fait maman « je suis lesbienne » Super ! En fait ce n’est pas si grave, mais du coup je ne suis pas prête d’être grand-mère ! C’est ça la grande nouvelle ?

 

 

EMMA : - Non, ce n’est pas tout… j’ai envie de changer de vie…revenir à l’essentiel…me tourner vers le  spirituel …

 

 

 

JULIETTE : - ET ?

 

EMMA : -  Devenir bonne sœur !

 

JULIETTE : - Quoi ?

 

EMMA : - Tu vas tout me faire répéter deux fois ? Tu as très bien entendu ! C’est juste pour quelque temps, je te rassure, trois mois exactement.

 

JULIETTE :- Je me disais aussi…

 

EMMA :- Je pars dans un couvent dans la creuse au milieu de nulle part.

 

JULIETTE :-  Quelle drôle d’idée…vu tes nouveaux goûts je t’imaginais plutôt aller en Grèce, à Lesbos ! Ah j’ai compris, c’est pour être  entre filles … C’est tout ce que tu as trouvé pour laisser libre cour à tes nouvelles attirances sexuelles ?

 

EMMA :- C’est vrai, on peut joindre l’agréable à l’utile. Mais ce qui me motive avant tout c’est l’envie de me couper du monde, pour un temps…être moi-même, méditer ...Fini, le portable, les réseaux sociaux, la télé…tout ce qui nous parasite l’existence.

 

JULIETTE :-  Autant rester ici ! Tu peux très bien te passer de tout ça sans pour autant aller te cloîtrer ! Un peu de volonté suffit !

 

(Le téléphone d’EMMA sonne texto et elle répond texto)

 

 

JULIETTE : - bah ! Ce n’est pas gagné !

 

EMMA :-  C’est  Benjamin, il me harcèle depuis que je l’ai quitté ! M’isoler pendant trois mois, va l’aider à m’oublier !

 

 

JULIETTE :- Mais Emma, tu es sûre que tu peux imposer ta présence comme ça chez les nonnes ?

 

EMMA : - Oui, c’est réglé, elles font chambres d’hôtes en quelque sorte, tu paies ta chambre et les repas.

 

 

 

 

JULIETTE : - ah oui ? Mais comment vas-tu occuper tes journées ? Pas dans la prière j’imagine ?

 

 

EMMA : -  Non, je vais bosser ! Je vais faire de la confiture, de la vannerie, du jardinage…Toutes sortes de travaux…

 

 

JULIETTE : - Pas connes les nonnes, elles font payer  le gîte et le couvert et en plus elles te font bosser, gagnantes sur toute la ligne.

 

EMMA :- Tu ne peux pas comprendre…c’est un concept.

 

JULIETTE :-  On peut dire ça comme ça …un « concept » ! Moi j’appellerais ça plutôt un piège à con !

 

EMMA : -Tu ne peux pas comprendre…

 

JULIETTE : -  Non, en effet, je ne comprends pas qu’on aille s’enterrée vivante dans un trou perdu,  et qu’on paie pour ça !…Moi j’ai envie de mouvement, de bruit, d’aventures, d’émotions fortes ! Au fait mais j’y pense,  pas de téléphone, on ne pourra même pas te joindre alors ?

 

EMMA :- NON !... (Juliette reste songeuse) Ne sois pas triste… tu déprimes ?

 

JULIETTE :- Ton père est toujours par monts et par vaux pour son travail, quand il rentre il n’a pas envie de reprendre l’avion pour le plaisir, alors moi je reste là en stand by ! Je m’ennuie les journées sont longues…

 

EMMA : - Trouve toi une occupation, je ne sais pas…prends des cours de cuisine !

 

JULIETTE :- C’est un message ? Je ne sais pas cuisiner ? Tu es bien la fille de ton père ! Lui me propose entre autres choses le tricot pour remplir mes journées !  Mais moi j’ai besoin de me sentir respirer ! Palpiter ! Vivre !

 

EMMA :- Qui t’en empêche ?

 

 

 

JULIETTE :- Hum… (Changeant de conversation) dis moi,… c’est vrai ? Tu aimes les filles ?

 

EMMA :- Je crois…j’aime regarder les filles qui marchent sur la plage…

 

JULIETTE :-  A Paris ? Ça ne doit pas t’arriver tous les jours ! Je ne le crois pas une seconde !

 

EMMA :- Tu verras bien un jour ! Quand je te présenterai ma copine ! Quand j’en aurais une !

 

JULIETTE :- C’est ça on en reparlera quand tu reviendras  de ton séjour chez les nonnes. Ton père évidemment va trouver ça génial ! Je pense à  ton départ, pour ce qui concerne tes choix amoureux, je ne sais pas…Il va falloir que tu préviennes  ton grand père…pour ce qui concerne ton besoin de spiritualité, il pourrait s’inquiéter de ne pas avoir de tes nouvelles pendant trois mois… pour le reste, à plus de 80 ans, il vaut mieux le ménager, il n’est pas nécessaire de le mettre au courant !

 

EMMA : - (Pleine de sous entendus) Ne t’inquiète pas pour Grand Père ! Il va bien…très bien même…je dirais même qu’il a la santé le Grand Père !

 

JULIETTE :- Qu’est ce que tu essaies de me dire ?

 

EMMA :- Tu veux vraiment le savoir ? Je crois que ce n’est pas une bonne idée, ça ne va pas te plaire…

 

JULIETTE : -Arrête de tourner autour du pot, tu meurs d’envie de me le dire !

 

EMMA :- Bon  après tout tu l’auras voulu ! Figure toi qu’hier après midi, j’ai vu grand-père  « au voltigeur »  tu sais le bar en face de la gare.

 

JULIETTE : -Oui je vois très bien et alors ? Il était « torché » ?

 

EMMA : -Non pas du tout… il était en charmante compagnie…

 

 

 

 

 

 

JULIETTE : -J’aime mieux ça …écoute ça fait maintenant 20 ans que ton grand père est divorcé ! Je me doute bien qu’il n’a pas vécu comme un moine pendant tout ce temps !

 

 

EMMA : -Oui mais là, c’est différent…la jeune femme est vraiment jeune… très jeune …une vingtaine d’année tout au plus… ils étaient assis face à face, ils se  regardaient dans les yeux … il lui tenait la main…

 

 

JULIETTE :- Ce n’est pas possible ! C’est dégueulasse !

 

EMMA : -Tu te rends compte qu’elle est plus jeune que moi qui suis sa petite fille !

 

JULIETTE : - Mais ça ce n’est pas possible ! Je vais l’appeler, je veux en avoir le cœur net… (Elle prend son portable et appelle son père) Papa ? Tu as une drôle de voix, tu as l’air essoufflé …tu es couché ? À cette heure là ? (Regard inquiet vers EMMA) avec qui ?... Avec la grippe ! (soudain détendue) Tant mieux ! ….Non, non … Je veux dire, c’est bien que tu puisses te reposer… En fait, je t’appelle parce qu’Emma  me dit qu’elle t’a vu hier « au voltigeur »  en charmante compagnie… (Juliette semble très surprise parce qu’elle entend)  ma petite sœur ? 20 ans ? Et c’est maintenant que tu me le dis ? Pour le faire part c’est un peu tard…ce serait même plutôt ridicule ! J’imagine le faire part ! Elle mesure 1.65 m, elle pèse  55 kilos, elle se porte bien ! …..Quoi ? …elle mesure 1 .80 m. c’est une grande petite sœur alors ! Tu ignorais son existance? …...elle attend un bébé ! Tu apprends en même temps que tu es père et sera grand père pour la deuxième fois ! (Énervée) super… en l’espace d’une minute j’apprends que j’ai une sœur et que je vais devenir tante !....ah ! Elle  est déjà repartie dans son pays ? Suède ? Elle voulait juste te connaître …voilà qui est fait !

Bon…écoute…on reparlera de tout ça plus tard ! Je te laisse, soigne toi bien ! Bisous.

 

EMMA : - En voila une bonne nouvelle ! Maman tu as une petite sœur !

 

JULIETTE :- Je t’en prie n’emploie pas ce terme de « petite sœur » c’est ridicule ! Elle mesure 1.80 m !

 

EMMA : - J’ai trop hâte de faire connaissance avec ma Tatie !

 

 

JULIETTE :- « ma Tatie » non mais tu t’entends, elle est plus jeune que toi ! De plus, non pas parce qu’elle est suédoise mais  pour moi c’est une parfaite étrangère  et je pense qu’elle le restera !

 

EMMA : -Quand est ce qu’on fait sa connaissance ?

 

JULIETTE : - Tu ne comprends rien ! Jamais en ce qui me concerne !

 

EMMA : -Ma parole, tu es jalouse !

 

 

JULIETTE : -N’importe quoi !

 

EMMA : -Oui tu es jalouse, tu n’es plus la fille unique de ton papa !

 

JULIETTE : -T’en as d’autres comme ça à me sortir ? Tu n’as pas des bagages à préparer ?

 

EMMA : -Dis moi de m’en aller, on gagnera du temps

 

JULIETTE :- Moi qui me plaignais tout à l’heure à ton père qu’il ne se passait rien dans ma vie, là je dois dire que je suis servie ! Je découvre que ma fille est lesbienne, elle part chez les nonnes, j’apprends que j’ai une sœur suédoise de 20 ans ! J’ai du déclancher quelque chose !

 

EMMA : -Estime-toi heureuse, ce ne sont que des bonnes nouvelles !

 

JULIETTE : - ça dépend pour qui ? Dis ? Tu ne veux pas passer la soirée avec moi ?

 

EMMA : - Non j’ai encore plein de choses à régler avant mon départ !  Bisous maman, je te laisse… à tes occupations multiples et variées. Ah au fait si tu ne sais pas quoi faire tu peux toujours tricoter de la layette !

 

JULIETTE : Arrête ton ironie tu veux.

 

 

NOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 2

 

 

 

                                            

SCENE 1

 

 

                    C’est le soir, Juliette est recroquevillée dans le canapé, on entend le générique de fin de l’émission « Faites entrer l’accusé ». Elle semble sur ses gardes, regarde autour d’elle, va vérifier que la porte est bien fermée, prend son téléphone et appelle son amie.

 

JULIETTE : - Oh !  Excuse-moi je te réveille ? Oui je sais Valérie,  il est tard…en fait pas si tard que ça, il n’est que  minuit …Oui…Oui … mais il fallait que je parle absolument à quelqu’un…Non rien de grave…j’avais besoin de parler pour me détendre, je viens de regarder « faites entrer l’accusé » ça me fait flipper cette émission…en plus je suis seule,  Julien est parti en déplacement et ne revient que demain soir…en fait aujourd’hui puisqu’il est minuit ! Oui …juste le jour de mon anniversaire ! Merci,  mais je n’aime pas les anniversaires…je n’aime pas les surprises…en fait  il n’y a jamais de surprise ! Avec Julien c’est dîner à la pizzeria et un bouquet de Roses, une rose par année, ça commence à  lui coûter cher ! Bref, il n’a aucune imagination ! Heureusement il a d’autres qualités … Mais bon passons, ça me fait du bien de te parler, je commence à me détendre ! Oui… je sais…j’aurais du regarder autre chose mais j’étais accrochée…Tous ces criminels qui s’ignorent ça fout les jetons, mais j’aime bien ! Tu vas rire ! J’ai vérifié je ne sais plus combien de fois que la porte était bien fermée ! (Très décontractée) Bon,  la fenêtre du balcon, pas la peine, au douzième étage ! A moins d’avoir affaire à Spider man, pas d’inquiétude à avoir (Apparaît derrière elle un homme en caleçon)  -  C’est vrai, tu as raison, je suis ridicule, qu’est ce qui pourrait m’arriver dans mon petit nid douillet ?

 

(L’inconnu  tousse pour informer de sa présence)

 

 L’INCONNU : - Excusez- moi …

 

 

(Juliette pousse un cri, se lève d’un seul coup, pose le téléphone sur le canapé et l’inconnu se rapproche d’elle de manière inquiétante)

 

JULIETTE : - Ne me faites pas de mal…Je vais crier… (Petit cri) qu’est ce qui m’arrive, je n’arrive plus à crier…qu’est ce que vous faites là ?

 

 

L’INCONNU : - (il parle de façon inquiétante) Patience, vous le saurez bientôt …N’ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal…

 

(Juliette a saisi un petit guéridon et s’en sert comme d’un bouclier)

 

JULIETTE : - Oui c’est toujours ce que vous dites vous les psychopathes !  Je vous connais !

 

L’INCONNU : (il lui arrache des mains son  « bouclier ») ah ? Parce que vous connaissez des psychopathes ? C’est moi qui devrais avoir peur dans ce cas ! C’est vrai ? (entre temps elle s’est emparée d’une tapette télescopique à moustiques pour se défendre) Je vous fais peur … ça m’excite… (Il s’approche d’elle de plus en plus près, elle s’éloigne de lui))

 

JULIETTE : - Mais qui êtes vous ? Comment êtes vous entré ?

 

L’INCONNU : -  Je suis passé par le balcon, je viens de chez votre voisine du dessus,  Bernadette Chapelle.

 

JULIETTE : -  Je ne comprends pas…

 

L’INCONNU : -  Je me suis retrouvé sur son balcon … en fait elle m’a enfermé dehors !

 

JULIETTE : -  Enfermé dehors ?  En caleçon ?

 

L’INCONNU :- Oui…c’est une longue histoire…

 

JULIETTE : - Je vous écoute ! (elle « rengaine » sa tapette télescopique)

 

L’INCONNU : - Vous n’auriez pas un peignoir à  me prêter… j’ai un peu froid…et c’est un peu gênant…

 

JULIETTE : -  Je ne vous le fais pas dire ! Je vais vous chercher ça.

 

 

 

 

 

SCENE 2

 

(Pendant ce temps, l’Inconnu prend le téléphone portable le cache sous le canapé, coupe les fils du téléphone. Elle revient avec un peignoir à elle et  lui donne il est ridiculement trop petit pour lui)

 

L’INCONNU : -(il fait la grimace)  Merci …

 

JULIETTE : - c’est tout ce que j’ai à vous proposer, mon mari s’est absenté et a emporté son peignoir !

 

L’INCONNU : - C’est mieux que rien ! Vous êtes seule donc….tant mieux…

 

JULIETTE : - Comment ça tant mieux ?

 

L’INCONNU : -Je disais ça comme ça… façon de parler…

 

JULIETTE : -Bon alors…je suis toute ouie …la suite de votre histoire !

 

L’INCONNU : - C’est assez gênant… Voilà…Je vends mes services à Bernadette Chapelle…

 

JULIETTE : -  Vos services ? Vous êtes plombier ?  Bricoleur en tout genre ? Je ne vois pas ce qu’il y a de gênant ?

 

L’INCONNU : - « Bricoleur » c’est pas vraiment le mot qui convient…

 

JULIETTE : - C’est quoi le mot qui convient ?

 

 

L’INCONNU : - Je suis en quelque sorte ce qu’on appelle un  gigolo …

 

JULIETTE : - Un gigolo ? Madame Chapelle se paie un gigolo ? Ce n’est pas possible… arrêtez votre baratin ! Madame Chapelle a perdu son mari l’année dernière…je ne l’imagine pas une seconde avoir des besoins de cette nature…et de faire de son mari un cocu posthume !

 

 

L’INCONNU : - Qu’est ce que vous en savez des besoins de Bernadette ?

 

JULIETTE : - ah ? Parce que vous l’appelez « Bernadette » ?

 

L’INCONNU : - Bah oui, on est assez intimes pour ça…

 

JULIETTE : - Je n’arrive pas à y croire ! Madame Chapelle se paie un gigolo ! Ce n’est pas possible, je l’ai encore croisée hier soir dans l’ascenseur avec son petit panier,  sa baguette, sa petite botte de poireaux, elle n’avait pas du tout l’air de quelqu’un qui a l’intention de s’envoyer en l’air ! Juste l’envie de se faire une bonne soupe et au lit !

 

L’INCONNU : - Il ne faut pas se fier aux apparences…Sans trahir le secret professionnel…

 

JULIETTE : (le coupant) Parce que vous avez une déontologie dans votre métier ?

 

L’INCONNU : -  Bien  entendu…on est professionnel qu’est ce que vous croyez!

 

JULIETTE : - Bon… continuez «  sans trahir le secret professionnel » !

 

L’INCONNU : - Bah voilà, Bernadette a des demandes un peu spéciales.

 

JULIETTE : - NON ?  (Très intéressée) Madame Chapelle ?  Des demandes spéciales ?

Je ne le crois pas ! (De plus en plus intéressée) Et c’est quoi ces demandes spéciales ?

 

L’INCONNU : - ça vous intéresse hein, les fantasmes de Bernadette !

 

 

JULIETTE : - Ecoutez …Vous avez atterri en caleçon à minuit dans mon salon, on n’est pas le 25 décembre ! Vous n’êtes pas le Père Noël alors il me parait normal d’avoir un minimum d’explications !

 

 

 

 

L’INCONNU : - Patience…je vais tout vous raconter…Comme vous le savez Bernadette a perdu son mari l’année dernière et l’absence est très difficile à supporter  pour elle au quotidien…Alors elle m’a demandé de « remplacer » son mari  quelques heures par semaine.

 

JULIETTE : - Remplacer son mari ? À quel niveau ?

 

L’INCONNU : - Ne soyez pas impatiente ! Quand je dis remplacer, je devrais plutôt dire jouer le rôle de son mari…Elle me fournit le costume, je dois en effet mettre ses vêtements adopter ses manies, ses tics… faire revivre Raoul d’une certaine façon.

 

JULIETTE : - Oui c’est vrai il s’appelait Raoul ! Mais vous ne lui ressemblez pas du tout !

 

L’INCONNU : -  Effectivement,  mais c’est là qu’intervient la difficulté de mon travail, faire croire au personnage malgré tout ! Je dois partager  les repas avec elle, la complimenter sur sa cuisine, commenter les émissions de télé et surtout me faire engueuler sans broncher, car je crois que ce qui lui manque le plus à la Bernadette, c’est d’engueuler son bonhomme !

 

JULIETTE : - C’est bien payé ce boulot ?

 

L’INCONNU : - Tout dépend de la prestation…Bien sûr le tarif est plus cher lorsque je dois donner de ma personne si j’ose dire…

 

JULIETTE : - Et avec Bernadette  Chapelle? Où s’arrête le rôle du mari ? Vous « donnez de votre personne » ?

 

L’INCONNU : - Non avec Bernadette, c’est le petit tarif, demande « spéciale » mais assez simple au fond ! Je suis catholique, mais je ne suis jamais entré dans la Chapelle !

 

JULIETTE : -  C’est élégant ! Très classe vraiment !

 

 

L’INCONNU : - Je dois reconnaître que ce n’est pas du meilleur goût, mais c’était tentant.

 

 

JULIETTE : -Vous ne m’avez toujours pas dit le prix !

 

L’INCONNU : - Vous êtes intéressée ?  La petite où la grande prestation ?

 

JULIETTE : - « La grande prestation » vous n’êtes pas un peu prétentieux ? Non je ne suis pas intéressée, simple curiosité.

 

L’INCONNU : - Pour Bernadette, c’est 15 euros de l’heure.

 

JULIETTE : - ah oui ! Quand même ! Et la « grande prestation » ?

 

L’INCONNU : -  Quelle importance ? Vous n’êtes pas intéressée !

 

JULIETTE : - En tout cas tout cela ne m’explique pas comment vous vous êtes  retrouvé en caleçon sur son balcon … (moqueuse) vous avez raté votre prestation ?

 

L’INCONNU : - Je vais vous dire, elle n’est pas commode la Bernadette, si le paradis existe je crois que Raoul doit y être, et il se l’est bien gagné son Paradis…

 

JULIETTE : -  Et ? La suite ?

 

L’INCONNU : - Elle a pété un câble parce que je n’ai pas voulu manger de sa soupe aux poireaux ! J’ai horreur de ça !

 

JULIETTE : -  Vous auriez pu faire un effort, un grand professionnel comme vous !

 

L’INCONNU : - Elle était dans tous  ses états, « Mon Raoul adorait ma soupe ! Il en reprenait deux fois ! Etc...Etc. »… Elle m’a demandé d’enlever les vêtements de Raoul, me disant que j’en étais pas digne, et quand je me suis retrouvé en caleçon elle m’a poussé sur le balcon, a fermé la fenêtre et tirer le rideau ! C’est sûr le Raoul, il ne devait pas rigoler tous les jours !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SCENE  3

(On frappe à la porte)

 

L’INCONNU : - Vous avez de la visite à cette heure ci ?

 

JULIETTE : - Pourquoi pas ? Vous êtes bien là vous ? Bon allez vous cacher à côté je ne voudrais pas qu’on s’imagine que je reçois mon amant quand mon mari part en voyage d’affaires…

 

 

L’INCONNU :- Ou se paie un gigolo !

 

(L’inconnu passe dans la pièce à côté)

 

JULIETTE :- Qui est ce ?

 

BERNADETTE : (paniquée)- C’est votre voisine du dessus, Mme Chapelle !

 

(Juliette ouvre la porte, apparaît Bernadette dans tous ses états)

 

 

BERNADETTE : -  Excusez- moi de venir vous déranger à une heure pareille, mais c’est très grave… (On entend un bruit de sirène de pompier) J’en étais sûre ! J’en étais sûre ! Tout est de ma faute !

 

JULIETTE : - Que se passe-t-il Madame Chapelle ?

 

 

BERNADETTE : - Regardez par la fenêtre !

 

(Juliette se précipite à la fenêtre)

 

JULIETTE : - Il y a un homme étendu à terre, les pompiers s’occupent de lui, il a du se faire renverser par une voiture !

 

BERNADETTE : - Non ! Il est tombé de mon balcon !

 

JULIETTE : -  (amusée) Vous pouvez reprendre calmement, j’aimerais entendre « votre » version.

 

 

BERNADETTE : - « Ma » version ? Parce qu’il y en a plusieurs ?

 

JULIETTE : - heu…Non pas que je sache, c’est une façon de parler…

 

BERNADETTE : - Voilà, j’ai répondu à une petite annonce…un homme offrait ses services en tout genre… Vous savez ce que c’est quand il n’y a plus d’homme à la maison…bah non c’est vrai vous ne savez pas ce que c’est … (Gênée) C’est la  cinquième fois qu’il vient, enfin qu’il venait… (Sanglot) J’avais des ampoules à changer…

 

JULIETTE : - Il n’a pas coupé l’électricité et il est mort électrocuté ?

