La marquise et le chevalier masqué

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Dans le parc d’un château, deux servantes s’activent en portant des paniers. Enfin, elles s’arrêtent près d’un banc. Mais des brigands ne sont pas loin..

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Décor (1)

La marquise et le chevalier masquéScène vide avec symbole végétations, voire un banc Ou en extérieur : nature ou devant une façade de château ou de maison cossue Costumes 18ème voir e19ème siècle.

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Scène 1 : Servante Marie / Servante Léontine

Léontine / C'est toujours pareil. Quand madame veut prendre l'air, faut toujours qu'elle aille le prendre dehors.

Marie / Comme si elle ne pouvait pas prendre l'air à sa fenêtre.


Léontine / Ou au moins sur la terrasse du château. Mais non, faut que madame s'installe à cent lieues de chez elle !

Marie / Et vas-y que j'te transbahute !

Léontine / C'est à croire qu'elle part en voyage.


Marie / Et alors, qui c'est qui s'coltine tout l'déménagement, c'est la Marie.

Léontine / Et la Léontine ! En plus, faut que madame invite sa grande amie..

Marie / Comme si elle pouvait pas profiter du soleil toute seule.

Léontine / (Faisant gauchement une révérence) Madame la Comtesse de la Crapote.

Elles imitent alors la Comtesse et la Marquise

Marie / C'est tellement gentil de venir me visiter.

Léontine / C'est que y'a pas grand chose à voir dans la région.

Marie / Et Monsieur le Comte ? Il n'est point venu ?

Léontine / Il est à la chasse à la bécasse

Marie / A la bécasse ? Il aime donc le gibier à plumes ?

Léontine / Cette bécasse là, elle n'est pas à plumes.


Marie / Une bécasse pas à plumes ? … Alors elle est.. Oh... (Elles rient toutes les deux)

Léontine / Et monsieur le Marquis ? Chasse-t-il aussi la bécasse ?


Marquise / Il chasse beaucoup moins qu'avant

Léontine / (Elle rit) Chère Marquise, aujourd'hui, je me sens toute en joie. Si nous nous transportions dans votre parc.


Marie / Comtesse, j'allais vous en prier. Ce soleil est si merveilleux. Il mérite qu'on s'en fusse l'apprécier.

Léontine / Mon chapeau ! Je ne peux sortir sans mon chapeau. J'aurais l'impression d'être toute nue.


Marie / Et moi donc ! D'autant que le soleil est traître en cette saison, nous pourrions par trop nous chauffer la tête.

Léontine / Et pas que la tête...

Marie / Oh oh oh oh oh ! Comtesse...

Léontine / (Elle s'assoit et redevient la servante) J'en peux plus moi. Tiens si je me retenais pas, j'me coucherais tout d'suite.


Marie / (Elle s'assoit également) Et moi alors ! Faudrait pas m'pousser pour que j'm'allonge 

Léontine / Déjà que faut jamais beaucoup t'pousser pour que tu t'couches.

Marie / Et attention ! .. Toute seule !

Léontine / Et moi, ce s'rait pas l'moment qu'on vienne me chatouiller.


Marie / On n'a pas qu'ça à faire.

Elles se taisent un instant et profitent du soleil

Léontine / On s'habitue vite à rien faire.

Marie / Pardi qu'on est bien. Et tiens, j'vais t'dire, c'est encore là qu'on s'rend l'mieux compte.


Léontine / L'mieux compte de quoi ?


Marie / Tu vois là-bas, l'château. Et ben moi, quand je r'garde le château, je m'dis que j'suis pas née dans la bonne direction.

Léontine / Pourquoi ?

Marie / Parc'que moi, j'suis née du côté du village ? A une demi-lieue près, j'aurais pu naître où y fallait.

Léontine / La vie, ça tient à pas grand-chose.


Marie / (Songeuse) Et oui.. Ca tient à pas grand chose.. Imagine qu'on soit nées là-bas, on aurait la belle vie. Tu t'vois en Comtesse ?


Léontine / Je m'vois ben.

Marie / Et moi, en Marquise. C'est pas dur d'être Marquise.


Léontine / Et j'peux t'dire que moi, j'en f'rais des promenades.. J'en verrais, du monde.

Marie / La promenade, on la f'rait en calèche.


Léontine / Et les servantes, à pied ! Parce que moi, j'aime pas les fainéantes.


Marie / Et le Marquis, pendant qu'il chassera la bécasse, moi, je chasserai pas les mouches !

Léontine / (Elle aperçoit la marquise et la comtesse) Mince ! J'crois bien que les vlà. Faut qu'on r'tourne au château. On a encore un voyage à faire pour ram'ner des provisions. Parce que, tout comtesse et Marquise que c'est, c'est qu'ça bouffe.


Marie / Hé ! Vas moins vite la Léontine ! On n'est pas des ch'vals !

Elles partent

Scène 2 : Marquise / Comtesse

La Marquise et la Comtesse arrivent et s'installent.

Comtesse / Oh chère amie, vous avez pensé à des provisions pour reprendre des forces.


