L’épidémie

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Deux jeunes espions extra-terrestres sont envoyés par le gouvernement de leur planète sur la Terre, en Franchie plus précisément, pour rendre compte à leur hiérarchie si cette Terre pourrait être colonisée et accueillir leurs habitants un jour prochain.
Pour être au plus près de la réalité franchisienne, les espions se font passer pour des journalistes en formation.
Afin que leur atterrissage ne soit pas repéré par la défense franchisienne, le gouvernement de leur planète fait croire par différents procédés aux autorités franchisiennes qu’il s’agit d’une invasion d’extra-terrestres de grande ampleur. De plus à l’arrivée des deux espions une épidémie de grippe survient en Franchie…
Ces différents évènements vont évidemment perturber le pouvoir et la population franchisiens en ayant des conséquences sociales, culturelles et économiques inédites.

Cette pièce de théâtre se veut une chronique humoristique d’une épidémie qui pourrait bien sévir dans notre pays.

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SCÉNE I

 

(Bureau. Panneau avec un planisphère. Le chef de mission, Meuf et Keum portent tous les trois des masques d’extra-terrestres, des gants à plusieurs doigts, des palmes aux pieds)

Le chef de mission, Meuf et Keum

Le chef de mission : Entrez, entrez, chers espions interplanautes. J’irai droit au but. Comme vous l’avez appris notre Comité Suprême nous a confié une mission de la plus haute importance : nous informer sur les formes de vie d’une planète de la galaxie que nos astrophysiciens ont découvert. Selon eux elle contiendrait 80 % d’eau et s’appellerait pourtant la Terre.

Meuf : (récitant) Cette planète a une atmosphère compatible avec la nôtre et il nous est possible d’y respirer.

Le chef de mission : Effectivement. Je vois que vous avez déjà consulté le dossier. Nous voudrions en savoir plus sur cette planète et sur ses habitants.

Keum : (récitant) Elle est habitée par des êtres vivants et dominée par une espèce animale appelée : hominidés.

Le chef de mission : En effet. Comme vous le savez nous rencontrons sur notre planète des problèmes de pollution qui pourraient détruire progressivement toute forme vitale. La pollution se développe : excédent de gaz carbonique, développement des oxydes d’azote et toutes ces particules de toutes sortes qui se trimballent dans notre atmosphère. Cela risque de devenir de plus en plus invivable. C’est donc pour cela que le Comité Suprême a décidé de vous envoyer en mission de reconnaissance sur cette planète afin de savoir si l’espèce animale des hominidés rencontre des problèmes du même type et ce qu’ils envisagent pour les résoudre. Nous avons décidé que vous vous rendriez sur un territoire de cette planète appelée la Franchie. En fonction de vos informations le Comité Suprême pourra décider si nous pourrons faire venir notre population sur cette planète Terre.
Keum
 : Ce serait une invasion en quelque sorte.

Le chef de mission : En quelque sorte

Keum : Mais les terriens vont nous repérer tout de suite avec notre apparence.
Meuf : Et nous parlerons quelle langue avec eux ?

Le chef de mission : Nos services scientifiques ont réussi à obtenir des représentations des habitants de cette planète et vous allez subir un lifting complet afin de leur ressembler. D’autre part le passage par notre système d’anti-détection et d’anti-pollution vous permettra de ne pas être repérés en apparaissant sous la forme de terriens. Quant à langue parlée il s’agit du franchouillard. Vous verrez que cette langue ressemble étrangement à la nôtre. (au public) Il faut dire que cela permet aussi une communication plus facile et il faut penser au public pour qu’il puisse suivre l’action. (à Meuf et Keum) Par ailleurs vous ne vous appellerez plus ni Charles Edouard, ni Anne-Mathilde. Vos prénoms terriens seront (montrant la fille) vous Meuf et (montrant le garçon) vous Keum

Meuf : Meuf ?

Keum : Keum ?

Meuf et Keum ensemble : Pourquoi ?

