L’art et les manières

Sketchs sur la culture, ceux qui en manquent, ceux qui en on trop, et ceux qui n’en peuvent plus

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Décor (1)

L'art et les maqnièresPas de décor

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VISITE GUIDEE (JP Mourice) (5 m 30)

Toute la troupe (ou presque)

Un (ou une) guide fait visiter la salle à un groupe de touristes. Il brandit un petit fanion et fait des commentaires sur la salle et les spectateurs. Le groupe entre par le fond de la salle et la traverse en s'arrêtant selon les commentaires du guide. Le groupe, armé d'appareils photos prend tout en photo

Guide / Nous sommes ici dans la salle d'exposition. Une salle d'exposition tout à fait dans le style des salles d'exposition, puisque nous pouvons en remarquer principalement les murs qui en font le tour.. (Il montre les murs, tandis que le groupe tourne la tête en même temps pour les regarder) ainsi que ce plafond, entièrement d'époque, qui se trouve juste au dessus de nous.


Le groupe lève la tête

Un touriste / C'est autre chose que la Chapelle Sixtine.


Guide / C'est sûr.

Un touriste / C'est tout à fait étonnant.


Guide / C'est complètement dans le style

Un touriste / (Il montre les spectateurs) Et tout ça, c'est l'exposition ?


Guide / (Il montre les spectateurs) Une exposition unique au monde.

Un touriste / C'est incroyable.


Guide / Ce sont tous des modèles uniques.

Un touriste / Ils ont l'air plus vrais que nature.


Un touriste / Y'en a qui ont quand même une drôle d'allure.

Guide / Naturellement, l'artiste les a fait un par un en s'efforçant de témoigner de la diversité des genres dans la complexité des personnes tout en s'efforçant de s'éloigner des idées reçues et parfois fausses sur la réalité des représentations.

Un touriste / C'est incroyable !

Guide / Ils sont dans leur jus.

Un touriste / Je n'ai jamais vu ça !


Un touriste / (Il montre un spectateur qui se trouve assez loin). Et celui-là ! Vous avez vu celui-là ?

Guide / Ah oui ! Celui-là, il est très regardé. On voit tout de suite qu'il sort du lot.

Un touriste / Je peux le prendre en photo ?

Guide / Surtout ! Pas de flash ! Ça les détériore.

Un touriste / Moi je préfère les nus.


Guide / Ça dépend. . Des fois on est déçu..

Un touriste / Ça doit valoir cher.

Guide / Ça dépend s'ils sont cotés.

Un touriste / Et celui-là, ll est coté ?


Guide / C'est pas sûr...

Un touriste / Il aurait besoin d'une restauration.

Guide / Il a déjà eu des retouches, mais c'est loin de suffire..

Un touriste  / Oh ! La Joconde !

Guide / Ce n'est pas la vraie, c'est une copie.


Un touriste / Si elle faisait moins la tronche, ce serait la Joconde.


Un touriste / Je peux toucher ?


Guide / Surtout pas ! La dernière fois, celui qui a essayé s'est pris une baffe.


Un touriste / Vous avez vu ? Un Michel ange ?

Guide / Oui. On confond souvent.

Un touriste / C'est pas David de Michel Ange ?

Guide / Votre prénom je vous prie ?

Le spectateur répond

Un touriste / C'est sûr, c'est pas un Michel Ange.


Un touriste / Celui-là est moins connu, mais il vaut quand même le déplacement.

Un touriste / Vous rigolez ! Franchement j'ai vu mieux.

Un touriste / On devrait le mettre au musée du Louvre.

Guide / C'est que c'est très fragile à transporter.

Un touriste / Il n'est pas à vendre ?

Guide / Inutile. C'est hors de prix. Et ça fait partie du patrimoine. Ils n'ont pas le droit de quitter le pays.


Un touriste / Ca doit coûter la peau des fesses, un machin pareil.

Ensuite, les comédiens improvisent en fonction du physique du public. Exemples :

Un touriste / (il désigne un spectateur) Napoléon !

Un touriste / Van gogh !

Un touriste / Marylin Monroe !

Un touriste / Madame de Récamier !

Un touriste ! De Gaulle !

Un touriste ! Yvette Horner !

Un touriste / Papa !

Un touriste / Et l'autre là-bas !

Un touriste / Moi j'aime bien celui-là.


Un touriste / Ah non ! J'en voudrais pas chez moi. Il fait peur.

Un touriste / J'aime bien, moi.

Un touriste veut prendre des spectateurs en photo

Guide / Pas de photos !

Touriste / Mais pourquoi ?


Guide / C'est très fragile. Ils sont à une température constante de 37 degrés 5. Le moindre écart de température peut les dégrader irrémédiablement.


Un touriste / Vous vérifiez leur température ?


Guide / Trois fois par jour.


Un touriste / Et celui-là ?


Guide / C'est un spécimen très intéressant. On ne le sort que rarement.

Un touriste / Je peux toucher ?

Guide / On ne touche qu'avec les yeux !

Un touriste / Et y'a jamais eu de vol ?


Guide / C'est très difficile à enlever, mais ça peut arriver.

Pendant ce temps un autre touriste se prend en sel-fie devant les spectateurs. Le guide monte sur la scène, suivi du groupe de touristes.

Guide / Bon. On n'a pas que ça à visiter. Je vous rappelle que nous avons trois chapelles à voir, deux châteaux de la Loire, et la Belgique que nous visiterons en une heure, juste avant d'aller déjeuner.

Un touriste / J'ai faim.

Guide / Ok ! On annule toutes les visites et on va directement bouffer !

Le groupe de touristes / Ouais !

LA VOCATION (JP Mourice) (4 m)

2 hommes / 1 femme / Voix extérieure

Jacques (Chef de famille)

Ghislaine (Femme du chef)

Bob (Voix extérieure - Fils des deux)

Voisin (Voix extérieure)

Un cambrioleur se prépare à faire un cambriolage. Il attend son fils qui est dans sa chambre et refuse de participer. Sa mère essaie de calmer son mari .

Jacques / Il est où ?

Ghislaine / Il est dans sa chambre.

Jacques / Dans sa chambre ? ll sait qu'on a un casse à faire dans deux heures ?

Ghislaine / (Elle va à la porte de la chambre ? Dépêche toi. Y'a papa qui t'attend. Tu vas être en retard pour ton cambriolage !


Jacques / C'est toujours pareil, on ne peut pas lui faire confiance.


Ghislaine / Il est encore jeune..


Jacques / Encore jeune ? Moi, quand j'ai volé ma première sucette, j'avais un an et demi !

Ghislaine / Faut lui laisser un peu de temps..


Jacques / On n'a pas l'temps. On a deux heures pour visiter la baraque qu'on doit cambrioler. Les proprios sont au théâtre. Est-ce que j'vais au théâtre moi ! Alors, ce cambriolage, c'est ce soir ou jamais.

Ghislaine / Il a bien le temps d'apprendre.


Jacques / (Il frappe à la porte) Oh Bob ? On t'attend.

Bob / (Il crie à travers la porte) J'ai pas envie !

Jacques / Comment ça t'as pas envie ? Tu cois que ça m'amuse de faire deux cambriolages par semaine !

Ghislaine / Il a toujours été un peu différent.


Jacques / Différent ? Y'a des jours, je me demande si c'est moi l'père


Ghislaine / Comment tu peux dire ça ?


Jacques / Mais non, je sais bien que t'es pas capable de me tromper. Mais quand même ! Le nombre de fois où il est rentré de l'école sans un œil au beurre noir, la honte !


Ghislaine / C'est pas un bagarreur.


Jacques / C'est pas un bagarreur, c'est pas un cambrioleur, c'est quoi ? Moi quand j'allais à l'école, c'est toute la classe qui avait un œil au beurre noir. Pendant les récrés, je fouillais les cartables. D'accord, j'y suis pas resté longtemps, mais à l'école, j'ai tout appris.


Ghislaine / Il pourrait travailler normalement.


Jacques / Parce que cambrioleur, c'est pas un métier ? Nous on travaille tous les jours, et souvent de nuit. Et les risques ! Les risques de chute, quand faut monter les murs, les risques d’infarctus. Et des fois même, on se déplace pour rien. T'en connais beaucoup, des gens qui viendraient bosser pour rien ?

Ghislaine / Faut pas te fâcher.

Jacques / Mais je ne me fâche pas. Au contraire, je suis très calme. Quand t'es dans le cambriolage, tu dois toujours rester calme. (Il crie à travers la porte) Parce que si tu restes pas calme, alors là tu t'énerves, et les flics débarquent, et ça finit mal !

Voix extérieure / Vous pouvez pas la fermer ?


Jacques / Alors les voisins s'en mêlent ! (Il crie à travers le mur vers les voisins) Je suis chez moi, je fais c'que j'veux, et j't'emmerde !

Ghislaine / Calme toi, si jamais il appelle les gendarmes


Bob / Mais qu'il les appelle les gendarmes ! Je suis en train d'éduquer mon fils, alors j'ai besoin de personne ! Non mais, c'est qui l'patron ?

Ghislaine / (Elle crie à travers la porte) Bobby ? Tu fais de la peine à ton père

Bob / J'ai presque fini !

Jacques / Qu'est-ce qu'il fout ? Je te signale que t'a plus école ! Alors, je me demande bien ce que t'es en train d'faire de si important qui empêche ton père d'aller au boulot !

Bob / Je dessine.

Jacques / Il dessine.

Ghislaine / Il se débrouille bien en dessin


Jacques / Et alors Monsieur veut peut-être s'inscrire aux Beaux Arts. Dans la famille, les tableaux, on les peint pas, nous, on les vole !


Ghislaine / Il adore ça. Pour son anniversaire, on pourrait lui acheter un chevalet pour faire des paysages.

Jacques / Et puis quoi encore ! Pour son anniversaire, il aura la boîte à outils de son grand-père. Le pauvre, heureusement qu’il est mort ; il se retournerait dans sa tombe.

Ghislaine / Il s'intéresse à la peinture ; plus tard, Il pourrait vendre des tableaux.


Jacques / Vendre des tableaux ! Parce que tu crois que ça vend comme ça ! Mais pour que ça rapporte, faut être connu. Picasso ! Van Gogh ! Et c'est pas donné ! Tu piques un Picasso, tu peux te la couler douce jusqu'au cimetière ! Ça c'est d'la peinture !

Ghislaine / Tu sais qu'il dessine aussi des portraits. Il a même fait celui de la charcutière.

Jacques / Vu la tête qu'elle avait, il a pas eu besoin de la rater, ses parents l'avaient déjà ratée à la naissance.


Ghislaine / Et bien, c'est très ressemblant. Quand on les met côte à côte, on voit pas la différence.

Jacques / T'es sûre ?


Ghislaine / Il est doué, j'te dis.

Jacques / La peinture, on peut en vivre que quand on est mort. Alors, Va me chercher la boîte à outils ! Je vais l'ouvrir, sa porte !

Ghislaine / Tu vas quand même pas cambrioler ton fils  !


Jacques / Je vais m'gêner ! Va chercher ma boîte !

Ghislaine / Mais c'est ta maison ! T'es chez toi !

Jacques / Justement ! Je suis chez moi, je fais c'que j'veux !

Ghislaine / T'es malade !

Jacques / C'est pas une porte qui va m'empêcher de voir mon fils ! Les portes, moi, je les ouvre ou j'les défonce ! La porte qui m'empêchera de rentrer, elle est pas encore née !

Ghislaine / Bobby ! C'est ton papa ! Sois gentil !

Jacques / Ah bon ? (Il frappe doucement à la porte de Bob) Bob ? Bobby ? C'est papa..

Ghislaine / Bobby, fais quelque chose !

Bob glisse une feuille sous la porte (ou on voit juste un bras qui tend une feuille).

Ghislaine / C'est quoi ?

Jacques / Non ? Il a dessiné un billet de banque.

Ghislaine / Fais voir !

Jacques / Un billet d'vingt ! Tu t'rends compte. On voit pas la différence !

Bob / Il est pas fini !

Jacques / Il est pas fini ?

Bob / J'ai besoin de couleurs !

Jacques / T'en as fait combien ?

Bob / C'est l'premier.

Jacques / Mais pourquoi tu fais pas des billets de cinquante ?

Bob / Je peux en faire si tu veux papa.

Ghislaine / Et comment ! (A sa femme) Va acheter une boîte de crayons de couleurs. Le billet, faut qu'il le finisse. Notre fils est un artiste. Faut toujours encourager les vocations.

PAUSE DE L’ANGÉLUS (JP Mourice) 2 m

Variation autour de «l'Angelus», de Millet

1 homme, 1 femme

Un homme portant une fourche, et une femme poussant une brouette entrent et s'arrêtent au milieu de la scène.

Homme / J'en peux plus.

Femme / Et moi alors ! Qu'est-ce que j'devrais dire ?


Homme / Tu te plains toujours.


Femme / Forcément que je me plains. La brouette est lourde.

Homme / Et alors ? T'étais pas obligée de prendre la brouette.


Femme / Je te rappelle qu'au retour on passe chez les voisins, et que comme d'habitude, tu vas être bourré en sortant, alors faut bien que j'te ramène !

Homme / Les femmes, ça se plaint toujours.


Femme / Je pousse une brouette parce que je me traîne un fainéant


Homme / Moi ? Un fainéant ? Et la fourche ! Tu veux peut-être porter la fourche ?


Femme / J'en porte assez comme ça. Je te rappelle que j'ai porté tes douze enfants.


Homme / Tu m'portes pas, moi ?

Femme / J'te porte pas, j'te supporte.

Homme / Une brouette, ça roule tout seul.


Femme / Ça dépend de c'qu'il y'a d'dans.


Homme / Ça veut dire quoi ça ?


Femme / Ça veut dire que y'a pas si longtemps, quand on est allé voir les voisins, monsieur avait picolé, j'ai dû te ramener dans la brouette.

Homme / De quoi tu t'plains ? Y'en a tellement qu'aimeraient à être à ta place.


Femme / Alors là, si t'en trouves une assez bête pour ça, je lui laisse la place tout d'suite !


Homme / Et un homme avec trois hectares de terre ! T'en connais beaucoup, des gars qu'ont trois hectares ?

Femme / Un homme bien avec un hectare, ça m'aurait suffit. En plus, moi faut toujours que je bosse.


Homme / Faut bien transporter l'matériel. Je t'ai toujours dit que j'avais pas d'cheval.


Femme / Tu m'avais pas dit que ce serait moi, l'cheval.


Homme / Toujours en train d'se plaindre. Pourtant, c'est la vie au grand air. Et tu veux pas en profiter ?

Femme / Pour profiter, c'est sûr que j'en profite..

Homme / Attends tais toi ? T'entends t'y les cloches ?


Femme / J'en entends une tout l'temps.

Homme / Non. Les cloches. C'est l'heure.

Femme / L'heure de quoi ?

Homme / L'heure de la fermer.

L'homme et la femme se figent dans la position des personnages de l’angélus tandis que sonnent les cloches.

Femme / Si j'avais su, j'aurais fait bonne sœur, c'est moins dur.

PAROLES DE STATUES (JP Mourice) 4 m

3 hommes / 3 femmes, 1 f ou un h, plus une voix de femme, plus groupe

Statue Penseur

Statue Femme

Personne qui passe (homme ou femme)

Esthète

Femme de l'esthète

Couple homme et femme

Voix de statue Victoire de Samothrace

Guide

Touriste

Posées sur un socle, deux statues, une «Penseur de Rodin», et une statue de femme, les bras grand ouverts, sont dans un musée. Une personne passe rapidement.

Passant / C'est nul !

Après son départ

Statue Penseur / Il (ou elle) s'est pas r'gardé(e).

Statue Femme / (Elle a les bras grand ouverts) Il a dit que c'était nul. Quand même ça vexe.


Statue Penseur / Oh moi, je m'en fiche, je suis dans mes pensées.

Statue femme / D'habitude on m'admire. On me prend en photo.

Statue Penseur/ Quand ils vous prennent en photo, ça dure des heures. Moi, à chaque fois, je regarde mes godasses.

Statue femme / Moi je regarde dans le vide. Je fais comme si y'avait personne.

Statue femme / Heureusement que vous n'êtes pas la Joconde. La pauvre, à force de sourire, un de ces jours elle va se décrocher la mâchoire.

Un couple entre. Les statues se figent.

Esthète / Ah ! Super ! Ça, ce sont des statues !