 

BERNADETTE : -  Non ! Je vous ai dit qu’il est tombé de mon balcon !

Pendant qu’il était occupé à changer les ampoules, je lisais mon journal,

Et là j’ai eu un choc… il y avait sa photo à la rubrique des faits divers…je l’ai reconnu,  il est suspect  et recherché dans une affaire criminelle…une pauvre vieille qu’on a retrouvée chez elle étranglée !

 

(Juliette s’assoit sur le canapé au bord du malaise)

 

 

JULIETTE : - Mais vous êtes sûre que c’est lui Madame Chapelle?

 

BERNADETTE : -! Je suis certaine que c’est lui ! J’ai alors eu l’idée de l’endormir, je lui ai proposé  une assiette de soupe, dans laquelle j’avais versé du somnifère…il me restait qu’un seul comprimé…

 

JULIETTE : - Bonne idée…

 

BERNADETTE : - Il n’en a pas voulu, il n’aime pas la soupe aux poireaux ! Mon Raoul il l’adorait ma soupe aux poireaux !

Ça m’a énervée ! Je lui ai dit d’enlever les habits de mon mari, oui…je les lui avais prêtés…j’aime bien voir les vêtements de mon Raoul s’animer…reprendre vie en quelque sorte…

Et je lui ai demandé d’aller voir sur le balcon mon volet qui coinçait …j’ai refermé la fenêtre et tirer le rideau. Il a tambouriné à la fenêtre pendant un moment et puis plus rien…j’ai ouvert le rideau, il n’était plus là…Je n’ai pas osé ouvrir la fenêtre et encore moins regarder en bas !

 

 

 

 

 

 

 

 

SCENE 4

 

(Apparaît alors l’inconnu, il s’approche de Bernadette de façon inquiétante et parle avec une voix d’outre tombe)

 

L’INCONNU :-  Alors comme ça on voulait m’endormir Bernadette ? On voulait me faire boire le bouillon d’onze heures !

 

BERNADETTE : - c’est… c’est pas possible…un fant …un fant.. un fantôme… (Elle porte la main à son cœur et s’écroule dans le canapé)

 

JULIETTE : - Madame Chapelle ! Bernadette !  Bernadette ! Oh ! Elle a fait une attaque !

 

L’INCONNU :- Mais non juste un petit malaise…elle est coriace la Bernadette !

 

JULIETTE : - Regardez ! Elle a fait une attaque je vous dis !  Elle a la bouche complètement de travers !

 

L’INCONNU :- (en l’observant) Vous avez raison, on dirait un Picasso ! Et il se met à rire …

 

JULIETTE :- Et ça vous fait rire ? Il faut appeler un médecin !

 

L’INCONNU : - A quoi bon ? Elle  a passé l’arme à gauche la Bernadette ! Mais appelez si ça vous fait plaisir !

 

 

JULIETTE :- Et c’est tout ce que ça vous fait ?

(Juliette se dirige vers le téléphone)

 

JULIETTE : - ALLO ? ALLO ? Il n’y a  pas de tonalité !

 

L’INCONNU : - Normal…le fil est coupé…

 

JULIETTE : - (cherchant sur le canapé) Mon portable ou est mon portable ?

 

L’INCONNU : - Je crois qu’il est passé par la fenêtre !

 

JULIETTE : - QUOI ? Vous avez balancé mon portable ?

 

L’INCONNU : - (Observant Bernadette) C’est vrai qu’elle n’est pas belle à voir… C’est insoutenable… allez aidez moi à ôter ce tableau de ma vue…

 

JULIETTE : - Vous n’y pensez pas, qu’est ce que vous voulez faire ? La balancer par la fenêtre elle aussi ?

 

 

L’INCONNU : -  (dégageant le tapis du salon) On va la transformer en rouleau de printemps !

 

JULIETTE :- En quoi ?

 

L’INCONNU : - En rouleau de printemps ! Ou en nem si vous préférez !

 

JULIETTE : - Ne comptez pas sur moi ! Je refuse de faire une chose pareille…

 

L’INCONNU : -  (se rapprochant d’elle menaçant) Mais vous n’avez pas le choix ma belle…

 

JULIETTE : - C’est bien parce que je n’ai pas le choix… (Il prend la ceinture du peignoir et la menace, Juliette  prend les pieds de Bernadette) Pauvre Bernadette ! (En faisant un signe de croix)

 

(Ils allongent Bernadette sur le tapis et l’inconnu l’enroule dans le tapis)

 

 

 

L’INCONNU :-( La dégageant en la faisant rouler) Voilà c’est une affaire qui roule !

 

 

JULIETTE : - Je vous ferais remarquer que tel que vous l’avez « emballée » on voit toujours son visage !

 

L’INCONNU : - Vous n’avez qu’à lui mettre quelque chose sur la tête !

 

JULIETTE : - Vous  voulez que je  lui mette un chapeau ?

 

L’INCONNU : - Mais non ! Vous êtes con ou vous le faites exprès ? Un chapeau n’importe quoi ! Elle ne va pas attraper une insolation ! Je parle d’un linge pour lui cacher le visage !

 

JULIETTE : - AH oui, évidemment…bon  ça va ! (Énervée) Excusez-moi  mais je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation !

 

 

SCENE 5

(On frappe à la porte)

 

L’INCONNU :-  (il lui met la main sur la bouche) - Décidément c’est un vrai défilé chez vous !

 

VALERIE : - (à  travers la porte) Juliette ? Tout va bien ? Ouvre-moi !

 

L’INCONNU : - Si vous tentez quoi que ce soit je vous tue toutes les deux !

(Il ouvre la porte, la referme à clé et prend la clé)

 

VALERIE : -  (gênée) Oh ! Excuse-moi ! Je ne pensais pas que tu …Je te dérange …

 

L’INCONNU : - Oui ! Un peu… on était en pleine action !

 

JULIETTE :- C’est un psychopathe !

 

VALERIE :- Chacun ses goûts ma Juliette !  (Découvrant Bernadette dans le tapis, elle pousse un cri)  qu’est ce que c’est que ça ?

 

 

JULIETTE : - C’est… enfin c’était Bernadette Chapelle ma voisine du dessus, elle a eu une attaque.  Tu ne comprends pas ? Tu as en face de toi un fou furieux recherché pour avoir étranglé  une vieille dame ! Il s’est  introduit chez moi par le balcon !

 

VALERIE :- (tremblante) Mon intuition était la bonne alors, quand je t’ai entendu crier dans le téléphone tout à l’heure, je me suis doutée qu’il se passait quelque chose ! J’ai pris ma voiture et j’ai foncé jusqu’ ici… foncé d’ailleurs un peu vite, j’ai renversé quelqu’un juste en bas de chez toi en arrivant…heureusement, plus de peur que de mal, il s’en tire avec quelques égratignures, les pompiers se sont occupé de lui.

 

 

JULIETTE : - Tu n’aurais pas du venir ! Pourquoi tu n’as pas téléphoné ? Pourquoi tu n’as pas appelé la police ?

 

VALERIE :- J’ai bien essayé de t’appeler sur ton portable et sur ton fixe mais ça ne répondait pas !

 

 

L’INCONNU :- Normal, j’ai coupé le fil du téléphone… Bon qu’est ce que je vais faire de vous ?

 

JULIETTE : - Mais pourquoi t’as pas appelé la Police ?

(Pendant ce temps l’inconnu tourne autour de Valérie de façon inquiétante)

 

VALERIE :- Pour leur dire  quoi ? J’ai entendu ma copine crier au téléphone  mais peut être que c’est pas grave, elle a peur des araignées peut être qu’elle en a vu une, ou peut-être qu’elle s’est tordu la cheville, ou  cogné le petit orteil,  mais peut- être qu’aussi et c’est possible qu’elle se soit fait attaquer ou peut être que…

 

L’INCONNU :- La ferme ! La dernière version est la bonne !

 

 

VALERIE :- Ne nous faites pas de mal … C’est l’anniversaire de Juliette aujourd’hui ! Vous n’allez pas la tuer le jour de son anniversaire !

 

L’INCONNU :- (Mielleux) Vous ne m’aviez pas dit ça ! C’est votre anniversaire ! Je suis bien élevé, je n’aurais pas l’incorrection de vous demander votre age mais Joyeux anniversaire JULIETTE ! (Il se met à chanter de plus en plus fort) « Joyeux anniversaire Juliette ! JOYEUX ANNIVERSAIRE  JULIETTE etc.

 

JULIETTE :- Arrêtez c’est insupportable, c’est un cauchemar, je vais me réveiller !

 

L’INCONNU :- Voyons  par qui vais-je commencer ? On pourrait tirer à la courte paille ! Ou plus simple  comme à la récré quand j’étais petit « pouf ! pouf ! Pique nique douille c’est toi l’andouille » (ça tombe sur Valérie)

 

VALERIE :- Tu as raison ! C’est un grand malade !

 

JULIETTE : - je connais une  autre version, « pique nique douille c’est toi le casse couilles » !

 

VALERIE : - Ne le provoque pas Juliette, tu vois bien qu’il n’est pas normal !

 

L’INCONNU : - Elle a raison, ta copine est plus lucide que toi !

Tu es plus perspicace on dirait …

 

VALERIE : -Je vous interdis de me tutoyer !

 

L’INCONNU : - Je regrette ma petite, mais tu n’es pas en position de m’interdire quoi que ce soit… (Il prend un des livres) «  L’étrangleur de la gare Saint Lazare », « le boucher du métro » hum ça donne des idées…Le couteau c’est trop salissant ! Je préfère le travail fait main, comme l’étrangleur de la gare Saint Lazare…

 

JULIETTE : - Vous n’êtes pas un  peu fatigué ?

 

VALERIE : - Oui vous ne voulez pas vous reposer un peu…il est tard…

 

 

L’INCONNU :- Oh c’est gentil de s’intéresser à ma petite santé ! Ça mérite une petite faveur …je vais y réfléchir… mais non je ne suis pas fatigué, et toi tu as envie de dormir ? Patience bientôt tu feras un gros très gros dodo  comme Bernadette…Mais, pour l’heure je vais m’occuper de ta copine…c’est elle qui a gagné à pique nique douille ! On commence à être un peu trop nombreux ici !

 

 

VALERIE : - Non pas moi ! Je ne devrais pas être là ! C’est une erreur !

 

L’INCONNU : - ça s’appelle le destin !

 

JULIETTE : - C’est quoi ton problème ? Tu as eu une enfance difficile ? On t’a violé quand t’étais petit ? Tu étais le souffre douleur de ta classe ? Ta mère ne t’aimait pas ?  Tu n’avais pas de cadeaux à Noël ?

 

 

VALERIE :- (essayant de l’amadouer)  Oui elle a raison, il doit y avoir une explication à comportement pareil ! On peut,  peut- être vous aider ?

 

 

L’INCONNU : -  (il semble triste soudain et parle sur un ton très pathos) Des cadeaux à Noël !…Noël ! Ce jour où paraît-il tous les enfants sont heureux ! Je vais vous dire, il y a des exceptions et j’en fais partie ! Je n’ai jamais connu les repas de famille, les gosses qui courent dans tous les sens autour du sapin  pour déposer   leurs petits souliers … (il chante) Petit papa Noël  quand tu descendras du ciel …etc...chez moi on ne fêtait pas Noël, ma mère est morte en couche le jour de Noël en me mettant au monde… (Rigolard) et oui le petit Jésus c’est moi ! Vous croyez tout ce qu’on vous dit vous ! Mais j’espère que n’avez pas l’intention de jouer au Psy avec moi…tous ceux que j’ai consultés ont renoncé…ou sont enfermés chez les dingues ! Allez !on va passer à la vitesse supérieure…

 

 

JULIETTE : - Vous n’êtes pas très crédible dans votre petit peignoir !

 

VALERIE :- Ridicule même !

 

((L’inconnu se regarde)

 

 

L’INCONNU : -  Mouais…t’as pas tort…va  me chercher de quoi m’habiller…

 

(Juliette se dirige vers la chambre, on l’entend crier au secours)

 

 

 

SCENE 6

 

JULIETTE :-  AU SECOURS ! AU SECOURS ! A l’aide !

 

(L’inconnu se précipite vers la chambre et ramène Juliette assez brutalement,  il rapporte également un pantalon et une chemise)

 

 

L’INCONNU :- Décidément on ne peut pas te laisser seule deux minutes ! (Il commence à enfiler le pantalon, Valérie profite de ce moment pour le déséquilibrer et le mettre par terre Juliette lui vient en aide, elle commence à lui mettre des coups de poings, ce qui fait rire

L’inconnu) – Arrête ! Tu me chatouilles ! Valérie saisit un objet et l’assomme !)

 

 

VALERIE :- Tiens ! Ça,  ça va moins te chatouiller ! Je crois qu’il a son compte ! (Elle sort son portable) merde plus de batterie !

 

JULIETTE : - Tu ne pouvais pas penser à le recharger ? Ce que tu peux être conne par moment !

 

VALERIE : - Merci ! Je me précipite pour venir à ton secours et tu m’insultes ?

 

JULIETTE : - Excuse-moi c’est  nerveux.

 

SCENE 7

 

 

(On frappe à la porte puis on entend la voix impatiente d’un homme âgé, le voisin du dessous M.LAMBERT)

 

 

  1. LAMBERT : - Ouvrez s’il vous plait ! C’est M. LAMBERT !

 

JULIETTE : - Manquait  plus que lui !

 

VALERIE :- Dis lui d’appeler la Police !

 

JULIETTE :- Regarde autour de toi ! N’y pense même pas ! On a un cadavre roulé dans un tapis et un mec à moitié mort par terre ! On va le faire entrer avant qu’il ameute tout le monde !

 

 

VALERIE :- Je te rappelle que l’autre psychopathe a balancé la clé par la fenêtre.

 

JULIETTE : - (En se dirigeant vers le porte manteau) Oui mais il ignorait que j’avais un double dans mon manteau ! (Elle ouvre la porte) Je vous ouvre M. LAMBERT…

 

 

 

 

 

 

  1. LAMBERT : (excédé) On est ici dans une petite copropriété bien tranquille, mais je dois dire que ce soir c’est un peu trop animé à mon goûtqu’on aime le chant, je veux bien l’admettre, mais chanter « JOYEUX ANNIVERSAIRE » et « PETIT PAPA NOËL » au mois de juin   à tue tête et à cette heure, c’est inadmissible! (En entrant dans la pièce) je voulais m’entretenir avec vous à ce sujet…

 

 

 (L’inconnu s’est relevé, son pantalon est ouvert,  pendant que Juliette et Valérie ouvraient la porte)

 

 

L’INCONNU :- (il arrache des mains  le téléphone de Valérie) C’est ça… entrez M. LAMBERT ! Plus on est de fous plus on s’amuse…

(Il referme la porte et montre la clé à Juliette et la met dans sa poche).

 

  1. LAMBERT :- (choqué) Je crains que ces jeux ne soient plus de mon age…Permettez moi Madame, de vous dire que je suis choqué, jamais je n’aurai pu croire une chose pareille venant de vous !

Profitez que votre mari soit absent, qu’il se démène à travers toute la France et à l’étranger pour trouver de nouveaux clients pour le bien du foyer et vous, pendant ce temps là vous vous envoyez en l’air  et à plusieurs ! Des partouzes dans l’immeuble c’est intolérable !

 

JULIETTE : - Mais… mais… MAIS NON M. LAMBERT …

 

VALERIE : - Mais…mais vous vous méprenez M. LAMBERT !

 

JULIETTE :-  C’est un fou ! Il s’est incrusté chez moi!

 

L’INCONNU :- M. LAMBERT  a vu juste, ne le prenez pas pour un imbécile ! Oui vous avez raison ! On s’amuse ! Hélas ! Vous avez interrompu notre partie ! Nous allions commencer !

 

 

JULIETTE :- Ne l’écoutez pas ! Il dit n’importe quoi !

 

L’INCONNU :- d’ailleurs si vous voulez jouer avec nous,  vous pouvez si le cœur vous en dit ! J’espère qu’il est assez solide…votre cœur…pas comme celui de Bernadette !

 

 

(Juliette et Valérie tentent de cacher le tapis)

 

  1. LAMBERT :- Bernadette ? Qui est cette Bernadette ?

 

L’INCONNU :- Poussez vous mes belles… je vous présente Bernadette Chapelle, mais je crois que vous la connaissez déjà… c’est votre voisine du treizième !

 

 

  1. LAMBERT : - Mais qu’est ce qu’elle fait dans ce tapis ? Vous jouez à cache- cache ?

 

JULIETTE : - Elle a fait une attaque ! Son cœur n’a pas résisté !

 

L’INCONNU : - Trop d’émotion d’un coup !

 

  1. LAMBERT :- Il fallait appeler un médecin ! Il y en a qui cachent la poussière sous le tapis vous ce sont les cadavres !

 

(On entend des gémissements, c’est Bernadette qui revient à elle, elle a semble t il perdu la mémoire)

 

 

JULIETTE :- Elle revient à elle, Dieu merci elle est vivante !

 

L’INCONNU :- C’est un miracle ! Le prénom sans doute…

 

BERNADETTE : -  Qu’est ce qui m’arrive je ne peux  plus bouger…

 

M.LAMBERT :- Faudrait  peut-être la dégager de ce tapis !

 

JULIETTE : - (joignant le geste à la parole) oui vous avez raison Monsieur LAMBERT !

 

 

BERNADETTE : -  Qui êtes-vous ? Je suis où ?

 

JULIETTE : -  Vous êtes vivante Bernadette !

 

 

BERNADETTE :- Ben oui je suis vivante ! C’est pas un scoop, à vous entendre on croirait que je reviens d’entre les morts ! Mais qu’est ce que je fous dans ce tapis ? C’est quoi ces conneries ? Qui êtes vous ?

 

 

L’INCONNU :- Vous ne vous rappelez de rien…intéressant…

 

BERNADETTE :- Votre visage me dit quelque chose, mais je n’arrive pas à vous remettre…

 

 

L’INCONNU :- Je suis votre sauveur Bernadette ! (Désignant Juliette et Valérie) Ces deux donzelles voulaient se débarrasser de vous !

 

JULIETTE :- Ne l’écoutez pas !

 

VALERIE :- Il dit n’importe quoi !

 

 

JULIETTE :- C’est un psychopathe ! Il joue avec nous depuis toute à l’heure comme un félin avec sa proie ! Il veut nous tuer tous !

 

 

L’INCONNU :- Ne les contrariez  surtout pas, vous avez à faire à deux folles !

 

BERNADETTE : Stop ! Taisez-vous ! J’ai une de ces migraines !

 

 

SCENE 8

(M. Lambert se dirige discrètement vers la porte d’entrée pour s’échapper, l’inconnu le rattrape)

 

L’INCONNU :- Non …non… restez avec moi M. Lambert, (il referme la porte à clé et la met dans sa poche)  Une présence masculine n’est pas de trop ! Ces femmes sont de vraies sorcières ! Votre femme vous attend peut être ?

 

  1. LAMBERT :- Oui …elle m’attend … au ciel, je suis veuf !

 

L’INCONNU : -Parfait ! C’est une excellente nouvelle !

 

  1. LAMBERT : -Pardon ?

 

 

L’INCONNU : -Je veux dire que c’est super ! Personne ne vous attend, vous pouvez donc rester avec nous !

 

VALERIE : - Oui restez, s’il vous plait ! Ne nous laissez pas seules avec lui !

 

JULIETTE :- On doit toujours aider ses voisins …

 

 

LAMBERT : -Ce serait avec plaisir, mais j’aimerais aller me coucher…demain matin, je me lève de bonne heure…j’ai piscine…

 

L’INCONNU : - Vous êtes complètement inconscient ! La piscine c’est une véritable réserve  de microbes, bactéries en tout genre ! Vous risquez de tomber gravement malade, vous risquez votre vie !

 

 

JULIETTE : -  Moins risqué que de rester avec un psychopathe en tout cas !

 

 

L’INCONNU : - Restez avec nous, chez vous vous n’avez que le son, ici vous aurez l’image en plus ! Q’est ce que vous allez faire de plus chez vous ? Tout seul dans votre petit lit ? Je suis sûr que vous êtes insomniaque.

 

  1. LAMBERT : -Oui…en effet…vous avez raison, mes nuits sont plus longues que mes journées !

 

VALERIE : - Oui restez M. LAMBERT ne nous laissez pas seules avec lui !

 

JULIETTE :- Aidez-nous M. Lambert

 

L’INCONNU : - Voulez vous que je vous serve un petit verre ?

 

 

  1. LAMBERT : -BAH…pourquoi pas ?

 

JULIETTE : -Ne vous gênez pas surtout, faites comme chez vous !

 

L’INCONNU : -(en servant un verre pour lui et M. LAMBERT) -C’est ce que je fais ! Ne parlez pas pour ne rien dire ! Vous en voulez ?

 

 

JULIIETTE : - Non ! Je ne bois pas avec les dingues !

 

VALERIE : - Ni avec les cons !

 

BERNADETTE :- Vous n’êtes pas très polies avec le monsieur, moi par contre, je boirais bien un petit coup ! (L’inconnu la sert)

Merci monsieur ! On se connaît non ? Votre visage me dit quelque chose…mais je n’arrive pas à vous « remettre ». (Pour elle-même)D’ailleurs, je ne reconnais personne ici et je me demande ce que je fais là ?

 

  1. LAMBERT :- Il est excellent ce whisky ! J’en reprendrai bien un autre verre ! (Il se dirige vers le bar)

 

BERNADETTE : - Moi aussi !

 

 

 

VALERIE : - Si je peux me permettre, ce n’est pas ça qui va arranger votre mal de tête !

 

 

(M. LAMBERT et Bernadette vont s’installer dans le canapé)

 

BERNADETTE :-  Vous êtes médecin ?

 

VALERIE : - Non !

 

BERNADETTE : - Alors la ferme ! De quoi je me mêle ? (Elle tend son verre, boit) ah ! C’est sûr ! C’est autre chose que la verveine !

 

L’INCONNU : - Meilleur que la soupe aux poireaux !

 

 

JULIETTE : -En effet ! Mais vous n’allez pas tarder à vous apercevoir que l’effet n’est pas le même non plus !