Marquise / Oh mais j'ai l'habitude. Ici, il faut que je pense à tout.

Comtesse / C'est comme moi. Tenez, la cuisine.. Et bien, savez-vous que je suis obligée de faire le menu !


Marquise
/ Non ?

Comtesse / Sans cela, mes servantes nous feraient manger n'importe quoi.

Marquise / Nous avons beaucoup de mérite..

Comtesse / Vous vous êtes donnée beaucoup de mal


Marquise / Je sais, mais on ne se refait pas. Je déteste rester à ne rien faire (Elle s'assoit)


Comtesse / (Elle s'assoit) Tout comme moi. Monsieur le Comte le dit toujours, je suis une femme d'action


Marquise / De bonne action, comtesse, de bonne action.

Comtesse / Marquise, vous me gênez.


Marquise / Il faut dire les choses quand les choses méritent qu'elles soient dites.


Comtesse / Ah Marquise, cette promenade me ravit autant qu'elle m'enchante

Marquise/ Moi aussi. Ces oiseaux qui nous bercent de leurs charmantes mélodies, ces fleurs qui nous enivrent de leur parfum.. Ce printemps est si.. Comment dire ?


Comtesse / Printanier ! C'est un printemps très printanier


Marquise / Mon amie ! Vous avez toujours ce souci de la formule !

Comtesse / Je n'en fais guère état, mais parfois les mots me viennent sans même que j'y pense.


Marquise / Oh ! Avez vous vu? Là ! Dans ce fourré ? On dirait que ça bouge

Comtesse / On dirait que ça bouge.. Dans un fourré..

Marquise / Peut-être un lapin.. Un gentil petit lapin perdu.


Comtesse / Ou autre chose..


Marquise
/ Autre chose ? Autre chose .. ? (Elle réalise) Oh.. Comtesse.. Ne seriez-vous pas un peu primesautière

Comtesse / C'est le printemps, chère amie, c'est le printemps.


Marquise
/ Oui.... Et je ne le sais que trop.. En ce moment mes servantes sont très agitées..


Comtesse
/ Et les miennes ! Ces filles de la campagne sont par trop délurées.


Marquise
/ Je m'en méfie. Tenez l'autre jour, j'en ai surprise une avec le Garde-Chasse..

Comtesse / (Très intéressée) Et alors ?

Marquise / J'ai attendu, pour être sûre.

Comtesse / Et alors ?


Marquise
/ Rien. Rien d'extraordinaire. Mais je suis sûre que..

Comtesse / (Déçue) Certaines de ces créatures sont intenables.


Marquise / Monsieur le Marquis me le disait encore hier : elles le sont toutes.

Scène 3 : Marquise / Comtesse / Le furet

Le furet surgit devant la comtesse et la Marquise.

Le furet / (Il se présente devant elles, il porte un masque, une épée et les menace avec un pistolet) Bonjour mesdames..

Marquise / Oh mon Dieu ! Ne serions nous pas attaquées ?


Comtesse / Cette situation me paraît probable, chère amie.

Le furet / On ne bouge plus

Marquise / Ne serait-ce pas un pistolet ?


Comtesse / Tout juste, Marquise. Il paraît que cela fait des petits trous..

Marquise / Quelle horreur.. Allons monsieur, vous voyez bien que nous sommes sans défense.

Le furet / Monsieur ? Faudrait être polie, la donzelle !

Comtesse / La donzelle ! Mais qui êtes-vous donc pour nous accoster ainsi ?

Le furet / Le furet mesdames.. On me surnomme le furet.

Comtesse / Le furet ?


Marquise / Connais pas.

Le furet / Je suis un bandit de grand chemin.

Comtesse / Jamais entendu parler.

Le furet / Mais si ! Je suis très connu !

Marquise / Ah bon ?

Comtesse / Vous détroussez les honnêtes gens ?

Le furet / Les honnêtes gens.. Les honnêtes gens..

Marquise / Soit ! Mais que nous voulez vous ?

Le furet / Vous détrousser.

Comtesse / Nous détrousser ?

Le furet / Exact ! Et si vous êtes bien gentille, je ne vous ferai pas de mal


Marquise / Vous êtes sûr ?


Le furet
/ Madame, je n'en veux qu'à vos bijoux.

Comtesse / Oh vous savez, nous n'avons pas grand chose sur nous..

Le furet / J'ai l'habitude de me contenter de peu.

Marquise / Oh ! Mais.. Vous allez me trouver effrontée. Cependant.. J'aimerais savoir. Pourquoi vous appelle-t'on le furet ?


Le furet / A cause de la chanson.

Comtesse / La chanson.. Ah oui.. Il court, il court le furet.

Marquise / (Elle chante) Il est passé par ici,

Comtesse / Il repassera par là.

Marquise / Le furet du bois mesdames,

Comtesse / Le furet du bois joli..

Marquise / Ainsi, le furet, c'est vous.

Comtesse / Je vous voyais plus petit

Marquise / La taille ne veut rien dire..

Comtesse / C'est tellement vrai.