Femme de l'esthète / C'est pas mieux que mes nains de jardin.


Esthète / Des nains de jardin ! Mais tu n'y connais rien. C'est du grand art

Femme de l'esthète / Et les nains de jardin! C'est pas parc'que c'est petit que c'est pas grand !

Esthète / (Au public) On essaie des les éduquer.. autant pisser dans un violon.

Femme de l'esthète / Toi, pisser dans un violon. Faudrait d'abord savoir viser.

Esthète / Ça, c'est du grand art !


Femme de l'esthète / Du grand art ! L'autre qu'est accroupi, on dirait qu'il est en train de..

Esthète / Tu dénigres toujours. Seulement, l'art ça demande des efforts. C'est comme si tu voulais manger du caviar. Parce que on ne «bouffe» pas du caviar, on le déguste.


Femme de l'esthète / Oui, et bien le jour où tu feras la cuisine, ça m'étonnerait que j'déguste.

Esthète / (Montrant le penseur) Regarde moi cet homme, penseur d'après Rodin. Je le trouve même mieux que l'autre.


Femme de l'esthète / (Désignant la statue de la femme) Et celle-là. On dirait qu'elle est en train d'étendre du linge

Esthète / C'est une allégorie à la femme. Tu vois la puissance qu'elle dégage. On sent une sensualité là dedans.

Femme de l'esthète / Et bien moi je sens rien du tout.

Esthète / C'est la femme ! La mère ! La maîtresse ! La femme avec un grand F !

Femme de l'esthète / La femme de ménage quoi.

Esthète / (Montrant le Penseur) Et lui, il pense. Tu te rends compte, il pense !


Femme de l'esthète / Ça m'fait penser que faut j'achète des patates, j'en ai plus.

Esthète / Tu vois, tu es négative. J'essaie de te sortir. De te montrer des choses, de t'aider à accéder aux choses de l'esprit, et toi tu refuses.


Femme de l'esthète / C'est ça. Alors tu seras bien aimable de me faire accéder à la sortie. Parce que moi, ya culture, j'en ai ras l'bol 

Ils partent

Statue Penseur / Il était temps ; à force de rester comme ça, j'ai une crampe dans le bras.

Statue femme / Et moi alors ! Faut toujours que j'écarte les bras.

Statue Penseur / Heureusement, c'est que les bras..

Statue femme / Pardon ?

Statue Penseur / Excusez-moi, mais faut toujours que je pense à des conneries.

Statue Femme / Et bien gardez vos pensées pour vous.

Statue Penseur / Faut aimer mais vous n'êtes pas mal pour une femme.

Statue Femme / Pas mal ? J'ai l'air d'un monument aux morts !

Statue Penseur / Un monument à la vie. Quand on vous regarde, on imagine...

Statue Femme / Faut pas regarder les finitions.

Statue Penseur  / C'est vrai que les bras écartés, on se demande ce que ça veut dire.


Statue Femme / On dirait un retour de pêche, genre «J'en ai pris un grand comme ça !».

Statue Penseur / Ou alors. Gardien de but.

Statue femme  / En plus je sais même pas qui est mon créateur.


Statue Penseur / C'est le même que moi. Robin.

Statue Femme / Rodin ? Je suis une Rodin ?


Statue Penseur / Non. Robin ! Avec un B. Vous êtes une imitation.


Statue Femme / Une imitation ? Moi ?

Statue Penseur / Comme moi. C'est comme un hommage à l'autre, mais avec quelque chose en plus. Des habits.

Statue Femme / Heureusement que vous en avez, sinon ç'aurait pas été beau à voir.

Statue Penseur / Vous pouvez vous moquer. Je suis au dessus de ça..

Statue Femme / Taisez vous, voilà quelqu'un !

Les deux statues se figent. Un couple entre.

Homme / Oh. C'est quoi ce machin ?

Femme / C'est le penseur de Robin. D'après Rodin. Tu vois, c'est marqué.


Homme / Ah oui ! Alors pourquoi qu'il est habillé.

Femme / Tu sais les artistes, c'est capable de tout.


Homme / Et ça c'est quoi ?

Femme / Ça doit être une femme.


Homme / La statue de la liberté.

Femme / La statue de la liberté, elle a qu'un bras en l'air. Celle-là, elle écarte les bras. Ca veut dire qu'elle est très accueillante. Ça doit être une mère de famille nombreuse.

Homme / Tu me prends en photo ? (il se place devant la statue de la femme, juste entre les bras, ou un peu en dessous)

Femme / Allez. Un sourire ! C'est dans la boîte.

Homme / Elle est pas mal pour une statue.. (Il pose sa main sur la femme) On dirait presque une vraie.

Femme / Qu'est-ce que tu fais ?

Homme / Je la touche.


Femme / T'as pas lu ? C'est marqué : ne pas toucher !

Homme / Et si j'étais aveugle, comment je ferais pour savoir si c'est une femme ?

Femme / T'es pas aveugle, t'es con.

Le couple part

Statue Femme / Con ! Et vicieux !

Statue Penseur / Il faisait pas d'mal, c'est un esthète.

Statue femme / Un esthète ? Un estâte oui. .. Il était là, entre mes bras. J'aurais eu que ça à faire (Elle referme violemment ses bras). Je lui écrasais la tronche.

Statue Penseur / Moi jamais on m'touche.

Statue femme / Ça s'comprend..

Statue Penseur / Il vous a quand même pas confondu avec la Vénus de Milo.

Statue Femme / Et pourquoi pas ? Tiens, je peux vous la faire, la Vénus de Milo (Elle rentre ses mains dans ses manches)

Statue Penseur / Quand même, les gens sont pas miro.


Statue Femme / Et vous, çà m'étonnerait qu'on vous confonde avec le David de Michel-Ange ! Vous seriez plus petit, vous pourriez même pas faire le Manneken pis !

Statue Penseur / Et vous en petite Sirène, ca f'rait peur aux poissons !

Statue Femme / Mais je vais lui fout' une baffe !

Statue Penseur / Alors là je t'attends ! C'est quand tu veux !

On entend une voix de femme qui hurle !

Statue victoire de Samothrace / La ferme !

Statue Penseur / Vous avez entendu ?

Statue Femme / C'est rien. C'est la victoire de Samothrace ! Celle-la, elle est toujours en train de la ram'ner !

Statue Penseur / (Il crie) Va t'faire voir chez les grecs !

Statue victoire de Samotrace / J'temmerde !

Statue femme / La ferme ! V'là du monde !

Un groupe passe rapidement.

Un touriste / C'est quoi, ces machins ?

Guide / On s'en fout ! On accélère, sinon on va rater l'car.

CADRES SUPÉRIEURS (JP Mourice) 2 m 30

6 femmes ou hommes

Un employé (ou une) se précipite vers son directeur (ou directrice) avec deux cadres dans les mains.

Employé(e) / C'est une catastrophe !

Directeur (Directrice) / Et bien, que se passe-t-il ?

Employé / Les cadres que l'on nous a livrés ce matin.

Directeur / Vous voulez dire, les tableaux, les Duffelboute ! On les a volés ?

Employé / C'est ça ! On a dû les voler pendant le transport. (Il montre les cadres qui n'ont pas de toiles)

Directeur / Ah mais non ! On ne les a pas volés !


Employé / Ah bon ! Mais alors, où sont-ils ?


Directeur / Ici même dans vos mains. Ce sont les Duffelboute.


Employé / C'est ça, les Duffelboute ? (Il brandit les cadres) Y'a rien dedans.

Directeur / C'est exprès. Les tableaux, ce sont les cadres vides.

Employé / Des cadres vides ? Des tableaux comme ça, j'en fais tous les jours.


Directeur / Erreur ! Seul Duffelboute peut faire un Duffelboute.


Employé / Y'a rien à l'intérieur !

Directeur / Justement, c'est l'idée.


Employé / Y'en a plus de cent comme ça.


Directeur / C'est normal. C'est une exposition Duffelboute. On ne fait pas une exposition Duffelboute avec deux tableaux.

Employé / Mais ils sont vides.


Directeur / C'est exprès ! Quand on accroche un Duffelboute à un mur, le mur prend tout de suite une autre dimension. Et je ne parle même pas de la couleur du mur

Employé / Il en a fait beaucoup ?


Directeur / Il ne fait que ça. Duffelboute a complètement renouvelé la peinture. Après Duffelboute, y'a plus rien.

Employé / Justement y'a rien. 

Directeur / Vous n'y connaissez rien.


Employé / On pourrait mettre un autre tableau dans le cadre, ou une photo ?


Directeur / Surtout pas ! Il faut que le regard soit libéré de toutes contraintes. Et le regard change selon les yeux de celui qui regarde. On ne voit pas un Duffelboute, on l'imagine.


Employé / Et bien moi j'imagine pas grand chose.


Directeur / Le mieux, c'est de le suspendre dans l'espace ! C'est à dire que là, on ne voit rien du tout. Ne rien voir, c'est ce qu'il y'a de mieux à voir.

Employé / D'accord. Mais je le mets où ?

Directeur / On ne met pas un Duffelboute n'importe où

Employé / Moi je sais bien où je le mettrai. Des les ch..

Directeur / Pourquoi pas ? Ce serait incroyable.

Employé / Mais quand les gens vont les voir, Ils vont rigoler.


Directeur / Les réactions sont imprévisibles devant un Duffelboute.

Employé / Y'en a qui vont vouloir qu'on les rembourse.

Directeur / Le public n'y connaît rien.


Employé / En peinture peut-être, mais en pognon, ça m'étonnerait.

Directeur / Évidemment...

Employé / Ils pourraient même nous taper dessus.

Directeur / Chut ! Je crois que quelqu'un arrive

Employé / Ben oui. On a ouvert.


Une personne entre. Aussitôt, le directeur et l'employé mettent le cadre devant leur visage, de manière à ce qu'ils apparaissent comme le sujet du tableau. La personne regarde à peine puis s'en va.


Employé / On va pas rester comme ça toute la journée.


Directeur / Taisez-vous, en vlà d'autres !

Un groupe passe devant les tableaux, en les regardant à peine. Le directeur et l'employé les suivent et partent.

Directeur / Vous voyez. Un tableau normal, ça n'intéresse personne. Alors vous allez m'accrocher tout les Duffelboute aux murs. Les gens chercheront à voir, il sont comme ça. Je vous l'dis, Duffelboute, c'est un génie.

VILLAGE DE l'ART (2 hommes ou femmes)

Un Maire expose sa vision sur l'évolution de sa commune et les noms de rues

Conseiller / Ah ! Monsieur le Maire (Ou madame). Vous m'avez demandé ?

Maire / Je désire m'entretenir avec vous sur mon projet.


Conseiller / Votre projet ? Oh c'est magnifique monsieur le Maire

Maire / Je n'ai encore rien dit.

Conseiller / Ah ben oui.

Maire / Ce matin, j'ai une idée.

Conseiller / Oh monsieur le Maire, vous avez eu une idée ! Vous avez toujours des bonnes idées !


Maire / Oui. Enfin. Bon. D'accord

Conseiller / Oh monsieur le Maire, qu'est-ce je suis content !

Maire / Oui. Alors là voilà mon idée.


Conseiller / C'est magnifique.


Maire / Vous la connaissez ?


Conseiller / Ah ben non.


Maire / Alors.. Vous savez que notre commune n'a rien de particulier. Aucun monument. Aucun personnage célèbre. Pas même un individu qui mériterait que l'on s'intéresse.

Conseiller / A part vous ,monsieur le Maire.


Maire  / Oui. Mais bon.. Donc. Nous n'avons même pas un musée. Alors que dans le village à côté, ils ont un musée.


Conseiller / C'est le musée des trombones à papier.. C'est nul comme musée.


Maire / Peut-être ! Mais ils ont un musée. Alors moi j'ai décidé.


Conseiller / De faire un musée ! Alors là bravo monsieur le Maire ! On va faire un musée à quatre étages ! Deux milles mètres carrés ! Avec des statues et des tableaux partout !


Maire / Pas du tout.


Conseiller / Un tout petit musée. C'est encore mieux ! Un tout petit musée ? Le plus petit musée du monde. On pourra même pas y entrer ! Vous êtes génial, monsieur le Maire !

Maire / Pas du tout. Nous allons transformer notre village en musée.


Conseiller / C'est merveilleux ! On fera payer les tickets à l'entrée de la commune. Moi jamais j'y aurais pensé. Vous êtes formidable monsieur le Maire ! Mais qu'est-ce qu'on verra dans ce musée ?

Maire / Nous.

Conseiller / Nous ? Vous allez être dans le musée. Alors là ça va attirer du monde.

Maire / Non. Nous. Tout l'village !

Conseiller / Non ? On va se faire empailler ? On va nous passer à la cire ?

Maire / Nous allons rebaptiser tout le village.


Conseiller / Rebaptiser le village ? On va tout changer ?

Maire / On ne va rien changer. Sauf les noms ! Les noms de toutes les rues ! Par exemple, Salvador Dali. Vous connaissez Salvador Dali ?


Conseiller  / C'est qui ?

Maire / Un peintre !

Conseiller / Ah bon ?


Maire / Oui. Et je peux vous dire que Salvador Dali n'a jamais mis les pieds chez nous. Et bien nous allons donner son nom à une rue.

Conseiller / C'est fantastique !

Mairie / Et le nom de la gare ? Ce sera Toulouse Lautrec. Ça fait voyage


Conseiller / C'est où Lautrec ?

Maire / C'est loin.

Conseiller / Oh ! J'en connais un ! En plus il était mal vu. Je sais ! Gliani !

Maire / Mais oui ! Ce maudit Gliani. On lui donnera le nom d'une impasse. Il n'est pas assez connu.


Maire / La place de La république, on l’appellera : Place des impressionnistes.

Conseiller / Si le patron est d'accord, on pourrait aussi changer le nom du café des sports.

Maire / On l'appellera Chez Gaugain.

Conseiller / C'était qui Gaugain ?


Maire / Un type qu'était pas pour la peinture à l'eau. Y'a pas mieux pour un bar.

Conseiller / On peut tout changer !

Maire / Exact ! Les toilettes publiques, on mettra à l'entrée Toilettes Van Gogues !

Conseiller / La maternité ?

Maire / Poussin.

Conseiller / L'hôpital ?

Maire / Picasso. Parce que des fois les malades, on a du mal à les reconnaître.


Conseiller / La maison de retraite ?


Maire / Miro !

Conseiller / Le cimetière ?

Maire / Delacroix !

Conseiller / La fourrière ?

Maire / Le Titien.

Conseiller / La boucherie-charcuterie ?

Maire / Francis Bacon !

Conseiller / Le magasin de vêtements.

Maire / Matisse !

Conseiller / Le marchand de vélos ?


Maire / Braque !

Conseiller / La piscine ?


Maire / Wateau.

Conseiller / Le magasin de meubles ?

Maire / Buffet.

Conseiller / Le salon de coiffure ?

Maire / Boudin.

Conseiller / Mais il vend pas de boudin ?

Maire / Non, mais avec sa tronche, c'est tout à fait indiqué.

Conseiller / Vous êtes un génie, monsieur le Maire

Maire / Tout à fait, mon petit Courbet.

COMPLEXE (JP Mourice) 2 m 30

1 homme, 1 femme

Un homme et une femme entrent. Ils regardent derrière eux, inquiets. Ils se placent devant le public. (Ils ont la tête dans un cadre)

Cadre homme / On peut être jamais être tranquille.

Cadre femme / Je crois qu'on les a semés.

Cadre homme / J'en peux plus.

Cadre femme / Toujours après nous..

Cadre homme / A chaque fois c'est pareil.

Cadre femme / Ils veulent qu'on voyage

Cadre homme/ Forcément, on est des œuvres d'art.

Cadre femme / A croire qu'il n'y a que nous !

Cadre homme / Les autres tableaux, c'est à peine s'ils les regardent.

Cadre femme / Et quand on est en déplacement, c'est pareil.


Cadre homme / Y'en a même qui nous suivent.


Cadre femme / Faut qu'on nous montre partout.


Cadre homme / A chaque fois, on se dit, on va être un être un peu tranquille.


Cadre femme / Même pas.

Cadre Homme / Pourtant on est dans un petit musée de province.

Cadre femme / Des gens qui ne sortent jamais..

Cadre homme / Des gens qu'ont jamais rien vu..


Cadre femme / On se dit, ils vont pas oser nous regarder.

