La bourrique et le canasson

Genres :
Thèmes : · ·
Distribution :
Durée :

Le Marius et la Jeanne ne s’entendent plus, mais alors, plus du tout ! Cette fois-ci, le sujet de discorde est la soupe de la Jeanne qui, au goût du Marius, serait trop fadasse ! Et c’est sans compter l’impertinence de leur fille unique, la Joséphine, et les intrusions répétées du Félicien, qui n’arrangent rien ! Comme à son habitude, Marius quitte alors la table, sans manger, pour finir sa soirée au café du village ! En l’absence de celui-ci, la Marie, une voisine proche, ne tarde pas à venir aux nouvelles. Mais ce soir, la Jeanne a pris une importante décision et confie à son amie qu’elle en a plus qu’assez et qu’elle pourrait bien commettre l’irréparable : pousser Marius dans l’escalier qui descend à la cave où il passe le reste de ses nuits ! Mais ce soir, il en sera autrement. Car Marius reviendra bien du village, oui. Mais voilà, quelqu’un est déjà tombé dans l’escalier ! Mais qui ? Vous l’aurez compris, l’auteur nous a une fois de plus concocté, ou plutôt, devrais-je dire, mitonné, une farce paysanne aux petits oignons : un vrai régal ! Et ce jusqu’à l’inattendu coup de théâtre final, ô combien mémorable !

🔥 Ajouter aux favoris

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

 

Au lever du rideau, Marius s’évertue tant bien que mal à chasser les mouches avec une tapette. Ce qui finit par agacer la Jeanne, affairée derrière son gaz à remuer sa soupe…

La Jeanne - Mais qu’est-ce que tu fais, là, à me tourner autour ?

Marius - ça se voit pas ? Je chasse les mouches…

La Jeanne - Tourne pas autour du gaz, enfin ! Tu vas en faire tomber une dans la soupe !

Marius (mettant un grand coup de tapette sur la Jeanne) - Là !

La Jeanne - Ah ! ben, je te remercie ! T’es devenu fou ou quoi ?

Marius - Elle te tournait autour, là, depuis un moment… J’allais pas la laisser filer !

La Jeanne - T’as pas mieux à faire, non ? (Regardant dans sa soupe.) C’est malin ça ! T’as gagné ! En plein dans la soupe ! Rends-toi utile pour une fois : passe-moi l’écumoire !

Marius - L’écu… quoi ?

La Jeanne - L’écumoire, pour la repêcher !

Marius - Et ça se trouve où c’t’affaire ?

La Jeanne - Ah ! laisse, va… Surveille qu’elle se noie pas !

Marius - Bon…

La Jeanne (prenant l’écumoire et revenant) - Ben, elle est où ?

Marius - Je sais pas…

La Jeanne - Elle était là y a deux minutes !

Marius - Elle a dû couler au fond…

La Jeanne - Bougre d’andouille ! Je t’avais dit de surveiller !

Marius - Et qu’est-ce que je pouvais y faire, hein ? Lui apprendre à nager ?

La Jeanne - Pousse-toi de là ! (Elle plonge l’écumoire dans la soupe.) Là… La voilà…

Marius - Tu veux p’t’êt’ que je lui fasse du bouche-à-bouche ?

La Jeanne - Pour l’asphyxier au reste avec ton haleine de poivrot ? Ah ! ça, sûrement pas ! (Elle sort la jeter dehors et rentre précipitamment.) Bon diou ! Y a le Félicien qui monte le chemin !

Marius - Qui ça ?

La Jeanne - Le Félicien, j’te dis !

Marius (l’air de rien) - Ah ! le Félicien !

La Jeanne - L’a qu’ça à faire d’embêter les gens à l’heure de la soupe !… Vite ! Le couvercle !

Marius - Quoi ?

La Jeanne prend le couvercle et ferme sa gamelle de soupe.

La Jeanne - Là !

On entend le Félicien, à l’extérieur.

Félicien (off) - Hé ! la maison !… Y a quelqu’un ?

La Jeanne - Le v’là ! (Fermement.) Tu lui payes rien ! Pas un canon ! Rien !

Marius - Ah ! ça ! ça va lui faire bizarre !

La Jeanne - Et puis il serait encore capable de s’inviter à souper !

Marius - Quand y en a pour trois, y en a pour quatre !

La Jeanne - ça, tu peux l’dire : quand y en a pour trois, y en a pour quatre ! Le problème, c’est qu’il mange pour quatre à lui tout seul !… Et puis, il sera reçu correctement quand il aura payé sa dette !

