Manon je voulais m’excuser pour le début de la pièce, les photos. Tout ça j’ai été lourd enfin.

Ok

J’ai fait de la soupe t’en veux ? Je fais jamais la soupe mais là … Comme t’avais toujours faim. J’ai pensé. Et puis voilà je te désire (difficulté inouïe à dire le mot). Je te … Je te dé…

Tout se contracte. Un mot qui vient de si loin. Le laisser s’échapper, s’envoler. Ce n’est qu’une scène après tout. Un pauvre mot dans une scène. Rien de plus. C’est faux. C’est pour de faux. Non. Rien n’y fait. Les mots viennent de trop loin. D’un pays inhabité. D’un pays que je n’ai jamais habité. Alors tout se reconstruit. Tout prend place dans ce corps gelé. Les Alpilles petites soeurs jalouses des Alpes; imposent leurs force tranquille tout autour de moi. Les pierres millénaires des cités romaines. Les cailloux qui lacèrent les pieds nus. Les pieds sont continuellement nus. La lavande. Les chansons provençales du carnaval « Chauch vieille, Chauch vieille que la peau du cul te pèle, à cheval sur ton cabris vole vole chauve-souris, à cheval sur ton hibou vole vole loup-garou ». Les Kinder Bueno comme un cadeau, comme une allégeance. Les parties d’épervier véritable Bagdad à ciel ouvert où chaque fois la sonnerie proposait une trêve, une armistice bienvenue. Et ce soleil. Ardent. Brulant. Le soleil honnis et idolâtré. L’autorité suprême. Celle qui rend insoutenable ma présence à ses cotés. Les volets qui se ferment face à sa toute puissance. Dans les temps bénis de l’enfance, les volets se refermeront souvent pour laisser la terreur émerger dans la maison. De cette terreur qui calcine le corps et lui laisse des cicatrices invisibles. Le corps comme champs de bataille que l’on découvre plus tard. Bien plus tard.

La terreur devient douleur quand elle est tue. Quand de son expression ne lui ai proposé que l’ingratitude. La place à prendre. Ou plutôt la place imaginée pour moi  auquel je ne dois pas me soustraire. Tu honoreras ton père et ta mère. 4 ème commandement. Dogmes qui gravent les êtres dans le marbre et ne leurs permettent d’en sortir qu’en faisant fondre la statut pour la stature tombale. Maison d’un infini. Une vie sous emprise. Alors se jouent les mondes. Celui de l’intime où tout émerge Où tout se fracasse entre violence et infinie solitude du dire.

Celui du théâtre. De la représentation. Celui des Noëls ou rien ne se dit, où tout se tait. Comme si les lieux chauffés outre mesures ne hurlaient pas les râles des fantômes passés ? Comme si la figure paternelle, l’autre, le grand-père, n’imposait pas en permanence sa loi ? Comme si cela pouvait en être autrement. Comme si la terreur d’aujourd’hui ne se confondait pas dans la grande symphonie du corps des hommes avec celle d’hier, d’avant-hier, de la nuit des temps des hommes.

« Pazu à la maison, tu vas faire des heureuses ». « Il doit plaire à toute les filles ». « Avec ton papa on trouve que tu as grossi ». « Tu es beau ».

Le couperet tombe. Je n’aurai pas d’autres choix que d’être le fils beau. De tenir cette place. Mon petit frère aura la médaille du charisme, du meneur d’homme et mon grand-frère »maladroit et honteux comme un roi de l’azur » pourra fédérer autour de lui tant d’amis.

7 ans. Je suis le fils beau. Il me faut des étoffes dignes de cette beauté. Ce sont de sublimes souliers vernis à scratch Geox. Plutôt des basket rouges et beiges permettant un maintient franc et solide tout en laissant le pieds respirer. Car comme chacun sait, Geox est un chaussure qui respire. Paré de mes plus beaux atours je pouvais affronter le monde. Une belle sortie en VTT aura raison de mes souliers vernis. Il faut croire que la parole performative de la beauté ne vient pas forcément avec l’équilibre et la compréhension de l’utilisation de freins.

9 ans première communion. Si le baptême me permet de ne pas sombrer dans les limbes en cas de mort du nourrisson, la communion me donne une place dans le royaume de Dieu. Une place rangée et établie. Voilà ma mère rassurée. Ici la tenue devient drapée, que dis-je véritable manteau royal. Quand chacun se contente d’une chemise blanche, d’un pantalon beige et de Stan Smith immaculées, Pazu leurs rient au nez. Trop peu pour lui. Ce sera un tee-shirt blanc avec un motif de panthère en son centre. Tee-shirt qu’il pourra réutiliser avec des baskets dont il n’aura pas à attacher les lacets, summum rébellion. Tremble jeune Che Guevara. Afin d’affirmer sa propension à n’être pas comme tout le monde, Pazu choisi un bermuda blanc. En accord avec une pureté qui le suivra toute sa vie. En réalité le bermuda, anormalement grand, suggère une après-midi barbecue où l’activité principale consiste à ne ne pas se tacher de ketchup et autres moutardes. Le cadeau de sa famille s’impose comme la cerise d’un gâteau qu’il sait de très bon goût. Une magnifique gourmette au motifs imposants dont il manque seulement le nom. Fort de cette armure de glace qui ne manquera pas de fondre au premier rayons de soleil, Pazu aborde son sourire le plus séduisant.