Cadre homme / Et ben si.

Cadre femme / C'est pire.

Cadre homme / C'est pas d'notre faute, on est trop beaux.

Cadre femme / On peut nous mettre n'importe où, c'est toujours nous qu'on regarde.

Cadre homme / Surtout moi.

Cadre femme / Excuse-moi, mais entre une femme et un homme, y'a pas photo.

Cadre homme / C'est pas d'la photo, c'est d'la peinture.

Cadre femme / Y'en a qu’en tiennent une couche..

Cadre homme / Tous ces regards qui me regardent, c'est gênant.

Cadre femme / Oh l'autre. Comment il s'la pète !

Cadre homme / Si je ressemblais à tout l'monde, (Regardant le public) C'est plus facile quand est moche

Cadre femme / (Regardant aussi le public) Ça c'est sûr.

Cadre homme / Y'en qui ont d'la chance..

Cadre femme / Et pourtant, si le peintre avait mieux fait son boulot, on ne serait pas aussi beau.

Cadre homme / Pareil pour moi. Le modèle, en fait il était moche.


Cadre femme / Et le mien, in re gar dable !

Cadre homme / Seulement, quand on a du pognon..


Cadre femme / On fait des retouches.

Cadre homme / Et vas y que je te retouche le nez ! Et vas-y que je te retouche les oreilles.

Cadre femme / C'est simple. La propriétaire ! Elle s'était pas reconnue.

Cadre homme / Pareil pour moi. Mais le proprio était quand même content.

Cadre femme / Tous mes amis l'ont trouvé très ressemblant.

Cadre homme / Tous des faux-culs..

Cadre femme / Ça c'est vrai..


Cadre homme / Si le peintre m'avait fait en entier, j'aurais pris plus de place que le couronnement de Napoléon.

Cadre femme / Et moi alors ! S'il avait mis les fesses, jamais je serais entrée dans le cadre !


Cadre femme / En plus, ils veulent pas nous séparer.

Cadre homme / Toujours ensemble. Alors qu'on est même pas mariés.


Cadre femme / C'est vrai. On s'est connu au Louvre.

Cadre homme / Moi je traînais dans un grenier.

Cadre femme / Et ils n'ont pas trouvé mieux que de nous coller l'un à côté de l'autre

Cadre Homme / Parait qu'on allait bien ensemble.


Cadre femme / Comme les modèles.

Cadre homme / Moches tous les deux.


Cadre femme / Une horreur.

Cadre homme / On a le même père.

Cadre femme / Ou la même mère.

Cadre homme / Excusez-moi, mais une perfection pareille, ça ne peut être qu'un homme.

Cadre femme / Et pourquoi ? On peut savoir ?


Cadre homme
 / Qui c'est qu'a peint la Joconde ?

Cadre femme / Picasso ?

Cadre homme / Léonard De Vinci. Un homme madame ! Y'a que les hommes qui sont costauds dans la peinture.

Cadre femme / Et Camille Claudel ?

Cadre homme / Elle taillait des cailloux, la Claudel. Ça n'a rien à voir avec la peinture

Cadre femme / Ben voyons

Cadre homme / C'est tout vu.

Cadre femme / Oh ! Vous avez vu ? Vous avez le vernis qui craque ?

Cadre homme / Le vernis qu craque ! Oh mon Dieu ! C'est affreux ! Mais qu'est-ce que j'vais devenir ?


Cadre femme / C'est sûr, ça va coûter la peau des fesses s'il faut vous r'faire.


Cadre homme / C'est à cause de tous ces voyages, ça m'fait craquer.

Cadre femme / Et ça va pas s'arranger.

Cadre homme / Oh non ! Au s'cours. Faut faire quelque chose ! Je suis le plus beau de l'exposition. C'est moi l'mieux ! Me laissez, pas ! Je suis trop beau !

Cadre femme / C'est ça. Trop beau. Mais surtout très con.

PUB DE L’ANGÉLUS (JP Mourice) 2 m

Variations autour de « l'Angelus », de Millet

1 homme, 1 femme, 1 h ou f

Un photographe (ou une) tout en mitraillant la scène fait entrer les personnages du tableau de Millet.

Photographe / Voilà. Vous avancez doucement.

Très rapidement, il va partout sur la scène, et photographie. Les personnages avancent encore)

Photographe / Stop !

Femme / C'est pas trop tôt.


Homme / J'en avais plein les pattes.

Photographe / Bien. Maintenant, vous vous mettez devant la brouette.

Le photographe mitraille les poses de star que prennent les mannequins.

Photographe / (A chaque cliché) Oui. Oui.. Oui.. Oui..

Homme / Et moi ? Je dois avoir l'air de quoi.

Photographe / Tu changes rien. Faut que ça fasse idiot du village.

Homme / Moi ? En idiot du village ? Et mon image de marque ? Homme


Photographe / Justement ! Ce qui compte c'est le message. Tu vends des fromages, tu vends pas des ordinateurs.

Femme / Remarque, pour ça, il aurait pu photographier une vache.

Homme / Il vient de photographier une poule, il va pas faire toute la basse-cour.

Photographe / Vous allez être célèbre. Des millions de boîte de fromage.

Homme / Et moi, je mets quoi en valeur ?


Femme / Les asticots..

Homme / Tu t'es vue avec ton lifting à deux balles ?

Femme / Et toi ? Quand les gens verront ta tronche sur les boîtes, ça leur coupera l'appétit.

Homme / Chez moi, tout est d'origine.

Femme / Ouais, et ça date pas d'hier..

Homme / Toi ! Même en solde, tu partirais pas !

Photographe / Du calme ! Maintenant, vous vous mettez tous les deux devant la brouette. En position de recueillement

Homme / C'est quoi une position de recueillement ?

Femme / C'est quand tu la fermes.


Homme / J't'emmerde..


Femme / Moi aussi..


Homme / Vieille peau..


Femme / Vieux bourrin..

Homme / Pétasse d'occase..


Femme / Trou duc..

Photographe / On se détend. Vous baissez légèrement la tête puis vous tournez lentement votre visage vers moi avec un joli sourire... Attention ! .. Un ! .. Deux !

L'homme et la femme tournent lentement leur visage pour regarder le photographe

Photographe / Trois ! (le photographe prend la photo)

L'homme et la femme partent, oubliant la brouette et la fourche

Photographe / Et le matériel ! Ah ces comédiens. Tous les mêmes.. Quand il s'agit de bosser, y'a plus personne.

Le photographe part en poussant la brouette et en emportant la fourche

Photographe / (Criant vers les coulisses) De toutes façons, vous jouez comme des patates ! (Il quitte la scène)

LE THEAATRE ! (JP Mourice) 2 m 30

7 personnes / Un jury composé de trois membres, 4 candidats ou candidates

1er membre / J'en ai marre.


2ème membre / Deux heures qu'on se tape que des ringards.

3ème membre / Faut qu'on en trouve un. Allez, suivant !

Un (ou une) candidate entre, très timide

1er Candidat / Hum hum !

1er membre / Nous vous écoutons

1er Candidat / Hum ! Euh.. De monsieur Jean de la Fontaine. 1621 – 1695. Le corbeau et le renard. Hum hum.. Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage.

1er membre / Merci. Suivant.

2ème membre / C'était nul. Y'avais pas d'émotion là dedans.

3ème membre / Ça joue comme des savates.

1er membre / Le théâtre, c'est pas donné à tout l'monde.

3ème membre / Suivant !

Le (ou la) deuxième candidat entre

2ème candidat / De monsieur Jean de la Fontaine.

1er membre / On connaît. Envoyez !

Candidat : Euh.. le corbeau et le renard. (très théâtral) Maîîîîître corbeau sur un aaarbre penché, tenait en son bec, un framage.

1er membre / Un quoi ?

2ème candidat / Euh ..Un fromage.

2ème membre / On comprend rien ! Vous avez fait quoi jusqu'ici ?


2ème candidat / J'ai joué Andromaque, le Cid, avec Jamel, un documentaire avec Sharon Stone, et une série Jean-Dujardin. (Ou autres)

3ème membre / Encore un ringard !

1er membre / C'est quand même pas compliqué. Le texte ! Le texte !

2ème candidat / Euh.. Tenait en son bec un fromage.. Maître renard par l'odeur, alléché.

3ème membre / A lécher ! A lécher quoi ?

2ème membre / L'assiette ?

1er membre / Bon ça suffit. Suivant !

Un nouveau candidat (ou candidate) entre

2ème membre / Allez-y.

3ème candidat / De monsieur Jean de la Fontaine..

3ème membre / On sait !

3ème Candidat / Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec, un fromage. Maître Renard par l'odeur alléché, lui tint à peu près ce..

2ème Membre / On articule ! Qu'est-ce qu'il lui tint ?

3ème candidat / Les ch'veux ?

3ème membre / Dehors !

Un autre candidat entre

1er membre / Vous êtes ?


3ème candidat / Marion Grobillard (ou Patrick Cruel)

1er membre/ Suivant !

4ème candidat / C'est ici pour l'audition ?


1err membre / Non ! C'est les toilettes publiques.

4ème Candidat / Excusez-moi ?. C'est la première fois que je passe une audition

3ème membre / On vous écoute.

4ème candidat / De Jean de la .. Source ? .. Piscine ? .. Ah ! Non c'est pas ça.. Fontaine !

2ème membre / On s'dépêche !

4ème candidat / Le corbeau, et.. et l'autre ! Maître Corbeau,sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage.

2ème membre / Quand même !

4ème candidat / Maître renard, par l'odeur, attiré, lui tint à peu près ce langage.


1err membre / Il a quelque chose non ?

4ème candidat / Et bonjour monsieur l'épicier. Que cela me sent bon. C'est du fromage maison. Grâce à son fameux affinage, ce fromage sent bon les Alpages, En plus ce fromage c'est donné, c'est à peine s'il coûte. Et cette leçon vaut bien ce Reblochon, sans doute. 


1er membre / Et bien voilà ! Ça c'est du théâtre !

3ème membre / Génial !

4ème candidat / Je suis pris ?

1er membre / Et comment ! On tourne demain !


2ème membre / La plus grand campagne de pub de l'année. Grâce à vous, Ils ont pas fini d'en bouffer, du from'ton !

ATTENTION A LA PEINTURE ! (13 m)

1 homme, 1 femme, 5 h ou f

Gardien (ou gardienne)

Spécialiste (homme ou femme)

Couple cherchant l'enfant (homme et femme)

Voix off

Directeur (Ou directrice)

Personne inquiète (femme)

Personne âgée (homme ou femme)

Couple amoureux (homme et femme)

Dans un musée, un gardien surveille un chevalet sur lequel est posé un tableau. Les visiteurs passent.

Décor : Une salle vide. Un tabouret. L’œuvre exposée (tableau avec des bandes jaunes plus ou moins accentuées, pouvant évoquer des bananes)

Costumes : Contemporains.

Le gardien fait les cent pas. Une personne (spécialiste) entre et observe le gardien sans rien dire. Le gardien est un peu gêné.

Spécialiste / Dîtes-moi ? Que faut t'il regarder ?

Gardien / Ben// Le tableau.

Spécialiste / En vous apercevant, je me demandais si ce n'était pas vous qu'il fallait regarder.

Gardien / Moi ?

Spécialiste / Les artistes ont des idées tellement bizarres. Vous voyez, une sorte d'exposition expérimentale, ainsi on ne sait plus voir ce qu'il faut voir, mais on sait que c'est là, même si on ne sait pas quoi regarder.

Gardien / Vous croyez  ?

Spécialiste / Vous n'êtes pas l’œuvre d'art ?

Gardien / On ne m'a rien dit.

Spécialiste / Et ce tableau, alors ? Pour vous, ça représente quoi ?

Gardien / Vous savez, moi, la peinture..

Spécialiste / (Il examine le tableau) Mais bien sûr ! Ces douze tâches, cet espace infini entre les tâches où filtre un soleil déchiré par les fissures blanches du temps, ce sont les signes du zodiaque. Votre présence ici prend tous son sens.

Gardien / Ah bon ?

Spécialiste / Naturellement. Dans l'art, c'est ce qu'on ne voit pas qu'il faut voir.

Gardien / Moi, je préfère la Joconde.

Spécialiste / Tout le monde préfère la Joconde, mais la Joconde, c'est d'un vulgaire... Allez, je vous laisse, je commence à peine la visite

Le spécialiste part, il est très excité. Un couple entre, visiblement inquiet. Il s'adressent au gardien.

Homme à l'enfant / Vous n'auriez pas vu un enfant ?

Femme à l'enfant / Il était avec nous devant le tableau, à côté. Le tableau où y'a un arbre..

Homme à l'enfant / C'était pas un arbre.

Femme à l'enfant / Je te dis que c'était un arbre.

Homme à l'enfant / C'est le tableau de la femme au faune. C'était écrit en bas.

Femme à l'enfant / C'était moche

Homme à l'enfant / C'est pas moche, c'est moderne.

Gardien / Et votre enfant ?

Homme à l'enfant / Ah oui ! .. On l'oublie tout ltemps.

Gardien / Un enfant.. ? Quelle hauteur ?

Homme à l'enfan / Y'a longtemps qu'on l'a pas mesuré.

Femme à l'enfant / Un mètre, un mètre trente.

Gardien / Un garçon ? Une fille ?

Homme à l'enfant / Euh...

Femme à l'enfant / Un garçon ! Il s'appelle Kevin.

Gardien / Je vais le signaler aux collègues ? Sinon, quelle couleur ?

Homme à l'enfant / La couleur, la couleur..

Gardien / Les cheveux ?

Femme à l'enfant / Brun.

Homme à l'enfant / Brun clair, limite blond.

Gardien / Les yeux ?

Femme à l'enfant / Vert.

Homme à l'enfant / Vert bleu.

Femme à l'enfant / Surtout vert.

Gardien / Il est habillé comment ?

Homme à l'enfant / Un ciré orange. (Il désigne le tableau),Comme les bananes là.

Femme à l'enfant / Il a des chaussures noires.

Gardien / Ok. je m'en occupe. (Il appelle un collègue) On a perdu un gamin. .. Je t'envoie la description (Il écrit sur son smartphone puis s'adresse aux parents) Vous en faîtes pas, on va vous le retrouver vite fait.

Homme à l'enfant / Ils vont le déposer où ?

Gardien / A l'entrée.

L'homme et la femme partent tandis que l'homme écrit puis envoie le message

Homme à l'enfant / T'es sûre que les chaussures sont noires ?

Femme à l'enfant / C'est moi qui les cire !

Gardien / Le gardien attend plusieurs secondes (interminables) Il regarde sa montre, soupire, allonge ses jambes en s'asseyant sur le tabouret.

Voix haut parleur / Un enfant, se prénommant Kevin, presque brun, yeux bleu vert foncé, environ un mètre, a été perdu avec des chaussures, dans le musée. Il porte des vêtements noirs, et la dernière fois où il a été vu, il mangeait une banane. Vous êtes prié de le ramener à l'entrée.

Personne inquiète / Une personne entre Je voudrais signaler un individu..

Gardien / Un individu perdu ?

Personne inquiète / Un individu.. Louche..

Gardien / Il ressemble à quoi ?

Personne inquiète / A rien. Un peu comme vous.

Gardien / Et il fait quoi ?

La personne inquiète regarde tout

Gardien / Tout ?

Personne inquiète / Surtout les murs.

Gardien / Il regarde les murs..

Personne inquiète / Avec une loupe..

Gardien / Ah je vois ! Ne vous en faîtes pas, on le connaît...

Personne inquiète / Vous le connaissez ?

Gardien / Il est là tous les jours.

Personne inquiète / C'est un maniaque ?

Gardien / Chuchoté C'est le directeur..

Personne inquiète / Tant mieux ! Parce que sur le coup, j'ai failli partir.

Gardien / Vous comprenez, c'est son musée..

Personne inquiète / Alors je vais retourner dans la salle pour voir les tableaux. J'ai tellement eu peur, j'ai pas osé les regarder.

La personne inquiète repart d'où elle est venue.

Voix haut parleur / Un enfant, se prénommant Kevin, presque brun, yeux bleu vert foncé, environ un mètre, a été perdu avec des chaussures, dans le musée. Il porte des vêtements sales, et la dernière fois où il a été vu, il terminait une banane. Vous êtes prié de le ramener à l'entrée.

