La Bonne conscience

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Le dialogue d’une femme avec son miroir – sa conscience – qui retrace le
parcours de celle-ci depuis l’âge de dix ans jusqu’à ce jour où elle vient d’avoir
cinquante ans…

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L’homme déjà en scène, la femme entre et se place en face de lui.
LA FEMME - Me revoilà !
L’HOMME - Cela faisait longtemps…
LA FEMME - Dix ans.
L’HOMME - Oui, c’est ça : dix ans. (Un temps.) En fait, on se voit tous les dix ans, sauf cas de conscience grave, non ?
LA FEMME - C’est exact. Une introspection tous les dix ans, ça vaut le coup, non ?
L’HOMME - Sans doute… Alors ? Qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui ?
LA FEMME - Je viens d’avoir cinquante ans.
L’HOMME - Non ? Déjà ? Tu ne les fais pas !
LA FEMME (minaudant) - Merci.
L’HOMME - Je ne suis peut-être pas très objectif, je suis ta conscience après tout…
LA FEMME - On n’est jamais aussi bien servie que par soi-même !
L’HOMME - C’est certain ! (Réfléchissant.) Voyons, voyons… La première fois que tu es venue… Tu n’étais qu’une enfant. Quel âge avais-tu ?
LA FEMME - Dix ans. Je n’avais pas voulu venir avant. J’estimais qu’à sept ans, je n’avais pas suffisamment de raison.
L’HOMME - Sage décision.
LA FEMME - J’étais une enfant sage… Malgré tout, je trouvais que le temps ne passait pas assez vite. La contemplation de mes tétons désespérément plats me consternait.
L’HOMME - Dix ans plus tard, tu étais comblée sur ce plan là…
LA FEMME - Ma foi oui. Il ne restait plus qu’à les mettre entre les mains d’un honnête homme : je me suis mariée.
L’HOMME - Je me souviens : la mariée était radieuse et jolie. (Taquin.) Et le marié avait de grandes mains !
LA FEMME - Idiot !
L’HOMME - C’était tentant !
LA FEMME - Bref ! Je suis revenue à l’âge de trente ans…
L’HOMME - Logique : dix ans plus tard… Que peut vouloir une femme de trente ans ? On est épanoui à cet âge, non ?
LA FEMME - Oui, c’est vrai. J’étais mariée depuis dix ans, j’avais deux beaux enfants, une grande maison… C’était presque trop beau, je me demandais si cela durerait…
L’HOMME - Un peu anxieuse quand même !.. (Un temps.) Et puis, tu es revenue dix ans plus tard pour me bassiner avec tes quarante balais ! Les premiers cheveux blancs, la première ride, « j’en suis rendue à la moitié de ma vie !.. » « On me drague beaucoup moins… » Ah, là, là !
LA FEMME - C’est drôle quand on y repense !
L’HOMME - Ça dépend pour qui ! Bon alors ? Tu en es où ?
LA FEMME - J’ai donc cinquante ans… Je ne prends plus le temps de compter mes cheveux blancs…
L’HOMME - Tu fais bien, ça serait trop long ! Mais en toute conscience : on ne les voit pas. C’est l’avantage d’être blonde… Il faut bien qu’il y en ait ! (Riant.) Excuse-moi, elle était facile !
LA FEMME (levant les yeux au ciel) - Pourquoi a-t-il fallu que ma conscience soit masculine !
L’HOMME - La conscience des femmes est toujours masculine : c’est pour ça que vous êtes si compliquées ! Bon, abrégeons : tu es venue te plaindre parce que tu avais un nouveau quota de rides ?
LA FEMME - Non.
L’HOMME (surpris) - Ah, bon ? (Un temps, puis triomphant.) Tu aimerais bien te débarrasser de ta culotte de cheval surtout que tu ne postules à aucun concours hippique ?
LA FEMME - Tu fais fausse route !
L’HOMME - Tu n’en reviens pas d’être grand mère alors que tu te sens si jeune dans ta tête ?
LA FEMME - C’est déjà plus près de la vérité, mais je n’en fais pas tout un drame non plus !
L’HOMME - Oui, en gros, tu es complètement déboussolée ! Et c’est sur moi que ça tombe !
LA FEMME - Tu n’y es pas du tout ! Je suis venue te dire que je m’étais réveillée ce matin de très bonne humeur. Que je m’étais regardée dans la glace et que je m’étais trouvée jolie, souriante et en pleine forme. Que j’avais cinquante ans et que c’était le moment de faire la fête avec mes amis et sûrement pas celui d’aller se prendre la tête avec toi !
L’HOMME - J’aurais pourtant bien un ou deux conseils avisés…
LA FEMME - Non, non ! Je suis venue te dire que tu pouvais garder tes conseils pour toi, chère conscience !
L’HOMME - En gros, tu m’envoies balader ?
LA FEMME - Voilà ! Plus clairement : je suis heureuse et je t’emmerde !

FIN


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