10 ans. Le jeune Pazu a bien grandi. Il en sait déjà long sur la vie. Le football et la vie lui ont appris une chose essentiel : se mettre en retrait, adopté la posture de celui qui, après avoir tout vu, est revenu de tout. Regarder les autres jouer au loin et se moquer légèrement de cette bataille du milieu pour un hypothétique ballon. Assurer ses arrières. Toujours. Ne surtout pas ressentir. Il est beau. Son papa le lui a dit. Alors le jeune Pazu décide de s’affirmer davantage au monde. Ce sera un jean imitation trouée parce que vraiment troué ce serait irrespectueux. Une ceinture cloutées. Imitation cloutées faute d’abimer le pantalon, bien entendu. Le tout parsemé d’un subtile sweat zippé violet à motif. Le monde allait voir ce qu’il allait voir et ne s’en remettrait jamais vraiment.

Tout entier construit sur cette place d’homme à prendre. Ce rôle à jouer sur la scène si étroite de la vie. Je le savais dans ma chaire. Tout entier terrorisé par ma propre mort. Par ma propre vacuité. J’étais un demi-dieu. Ni tout à fait mortel et donc vivant.Ni tout à fait libre d’explorer le goût si singulier de la mort. Un esclave de moi-même en proie au terrible soumission. La colère sourde pour ne pas tout à fait s’éteindre. Le cynisme inscrit pour ne pas complètement entrer dans le monde des hommes. Dans le corps des hommes.Celui qui engendre et éteint. Celui d’une leçon bien apprise. Le monde à feux et à sang. La bite en glaive soulevée. « Ô grands hommes la patrie reconnaissante ».

Affronter le père. Tuer le père. Trouver un espace en dehors du père. Un espace qui serait le mien. Le mien propre. Où le jeu des places et des affrontements entre le roi et le fou pour une Reine fragile et incapable s’échapperai en nuées étoilées. Puis un jour les mots. Rimbaud. Fort. Abd al Malik. Brel. Pas de femmes. Pas encore. Des mots venus d’un autre temps. Des mots d’une douleur universelle. Des mots pour penser les plaies béantes. Des mots pour partir. Loin. Tout de suite. Des soleils qui procréent. Qui se reproduisent. Se multiplient. Des soleils par milliers loin des petits souliers. Des soleils qui s’embrasent. Un foyer. Jamais, je le sais, ce feu ne mourra en moi. Par torrent. Par habitude. Sortir du monde pour écouter chacune de mes larmes perler. Jouir de cette abondance du chagrin. Faire pénétrer le sel dans l’armure d’Achille. Plonger à mon tour dans le cycle de la violence à la racine.

Jean Racine a tout senti. Tout pris dans son corps et tout laisser se taire. Il est l’homme du mutisme. Le grand écrivain du mutisme. D’une parole qui ne se dit pas et donc irradie en permanence. Comme ces monstres informes qui tentent de s’échapper de tonneaux ou de châteaux dans les films de Miyazaki. Il met en jeu Achille. Guerrier flamboyant, amoureux d’Iphigénie dont le destin est d’être sacrifiée par son père Agamemnon afin que celui-ci, fort de ses prérogatives de roi des rois des grecs puisse obtenir les vents favorables afin de conduire sa flotte vers Troie. Toujours une histoire de dieux trompeurs et de destin joueur.

Ici Achille affronte son père. Il affronte l’autorité. Les muscles saillants et la verve haute. Il est un demi-dieu. Il est beau. Il est fort. Il tombe dans tous les pièges. Il s’avachit devant sa colère. Se perd devant son père. Sombre dans les abîmes de son enfance.Il ne sait plus pourquoi il se bat. Pour qui ? Pourquoi ? De quelle place ? Pour quelle place ? Tout entier sous l’emprise de la terreur comme l’animal face à la mort. Il a perdu et s’est perdu. Il entre dans cet espace où larmes se confondent aux cris. Où le sel prend le goût du souffre. Où le corps majestueux devient la plus flamboyante prison.

Rendez grâce au seul noeud qui retient ma colère.

D’Iphigénie encor je respecte le père.

Peut-être sans ce nom, le chef de tant de Rois

M’aurait osé bravé pour la dernière fois.

Je ne dis plus qu’un mot, c’est à vous de m’entendre.