Un couple d'amoureux entre, ils se tiennent tendrement par la main

Femme amoureuse / C'est merveilleux

Homme amoureux / C'est de l'art contemporain

Femme amoureuse / Tu as eu une idée super.

Homme amoureux / Avec toi, je pourrai aller n'importe où.

Femme amoureuse / C'est tellement...

Homme amoureux / Et encore, tu n'as pas tout vu.

Femme amoureuse / C'est vraiment tellement..

Homme amoureux / Et en plus..

Femme amoureuse / Je ne te l'fais pas dire..

Homme amoureux / Si on on faisait une photo ?

Femme amoureuse / Oh oui ! Une photo !

Gardien / Excusez messieurs dames, mais les photos sont interdites dans le musée.

Femme amoureuse / Oh monsieur le gardien ? (Ou madame la gardienne) Nous sommes en voyage de noce

Homme amoureux / On vient juste de se marier

Femme amoureuse / (Un peu suppliante) C'est pour avoir un souvenir.

Gardien / Bon. Je veux bien, mais pas de flash.

Femme amoureuse / Je ne voudrais pas abuser, mais si vous pouviez nous prendre en photo tous les deux.

Homme amoureux / Pendant qu'on est encore ensemble

femme amoureuse / C'est parce qu'on est amoureux.

Gardien / Bon d'accord, mais vite. Parce que je n'ai pas le droit

Femme amoureuse / Vous êtes formidable ! Oh, je peux vous faire une bise ?

Homme amoureux / Non.

Femme amoureuse / (Elle lui donne l'appareil) Vous appuyez là.

Gardien / Vous êtes prêts ?

Les amoureux se placent juste devant le tableau.

Gardien / Ouistiti ! Sexe ! (Le gardien prend la photo)

Femme amoureuse / Oh merci. Vous êtes tellement..

Le couple sort

Gardien / Tous mes vœux !

Une personne âgée entre

Personne âgée / Pardon monsieur ! Ce tabouret est-il libre ?

Gardien / C'est mon tabouret.

Personne âgée / Ah merci. Ah ça fait du bien de s'asseoir. Tous ces couloirs, toutes ces salles, c'est que ça fatigue.

Gardien / Ça va aller ? Je peux appeler quelqu'un.

Personne âgée / A chaque fois, ces horreurs, ça me r'tourne. Mais c'est qu'il est grand ce machin. C'est mon p'tit fils qui m'a forcé à venir. Paraît que faut que je m'instruise qu'y dit. Comme si j'avais besoin de m'instruire à mon âge. Et vous, vous aimez ça, les musées ?

Gardien / J'y suis toute l'année.

Personne âgée / Ah ben moi j'pourrais pas. C'est tellement moche. Enfin, faut bien habiter quelque part.

Gardien / Je travaille ici.

Personne âgée / Je comprends. Vous êtes forcé de venir. Et vous faîtes quoi là d'dans ?

Gardien / Je suis gardien dans le musée

Personne âgée / Y'a des gardiens ? Et vous gardez quoi ?

Gardien / Ça..

Personne âgée / (Elle prend un air dégoûté) Hé ben dis-donc..

Gardien / C'est une question de goût.

Personne âgée / Moi les trucs moches, je les jette, sinon on garderait tout.

Gardien / D'habitude je garde plutôt des nature morte

Personne âgée / Ça doit pas être gai.

Gardien / On s'habitue.

Personne âgée / Vous n'allez pas m'croire, c'est la première fois que je cause à un gardien, en vrai.

Gardien / On est nombreux.

Personne âgée / Des gardiens y'en a partout ! Dans les immeubles, dans des parkings, j'ai même connu un gardien de prison. Un grand, avec une casquette. Ça vous dit rien ? Marcel qu'il s'appelait.

Gardien / On ne se connaît pas tous.

Personne âgée / Et une garde-barrière ? Mauricette ! Oh celle-là, vous avez pas pu la rater. C'est qu'elle était connue, la Mauricette.

Gardien / J'ai jamais connu de Mauricette.

Personne âgée / Moi non plus, mais j'aimerais tellement connaître quelqu'un qui l'a connue.

Gardien / Vous ne voulez pas que j'appelle quelqu'un ?

Personne âgée / Merci mais ça va aller. Ça m'a fait du bien de causer. Allez, j'y vais. Je vais pas finir ma vie en nature morte. Au fait ? J'aimerais bien aller aux...

Gardien / Ah oui. Les... C'est simple, elle se trouvent juste à la sortie.

Personne âgée / Ah tant mieux ! Et pour la sortie, vous avez pas un raccourci ?

Gardien / C'est simple, vous n'avez qu'à faire demi-tour.

Personne âgée / Vous êtes bien aimable. C'est rare de nos jours. Allez, j'y vais, et bon appétit !

La personne âgée part. L'homme cherchant l'enfant entre

Gardien / Alors, vous l'avez retrouvé ?

Homme à l'enfant / Oui. Il est à l'entrée. Seulement, j'ai égaré ma femme

Gardien / Votre femme ?

Homme à l'enfant / On était ensemble, et à un moment, j'ai regardé un tableau, et après j'ai voulu regarder ma femme.. Disparue !

Gardien / Elle ne doit pas être bien loin

Homme à l'enfant / Vous ne connaissez pas ma femme. Dans les magasins, elle me sème...

Gardien / Je vais lancer un appel. Elle est comment ?

Homme à l'enfant / Attendez que je réfléchisse. Alors elle est.. Petite.. Grande.. Moyenne ! C'est ça, c'est une femme moyenne.

Gardien / La couleur ?

Homme à l'enfant / La couleur ? J'ai jamais fait attention.

Gardien / Bon ! Les cheveux ?

Homme à l'enfant / Euh... Brun blond avec un peu de rouge.

Gardien / La dernière fois que vous l'avez vue, elle était habillée ?

Homme à l'enfant / Euh oui. Avec une robe, bleue. Non, rouge. Non. Un pantalon !

Gardien / Vous en faîtes pas, une femme, ça se r'trouve. Il s'apprête à appeler un collègue.

La femme à l'enfant entre

Femme à l'enfant / Ah t'es là ! Je te cherche partout

Homme à l'enfant / Pardon ? C'est moi qui te cherche ? Je te croyais perdue.

Femme à l'enfant / Moi perdue ? Tu m'as regardée ?

Homme à l'enfant / T'étais où ?

Femme à l'enfant / Où tu crois que j'étais ? Dans le magasin ! Avec Kevin. Faut bien qu'on ramène quelque chose !

Homme à l'enfant / Je pensais que tu visitais encore.

Femme à l'enfant / J'ai pas qu'ça à faire, moi ! Allez, ramène toi, faut qu'on achète des cartes postales, au moins qu'on soit pas venus pour rien.

L'homme et la femme partent. Le directeur entre. Il n'est pas content

Directeur / Qu'est-ce que vous fichez là ? Vous pouvez me dire ?

Gardien / Je garde le tableau.

Directeur / Quel tableau ?

Gardien / Il montre le tableau avec les tâches Celui-là.

Directeur / Mais ce n'est pas un tableau ?

Gardien / Pourtant..

Directeur / N'importe quoi ! Ce tableau, comme vous dîtes, c'est pour choisir le jaune avec lequel, je vais repeindre le mur de cette salle.

Gardien / Vous allez faire de la peinture ?

Directeur / Mais d'où sortez vous ? Vous n'avez pas remarqué que depuis trois mois, nous repeignons tous les murs du musée, chaque salle avec une couleur différente. Rouge, ou bleue, ou noire. Vous voyez ?

Gardien / Oh moi, j'ai déjà assez avec ma salle.

Directeur / Vous n'avez pas remarqué que cette salle était vide ?

Gardien / Quand j'ai vu que y'avait que ce machin, je me suis dit que ça devait être un coup du peintre pour se faire remarquer.

Directeur / Ce sont des échantillons de couleur. Pour que je choisisse la peinture.

Gardien / Ah bon ! Mais c'est que du jaune ?

Directeur / Il y a jaune et jaune ! Il lui montre sur le tableau) Là vous avez du jaune pâle, là, du jaune ajouré, du jaune gris, du jaune sombre, du jaune calme.

Gardien / Et moi qui pensais..

Directeur / Ici on ne pense pas, on sent. Maintenant, laissez-moi seul.

Gardien / Qui c'est qui va garder le machin ?

Directeur / Foutez moi l'camp !

Le directeur déplace le tabouret pour mieux voir le tableau. Puis il s'assoit et regarde en silence. Après quelques instants, le couple d'amoureux traverse rapidement la scène. Le directeur ne s'en préoccupe pas.

Homme amoureux / J'en peux plus. C'est n'importe quoi là d'dans !

Femme amoureuse / En plus, c'est pas donné.

Homme amoureux / Et puis j'ai soif.

Femme amoureuse / Je ne suis pas près de revenir.

Homme amoureux / T'as vu, ils ont changé l'gardien.

Femme amoureuse / Je préférais celui d'avant.

Les amoureux sortent. Quelques secondes passent, le directeur est très pensif

Directeur / Et si j'éteignais la lumière.. 

Aussitôt la lumière s'éteint

Directeur / C'est ça. C'est complètement ça. Voir ce qu'on ne peut pas voir, c'est ça qu'il faut voir.

Il sort une lampe électrique, l'allume, et sort.

On entend une voix

Voix / (Crié) C'est nul !

Directeur / Tous des incultes..

LES GRANDS VOYAGEURS (JP Mourice) 2 m 30

2 hommes / 1 femme

Un homme (sac à dos) rencontre un couple très satisfait de lui-même, avec des valises et (ou) sacs à dos

José (Petit touriste)

Mylène (Grande voyageuse)

Grégory (Grand voyageur)

José / Ça alors. Vous ? Et bien si je m'attendais.

Mylène / José ! Tu prends l'avion ?

José / C'est la première fois.

Grégory / Tu verras, c'est rien du tout. Nous on l'a pris des centaines de fois.


Mylène / On ne compte même plus.


Grégory / Mais tu vas où ?

José / Je vais à Lisbonne.


Mylène / Lisbonne. C'est pas loin.


José / J'y suis jamais allé.


Mylène / Nous on y est allé deux fois.

José / Paraît que c'est joli.


Mylène / Oui.. C'est pas mal..

Grégory / Mais ça n'vaut pas Porto.

Mylène / C’est vrai. Porto, c'est autre chose que Lisbonne.


José / Je ne pars que deux jours.


Grégory / C'est pas grave. Lisbonne, c'est bien quand même.

José / Et vous, vous allez où ?

Mylène / Nous, on va au Mexique.

Grégory / Pour voir si les Pyramides du Mexique sont mieux que celles d’Égypte.


Mylène / On aime bien comparer. On vérifie tout.

Grégory / Là, on descend des Pyramides. Directement du Caire.

Mylène / On a été déçu..

José / Ah bon ?


Grégory / Ils en font tout une histoire, mais franchement..

Mylène / Ça ne vaut pas Angkor. (A José) Tu connais Angkor ?

José / Ben non.

Grégory / C'est grand. C'est immense.

José / Une fois, je suis allé voir le château de Versailles !


Mylène / Tu sais.. Versailles..

Grégory / On en est revenus, de Versailles.

José / Tous les ans, je vais quelque part. L'année dernière, j'ai vu le Mont St Michel.


Mylène pouffe

José / Ça t'fait rire ?


Mylène / Excuse moi, mais le Mont St Michel..


Grégory / Qui c'est qu'a pas vu le Mont St Michel ?

José / Moi, j'ai bien aimé.

Mylène / Forcément ! Quand y'a rien d'autre..

Grégory / Et les chutes du Zambèze. T'as déjà vu les chutes du Zambèze ?


Mylène / Nous on les a vues.


Grégory / C'est autre chose que les chutes du Niagara !

José / Vous avez tout vu.


Grégory / Presque.

José / Et Dunkerque ? Vous êtes déjà allé à Dunkerque ?

Grégory / Dunkerque !


Mylène / Franchement, Dunkerque..

Grégory / Y'a rien à voir à Dunkerque !

José / Justement, c'est l'contraire. Y'a plein d'trucs à voir


Grégory / Tu nous vois, à Dunkerque.. ?

Mylène / Après les Pyramides.

José / A Dunkerque, y'a la mer.


Grégory / La mer ! Tu t'es déjà baigné dans la mer Égée ?


Mylène / Nous on ne se baigne que dans la mer Égée.

José / En tout cas là bas, à Dunkerque, tu verrais quelque chose que t'as jamais vu.


Mylène / Alors là, ça m'étonnerait !


José / Ça vaut p't'être pas le voyage, mais ça mérite un coup d’œil.


Grégory / Et c'est quoi, le truc qu'on aurait jamais vu ?


José part et leur tourne le dos.


Grégory / Et c'est quoi le truc sensationnel qu'on n'aurait jamais vu ?


José / (Sans se retourner et en continuant à marcher) Mon cul !

ERREUR SUR LA MARCHANDISE (JP Mourice) 2 m 30

2 hommes / Revendeur - René l'anguille

Revendeur / Alors, qu'est-ce que tu m'apportes ?

René l'anguille / Vous allez être content, chef. Je vous ai apporté un truc qui va vous scotcher.

Revendeur / Me scotcher, moi. Ça m'étonnerait. .. Tu a bien fait le casse dans le manoir des Hautefeuille ?


René l'anguille / Et oui. Je suis rentré là dedans comme dans du beurre.


Revendeur / Ah, je dois reconnaître. Pour rentrer quelque part, tu es le meilleur.

René l'anguille / C'est pas pour rien qu'on m'appelle René l'anguille.


René l'anguille / Et j'ai visité toutes les pièces.

Revendeur / C'est bien ça, et alors ?

René l'anguille / Qu'est-ce que c'est joli ! J'avais déjà visité des châteaux avec mes parents, mais là, je dois dire, c'est la grande classe.

Revendeur / Bon ! Quand on cambriole, on fait pas du tourisme. Alors, qu'est-ce que t'as trouvé dans l'manoir ?

René l'anguille / Et puis alors, ce qui est bien, c'est qu'on peut toucher. Parce que dans les châteaux que je visitais en famille, fallait toucher à rien. Alors là, je me suis pas gêné.


Revendeur / Tu avais mis des gants.


René l'anguille / Des gants ? Oh le con ! Je savais bien que j'avais oublié quelque chose. Des gants. J'ai pas mis les gants.


Revendeur / Les empreintes ! T'as laissé tes empreintes partout. T'es au courant que t'en tiens une couche ?


René l'anguille / Oh chef. C'est pas pour rien qu'on m'appelle Réné l'anguille.

Revendeur / C'est ça, insaisissable comme une anguille et plus con qu'un mérou. Bon. Qu'est-ce que t'as dans ton sac ?


René l'anguille / Des trucs introuvables..

Revendeur / Je crains l'pire..

René l'anguille / (Il la montre, très fier) Une petite boule de neige.


Revendeur / Une boule de neige ? Tu te fous de moi ?

René l'anguille / Oh non chef ! C'est pour mon beau frère, il fait la collection.


Revendeur / Je vais l'tuer.. T'as quoi d'autre ?

René l'anguille / Un livre de bande dessinée.


Revendeur / Qu'est-ce ce que tu veux que je foute avec ça ?

René l'anguille / Oh mais c'est un cadeau. Pour vous. Dedans, y'a des beaux dessins. C'est pour vous faire plaisir

Revendeur / C'est pas vrai. Je vais lui mettre une baffe. Tu m'amènes quoi encore ?

René l'anguille / Alors.. (Il regarde dans son sac) Un service de raclette à fromage.. Une pompe à vélo.. Un disque de Mireille Mathieu..

Revendeur / Là, dis moi, tu me moques ?


René l'anguille / Vous aimez pas Mireille Mathieu ?

Revendeur / Les tableaux ! Les tableaux de peinture ! Tu les as vus, les tableaux de peinture ?

René l'anguille / Ah ça oui. Même que y'en avait partout.

Revendeur / Et alors, tu l'as ramené ?


René l'anguille / Ramené quoi chef ?


Revendeur / Le Monet ! Tu l'as ramené ?

René l'anguille / Alors là, vous allez être content, chef ? (Il montre un tableau) Abracadabra.. Et voilà !

Revendeur / Qu'est-ce que c'est qu'cette croûte ?


René l'anguille / C'est le tableau, chef.


Revendeur / Je vois bien que c'est un tableau, mais qu'est-ce que c'est qu'cette croûte ?