 

BERNADETTE :- Quelle rabat-joie ! (Elle trinque avec M. LAMBERT et s’adressant à lui) Vous savez que je vous trouve très séduisant …

 

 

  1. LAMBERT : - Vous trouvez…ça fait longtemps qu’on ne m’a pas fait de compliments ! J’ai bien fait de venir …mais vous n’êtes pas mal non plus…je vous trouve très en beauté dans votre petite robe de

chambre …

 

BERNADETTE : - HOOO ! T’es un coquin toi !  (Bernadette se jette sur lui et  le renverse dans le canapé et l’embrasse)

 

M.LAMBERT : - Finalement, j’ai bien fait de rester !

 

JULIETTE : - bah voilà autre chose ! La « petite  »  prestation vous disiez, à voir ce que je vois, j’en doute …

 

 

VALERIE :- Plutôt fougueuse la Bernadette ! En fait, c’est une chaudasse !

 

 

(Bernadette et M. Lambert se tiennent par la main et se regardent yeux dans les yeux)

 

L’INCONNU : -Comme ils sont mignons tous les deux ! Je vous fais remarquer que sans moi, ils ne seraient jamais …comment dire… rapprochés…dommage pour eux cela ne va pas durer…

 

 

VALERIE : -  C’est bien joli tout ça, mais j’aimerais pouvoir rentrer chez moi !

 

JULIETTE : - Sympa ! Un psychopathe s’est introduit chez moi et toi Valérie, tu ne penses qu’à une chose,  aller te coucher?

 

 

VALERIE : - Tu n’avais qu’à fermer ta fenêtre aussi ! Y a pas idée d’être aussi imprudente !

 

  1. LAMBERT : - Vous ne seriez pas un peu parano ? Pour ma part je trouve qu’on est très bien ici…Ce monsieur est très gentil…

 

BERNADETTE : - On passe une excellente soirée…

 

 

 

L’INCONNU : - Vous m’ôtez les mots de la bouche !

 

JULIETTE : - (imitant Bernadette) On passe une excellente soirée ! C’est la meilleure ! Mais tout  ça, c’est à cause de vous ! Si vous ne receviez pas chez vous n’importe qui pour vous envoyer en l’air !

 

 

BERNADETTE : - Mais qu’est ce qu’elle dit ? Je ne comprends rien ! Vous avez raison, elle est complètement folle !

 

 

SCENE 9

 

On entend la clé dans la porte Emma entre affolée

 

 

EMMA :- Maman, tu vas bien ? Ça fait une heure que j’essaie de t’appeler, ça ne répond pas ! Papa est très inquiet, il a essayé de te joindre lui aussi ! (Elle regarde la pièce)

 

 

JULIETTE : Dieu soit loué ! Tu es là !

 

 

EMMA : Mais qu’est ce qui se passe ici ? Que font  ces gens chez toi ? Tu fais une soirée pyjama ? (L’inconnu récupère la clé sur la porte après l’avoir refermée)

 

L’INCONNU : C’est tout à fait ça ! Super ! Tu as la tenue ! ! Et un peu de jeunesse ici ne fera pas de mal ! Plus on est de fous plus on rit !

 

VALERIE : - Des fous ? Jusqu’à preuve du contraire, je n’en vois qu’un ici !

 

M.LAMBERT : - Ah ça me fait plaisir de te voir ma petite Emma ! Ça faisait longtemps !

 

EMMA : - Monsieur Lambert ? Mais vous n’êtes pas couché à cette heure ci ?

 

  1. LAMBERT : - Bah non ! Je m’éclate !

 

 

JULIETTE : - Mais Emma pourquoi tu es venue !

 

EMMA : -Faudrait savoir à l’instant tu bénissais le seigneur de ma présence.

 

JULIETTE : -Tu ignores ce qui se passe ici… ma pauvre petite … nous sommes à la merci d’un psychopathe ! Il s’est introduit par le balcon…

 

EMMA : - Qu’est ce que tu racontes ? (Voyant la bouteille de Whisky) mais tu as bu ?

 

L’INCONNU : - Elle n’arrête pas depuis toute à l’heure !

 

JULIETTE : - Mais c’est faux !

 

 

VALERIE :- Non, ta mère n’a pas bu une goutte d’alcool, ce qu’elle dit est vrai ! On est en plein cauchemar !

 

EMMA : - Ah ça y est …je sais …j’ai compris…Tu as monté ce stratagème, tu veux te faire passer pour folle  pour que je renonce à partir pendant trois mois. Mais non ! C’est pire que ça ! Papa et moi on se fait un sang d’encre, pendant que toi tu t’éclates avec tes copains! Dire que je culpabilisais en partant tout à l’heure ! Tu me l’as bien servi ton numéro de la femme délaissée qui s’ennuie ! (Elle sort son portable) Je l’appelle ! (L’inconnu se précipite et lui ôte le téléphone des mains)

 

L’INCONNU : - Ce n’est pas une bonne idée !

 

EMMA : - De quoi je me mêle vous ?

 

VALERIE :- Ma pauvre Emma, tu n’aurais jamais dû venir ici…

 

L’INCONNU :- Mais bien sûr qu’elle a bien fait de venir ! Allez sois cool, tu peux participer à notre petite soirée pyjama ! Allez si on mettait un peu de musique ? Après tout c’est votre anniversaire ! Et si j’ose dire votre dernier bal car au petit matin tout sera terminé … (Il cherche parmi les disques)

 

 

BERNADETTE : -(très enjouée) – OH oui ! Ça fait des années que je n’ai pas dansé ! (Elle se lève et retombe aussitôt dans le canapé) oh ! J’ai la tête qui tourne !

 

 

EMMA : - Madame Chapelle ? Mais qu’est ce qu’elle fait chez toi à une heure pareille ?

 

BERNADETTE :- On se connaît ?

 

EMMA : -Je ne savais pas qu’elle était Alzheimer ?

 

BERNADETTE : -Pas du tout ! Je suis française !

 

EMMA : - ah ouai d’accord …

 

 

  1. LAMBERT : (il se lève aussi enjoué que Bernadette) -Oui ! Trouvez nous une musique du diable ! Quelque chose qui bouge ! Qui déménage !

 

 

BERNADETTE : -Oui une musique pour qu’on s’éclate ! Avec le son à « donf « » !

 

  1. LAMBERT : (très fort) OUI ! A DONF !

 

JULIETTE :- ( à M. LAMBERT) Le bruit ne vous dérange plus ?

 

VALERIE :- Mais qu’est ce que je fous là ? Ah et puis merde ! Je vais boire un coup pour me remonter ! (Elle boit à la bouteille)

 

 

JULIETTE : -Fais tourner moi aussi, je vais boire pour oublier !

 

 

BERNADETTE : (elle lui enlève la bouteille) oh ! Oh doucement ! Laissez en pour les autres ! (En regardant M. LAMBERT) la nuit va être longue … (Valérie et Juliette s’affalent dans le canapé) Alors beau gosse ?  C’est quoi ton petit nom ?

 

 

  1. LAMBERT : ROBERT ! BEBERT pour les intimes

 

BERNADETTE : - C’est très mignon  BEBERT !

 

  1. LAMBERT :- Bon ça vient cette musique ?

 

BERNADETTE : - Bébert a raison ! Vous en mettez du temps !

 

L’INCONNU : -J’essaie de trouver quelque chose pour mettre l’ambiance !

 

 

JULIETTE : - Ne vous fatiguez pas, pour ce qui est de mettre l’ambiance, vous y arrivez très bien à vous tout seul !

 

 

EMMA :- Rendez-moi mon portable, j’ai téléchargé de la très bonne musique !

 

L’INCONNU : - (l’imitant) « rendez moi mon portable, j’ai téléchargé de la très bonne musique »Traite moi de con, ce sera plus direct !

 

 

VALERIE : - Il n’a pas tort ! Faut bien admettre que ce n’est pas génial comme idée ! (Elle boit de nouveau et s’assoupit, Emma lui enlève la bouteille et va se servir à boire)

 

L’INCONNU : -  Super ! Ça y est j’ai trouvé !

 

BERNADETTE : - C’est pas trop tôt !

 

 

JULIETTE : - Vous auriez du couper le courant tant que  vous étiez,  ça nous aurait évité ce supplice supplémentaire !

 

  1. LAMBERT : - Ce que vous pouvez être rabat joie ! Allez envoyez la musique !

 

L’INCONNU : - (très autoritaire) Allez debout ! Tous en rond !

 

JULIETTE : - Alors là, vous rêvez !

 

L’INCONNU : -  (il la lève du fauteuil) Je crois que vous ne saisissez pas bien le problème ! (Très fort)  EXECUTION !

 

 

VALERIE : (se réveillant en sursaut) « EXECUTION? » (Hystérique) Pas moi, ne m’exécutez pas tout de suite ! J’ai encore de belles choses à vivre ! Je suis encore trop jeune pour mourir ! (Elle regarde Bernadette et Bébert) d’autres ici devraient être prioritaires, il faut toujours donner la priorité aux personnes âgées !

C’est vrai à la caisse au supermarché, elles veulent toujours passer en premier, elles te piquent ton tour l’air de rien… Alors après vous messieurs dames !

 

 

JULIETTE : -  La ferme Valérie ! T’as raté un épisode ! C’est quoi votre musique ? La danse macabre ?  (On entend l’orage qui gronde)

L’orage ! Il ne manquait plus que ça !

 

EMMA :-  Pour la musique, Je crains le pire ! Votre discothèque est plutôt ringarde !

 

  1. LAMBERT : - Le monsieur a dit tous en rond ! Il faut obéir ! (Il met tout le monde en place)

 

EMMA :- Au point où j’en suis, quitte à passer une soirée pourrie autant que ce soit vraiment pourri !

 

BERNADETTE : - Tous en rond ! C’est pas compliqué tout de même !

 

VALERIE : - Il va nous refaire son tour de « POUF ! POUF ! PIQUE NIQUE DOUILLE ! »

 

  1. LAMBERT : - (Il met tout le monde en place) « pique nique douille » c’est quoi, c’est un jeu ? Je ne connais pas…

 

 

L’INCONNU : -Merci M. LAMBERT  d’être si coopératif !

 

 

  1. LAMBERT : - De rien quand on peut rendre service ! Dites, Vous m’apprendrez le « pique-nique douille » ?

 

 

 

 

 

L’INCONNU : - Oui plus tard ! Tout le monde est prêt ? (On entend la musique de « big bisous  »de Carlos

Ils se regardent tous, l’air catastrophé à l’exception de BEBERT et BERNADETTE qui sont ravis, l’inconnu mène la danse ! Tout le monde tourne en rond et s’embrasse avec plus ou moins de bonne volonté)

 

SCENE 10

 

JULIETTE : (hors d’elle) (Elle coupe la musique, voyant que constatant qu’Emma et Valérie commencent elles aussi à s’amuser) Mais on fait quoi là ! C’est du délire ! Il faut que je me réveille ! Ça suffit vos conneries ! La donne a changé ! On est  à 5 contre un !

 

L’INCONNU : -ça c’est vous qui le dites ! Il remet la musique ! (Bernadette, Bébert, Emma, Valérie recommencent à danser)

 

M.LAMBERT :- C’est une très bonne idée Juliette, votre petite fête improvisée ! Dommage que votre mari ne puisse pas en profiter !

 

JULIETTE : - (hurlant) CE N’ EST PAS MA FETE !

 

L’INCONNU : - (mielleux) C’est son anniversaire !

 

  1. LAMBERT : - (en dansant) Joyeux anniversaire Juliette ! Zut je n’ai pas de cadeau ! (tous en cœur lui souhaitent un joyeux anniversaire)

 

 

JULIETTE :- Emma ! Valérie ! Mais qu’est ce que vous faites ? C’est sûr ! J’ai dû déclancher quelque chose ! (On entend toujours l’orage – coupure de courant, les femmes se mettent à crier)

 

L’INCONNU : -Voilà qui est intéressant !  On va pouvoir improviser un nouveau jeu !

 

  1. LAMBERT : Pique nique douille ?

 

JULIETTE : -Non ! La fête est finie tout le monde rentre chez soi !

 

 

BERNADETTE : -Pas nous ! Pour une fois qu’on s’amuse !

 

  1. LAMBERT : -C’est vrai ! Ce n’est pas tous les jours ! (Plus bas) et ça ne va pas durer…

 

JULIETTE : - Emma ! Guide moi jusqu’au meuble, il y a une lampe de poche dans le tiroir !

 

 

L’INCONNU : (il a pris la lampe de poche qu’il place sous son menton ce qui lui donne un air inquiétant) Pas assez rapide ! C’est ça que vous voulez (Toutes se mettent à crier de nouveau)

(La lumière se rallume)

 

 

JULIETTE : (À Bernadette et M. Lambert) oh ! Il faut réagir maintenant, vous ne voyez pas qu’il vous manipule ? ESSAYEZ  DE VOUS RAPPELER BERNADETTE ! Vous m’avez dit que vous avez vu sa photo à la rubrique des faits divers, c’est un dangereux criminel !

 

BERNADETTE : (à l’inconnu) – Vous avez raison, elle est complètement folle !

 

  1. LAMBERT : -Et c’est bien triste !

 

L’INCONNU : - très triste …

 

 

JULIETTE : - Non mais vous n’allez pas vous y mettre aussi ! Tenez… Demandez lui de partir vous allez voir s’il va être d’accord !

 

  1. LAMBERT : - Mais je suis très bien ici ! Je n’ai pas du tout envie de partir  et Bernadette non plus !

 

 

JULIETTE : -  C’est sûr et certain …j’ai déclenché quelque chose…je veux retrouver ma vie d’avant…toute calme…toute  lisse …

 

L’INCONNU : - Une folle…je vous le disais…si c’est pas malheureux…vous avez raison Bébert…on ne peut pas la laisser seule, elle serait capable de faire n’importe quoi !

 

JULIETTE : - Ta gueule !

 

VALERIE : - Oui ta gueule !

 

JULIETTE : - C’est à moi que tu parles ?

 

VALERIE  :-  Mais non ! C’est à l’autre taré !

 

JULIETTE : - Pourquoi « l’autre » ? Je n’en vois qu’un de taré ici !

 

L’INCONNU : - J’ai un petit creux ! Je mangerai bien quelque chose !

 

JULIETTE : - (mielleuse) Vous voulez que j’aille en cuisine vous préparer quelque chose ?

 

 

L’INCONNU : -Vous me prenez pour un con ? Vous croyez que je vais vous laisser aller à la cuisine ? (À la manière d’un instituteur) Qui y a-t-il dans une cuisine ? Je vous pose la question ?

 

BERNADETTE : - (elle lève le doigt comme une écolière) Des casseroles !

 

L’INCONNU : -Bien Bernadette ! Des casseroles ! Mais pas seulement !

 

BEBERT : - (il lève le doigt également) Des objets  contondants !

 

 

L’INCONNU : - Très bien Bébert ! Je peux vous appeler Bébert ? Des objets contondants ! Mais surtout des couteaux de toute taille et pour cette raison, on ne peut pas laisser une folle aller à la cuisine !

 

VALERIE : - Dans le frigo, il doit bien y avoir quelques yaourts inoffensifs ? J’ai un petit creux moi aussi !

 

JULIETTE : - J’ai également un « colonel  »dans mon frigo !

 

 

BEBERT : -Vous avez raison, elle divague complètement !

 

L’INCONNU : - (il lui parle comme à une folle qu’on ne veut pas contrarier) Il est dans votre frigo depuis combien de temps ?

 

 

JULIETTE : -Une petite semaine, il commence à puer un peu !

 

BEBERT : -Vous l’avez coupé en morceaux ?

 

JULIETTE : -Bah non ! Pourquoi faire ? Le colonel, étalé sur une bonne tartine de pain c’est délicieux !

 

 

VALERIE : - Je savais que tu détestais les militaires mais pas au point de les réduire en pâte à tartiner !

 

BERNADETTE : - Ce que vous pouvez être bêtes ! « Le colonel » c’est le nom que l’on donne au fromage « le livarot » !

 

JULIETTE : - ça fait plaisir… quelqu’un de sensé de temps en temps !

 

BEBERT : - ah oui !c’est vrai, rapport aux gallons de papiers qui l’entourent !

 

JULIETTE : - bah oui…qu’est ce que vous aviez imaginé ? En tout cas moi je n’ai pas faim !

 

EMMA : - Moi je voudrais bien goûter au colonel, j’ai un petit creux !

 

 

L’INCONNU : « goûter au colonel » ! Tout un programme !- Bernadette va aller en cuisine nous préparer des bons sandwichs, et regardez en même temps si vous pouvez trouver une bouteille de rouge !

 

JULIETTE : - Puis quoi encore ?

 

BERNADETTE : - Avec plaisir, ça va être très sympa cette petite collation en pleine nuit !

 

BEBERT : - Un peu comme un réveillon !

 

 

BERNADETTE : (en se dirigeant vers la cuisine) Je vais voir ce que je peux faire !

 

 

SCENE 11

 

L’INCONNU : -Sympa cette Bernadette !

 

BERNADETTE : (en voix off) -vous avez raison Bébert c’est Noël ! Il y a du foie gras dans le frigo !

 

EMMA : - Redonnez-moi mon téléphone !

 

BEBERT : - Ce n’est pas poli d’utiliser son portable quand on est en bonne compagnie !

 

EMMA : - Redonnez-moi mon portable !

 

 

L’INCONNU : - Bébert  a raison, ce n’est pas poli ! C’est même très désagréable ! C’est pour cette raison que j’ai décidé de les confisquer pour cette soirée, cette nuit devrais-je dire…

 

BEBERT : Et vous avez bien fait …

 

JULIETTE : - « J’ai décidé » non mais de quel droit vous faites la loi chez moi ! Il y  en a marre, qu’est ce que vous cherchez au juste, c’est quoi vos intentions, j’avoue avoir du mal à comprendre ce qui vous motive à m’emmerder chez moi toute la nuit ! Je n’ai pas fait appel à vos services que je sache !

 

 

EMMA : - Oui c’est assez incompréhensible un comportement pareil !

 

VALERIE : - Peut être qu’il s’est échappé d’un asile psychiatrique !

 

 

JULIETTE : - Mais non c’est un assassin doublé d’un gigolo !

 

EMMA : - Et qu’est ce qu’il fait chez nous ?

 

JULIETTE : - C’est Bernadette qui l’a embauché !

 

 

VALERIE  et EMMA : - Bernadette ?

 

L’INCONNU :- Vous voyez, elle dit n’importe quoi ! Mais je comprends…devant votre fille…ça la fout mal !

 

JULIETTE : - Je t’assure que c’est Bernadette qui l’a embauché pour remplacer son mari, pour la petite prestation !

 

EMMA : - La petite prestation ?

 

JULIETTE : -  Oui, un truc de dingue ! Il devait faire semblant d’être son mari, mettre ses vêtements, apprécier sa cuisine etc.…mais elle l’a reconnu sa photo dans le journal, il est recherché pour avoir étranglé une vieille dame ! Elle l’a enfermé sur le balcon et il a atterri chez moi !

 

L’INCONNU : -  Tout ça c’est du grand n’importe quoi ! Je ne voulais pas trahir le secret professionnel, mais dans ces circonstances…je suis bien obligé…. Voilà …c’est votre mère qui m’a embauché pour la grande prestation !

 

EMMA : - La grande prestation ?

 

BEBERT : - Si ce n’est pas malheureux, pendant que votre pauvre papa, se démène pour trouver des clients !

 

JULIETTE : - Mais c’est faux, c’est complètement faux ! Et je ne comprends pas ce que vous me voulez  et ce qui vous pousse à rester ici ! Vous n’allez pas rester ici toute la nuit !

 

 

L’INCONNU : - Patience…c’est une surprise…

 

JULIETTE : - J’ai horreur des surprises ! Alors dites nous tout de suite ce que vous comptez faire de nous ?

 

 

 

 

SCENE 12

(Bernadette revient de la cuisine avec un plateau)

 

 

BERNADETTE : - A table !

 

 

L’INCONNU : - Une bonne nouvelle !

 

BEBERT :- Voyons ce que vous nous avez préparé…hum sympa ces petits sandwichs !

 

BERNADETTE : (à l’inconnu) Tenez ! celui-ci est pour vous, c’est le plus gros !

 

 

L’INCONNU : - J’ai une faim de loup, je n’ai pas mangé hier soir ! Je n’aimais pas votre soupe ! Ah oui c’est vrai vous avez perdu la mémoire, j’oubliais ! (Il croque avec appétit dans le sandwich, Bernadette l’observe attentivement, il commence à se tordre de douleur et s’effondre) vous m’avez empoisonné… « Salope » ! (Il va s’allonger sur le tapis dans lequel était Bernadette)

 

 

BERNADETTE : - s’il vous plait restez poli ! Même si c’est votre dernier mot !

 

(Pendant ce temps Valérie prend le bras de l’inconnu qui retombe inerte, il est mort)

 

BERNADETTE : -Tout à l’heure pendant la coupure de courant, dans le noir, j’ai eu un flash, et tout m’est revenu en mémoire ! L’article de journal, le balcon…

 

VALERIE : - Inutile de vous fatiguer …il est mort …

 

BERNADETTE : - J’espère bien ! C’est le but !

 

 

JULIETTE : - (en panique) Mais Bernadette, qu’est ce que vous avez fait ?

 

BERNADETTE : - Il vous l’a dit, je l’ai empoisonné ! Je suis allée faire un petit tour dans votre salle de bain et j’ai trouvé mon bonheur dans votre armoire à pharmacie !

 

 

BEBERT : - Mais pourquoi avez-vous fait une chose pareille Bernadette, on passait une excellente soirée… (Il vérifie également le pouls de l’inconnu et lui met quelques claques))

 

 

JULIETTE : - C’est sûr avec un cadavre dans le salon, c’est beaucoup moins festif !

 

VALERIE : -  Je suis bien de ton avis, pour cette raison je vais rentrer chez moi !

 

 

EMMA : - Moi aussi !

 

BERNADETTE : -Moi pareil !

 

JULIETTE : - Mais vous n’allez tout de même pas m’abandonnée avec un cadavre ?

 

BEBERT : - Pas de doute il est bien mort !

 

 

VALERIE : -Tu n’as donc plus rien à craindre ! Je vais me coucher je suis crevée !

 

EMMA : -  Moi aussi je suis crevée, enfin pas autant que lui !

 

BEBERT : - Un peu de respect mademoiselle ! Moi je le trouvais plutôt sympathique !

 

 

BERNADETTE : - C’était un psychopathe ! Il a eu ce qu’il méritait !                             Il jouait avec nous mais à la fin il nous aurait tous tués !

