1. Bienvenue à la conférence
C’est une conférence publique sur l’homme sauvage dans le monde, aujourd’hui : une table, quatre chaises, etc., tout est prêt sur scène pour accueillir trois spécialistes de la question et leur médiateur Jean Durruti, assis en bout de table, une pile de livres remplis de fiches annotées devant lui. Une fois tout le public assis, Jean se lance.
jean.– Bon. Bonjour, bienvenue à […]. Je m’appelle Jean Durruti, je travaille au Muséum d’Histoire naturelle. Cette conférence s’intitule « La bête ».
Il déroule l’affiche qu’il a réalisée lui-même, impressionnante : une silhouette sur fond vert et un grand lettrage manuel.
Elle devrait plutôt s’appeler « La bête, conférence immersive sur l’homme sauvage dont un spécimen au moins aurait vécu dans la forêt de […1] », mais ça aurait débordé de l’affiche. Vous avez toutes et tous entendu parler de l’histoire de la bête dans la forêt de […1] ? Bon, peu importe. Ce qui nous importe, ce qui nous réunit ici aujourd’hui, c’est la question de l’origine de cette légende. De toutes les légendes d’hommes sauvages, en fait : quelles sont leurs sources dans la réalité ?
car il y a toujours un fond de réalité
toujours
Pour y répondre, j’ai fait appel à trois invité·es de renommée internationale. Je vais vous les présenter.
Alors là, vous allez avoir Zoltan Rivière, professeur émérite à la Sorbonne. Il est historien transpériode des relations humain-animal en milieu forestier. Transpériode, ça veut dire depuis tout le temps.
À côté de lui, vous aurez Isabelle Falconi, elle est éthologue – elle étudie le comportement des animaux dans leur milieu naturel, et primatologue – les primates, c’est les grands singes. Je suis très content de l’avoir invitée, aujourd’hui.
Et puis Johan Dumont, qui est biologiste et cryptozoologue. Un cryptozoologue, c’est quoi ? C’est un zoologue qui travaille sur des animaux dont l’existence n’est pas encore validée, faute de preuves suffisantes, comme le gorille ou l’okapi en leur temps.
Depuis quand parle-t-on d’hommes sauvages dans le monde ? Eh bien, nos invités ne sont pas tous d’accord à ce sujet.
Jean lit ses fiches.
Selon le professeur Rivière, le mythe de l’homme sauvage remonte à la préhistoire et se perd dans la nuit des temps.
la nuit des temps, oui
L’homme sauvage, toutes les cultures en parlent, d’après le professeur Rivière, toutes le dotent de pouvoirs magiques et on ne cesse d’en découvrir de nouvelles occurrences, comme il dit, dans son livre.
Pour Dumont, par contre, la science piétine : chaque recherche de témoignages ou de traces de l’homme sauvage continue d’être ridiculisée par paresse intellectuelle ou par arrogance.
Et Falconi, elle, c’est nos ressemblances qui la passionnent. Elle vit la moitié de son temps dans la jungle, toute seule avec les gorilles. Son idée, c’est que l’humain n’est qu’une espèce parmi les 285 espèces de singes répertoriées dans le...