J’ai votre Fille ensemble, et ma gloire à défendre.

Pour aller jusqu’au coeur, que vous voulez percer,

Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.

Achille est entré dans la bulle de l’orgueil. Les pieds joints. Il est malheureux. Malheureux comme un chien. Il n’aime pas Iphigénie. Il voudrait l’aimer de tout son coeur. Etre pour elle. Etre dans elle. Mais il ne l’aime pas car Achille ne trouve pas de porte pour s’aimer lui-même. Pour faire entrer la lumière.

Rendez grâce au seul noeud qui retient ma colère.

D’Iphigénie encor je respecte le père.

Peut-être sans ce nom, le chef de tant de Rois

M’aurait osé bravé pour la dernière fois.

Je ne dis plus qu’un mot, c’est à vous de m’entendre.

J’ai votre Fille ensemble, et ma gloire à défendre.

Pour aller jusqu’au coeur, que vous voulez percer,

Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.

Rendez grâce au seul noeud qui retient ma colère.

D’Iphigénie encor je respecte le père.

Peut-être sans ce nom, le chef de tant de Rois

M’aurait osé bravé pour la dernière fois.

Je ne dis plus qu’un mot, c’est à vous de m’entendre.

J’ai votre Fille ensemble, et ma gloire à défendre.

Pour aller jusqu’au coeur, que vous voulez percer,

Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.

(D’abord guerrier flamboyant, le comédien se décompose au fil de la relation et des répliques pour finir à genoux, en larmes, petit garçon)

Et puis la réminiscence de ce Sud d’un autre temps. Aller chercher des basket avec papa. Une musique. Une caresse. Toute la douceur des hommes.

Je chante pour passer le temps

Petit qu’il me reste de vivre

Comme on dessine sur le givre

Comme on se fait le coeur content

A lancer cailloux sur étang

Je chante pour passer le temps

J’ai vécu le jour des merveilles

Vous et moi souvenez-vous en

Et j’ai franchi le mur des ans

Des miracles plein les oreilles

Notre univers n’est plus pareil

Je chante pour passer le temps

Allons que ces doigts se dénouent

Comme le front d’avec les gloire

Nos yeux furent premiers à voir

Les nuages plus bas que nous

El l’alouette à nos genoux

Allons que ces doigts ce dénouent

Nous avons fait des clairs de lunes

Pour nos palais et nos statuts

Qu’importe à présent qu’on nous tue

Les nuits tomberont une à une

La Chine s’est mise en commune

Nous avons fait des clairs de lune

Et j’en dirais et j’en dirais

Tant fut cette vie aventure

Où l’Homme a pris grandeur nature

Sa voix par-dessus les forêt

Les monts les mers et les secrets

Et j’en dirais et j’en dirais

Oui pour passer le temps je chante

Au violon s’use l’archet

La pierre au jeu des ricochets

Et que mon amour est touchante

Près de moi dans l’ombre penchante

Oui pour passer le temps que chante

(texte de Louis Aragon, chanson de Philippe Léotard, mise en musique Léo Ferré. Chanter le plus tendrement ces mots)

Devenir un homme. De la tête aux pieds. Sans préambules.

Tout arrive. Le corps. Le sexe. Objet non identifié.

« Pazu au tableau ». Putain le monde s’ouvre sous mes pieds. JE BANDE. Cette pensée irradie ma peau, ma tête, mon âme … Elle s’impose. Prend toute la place. Absolument toute la place. Mes pensées ne sont plus qu’un sexe qui s’agrandît, petit à petit. Qui s’agrandit. S’insinuant partout. Il change la forme de mon pantalon. La pression exercé sur la couture est si forte. Les boutons vont être éjectés les uns après les autres. Devenir des projectiles visant les yeux de mes camarades. Ces regards qui n’attendent que ça. Ces bouches veules toutes prêtes à se fondre, se vautrer dans le rire le plus gras.

Bientôt de mon malheur interprète sévère,

Votre bouche à la mienne ordonna de se taire.

Je disputai longtemps, je fis parler mes yeux.

Mes pleurs et mes soupirs vous suivaient en tous lieux.

Enfin votre rigueur emporta la balance,

Vous sûtes m’imposer l’exil ou le silence.

Le voilà qui se meurt. Se contorsionne selon son bon vouloir. Se contorsionne à loisir. S’échappe de moi-même.Echappe à moi-même. Objet inanimé doué d’une volonté propre. Structure informe. Inégale. Déréglée. Qui cherche sa place. Sa verticalité. Un navire chancelant qui se penche sur le tribord des eaux tourmentées. A force d’efforts pour ne pas se noyer, ne pas boire la tasse; la structure chancelle jusqu’à se détacher tout à fait.

(Le comédien tente de maitriser son sexe tout au long de la réplique puis voit qu’il lui échappe)

Qui est-tu ?