 

 

JULIETTE : - Tout ça c’est bien joli Bernadette, mais jusqu’à preuve du contraire pour l’instant il n’y a qu’un assassin ici et c’est vous !

 

 

VALERIE : - C’est pas faux…

 

 

EMMA : - Oui Maman a raison…

 

BERNADETTE :- Et  Bien Bébert ? Dis quelque chose !

 

 

BEBERT : (embarrassé) -  Malheureusement, je dois admettre qu’elles n’ont pas tort…

 

BERNADETTE : - C’est la meilleure ! On rend service et voilà ! On se fait traiter d’assassin !

Aucune reconnaissance ! Puisque c’est comme ça je rentre chez moi !

 

 

JULIETTE : - Il n’en n’est pas question ! Vous allez me débarrasser de ce cadavre, tout est à cause de vous ! Voilà ce qui arrive quand on fait venir chez soi n’importe qui !

 

VALERIE : - Et le payer en plus !

 

BERNADETTE : - Vous avez une scie ?

 

JULIETTE : - Pourquoi faire ?

 

BEBERT : - Vous n’allez tout de même pas bricoler à cette heure ?

 

 

VALERIE : - Vous voulez le couper en morceaux ?

 

EMMA : - Vous n’y songez pas ! Vous allez ruiner les tapis de maman !

 

JULIETTE :- En fait la psychopathe…C’est vous !

 

 

BERNADETTE : - On va faire ça dans la baignoire…ça fera moins de saletés !

 

 

 

JULIETTE : - En tout cas, ne comptez pas sur moi, déjà que je suis incapable de découper un poulet !

 

BEBERT :- C’est vrai que ce sera moins lourd si on en porte chacun un morceau ! Moi avec mon dos je ne peux pas porter des choses lourdes …On va en découper chacun sa part… Qui veut la tête ? La cuisse ? L’aile ? Heu… les bras ? (pas de réponse) Bon bah ! Réfléchissez , en attendant je vais voir si je peux trouver une scie, vous avez ça ?

 

 

JULIETTE : -Dans le débarras à côté de la cuisine…mais qu’est ce que je dis moi ?

 

EMMA : -  ça suffit les conneries ! Je vais récupérer mon portable et on va appeler la police !

 

 

JULIETTE : - Tu crois ? Mais ils ne voudront jamais croire que je suis innocente ! Cet homme s’est introduit chez moi, il n’y a pas eu d’effraction et il est mort empoisonné !

 

VALERIE : - Si c’est un assassin en cavale, ils vont bien le reconnaître puisque sa photo est dans le journal…il est recherché !

 

 

BERNADETTE : - Réflexion faite…une photo de journal c’est toujours un peu flou…je me demande si je ne me suis pas fait des idées…

 

JULIETTE : - QUOI ?

 

VALERIE : - Qu’est ce que vous dites ?

 

BERNADETTE : - Bah oui ! Il faisait un peu sombre puisque je n’avais pas de lumière, l’ampoule était grillée !

 

JULIETTE : - Je crois que je vais la tuer…

 

BERNADETTE : - J’ai dit « je crois » donc je n’en suis pas sûre, mais peut être que c’était un assassin….ou non !

 

EMMA : -Vous ne seriez pas un peu normande vous ?

 

BERNADETTE : Non je vous l’ai déjà dit je suis française !

 

EMMA :-Assassin ou pas assassin, en tout cas maintenant c’est un cadavre  et ça c’est sûr ! Bon qu’est ce qu’on en fait ?

 

VALERIE : - Et si on le déposait sur le balcon ?

 

JULIETTE : -Pour lui faire prendre l’air ?

 

BERNADETTE : -Oui c’est pas une mauvaise idée, car avec la chaleur qu’il fait il va pas tarder à empester votre appartement !

 

EMMA : -On pourrait le balancer par le balcon et faire croire à un suicide !

 

 

JULIETTE :- s’ils font une autopsie ?

 

VALERIE : - ils constateront qu’il a été empoisonné !

 

EMMA : -Justement, « la victime s’empoisonne avant de se jeter par la fenêtre ! » Ça prouvera qu’il ne voulait pas se rater !

 

 

 

SCENE 13

 

BEBERT : - (revenant avec la scie à la main) Alors on ne découpe plus ?

 

BERNADETTE VALERIE EMMA JULIETTE : -NON !

 

BEBERT : -Tant mieux !

 

 

BERNADETTE : -Je vous comprends…je ne vous voyais pas faire une chose pareille !

 

BEBERT :- C’est pas ça … mais c’est surtout qu’avec cette scie j’aurais pas pu faire grand-chose ! J’en aurais eu pour un moment, et avec ma tendinite …

 

EMMA :- De toute façon, ce n’était pas une bonne idée !

 

 

VALERIE : - Bon ! Comment on s’y prend ? Parce que j’aimerais bien que ça se termine cette histoire et rentrer chez moi  pour aller me coucher !

 

JULIETTE : - Valérie, tu es vraiment une égoïste, je suis dans la merde, et la seule chose qui te préoccupe c’est d’aller te coucher !

 

VALERIE : -Au lieu de me précipiter à ton secours, la prochaine fois je resterai dans mon lit !

 

BEBERT : - ça va être difficile de le porter jusqu’au balcon !

 

BERNADETTE :- c’est vrai on est plus tout jeune !

 

 

JULIETTE :- Il fallait y penser avant ! Tout ça c’est de votre faute ! Puisque vous étiez à la cuisine, vous ne pouviez pas en profiter pour appeler du secours par la fenêtre  plutôt que de lui faire avaler son bulletin de naissance !

 

BERNADETTE : - Vous êtes marrante vous ! J’y ai bien pensé ! Mais à cette heure là les gens dorment ! Je ne voulais pas les réveiller, le sommeil c’est sacré !

 

VALERIE : - ça ne sert à rien de palabrer pendant des heures ! Maintenant c’est trop tard ! Il est mort et ne va pas ressusciter alors on s’en débarrasse et on va se coucher !

 

BEBERT : - Est-ce que vous avez une table roulante ? On pourrait le mettre dessus  et le transporter jusqu’au balcon !

 

EMMA : Oui il y en a une vieille dans le débarras !

 

JULIETTE : Mais elle ne tiendra jamais le coup ! Ça peut être dangereux ! Puis après tout, Il ne risque plus rien !

 

 

EMMA : -Je vais la chercher !

 

BEBERT :- Bernadette et moi on va prendre les pieds…c’est moins lourd …Valérie et Juliette vont prendre le reste !

 

 

(Emma revient avec la table roulante)

 

EMMA :- Le taxi de Monsieur est arrivé !

 

JULIETTE : - Emma je t’en prie…

 

BEBERT : - Votre maman a raison …un peu de respect…

 

BERNADETTE : - On pourrait peut être faire une petite prière !

 

JULIETTE : - Vous ne doutez de rien vous ! Vous trucidez les gens et après vous faites une prière ! Bon ça suffit les conneries…mettons le la dessus !

 

(Bébert dirige les opérations pour mettre l’inconnu sur la table)

 

 

BEBERT : - Mais ne le mettez pas sur le dos ! Vous allez lui casser les reins !

 

JULIETTE : - Au point où il en est !

 

BEBERT :- Mettez-le sur le ventre voyons !

 

VALERIE - (une fois installé à plat ventre sur la table)) Oui comme ça c’est bien, on ne verra plus sa tête !

 

(Bernadette lui met une petite claque sur les fesses)

 

 

BERNADETTE – On fait moins le malin là ! (Tout le monde la regarde avec un regard désapprobateur)

 

 

 

 

SCENE 14

(On entend une clé dans la serrure…Julien entre)

 

JULIEN : - Mais qu’est ce qui se passe ici ? C’est quoi ce bordel ?

 

 

JULIETTE : -  Tu es déjà là ! Sauvée !

 

JULIEN : -  Surprise surtout ! Alerte à la bombe à AIR France, visiblement  tu ne t’y attendais pas ! Mais  je constate  que tu t’amuses ! Désolé d’interrompre ta petite soirée !

 

 

JULIETTE :- Tu ne peux pas savoir comme je suis contente que tu sois là ! Je vais tout t’expliquer…

 

 

JULIEN :- j’y compte bien ! C’est qui ce mec ? Il fait quoi là ? Il apprend à nager ?

 

 

BERNADETTE : - Il est mort !

 

JULIEN : - QUOI ? (Tout le monde regarde Juliette)

 

JULIETTE : - Oui il est mort ! Mais je n’y suis pour rien ! C’est Bernadette ! Tu le reconnais ?

 

(Il est placé face à son postérieur)

 

JULIEN : -Sous cet angle là c’est difficile ! Par contre, il me semble reconnaître mon pantalon ! (Il se penche pour le regarder) Mais oui c’est lui! C’est le gars qui se rend  chez vous Madame Chapelle, du moins c’est ce que je croyais ! En fait c’est chez nous qu’il venait, il guettait mon départ pour te rendre visite ! C’est ton amant !

 

JULIETTE :- Mais non ! Pas du tout ! Mais dites quelque chose Bernadette !

 

 

BERNADETTE : -OH ! Moi j’ai pour habitude de ne pas me mêler des affaires privées !

 

 

JULIETTE : -Mais Bernadette ? Expliquez-lui !

 

BEBERT : -Vraiment vous me décevez Juliette ! Recevoir votre amant quand votre mari part en déplacement !

 

 

VALERIE :-Et nous le faire passer pour un psychopathe et nous faire flipper toute la nuit !

 

EMMA : -Toi et ton amant, vous nous l’avez bien servi votre numéro ! Maman tu me déçois beaucoup !

 

JULIEN : -Je constate que tu as trouvé de quoi t’occuper ! Te faire vibrer ! Te sentir palpiter ! Te sentir vivante ! Ça devait être chaud ! Le pauvre en est mort !

 

BEBERT :- Tellement chaud que maintenant il est bien refroidi !

 

JULIETTE : - Vous occupez vous de Bernadette et foutez nous la paix ! Je te dis et je te répète que je n’y suis pour rien ! C’est elle (Bernadette) qui l’a empoisonné ! On s’apprêtait à le jeter par la fenêtre !

 

JULIEN : -Pourquoi faire ? Il n’est pas assez mort !

 

EMMA : - Pour faire croire à un suicide !

 

JULIEN : - Je le savais ! À force de lire et regarder tes conneries, que tu passerais un jour à l’acte !

 

JULIETTE : -Parce que tu me crois capable de tuer quelqu’un ? N’importe quoi ! En me plaignant  avant ton départ qu’il ne se passait rien dans ma vie, je crois que j’ai déclanché quelque chose !

 

 

JULIEN : - Après les thrillers, le surnaturel maintenant ! Bon avant qu’il empeste, on va aller le mettre sur le balcon au frais, en attendant la police ! (ils amènent la table vers la chambre à la queue leu leu comme pour un enterrement)

 

JULIETTE :-  Non ! Non surtout pas ! N’appelle pas la police je t’en supplie ! Je ne veux pas aller en prison ! Je n’ai rien fait ! (Elle se met à pleurer, elle est seule dans la pièce) JULIEN ! EMMA ! Ne me laissez pas ! Je suis innocente ! Je n’ai rien fait ! J’ai rien à me reprocher ! Je ne veux pas aller en prison ! C’est mon anniversaire !

 

 

(Ils reviennent tous avec l’inconnu, Julien apporte un gâteau d’anniversaire, ils chantent en cœur « JOYEUX ANNIVERSAIRE »)

 

 

JULIETTE : - Mais…je ne comprends pas… vous n’êtes pas mort ?

 

 

L’INCONNU : - On le dirait bien !

 

 

JULIEN : - Alors que penses tu de mon cadeau d’anniversaire ? Original non ?  As-tu eu ton compte d’émotion ? T’es tu sentie bien vivante

 

JULIETTE : Mais qu’est ce que ça veut dire ?

C’est toi qui as organisé cette farce ? Mais vous étiez tous de connivence ? Mais ce n’est pas possible ! C’était très réussi j’en suis arrivée à regretter ma petite vie bien tranquille ! (Énervée) Vous mériteriez tous une baffe !

 

 

EMMA :- Ton cadeau ne te fait pas plaisir ?

 

JULIETTE : - En fait si…Je suis tellement soulagée …

 

JULIEN : - Alors ? Tu vois qu’il ne manque pas d’imagination ton petit mari ! Je te présente Bruno ! Comédien à ses heures qui nous a donné un bon coup de main ! (Il salut, elle applaudit) – Le reste de la troupe tu les connais ! (Ils saluent tous)

 

 

JULIETTE : - Oui et ils m’ont bien roulée dans la farine !

 

BERNADETTE :- En effet ! Et je dois dire que je me suis bien amusée à ce petit jeu !

 

JULIETTE : - Mais l’accident ? Les pompiers ?

 

BERNADETTE : - J’ai demandé à mon gendre qui est pompier de simuler  une petite intervention dans le quartier !

 

BEBERT :- C’était une vraie récréation ! On s’est bien éclatés comme disent les jeunes !

 

VALERIE : -Mais faut pas croire ! On a bossé tous les soirs depuis une quinzaine de jours !

 

JULIEN : -Voilà tu as l’explication de mes retours tardifs du travail !

 

EMMA : -Papy devait se joindre à nous mais il a vraiment la grippe ! On a donc inventé cette sœur suédoise, en guise d’amuse gueule et pour le faire participer! Petit rectificatif, je ne vais pas m’enterrer dans la creuse, et je préfère les garçons, tu as donc toutes les chances d’être grand-mère un jour !

 

 

JULIETTE :- Tant mieux ! Ce que je suis soulagée ! Ça c’est une surprise ! Je ne te savais pas aussi imaginatif ! Tu t’es surpassé mon chéri !

 

JULIEN : -Ce n’est pas fini ! Nous partons la semaine prochaine pour un trek en Amazonie pour que tu t’entraînes, je nous ai inscrits à KOH LANTA!

 

JULIETTE :- Mais qu’est ce qui t’arrive ?

 

JULIEN :- Moi aussi je rêve d’aventures !

 

JULIETTE : -On est peut être pas obligés d’aller aussi loin ?  « koh lanta » c’est peut être un peu trop !

 

 

JULIEN : -Non je déconne en fait on va faire de la randonnée  en Bretagne !

 

JULIETTE :-Je me disais aussi…

 

EMMA : -Maman il serait peut être temps que tu souffles les bougies !

 

L’INCONNU : -Oui soufflez, car un incendie, on n’a pas prévu ça dans le scénario !

 

TOUS : -JOYEUX ANNIVERSAIRE JULIETTE ! (Elle souffle les bougies)

 

 

                                                         NOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AVIS IMPORTANT : Cette pièce fait partie du répertoire de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, 11 rue BALLU 75442 PARIS CEDEX 09. TEL. : 01 40 23 44 44

Elle ne peut donc être jouée sans l’autorisation de cette  société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                          ACTE 1

 

 

SCENE 1

 

(C’est l’après midi, Julien est sur le départ pour voyage d’affaires il rassemble ses bagages, son épouse Juliette est plongée dans sa lecture)

 

JULIEN : - Franchement,  si tu savais comme ça m’emmerde ce déplacement à Londres ! Vraiment ça tombe mal ! La veille de ton anniversaire en plus ! Mais bon, ne t’inquiète pas je serai là à temps pour t’emmener dîner demain soir !

 

JULIETTE : -Hum…

 

JULIEN : -À chaque fois c’est la même chose ! En Angleterre, j’ai l’impression de perdre mon temps ! Ces anglais… ils sont durs en affaires, ils ne lâchent pas le morceau !

 

JULIETTE :- Cette idée aussi de vouloir vendre des tire bouchons à des anglais ! Pourquoi pas des parasols tant  qu’on y est ! A mon humble avis,  tu aurais plus de chance avec des décapsuleurs ou mieux des parapluies !

 

JULIEN :-Oui mais attention ! Ce ne sont pas des tire bouchons ordinaires ! Ce sont des tire bouchons connectés !

 

JULIETTE : -La bonne blague ! C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Tout est connecté de nos jours ! Bientôt même le distributeur de PQ sera connecté ! Un tire bouchon connecté quel intérêt tu peux me dire ? Surtout en Angleterre !

 

JULIEN : -J’ai un patron qui anticipe ! Avec le réchauffement climatique, on cultivera  bientôt des vignes en Angleterre !

 

 

 

JULIETTE : - Voilà autre chose ! Bon admettons, mais  « connecté » pourquoi faire ?

 

JULIEN : - ça calcule le nombre bouteilles que tu débouches!

 

JULIETTE :- ça pourrait en effet être utile à certains !

 

JULIEN : -Tu ne penses pas à moi j’espère !

 

JULIETTE : - Mais non…bien sûr que non…

 

JULIEN : - Le pire dans l’histoire c’est que je sais que je me déplace pour pas grand chose!  En plus, je n’aurai même pas la compensation de profiter de l’occasion pour me faire un  petit resto ! Vu ce qu’ils bouffent, ça ne donne pas envie !

 

JULIETTE : - Tu n’es pas un fin gourmet de toute  façon ! Toi, tu te régales avec une pizza !

 

JULIEN : - Il vaut mieux une bonne pizza qu’un steak bouilli avec des petits pois fluo!

 

JULIETTE :-  Les clichés ! Ils ont aussi des restaurants gastronomiques !

 

JULIEN :- En Angleterre ? Il faut  bien chercher…de toute façon, ce n’est pas prévu dans mon budget ! Pas de regret en ce qui me concerne car « la grande cuisine » c’est un peu comme l’art contemporain, du « foutage » de gueule ! Tu ne reconnais rien dans ton assiette, les portions sont minuscules, la taille d’un confetti ! Au temps pour moi ! Tout n’est pas petit, l’addition elle, est inversement disproportionnée, résultat, tu crèves la dalle et en sortant, tu te précipites sur un hamburger !

 

JULIETTE : - Mais enfin ! On ne va pas dans un restaurant  gastronomique pour se goinfrer ! Se rassasier !mais pour découvrir des saveurs !... Ne te plains pas ! Au moins, toi tu voyages ! Tu te promènes …

 

JULIEN : - Je me promène ? Tu parles d’une promenade !

 

JULIETTE : - Bah oui ! Je t’envie… (Gros soupir)

 

 

JULIEN : -  Qu’est ce qui t’arrive ma Juliette ? Tu ne me ferais pas un petit coup de mou ? Ah je sais…c’est à cause de ton anniversaire ? Tous les ans c’est la même chose !

 

JULIETTE : Tu te rends compte ? Plus d’un demi-siècle !

 

JULIEN : - Evidemment en comptant comme ça !  Je comprends que ça te déprime ! Dis toi plutôt que tu as plusieurs fois 20 ans et tu verras ça ira beaucoup mieux !

 

JULIETTE : - Je m’emmerde Julien !

 

JULIEN : - Merci ! Ça fait plaisir ! Tu t’emmerdes avec moi ? C’est ça que je dois comprendre ?

 

JULIETTE :- Bah oui…je m’emmerde ! Avec toi, sans toi, je m’emmerde tout court ! Il ne se passe rien …dans notre vie…dans la mienne surtout ! Le temps passe de plus en plus vite …

 

JULIEN : - Si le temps passe vite, ça prouve que tu ne t’emmerdes pas !

 

JULIETTE : - Tu ne comprends pas…j’ai l’impression d’être sur un manège qui tourne de plus en plus vite …et ce qui me déprime c’est que ce manège va un jour s’arrêter de tourner…Et là, pas de pompon pour un deuxième tour gratuit.

Je ne verrai plus le jour se lever, le soleil se coucher, la mer, les saisons, je ne sentirai plus le vent et la pluie sur mon visage, le soleil me chauffer la peau, mes yeux ne verront plus les personnes que j’aime.

 

JULIEN : - Oui mais d’un autre côté, si ça peut te consoler tu ne verras plus non plus les personnes que tu détestes !

 

JULIETTE : - Ce qui me désole, c’est que pour l’instant je peux jouir de tout cela et je m’emmerde !

 

JULIEN :- Beaucoup de gens aimeraient être à ta place, crois moi ! Par les temps qui courent c’est un luxe que de s’emmerder ! Je te rappelle que c’est toi qui as voulu prendre ta   pré–retraite !

 

 

 

 

 

 

 

 

JULIETTE :-  Mais il n’y a pas que le boulot dans la vie !

J’ai l’impression que ma vie ressemble de plus en plus à celle de notre voisine du dessus ! Il ne se passe rien ! Les petites courses, le ménage, faire à manger etc.…rien de passionnant !oui décidément…j’ai de plus en plus de points communs avec cette pauvre Mme Chapelle, sauf qu’elle, elle est veuve !

 

JULIEN : -Heureusement pour moi que toi tu ne l’es pas ! Permets-moi de te dire que tu as des jugements un peu rapides.

Qu’est ce que tu connais de la vie de Mme Chapelle ? Elle a peut être une vie plus trépidante que tu ne l’imagines… (Soudain mystérieux) il ne faut pas toujours se fier aux apparences…elle pourrait te surprendre…elle a peut être un amant…

 

JULIETTE :- Pas possible !

 

JULIEN : - Pourtant….

 

JULIETTE :- Quoi ? Tu as remarqué quelque chose ?

 

JULIEN :- Ce que tu peux être curieuse !

 

JULIETTE : - D’abord je ne suis pas curieuse, je m’informe, je m’intéresse aux autres…C’est différent !.... Tu ne dis pas ça par hasard, tu as remarqué quelque chose !

 

JULIEN :- Effectivement… (Il continue à préparer ses affaires)

 

JULIETTE : - Et bien alors ?

 

JULIEN : - Tu aimerais bien savoir hein ?

 

JULIETTE :- Alors ?

 

 

 

 

 

 

JULIEN :-… Un homme plus jeune qu’elle, beaucoup plus jeune lui rend visite assez régulièrement depuis la semaine dernière. Ça ne peut pas être son fils, elle n’a qu’une fille. De plus il essaie d’être le plus discret possible, comme s’il cachait quelque chose…

 

JULIETTE :- Non ? Madame Chapelle ? En fait, sa vie est moins emmerdante que la mienne finalement, merde alors !

 

JULIEN : - Trouve-toi une occupation !

 

JULIETTE :- Tu veux que je prenne un amant ?

 

JULIEN :- Non,  Je n’irais pas jusque là …Il y a d’autres occupations ! Qu’est ce que tu veux que je te dise ? Je ne sais pas…. Fais du tricot !