Marquise / Il n'a pas l'air si méchant.

Comtesse / J'ai oui dire qu'il s'en prenait même aux diligences.


Marquise / Aux diligences ! Mais nous sommes à pied.

Le furet / Je m'en prends à tout c'qui brille !

Marquise / Nous brillons ? Comment pouvons nous autant briller ?


Le furet / Les bijoux. On vous voit venir à vingt lieux.

Comtesse / Mais.. Pardonnez-moi si j'insiste, mais si nos bijoux ne vous satisfont pas, que voudriez-vous d'autre ?

Le furet / La Bourse ou la vie ?

Marquise / La Bourse ou la quoi ?

Comtesse / La vie, Marquise. Je crois que ce brigand nous fait savoir que si nous ne cédons pas à sa sollicitation, il envisage de nous occire.


Marquise / Nous occire ? Moi ?

Comtesse / Monsieur, la Marquise est trop jeune pour qu'on la trépasse

Le furet / Et toi aussi la grognasse !

Comtesse / La grognasse ? Parlerait-il de ma personne ?

Marquise / Hélas, chère amie, j'en ai bien peur.

Comtesse / Voyons, ce n'est pas ainsi que l'on parle pas à une dame.


Le furet / La ferme !

Marquise / Ne savez pas qui nous sommes ?

Le furet / Tout c'que j'vois, c'est vous avez de beaux habillages.

Comtesse / N'est-ce pas ? Cela me serre un peut-être un peu, non ?

Marquise / Au contraire, Marquise, je trouve qu'il vous enveloppe bien la taille.

Le furet / Bon ! Ça vient ?

Marquise / Comtesse, je crois que nous devrions lui obéir.

Comtesse / Vous avez raison, l'énervement n'est pas toujours une bonne chose.

Marquise / Ainsi vous voulez nous dépouiller ?

Le furet / C'est ça !

Comtesse / De nos atours ? Mais il fallait le dire tout de suite

Marquise / On dit que parfois, Le furet..

Comtesse / Non ? Et vous croyez.. Qu'il pourrait..

Le furet / Donnez-moi vos bijoux !

Marquise / Mes bijoux ! C'est que j'y tiens.

Le furet / Moi aussi ! Et vos pièces, toutes les pièces..

Comtesse / Savez vous que vous risquez la potence ?

Marquise / Pire même l'échafaud !

Le furet écoute, médusé

Comtesse / La hache..

Marquise / L'écartelage..

Comtesse / L'écartèlement, Marquise.

Marquise / Écartèlement, écartelage ? Ne dit-on pas les deux ?

Comtesse / On peut le dire à sa guise. Après tout, dire les choses tel qu'on les entend, ce n'est pas un crime

Marquise / Encore heureux que, l'on puisse s'exprimer dans le royaume avec les mots qui nous conviennent.

Comtesse / De toutes façons, l'écartèlement n'est plus guère à la mode.


Marquise / Ah bon ? Quel dommage ! Je me souviens, quand j'étais petite, j'y allais souvent avec ma grand-mère..


Comtesse / Les traditions se perdent.. (Au furet) Et, si je puis me permettre, cela ne vous effraie-t-il pas de finir aussi mal ?

Le furet / Et toi, la pucelle, tu risques de finir embrochée comme une vieille poule !


Comtesse / Une vieille poule ? M'aurait-il traitée de vieille poule ?

Marquise / Je crois qu'il vous a aussi traitée de pucelle.


Comtesse / De pucelle ? Moi ?


Marquise / Ces brigands, de nos jours, sont d'une rare insolence.

Le furet / On va pas y passer la s'maine !

Scène 4 : Marquise / Comtesse / Le furet / Chevalier masqué

Le chevalier masqué surgit (il peut aussi venir à cheval)

Chevalier / En garde vil maraud ! Il faut être lâche pour s'en prendre ainsi à des dames ! Mais moi, le chevalier masqué, je te ferais passer dans l'autre monde !

Le furet ! Le chevalier masqué !

Marquise / Le chevalier masqué ?

Comtesse / Je croyais que c'était une légende


Chevalier / Je suis une légende, et une légende vivante ! En garde vaurien ! (Il brandit son épée)

Le furet / Tu m'fais pas peur ! C'est pas un poudré qui m'empêchera de finir mon brigandage.

Marquise / Prenez garde chevalier ! Il tient un pistolet.


Chevalier / Un pistolet ! Mais c'est contraire aux règles de la chevalerie !


Le furet / La chevalerie, je m'en fous !

Comtesse / Il va vous faire des trous partout.

Chevalier / Pas de ça, scélérat ! Car moi aussi je puis te transformer en écumoire (il brandit aussi un pistolet)

Le furet et le chevalier se tiennent mutuellement en respect

Marquise / Oh Mon Dieu !

Chevalier / Madame, je ne puis vous dire mon nom, mais appelez moi chevalier masqué ! Le défenseur de la veuve et de l'orphelin, les célibataires, les femmes mariées, et les jeunes filles en difficulté.