D’où viens-tu ?

Apparement nous devons vivre ensemble ?

Comment te percevoir autrement que comme mon ennemi ?

Comment imaginer que tu n’es pas l’arme destinée au gueuloir de ma plus sourde violence ? Comment te penser autrement que comme un danger pour les autres ?

Comment accepter et reconnaître mon désir avec ta présence à l’intérieur de moi.

Qui suis-je ?

D’où est ce que je parle ?

Comment être dans ce monde sans mots alors que tout hurle à l’intérieur ?

Maman mon zizi est devenu tout dur. Mon zizi se mouche tout seul. Je ne suis plus un enfant mignon ? Plus le fils beau. Tu changes ton regard sur moi. Maman que se passe t-il ? Pourquoi ne ne me regardes-tu plus tout à fait comme un enfant fragile ? Pourquoi gardes-tu les bras ouverts aux monstres que je me vois devenir ?

Papa dois-je abhorrer cela ? Refuser mes attributs masculins ? Papa tu ne me proposes que de mourir à la guerre. Papa tu ne m’invites qu’à imposer mon corps à l’autre.  Comment fait-on pour être un homme. Comme faire pour dire OUI à ce désir brûlant ? Ce désir permanent ?

Plonger dans la pornographie. Seul compromis entre désir et castration.

D’images en images en images en images en images en images en images en images en images. Des corps. Des scénarios. Des sexes. Rechercher dans ces images, l’imago de la mère. Que la castration soit totale. Une punition. Une humiliation. Chaque fois sous le regard inquisiteur de la mère, le sexe se détache de mon corps. Il en réchappe. Fragments par fragments. S’étire. S’étire. S’étiiiiiiiiiire.

(Dans un geste demandant un effort, le comédien s’arrache le sexe pour le porter ensuite en trophée, à la manière d’une coupe du monde de football.)

La castration est totale. Brutale. Je ne connais que la violence. Soit. Mais elle sera entièrement tournée vers moi. Un chevalier blanc qui ne vivra jamais tout à fait. Puis tomber, sombrer dans la pornographie…

Au royaume de la réjouissance instantanée. Dans les limbes du réel. J’ouvre la porte de ce monde féérique. L’autre Disney. Les temps infini des images qui défilent. Des histoires douces et réconfortantes. De l’enfant enveloppé dans lui-même. Une histoire qui se finit toujours bien. Normalement. L’histoire des places et des normes non changeables. Retourner à l’enfance. Inlassablement. Coûte que coûte. Se noyer, boulets aux pieds, dans cette enfance. Celle de l’autre. Celle auquel je me raccroche bouffi de nostalgie.

Et cette quête de la mère. Partout. Tout le temps. J’entre en pornographie comme on passe la frontière d’un pays. J’entre en pornographie pour trouver ma mère. Pour échanger vraiment avec elle. Trouver un endroit où elle n’aurait d’autres choix que de me regarder dans ma plus profonde vérité. Jeune homme cherchant à envelopper de tout son amour ce gamin si perdu. Sans toutefois en avoir conscience. Jusque dans mon espace le plus intime. La tâche se répand sur le buvard. Que faire de l’autre espace ? Un espace où ce moi profond émerge dans ces plus beaux atours et sa plus lumineuse force de vie. NON. L’emprise est là et est totale. Un grand voyageur à la gare de Lyon. Affublé de son costume jaune pastel. D’une cravate violette trop serrée qui tait tout, enferme tout. Et cette petite valise rikiki dont on devine que les concepteurs n’ont jamais eu à s’en servir. Cette valise dans laquelle 3 caleçons ne pourraient cohabiter avec 5 tee-shirts. Cette valise porte la charge de toute la honte du monde.

Je ne me suis tu cinq ans,

Madame, et vais encore me taire plus longtemps.

De mon heureux rival j’accompagnai les armes. `

J’espérai d’y verser mon sang après mes larmes,

Ou qu’au moins jusqu’à vous porté par mille exploits

Mon nom pourrait parler, au défaut de ma voix.

Inerte. Débarrassé de cette arme. Cette arme qui m’oblige à rester vigilant à moi-même; concentrer sur la crête pour ne pas tomber dans le danger. Ne pas être dangereux. Ne pas être dangereux. Ne pas être dangereux. Ne pas être dangereux. Ne pas être dangereux. Ne pas être dangereux. Surtout ne pas être dangereux. Alors se substituer à l’homme. Refuser catégoriquement la pleine puissance qui est la mienne. Sortir du monde pour se recroqueviller muscles après muscles, temps après temps dans l’eau originelle. Le liquide protecteur de la mère.

La figure de la mère en pornographie.

Le cardigan porter sur les seins que l’on devine.