 

JULIETTE :- Tu en as encore beaucoup des idées comme celle là ? Décidément mon pauvre Julien tu n’as aucune imagination…

 

JULIEN :- Puisque toi tu en as, tu devrais être capable de trouver de quoi t’occuper !

 

JULIETTE :- J’en ai des idées…mais elles ne sont pas réalisables…j’ai envie et besoin de me sentir respirer … vivre…palpiter…

 

JULIEN :- Pour peu qu’on le veuille vraiment, tout est réalisable ! Regarde Madame Chapelle elle continue de s’envoyer en l’air !

 

JULIETTE : -Il doit il y avoir une autre raison en ce qui la concerne !

 

JULIEN : - Pourquoi elle n’aurait pas d’amant ? Tu es jalouse ma parole ?

 

JULIETTE :- Non pas du tout !

 

JULIEN : - En fait je sais d’où vient ton problème ma Juliette,  je crois que tu lis trop ! Ça te monte à la tête !

 

JULIETTE :- Comment  peux-tu me dire une chose pareille ! On ne lit jamais trop mais plutôt pas assez ! Surtout en ce qui te concerne !

 

 

 

 

 

JULIEN : -  En effet, OUI,  excuse-moi, mais moi j’ai autre chose à faire, je bosse encore, et je n’ai pas encore l’age de la retraite!

 

JULIETTE :- Merci ! Ça c’est délicat ! Merci Julien de me rappeler que je suis beaucoup  plus vieille que toi !

 

JULIEN :- Mais je n’ai pas dit ça pour ça ! Ce que tu peux être susceptible ! Si je peux me permettre, c’est vrai que tu lis beaucoup, mais toujours la même chose ! (Il prend les livres posés sur la table et les énumère)   « L’étrangleur de la gare Saint Lazare » ! «  Le boucher du métro! » « Les noces de sang » ! Etc...Etc.….Tes histoires de psychopathes, tu n’en as pas marre ? Entre tes livres, tes séries et tes émissions type « faites entrer l’accusé » (Il regarde son livre) Tiens qu’est ce que  je disais… varie un peu…je ne sais pas moi… lis des livres d’aventures puisque tu en rêves,  de science fiction ou mieux, érotiques …ça pourrait te donner des idées…

 

JULIETTE :- C’est un reproche ?

 

JULIEN :- Non une suggestion !

 

JULIETTE :- Puisqu’on en parle, pourquoi crois tu que je lis ce genre de livre ? Au moins avec eux je connais le grand frisson !

 

JULIEN :- Et avec moi…non ? Attends ? Qu’est ce que je dois comprendre…Tu simules ?

 

JULIETTE :- Certainement pas ! Je ne suis pas une tricheuse, moi quand je m’emmerde ça se voit tout de suite ! Je ne suis pas assez charitable pour faire semblant juste pour te faire plaisir !

Reconnais que tu n’es pas toujours au top !

 

JULIEN :- Attends que je revienne de LONDRES, tu vas voir si je ne suis pas au top !

 

JULIETTE : - Des promesses…toujours des promesses…

 

(Julien parait contrarié)

 

 

 

 

 

JULIETTE :- Mais je plaisante ! Tu n’as plus d’humour ? Ça au moins tes anglais en ont eux ! Alors  tache de rapporter des échantillons ! En tout cas je remarque que depuis une quinzaine de jours tu rentres de plus en plus tard…

 

JULIEN :-  Je bosse ! Attends… tu me soupçonnes d’avoir une maîtresse ? N’importe quoi ! Tu sais très bien que je n’aime pas les complications !

 

JULIETTE : -C’est la seule raison pour laquelle tu n’as pas de maîtresse ? Parce que tu n’aimes pas les complications ! Ce qui laisse sous entendre que si ça n’était pas le cas….

 

JULIEN : - Pense ce que tu veux…Ecoute, Je n’aime pas qu’on se dispute juste avant que je prenne l’avion…imagine qu’il se casse la gueule…

 

JULIETTE :-  Julien ! Ne dis pas des trucs pareils !

 

JULIEN :- Au moins là il se passerait un évènement dans ta vie ! Tu te sentirais bien vivante contrairement à moi et en plus tu toucherais du pognon !

 

 

JULIETTE :- Changeons de conversation, ça porte malheur. Il est à quelle heure ton avion ?

 

JULIEN : - A 16 H  45 ! Il ne faut pas que je traîne.

 

JULIETTE : - Sois vigilant ! Si tu remarques le moindre bagage ou comportement suspect préviens la police,  mais attention, fais le discrètement…. il vaut mieux la prévenir pour rien que de se dire après coup « si j’avais su » !

 

JULIEN :- Parce que tu penses que si mon avion explose, j’aurais encore le loisir de me poser la question « si j’avais su » !

 

JULIETTE :- T’as raison ! C’est con ce que je viens de dire…mais fais gaffe quand même…

 

 

 

 

 

JULIEN : - Tu tiens un peu à moi finalement !

 

JULIETTE :- Beaucoup même ! T’es chiant mais c’est vrai …je t’aime !

 

JULIEN : -Allez ! Bisous ma Juliette !

 

JULIETTE :- Attends je t’accompagne à l’ascenseur…On va s’embrasser du 12ème  jusqu’au rez de chaussée…

 

JULIEN : - Super ton idée ! Tu vois quand tu veux !

Ils sortent)

 

(à la fenêtre)

JULIETTE :- Pense à ce que je t’ai dit, sois vigilant !

 

SCENE 2

 

(Elle revient, elle se sert une tasse de thé et s’installe avec son livre, elle est plongée dans sa lecture quand entre sa fille Emma en catimini, elle se place derrière elle et lui crie dans les oreilles)

 

EMMA :- Bonjour Maman !

 

JULIETTE : - (en sursautant) Tu veux ma mort ? Tu m’as fais peur !

 

EMMA :- Tu devrais être contente ! Tu adores avoir peur ! Entre tes bouquins et tes séries…

 

JULIETTE :- Tu ne vas pas t’y mettre  aussi ! Ton père m’a servi le même refrain tout à l’heure.

 

EMMA :- Il n’est pas là ?

 

JULIETTE :- Non, tu ne l’as pas croisé ? Il vient de partir pour Londres. Il va essayer de fourguer sa camelote, ce n’est pas gagné. Je te sers une tasse de thé ?

 

EMMA :-Volontiers.

 

JULIETTE :- Qu’est ce qui t’amène ? Tu te promenais dans le quartier ?

 

EMMA :- Maman… J’ai une grande nouvelle à t’annoncer !

 

JULIETTE :- (aux anges, elle la serre dans ses bras) Enfin ! Ce que je suis contente ! C’est génial ! C’est pour quand ?

 

 

EMMA : - Pour dans quinze jours !

 

JULIETTE :-  (observant le ventre plat d’EMMA) Ce n’est pas possible !

 

 

EMMA :- (regardant son ventre à son tour réalise la méprise) Mais non Maman ! Tu n’y es pas du tout ! Ce n’est pas du tout ça ! Et ce n’est pas prêt d’arriver ! Je n’ai plus de mec !

 

JULIETTE : - Ah bon ! Tu n’es plus avec Benjamin ? Je m’y attendais … dommage…je l’aimais bien moi celui là…

 

EMMA :-  De toute façon ça ne pouvait pas marcher…

 

JULIETTE : - ça je l’ai toujours pensé ! Vous êtes bien trop différents !

 

EMMA : - En fait Maman… le problème n’est pas là…c’est plus complexe …je crois que je suis lesbienne !

 

JULIETTE : Pardon ?

 

EMMA : Ne m’oblige pas à le répéter, c’est déjà assez difficile à dire et tu as très bien entendu.

 

 

JULIETTE :- Pour une fois qu’il se passe quelque chose d’un peu surprenant dans ma vie ! Ma fille  m’annonce comme ça de but en blanc au fait maman « je suis lesbienne » Super ! En fait ce n’est pas si grave, mais du coup je ne suis pas prête d’être grand-mère ! C’est ça la grande nouvelle ?

 

 

EMMA : - Non, ce n’est pas tout… j’ai envie de changer de vie…revenir à l’essentiel…me tourner vers le  spirituel …

 

 

 

JULIETTE : - ET ?

 

EMMA : -  Devenir bonne sœur !

 

JULIETTE : - Quoi ?

 

EMMA : - Tu vas tout me faire répéter deux fois ? Tu as très bien entendu ! C’est juste pour quelque temps, je te rassure, trois mois exactement.

 

JULIETTE :- Je me disais aussi…

 

EMMA :- Je pars dans un couvent dans la creuse au milieu de nulle part.

 

JULIETTE :-  Quelle drôle d’idée…vu tes nouveaux goûts je t’imaginais plutôt aller en Grèce, à Lesbos ! Ah j’ai compris, c’est pour être  entre filles … C’est tout ce que tu as trouvé pour laisser libre cour à tes nouvelles attirances sexuelles ?

 

EMMA :- C’est vrai, on peut joindre l’agréable à l’utile. Mais ce qui me motive avant tout c’est l’envie de me couper du monde, pour un temps…être moi-même, méditer ...Fini, le portable, les réseaux sociaux, la télé…tout ce qui nous parasite l’existence.

 

JULIETTE :-  Autant rester ici ! Tu peux très bien te passer de tout ça sans pour autant aller te cloîtrer ! Un peu de volonté suffit !

 

(Le téléphone d’EMMA sonne texto et elle répond texto)

 

 

JULIETTE : - bah ! Ce n’est pas gagné !

 

EMMA :-  C’est  Benjamin, il me harcèle depuis que je l’ai quitté ! M’isoler pendant trois mois, va l’aider à m’oublier !

 

 

JULIETTE :- Mais Emma, tu es sûre que tu peux imposer ta présence comme ça chez les nonnes ?

 

EMMA : - Oui, c’est réglé, elles font chambres d’hôtes en quelque sorte, tu paies ta chambre et les repas.

 

 

 

 

JULIETTE : - ah oui ? Mais comment vas-tu occuper tes journées ? Pas dans la prière j’imagine ?

 

 

EMMA : -  Non, je vais bosser ! Je vais faire de la confiture, de la vannerie, du jardinage…Toutes sortes de travaux…

 

 

JULIETTE : - Pas connes les nonnes, elles font payer  le gîte et le couvert et en plus elles te font bosser, gagnantes sur toute la ligne.

 

EMMA :- Tu ne peux pas comprendre…c’est un concept.

 

JULIETTE :-  On peut dire ça comme ça …un « concept » ! Moi j’appellerais ça plutôt un piège à con !

 

EMMA : -Tu ne peux pas comprendre…

 

JULIETTE : -  Non, en effet, je ne comprends pas qu’on aille s’enterrée vivante dans un trou perdu,  et qu’on paie pour ça !…Moi j’ai envie de mouvement, de bruit, d’aventures, d’émotions fortes ! Au fait mais j’y pense,  pas de téléphone, on ne pourra même pas te joindre alors ?

 

EMMA :- NON !... (Juliette reste songeuse) Ne sois pas triste… tu déprimes ?

 

JULIETTE :- Ton père est toujours par monts et par vaux pour son travail, quand il rentre il n’a pas envie de reprendre l’avion pour le plaisir, alors moi je reste là en stand by ! Je m’ennuie les journées sont longues…

 

EMMA : - Trouve toi une occupation, je ne sais pas…prends des cours de cuisine !

 

JULIETTE :- C’est un message ? Je ne sais pas cuisiner ? Tu es bien la fille de ton père ! Lui me propose entre autres choses le tricot pour remplir mes journées !  Mais moi j’ai besoin de me sentir respirer ! Palpiter ! Vivre !

 

EMMA :- Qui t’en empêche ?

 

 

 

JULIETTE :- Hum… (Changeant de conversation) dis moi,… c’est vrai ? Tu aimes les filles ?

 

EMMA :- Je crois…j’aime regarder les filles qui marchent sur la plage…

 

JULIETTE :-  A Paris ? Ça ne doit pas t’arriver tous les jours ! Je ne le crois pas une seconde !

 

EMMA :- Tu verras bien un jour ! Quand je te présenterai ma copine ! Quand j’en aurais une !

 

JULIETTE :- C’est ça on en reparlera quand tu reviendras  de ton séjour chez les nonnes. Ton père évidemment va trouver ça génial ! Je pense à  ton départ, pour ce qui concerne tes choix amoureux, je ne sais pas…Il va falloir que tu préviennes  ton grand père…pour ce qui concerne ton besoin de spiritualité, il pourrait s’inquiéter de ne pas avoir de tes nouvelles pendant trois mois… pour le reste, à plus de 80 ans, il vaut mieux le ménager, il n’est pas nécessaire de le mettre au courant !

 

EMMA : - (Pleine de sous entendus) Ne t’inquiète pas pour Grand Père ! Il va bien…très bien même…je dirais même qu’il a la santé le Grand Père !

 

JULIETTE :- Qu’est ce que tu essaies de me dire ?

 

EMMA :- Tu veux vraiment le savoir ? Je crois que ce n’est pas une bonne idée, ça ne va pas te plaire…

 

JULIETTE : -Arrête de tourner autour du pot, tu meurs d’envie de me le dire !

 

EMMA :- Bon  après tout tu l’auras voulu ! Figure toi qu’hier après midi, j’ai vu grand-père  « au voltigeur »  tu sais le bar en face de la gare.

 

JULIETTE : -Oui je vois très bien et alors ? Il était « torché » ?

 

EMMA : -Non pas du tout… il était en charmante compagnie…

 

 

 

 

 

 

JULIETTE : -J’aime mieux ça …écoute ça fait maintenant 20 ans que ton grand père est divorcé ! Je me doute bien qu’il n’a pas vécu comme un moine pendant tout ce temps !

 

 

EMMA : -Oui mais là, c’est différent…la jeune femme est vraiment jeune… très jeune …une vingtaine d’année tout au plus… ils étaient assis face à face, ils se  regardaient dans les yeux … il lui tenait la main…

 

 

JULIETTE :- Ce n’est pas possible ! C’est dégueulasse !

 

EMMA : -Tu te rends compte qu’elle est plus jeune que moi qui suis sa petite fille !

 

JULIETTE : - Mais ça ce n’est pas possible ! Je vais l’appeler, je veux en avoir le cœur net… (Elle prend son portable et appelle son père) Papa ? Tu as une drôle de voix, tu as l’air essoufflé …tu es couché ? À cette heure là ? (Regard inquiet vers EMMA) avec qui ?... Avec la grippe ! (soudain détendue) Tant mieux ! ….Non, non … Je veux dire, c’est bien que tu puisses te reposer… En fait, je t’appelle parce qu’Emma  me dit qu’elle t’a vu hier « au voltigeur »  en charmante compagnie… (Juliette semble très surprise parce qu’elle entend)  ma petite sœur ? 20 ans ? Et c’est maintenant que tu me le dis ? Pour le faire part c’est un peu tard…ce serait même plutôt ridicule ! J’imagine le faire part ! Elle mesure 1.65 m, elle pèse  55 kilos, elle se porte bien ! …..Quoi ? …elle mesure 1 .80 m. c’est une grande petite sœur alors ! Tu ignorais son existance? …...elle attend un bébé ! Tu apprends en même temps que tu es père et sera grand père pour la deuxième fois ! (Énervée) super… en l’espace d’une minute j’apprends que j’ai une sœur et que je vais devenir tante !....ah ! Elle  est déjà repartie dans son pays ? Suède ? Elle voulait juste te connaître …voilà qui est fait !

Bon…écoute…on reparlera de tout ça plus tard ! Je te laisse, soigne toi bien ! Bisous.

 

EMMA : - En voila une bonne nouvelle ! Maman tu as une petite sœur !

 

JULIETTE :- Je t’en prie n’emploie pas ce terme de « petite sœur » c’est ridicule ! Elle mesure 1.80 m !

 

EMMA : - J’ai trop hâte de faire connaissance avec ma Tatie !

 

 

JULIETTE :- « ma Tatie » non mais tu t’entends, elle est plus jeune que toi ! De plus, non pas parce qu’elle est suédoise mais  pour moi c’est une parfaite étrangère  et je pense qu’elle le restera !

 

EMMA : -Quand est ce qu’on fait sa connaissance ?

 

JULIETTE : - Tu ne comprends rien ! Jamais en ce qui me concerne !

 

EMMA : -Ma parole, tu es jalouse !

 

 

JULIETTE : -N’importe quoi !

 

EMMA : -Oui tu es jalouse, tu n’es plus la fille unique de ton papa !

 

JULIETTE : -T’en as d’autres comme ça à me sortir ? Tu n’as pas des bagages à préparer ?

 

EMMA : -Dis moi de m’en aller, on gagnera du temps

 

JULIETTE :- Moi qui me plaignais tout à l’heure à ton père qu’il ne se passait rien dans ma vie, là je dois dire que je suis servie ! Je découvre que ma fille est lesbienne, elle part chez les nonnes, j’apprends que j’ai une sœur suédoise de 20 ans ! J’ai du déclancher quelque chose !

 

EMMA : -Estime-toi heureuse, ce ne sont que des bonnes nouvelles !

 

JULIETTE : - ça dépend pour qui ? Dis ? Tu ne veux pas passer la soirée avec moi ?

 

EMMA : - Non j’ai encore plein de choses à régler avant mon départ !  Bisous maman, je te laisse… à tes occupations multiples et variées. Ah au fait si tu ne sais pas quoi faire tu peux toujours tricoter de la layette !

 

JULIETTE : Arrête ton ironie tu veux.

 

 

NOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 2

 

 

 

                                            

SCENE 1

 

 

                    C’est le soir, Juliette est recroquevillée dans le canapé, on entend le générique de fin de l’émission « Faites entrer l’accusé ». Elle semble sur ses gardes, regarde autour d’elle, va vérifier que la porte est bien fermée, prend son téléphone et appelle son amie.

 

JULIETTE : - Oh !  Excuse-moi je te réveille ? Oui je sais Valérie,  il est tard…en fait pas si tard que ça, il n’est que  minuit …Oui…Oui … mais il fallait que je parle absolument à quelqu’un…Non rien de grave…j’avais besoin de parler pour me détendre, je viens de regarder « faites entrer l’accusé » ça me fait flipper cette émission…en plus je suis seule,  Julien est parti en déplacement et ne revient que demain soir…en fait aujourd’hui puisqu’il est minuit ! Oui …juste le jour de mon anniversaire ! Merci,  mais je n’aime pas les anniversaires…je n’aime pas les surprises…en fait  il n’y a jamais de surprise ! Avec Julien c’est dîner à la pizzeria et un bouquet de Roses, une rose par année, ça commence à  lui coûter cher ! Bref, il n’a aucune imagination ! Heureusement il a d’autres qualités … Mais bon passons, ça me fait du bien de te parler, je commence à me détendre ! Oui… je sais…j’aurais du regarder autre chose mais j’étais accrochée…Tous ces criminels qui s’ignorent ça fout les jetons, mais j’aime bien ! Tu vas rire ! J’ai vérifié je ne sais plus combien de fois que la porte était bien fermée ! (Très décontractée) Bon,  la fenêtre du balcon, pas la peine, au douzième étage ! A moins d’avoir affaire à Spider man, pas d’inquiétude à avoir (Apparaît derrière elle un homme en caleçon)  -  C’est vrai, tu as raison, je suis ridicule, qu’est ce qui pourrait m’arriver dans mon petit nid douillet ?

 

(L’inconnu  tousse pour informer de sa présence)

 

 L’INCONNU : - Excusez- moi …

 

 

(Juliette pousse un cri, se lève d’un seul coup, pose le téléphone sur le canapé et l’inconnu se rapproche d’elle de manière inquiétante)

 

JULIETTE : - Ne me faites pas de mal…Je vais crier… (Petit cri) qu’est ce qui m’arrive, je n’arrive plus à crier…qu’est ce que vous faites là ?

 

 

L’INCONNU : - (il parle de façon inquiétante) Patience, vous le saurez bientôt …N’ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal…

 

(Juliette a saisi un petit guéridon et s’en sert comme d’un bouclier)

 

JULIETTE : - Oui c’est toujours ce que vous dites vous les psychopathes !  Je vous connais !

 

L’INCONNU : (il lui arrache des mains son  « bouclier ») ah ? Parce que vous connaissez des psychopathes ? C’est moi qui devrais avoir peur dans ce cas ! C’est vrai ? (entre temps elle s’est emparée d’une tapette télescopique à moustiques pour se défendre) Je vous fais peur … ça m’excite… (Il s’approche d’elle de plus en plus près, elle s’éloigne de lui))

 

JULIETTE : - Mais qui êtes vous ? Comment êtes vous entré ?

 

L’INCONNU : -  Je suis passé par le balcon, je viens de chez votre voisine du dessus,  Bernadette Chapelle.

 

JULIETTE : -  Je ne comprends pas…

 

L’INCONNU : -  Je me suis retrouvé sur son balcon … en fait elle m’a enfermé dehors !

 

JULIETTE : -  Enfermé dehors ?  En caleçon ?

 

L’INCONNU :- Oui…c’est une longue histoire…

 

JULIETTE : - Je vous écoute ! (elle « rengaine » sa tapette télescopique)

 

L’INCONNU : - Vous n’auriez pas un peignoir à  me prêter… j’ai un peu froid…et c’est un peu gênant…

 

JULIETTE : -  Je ne vous le fais pas dire ! Je vais vous chercher ça.

 

 

 

 

 

SCENE 2

 

(Pendant ce temps, l’Inconnu prend le téléphone portable le cache sous le canapé, coupe les fils du téléphone. Elle revient avec un peignoir à elle et  lui donne il est ridiculement trop petit pour lui)

 

L’INCONNU : -(il fait la grimace)  Merci …

 

JULIETTE : - c’est tout ce que j’ai à vous proposer, mon mari s’est absenté et a emporté son peignoir !

 

L’INCONNU : - C’est mieux que rien ! Vous êtes seule donc….tant mieux…

 

JULIETTE : - Comment ça tant mieux ?

 

L’INCONNU : -Je disais ça comme ça… façon de parler…

 

JULIETTE : -Bon alors…je suis toute ouie …la suite de votre histoire !

 

L’INCONNU : - C’est assez gênant… Voilà…Je vends mes services à Bernadette Chapelle…

 

JULIETTE : -  Vos services ? Vous êtes plombier ?  Bricoleur en tout genre ? Je ne vois pas ce qu’il y a de gênant ?

 

L’INCONNU : - « Bricoleur » c’est pas vraiment le mot qui convient…

 

JULIETTE : - C’est quoi le mot qui convient ?