Comtesse / On dit de choses sur vous.. Est-ce vrai tout ce que l'on dit ?

Chevalier / Madame, ce que l'on vous a dit est certainement à mille lieues de ce que je pourrais vous dire.

Marquise / (Au furet) Alors, monsieur, on fait moins le fier..

Chevalier / Approche toi fripouille que je te.. je te quoi ?

Comtesse / Zigouille ?


Chevalier / Écrabouille.. Andouille.. Mouille..

Marquise / Chatouille !

Chevalier / Bravo madame ! (Au furet) Approche-toi fripouille que je te «transperçouille»

Marquise / Ne le tuez pas messire, je vous en prie..

Comtesse / Il mérite la potence, ce serait dommage.

Marquise / Et par trop cruel de nous priver de ce spectacle

Comtesse / Les distractions sont si rares.


Chevalier / Et bien mesdames, qu'il en soit ainsi. Je le capturerai vivant.


Le furet
/ Vivant ? Plutôt mourir !

Les deux hommes se font face pendant que la Marquise et la comtesse continuent à discuter. Ils semblent s'impatienter

Chevalier / Madame, j'attends votre signal.

Marquise / J'hésite.. Voir quelqu'un mourir, d'accord, mais le décider. Déjà, lorsque je dois ordonner de tuer un lapin, je détourne les yeux.

Comtesse / Madame, ce n'est pas un lapin


Marquise / Ah oui.

Comtesse / D'autant que sa tête est mise à prix.

Le furet / Oui. Ma tête est mise à prix


Marquise / Ah bon ? Combien ?


Le furet / Dix louis.


Comtesse / C'est peu.

Marquise / Vivant ou pas vivant ?

Le furet / Les deux.


Comtesse / Ce n'est pas grave, ça ne change pas la récompense.


Chevalier / Mais qu'importe que l'on m'offre une bourse pour en finir avec cette crapule, je pourrais tout aussi bien le faire à titre gratuit.

Comtesse / A titre gratuit ? Mais chevalier, seuls les saints hommes sont capables de pareil désintéressement !

Chevalier / Mesdames, je tuerai ce manant, rien que pour le plaisir de vous faire plaisir.


Comtesse / Oh ça c'est très agréable à ouir.


Marquise / Cela faisait si longtemps que l'on ne m'avait pas dit des choses aussi complimenteuses.

Le fure / Bon, et bien puisque c'est comme ça, moi je pars.

Chevalier / Tu pars, alors que je commence à peine. Lâche que tu es ! Tiens choisissons l'épée.

Le furet / L'épée ? Et bien soit (Il range son pistolet et saisit son épée), je te découperais en rondelles !

Chevalier / En garde !

Marquise / Mais ils vont se battre pour de bon.

Comtesse / Pour nous ! Ils vont se battre pour nous.


Marquise / Alors je parie sur le chevalier. Un perdreau pour moi si je gagne !


Comtesse / Et moi, sur le malotru.


Marquise / Paris tenu ! Topez là comtesse !

Scène 5 : Marquise / Comtesse / Chevalier / Le furet / Léontine / Marie

Le furet / Ta dernière heure a sonné

Chevalier / Deux secondes, je suis pas prêt.


Le furet / Jamais je n'ai été vaincu à l'épée


Chevalier / Qui combat avec le chevalier masqué ne combat qu'une fois !

Le furet / Tu ne connais pas Le furet !

Chevalier / Qui que tu sois, furet ou putois, je te ferai mordre la poussière !

Le furet / Apprête toi à rejoindre tes ancêtres !

Léontine et Marie arrivent derrière le chevalier (elles portent chacune un panier)

Chevalier / Et toi, apprête toi à .. Oh.. Qu'est-ce qu'on dit dans ces cas là ? Apprête toi.. ? (Le chevalier masqué réfléchit tandis que Léontine l'assomme avec une bouteille. Ce dernier tombe à terre.

Léontine / Une chance, j'ai pas cassé la bouteille


Marquise / Malheureuse, qu'as tu fait ?

Léontine / J'crois bien que j'vous ai sauvée, madame.

Marie / On est arrivées à temps.

Pendant ce temps, Le furet en profite pour s'éclipser

Scène 6 : Marquise / Comtesse / Chevalier / Léontine / Marie

Comtesse / Mais ! Qu'avez-vous fait ? Ce brave chevalier voulait nous sauver des griffes de... (Elle regarde tout autour) mais où est-il ?

Marie / L'autre ? Je crois bien qu'il est parti, madame.

Comtesse / Marquise, vous me devez un perdreau.

Marquise / Vous l'aurez votre perdreau, comtesse. Mais pour l'heure, nous devons nous occuper de ce chevalier.


Léontine / Un chevalier ?

Marquise / Cet homme est un chevalier, c'est très rare de nos jours.

Comtesse / Comme dans les contes de fées

Léontine / C'est que j'crois pas beaucoup aux contes de fée, madame.


Marie / Il portait un masque, alors comme c'était pas Carnaval, on a trouvé ça louche.