Ces simples phrases me plongent dans une indicible honte. Le vêtement délicatement retiré, ou non. La prise en charge de la femme, bien plus âgée, sur le jeune homme. Entre soumission et castration de la mère. Entre scénarios hollywoodien et viol de la femme sur le presque enfant. Une relation d’emprise. Jaunes, verts, bleus, pourpres, bordeaux; ces cardigans recherchés et honnis. Cette terreur de l’inceste. Du fantasme de l’inceste. La machine à fantasme. Du plus doux au plus brutal avec la honte chevillée au corps. Une fois le sperme éjecté. Les gouttes visqueuses et flasques comme un poison qui flétrit la peau. Alors la honte. Alors la solitude. Alors le vide. Abyssal. Le grand silence du monde. Le scripte si étroit de fantasmes qui ne nous appartiennent pas et dont nous portons la culpabilité, nous contorsionnant pour que les chaînes aux pieds ne fassent aucun bruit.

L’excitation semble première sur le vêtement parsemé de ces formes. Comme si le délassement du vêtement n’occasionnait que la frustration de ne plus avoir un accès visuel à celui-ci. Je me raccroche, me perd dans le bout de gilet qui couvre les épaules, les avants-bras ou plus simplement tombe par terre, en arrière-plan. Mais toujours visible sans mise au point particulière. Comme si dans la félinité où lions et tigresses s’arrachent à eux-mêmes; il me faut la présence de la mère. Que chacun de ces mots me brisent. Que chacun de ces mots me soulagent.

Que vous dirais-je enfin ? Je fuis des yeux distraits

Qui me voyant toujours, ne me voyaient jamais.

Adieu, je vais le coeur trop plein de votre image,

Attendre en vous aimant la mort pour mon partage.

Surtout ne craignez point qu’une aveugle douleur

Remplisse l’Univers du bruit de mon malheur,

Madame, le seul bruit d’une mort que j’implore,

Vous fera souvenir que je vivais encore.

Sortir de la mère pour découvrir l’autre. Accepter d’être changé par l’autre.Se plonger dans ce bel inconnu. Cet autre Je. Ce gilet n’est rien d’autre qu’un bout de tissu auquel je m’attache comme à un doudou. Petit lapin troué de part en part qui semble se confondre en moi-même. Petit lapin ou substitut de ce cordon ombilicale dont la douleur de la fin fut telle qu’il faut le réinventer. Et le pouce sur la bouche. Et les doigts sur les yeux. Recréer le sein accueillant et doux de ce début du monde.

Est-ce que Antiochus rompt immédiatement tout possible d’amour parce que sa mère est trop présente ?

Parce qu’il projette encore trop sa mère dans l’objet du désir ?

Inacceptable. Créer la condition de la non condition. Jamais. Entre impossibilité de dire et impossibilité de se taire. Le conflit interne aussi est une guerre. Le chaos à chaque pas. Et qu’importe que les cicatrices du monde s’ouvrent à nouveau, les unes après les autres. C’est toujours plus réconfortant, plus doux que de regarder les siennes propres.

Antiochus ou moi ?

Moi ou Antiochus ?

Antiochus n’est rien de moins qu’un autre Achille chez Racine. Guerrier flamboyant, il prouve son courage en flirtant avec la mort. Nez à nez. Bouche à bouche. Il valide. Il coche les case si étroite de la bravoure et disons le, de cette virilité qui fait de lui un homme. Les racines de la virilité s’insinues en lui jusqu’à le faire tronc. Structure solide et inerte. Immuable et intouchable. Qu’il s’agisse d’un sentiment de toute puissance chez Achille ou d’une extraordinaire capacité à s’éloigner du bonheur chez Antiochus; c’est toujours et encore l’armure qui ne sait plus se fissurer et dont l’alliage prend corps avec la chaire.

Je me suis tu cinq ans,

Madame et vais encore me taire plus longtemps.

De mon heureux Rival, j'accompagnais les les armes,

J’espérai d’y verser mon sang après mes larmes,

Ou qu'un moins jusqu’à vous porté par mille exploits,

Mon nom pourrait parler, au défaut de ma voix.

Le ciel sembla promettre une fin à ma peine.

Vous pleurâtes ma mort, hélas, trop peu certaine.

Inutiles périls ! Quelle était mon erreur !

La valeur de Titus surpassait ma fureur.

Il faut qu'a sa vertu mon estime réponde.

Quoiqu’attendu, Madame, à l’Empire du monde,

Chéri de l’Univers, enfin aimé de vous;

Il semblait à lui seul appelle tous les coups,

Tandis que sans espoir, haï, lassé de vivre,

Son malheureux rival ne semblait que le suivre;

Je vois que votre coeur m’applaudit en secret,

Je vois que l'on m’écoute avec moins de regret,

Et que trop attentive à ce récit funeste,

En faveur de Titus, vous pardonnez le reste.