 

 

L’INCONNU : - Je suis en quelque sorte ce qu’on appelle un  gigolo …

 

JULIETTE : - Un gigolo ? Madame Chapelle se paie un gigolo ? Ce n’est pas possible… arrêtez votre baratin ! Madame Chapelle a perdu son mari l’année dernière…je ne l’imagine pas une seconde avoir des besoins de cette nature…et de faire de son mari un cocu posthume !

 

 

L’INCONNU : - Qu’est ce que vous en savez des besoins de Bernadette ?

 

JULIETTE : - ah ? Parce que vous l’appelez « Bernadette » ?

 

L’INCONNU : - Bah oui, on est assez intimes pour ça…

 

JULIETTE : - Je n’arrive pas à y croire ! Madame Chapelle se paie un gigolo ! Ce n’est pas possible, je l’ai encore croisée hier soir dans l’ascenseur avec son petit panier,  sa baguette, sa petite botte de poireaux, elle n’avait pas du tout l’air de quelqu’un qui a l’intention de s’envoyer en l’air ! Juste l’envie de se faire une bonne soupe et au lit !

 

L’INCONNU : - Il ne faut pas se fier aux apparences…Sans trahir le secret professionnel…

 

JULIETTE : (le coupant) Parce que vous avez une déontologie dans votre métier ?

 

L’INCONNU : -  Bien  entendu…on est professionnel qu’est ce que vous croyez!

 

JULIETTE : - Bon… continuez «  sans trahir le secret professionnel » !

 

L’INCONNU : - Bah voilà, Bernadette a des demandes un peu spéciales.

 

JULIETTE : - NON ?  (Très intéressée) Madame Chapelle ?  Des demandes spéciales ?

Je ne le crois pas ! (De plus en plus intéressée) Et c’est quoi ces demandes spéciales ?

 

L’INCONNU : - ça vous intéresse hein, les fantasmes de Bernadette !

 

 

JULIETTE : - Ecoutez …Vous avez atterri en caleçon à minuit dans mon salon, on n’est pas le 25 décembre ! Vous n’êtes pas le Père Noël alors il me parait normal d’avoir un minimum d’explications !

 

 

 

 

L’INCONNU : - Patience…je vais tout vous raconter…Comme vous le savez Bernadette a perdu son mari l’année dernière et l’absence est très difficile à supporter  pour elle au quotidien…Alors elle m’a demandé de « remplacer » son mari  quelques heures par semaine.

 

JULIETTE : - Remplacer son mari ? À quel niveau ?

 

L’INCONNU : - Ne soyez pas impatiente ! Quand je dis remplacer, je devrais plutôt dire jouer le rôle de son mari…Elle me fournit le costume, je dois en effet mettre ses vêtements adopter ses manies, ses tics… faire revivre Raoul d’une certaine façon.

 

JULIETTE : - Oui c’est vrai il s’appelait Raoul ! Mais vous ne lui ressemblez pas du tout !

 

L’INCONNU : -  Effectivement,  mais c’est là qu’intervient la difficulté de mon travail, faire croire au personnage malgré tout ! Je dois partager  les repas avec elle, la complimenter sur sa cuisine, commenter les émissions de télé et surtout me faire engueuler sans broncher, car je crois que ce qui lui manque le plus à la Bernadette, c’est d’engueuler son bonhomme !

 

JULIETTE : - C’est bien payé ce boulot ?

 

L’INCONNU : - Tout dépend de la prestation…Bien sûr le tarif est plus cher lorsque je dois donner de ma personne si j’ose dire…

 

JULIETTE : - Et avec Bernadette  Chapelle? Où s’arrête le rôle du mari ? Vous « donnez de votre personne » ?

 

L’INCONNU : - Non avec Bernadette, c’est le petit tarif, demande « spéciale » mais assez simple au fond ! Je suis catholique, mais je ne suis jamais entré dans la Chapelle !

 

JULIETTE : -  C’est élégant ! Très classe vraiment !

 

 

L’INCONNU : - Je dois reconnaître que ce n’est pas du meilleur goût, mais c’était tentant.

 

 

JULIETTE : -Vous ne m’avez toujours pas dit le prix !

 

L’INCONNU : - Vous êtes intéressée ?  La petite où la grande prestation ?

 

JULIETTE : - « La grande prestation » vous n’êtes pas un peu prétentieux ? Non je ne suis pas intéressée, simple curiosité.

 

L’INCONNU : - Pour Bernadette, c’est 15 euros de l’heure.

 

JULIETTE : - ah oui ! Quand même ! Et la « grande prestation » ?

 

L’INCONNU : -  Quelle importance ? Vous n’êtes pas intéressée !

 

JULIETTE : - En tout cas tout cela ne m’explique pas comment vous vous êtes  retrouvé en caleçon sur son balcon … (moqueuse) vous avez raté votre prestation ?

 

L’INCONNU : - Je vais vous dire, elle n’est pas commode la Bernadette, si le paradis existe je crois que Raoul doit y être, et il se l’est bien gagné son Paradis…

 

JULIETTE : -  Et ? La suite ?

 

L’INCONNU : - Elle a pété un câble parce que je n’ai pas voulu manger de sa soupe aux poireaux ! J’ai horreur de ça !

 

JULIETTE : -  Vous auriez pu faire un effort, un grand professionnel comme vous !

 

L’INCONNU : - Elle était dans tous  ses états, « Mon Raoul adorait ma soupe ! Il en reprenait deux fois ! Etc...Etc. »… Elle m’a demandé d’enlever les vêtements de Raoul, me disant que j’en étais pas digne, et quand je me suis retrouvé en caleçon elle m’a poussé sur le balcon, a fermé la fenêtre et tirer le rideau ! C’est sûr le Raoul, il ne devait pas rigoler tous les jours !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SCENE  3

(On frappe à la porte)

 

L’INCONNU : - Vous avez de la visite à cette heure ci ?

 

JULIETTE : - Pourquoi pas ? Vous êtes bien là vous ? Bon allez vous cacher à côté je ne voudrais pas qu’on s’imagine que je reçois mon amant quand mon mari part en voyage d’affaires…

 

 

L’INCONNU :- Ou se paie un gigolo !

 

(L’inconnu passe dans la pièce à côté)

 

JULIETTE :- Qui est ce ?

 

BERNADETTE : (paniquée)- C’est votre voisine du dessus, Mme Chapelle !

 

(Juliette ouvre la porte, apparaît Bernadette dans tous ses états)

 

 

BERNADETTE : -  Excusez- moi de venir vous déranger à une heure pareille, mais c’est très grave… (On entend un bruit de sirène de pompier) J’en étais sûre ! J’en étais sûre ! Tout est de ma faute !

 

JULIETTE : - Que se passe-t-il Madame Chapelle ?

 

 

BERNADETTE : - Regardez par la fenêtre !

 

(Juliette se précipite à la fenêtre)

 

JULIETTE : - Il y a un homme étendu à terre, les pompiers s’occupent de lui, il a du se faire renverser par une voiture !

 

BERNADETTE : - Non ! Il est tombé de mon balcon !

 

JULIETTE : -  (amusée) Vous pouvez reprendre calmement, j’aimerais entendre « votre » version.

 

 

BERNADETTE : - « Ma » version ? Parce qu’il y en a plusieurs ?

 

JULIETTE : - heu…Non pas que je sache, c’est une façon de parler…

 

BERNADETTE : - Voilà, j’ai répondu à une petite annonce…un homme offrait ses services en tout genre… Vous savez ce que c’est quand il n’y a plus d’homme à la maison…bah non c’est vrai vous ne savez pas ce que c’est … (Gênée) C’est la  cinquième fois qu’il vient, enfin qu’il venait… (Sanglot) J’avais des ampoules à changer…

 

JULIETTE : - Il n’a pas coupé l’électricité et il est mort électrocuté ?

 

BERNADETTE : -  Non ! Je vous ai dit qu’il est tombé de mon balcon !

Pendant qu’il était occupé à changer les ampoules, je lisais mon journal,

Et là j’ai eu un choc… il y avait sa photo à la rubrique des faits divers…je l’ai reconnu,  il est suspect  et recherché dans une affaire criminelle…une pauvre vieille qu’on a retrouvée chez elle étranglée !

 

(Juliette s’assoit sur le canapé au bord du malaise)

 

 

JULIETTE : - Mais vous êtes sûre que c’est lui Madame Chapelle?

 

BERNADETTE : -! Je suis certaine que c’est lui ! J’ai alors eu l’idée de l’endormir, je lui ai proposé  une assiette de soupe, dans laquelle j’avais versé du somnifère…il me restait qu’un seul comprimé…

 

JULIETTE : - Bonne idée…

 

BERNADETTE : - Il n’en a pas voulu, il n’aime pas la soupe aux poireaux ! Mon Raoul il l’adorait ma soupe aux poireaux !

Ça m’a énervée ! Je lui ai dit d’enlever les habits de mon mari, oui…je les lui avais prêtés…j’aime bien voir les vêtements de mon Raoul s’animer…reprendre vie en quelque sorte…

Et je lui ai demandé d’aller voir sur le balcon mon volet qui coinçait …j’ai refermé la fenêtre et tirer le rideau. Il a tambouriné à la fenêtre pendant un moment et puis plus rien…j’ai ouvert le rideau, il n’était plus là…Je n’ai pas osé ouvrir la fenêtre et encore moins regarder en bas !

 

 

 

 

 

 

 

 

SCENE 4

 

(Apparaît alors l’inconnu, il s’approche de Bernadette de façon inquiétante et parle avec une voix d’outre tombe)

 

L’INCONNU :-  Alors comme ça on voulait m’endormir Bernadette ? On voulait me faire boire le bouillon d’onze heures !

 

BERNADETTE : - c’est… c’est pas possible…un fant …un fant.. un fantôme… (Elle porte la main à son cœur et s’écroule dans le canapé)

 

JULIETTE : - Madame Chapelle ! Bernadette !  Bernadette ! Oh ! Elle a fait une attaque !

 

L’INCONNU :- Mais non juste un petit malaise…elle est coriace la Bernadette !

 

JULIETTE : - Regardez ! Elle a fait une attaque je vous dis !  Elle a la bouche complètement de travers !

 

L’INCONNU :- (en l’observant) Vous avez raison, on dirait un Picasso ! Et il se met à rire …

 

JULIETTE :- Et ça vous fait rire ? Il faut appeler un médecin !

 

L’INCONNU : - A quoi bon ? Elle  a passé l’arme à gauche la Bernadette ! Mais appelez si ça vous fait plaisir !

 

 

JULIETTE :- Et c’est tout ce que ça vous fait ?

(Juliette se dirige vers le téléphone)

 

JULIETTE : - ALLO ? ALLO ? Il n’y a  pas de tonalité !

 

L’INCONNU : - Normal…le fil est coupé…

 

JULIETTE : - (cherchant sur le canapé) Mon portable ou est mon portable ?

 

L’INCONNU : - Je crois qu’il est passé par la fenêtre !

 

JULIETTE : - QUOI ? Vous avez balancé mon portable ?

 

L’INCONNU : - (Observant Bernadette) C’est vrai qu’elle n’est pas belle à voir… C’est insoutenable… allez aidez moi à ôter ce tableau de ma vue…

 

JULIETTE : - Vous n’y pensez pas, qu’est ce que vous voulez faire ? La balancer par la fenêtre elle aussi ?

 

 

L’INCONNU : -  (dégageant le tapis du salon) On va la transformer en rouleau de printemps !

 

JULIETTE :- En quoi ?

 

L’INCONNU : - En rouleau de printemps ! Ou en nem si vous préférez !

 

JULIETTE : - Ne comptez pas sur moi ! Je refuse de faire une chose pareille…

 

L’INCONNU : -  (se rapprochant d’elle menaçant) Mais vous n’avez pas le choix ma belle…

 

JULIETTE : - C’est bien parce que je n’ai pas le choix… (Il prend la ceinture du peignoir et la menace, Juliette  prend les pieds de Bernadette) Pauvre Bernadette ! (En faisant un signe de croix)

 

(Ils allongent Bernadette sur le tapis et l’inconnu l’enroule dans le tapis)

 

 

 

L’INCONNU :-( La dégageant en la faisant rouler) Voilà c’est une affaire qui roule !

 

 

JULIETTE : - Je vous ferais remarquer que tel que vous l’avez « emballée » on voit toujours son visage !

 

L’INCONNU : - Vous n’avez qu’à lui mettre quelque chose sur la tête !

 

JULIETTE : - Vous  voulez que je  lui mette un chapeau ?

 

L’INCONNU : - Mais non ! Vous êtes con ou vous le faites exprès ? Un chapeau n’importe quoi ! Elle ne va pas attraper une insolation ! Je parle d’un linge pour lui cacher le visage !

 

JULIETTE : - AH oui, évidemment…bon  ça va ! (Énervée) Excusez-moi  mais je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation !

 

 

SCENE 5

(On frappe à la porte)

 

L’INCONNU :-  (il lui met la main sur la bouche) - Décidément c’est un vrai défilé chez vous !

 

VALERIE : - (à  travers la porte) Juliette ? Tout va bien ? Ouvre-moi !

 

L’INCONNU : - Si vous tentez quoi que ce soit je vous tue toutes les deux !

(Il ouvre la porte, la referme à clé et prend la clé)

 

VALERIE : -  (gênée) Oh ! Excuse-moi ! Je ne pensais pas que tu …Je te dérange …

 

L’INCONNU : - Oui ! Un peu… on était en pleine action !

 

JULIETTE :- C’est un psychopathe !

 

VALERIE :- Chacun ses goûts ma Juliette !  (Découvrant Bernadette dans le tapis, elle pousse un cri)  qu’est ce que c’est que ça ?

 

 

JULIETTE : - C’est… enfin c’était Bernadette Chapelle ma voisine du dessus, elle a eu une attaque.  Tu ne comprends pas ? Tu as en face de toi un fou furieux recherché pour avoir étranglé  une vieille dame ! Il s’est  introduit chez moi par le balcon !

 

VALERIE :- (tremblante) Mon intuition était la bonne alors, quand je t’ai entendu crier dans le téléphone tout à l’heure, je me suis doutée qu’il se passait quelque chose ! J’ai pris ma voiture et j’ai foncé jusqu’ ici… foncé d’ailleurs un peu vite, j’ai renversé quelqu’un juste en bas de chez toi en arrivant…heureusement, plus de peur que de mal, il s’en tire avec quelques égratignures, les pompiers se sont occupé de lui.

 

 

JULIETTE : - Tu n’aurais pas du venir ! Pourquoi tu n’as pas téléphoné ? Pourquoi tu n’as pas appelé la police ?

 

VALERIE :- J’ai bien essayé de t’appeler sur ton portable et sur ton fixe mais ça ne répondait pas !

 

 

L’INCONNU :- Normal, j’ai coupé le fil du téléphone… Bon qu’est ce que je vais faire de vous ?

 

JULIETTE : - Mais pourquoi t’as pas appelé la Police ?

(Pendant ce temps l’inconnu tourne autour de Valérie de façon inquiétante)

 

VALERIE :- Pour leur dire  quoi ? J’ai entendu ma copine crier au téléphone  mais peut être que c’est pas grave, elle a peur des araignées peut être qu’elle en a vu une, ou peut-être qu’elle s’est tordu la cheville, ou  cogné le petit orteil,  mais peut- être qu’aussi et c’est possible qu’elle se soit fait attaquer ou peut être que…

 

L’INCONNU :- La ferme ! La dernière version est la bonne !

 

 

VALERIE :- Ne nous faites pas de mal … C’est l’anniversaire de Juliette aujourd’hui ! Vous n’allez pas la tuer le jour de son anniversaire !

 

L’INCONNU :- (Mielleux) Vous ne m’aviez pas dit ça ! C’est votre anniversaire ! Je suis bien élevé, je n’aurais pas l’incorrection de vous demander votre age mais Joyeux anniversaire JULIETTE ! (Il se met à chanter de plus en plus fort) « Joyeux anniversaire Juliette ! JOYEUX ANNIVERSAIRE  JULIETTE etc.

 

JULIETTE :- Arrêtez c’est insupportable, c’est un cauchemar, je vais me réveiller !

 

L’INCONNU :- Voyons  par qui vais-je commencer ? On pourrait tirer à la courte paille ! Ou plus simple  comme à la récré quand j’étais petit « pouf ! pouf ! Pique nique douille c’est toi l’andouille » (ça tombe sur Valérie)

 

VALERIE :- Tu as raison ! C’est un grand malade !

 

JULIETTE : - je connais une  autre version, « pique nique douille c’est toi le casse couilles » !

 

VALERIE : - Ne le provoque pas Juliette, tu vois bien qu’il n’est pas normal !

 

L’INCONNU : - Elle a raison, ta copine est plus lucide que toi !

Tu es plus perspicace on dirait …

 

VALERIE : -Je vous interdis de me tutoyer !

 

L’INCONNU : - Je regrette ma petite, mais tu n’es pas en position de m’interdire quoi que ce soit… (Il prend un des livres) «  L’étrangleur de la gare Saint Lazare », « le boucher du métro » hum ça donne des idées…Le couteau c’est trop salissant ! Je préfère le travail fait main, comme l’étrangleur de la gare Saint Lazare…

 

JULIETTE : - Vous n’êtes pas un  peu fatigué ?

 

VALERIE : - Oui vous ne voulez pas vous reposer un peu…il est tard…

 

 

L’INCONNU :- Oh c’est gentil de s’intéresser à ma petite santé ! Ça mérite une petite faveur …je vais y réfléchir… mais non je ne suis pas fatigué, et toi tu as envie de dormir ? Patience bientôt tu feras un gros très gros dodo  comme Bernadette…Mais, pour l’heure je vais m’occuper de ta copine…c’est elle qui a gagné à pique nique douille ! On commence à être un peu trop nombreux ici !

 

 

VALERIE : - Non pas moi ! Je ne devrais pas être là ! C’est une erreur !

 

L’INCONNU : - ça s’appelle le destin !

 

JULIETTE : - C’est quoi ton problème ? Tu as eu une enfance difficile ? On t’a violé quand t’étais petit ? Tu étais le souffre douleur de ta classe ? Ta mère ne t’aimait pas ?  Tu n’avais pas de cadeaux à Noël ?

 

 

VALERIE :- (essayant de l’amadouer)  Oui elle a raison, il doit y avoir une explication à comportement pareil ! On peut,  peut- être vous aider ?

 

 

L’INCONNU : -  (il semble triste soudain et parle sur un ton très pathos) Des cadeaux à Noël !…Noël ! Ce jour où paraît-il tous les enfants sont heureux ! Je vais vous dire, il y a des exceptions et j’en fais partie ! Je n’ai jamais connu les repas de famille, les gosses qui courent dans tous les sens autour du sapin  pour déposer   leurs petits souliers … (il chante) Petit papa Noël  quand tu descendras du ciel …etc...chez moi on ne fêtait pas Noël, ma mère est morte en couche le jour de Noël en me mettant au monde… (Rigolard) et oui le petit Jésus c’est moi ! Vous croyez tout ce qu’on vous dit vous ! Mais j’espère que n’avez pas l’intention de jouer au Psy avec moi…tous ceux que j’ai consultés ont renoncé…ou sont enfermés chez les dingues ! Allez !on va passer à la vitesse supérieure…

 

 

JULIETTE : - Vous n’êtes pas très crédible dans votre petit peignoir !

 

VALERIE :- Ridicule même !

 

((L’inconnu se regarde)

 

 

L’INCONNU : -  Mouais…t’as pas tort…va  me chercher de quoi m’habiller…

 

(Juliette se dirige vers la chambre, on l’entend crier au secours)

 

 

 

SCENE 6

 

JULIETTE :-  AU SECOURS ! AU SECOURS ! A l’aide !

 

(L’inconnu se précipite vers la chambre et ramène Juliette assez brutalement,  il rapporte également un pantalon et une chemise)

 

 

L’INCONNU :- Décidément on ne peut pas te laisser seule deux minutes ! (Il commence à enfiler le pantalon, Valérie profite de ce moment pour le déséquilibrer et le mettre par terre Juliette lui vient en aide, elle commence à lui mettre des coups de poings, ce qui fait rire

L’inconnu) – Arrête ! Tu me chatouilles ! Valérie saisit un objet et l’assomme !)

 

 

VALERIE :- Tiens ! Ça,  ça va moins te chatouiller ! Je crois qu’il a son compte ! (Elle sort son portable) merde plus de batterie !

 

JULIETTE : - Tu ne pouvais pas penser à le recharger ? Ce que tu peux être conne par moment !

 

VALERIE : - Merci ! Je me précipite pour venir à ton secours et tu m’insultes ?

 

JULIETTE : - Excuse-moi c’est  nerveux.

 

SCENE 7

 

 

(On frappe à la porte puis on entend la voix impatiente d’un homme âgé, le voisin du dessous M.LAMBERT)

 

 

  1. LAMBERT : - Ouvrez s’il vous plait ! C’est M. LAMBERT !

 

JULIETTE : - Manquait  plus que lui !

 

VALERIE :- Dis lui d’appeler la Police !

 

JULIETTE :- Regarde autour de toi ! N’y pense même pas ! On a un cadavre roulé dans un tapis et un mec à moitié mort par terre ! On va le faire entrer avant qu’il ameute tout le monde !

 

 

VALERIE :- Je te rappelle que l’autre psychopathe a balancé la clé par la fenêtre.

 

JULIETTE : - (En se dirigeant vers le porte manteau) Oui mais il ignorait que j’avais un double dans mon manteau ! (Elle ouvre la porte) Je vous ouvre M. LAMBERT…

 

 

 

 

 

 

  1. LAMBERT : (excédé) On est ici dans une petite copropriété bien tranquille, mais je dois dire que ce soir c’est un peu trop animé à mon goûtqu’on aime le chant, je veux bien l’admettre, mais chanter « JOYEUX ANNIVERSAIRE » et « PETIT PAPA NOËL » au mois de juin   à tue tête et à cette heure, c’est inadmissible! (En entrant dans la pièce) je voulais m’entretenir avec vous à ce sujet…

 

 

 (L’inconnu s’est relevé, son pantalon est ouvert,  pendant que Juliette et Valérie ouvraient la porte)

 

 

L’INCONNU :- (il arrache des mains  le téléphone de Valérie) C’est ça… entrez M. LAMBERT ! Plus on est de fous plus on s’amuse…

(Il referme la porte et montre la clé à Juliette et la met dans sa poche).