René l'anguille / C'est le Monnet.

Revendeur / Un Monet ?


René l'anguille / C'est écrit en bas.

Revendeur / Robert Monné. M o n n é ! Tu te fous de moi ?

René l'anguille / C'est pas un Monné ?

Revendeur / Ca vaut rien cette croûte ! Je t'avais demandé : Un Claude Monet !

René l'anguille / C'est quand même un Monet. Alors je l'ai pris.

Revendeur / Mais je vais le descendre. Je te l'ai répété ! Tu rentres dans cette baraque, tu mets des gants, et tu m'embarques le Monet. Ça c'est pas un Monet, c'est une merde !

René l'anguille / Ah bon ? C'est quand même un beau tableau !

Revendeur / C'est pas possible, y'en avait qu'un comme ça, je suis tombé dessus. Ton machin il vaut rien !

René l'anguille / Ça vaut rien ? Ma cousine a presque le même.. Au bout de deux cents paquets de café, on en a un gratuit.


Revendeur / Ça vaut rien !

René l'anguille / Excuse moi, mais au prix du café..

Revendeur  / Qu'est-ce qui m'a pris d'engager un abruti pareil ?


René l'anguille / Euh.. J'en ai pris un autre..

Revendeur / Ah bon ? C'est quoi ?

René l'anguille / C'est un jean-Michel Pissaco. Vous le voulez aussi ?

ON A OUBLIE L'GUIDE (JP Mourice) 2 m 30

6 personnes

Un groupe de touristes erre dans un musée. Il traverse d'abord la scène puis revient et s'arrête au milieu..

Marcel (h)

Evelyne (f)

Serge (h)

Rosie (f)

Viviane (f)

Guide (h ou f)

Josette / J'en ai marre !

Évelyne / Y'a au moins cent kilomètres de couloirs. J'en peux plus.


Marcel / Il est où ?

Rosie / Qui ça ?


Marcel / Le guide !

Viviane / Mais c'est vrai. Il est où le guide ?


Évelyne / On a oublié l'guide !

Rosie / La dernière fois que je l'ai vu, c'est quand y'avait les statues des vieux ?


Viviane / Les vieux, c'était les romains. On l'a perdu chez les romains.


Marcel / Moi je dirais plutôt que c'était chez les barbares

Serge / Je vais voir (Il va en coulisses)

Évelyne / Il a été enlevé par les barbares ! (Elle rit) Le jour où on fera une exposition sur la connerie, faudra te mettre en vitrine.

Marcel / Moi, madame ! Je n'ai pas besoin de passer une heure pour comprendre ce que je regarde !

Évelyne / Oui. Moi, je viens ici pour m'instruire.


Marcel
/ Ça c'est sûr ! Ça dure des plombes, et que j'te regarde les gros machins, les p'tits machins, un par un. Même ce qu'est pas intéressant, tu le regardes. C'est pire que chez le marchand d'fringues !

Évelyne / C'est toujours moins long que le temps que tu passes au café !

Marcel / Dans un café, les gens ne sont pas morts.

Évelyne / Tu t'intéresses à rien.


Marcel / A force de nous attendre, ça m'étonnerait pas que le guide se soit tiré. Il a du en avoir marre.

Viviane / Un guide qui se perd dans un musée, c'est rare.


Rosie / Ça s'peut ! C'est comme les guides de montagnes. T'es au courant qu'il y'a des guides qui se perdent en montagne ?


Viviane / Ben oui j'suis au courant.. Mais quand même ! Un musée, c'est pas l'Mont Blanc.


Rosie / C'est quand même embêtant.


Marcel / C'est un guide. Normalement, il ne devrait pas s'perdre.


Viviane / Et s'il était mort dans un coin. Avec tous ces couloirs, si ça s'trouve, il a eu un «infractus».

Rosie / Un infarctus ! Pas un «infractus».


Viviane / Oui. Et bien le résultat est l'même.

Rosie / Ou dans une oubliette.

Marcel / C'est un musée, pas un château. Y'a pas d'oubliettes dans les musées.


Évelyne / En plus, on n'a pas tout vu.

Serge revient

Serge / J'ai regardé partout. Aucune trace.

Rosie / Mais qu'est-ce qu'on va faire ?

Marcel / (Milare) Comme dans l'Mont Blanc, on va attendre les secours

Viviane / On peut pas continuer sans guide.


Marcel / Y'a qu'à s'tirer d'ici. Avant de perdre quelqu'un d'autre.


Évelyne / On a payé, faut qu'on voit tout !

Marcel / Si tu veux rester, tu restes. Bon qui c'est qui vient avec moi ?

Viviane / Moi !


Rosie / Moi aussi. Parce que... dans un musée, on sait jamais..

Marcel / J'ai vu qu'il y'avait un café en face.


Évelyne / C'est toujours pareil, c'est monsieur qui décide.

Marcel / Et alors ? Tu vois quelqu'un d'autre ?


Viviane / (Le guide revient. Elle crie) Regardez ! Il est là !

Rosie / Mon guide !

Le groupe va vers lui

Évelyne / On vous croyait perdu.

Rosie / Pire même

Serge / Je vous ai cherché partout.


Guide / Excusez-moi, à un moment j'ai bifurqué. Je me suis retrouvé avec un autre groupe. Et pour moi, tous les groupes se ressemblent.


Viviane / Qu'est-ce que je suis contente de vous voir.


Guide / Mais moi aussi. (Il hausse la voix) Et bien mesdames et messieurs, j'espère que la visite vous a plu, et je vous remercie de votre attention.

Évelyne / C'est déjà fini ?

Guide / Non, mais on a plus l'temps.

Rosie / En tout cas, c'était drôlement bien !

Guide / Et comme on dit dans notre métier, (Il tend la main). N'oubliez pas le guide !

Le groupe passe et donne de l'argent au guide. Marcel passe en dernier et lui parle discrètement.


Guide / C'est beaucoup trop !

Marcel / Vous m'avez sauvé la vie. Ça mérite bien un billet. C'était génial de disparaître, sinon, dans votre musée, on allait y passer la s'maine.

LA VERITE SUR L’ANGÉLUS (JP Mourice) 2 m 30

2 hommes, 1 femme

Le paysan et la paysanne entrent

Paysan / T'as pas oublié quelque chose ?

Paysanne / Qui qu'tu veux que j'ai oublié ?

Paysan  / Si j'te dis ça, c'est pas pour causer.


Paysanne / Qu'est que j'ai qui manque ?


Paysan / Le ch'val ! T'as oublié l'cheval !

Paysanne / Mais c'est vrai. Je l'ai oublié.

Paysan / Pourtant, un ch'val, ça s'voit non ?

Paysanne / J'peux pas être partout.


Paysan / Moi non plus.

Paysanne / Et toi, j'voudrais pas dire, mais à part ta connerie, t'aurais pas oublié un truc ?

Paysan  / Ça m'étonnerait ! J'oublie jamais rien.

Paysanne / Et la moissonneuse batteuse ? Pourquoi t'as pas la moissonneuse batteuse ?

Paysan / Mince ! J'ai oublié la moissonneuse batteuse.

Paysanne / Une moissonneuse, c'est quand même plus gros qu'un ch'val.

Paysan / Je peux pas penser à tout.

Paysanne / Ça c'est sûr.

Le peintre Millet entre

Millet / Bonjours messieurs dames.


Paysanne / Bonjour monsieur. Qui qu'c'est qu'vous voulez ?

Millet / Je suis peintre

Paysan / Si c'est pour la grange, c'est pas la peine, elle est pas à peindre

Millet / Je ne peins pas des granges, je peins des gens.


Paysan / De quelle couleur ?


Millet / De toutes les couleurs. Je suis artiste ? Je fais des portraits.

Paysanne / Vous peignez les gens ?


Millet / Je les représente. Je les immortalise sur une toile.


Paysan / T'as vu, il cause comme un artiste. C'est la première fois que je vois un artiste en vrai.

Paysanne / C'est vrai qu'il a pas l'air normal. Et vous voulez nous faire le portrait ?

Millet / J'aimerais beaucoup peindre une scène de la nature.


Paysan / Vous voulez peindre des vaches ?


Millet / Non. Des gens. Montrer le dur labeur des pauvres gens qui travaillent dans les champs.


Paysan / Les pauvres gens ? on a une ferme de 600 hectares

Paysanne / Tu vas la fermer

Paysan / Mais la terre, elle rend pas grand chose.

Paysanne / Même, ça rend rien du tout.

Millet / Et je me suis dit, si moyennant un petit dédommagement, vous n'accepteriez pas de poser pour moi.


Paysanne / Faut poser quoi ?


Millet / Rien du tout. Vous restez comme vous êtes et je peins la scène.

Paysan / Ah bon ? Et qu'est-ce qu'y faut qu'on fasse ?

Millet / Vous travaillez. Il faut que l'on voit qu'à la campagne, on travaille. Ah ! Pour la scène, j'aurais besoin d'instruments, enfin d'outils..


Paysanne / On n'a pas l'cheval.

Mille / Le plus important, ce n'est pas l'chval, c'est vous.


Paysan / On a bien une brouette, et une fourche.

Millet / Ça fera l'affaire.

Paysanne / On va vous la chercher.


Les paysans vont chercher la brouette tandis que le peintre se prépare... Puis ils reviennent

Paysanne / Bon, et bien, on va commencer. Tiens vlà la fourche ! (Elle la donne au paysan)

Paysanne / On a d'la chance, on nous l'a pas volée.


Millet / Bien. Allez ! Au boulot !


Paysan / Comme ça.


Millet / Parfait.

Paysanne / Quand même, avec le cheval, et la moissonneuse, on aurait plus d'allure.


Paysan / Ils vont penser quoi de nous, les gens, après ?

Paysanne / Au moins on est payés.

Soudain on entend l’Angélus. Le paysan et la paysanne se figent.

Millet / Qu'est-ce qu'y s'passe ?

Paysanne / C'est l’angélus.

Millet / Mais vous priez.

Paysan / Ca r'pose.

Millet / Mais c'est génial. Surtout, ne bougez plus.

Paysan / Je sens qu'on va avoir des crampes.

Paysan / Heureusement qu’il nous a pas demandé de poser à poil.

On entend toujours l’Angélus.

ART ALIMENTAIRE (JP Mourice) 1 m

2 personnes (homme ou femme)

Le (ou la) interprète de la pub sur le fromage entre sur scène et clame ces vers :

Heureux qui comme Ulysse a mangé du fromage

Ou comme celui qui s'est, tapé un Reblochon,

Et en a pris deux bouts, même si c'est pas sage,

Un jour chez ses parents qui aimaient le from'ton.

Quand goutterais-je encore un bout de ce fromage ?

Un bon fromage entier, un petit Reblochon

Du moulé à la louche, au si doux affinage,

Qui m'rappelle ma Province et toutes ses saisons.

Producteur / (Il entre) C'est pas mal. C'est pas mal. C'est pas si.. C'est pas terrible. En fait, c'est nul, c'est complètement nul. C'est à chier.

Interprète / Il faudrait peut-être un peu plus de, et aussi un peu moins de..

Producteur / C'est ça. Il en manque. Faut trouver autre chose ! Qui c'est qui m'a écrit cette connerie ?

Interprète / Joachim du Bellay.

Producteur / Il est où, l'Joachim ? Je vais te l'virer, ce ringard, ça va pas tarder. (Il part) Hé ! Du Bellay ! T'est viré !

Interprète / Et dire que j'fais ça pour bouffer. (Il part)

VISIONNAIRE (JP Mourice) 2 m 30)

2 femmes

Deux amies se rencontrent

Dominique / Ça alors ! C'est toi ! Comment ça va ?

Camille / Excuse-moi, mais je suis un peu pressée, j'ai un avion qui m'attend.

Dominique / Tu prends l'avion ?


Camille / Tu sais.. La bagnole, les embouteillages. Franchement, c'est pas mon truc. Alors je me suis offert un avion.

Dominique / T'as un avion ?

Camille / Un petit. Un quatre places, mais c'est bien suffisant pour aller dans ma villa à Nice.

Dominique / T'as une villa à Nice ?

Camille / Une petite. Vingt cinq pièces. Mais c'est bien suffisant.

Dominique / Tu me fais marcher ?

Camille / T'as vu mes fringues ? Tu pourrais t'en payer des fringues comme ça ?


Dominique / Ben non.


Camille / Moi si.

Dominique / T'as gagné à la loterie ?

Camille / Pas du tout. !

Dominique / T'as épousé un milliardaire !

Camille / Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un milliardaire ?


Dominique / Je l'crois pas. Alors là faut que tu me donnes la recette.

Camille / J'ai ouvert une galerie d'art.

Dominique / Une galerie d'art ? Tu fais des expos.

Camille / J'expose et je vends.


Dominique / Qu'est-ce que tu vends ?

Camille / Tout ! Je vends de tout.

Dominique / T'as vendu tes meubles ?

Camille / Les meubles, le service à vaisselle, tout. Et ça part comme des petits pains.

Dominique / Ça valait rien du tout !


Camille / Maintenant, ça vaut de l'or.


Dominique / C'est pas possible, qu'est-ce que t'as fait ?

Camille / J'ai rien changé, juste le nom.

Dominique / T'as rien changé ?


Camille / Ah si. J'ai transformé ma baraque en galerie d'art. Je l'ai appelée «Chez Edelvice».

Dominique / C'est qui «Edelvice».


Camille / C'est moi.


Dominique / Tu t'appelles plus Camille ?

Camille / Je m'appelle «Edelvice». A cause du côté, fleur indomptable. C'est tout moi ça.

Dominique / T'as toujours été originale.


Camille / Faut être originale quand on a une galerie d'art contemporain.

Dominique / C'est quoi une galerie d'art contemporain ?

Camille / C'est un endroit où comprend rien.

Dominique / On comprend rien ?


Camille / On interprète. Dans l'art contemporain, faut ressentir.

Dominique / Et on ressent quoi ?


Camille / Ce qu'on veut. Tiens, tu vois une cafetière. Qu'est-ce que tu vois ?

Dominique / Une cafetière.

Camille / Non madame. Moi je l’ai appelée «Prince charmant  dans l'espace». Un carton !

Dominique / Ah bon ?

Camille / La cafetière symbolise l'homme, tu vois le bec verseur. C'est l'attribut du mâle. Mais ça veut dire aussi que l'homme est un rêveur alors que la femme a les pieds sur la terre.


Dominique / Ah bon ? Mais elle est où la femme.


Camille / La femme est celle qui regarde la cafetière. La femme sur terre, l'homme dans l'espace. Dans mon expo, même les visiteurs font partie de l'expo. 70000.

Dominique / 70000 !


Camille
 / Je vends du rêve, pas des cafetières.

Dominique / Ça alors ! Et ça ? (Elle montre un tire-bouchon)

Camille / Ça, ça s'appelle départ en vacances ;

Dominique / Départ en vacances ?

Camille / A cause des bouchons ! Tire-bouchons ! Y'a un jeu de mots. 100000.

Dominique / La vache.

Camille / Tu te souviens ? La machine à coudre de ma mère, j'ai changé que l'nom. C'est devenu : «Tortura 20ème». A cause de l'image de l'exploitation de la femme par l'homme. Tu vois le symbole. 195000 euros.

Dominique / 195000.

Camille / Et mon vieux réveil. J'ai acheté le même. Je les ai mis côté à côte avec rien du tout entre les deux : «Les portes du temps» !

Dominique / Les portes du temps ?


Camille / 300000 !

Dominique / Moi, j'en ai aussi des vieux réveils, et des théières ! Si ça marche avec une cafetière, ça peut l'faire aussi avec des théières. Tu crois que je pourrais faire une galerie moi aussi ?


Camille / Non.

Dominique / Mais pourquoi ? J'ai quand même du goût.

Camille / C'est pas une question de goût. C'est une question de vision. Faut avoir la vision. Et toi, t'es trop enfermée dans l'extérieur. Faut être libre ! Faut se regarder dans l'intérieur, et seulement après tu regardes ce qui s'passe dehors ! Tu piges ?


Dominique / Non.

Camille / L'art, c'est pas donné à tout l'monde.

Dominique / C'est sûr, c'est pas donné.

Camille / Faut changer. Moi, j'ai tout changé, mes relations, ma famille.


Dominique / Et tes amis ? T'as toujours les mêmes amis ?


Camille / Justement ! Puisque t'en causes.