Enfin après un siège aussi cruel que lent,

Il dompta les Mutins, reste  pâles et sanglant,

Des flammes, de la faim, des furets intestines,

Et laissa leurs Remparts cachés sous leurs ruines.

Rome vous vit, Madame, arriver avec lui.

Dans l’Orient désert quel devint mon ennui !

Je demeurai longtemps errant dans Césarée,

Lieux charmants où mon coeur vous avait adorée.

Je vous redemandais à vos tristes Etats,

Je cherchais en pleurant les traces de vos pas.

Mais enfin succombant à ma mélancolie,

Mon désespoir tourna mes pas vers l’Italie.

Le sort m'y réservait le dernier de se coups.

Titus en m'embrassant m’amena devant vous.

Un voile d’amitié vous trompa l'un et l’autre;

Et mon amour devint le confident du votre.

Mais toujours quelque espoir flattait mes déplaisirs,
Rome, Vespasien, traversait vous soupirs.

Après tant de combats Titus cédait peut-être.

Vespasien est mort, et Titus est le maître.

Que ne fuyais-je alors ! J’ai voulu quelques jours

De son nouvel empire examiner le cours.

Mon sort est accompli. Votre gloire s’apprête.

Assez d’autres sans moi, témoins de cette fête,

A vos heureux transports viendront joindre les leurs.

Pour moi, qui ne pourrais y mêler que des pleurs,

D’un inutile amour trop constante victime,

Heureux dans mes malheur, d’en avoir pu sans crime

Conter toute l’histoire aux yeux qui les ont faits,

Je pars, plus amoureux que je ne fus jamais.

Pourquoi le temps de la gravité ?

Pourquoi la chape de plomb absolu, si tout cela n’était pas si grave ?

Si rien ne l’était réellement ?

Si la honte comme la plume que porte Azur se détachait de son propriétaire, de son tortionnaire à la vue du plus majestueux des oiseaux.

Vous voyez devant vous un prince déplorable,

D'un téméraire orgueil exemple mémorable.

Moi, qui contre l’Amour fièrement révolté,

Aux fers de ces Captifs ai longtemps insulté,

Qui des faibles mortels déplorant les naufrages,

Pensait toujours du bord contemplé les orages,

Asservi maintenant sous la commune loi,

Par quel trouble me vois-je emporter loin de moi !

Hippolyte.

Guerrier reconnu et fils d’une Amazone est un symbole. Le symbole des hommes. De la nuit des temps des hommes. Hippolyte est est le fruit d’une nécessité. De cette nécessité qui fait homme. De cette nécessité où tout se coupe. Où le corps devient cette chaire que l'on transperce ou qui se fait canon. La violence pour unique horizon. La violence pour unique horizon et la perception de la violence pour unique horizon. Autour d’Hippolyte personne n’ose s’approcher. Seul. Fascinant. Sa bulle s’étend sur plusieurs mètres. l’odeur du souffre et de la poudre, toujours en toile de fond.

Hippolyte acculé sous le poids du père de la mère. Se révèle. Se relève. Il se regarde et décide de faire rouiller cette armure qui l'empêche de bouger en écoutant chacune de ses larmes se confondre dans l’alliage, jusqu’à le dissoudre. Nu. Exposé. Il s’offre à Aricie corps et âme. Il s’offre sans plus de phares à l’horizon.

Dans le fond des forêts votre image me suit.

La lumière du jour, les ombres de la nuit,

Tout retrace à mes yeux les charmes que j’évite.

Tout vous livre à l'envie le rebelle Hippolyte.

Moi-même pour tout fruit de mes soin superflus,

Maintenant je me cherche et ne me trouve plus.

Mon arc, mes javelots, mon char tout m’importune.

Je ne me souviens plus des leçons de Neptune.

Il s‘abandonne dans ses yeux. Achève la destruction du dernier barrage. Le coeur s’ouvre totalement. Hippolyte s’offre tout entier à lui-même.

Et ne rejetez pas des voeux mal exprimés,

Qu’Hippolyte sans vous n’aurait jamais formés.

Par la force des ces paroles. par la fin du mutisme. Hippolyte meurt définitivement à lui-même. La figure sociale s’éteint. La naissance d'autre chose. Une autre entité. Un autre Je. Plus profond. Plus dense. Un vertige. Une folie. Quelque chose atour du Je. Je. Je / Te / Désire.