Comtesse / (Elle s'approche du chevalier allongé) Le pauvre chevalier, est-il .. ?

Marquise / Elle se penche. Non, il respire encore

Léontine / Pourtant, j'ai tapé fort.

Comtesse / Chevalier ! M'entendez-vous ?

Chevalier masqué / Ma.. Ma..

Marie / Maman ?

Chevalier / Madame.

Marquise / Nous allons vous soigner ! Nous allons vous emmener au château !

Comtesse / Vous mettre dans un lit, nous allons bien nous occuper de vous. N'est pas-ce, Marquise ?


Marquise / Oh oui. On va tout faire pour.

Comtesse / Jour et nuit.

Servantes / Nous aussi !

Chevalier / Ahhhhhh.. Le chevalier gémit

Léontine / Tant que ça geint, c'est qu'ça va bien.

Comtesse / Je vais vous enlever votre masque.

Marquise / Enlever son masque ? Mais comtesse, ne devons nous pas garder une part de mystère ?

Comtesse / Comment pourrions nous en prendre soin si nous ne pouvons examiner sa figure ?

Marquise / Lui enlever son masque, cela me peine.

Marie / (A Léontine) Qu'est-ce qu'elle veut lui enlever ?


Léontine / Son masque.

Marie / C'est tout ?

La comtesse enlève le masque au chevalier

Comtesse / Oh mon Dieu !

Marquise / Ah oui. Je comprend qu'il porte un masque

Comtesse / On va vous remettre votre masque !

Marquise / Comment ça va ?


Chevalier / Ça ! Ça...

Comtesse / Ça va mieux ? Tant mieux !

Marquise / Bon ! Et bien, chère comtesse, maintenant qu'il nous semble guéri, ni nous rentrions au château

Marquise / J'ai peur que le temps ne change. Et nous pourrions prendre froid


Elles partent avec les servants qui se chargent des paniers.

Scène 7 : Chevalier / Le furet

Le chevalier reprend ses esprits

Chevalier / Y'a quelqu'un ?

Le furet réapparaît (sans masque)

Chevalier / Qu'est-ce que tu faisais ?

Le furet / Hé ! Je m'étais enfui, pardi ! C'est que moi, je risque la potence.


Chevalier / Les deux gourgandines, je ne les ai pas vu v'nir

Le furet / Faut toujours se méfier des filles de la campagne.

Chevalier / Pourtant, c'était bien parti. Il me suffisait de te mettre en fuite.

Le furet / Moi je me suis enfui. C'est pas d'ma faute si tu t'es fait assommer.

Chevalier / Après, ces dames m'auraient choyé comme un nouveau né. Et t'aurais eu ta part.


Le furet / Ça doit venir de ta tête. Peut-être que t'as une tête qui plaît pas aux dames.

Chevalier / Qu'est-ce qu'elle a ma tête ! La dernière fois, ça a marché !

Le furet / La dernière fois, on est tombé sur des moches.

Chevalier / Pourtant, c'est une bonne idée.


Le furet / Je crois bien que tu fais plus peur que moi.

Chevalier / Comment ça ?

Le furet / On devrait échanger. Toi, tu serais le méchant, et moi je serais le chevalier masqué.

Chevalier / Et pourquoi ?


Le furet / Parce que j'ai une tête qui passe mieux auprès des dames.

Chevalier / Tais toi ! J'ai l'impression que l'on s'agite du côté du château


Le furet / Peut-être nous ont-elles aperçus.


Chevalier / M'est avis que faut pas traîner.

Le furet / T'as raison, je n'ai pas envie de me retrouver au bout d'une corde.

Chevalier / Faisons vite. Elles pourraient lâcher les chiens.

Le furet / Non point. J'ai bien vu que je leur faisais de l'effet. Un homme tel que moi sait reconnaître au premier regard une femme qui se languit de ma personne. (Il prend une pose de poète) Que l'on soit bandit ou chevalier, le physique quand il est magnifique, fait accepter tant de choses.. Il installe l'extase et fait jaillir de la bouche des femmes comme autant de boutons de rose.


Chevalier / (Admiratif) C'est beau c'que tu dis.

Le furet / Ca m’sort tout seul.

Ils partent

Scène 8 : Marquise / Comtesse / Léontine / Marie

Marquise / Avez-vous vu, Comtesse ? Le chevalier semble remis sur pied.


Comtesse
/ Tant mieux Marquise. Je n'aurais guère aimer confesser son trépas.

Marquise / Et ce furet qui était revenu pour dépouiller un homme à terre.

Comtesse / Profiter d'un homme allongé est d'une méchanceté sans pareil.

Léontine / Des fois, c'est l'contraire.

Marquise / Cela démontre bien la vilénie de ce furet.

Marie / Dépêchons nous madame. Nous devrions pouvoir rattraper ce furet.

Comtesse / A nous quatre, nous pourrons facilement le contraindre

Marie / (Elle a un bâton) Et puis j'ai amené ce qu'il fallait. Avec ça, il va comprendre.