Dominique / J'ai compris. On n'est plus du même monde.


Camille / Mais ce n'est pas grave. On se reverra toujours, mais moins. Y'a pas que moi dans la vie.

Dominique / Quand je pense à tout ce qu'on a vécu ensemble


Camille / Faut pas vivre avec le passé. Le passé, on peut s'en passer. Oh faut que j'la note celle-là. (Elle note)


Dominique / Bon. Et bien, je vais y'aller.

Camille / C'est ça, vas-y.

Dominique / Quand même, 70000 euros pour une cafetière, c'est exagéré. (Elle part)

Camille / (Au public) Ce qu'il faut pas raconter comme conneries pour être tranquille !

CRÉATION ORIGINELLE (JP Mourice) 2 m

2 hommes / 2 h ou f - Dieu (homme), Un ange (homme ou femme), Un homme

Ange / Bonjour mon Dieu. Alors, quoi d'neuf ?

Dieu / Je m'enquiquine. Je sais pas quoi faire.

Ange / Vous vous enquiquinez ? Mais comment ça ?

Dieu / Et oui. Ça paraît idiot. Mais je m'emmerde.

Ange / Oh ! Faut pas dire ça ! C'est un gros mot.

Dieu / Et alors ? Je suis Dieu non ? Et si Dieu peut pas dire ce qu'il pense, qui c'est qui va l'dire ?

Ange / Ah ben oui.

Dieu / On est quel jour aujourd'hui ?


Ange / Je crois bien que c'est dimanche.

Dieu / Bon. Qu'est-ce que j'ai fait cette semaine ?


Ange / (Il consulte un grand livre) Alors.. Lundi, vous avez créé la lumière, le jour et la nuit.


Dieu / C'est pas mal ça. Et puis ça change, non ?

Ange / Oui, mais on a pas encore inventé l'ampoule électrique.

Dieu / J'peux pas tout faire ! .. Et le deuxième jour ?

Ange / L'eau, la mer, et les continents.

Dieu / Tout ça en une journée ! Je suis l'meilleur !


Ange / Faudra penser aussi à créer des bateaux.


Dieu / Pas besoin, je peux marcher sur l'eau.


Ange / Enfin j'dis ça, moi.. Le troisième jour, vous avez créé la nature, les arbres, et les fruits.

Dieu / Et les pommiers ! J'adore bouffer des pommes.

Ange / Le quatrième.. les étoiles, et les saisons.

Dieu / Quatre saisons. J'ai fait comme une pizza. Fallait y penser ! Comme ça, c'est jamais pareil.

Ange / Le cinquième jour.. les poissons, et les oiseaux..

Dieu / C'est lesquels déjà, ceux qui sont dans la flotte ?

Ange / Les poissons.. Alors, vous avez créé.. Le mérou, le requin, la truite, le merlan, la raie, la dorade, le vairon..

Dieu / Stop ! On va pas y passer la s'maine.

Ange / Et le sixième.. les animaux domestiques..

Dieu / Ah oui. Les chats, les chiens, les poules.. Au fait, tu sais comment j'ai eu l'idée d'la poule ?

Ange / En me regardant, Seigneur.. A cause des ailes.

Dieu / Bien ma poule. Et aujourd'hui, alors, je fais quoi ?

Ange / Normalement, vous vous reposez.


Dieu / Me reposer moi ? Tu m'as regardé ? Au contraire ! Je vais te bricoler un truc. Un truc à mon image. Ça, ça va faire un tabac. Bon, Bouge plus. (Il prend une boule de terre, ou mastique, ou pâte à modeler)

Ange / Vous faîtes quoi ?

Dieu / J't'en pose, des questions ? Bouge pas !

Ange / Je peux voir ?

Dieu / Et puis quoi encore ? Faut que ça reste magique.

Ange / Vous allez me faire en plusieurs exemplaires ?


Dieu / Oui, mais sans les plumes. Sinon ils se feraient bouffer tout d'suite ; Alors.. Les pattes, les mains, le nez, la bouche.. Y'a presque tout. Ah non ! Tiens si je rajoutais ce machin là qu'on rigole...

Ange / C'est quoi comme machin ?

Dieu / C'est un machin qui va tout changer. (Il va derrière un paravent). C'est juste le truc qui te manque.

Ange / C'est bientôt fini Seigneur ?


Dieu / Deux minutes ! ... Ah, la touche finale.. Pas mal... Je crois que ça ira comme ça. Allez. Lève toi et va voir dehors si j'y suis.

Un homme sort, très mécontent

Homme / Non mais c'est du grand n'importe quoi ! Je ressemble à rien !

Dieu / Je te signale que tu me ressembles.

Homme / Et la tronche que j'ai ! Non mais vous avez vu ma tronche ?

Dieu / Pardon ?


Homme / C'est à peine fini. Vous auriez pu faire mieux.


Dieu / Je débute, alors j'ai fait comme j'ai pu.

Homme  / En plus je marche de travers.

Dieu / C'est de l'art abstrait.

Dieu / (A l'ange) Mais qu'est-ce qu'il a ? Pourquoi il gueule ? C'est le premier homme que je crée, et c'est comme ça qu'il me remercie ?

Ange / C'est vrai que vous l'avez un peu raté.


Dieu / J'ai quand même droit à l'erreur.


Ange / L'erreur est humaine, Seigneur.

Dieu / Ok. J'ai compris. Je vais faire un autre truc. Dans le même style, mais avec du changemnet. Ca va faire un tabac, et crois moi, l’emmerdeur, il va regretter d’être né.

Ange / Ah oui ? Et comment vous allez l'appeler ?


Dieu / Une femme.

C'EST PAS UN ARTISTE (JP Mourice) 3 m 30

1 homme, 1 femme, 1 h ou f

Père (habillé en femme), Mère (habillée en homme, Fils ou fille (vêtements très stricts)

Père / Dominique ! Viens ici !

Fils / (Ou fille) Oui père. J'arrive, père.

Père / Y m'énerve.


Mère  / On l'appelle, il arrive tout d'suite.


le fils (ou la fille entre)

Fils / Bonjour, père. Vous allez bien ?

Père / T'entends comment qu'y m'appelle ?


Mère / Tu te rends compte de ce que tu dis ! Tu pourrais l'appeler papa. C'est quand même ton père !


Fils / C'est plus fort que moi.


Père / C'est plus fort que lui. Dans la famille, on se tutoie de père en fils, et c'est l'premier qui ne fait pas pareil.


Fils / Voyons père, ne vous mettez pas en colère.


Père / En plus, y m'vouvoie. Mais je vais lui en mettre une !

Mère / Tu vas m'faire le plaisir de dire tu à ton père !


Fils/ Je n'y arrive pas.

Mère / Et pourquoi t'y arrives pas ?


Fils / Cela provient probablement de mon éducation.


Père / Comment qu'y cause ? C'est quand même pas nous qu'on t'a appris à causer comme ça ?

Fils / Je vous prie de bien vouloir m'excuser.


Père / En plus, il s'excuse.


Mère / La honte..

Père / Jamais un gros mot ! Alors que moi, je disais que ça ! Dis en au moins un. Rien qu'un gros mot. Allez !

Fils / Je ne dis jamais de gros mots.

Père / Dis merde.

Fils / Je ne peux pas dire cela.

Mère / Dis merde à ton père !

Père / S'il te plaît ?

Fils / Cela m'est impossible.

Père / J'en r'viens pas. Et ton habillement ? T'as vu comment t'es fringué ?


Fils / Pourquoi ? Cela ne vous plaît pas ?

Père / T'as mis un costume !


Mère / Jamais ton père n'a mis de costume.


Père / Et une cravate ? Tu t'crois où ?

Fils / Je pense que la cravate est tout à fait indiquée lorsque l'on porte un costume.


Père / Tu peux pas être habillé comme nous ?


Mère / Qu'est-ce qu'y vont penser, nos amis ?

Père / Tu sais qu'à cause de toi, on n'ose plus sortir.


Fils
/ J'en suis profondément désolé, père.

Père / Tous nous amis sont comme nous. Et toi, qu'es de la famille, hein qu'il est de la famille, Concettita ?

Mère / Ben.. Des fois.


Père / Tu vois, même ta mère a des doutes.

Fils / Pour moi, vous êtes les meilleurs parents du monde.


Père / Ok. Tu la fermes !

Mère / Parce que, ton père et moi, on a pensé à ton avenir. Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?


Fils / Je veux être conseiller commercial dans une banque !

Père / C'est pas possible !

Mère / Tu le fais exprès !

Fils / Non. J'aimerais travailler dans une banque. Dans une grande banque. Pour moi, la banque, c'est comme un rêve.

Père / Et tu peux pas rêver d'un autre truc ?

Mère / Une banque. On aura tout vu.


Père : C'est sûr qu'avec ses manières il va entuber toute la clientèle.


Fils / Ah non ! Je serais là pour servir.


Père / Retiens moi Concettita ! Et artiste contemporain dans le Squat de Nicky, ça te plairait pas mieux.


Fils / Nicky ?

Père / Jean-Michel Dugoin. Nicky, c'est son nom d'artiste.

Mère / T'as rien contre les artistes ?


Fils / Je ne veux pas être peintre dans un squat, je veux être dans une banque.

Père / C'est pas vrai. Tu sais à qui tu causes ?


Fils / A vous, père.


Père / Qui c'est qui fait des peintures introuvables ?

Mère / Qui c'est qui va peindre dans les égouts.


Père / C'est nous !


Père / Parce que nous on est des artistes, et des vrais. Nous on fait pas du commercial.


Mère / Nous, faut nous mériter !

Père / On est invendables.

Mère / Nous on vend pas, on donne.

Père / Nous, on refuse d'être exposés à la lumière.

Mère / Dans les égouts !

Père / Personne nous connaît

Mère / Sauf ceux qui s'y connaissent.

Père / Dans des caves, des grottes.


Mère / Comme à Lascaux

Père / On remonte aux origines.

Mère / Le serment du jus d'pomme

Père / C'est moi.

Mère / La Joconde qui fait la gueule.

Père / C'est ta mère


Mère / Le crado d'la méduse.


Père / C'est moi.

Mère / La jeune fille à la moule

Père / Encore mieux que celle à la perle !

Fils / Je veux travailler dans une banque.


Père / T'aimes pas la peinture ?

Fils / J'aime bien Vélasquez, Gériault, Léonard de Vinci.


Père / En plus, il aime que des ringards. Moi je te parle de peinture, pas de barbouillage pour les bourges !

Mère / Et la sculpture ?

Fils / Michel Ange.

Mère / Mon Dieu. Michel Ange.

Père / Manquait plus qu'lui.

Mère / Tu pourrais au moins faire un effort ! De la danse. C'est bien aussi, la danse.

Père / De la danse contemporaine.


Fils / Je veux travailler dans une banque !

Mère / Mais t'es malade !

Père / Faut qu'on l'montre à un docteur.

Mère / Pourquoi qu'il est pas comme nous ?

Père / Et alors, j'ose même pas demander. Il boit pas, il fume pas, il se drogue pas, les filles, c'est à se demander s'il sait que ça existe. Et en plus, il est même pas homosexuel ?

Fils / Ben non. Plus tard, je fonderai un foyer et nous vivrons dans un appartement au troisième étage avec de l'air conditionné.

Père / Je vais taper.


Mère / On n'a pas mérité ça.

Père / Monsieur veut faire comme tout l'monde.


Mère / Si c'était à r'faire..

Père / On a pas eu d'bol.

Mère / Et la chanson ? T'aimes bien la chanson ?


Fils / La chanson.. Ben..

Père / Mais si. Allez, chantes nous en une !

Fils / Je n'en connais pas.


Mère / Mais si. La chanson préférée de ton papa.

Fils / (Il chante extrêmement faux) Bon.Hum hum.. «J'aurais voulu être un artiiiiiiiiiiiiste ! Pour pouvoir faire mon numérooooooooo !»

Père / Stop.

Fils / Quand l'avion se pose sur la piste. À Rotterdam ou à Rio. J'aurais voulu être un chanteur !

Mère / La ferme !


Le fils se tait.

Père / Finalement, la banque, c'est pas mal non plus.

NATURE MORTE (JP Mourice) 2 m 30

1 femme / 1 homme

Une femme pose (pose de statue antique) sur un tabouret en tenant un balai et une casserole. Un peintre est derrière son chevalet.

Peintre / Ne bouge plus, sinon tu vas être floue.


Modèle / J'ai une crampe.

Peintre / Y'en a encore pour deux petites heures.


Modèle / Tu m'as déjà dit ça hier.


Peintre / Je sais, mais je dois faire quelques retouches.

Modèle / Ça veut dire quoi, des retouches ? J'ai pas besoin qu'on me retouche.


Peintre / Il faut que tu sois parfaite. C'est quand même un portrait de famille.

Modèle / Tu parles, finir accrochée au mur.

Peintre / Tout le monde pourra t'admirer.

Modèle / J'ai pas besoin que tout le monde m'admire. Du moment que tu me regardes, ça m'suffit.

Peintre / Oui.. Euh... Pourrais tu soulever légèrement la casserole.

Modèle / En plus, tu m'as foutu un balai et une casserole.

Peintre / La casserole est un symbole. C'est un hommage, une allégorie, comme un culte rendu à la femme.


Modèle / A la femme de ménage oui.


Peintre / C'est ton mari qui m'a demandé.


Modèle / Et bien lui, pour son portrait, t'auras pas besoin de t'appliquer, il est déjà raté.


Peintre / Tu crois qu'il se doute de quelque chose ?

Modèle / Mon mari, il ne doute jamais de rien. Surtout pas de lui. Pour le peindre, avec la couche qu'il tient, t'aurais même pas besoin de peinture.


Peintre / Euh.. Pourrais tu appuyer davantage le regard ?

Modèle / C'est ça, je vais appuyer le regard. Au fait, je me demandais, d'habitude, dans les musées, les femmes, elles ne sont pas vraiment habillées. Par contre les hommes. Tiens j'ai vu un tableau ils étaient à un pique-nique, et devinez qui c'est qu'était à poil ?

Peintre / C'est un tableau très célèbre, c'est le déjeuner sur l'herbe, de Monet.

Modèle / Ben voyons. Et pourquoi ?

Peintre / Les hommes ça rendrait pas pareil.

Modèle / Ça c'est sûr, des hommes à poil dans un pique-nique, ça donne pas envie de se mettre à table.

Peintre / Ne bouge pas s'il te plaît.


Modèle / Y'en a marre.


Peintre / Pardon ?


Modèle / Je pensais à mon mari. Y'en a marre.

Peintre  / C'est quand même ton mari.

Modèle / Justement ! Y'en a marre.

Peintre / Mais grâce à lui, tu es riche. Cette maison, ce parc.. C'est lui qui t'offre ton tableau. Je suis sûr que s'il avait pu, il l'aurait fait lui-même.

Modèle / Heureusement ! C'est pas un as du pinceau. Ni du reste d'ailleurs.

Portrait / Et puis, c'est mon mécène.

Modèle / Et coucher avec la femme du mécène, ça ne te dérange pas ?


Peintre / Tu sais bien qu'entre nous, c'est comme..

Modèle / Un passe-temps. Comme la peinture.

Peintre / Comment tu peux dire ça ?

Modèle / Parce que j'en ai marre.

Peintre / Mais comment on vivrait ?

Modèle / D'amour et d'eau fraîche. La peinture à l'eau fraîche.

Peintre / C'est pas possible. Ce s'rait trop dur.

Modèle / Et des "nature morte", t'en fais, des "nature morte" ?

Peintre / Oui, des fruits, des fleurs, des légumes..


Modèle / Les légumes, c'est plus facile, ça bouge moins.

Peintre / Je fais aussi des canards. Du moment que c'est mort, on peut tout peindre.


Modèle / Et la peinture au pistolet, tu connais ? (Elle sort un pistolet)


Peintre / Qu'est-ce que tu fais ?

Modèle / Devine !

Peintre  / Ça va pas ! Tu vas faire quoi ?


Modèle / Une nature morte, et celle-là, ça va changer des légumes.

Peintre / Tu veux me tirer dessus ?

Modèle / Ça dépend. C'est toi ou mon mari.

Peintre / T'es sérieuse ?


Modèle / J'ai l'air de rigoler ?

Peintre / Mais c'est pas possible. Nous deux.

Modèle / Justement ! J'ai une question ? Nous deux ! Pour toi, c'est sérieux ?