Une nuit dans les bras. L’extrême sens du toucher. La peau. Les os. La chaleur suffocante à la rencontre du rude froid d’hiver. Un tourbillon. Une alchimie qui se confond. L’harmonie de deux. D’un pas de deux. Le souffle qui jaillit et rejaillit et jaillit à nouveau. Cette respiration qui gagne en densité. En sobriété. Se fait plus intime. Plus intérieure. Elle est là. Et le corps ne peut être autre chose que l’écoute de cette respiration. De ce souffle nait une braise. Simple. Calme. Sans intention. Le souffle se fait conducteur. La flamme attise la poitrine haletante. La poitrine se perd en elle-même. Se fait cage. Tout cherche à exploser dans cette cage. A se propager. Puis le feu à la seule force du désir. La peau se fait brasier. Le plus infime toucher. Le duel indécis, de peaux à peaux. De corps à corps. Bientôt la déflagration. Les poumons véritables soufflets de forges. Les flammes se rompent. Se perdent pour revenir avec toujours plus d’intensité. La déflagration est là. La chaire se consume sous les coups de boutoirs de cette chaleur indicible. Le feu est tout. Le corps meurt sous la puissance extatique du feu. Plus rien ne compte. Ni l’heure. Ni les fraîches angoisses du crépuscules. Non plus cette peau et ses formes toujours imparfaites; toujours tortionnaires. N’existe plus le froid glacial du dehors. La peur innommable de mourir. Les jouets. Les friandises chocolatées du pays de l’enfance. L’eau sur la peau de juillet. L’ambiguïté permanente de la caresse. A cet instant volé à la vieille horloge, le corps sort de lui-même pour mieux y revenir. Une fois le corps définitivement abrasé. Le feu s’éclipse comme il est venu.

Hippolyte est le fruit d’une agression, d’un butin. Hercule fait cadeau à Thésée d’une Amazone. Antiope. Dès lors, Hippolyte doit être ce grand guerrier au coeur sec. Repoussant toutes formes d’amour à son égard. Plus encore, il s’inscrit lui-même dans ce conte. Enfermé dans cette figure du masculin perdu. Hippolyte est le fruit d’un viol. Un homme éduqué et construit pour mourir à la guerre et recevoir son butin si cette mort n’advient pas. Thésée, père d’Hippolyte, jouit de son butin. Il soumet cette femme Amazone, en a peur. Craint son indépendance. Il la part d’étoffe du masculin. L’histoire d’une guerrière prête à mourir dans les draps du courage. Il impose la nuit nuptiale. De celle qui gèle les femmes à vie. Geôlier universel de sa prison. L’enfant est là qui regarde cette femme retrouver sa place assignée de mère. Antiope devient bâtard à elle-même. Ou plutôt bâtard dans les yeux des autres. Des hommes. De ceux qui terrorisé par sa puissance et jouissance de vie l’enferme dans une caricature si grossière, qu’elle en devient risible.  Hippolyte se doit d’incarner le masculin. Le masculin social. Guerrier impavide et impassible. Il est courageux. Malheureux comme un chien errant. Perdu partout. Chez lui ou ailleurs. Mais courageux.

Avec quelques couleurs qu’on ait peint mal fierté,

Croit-on que dans ses flancs un Monstre m’ai porté?

Quelles sauvages moeurs, qu’elle haine endurcie

Pourrait, en vous voyant, n’être point adouci ?

Hippolyte est enfermé dans cette image que les autres donnent de sa propre mère. Il se confond dans l’inconscient collectif, avide à faire de lui un Monstre sanguinaire. Au prétexte que sa mère ne fut pas l’objet malléable des hommes. Au prétexte qu’elle ne prit pas sa part dans la servitude volontaire. Au prétexte qu’elle n’accepta pas sagement le jeu millénaire de la dinette.

« Voici venu le temps des comptes. Le temps abrupt et délicieux où le chasseur récupère sa part du butin. Cette part qui lui revient de droit. Je suis ta part. Ce pourquoi, aveuglement, tu fis jaillir le sang de tes semblables. Ce pourquoi les yeux convulsèrent. Les chaires se calcinèrent. Ce pourquoi les cris devinrent hurlement, puis fracas permanent. Ce pourquoi ce bruit devint un silence. Un silence inaudible. Cette humanité qui ne sait rien d’elle même jusqu’à s’affronter au plus profond de sa perte. Tes mains rouges sur mon corps glacial. Tes mains qui s’appuient, qui passent, qui cherchent à arracher. Tu veux le feu. Tu veux la chaleur. Il te faut absolument cesser de mourir de froid à chaque seconde. Ton sexe dans le mien. A plusieurs reprises. Ton entrée dans la banquise. Un enfant qui jaillit. Contemple cette enfant. Sais ! Au plus profond de toi, quand tu cherches à le voiler, sais que ce mâle que tu chéris tant est né d’un NON. Né de la colère. Toi dont j’entends encore les râles de plaisir. Toi dont je vois les muscles se bander exactement comme sur le champs de bataille. Toi perdu comme un enfant au moment du sperme. Toi qui cherche désespérément la tendresse dans mes yeux de feux. Toi qui plonge dans la solitude infinie. L’histoire de la violence, c’est l’histoire du NON. Voici ta leçon. Voici le prix exorbitant de cet apprentissage. A présent le soleil ne s’offre plus pour tes yeux aveuglés. Entre dans ta nuit éternelle ».