Marquise / Ne vous inquiétez pas. J'ai l'habitude de la chasse à courre. Une fois j'ai levé un chevreuil.

Comtesse / Et moi, un cochon.

Léontine / Moi, les cochons, j'en ai débusqué plus d'un.

Marie / On lui enlever son masque aussi, au furet ?

Marquise / Naturellement.

Marie / Et s'il a une bonne tête, madame ?

Comtesse / Ah oui, chère amie, qu'est-ce qu'on en fera ?

Léontine / On le mettra au cachot ?

Marie / On en fera quoi ?

Marquise / On verra.. Je ne sais pas encore, mais on trouvera.

Comtesse / On va le torturer ? On lui fera plein de supplices, la roue, le supplice de la chèvre ? Et qui fera la chèvre ?

Marquise / Comtesse.. Voyons..

Comtesse / Nous allons fouiller cette forêt.

Marquise / Bien dit. Comtesse ! Mesdames ! En battue !

Elles se mettent en position puis disparaissent de scène (dans la forêt). On entend un cor de chasse. Puis la marquise et la Comtesse réapparaissent.

Scène 9 : Marquise / Comtesse

Comtesse / Je n'en puis plus !

Marquise / Et moi donc ! Je n'ai jamais autant marché de ma vie

Comtesse / Nous avons dû faire au moins plus d'une lieue

Marquise / Et ce furet court bien vite.

Comtesse / Je crois que nous allons être forcées de renoncer à notre vengeance.


Marquise / Renoncer ? Jamais ! Avec les hommes, il suffit d'utiliser la ruse. Comme avec le renard

Comtesse / Comme avec le renard ?

Marquise / Oui. Par exemple, vous mettez une poule dans une cage. Vous voyez, avec une petite porte qui se referme sitôt que la bête est entrée.


Comtesse / Ah oui. C'est amusant.

Marquise / Et bien, le renard, quand il rentre, couic !

Comtesse / Oh mon Dieu !

Marquise / Si les renards sont rusés, les femmes le sont bien davantage.

Comtesse / Mais que ferait le furet avec une poule ?


Marquise / Comtesse ! Une poule, c'est une illustration. Dans notre piège, la poule ce sera comme une oie blanche, une petite bécasse, une poulette, une femme quoi.

Comtesse / (Elle rit) Oh oui ! J'ai compris ! Une poulette, une femme ! C'est merveill.. (Intéressée) Et alors, le renard, quand il voit la poule, il la.. ?

Marquise / Elle n'a aucune chance.

Comtesse / (Faussement attristée) La pauvre bête.. Mais y a t-il pas un danger ?

Marquise / Pour nous, non !

Comtesse / (Elle semble un peu déçue) Je ne serais pas dans la cage ?

Marquise / Comtesse..

Comtesse / Oui. Vous avez raison. Je ne peux me sacrifier comme ça. .. Et.. Pour faire la poule, vous pensez à qui.. ?

La Marquise regarde dans le public, songeuse..

Comtesse / C'est sûr qu'une chèvre ferait mieux l'affaire.

Scène 10 : Marquise / Comtesse / Léontine / Marie

A ce moment, Marie et Léontine entrent

Marquise / Et bien, vous n'arrivez que maintenant ! Nous sommes là depuis des lustres. Nous aurions pu être cent fois attaquées !

Léontine / C'est que nous sommes tombées dans un trou, madame

Marie / Rapport à votre mari qui avait caché un grand trou pour chasser un lapin.

Léontine / Si madame veut bien, peut-être que nous pourrions aller changer nos habits. Ils sont un peu crottés.

Marquise / Mais pas du tout. La journée est très belle, nous avons besoin de vous. Et d'ailleurs, nous allons échanger nos habits.


Léontine / Vos habits ? Madame veut me donner ses habits ?


Marquise / Je ne donne pas, je prête ! Et madame la Comtesse va faire de même.

Comtesse / Marquise ? Vous voulez que je me dévêtisse.


Marquise / (Chuchoté à la comtesse) Cela fait partie du piège.. La poulette..

Comtesse / La poulette ? Ah oui ! (Elle glousse)


Marie / Madame la comtesse veut que je me mette dans sa robe ?


Comtesse / Oui oui oui ! (A la Marquise) Qu'est-ce qu'on s'amuse !


Léontine / Mais madame ? Nous allons faire quoi avec vos atours ?


Marquise / Mais rien. Vous n'allez rien faire. Comme nous. Vous vous asseyez, vous vous prélassez. Vous avez eu une journée si éprouvante. N'est-ce pas Comtesse ?


Comtesse / (Elle pouffe) Oh oui !

Marquise / Aussi, madame la Comtesse et moi avons décidé que vous aviez bien mérité d'un repos.. ?


Comtesse / D'un repos bien mérité.


Marie / Ah bon ?

Marquise / Et pendant ce temps, nous continuerons à traquer ce furet.

Léontine / Seules ?

Marquise / Ce n'est pas un homme qui va commencer à me faire peur.