 

  1. LAMBERT :- (choqué) Je crains que ces jeux ne soient plus de mon age…Permettez moi Madame, de vous dire que je suis choqué, jamais je n’aurai pu croire une chose pareille venant de vous !

Profitez que votre mari soit absent, qu’il se démène à travers toute la France et à l’étranger pour trouver de nouveaux clients pour le bien du foyer et vous, pendant ce temps là vous vous envoyez en l’air  et à plusieurs ! Des partouzes dans l’immeuble c’est intolérable !

 

JULIETTE : - Mais… mais… MAIS NON M. LAMBERT …

 

VALERIE : - Mais…mais vous vous méprenez M. LAMBERT !

 

JULIETTE :-  C’est un fou ! Il s’est incrusté chez moi!

 

L’INCONNU :- M. LAMBERT  a vu juste, ne le prenez pas pour un imbécile ! Oui vous avez raison ! On s’amuse ! Hélas ! Vous avez interrompu notre partie ! Nous allions commencer !

 

 

JULIETTE :- Ne l’écoutez pas ! Il dit n’importe quoi !

 

L’INCONNU :- d’ailleurs si vous voulez jouer avec nous,  vous pouvez si le cœur vous en dit ! J’espère qu’il est assez solide…votre cœur…pas comme celui de Bernadette !

 

 

(Juliette et Valérie tentent de cacher le tapis)

 

  1. LAMBERT :- Bernadette ? Qui est cette Bernadette ?

 

L’INCONNU :- Poussez vous mes belles… je vous présente Bernadette Chapelle, mais je crois que vous la connaissez déjà… c’est votre voisine du treizième !

 

 

  1. LAMBERT : - Mais qu’est ce qu’elle fait dans ce tapis ? Vous jouez à cache- cache ?

 

JULIETTE : - Elle a fait une attaque ! Son cœur n’a pas résisté !

 

L’INCONNU : - Trop d’émotion d’un coup !

 

  1. LAMBERT :- Il fallait appeler un médecin ! Il y en a qui cachent la poussière sous le tapis vous ce sont les cadavres !

 

(On entend des gémissements, c’est Bernadette qui revient à elle, elle a semble t il perdu la mémoire)

 

 

JULIETTE :- Elle revient à elle, Dieu merci elle est vivante !

 

L’INCONNU :- C’est un miracle ! Le prénom sans doute…

 

BERNADETTE : -  Qu’est ce qui m’arrive je ne peux  plus bouger…

 

M.LAMBERT :- Faudrait  peut-être la dégager de ce tapis !

 

JULIETTE : - (joignant le geste à la parole) oui vous avez raison Monsieur LAMBERT !

 

 

BERNADETTE : -  Qui êtes-vous ? Je suis où ?

 

JULIETTE : -  Vous êtes vivante Bernadette !

 

 

BERNADETTE :- Ben oui je suis vivante ! C’est pas un scoop, à vous entendre on croirait que je reviens d’entre les morts ! Mais qu’est ce que je fous dans ce tapis ? C’est quoi ces conneries ? Qui êtes vous ?

 

 

L’INCONNU :- Vous ne vous rappelez de rien…intéressant…

 

BERNADETTE :- Votre visage me dit quelque chose, mais je n’arrive pas à vous remettre…

 

 

L’INCONNU :- Je suis votre sauveur Bernadette ! (Désignant Juliette et Valérie) Ces deux donzelles voulaient se débarrasser de vous !

 

JULIETTE :- Ne l’écoutez pas !

 

VALERIE :- Il dit n’importe quoi !

 

 

JULIETTE :- C’est un psychopathe ! Il joue avec nous depuis toute à l’heure comme un félin avec sa proie ! Il veut nous tuer tous !

 

 

L’INCONNU :- Ne les contrariez  surtout pas, vous avez à faire à deux folles !

 

BERNADETTE : Stop ! Taisez-vous ! J’ai une de ces migraines !

 

 

SCENE 8

(M. Lambert se dirige discrètement vers la porte d’entrée pour s’échapper, l’inconnu le rattrape)

 

L’INCONNU :- Non …non… restez avec moi M. Lambert, (il referme la porte à clé et la met dans sa poche)  Une présence masculine n’est pas de trop ! Ces femmes sont de vraies sorcières ! Votre femme vous attend peut être ?

 

  1. LAMBERT :- Oui …elle m’attend … au ciel, je suis veuf !

 

L’INCONNU : -Parfait ! C’est une excellente nouvelle !

 

  1. LAMBERT : -Pardon ?

 

 

L’INCONNU : -Je veux dire que c’est super ! Personne ne vous attend, vous pouvez donc rester avec nous !

 

VALERIE : - Oui restez, s’il vous plait ! Ne nous laissez pas seules avec lui !

 

JULIETTE :- On doit toujours aider ses voisins …

 

 

LAMBERT : -Ce serait avec plaisir, mais j’aimerais aller me coucher…demain matin, je me lève de bonne heure…j’ai piscine…

 

L’INCONNU : - Vous êtes complètement inconscient ! La piscine c’est une véritable réserve  de microbes, bactéries en tout genre ! Vous risquez de tomber gravement malade, vous risquez votre vie !

 

 

JULIETTE : -  Moins risqué que de rester avec un psychopathe en tout cas !

 

 

L’INCONNU : - Restez avec nous, chez vous vous n’avez que le son, ici vous aurez l’image en plus ! Q’est ce que vous allez faire de plus chez vous ? Tout seul dans votre petit lit ? Je suis sûr que vous êtes insomniaque.

 

  1. LAMBERT : -Oui…en effet…vous avez raison, mes nuits sont plus longues que mes journées !

 

VALERIE : - Oui restez M. LAMBERT ne nous laissez pas seules avec lui !

 

JULIETTE :- Aidez-nous M. Lambert

 

L’INCONNU : - Voulez vous que je vous serve un petit verre ?

 

 

  1. LAMBERT : -BAH…pourquoi pas ?

 

JULIETTE : -Ne vous gênez pas surtout, faites comme chez vous !

 

L’INCONNU : -(en servant un verre pour lui et M. LAMBERT) -C’est ce que je fais ! Ne parlez pas pour ne rien dire ! Vous en voulez ?

 

 

JULIIETTE : - Non ! Je ne bois pas avec les dingues !

 

VALERIE : - Ni avec les cons !

 

BERNADETTE :- Vous n’êtes pas très polies avec le monsieur, moi par contre, je boirais bien un petit coup ! (L’inconnu la sert)

Merci monsieur ! On se connaît non ? Votre visage me dit quelque chose…mais je n’arrive pas à vous « remettre ». (Pour elle-même)D’ailleurs, je ne reconnais personne ici et je me demande ce que je fais là ?

 

  1. LAMBERT :- Il est excellent ce whisky ! J’en reprendrai bien un autre verre ! (Il se dirige vers le bar)

 

BERNADETTE : - Moi aussi !

 

 

 

VALERIE : - Si je peux me permettre, ce n’est pas ça qui va arranger votre mal de tête !

 

 

(M. LAMBERT et Bernadette vont s’installer dans le canapé)

 

BERNADETTE :-  Vous êtes médecin ?

 

VALERIE : - Non !

 

BERNADETTE : - Alors la ferme ! De quoi je me mêle ? (Elle tend son verre, boit) ah ! C’est sûr ! C’est autre chose que la verveine !

 

L’INCONNU : - Meilleur que la soupe aux poireaux !

 

 

JULIETTE : -En effet ! Mais vous n’allez pas tarder à vous apercevoir que l’effet n’est pas le même non plus !

 

BERNADETTE :- Quelle rabat-joie ! (Elle trinque avec M. LAMBERT et s’adressant à lui) Vous savez que je vous trouve très séduisant …

 

 

  1. LAMBERT : - Vous trouvez…ça fait longtemps qu’on ne m’a pas fait de compliments ! J’ai bien fait de venir …mais vous n’êtes pas mal non plus…je vous trouve très en beauté dans votre petite robe de

chambre …

 

BERNADETTE : - HOOO ! T’es un coquin toi !  (Bernadette se jette sur lui et  le renverse dans le canapé et l’embrasse)

 

M.LAMBERT : - Finalement, j’ai bien fait de rester !

 

JULIETTE : - bah voilà autre chose ! La « petite  »  prestation vous disiez, à voir ce que je vois, j’en doute …

 

 

VALERIE :- Plutôt fougueuse la Bernadette ! En fait, c’est une chaudasse !

 

 

(Bernadette et M. Lambert se tiennent par la main et se regardent yeux dans les yeux)

 

L’INCONNU : -Comme ils sont mignons tous les deux ! Je vous fais remarquer que sans moi, ils ne seraient jamais …comment dire… rapprochés…dommage pour eux cela ne va pas durer…

 

 

VALERIE : -  C’est bien joli tout ça, mais j’aimerais pouvoir rentrer chez moi !

 

JULIETTE : - Sympa ! Un psychopathe s’est introduit chez moi et toi Valérie, tu ne penses qu’à une chose,  aller te coucher?

 

 

VALERIE : - Tu n’avais qu’à fermer ta fenêtre aussi ! Y a pas idée d’être aussi imprudente !

 

  1. LAMBERT : - Vous ne seriez pas un peu parano ? Pour ma part je trouve qu’on est très bien ici…Ce monsieur est très gentil…

 

BERNADETTE : - On passe une excellente soirée…

 

 

 

L’INCONNU : - Vous m’ôtez les mots de la bouche !

 

JULIETTE : - (imitant Bernadette) On passe une excellente soirée ! C’est la meilleure ! Mais tout  ça, c’est à cause de vous ! Si vous ne receviez pas chez vous n’importe qui pour vous envoyer en l’air !

 

 

BERNADETTE : - Mais qu’est ce qu’elle dit ? Je ne comprends rien ! Vous avez raison, elle est complètement folle !

 

 

SCENE 9

 

On entend la clé dans la porte Emma entre affolée

 

 

EMMA :- Maman, tu vas bien ? Ça fait une heure que j’essaie de t’appeler, ça ne répond pas ! Papa est très inquiet, il a essayé de te joindre lui aussi ! (Elle regarde la pièce)

 

 

JULIETTE : Dieu soit loué ! Tu es là !

 

 

EMMA : Mais qu’est ce qui se passe ici ? Que font  ces gens chez toi ? Tu fais une soirée pyjama ? (L’inconnu récupère la clé sur la porte après l’avoir refermée)

 

L’INCONNU : C’est tout à fait ça ! Super ! Tu as la tenue ! ! Et un peu de jeunesse ici ne fera pas de mal ! Plus on est de fous plus on rit !

 

VALERIE : - Des fous ? Jusqu’à preuve du contraire, je n’en vois qu’un ici !

 

M.LAMBERT : - Ah ça me fait plaisir de te voir ma petite Emma ! Ça faisait longtemps !

 

EMMA : - Monsieur Lambert ? Mais vous n’êtes pas couché à cette heure ci ?

 

  1. LAMBERT : - Bah non ! Je m’éclate !

 

 

JULIETTE : - Mais Emma pourquoi tu es venue !

 

EMMA : -Faudrait savoir à l’instant tu bénissais le seigneur de ma présence.

 

JULIETTE : -Tu ignores ce qui se passe ici… ma pauvre petite … nous sommes à la merci d’un psychopathe ! Il s’est introduit par le balcon…

 

EMMA : - Qu’est ce que tu racontes ? (Voyant la bouteille de Whisky) mais tu as bu ?

 

L’INCONNU : - Elle n’arrête pas depuis toute à l’heure !

 

JULIETTE : - Mais c’est faux !

 

 

VALERIE :- Non, ta mère n’a pas bu une goutte d’alcool, ce qu’elle dit est vrai ! On est en plein cauchemar !

 

EMMA : - Ah ça y est …je sais …j’ai compris…Tu as monté ce stratagème, tu veux te faire passer pour folle  pour que je renonce à partir pendant trois mois. Mais non ! C’est pire que ça ! Papa et moi on se fait un sang d’encre, pendant que toi tu t’éclates avec tes copains! Dire que je culpabilisais en partant tout à l’heure ! Tu me l’as bien servi ton numéro de la femme délaissée qui s’ennuie ! (Elle sort son portable) Je l’appelle ! (L’inconnu se précipite et lui ôte le téléphone des mains)

 

L’INCONNU : - Ce n’est pas une bonne idée !

 

EMMA : - De quoi je me mêle vous ?

 

VALERIE :- Ma pauvre Emma, tu n’aurais jamais dû venir ici…

 

L’INCONNU :- Mais bien sûr qu’elle a bien fait de venir ! Allez sois cool, tu peux participer à notre petite soirée pyjama ! Allez si on mettait un peu de musique ? Après tout c’est votre anniversaire ! Et si j’ose dire votre dernier bal car au petit matin tout sera terminé … (Il cherche parmi les disques)

 

 

BERNADETTE : -(très enjouée) – OH oui ! Ça fait des années que je n’ai pas dansé ! (Elle se lève et retombe aussitôt dans le canapé) oh ! J’ai la tête qui tourne !

 

 

EMMA : - Madame Chapelle ? Mais qu’est ce qu’elle fait chez toi à une heure pareille ?

 

BERNADETTE :- On se connaît ?

 

EMMA : -Je ne savais pas qu’elle était Alzheimer ?

 

BERNADETTE : -Pas du tout ! Je suis française !

 

EMMA : - ah ouai d’accord …

 

 

  1. LAMBERT : (il se lève aussi enjoué que Bernadette) -Oui ! Trouvez nous une musique du diable ! Quelque chose qui bouge ! Qui déménage !

 

 

BERNADETTE : -Oui une musique pour qu’on s’éclate ! Avec le son à « donf « » !

 

  1. LAMBERT : (très fort) OUI ! A DONF !

 

JULIETTE :- ( à M. LAMBERT) Le bruit ne vous dérange plus ?

 

VALERIE :- Mais qu’est ce que je fous là ? Ah et puis merde ! Je vais boire un coup pour me remonter ! (Elle boit à la bouteille)

 

 

JULIETTE : -Fais tourner moi aussi, je vais boire pour oublier !

 

 

BERNADETTE : (elle lui enlève la bouteille) oh ! Oh doucement ! Laissez en pour les autres ! (En regardant M. LAMBERT) la nuit va être longue … (Valérie et Juliette s’affalent dans le canapé) Alors beau gosse ?  C’est quoi ton petit nom ?

 

 

  1. LAMBERT : ROBERT ! BEBERT pour les intimes

 

BERNADETTE : - C’est très mignon  BEBERT !

 

  1. LAMBERT :- Bon ça vient cette musique ?

 

BERNADETTE : - Bébert a raison ! Vous en mettez du temps !

 

L’INCONNU : -J’essaie de trouver quelque chose pour mettre l’ambiance !

 

 

JULIETTE : - Ne vous fatiguez pas, pour ce qui est de mettre l’ambiance, vous y arrivez très bien à vous tout seul !

 

 

EMMA :- Rendez-moi mon portable, j’ai téléchargé de la très bonne musique !

 

L’INCONNU : - (l’imitant) « rendez moi mon portable, j’ai téléchargé de la très bonne musique »Traite moi de con, ce sera plus direct !

 

 

VALERIE : - Il n’a pas tort ! Faut bien admettre que ce n’est pas génial comme idée ! (Elle boit de nouveau et s’assoupit, Emma lui enlève la bouteille et va se servir à boire)

 

L’INCONNU : -  Super ! Ça y est j’ai trouvé !

 

BERNADETTE : - C’est pas trop tôt !

 

 

JULIETTE : - Vous auriez du couper le courant tant que  vous étiez,  ça nous aurait évité ce supplice supplémentaire !

 

  1. LAMBERT : - Ce que vous pouvez être rabat joie ! Allez envoyez la musique !

 

L’INCONNU : - (très autoritaire) Allez debout ! Tous en rond !

 

JULIETTE : - Alors là, vous rêvez !

 

L’INCONNU : -  (il la lève du fauteuil) Je crois que vous ne saisissez pas bien le problème ! (Très fort)  EXECUTION !

 

 

VALERIE : (se réveillant en sursaut) « EXECUTION? » (Hystérique) Pas moi, ne m’exécutez pas tout de suite ! J’ai encore de belles choses à vivre ! Je suis encore trop jeune pour mourir ! (Elle regarde Bernadette et Bébert) d’autres ici devraient être prioritaires, il faut toujours donner la priorité aux personnes âgées !

C’est vrai à la caisse au supermarché, elles veulent toujours passer en premier, elles te piquent ton tour l’air de rien… Alors après vous messieurs dames !

 

 

JULIETTE : -  La ferme Valérie ! T’as raté un épisode ! C’est quoi votre musique ? La danse macabre ?  (On entend l’orage qui gronde)

L’orage ! Il ne manquait plus que ça !

 

EMMA :-  Pour la musique, Je crains le pire ! Votre discothèque est plutôt ringarde !

 

  1. LAMBERT : - Le monsieur a dit tous en rond ! Il faut obéir ! (Il met tout le monde en place)

 

EMMA :- Au point où j’en suis, quitte à passer une soirée pourrie autant que ce soit vraiment pourri !

 

BERNADETTE : - Tous en rond ! C’est pas compliqué tout de même !

 

VALERIE : - Il va nous refaire son tour de « POUF ! POUF ! PIQUE NIQUE DOUILLE ! »

 

  1. LAMBERT : - (Il met tout le monde en place) « pique nique douille » c’est quoi, c’est un jeu ? Je ne connais pas…

 

 

L’INCONNU : -Merci M. LAMBERT  d’être si coopératif !

 

 

  1. LAMBERT : - De rien quand on peut rendre service ! Dites, Vous m’apprendrez le « pique-nique douille » ?

 

 

 

 

 

L’INCONNU : - Oui plus tard ! Tout le monde est prêt ? (On entend la musique de « big bisous  »de Carlos

Ils se regardent tous, l’air catastrophé à l’exception de BEBERT et BERNADETTE qui sont ravis, l’inconnu mène la danse ! Tout le monde tourne en rond et s’embrasse avec plus ou moins de bonne volonté)

 

SCENE 10

 

JULIETTE : (hors d’elle) (Elle coupe la musique, voyant que constatant qu’Emma et Valérie commencent elles aussi à s’amuser) Mais on fait quoi là ! C’est du délire ! Il faut que je me réveille ! Ça suffit vos conneries ! La donne a changé ! On est  à 5 contre un !

 

L’INCONNU : -ça c’est vous qui le dites ! Il remet la musique ! (Bernadette, Bébert, Emma, Valérie recommencent à danser)

 

M.LAMBERT :- C’est une très bonne idée Juliette, votre petite fête improvisée ! Dommage que votre mari ne puisse pas en profiter !

 

JULIETTE : - (hurlant) CE N’ EST PAS MA FETE !

 

L’INCONNU : - (mielleux) C’est son anniversaire !

 

  1. LAMBERT : - (en dansant) Joyeux anniversaire Juliette ! Zut je n’ai pas de cadeau ! (tous en cœur lui souhaitent un joyeux anniversaire)

 

 

JULIETTE :- Emma ! Valérie ! Mais qu’est ce que vous faites ? C’est sûr ! J’ai dû déclancher quelque chose ! (On entend toujours l’orage – coupure de courant, les femmes se mettent à crier)

 

L’INCONNU : -Voilà qui est intéressant !  On va pouvoir improviser un nouveau jeu !

 

  1. LAMBERT : Pique nique douille ?

 

JULIETTE : -Non ! La fête est finie tout le monde rentre chez soi !

 

 

BERNADETTE : -Pas nous ! Pour une fois qu’on s’amuse !

 

  1. LAMBERT : -C’est vrai ! Ce n’est pas tous les jours ! (Plus bas) et ça ne va pas durer…

 

JULIETTE : - Emma ! Guide moi jusqu’au meuble, il y a une lampe de poche dans le tiroir !

 

 

L’INCONNU : (il a pris la lampe de poche qu’il place sous son menton ce qui lui donne un air inquiétant) Pas assez rapide ! C’est ça que vous voulez (Toutes se mettent à crier de nouveau)

(La lumière se rallume)

 

 

JULIETTE : (À Bernadette et M. Lambert) oh ! Il faut réagir maintenant, vous ne voyez pas qu’il vous manipule ? ESSAYEZ  DE VOUS RAPPELER BERNADETTE ! Vous m’avez dit que vous avez vu sa photo à la rubrique des faits divers, c’est un dangereux criminel !

 

BERNADETTE : (à l’inconnu) – Vous avez raison, elle est complètement folle !

 

  1. LAMBERT : -Et c’est bien triste !

 

L’INCONNU : - très triste …

 

 

JULIETTE : - Non mais vous n’allez pas vous y mettre aussi ! Tenez… Demandez lui de partir vous allez voir s’il va être d’accord !

 

  1. LAMBERT : - Mais je suis très bien ici ! Je n’ai pas du tout envie de partir  et Bernadette non plus !

 

 

JULIETTE : -  C’est sûr et certain …j’ai déclenché quelque chose…je veux retrouver ma vie d’avant…toute calme…toute  lisse …

 

L’INCONNU : - Une folle…je vous le disais…si c’est pas malheureux…vous avez raison Bébert…on ne peut pas la laisser seule, elle serait capable de faire n’importe quoi !

 

JULIETTE : - Ta gueule !

 

VALERIE : - Oui ta gueule !

 

JULIETTE : - C’est à moi que tu parles ?

 

VALERIE  :-  Mais non ! C’est à l’autre taré !

 

JULIETTE : - Pourquoi « l’autre » ? Je n’en vois qu’un de taré ici !

 

L’INCONNU : - J’ai un petit creux ! Je mangerai bien quelque chose !

 

JULIETTE : - (mielleuse) Vous voulez que j’aille en cuisine vous préparer quelque chose ?

 

 

L’INCONNU : -Vous me prenez pour un con ? Vous croyez que je vais vous laisser aller à la cuisine ? (À la manière d’un instituteur) Qui y a-t-il dans une cuisine ? Je vous pose la question ?

 

BERNADETTE : - (elle lève le doigt comme une écolière) Des casseroles !

 

L’INCONNU : -Bien Bernadette ! Des casseroles ! Mais pas seulement !

 

BEBERT : - (il lève le doigt également) Des objets  contondants !

 

 

L’INCONNU : - Très bien Bébert ! Je peux vous appeler Bébert ? Des objets contondants ! Mais surtout des couteaux de toute taille et pour cette raison, on ne peut pas laisser une folle aller à la cuisine !