Marius - Les sous ! Les sous ! Y a qu’ça qui compte !… Tu parles, personne en voulait de c’te bête ! Un cheval… Un vieux cheval, même… Un canasson, quoi ! Bon débarras ! Et puis, je le connais, l’Félicien, c’est un honnête homme, il payera un jour ou l’autre.

La Jeanne - C’est ça ! Quand on sera sur la paille ! Je vais lui faire sortir ses billets, moi ! Il nous roulera pas comme ça !

Marius - Non, non, malheureuse… Faut pas le brusquer, le Félicien, il pourrait se vexer ! Au contraire, il faut le caresser dans le sens du poil…

Félicien  (off, plus fort) - Hé ! la maison !… Y a quelqu’un ?

Marius (allant ouvrir) - Entre, l’ami…

Félicien entre, un carton de bouteilles à la main qu’il pose dans un coin de la pièce.

Félicien - Salut la Jeanne ! Encore dans tes fourneaux ?

La Jeanne - Ben, faut bien s’occuper ! Pas vrai ?

Félicien - ça va la santé ?

Marius - Oh ! tout doux, tout doux… Enfin, on y fait aller.

Félicien - Et qu’est-ce qui ne va pas ?

Marius - Oh ! un peu tout ! Enfin, comme on dit : « On a l’âge de ses artères ! »

Félicien - Eh oui ! On a plus vingt ans, faut se ménager !

La Jeanne - ça, pour se ménager, il se ménage !

Marius (allant chercher une chaise au fond de la pièce) - Tiens, ben, installe-toi…

Félicien - Oh ! je suis pas bien fatigué !

La Jeanne - Pas celle-là, enfin, elle est pleine de bourre de chat ! (Elle lui en donne une autre.)

Marius (pendant qu’ils s’installent) - Pour ça, on est servis ! La Joséphine s’est mis en tête de nourrir tous les chats qui traînent autour de la ferme !

La Jeanne - Ces pauv’ bêtes, aussi ! Faut dire, la Joséphine, elle a pas un cœur de pierre !

Marius (qui a mal compris) - Qu’est-ce qu’il a son cœur, au Pierre ?! L’aut’ jour, il courait encore après ses chèvres !

La Jeanne - T’y comprends rien, tiens ! Tu ferais mieux de te faire opérer des esgourdes ! (Elle retourne à ses occupations.)

Marius - Ah non ! ça, sûrement pas ! Personne touchera à mes oreilles !

Félicien - Et t’en as combien ?

Marius - Ben, deux, comme tout le monde !

Félicien - Pardi ! J’y sais bien que t’as deux oreilles ! Je suis pas si bête, quand même !

La Jeanne - C’est des chats qu’on te parle, pas de tes oreilles !

Marius - Oh ! ben, je les connais pas tous ! Attends voir… (Il réfléchit.) Y a le Finaud… Elle l’appelle Finaud parce qu’il est rusé… Y a çui qui perd ses poils, là… Le Joseph… Rapport au Joseph du village qu’a plus de cheveux sur la tête ! Pour ça, elle a d’l’idée la Joséphine !… Et puis, y en a un qu’est pas bien malin, là… Comment qu’c’est son nom à çui-là déjà ?

La Jeanne (comme embarrassée) - Laisse donc, va… C’est pas si grave si tu te rappelles pas…

Marius - Si, si… La Joséphine serait là, elle te dirait… Ah ! je l’ai sur le bout de la langue !

La Jeanne (insistante) - Laisse tomber que j’te dis !

Marius - J’y suis !… Félicien, qu’elle l’a appelé !

Félicien (étonnamment surpris) - Elle l’a appelé comme moi ?!

Marius (réalisant le malentendu) - Ah… Oui, tiens… Ben, elle a pas fait « esqueprès »…

Félicien - Quand même !

Marius - Et puis, des Félicien, y en a des autres au village… Tiens, le Félicien du bas, c’est rapport à lui que la Joséphine l’a appelé comme ça !

Félicien - Le Félicien du bas ? Elle l’a pas connu la Joséphine !

La Jeanne - En tout cas, je vais lui en causer deux mots, moi, à la Joséphine ! Après tout, c’est vrai ça… On appelle pas un chat Félicien !

Félicien - Non, c’est pas malin ça !

Marius (qui a mal compris) - Comme tu dis : surtout s’il est pas malin !

Félicien (un peu piqué) - Ben, pourquoi tu dis ça ?… Surtout que c’est...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Achetez un pass à partir de 5€ pour accéder à tous nos textes en ligne, en intégralité.




Acheter le livre


Retour en haut
Retour haut de page