Comtesse / Marquise, vous ai-je raconté la fois où je me suis trouvée seule devant une garnison  ? Alors je me promenais au dehors, et là je tombe sur une vingtaine de gaillards..


Marquise / Une autre fois, comtesse, une autre fois.

Léontine / Et bien puisque c'est madame qui veut..

Marquise / Alors allons-y. Mesdames échangeons nos robes.

Toutes s'arrêtent. Elles regardent le public et font non de la tête. La lumière s'éteint sur scène. Puis elles vont en coulisses se changer. On entend des chants d'oiseaux ou toute autre musique, voire une musique genre strip-tease. Puis la lumière revient. On peut aussi installer à ce moment un paravent sur scène avec un paysage peint dessus. Imitation haie)

Scène 11 : Léontine / Marie

Léontine et Marie reviennent sur scène

Marie / T'as vu d'quoi j'ai l'air ? On dirait une meringue qui s'rait restée dans l'cellier depuis huit jours.


Léontine / Heureus'ment qu'on met pas ça pour faire la cuisine, on pourrait rater les plats.

Marie / Forcément qu'la Marquise et sa copine, on les a s'mées. C'est pas avec ça que tu peux courir vite.


Léontine / Dans la nature, moins t'en as, plus t'es à l'aise !

Marie / Quelle idée de nous faire mettre leurs robes !

Léontine / Va savoir ce qui s'passe dans leur tête ?

Marie / Bon. Elle a dit : faut rien faire ; alors on va rien faire

Léontine / Mais quand on a rien à faire, qu'est-ce qu'on fait ?


Marie / J'en sais rien.

Léontine / Et elles, j'me demande bien c'qu'elles fabriquent pendant qu'on est ici


Marie / J'en sais rien mais ça m'étonnerait qu'elles fassent du ménage.

Léontine / J'espère qu'elles vont pas déchirer mon tablier.

Marie / Moi, j'me demande bien pourquoi elles sont aussi gentilles. Parce que t'imagines, si jamais elles veulent que ce soir, le déguisement continue ?


Léontine / Je me r'trouverais dans le lit de monsieur.


Elles imitent la situation

Léontine / Bonne nuit, monsieur le Marquis..

Marie / (Imitant le Marquis) Qu'est-ce que tu fais dans mon lit, la Léontine ?

Léontine / C'est madame qu'a voulu.

Marie / C'est mon anniversaire ?

Léontine / C'est elle qui m'a habillée.


Marie / Elle est où la Marquise ?

Léontine / Elle furète.

Elles rient toutes les deux

Marie / Les riches ça en a jamais assez. Et quand ça n’en a plus, faut qu'ça en invente.

Scène 12 : Léontine / Marie / Nouveau chevalier masqué / Nouveau furet

Le nouveau furet entre sur scène

Nouveau furet / (Il se présente devant elles, il porte un masque, une épée et les menace avec un pistolet) Halte là mesdames

Léontine / Qu'est-ce que c'est ?

Marie / Ma parole, en vlà un autre !

Nouveau furet / Je suis le.. (il réfléchit) Le quoi déjà ? .. Ah oui ! Je suis le furet ! Le bandit de grand chemin ! Le méchant ! Le sans peur et sans ? Et sans quoi déjà ? .. Chapeau ? Cheval ? Bon c'est pas grave.. Alors ! Je m'attaque aux gens, aux veuves et aux orphelins.. Ah mais non c'est pas ça ?


Léontine / Qui qu'y dit ?


Marie / Je crois qu'il est orphelin.

Léontine / Le malheureux.

Nouveau furet / Mais non ! Je suis un bandit. Quand j'étais petit, je faisais même peur à ma maman.

Léontine / Tu nous fais pas peur !

Nouveau furet / Comment ça, je fais pas peur. Vous m'avez bien regardé ?

Marie / Ben oui.. Mais faut dire.. Y'a pas d'quoi courir.

Nouveau furet / Faut tout r'garder. Je suis une force de la nature, je pourrai abattre un ch'val avec une seule main. Je suis taillé pour le corps à corps.

Léontine / Ça s'voit pas.


Nouveau furet / Ça s'voit pas ? Non mais je rêve ! (Il brandit son arme) Je suis le furet ! le bandit de grand chemin ! Et je vais vous dévaliser. Donnez moi tout


Léontine / On veut bien mais c'est pas à nous


Nouveau furet / Comment ça ? Vous les avez volées ?

Léontine / Pas tout à fait


Nouveau furet / Vous êtes des brigandes ?

Marie / T'a vu, il nous prend pour des maraudes.

Léontine / Nous ! Des maraudes ! Tu nous a r'gardées ?

Le nouveau chevalier masqué fait son entrée

Nouveau chevalier / En garde vil gredin ! Il faut être lâche pour s'en prendre ainsi à des dames ! Mais moi, le chevalier masqué, je te ferai passer dans l'autre monde !

Léontine / Le chevalier masqué !

Mari / Je croyais que c'était une légende


Nouveau chevalier / Je suis une légende vivante ! En garde vaurien ! (Il brandit son épée)

Nouveau furet / Tu m'fais pas peur ! C'est pas un poudré qui m'empêchera de finir mon attaquage !