Qui est Hippolyte ?

Un mâle dominant ?

Un poids lourd ?

Un fardeau ?

Un soldat ?

La figure en chaire de l’immortalité du pouvoir ?

Dans les yeux de Thésée. Dans les yeux de celui qui vainquit le Minotaure et asservit une Amazone, Qui est Hippolyte ?

Quel miroir lui offre-t-il ?

Quelle terreur se loge dans le coeur du géniteur ?

Qui est cet enfant qui naquit de la spoliation du coeur de la chaire ?

Qui est le père d’Hippolyte ? Thésée.

Qui est Thésée ?

Si tous les chaos, toutes les apocalypses commencent dans les yeux d’un gosse, prennent racines dans la colère inexprimable de l’enfant; alors Thésée est un rouage dans la grande roue du sang.

Son sang et celui de l’altérité se mélangent dans le grand océan des larmes. Du bourreau à la victime. De l’adulte à l’enfant. Une seule et même danse. Un seul et même rythme. Une danse qui enivre puis tombe dans la nausée jusqu’à ce que chacun se perde dans celle-ci.

Et Hippolyte de danser à son tour. Et Pazu de danser à son tour. Régis par des temps immémoriaux. Leurs temps immémoriaux.

Depuis près de six mois honteux, désespéré,

Portant partout le trait dont je suis déchiré,

Contre vous, contre moi vainement je m’éprouve.

Présente je vous fuis, absente je vous trouve.

Dans le fond des forêts votre image me suit.

La lumière du jour, les ombres de la nuit,

Tout retrace à mes yeux les charmes que j’évite.

Tout vous livre à l’envie le rebelle Hippolyte.

Un pas de coté.

Une lumière. Un recul. Un autre monde. Un monde émerge. Qui prend forme à partir de cet ouragan. Un désir qui ne se tait plus. De la délivrance du dire. La parole s’envole. Les mots sortis de soi pour nommer le monde. Des mots comme des yeux neufs à regarder, à s’émerveiller. Et soudainement le soleil et la lune deviennent beaux. Deviennent compagnons de route. La honte n’est plus seule dans le royaume du corps.

Hippolyte lâche calmement la main du père et de la mère. Calmement se défausse de ses vêtements. Les rends à la terre. Il laisse jaillir ses larmes, sa transpiration, son eau. Son sperme également. Il rend à la terre. Offre à la terre. Et de la terre de recevoir. Et de la terre d’accueillir l’eau. De l’irriguer. Et de Pazu de s’y baigner. De s’immerger dans cette eau. Nu. D’y entrer le coeur absout de graisse. De toucher le moment suspendu où le corps au contact de l’eau accepte le potentiel de noyade. Accepte tout. Les mots pour se délester. Pour se noyer en soi-même. Pour laisser la mort nous emporter. Pour que la vie devienne geyser. Les mots entre vides et pleins. Les mots pour choisir la danse.

Notre danse.

                                             Paul Auster

                                                                                                Toni Morrison      Abdulrazak Gurnah

Marguerite Duras 

                                Chantal Ackerman          

                                                                                    Chinua Achebe

              Jean genet                                                                           Paul Claudel

Craig Thompson

(Une main tournée la paume vers le soleil, une autre la paume exposée à la terre, le comédien place son orteil gauche sur son orteil droit et se met à tourner, à tourner et tourner encore).

سلام

ياحلم بسرعة فات

لما اتعشمت بيك جاية بسلم عليك

ودعنى باهتمام

سلام

أنا تقريبا مشيت اشوف وشك بخير

أنا تقريبا نسيت ومفارقاك من كتير

بعد لقانا الأخير

مش بستطعم كلام

يا سنين عمرى وبقيتها اللى أنا معشتهاش

يا قصة جيت قريتها فجأة مكملتهاش

يا حكاية أما ابتديتها نزل فصل الختام

يا سنين عمرى وبقيتها اللى أنا معشتهاش

يا قصة جيت قريتها فجأة مكملتهاش

يا حكاية أما ابتديتها نزل فصل الختام

سلام

انت وأنا باختصار بينا مفيش اتفاق

جوانا فيه انكسار

برانا في كبرياء مع إننا من الفراق

محناش طالعين سُلام

يا سنين عمرى وبقيتها اللى أنا معشتهاش

يا قصة جيت قريتها فجأة مكملتهاش

يا حكاية أما ابتديتها نزل فصل الختام

يا سنين عمرى وبقيتها اللى أنا معشتهاش

يا قصة جيت قريتها فجأة مكملتهاش

يا حكاية أما ابتديتها نزل فصل الختام

نزل فصل الختام

سلام

وأنا همشي من سكات

(artiste -interprète :  Souad Massi, compositeur Khaled Lzz, parolier : Nader Abdellah).


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