Peintre / Euh.. Tu sais.. Je sais pas...

Modèle / Mauvaise réponse ! (Elle tire, le peintre s'écroule. Puis elle va le voir) Tu vois, moi aussi je sais en faire des "nature morte".(Elle sort en emportant le tableau) En plus, il m'a ratée. .. C'est nul !

VIVE LA NATURE (JP Mourice) 2 m 30

Tous ou presque

Dans un musée (absolument vide) où seul trône sur une table un pot de fleurs, un groupe de visiteurs entre avec son guide.

Guide / Mesdames et messieurs, nous sommes ici dans la salle d'exposition dite salle de la nature.

Un visiteur / Mais elle est vide ?

Guide / C'est exact. Je vous rappelle que c'est la salle de la nature.

Visiteur / La nature domestique ou la nature sauvage ?

Guide / Je ne savais pas qu'il y'en avait deux.


Un visiteur / Y'en avait deux ! Y'en a une qu'était plus sympa que l'autre. C'était la domestique. Les sauvages, on pouvait pas les toucher.

Visiteur beauf / C'est comme avec les femmes..

Visiteuse indignée / Et toi si j'te touche, tu vas finir à l'hosto !

Un visiteur / Monsieur, vous savez que c'est interdit de dire des choses pareilles.

Visiteur beauf / Je l'ai pas fait exprès.


Visiteuse indignée / Ta mère aussi, elle t'a pas fait exprès !

Visiteur beauf / Euh.. je m'excuse.

Visiteuse indignée / Abruti !

Guide / Bien. Euh. On va reprendre la visite. Alors (Il montre des endroits il n'y a rien) Ici avant, vous aviez une vache.

Un visiteur  / Une vache vivante ou une vache morte ?

Un visiteur / C'était quoi, une vache ?

Un visiteur / C'était un animal sauvage.


Un visiteur / Un animal domestique. Même qu'elle donnait du lait.

Un visiteur / C'était quoi du lait ?

Un visiteur / (Très étonné) Elle le donnait ?

Un visiteur / Fallait la traire. T'as déjà essayé de traire une sauvage ? Donc c'était une domestique.

Guide / De toutes façons, elle est empaillée. Mais elle a été bouffée par des mites.

Un visiteur / C'est quoi, une mite ?

Un visiteur / Moi je sais que c'était plus petit qu'une vache.

Un visiteur / Avec les mites, on faisait du miel.

Un visiteur / Y'a encore des mites ?


Guide / Y'en a qui en ont vu.

Un visiteur / C'est incroyable.

Guide / (Montrant différents endroits vides) Ici vous aviez un arbre. D'un mètre de haut.


Un visiteur / (Très étonné) Un mètre de haut ?

Un visiteur / C'est quoi un arbre.


Un visiteur / C'était comme un poteau. Même qu'entre les arbres, y'avait des fils.

Guide / Et sur les fils des bestiaux qui chantaient.

Un visiteur / Ils faisaient du bruit ?

Guide / D'après des scientifiques, ça s'pourrait,

Un visiteur / (Montrant un pot de fleurs posé sur une table) Et là, c'est quoi ?

Guide  / Surtout, ne vous approchez pas ! C'est très fragile.

Tout le monde prend le pot en photos

Un visiteur / C'est quoi c'truc là ?

Guide / Ça s'appelle des fleurs.


Un visiteur / Des fleurs ? Ça sert à quoi ?

Guide / D'après les scientifiques, il paraît que des hommes offraient des fleurs à des femmes.

Un visiteur / Mais pourquoi faire ?


Guide / On n'a jamais su

Un visiteur / Est-ce que ça sent bon ?

Un visiteur / (Venant de sentir la fleur) Ça sent rien du tout.


Guide / Reculez ! Vous risquez de l’abîmer. Ça vaut une fortune !

Un visiteur / C'est vivant.


Un visiteur / Ça peut nous attaquer ?

Guide / D'après les scientifiques, ça pourrait donner des maladies.


Un visiteur / Non ?

Guide / Surtout les sauvages. Parce que paraît qu'il y avait des fleurs domestiques et des fleurs sauvages.

Visiteur beauf / Les sauvages, ça peut vous rendre malade ?

Visiteuse indignée / Il va se prendre une paralysie de la tronche !


Guide / Bon. Ça suffit ! La visite est terminée.

Un visiteur / Déjà ?

Guide / De toutes façons, y'a rien d'autre à voir.


Un visiteur s'empare du pot de fleurs et le montre aux autres.

Visiteur avec la fleur / Hé ! Regardez ! C'est pas une fleur sauvage ! C'est une fleur en plastique. En plus elle peut pas me mordre, elle est morte.

Guide / Ça suffit. C'est fini les conneries. Tout l'monde dehors !

Tout le monde part

Un visiteur / Et merde ! Faut qu'on remette les masques à gaz.

MUSEE A DOMICILE (JP Mourice) 2 m 30

2 hommes

Deux hommes se croisent et parlent de leur vie

Pablo / Oh ben ça si je m'attendais. Comment ça va ?

Vincent / Ça va mal.


Pablo / Qu'est-ce qui s'passe ?


Vincent / Ma femme veut déménager.

Pablo / Elle veut déménager ? Mais t'as une super baraque !

Vincent / Une maison ancienne.

Pablo / Une vieille maison de style. C'est autre chose que le neuf

Vincent / Justement ! Elle trouve qu'elle a l'impression de vivre dans un musée.

Pablo / Dans un musée. Tu rigoles !


Vincent / Pas du tout. Chez moi, tout est vieux. Au début, c'était jeune, mais là, elle a pas vraiment tort. Tout est d'époque. Ça date même pas d'hier, ça date d'avant hier.

Pablo / C'est quand même pas une raison. En plus, t'as la chance d'avoir une femme super !

Vincent / Super.. super.. Quand je l'ai épousée, là, d'accord, mais depuis..

Pablo / T'es malade ! Non mais t'as vu ta femme ?


Vincent / Justement, je la vois tous les jours.

Pablo / Et toi, tu veux rester avec elle ?


Vincent / A la longue, on s'habitue.

Pablo / Et ça l'a pris comme ça ?

Vincent / C'est venu progressivement. Quand la maison a été pleine.


Pablo / Pleine de quoi ?

Vincent / De tous les machins, les trucs, les souvenirs, les bibelots, les napperons, les cartes postales, et surtout moi. Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'elle trouve que je ne suis pas à ma place.

Pablo / Je l'crois pas.

Vincent / Ce qui l'intéresse, c'est l'avenir. Mais je me demande si je suis dans le sien. Elle me trouve vieillot. C'est ça qu'elle a dit, vieillot. Tiens, si j'étais une casserole, je serais à la ferraille.

Pablo / Ça l'a pris comment ?

Vincent / D'un coup. Un matin, elle s'est réveillée. Elle a voulu tout virer : les casseroles, les meubles, tout ! Tiens, la cafetière que tu nous avais offert le jour de notre mariage.

Pablo / La vieille cafetière ? Tu l'as encore ?

Vincent / Terminé ! Elle l'a jetée. Le café était dégueulasse, mais ma femme n'en voulait plus. Moi, à force, j'avais fini par l’aimer.

Pablo / Elle est dingue.

Vincent / Les tasses, pareil ! Elle pouvait plus les saquer !

Pablo / C'est dégueulasse.

Vincent / D'après madame, c'était comme si on vivait au Moyen-Age.

Pablo / Des tasses en porcelaine.

Vincent / Le matelas, pareil ! D'après madame, trop de souvenirs.

Pablo / Des bons ?

Vincent / Je sais pas. Le matelas l'empêchait de dormir.

Pablo / T'as plus d'matelas !

Vincent / Et la tapisserie ! Pourtant une belle tapisserie, des fleurs partout.


Pablo / Et alors ?


Vincent / Pareil ! La nuit, elle entendait des abeilles.

Pablo / Je l'crois pas.

Vincent / Même ma mère ! Elle ne voulait pas d'une momie chez elle. Tu t'rends compte, ma mère, une momie ! Elle l'a mise en maison de retraite.

Pablo / Elle est pas sympa.


Vincent / Surtout que ma mère, elle, elle faisait des frites.

Pablo / Ça c'est pas normal.

Vincent / Alors, moi, tu comprends, j'évite de me montrer.

Pablo / Mon pauvre vieux..


Vincent / Justement, je fais vieux.


Pablo / T'a pas appelé un docteur ? Des fois ça s'soigne.

Vincent / Oui, mais elle a changé de docteur. Tu t'rends compte. C'était l'docteur de la famille depuis que je suis né.

Pablo / Elle a pris quoi comme docteur ?


Vincent / Un jeune.

Pablo / Et alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ?


Vincent / En plus, avec des idées de jeune ! Tu t'rends compte ?

Pablo / Oui, mais qu'est-ce qu'il a dit le docteur ?

Vincent / Il m'a pas causé.

Pablo / Et ta femme, elle a bien dit quelque chose ?

Vincent / Elle veut me quitter.

Pablo / Elle veut te quitter, toi ?

Vincent / Ben oui. Elle va pas en quitter un autre.


Pablo / Mais c'est dégueulasse !

Vincent / Madame veut du moderne Je ferais pas assez moderne !

Pablo / Et la baraque ?

Vincent / Sa baraque, tu veux dire ! En plus, elle parle de vendre la baraque. Tu te rends compte ?

Pablo / Ça c'est pas sympa.


Vincent / Elle veut s'en débarrasser presque pour rien, tu t'rends compte.

Pablo / Pour rien ?

Vincent / Et je vais aller où moi, si elle ferme le musée ?

Il part

Pablo / Attends ! Combien elle veut la vendre, ta baraque ?

LES TOURISTES ET L’ANGÉLUS (JP Mourice) 3 m

Le paysan et la paysanne sont sur scène, prêt à se figer dans la position des personnages de l’Angélus. Deux touristes (genre Versailles) arrivent.

Paysan / Dépêche-toi, vlà du monde

Paysanne / Encore ! Ça n'arrête pas depuis c'matin.

Touriste femme / Regardez mon ami ! N'est-ce pas merveilleux ?

Touriste homme / C'est magnifique oui. Et un tableau tellement touchant.


Touriste femme / Rendez-vous compte, Nous sommes dans le tableau.

Touriste homme / C'est une idée très originale.

Touriste femme / Et toutes ces vaches qui nous regardent. Elles ne mordent pas au moins ?


Touriste homme / Mais non les vaches ne mangent pas de viande.


Touriste femme / Ah bon ? Et des œufs ? Elles mangent des œufs ?

Touriste homme / Aucune viande, ni œuf, ni fromage.

Touriste femme / Même du Reblochon ?

Touriste homme / Vous confondez avec les moutons.


Touriste femme
 / Ah bon ? Oh ! Venez ! Nous allons faire un sel-fie.


Ils se placent devant les personnages de l’Angeles

Touriste femme / Cheese..

Touriste homme / Cheeseburger !

Touriste femme / Oh que vous êtes drôle mon ami !!

Touriste homme / Anne Florence ! Ça m'est venu comme ça. Ça doit être l'air de la campagne.

Touriste femme / Cela change de Bayreuth, non ?

Touriste homme / Vous voyez ma chère, ici, nous sommes dans quelque chose d'authentique. Ici, c'est du vrai gens.

Touriste femme / Du encore sauvage.

Touriste homme / Du pas cultivé.

Touriste femme / C'est vrai que passer un week-end chez les bouseux, c'est une idée un peu farfelue non ?

Paysanne / C'est nous que vous traitez de bouseux ?

Touriste homme / Oh pardon. Nous ne savions pas que vous pouviez parler.


Paysan / Et bien si. On cause. D'habitude on la ferme, mais là, on peut pas toujours faire comme si qu’on était sourd

Touriste femme / Je suis horriblement gênée. Je vous prie d'accepter l'expression de nos excuses les plus condoléancées.


Touriste homme / Il faut pardonner à mon épouse ; parfois, elle dit ce qu'elle pense.


Paysanne / Bon. On va passer, mais nous, on n'est pas des bouseux. On est des acteurs.

Touriste homme / Des comédiens ?


Touriste femme / Des comédiens ! Nous sommes dans un film !


Paysan / C'est une idée du maire. C'est pas la moitié d'un con, le maire. Il veut qu'on attire les touristes.

Paysanne / Paraît qu'ils ont du pognon.

Paysan / Alors, nous on fait les paysans de l’Angelus de Millet.

Touriste femme / L’Angélus de Millet. C'est une merveilleuse idée.


Paysanne / Ma sœur, aussi, elle est comédienne. Elle fait la laitière dans une étable.

Touriste femme / Elle donne du lait ?


Paysanne / Non ! La laitière ! Du tableau de Wermer.

Touriste femme / Wermer, Wermer..

Paysanne / Un hollandais ! Faut sortir, ma p'tite dame.

Paysan / Et au café, ils font les joueurs de cartes.


Paysanne / De Paul Cezanne.

Touriste femme / Cezanne ? Il est de la région ?

Paysanne / Non. Mais le maire dit qu'on s'en fout.

Paysan / Ce qui compte, c'est attirer les touristes.


Touriste homme / Et il fait quoi le maire, pour attirer les touristes ?

Paysan / Lui il fait l'idiot du village.

Paysanne / C'est aussi un tableau de Millet.

Paysan / Tout l'monde veut l'prendre en photo.

Paysanne / Il est même drôlement doué pour faire l'idiot du village, on voit pas la différence avec les vrais.

Touriste homme / Enfin. C'est bien, mais c'est un peu, tout de même, c'est peut-être..


Touriste femme / Vous avez raison mon ami. Cela ressemble à une exploitation. Vous êtes comme dans un zoo.


Paysanne / Faut bien qu'on vive

Paysanne / Et puis, la culture, c'est dur.

Touriste femme / Tout de même ! On n'exploite pas ainsi la misère. Vous pourriez faire autre chose.


Paysanne / Par ici, y'a pas grand chose à faire.


Touriste homme / Quand même. Et vous êtes payé..


Paysanne / Mal.


Paysan / Très mal.


Touriste femme / Vous rendez-vous compte, mon ami. Il faut faire quelque chose

Paysanne / Nous on est habitués.

Touriste femme / Pas nous ! C'est très gênant. Il faut les aider.

Touriste homme / Tout à fait d'accord ! Faut que ça change !

Touriste femme / Et si nous faisions une pétition !

Touriste homme / Bonne idée Anne Florence ! Je suis certain que tous nos amis signeront.


Paysanne / Ah ben ça c'est ben gentil. Mais si j'osais..


Touriste homme / Mais osez, osez !

Paysanne / Faut qu'on aille faire une course au village.


Paysan / Juste chercher à manger.


Paysan / On en a pour cinq minutes.

Touriste femme / J'ai compris ! Vous voulez que l'on vous remplace ?


Paysan / C'est ça. Pas plus de cinq minutes.


Touriste femme / Écoutez. Allez faire vos courses. Pour nous, ce sera un honneur que de prendre votre place.

Touriste homme / Ma femme a raison. Dans la vie, il faut savoir s'entraider.


Paysan / Vous êtes trop gentil. Alors, vous vous mettez comme ça. Et monsieur comme ça.

Touriste homme / Et ce machin, c'est quoi ?


Paysan / C'est une fourche. Mais vous n'en avez pas besoin. C'est juste pour faire joli.

Touriste femme / C'est follement amusant.

Touriste homme / Comme ça, suis-je bien ?


Paysanne / Vous êtes parfait.

Touriste femme / Et doit-on dire quelque chose ? Je n'ai pas le texte.


Paysan / Surtout, vous dîtes rien.


Paysanne / Moi je la ferme tout l'temps. Dans l’Angélus, faut bien la fermer.

Paysan / Vous faîtes comme si vous étiez en train de penser à des prières.

Touriste femme / Des prières ? Mais comment fait-on ?


Paysanne / On regarde ses chaussures.


Paysan / Faut qu'on y croit.

Les deux touristes se figent dans la position des personnages du tableau

Touriste femme / Ah oui, c'est simple.

Touriste homme / Cinq minutes ?

Touriste femme / Et si y'a quelqu'un qui vient ?


Paysanne / Vous ne bougez pas.

Les paysans partent

Paysanne / Ceux-là, on peut dire qu'ils ont pas inventé l'eau chaude.

Paysan / On devrait les prendre en photo.

Ils sortent. Après quelques instants..