Nouveau chevalier / Pas mon attaquage. Mon brigandage.


Nouveau furet / Oh Le chevalier à la manque ! Tu vas pas m'apprendre mon texte !

Nouveau Chevalier / Je vais t'apprendre à te battre. S'en prendre impunément à des dames, cela mérite que tu passes de vie à trépas sans forme de tralala.

Nouveau furet / Des comme toi, je m'en tape une dizaine au petit déjeuner !


Léontine / Moi aussi..

Marie / Léontine !

Nouveau chevalier / Mesdames, vous ne risquez rien. Le chevalier masqué vous prend sous son aile.


Marie / Et ben dis-donc.. On a bien fait d'rester.

Nouveau chevalier / Avec moi, tu vas app'ler ta mère, je vais d'abord te pocher les deux yeux.


Léontine / Et lui écraser la tête !

Marie / Lui écrabouiller les pieds !

Léontine / Le couper en morceaux !


Marie / En petits morceaux !

Nouveau furet / Euh.. je vois que l'on est à trois contre un. La bataille me paraît déloyale. (Dire comme un poème) Mieux vaut s'enfuir que subir cette issue fatale !

Le furet s'enfuit dans la forêt


Scène 13 : Léontine / Marie / Nouveau chevalier masqué / Nouveau furet

Nouveau chevalier / Attends ! Je ne t'ai même pas fracassé la tête ! (Vers les servantes) Je fracasse très bien les têtes..

Léontine et Marie applaudissent. Le nouveau chevalier les salue.


Nouveau chevalier / Mesdames, vous défendre est un honneur et désormais un but dans ma vie de chevalier errant.

La marquise et la comtesse entrent (Venant de la forêt), tenant en respect avec une épée le nouveau furet

Marquise / Mais si chevalier ! Vous allez pouvoir le terminer ! Nous l'avons attrapé


Comtesse / (sur le ton de la confidence) Parce que c'était un piège.

Nouveau chevalier / Vous l'avez ? Mais ? Mais ?


Nouveau furet / C'est pas du jeu


Marquise / Je vous présente nos servantes. Elles ont servi de gibier

Nouveau chevalier / Des servantes ? Et vous ?

Marquise / Je suis marquise

Comtesse / Et moi, Comtesse... Mais j'aurais pu faire la poule


Léontine / On nous a pris pour du gibier !

Marie / On aurait pu se faire plumer.

Marquise / Et maintenant, Chevalier, nous allons enlever son masque à ce furet.

Nouveau furet / Pas mon masque. C'est grâce à mon masque que l'on me reconnaît.


Marquise / Pardon ?

Comtesse / Ah ben oui. Si le furet masqué n'a plus son masque, pourra t'on savoir s'il s'agit bien de sa personne quand il attaquera quelqu'un s'il n'est pas masqué.


Nouveau chevalier / Tout à fait madame. Votre raisonnement est fort raisonné.

Nouveau furet / Ah oui. C'est même fort clair.


Marquise / Fort clair ? Laissez-moi faire, je vais lui enlever, moi, son masque

Nouveau chevalier / Madame.. Ces brigands peuvent parfois être d'une méchanceté désobligeante.


Nouveau furet / Tu vas pas me ?

Léontine / Le masque ! Le masque !

Toutes / Le masque ! Le masque !

Nouveau chevalier / (Il les invite à se taire) Mesdames, si vous voulez reculer de quelques pas. C'est que l'affaire n'est pas sans danger.

Les femmes reculent

Nouveau chevalier / Encore un peu de recul, mesdames, je m'en voudrais qu'un seul de vos cheveux soit atteint.

Les femmes reculent encore.

Nouveau furet / (au chevalier) Mais c'est moi, abruti. C'est moi.

Nouveau chevalier / Je sais que c'est toi. Aussi, je vais d'abord te donner un bon conseil avant de t'ôter ce masque et dévoiler à ces dames, ta face de fesse de scélérat.


Nouveau furet / Un conseil ? Quel conseil ?

Nouveau chevalier / (Il crie) Cours !

Aussitôt, le chevalier et le furet se sauvent dans la forêt.

Comtesse / Qu'est-ce qu'y s'passe ?


Marquise / Il se passe que je présume que nous avons été eues.

Comtesse / Ne pourrions nous pas courir et les rattraper ?


Marquise / Inutile. Ces coquins me semblent être trop malins. Rendez-vous compte, l'un était l'autre quand nous pensions que l'autre était l'autre.

Comtesse / Comment c'est possible ?

Marquise / C'est possible, comtesse. Avec les hommes, tout est possible. Allez, nous nous contenterons des nôtres. Rentrons.

La Marquise et la Comtesse partent, suivies des servantes

Marie / Et bien dis-donc, ça va nous faire un sacré souv'nir


Léontine / T'as raison la Marie. Parce qu'au château, on rigole pas tous les jours.


Elles suivent la Marquise en riant et sautillant au son d'une musique guillerette


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