 

VALERIE : - Dans le frigo, il doit bien y avoir quelques yaourts inoffensifs ? J’ai un petit creux moi aussi !

 

JULIETTE : - J’ai également un « colonel  »dans mon frigo !

 

 

BEBERT : -Vous avez raison, elle divague complètement !

 

L’INCONNU : - (il lui parle comme à une folle qu’on ne veut pas contrarier) Il est dans votre frigo depuis combien de temps ?

 

 

JULIETTE : -Une petite semaine, il commence à puer un peu !

 

BEBERT : -Vous l’avez coupé en morceaux ?

 

JULIETTE : -Bah non ! Pourquoi faire ? Le colonel, étalé sur une bonne tartine de pain c’est délicieux !

 

 

VALERIE : - Je savais que tu détestais les militaires mais pas au point de les réduire en pâte à tartiner !

 

BERNADETTE : - Ce que vous pouvez être bêtes ! « Le colonel » c’est le nom que l’on donne au fromage « le livarot » !

 

JULIETTE : - ça fait plaisir… quelqu’un de sensé de temps en temps !

 

BEBERT : - ah oui !c’est vrai, rapport aux gallons de papiers qui l’entourent !

 

JULIETTE : - bah oui…qu’est ce que vous aviez imaginé ? En tout cas moi je n’ai pas faim !

 

EMMA : - Moi je voudrais bien goûter au colonel, j’ai un petit creux !

 

 

L’INCONNU : « goûter au colonel » ! Tout un programme !- Bernadette va aller en cuisine nous préparer des bons sandwichs, et regardez en même temps si vous pouvez trouver une bouteille de rouge !

 

JULIETTE : - Puis quoi encore ?

 

BERNADETTE : - Avec plaisir, ça va être très sympa cette petite collation en pleine nuit !

 

BEBERT : - Un peu comme un réveillon !

 

 

BERNADETTE : (en se dirigeant vers la cuisine) Je vais voir ce que je peux faire !

 

 

SCENE 11

 

L’INCONNU : -Sympa cette Bernadette !

 

BERNADETTE : (en voix off) -vous avez raison Bébert c’est Noël ! Il y a du foie gras dans le frigo !

 

EMMA : - Redonnez-moi mon téléphone !

 

BEBERT : - Ce n’est pas poli d’utiliser son portable quand on est en bonne compagnie !

 

EMMA : - Redonnez-moi mon portable !

 

 

L’INCONNU : - Bébert  a raison, ce n’est pas poli ! C’est même très désagréable ! C’est pour cette raison que j’ai décidé de les confisquer pour cette soirée, cette nuit devrais-je dire…

 

BEBERT : Et vous avez bien fait …

 

JULIETTE : - « J’ai décidé » non mais de quel droit vous faites la loi chez moi ! Il y  en a marre, qu’est ce que vous cherchez au juste, c’est quoi vos intentions, j’avoue avoir du mal à comprendre ce qui vous motive à m’emmerder chez moi toute la nuit ! Je n’ai pas fait appel à vos services que je sache !

 

 

EMMA : - Oui c’est assez incompréhensible un comportement pareil !

 

VALERIE : - Peut être qu’il s’est échappé d’un asile psychiatrique !

 

 

JULIETTE : - Mais non c’est un assassin doublé d’un gigolo !

 

EMMA : - Et qu’est ce qu’il fait chez nous ?

 

JULIETTE : - C’est Bernadette qui l’a embauché !

 

 

VALERIE  et EMMA : - Bernadette ?

 

L’INCONNU :- Vous voyez, elle dit n’importe quoi ! Mais je comprends…devant votre fille…ça la fout mal !

 

JULIETTE : - Je t’assure que c’est Bernadette qui l’a embauché pour remplacer son mari, pour la petite prestation !

 

EMMA : - La petite prestation ?

 

JULIETTE : -  Oui, un truc de dingue ! Il devait faire semblant d’être son mari, mettre ses vêtements, apprécier sa cuisine etc.…mais elle l’a reconnu sa photo dans le journal, il est recherché pour avoir étranglé une vieille dame ! Elle l’a enfermé sur le balcon et il a atterri chez moi !

 

L’INCONNU : -  Tout ça c’est du grand n’importe quoi ! Je ne voulais pas trahir le secret professionnel, mais dans ces circonstances…je suis bien obligé…. Voilà …c’est votre mère qui m’a embauché pour la grande prestation !

 

EMMA : - La grande prestation ?

 

BEBERT : - Si ce n’est pas malheureux, pendant que votre pauvre papa, se démène pour trouver des clients !

 

JULIETTE : - Mais c’est faux, c’est complètement faux ! Et je ne comprends pas ce que vous me voulez  et ce qui vous pousse à rester ici ! Vous n’allez pas rester ici toute la nuit !

 

 

L’INCONNU : - Patience…c’est une surprise…

 

JULIETTE : - J’ai horreur des surprises ! Alors dites nous tout de suite ce que vous comptez faire de nous ?

 

 

 

 

SCENE 12

(Bernadette revient de la cuisine avec un plateau)

 

 

BERNADETTE : - A table !

 

 

L’INCONNU : - Une bonne nouvelle !

 

BEBERT :- Voyons ce que vous nous avez préparé…hum sympa ces petits sandwichs !

 

BERNADETTE : (à l’inconnu) Tenez ! celui-ci est pour vous, c’est le plus gros !

 

 

L’INCONNU : - J’ai une faim de loup, je n’ai pas mangé hier soir ! Je n’aimais pas votre soupe ! Ah oui c’est vrai vous avez perdu la mémoire, j’oubliais ! (Il croque avec appétit dans le sandwich, Bernadette l’observe attentivement, il commence à se tordre de douleur et s’effondre) vous m’avez empoisonné… « Salope » ! (Il va s’allonger sur le tapis dans lequel était Bernadette)

 

 

BERNADETTE : - s’il vous plait restez poli ! Même si c’est votre dernier mot !

 

(Pendant ce temps Valérie prend le bras de l’inconnu qui retombe inerte, il est mort)

 

BERNADETTE : -Tout à l’heure pendant la coupure de courant, dans le noir, j’ai eu un flash, et tout m’est revenu en mémoire ! L’article de journal, le balcon…

 

VALERIE : - Inutile de vous fatiguer …il est mort …

 

BERNADETTE : - J’espère bien ! C’est le but !

 

 

JULIETTE : - (en panique) Mais Bernadette, qu’est ce que vous avez fait ?

 

BERNADETTE : - Il vous l’a dit, je l’ai empoisonné ! Je suis allée faire un petit tour dans votre salle de bain et j’ai trouvé mon bonheur dans votre armoire à pharmacie !

 

 

BEBERT : - Mais pourquoi avez-vous fait une chose pareille Bernadette, on passait une excellente soirée… (Il vérifie également le pouls de l’inconnu et lui met quelques claques))

 

 

JULIETTE : - C’est sûr avec un cadavre dans le salon, c’est beaucoup moins festif !

 

VALERIE : -  Je suis bien de ton avis, pour cette raison je vais rentrer chez moi !

 

 

EMMA : - Moi aussi !

 

BERNADETTE : -Moi pareil !

 

JULIETTE : - Mais vous n’allez tout de même pas m’abandonnée avec un cadavre ?

 

BEBERT : - Pas de doute il est bien mort !

 

 

VALERIE : -Tu n’as donc plus rien à craindre ! Je vais me coucher je suis crevée !

 

EMMA : -  Moi aussi je suis crevée, enfin pas autant que lui !

 

BEBERT : - Un peu de respect mademoiselle ! Moi je le trouvais plutôt sympathique !

 

 

BERNADETTE : - C’était un psychopathe ! Il a eu ce qu’il méritait !                             Il jouait avec nous mais à la fin il nous aurait tous tués !

 

 

JULIETTE : - Tout ça c’est bien joli Bernadette, mais jusqu’à preuve du contraire pour l’instant il n’y a qu’un assassin ici et c’est vous !

 

 

VALERIE : - C’est pas faux…

 

 

EMMA : - Oui Maman a raison…

 

BERNADETTE :- Et  Bien Bébert ? Dis quelque chose !

 

 

BEBERT : (embarrassé) -  Malheureusement, je dois admettre qu’elles n’ont pas tort…

 

BERNADETTE : - C’est la meilleure ! On rend service et voilà ! On se fait traiter d’assassin !

Aucune reconnaissance ! Puisque c’est comme ça je rentre chez moi !

 

 

JULIETTE : - Il n’en n’est pas question ! Vous allez me débarrasser de ce cadavre, tout est à cause de vous ! Voilà ce qui arrive quand on fait venir chez soi n’importe qui !

 

VALERIE : - Et le payer en plus !

 

BERNADETTE : - Vous avez une scie ?

 

JULIETTE : - Pourquoi faire ?

 

BEBERT : - Vous n’allez tout de même pas bricoler à cette heure ?

 

 

VALERIE : - Vous voulez le couper en morceaux ?

 

EMMA : - Vous n’y songez pas ! Vous allez ruiner les tapis de maman !

 

JULIETTE :- En fait la psychopathe…C’est vous !

 

 

BERNADETTE : - On va faire ça dans la baignoire…ça fera moins de saletés !

 

 

 

JULIETTE : - En tout cas, ne comptez pas sur moi, déjà que je suis incapable de découper un poulet !

 

BEBERT :- C’est vrai que ce sera moins lourd si on en porte chacun un morceau ! Moi avec mon dos je ne peux pas porter des choses lourdes …On va en découper chacun sa part… Qui veut la tête ? La cuisse ? L’aile ? Heu… les bras ? (pas de réponse) Bon bah ! Réfléchissez , en attendant je vais voir si je peux trouver une scie, vous avez ça ?

 

 

JULIETTE : -Dans le débarras à côté de la cuisine…mais qu’est ce que je dis moi ?

 

EMMA : -  ça suffit les conneries ! Je vais récupérer mon portable et on va appeler la police !

 

 

JULIETTE : - Tu crois ? Mais ils ne voudront jamais croire que je suis innocente ! Cet homme s’est introduit chez moi, il n’y a pas eu d’effraction et il est mort empoisonné !

 

VALERIE : - Si c’est un assassin en cavale, ils vont bien le reconnaître puisque sa photo est dans le journal…il est recherché !

 

 

BERNADETTE : - Réflexion faite…une photo de journal c’est toujours un peu flou…je me demande si je ne me suis pas fait des idées…

 

JULIETTE : - QUOI ?

 

VALERIE : - Qu’est ce que vous dites ?

 

BERNADETTE : - Bah oui ! Il faisait un peu sombre puisque je n’avais pas de lumière, l’ampoule était grillée !

 

JULIETTE : - Je crois que je vais la tuer…

 

BERNADETTE : - J’ai dit « je crois » donc je n’en suis pas sûre, mais peut être que c’était un assassin….ou non !

 

EMMA : -Vous ne seriez pas un peu normande vous ?

 

BERNADETTE : Non je vous l’ai déjà dit je suis française !

 

EMMA :-Assassin ou pas assassin, en tout cas maintenant c’est un cadavre  et ça c’est sûr ! Bon qu’est ce qu’on en fait ?

 

VALERIE : - Et si on le déposait sur le balcon ?

 

JULIETTE : -Pour lui faire prendre l’air ?

 

BERNADETTE : -Oui c’est pas une mauvaise idée, car avec la chaleur qu’il fait il va pas tarder à empester votre appartement !

 

EMMA : -On pourrait le balancer par le balcon et faire croire à un suicide !

 

 

JULIETTE :- s’ils font une autopsie ?

 

VALERIE : - ils constateront qu’il a été empoisonné !

 

EMMA : -Justement, « la victime s’empoisonne avant de se jeter par la fenêtre ! » Ça prouvera qu’il ne voulait pas se rater !

 

 

 

SCENE 13

 

BEBERT : - (revenant avec la scie à la main) Alors on ne découpe plus ?

 

BERNADETTE VALERIE EMMA JULIETTE : -NON !

 

BEBERT : -Tant mieux !

 

 

BERNADETTE : -Je vous comprends…je ne vous voyais pas faire une chose pareille !

 

BEBERT :- C’est pas ça … mais c’est surtout qu’avec cette scie j’aurais pas pu faire grand-chose ! J’en aurais eu pour un moment, et avec ma tendinite …

 

EMMA :- De toute façon, ce n’était pas une bonne idée !

 

 

VALERIE : - Bon ! Comment on s’y prend ? Parce que j’aimerais bien que ça se termine cette histoire et rentrer chez moi  pour aller me coucher !

 

JULIETTE : - Valérie, tu es vraiment une égoïste, je suis dans la merde, et la seule chose qui te préoccupe c’est d’aller te coucher !

 

VALERIE : -Au lieu de me précipiter à ton secours, la prochaine fois je resterai dans mon lit !

 

BEBERT : - ça va être difficile de le porter jusqu’au balcon !

 

BERNADETTE :- c’est vrai on est plus tout jeune !

 

 

JULIETTE :- Il fallait y penser avant ! Tout ça c’est de votre faute ! Puisque vous étiez à la cuisine, vous ne pouviez pas en profiter pour appeler du secours par la fenêtre  plutôt que de lui faire avaler son bulletin de naissance !

 

BERNADETTE : - Vous êtes marrante vous ! J’y ai bien pensé ! Mais à cette heure là les gens dorment ! Je ne voulais pas les réveiller, le sommeil c’est sacré !

 

VALERIE : - ça ne sert à rien de palabrer pendant des heures ! Maintenant c’est trop tard ! Il est mort et ne va pas ressusciter alors on s’en débarrasse et on va se coucher !

 

BEBERT : - Est-ce que vous avez une table roulante ? On pourrait le mettre dessus  et le transporter jusqu’au balcon !

 

EMMA : Oui il y en a une vieille dans le débarras !

 

JULIETTE : Mais elle ne tiendra jamais le coup ! Ça peut être dangereux ! Puis après tout, Il ne risque plus rien !

 

 

EMMA : -Je vais la chercher !

 

BEBERT :- Bernadette et moi on va prendre les pieds…c’est moins lourd …Valérie et Juliette vont prendre le reste !

 

 

(Emma revient avec la table roulante)

 

EMMA :- Le taxi de Monsieur est arrivé !

 

JULIETTE : - Emma je t’en prie…

 

BEBERT : - Votre maman a raison …un peu de respect…

 

BERNADETTE : - On pourrait peut être faire une petite prière !

 

JULIETTE : - Vous ne doutez de rien vous ! Vous trucidez les gens et après vous faites une prière ! Bon ça suffit les conneries…mettons le la dessus !

 

(Bébert dirige les opérations pour mettre l’inconnu sur la table)

 

 

BEBERT : - Mais ne le mettez pas sur le dos ! Vous allez lui casser les reins !

 

JULIETTE : - Au point où il en est !

 

BEBERT :- Mettez-le sur le ventre voyons !

 

VALERIE - (une fois installé à plat ventre sur la table)) Oui comme ça c’est bien, on ne verra plus sa tête !

 

(Bernadette lui met une petite claque sur les fesses)

 

 

BERNADETTE – On fait moins le malin là ! (Tout le monde la regarde avec un regard désapprobateur)

 

 

 

 

SCENE 14

(On entend une clé dans la serrure…Julien entre)

 

JULIEN : - Mais qu’est ce qui se passe ici ? C’est quoi ce bordel ?

 

 

JULIETTE : -  Tu es déjà là ! Sauvée !

 

JULIEN : -  Surprise surtout ! Alerte à la bombe à AIR France, visiblement  tu ne t’y attendais pas ! Mais  je constate  que tu t’amuses ! Désolé d’interrompre ta petite soirée !

 

 

JULIETTE :- Tu ne peux pas savoir comme je suis contente que tu sois là ! Je vais tout t’expliquer…

 

 

JULIEN :- j’y compte bien ! C’est qui ce mec ? Il fait quoi là ? Il apprend à nager ?

 

 

BERNADETTE : - Il est mort !

 

JULIEN : - QUOI ? (Tout le monde regarde Juliette)

 

JULIETTE : - Oui il est mort ! Mais je n’y suis pour rien ! C’est Bernadette ! Tu le reconnais ?

 

(Il est placé face à son postérieur)

 

JULIEN : -Sous cet angle là c’est difficile ! Par contre, il me semble reconnaître mon pantalon ! (Il se penche pour le regarder) Mais oui c’est lui! C’est le gars qui se rend  chez vous Madame Chapelle, du moins c’est ce que je croyais ! En fait c’est chez nous qu’il venait, il guettait mon départ pour te rendre visite ! C’est ton amant !

 

JULIETTE :- Mais non ! Pas du tout ! Mais dites quelque chose Bernadette !

 

 

BERNADETTE : -OH ! Moi j’ai pour habitude de ne pas me mêler des affaires privées !

 

 

JULIETTE : -Mais Bernadette ? Expliquez-lui !

 

BEBERT : -Vraiment vous me décevez Juliette ! Recevoir votre amant quand votre mari part en déplacement !

 

 

VALERIE :-Et nous le faire passer pour un psychopathe et nous faire flipper toute la nuit !

 

EMMA : -Toi et ton amant, vous nous l’avez bien servi votre numéro ! Maman tu me déçois beaucoup !

 

JULIEN : -Je constate que tu as trouvé de quoi t’occuper ! Te faire vibrer ! Te sentir palpiter ! Te sentir vivante ! Ça devait être chaud ! Le pauvre en est mort !

 

BEBERT :- Tellement chaud que maintenant il est bien refroidi !

 

JULIETTE : - Vous occupez vous de Bernadette et foutez nous la paix ! Je te dis et je te répète que je n’y suis pour rien ! C’est elle (Bernadette) qui l’a empoisonné ! On s’apprêtait à le jeter par la fenêtre !

 

JULIEN : -Pourquoi faire ? Il n’est pas assez mort !

 

EMMA : - Pour faire croire à un suicide !

 

JULIEN : - Je le savais ! À force de lire et regarder tes conneries, que tu passerais un jour à l’acte !

 

JULIETTE : -Parce que tu me crois capable de tuer quelqu’un ? N’importe quoi ! En me plaignant  avant ton départ qu’il ne se passait rien dans ma vie, je crois que j’ai déclanché quelque chose !

 

 

JULIEN : - Après les thrillers, le surnaturel maintenant ! Bon avant qu’il empeste, on va aller le mettre sur le balcon au frais, en attendant la police ! (ils amènent la table vers la chambre à la queue leu leu comme pour un enterrement)

 

JULIETTE :-  Non ! Non surtout pas ! N’appelle pas la police je t’en supplie ! Je ne veux pas aller en prison ! Je n’ai rien fait ! (Elle se met à pleurer, elle est seule dans la pièce) JULIEN ! EMMA ! Ne me laissez pas ! Je suis innocente ! Je n’ai rien fait ! J’ai rien à me reprocher ! Je ne veux pas aller en prison ! C’est mon anniversaire !

 

 

(Ils reviennent tous avec l’inconnu, Julien apporte un gâteau d’anniversaire, ils chantent en cœur « JOYEUX ANNIVERSAIRE »)

 

 

JULIETTE : - Mais…je ne comprends pas… vous n’êtes pas mort ?

 

 

L’INCONNU : - On le dirait bien !

 

 

JULIEN : - Alors que penses tu de mon cadeau d’anniversaire ? Original non ?  As-tu eu ton compte d’émotion ? T’es tu sentie bien vivante

 

JULIETTE : Mais qu’est ce que ça veut dire ?

C’est toi qui as organisé cette farce ? Mais vous étiez tous de connivence ? Mais ce n’est pas possible ! C’était très réussi j’en suis arrivée à regretter ma petite vie bien tranquille ! (Énervée) Vous mériteriez tous une baffe !

 

 

EMMA :- Ton cadeau ne te fait pas plaisir ?

 

JULIETTE : - En fait si…Je suis tellement soulagée …

 

JULIEN : - Alors ? Tu vois qu’il ne manque pas d’imagination ton petit mari ! Je te présente Bruno ! Comédien à ses heures qui nous a donné un bon coup de main ! (Il salut, elle applaudit) – Le reste de la troupe tu les connais ! (Ils saluent tous)

 

 

JULIETTE : - Oui et ils m’ont bien roulée dans la farine !

 

BERNADETTE :- En effet ! Et je dois dire que je me suis bien amusée à ce petit jeu !

 

JULIETTE : - Mais l’accident ? Les pompiers ?

 

BERNADETTE : - J’ai demandé à mon gendre qui est pompier de simuler  une petite intervention dans le quartier !

 

BEBERT :- C’était une vraie récréation ! On s’est bien éclatés comme disent les jeunes !

 

VALERIE : -Mais faut pas croire ! On a bossé tous les soirs depuis une quinzaine de jours !

 

JULIEN : -Voilà tu as l’explication de mes retours tardifs du travail !

 

EMMA : -Papy devait se joindre à nous mais il a vraiment la grippe ! On a donc inventé cette sœur suédoise, en guise d’amuse gueule et pour le faire participer! Petit rectificatif, je ne vais pas m’enterrer dans la creuse, et je préfère les garçons, tu as donc toutes les chances d’être grand-mère un jour !

 

 

JULIETTE :- Tant mieux ! Ce que je suis soulagée ! Ça c’est une surprise ! Je ne te savais pas aussi imaginatif ! Tu t’es surpassé mon chéri !

 

JULIEN : -Ce n’est pas fini ! Nous partons la semaine prochaine pour un trek en Amazonie pour que tu t’entraînes, je nous ai inscrits à KOH LANTA!

 

JULIETTE :- Mais qu’est ce qui t’arrive ?

 

JULIEN :- Moi aussi je rêve d’aventures !

 

JULIETTE : -On est peut être pas obligés d’aller aussi loin ?  « koh lanta » c’est peut être un peu trop !

 

 

JULIEN : -Non je déconne en fait on va faire de la randonnée  en Bretagne !

 

JULIETTE :-Je me disais aussi…

 

EMMA : -Maman il serait peut être temps que tu souffles les bougies !

 

L’INCONNU : -Oui soufflez, car un incendie, on n’a pas prévu ça dans le scénario !

 

TOUS : -JOYEUX ANNIVERSAIRE JULIETTE ! (Elle souffle les bougies)

 

 

                                                         NOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AVIS IMPORTANT : Cette pièce fait partie du répertoire de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, 11 rue BALLU 75442 PARIS CEDEX 09. TEL. : 01 40 23 44 44

Elle ne peut donc être jouée sans l’autorisation de cette  société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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