Touriste femme / Mon ami ? J'en ai déjà assez.

Touriste homme / Tenez bon, mon amie ! Il n'y en que pour cinq minutes.


Touriste femme / Le clocher est à plus d'un kilomètre. Il leur faudra au moins une heure pour faire l'aller retour.


Touriste homme / Vous croyez qu'ils vont revenir ?


Touriste femme / Taisez vous, et priez. On ne sait jamais..

On entend l’Angélus, les personnages son figés dans la position du tableau. Un couple entre.

Homme / Chéri, regarde ! Des parisiens !

La femme les prend en photo, puis le couple repart

Touriste femme / T'a vu les ploucs ?

Touriste homme / En plus, on dirait une vieille croûte.

C'EST COMMERCIAL (JP Mourice) 2 m 30

Tous ou presque

Un couple très guindé, et le reste de la troupe (ou presque) entre sur scène. Le couple s'adresse au public

Homme / Mesdames et messieurs..


Femme / Dans le cadre de nos soirées culturelles..

Homme / Nous avons voulu vous présenter quelque chose d'innovant

Femme / De très innovant..

Homme / Quelque chose que vous n'avez jamais vu..

Femme / Peut-être même que vous ne comprendrez rien.

Homme / Que vous n'aimerez pas du tout.

Femme / Que vous ficherez le camp.

Homme / Mais nous avons décidé de prendre ce risque.

Femme / Dans la vie, quand on ne prend pas de risque, on.. On quoi, déjà ?

Homme / On s'emmerde.

Femme / Le morceau que nous allons exécuter maintenant..

Homme / N'est pas un morceau de bidoche (Il rit de sa sortie, ce qui énerve sa partenaire)

Femme / C'est une chanson.

Homme / Un rap.

Femme / Ça va plaire aux jeunes.

Homme / Un rap commercial.


Femme / Parce que nous faisons du commercial. A cause de notre sponsor. Parce que si on était pas «sponsoré»..

Homme / On serait pas là.

Femme / Bon. On va pas coucher là.

Homme / C'est parti !

Ensuite, ils chantent le rap, les autres comédiens pouvant soit reprendre des phrases à tour de rôle, soit faire l'écho ou le chœur.

Tous / Yeah ! Yeah ! Yeah ! Yeah ! Yeah ! Yeah !

Un interprète / Ouais.

Tous le regardent de travers puis le rap démarre

Un interprète / On était dans les Alpes hier.

Tous / Yeah !

Un interprète / Y'avait pas de camembert !

Tous / Yeah !

Un interprète / On avait un studio

Tous / Yo !

Un interprète / Mangé du cabillaud

Tous / Yo !

Un interprète / Après on s'est envoyés

Un interprète / En l'air

Tous le regardent de travers puis reprennent

Tous / Yeah !

Un interprète / On a pris notre pied !

Tous / Yé !

Puis à tour de rôle /

  • Si t'as pas le moral,

  • Si t'es d'Villedieu les poêles

  • Si tu te sens pas bien

  • Si t'as envie de rien,

  • Si t'as les oreillons,

  • Mange un reblochon !

  • Tu t'sentiras moins..

Tous regardent l'interprète de travers, puis reprennent.

Tous / Rebleble. Reblochon ! Reble Reblochon !

Râpe ! Râpe ! Râpe le reblochon. Même pas râpé c'est bon !

A tour de rôle : Tu manges un reblochon

Tu vois les Alpes dans l'fond

Tu vois même la Suisse

Un Interprète / Quand tu manges du P'tit Suisse.

Tous le regardent de travers puis reprennent

A tour de rôle : Tu vois tout le Mont Blanc

Et tout ce qu'il y'a d'dans

Et tu vois la Marie

Avec le grand Jeannot

Qui sont bien occupés

Ils hésitent puis reprennent

A ramasser du lait

En été, en hiver,

En plat de résistance,

Ça sent trop bon la France !

C'est toujours la saison

Pour un bon Reblochon !

Rebleble. Reblochon ! Reble Reblochon !

Râpe ! Râpe ! Râpe le reblochon. Même pas râpé c'est bon !

Rebleble. Reblochon ! Reble Reblochon !

Râpe ! Râpe ! Râpe le reblochon. Même pas râpé c'est bon !

Un interprète / Bon !

Femme / Stop ! Je crois qu'il ont compris.

Les comédiens partent en reprenant le refrain

Rebleble. Reblochon ! Reble Reblochon !

Râpe ! Râpe ! Râpe le reblochon. Même pas râpé c'est bon !

ART MÉNAGER JP Mourice) 2 m 30

2 femmes

Décor : Une table est posée devant elles. Tissu posé dessus tombant jusqu'au plancher.

Noémie / Bonsoir mesdames, bonsoir mesdemoiselles, bonsoir Jenny

Jenny / Bonsoir Noémie. Et bonsoir messieurs.

Noémie / Merci d'êtres venus..


Jenny / Et d'être restés.

Noémie / Aujourd'hui, nous allons vous parler de l'art de la débrouille.

Jenny / Ou comment faire avec ce qu'on a.

Noémie / (Regardant un spectateur) Et quand on n'a pas grand chose..

Jenny / Faut faire avec !

Noémie / Alors.. Jenny.. Que peut-on faire avec du vieux ?

Jenny / (Regardant le public) Pas grand chose..


Noémie / Non. Je parle des objets.


Jenny / Ah oui ! Alors, par exemple, vous avez chez vous.. Une vieille bouteille de vin.

Noémie / Oui mais pour avoir une vieille bouteille de vin, il faut boire.

Jenny / Pas forcément ! Mais si vous avez un mari qui ne supporte pas la flotte, y'a toujours des vieilles bouteilles autour.


Noémie / Ah ben oui. Un mari, ça boit plus.

Jenny / Alors, dès qu'il en a vidé une. Hop, vous prenez la bouteille, et vous pouvez en faire.. Un magnifique abat-jour.

Noémie / C'est génial.


Jenny / Je ne m'appelle pas Jenny pour rien.

Noémie / Et qu'est-ce qu'on peut faire encore ? .. Jenny ?

Jenny / Vous avez des pots d'fleurs ?

Noémie / Ben oui.

Jenny / Vous prenez le pot de fleurs. Vous le retournez.

Noémie / Le pot de fleurs vide, ou le pot de fleurs plein.

Jenny / Vide, Noémie.

Noémie / Ah ben oui.

Jenny / Vous prenez le pot de fleurs, vous le retournez. Et hop, une ampoule dans le trou. Deuxième abat-jour !

Noémie / C'est incroyable.

Jenny / Vous prenez une casserole..

Noémie / Une casserole vide ou une casserole pleine ?


Jenny / Vide. Vous faîtes plein de petits trous dedans. Vous l'accrochez à un mur. Vous mettez une ampoule à l'intérieur. Et hop ! Lumière tamisée. Troisième abat-jour !

Noémie / La vache !

Jenny / C'est de l'art, Noémie. De l'art ménager.

Noémie / De l'art ménager ?

Jenny / (Elle montre la casserole). Art ménager !


Noémie / Ah ben oui.

Jenny / Ou alors ! Vous prenez une poupée. Une vieille poupée.


Noémie / Avec laquelle on ne joue plus.


Jenny / Vous la laissez debout. Vous enlevez les yeux. Une ampoule dans la tête, et hop, quatrième abat-jour.

Noémie / C'est incroyable.

Jenny / C'est une question d'inspiration.

Noémie / Et si on n'a pas de poupée ?


Jenny / On peut faire des abat-jours avec n'importe quoi.

Noémie / Avec tout ? Même avec un chien ?

Jenny / Un chien ?

Noémie / Parce que moi j'ai un chien. Il est tout le temps dans mon salon.

Jenny / Il s'appelle comment ?


Noémie / Il s'appelle plus. Quand il sera mort, je le ferai empailler. Parce que je peux pas m'en séparer.


Jenny / Un chien empaillé, c'est très facile. Avec une bonne ampoule. Il peut éclairer partout.


Noémie rit

Jenny / Et bien qu'est-ce qu'y s'passe, Noémie ?

Noémie / Je ris, parce que je pense à mon mari.

Jenny / Albert ?

Noémie / Il est encore vivant, mais bon, ça commence à faire.

Jenny / Il est tout l'temps dans votre salon ?


Noémie / Comme mon chien, sauf que lui, il bouge.

Jenny / Oui. Et vous voulez en faire quoi ?

Noémie / Et bien. C'est juste une idée. Mais imaginez que le jour où. ?. Pan ! Je le fais empailler. après. On lui mettrait une grosse ampoule où j'pense, il pourrait éclairer un stade de foot.


Jenny / Mais pourquoi pas, Noémie. Techniquement, c'est possible.


Noémie / Et pourtant, c'est pas une lumière ! (Elle rit)

Jenny / Oui Noémie. (Elles partent ensemble) Tout à fait, mais alors, il faudrait un gros projecteur, un deux mille watts.

Noémie / En fait on peut tout faire.

Jenny / Tout à fait Noémie. On peut tout faire.

Noémie / Avec tout ce que j'ai chez moi, je vais en faire des truc. Chez moi, c'est un vrai bazar.


Jenny / Noémie ! Aujourd'hui, le bazar, et demain.. Les beaux Arts.


Noémie / Jenny, vous êtes un génie.

Jenny / Vous l'avez déjà dit.

LES ROIS DU VERNISSAGE (JP Mourice) 2 m

Toute la troupe

Lors d'un vernissage, deux hommes se rencontrent, chacun un verre à la main

Marcel / Ça alors ! Maurice !

Maurice / Marcel !

Marcel / Santé !

Maurice / Et vive la culture !

Marcel / T'as visité.

Maurice / J'ai jeté un œil. Y'a pas grand chose à voir.


Marcel / J'ai vu mieux.


Maurice / T'as vu l'buffet.


Marcel / Le peintre ?


Marcel / Non. Le buffet. La bouffe.

Marcel / Si. J'ai commencé par ça. Mais ils ne servent pas encore.

Maurice / Y'a des choux à la crème ? L'autre fois à l'expo sur l'art pictural en Amazonie, y'avait que des amuse-gueule, mais là, ils ont mis des petits fours.

Marcel / En art contemporain, y'en a toujours plus.


Marcel / Et y'a à boire ! Heureusement, c'est pas une expo avec de la peinture à la flotte !


Maurice / C'est de la peinture à l'huile.

Marcel / Des huiles, y'en a partout

Maurice / Et quand y'a des huiles, y'a ce qu'il faut dans l'buffet.

Marcel / Tu l'as dit. .. Au fait, tu l'as eu comment, ton invitation ?


Maurice / J'ai fait la poubelle du maire.

Marcel / Moi, Je l'ai trouvé dans la corbeille de la gendarmerie. Quand ils m'ont arrêté pour ivresse sur la voie publique.


Maurice / Moi je ne rate jamais un vernissage.

Marcel / En plus, c'est gratuit.

Maurice / Tu peux bouffer à l’œil, et te le rincer aussi. (Il regarde une femme) T'as vu celle-là ?


Marcel / Y'a du beau linge..

Maurice / Elle irait bien dans mon salon.

Marcel / Dans ton salon ? Dans ta chambre, tu veux dire.

Maurice / Qu'est-ce tu veux ? Moi je m'intéresse à tout ce qui est beau. La beauté, c'est mon truc.

Marcel / Heureusement qu'on est là pour soutenir. Qu'est-ce qu'ils deviendraient, les artistes, sans nous ?

Maurice / Et oui.. Eu fait, pour le costume, t'as fait des frais.

Marcel / Forcément, exposition d'art contemporain. Ça s'marie bien.


Maurice / Heureusement que c'est pas une exposition de nus ; pour entrer, faudrait qu'on vienne à poil.

Une femme entre, un verre à la main

Josette / Alors les hommes ! On vient pour s'instruire

Marcel / Josette ! On s'demandait si tu allais venir.

Josette / Oh ! Tu m'as déjà vue rater un buffet ? .. Dis donc, qu'est-ce qu'y'a comme monde.

Maurice / C'est un artiste qui marche bien.


Marcel / On a même assisté à ses débuts.


Maurice / Et c'est vrai , on n'était pas nombreux au début.

Deux autres femmes entrent, un verre à la main.

Rosie / Ras l'bol des discours !

Aline / Ça cause, ça ça cause ! Et moi, j'en ai marre de me taper toujours les mêmes discours.


Rosie / J'aime mieux me taper les petits fours.


Le reste de la troupe entre, un verre à la main.

Viviane (Ou Vivian) / Alors ? Qu'est-ce que vous foutez ?


Marcel / Ben ! Où vous étiez ?


Viviane / Au buffet ! Ils ont commencé à servir.

Maurice / Merde ! Faut s'grouiller, sinon dans cinq minutes, y'aura plus rien du tout.

Marcel / Elle a raison. Quand ils vont avoir fini leurs discours, il vont s'battre pour aller bouffer.

Rosie / Et si on attend, y'aura plus grand chose pour se caler.


Maurice / T'as raison ! Allez ! Tout l'monde à la bouffe !

Ils sortent

Tous / Et vive la peinture !

LA RONDE DES STATUES (JP MOURICE) 5 m

Tous ou presque

Un présentateur (ou une présentatrice) s'avance devant le public

Présentateur / Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous avons avoir la joie de vous informer que vous allez maintenant, enfin pouvoir admirer les plus grande statues du monde en exclusivité mondiale, dans les différents thèmes qui ont inspiré les plus grands sculpteurs du monde et de la région. Mesdames et messieurs, les voici.

Les comédiens et comédiennes entrent et marchent sur la scène en chantant :

Chœur des comédiens / La peinture à l'huile, c'est plus difficile, mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau.

Ils s'arrêtent et se figent dans une pause censée illustrer le thème annoncé.

Les statues peuvent être collectives ou individuelles. Elles sont imaginées par les comédiens. (Les statues données ici le sont à titre d'exemple). La pause des statues lorsqu'elles sont figées ne devrait pas durer plus de 5 secondes. Après chaque tableau, elles recommencent à tourner sur la scène.


Présentateur / Mesdames et messieurs, la poésie !

Les comédiens tournent en chantonnant

Comédiens / La peinture à l'huile c'est plus difficile mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau (bis) (Puis ils se figent et se taisent)

Statue lisant un livre

Statue cherchant l'inspiration

Statue clamant des vers

Statue écrivant

Statue clamant des vers avec une autre se bouchant les oreilles

...

Présentateur / La musique !

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statue d'un rockeur

Statue d'un chanteur avec une autre se bouchant les oreilles

Statue jouant de la contrebasse (2 personnes)

Statue d'un orchestre jouant chacun d'instrument … Ils repartent

Présentateur / La danse !

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

State d'un couple dansant la valse

Statue d'un danseur (Genre Opéra de Paris s'envolant dans les airs)

Statue d'un danseur tentant de soulever une danseuse

Statue d'une danseuse genre Opéra de Paris …

Présentateur / La religion

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statue de Jésus les bras en croix

Statue de Bernadette Soubirou

Statue d'un curé faisant la quête …

Présentateur / Le sport !

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statue levant les bras en signe de victoire

Statues de coureurs prêts pour un cent mètres (une autre statue est à un mètre devant)

Statue de joueurs de pétanque

Statues jouant à saute-mouton

Statue discobole … Ils repartent

Présentateur / Les monuments au morts !

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statue protégeant d'autres statues de son corps

Statue entouré de ses enfants disant à l'ennemi de partir

Statue regardant l'horizon.

Statue touchée au cœur. Par un ennemi …

Ils repartent

Présentateur / Les arts ménagers !

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statue levant les bras en signe de victoire (même statue que pour le sport)

Statue secouant la salade (même que pour le discobole)

Statue ouvrant une marmite et regardant à l'intérieur

Statue giflant une autre statue (femme giflant un homme)

Statue femme avec ses enfant disant à une statue homme de partir) (même que pour le monument aux morts) .. Ils repartent

Présentateur / Les beaux arts

Les comédiens recommencent à tourner en chantant, puis se figent.

Statues posant devant le peintre comme modèle

Statue posant de dos devant le peintre (comme si elle lui faisait voir ses fesses)

Statue peignant avec son chevalet

Statue posant fièrement .. Ils repartent

Présentateur / Et enfin ! …. La photographie !

Aussitôt tous les comédiens se regroupent comme pour une photo de famille. Puis l'un deux sort fait un sel-fie.

Tous / Ouistiti... Sex !


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