Le chef de mission : D’après nos experts ce sont des prénoms très courants sur la planète Terre. Allez vite vous préparer et revenez pour que je vous explique ce que nous attendons de votre mission. Meuf et Keum sortent)

Le chef de mission : (parlant dans un mini micro)  Allo, est ce que la cabine de téléportation pour nos deux interplanautes est prête ? Très bien. Avez vous préparé les dispositifs d’ondes furtives pour faire croire aux radars terriens que plusieurs flottes de vaisseaux spatiaux veulent se cacher pour entrer dans leur espace. OK. Parfait. (riant) Ils vont avoir une de ces peurs ces Terriens.

(Entrée de Meuf et Keum sans les masques et costumes d’extra terrestres )

Meuf et Keum ensemble : Nous voilà Chef

Le chef de mission : (sursautant) Ah, vous m’avez fait peur. Qu’est ce qu’ils sont laids ces Terriens. Bien. Voici notre plan. Vous allez vous rendre dans la capitale de la Franchie. (montrant sur le planisphère) Elle s’appelle Chamboisy sur Thérain, (montrant un point sur la planisphère) C’est ici.

Keum : Comment dîtes vous ?

Le chef de mission : Chamboisy sur Thérain, c’est ici. C’est la capitale administrative de la Franchie.

Keum : Pourquoi n’avez vous pas plutôt choisi celle-ci … (désignant un point sur planisphère et lisant) Paris sur Seine. Nous avons regardé avec Anne, pardon avec Meuf, les différentes capitales et il nous semblait que Paris sur Seine aurait été un bon choix.

Meuf : Il y a des boutiques de luxe

Keum : Des restaurants et des bars

Meuf : Des musées : l’Elysée, le Matignon, le Moulin Rouge.

Keum : Des p’tites hominidés femelles

Meuf : Des beaux mâles hominidés.

Le chef de mission : (Les interrompant) Je vous rappelle que vous ne partez pas en voyage touristique, mais pour une mission de reconnaissance importante. Pourquoi Chamboisy sur Thérain ? Parce que, d’après nos experts, les grandes décisions en Franchie se prennent là. Les représentants du pouvoir terrestre, l’état major de leurs armées, les conseils d’administration de leurs multinationales, le siège de leurs grandes banques, leurs équipes de recherche, bref le centre névralgique de la Franchie se trouve là et c’est donc là que vous irez pour vous intégrer à l’équipe des médias locaux en vous faisant passer pour des journalistes en formation venant d’une autre région de leur planète : La Celtitude. Nous vous donnerons tous les renseignements nécessaires sur cette région si vous êtes questionnés et nous vous donnerons les documents certifiant que vous êtes journalistes. En intégrant l’équipe des médias nous espérons que vous obtiendrez toutes les informations que nous recherchons. Voici une check-list pour vous aider à sérier les problèmes rencontrés et les consignes à suivre pendant votre mission. Vous arriverez à destination par téléportation temporelle. Vous connaissez l’utilisation du téléporteur vous l’avez déjà utilisé pour d’autres missions.

Keum : Le télé porteur nous scanne et enregistre notre structure pour la garder en mémoire.
Meuf : Il nous désassemble en particules élémentaires et les fait transiter le long d’un rayon d’énergie jusqu’à un endroit défini

Keum : Et nous rematérialise à cet endroit selon le schéma enregistré dans la mémoire.

Le chef de mission : Bien. A vous de vous débrouiller une fois sur place, mais comme vous êtes des pros de l’espionnage, nous vous faisons confiance, vous ne manquez pas de ressources.  Par ailleurs, en envoyant des ondes furtives nous ferons croire aux terriens, que des vaisseaux fantômes vont atterrir sur leur planète. Vous serez donc les témoins de cette opération et pourrez en suivre les étapes. Cela nous informera sur les réactions de la population terrestre … si un jour nous décidons de l’annexer et qu’elle devienne une colonie de notre planète. Anne- Mathilde, Charles-Edouard, je vous fais confiance

Les 2 en même temps : Meuf, Chef.  Keum, Chef.

Le chef de mission : Excusez-moi, j’avais oublié. Rappelez-vous que nous resterons en contact par le canal stellaire 43BW6. Bonne Chance !
Meuf et Keum ensemble : Merci, Chef ! (Ils font un salut militaire et sortent)

 

NOIR

 

SCÈNE II

 

Voix off : Quelques heures terrestres plus tard dans le bureau de la Princidente de la Franchie

 

La Princidente, le général Bidasse, la Superviseur, la SurIntendante,

 

La Princidente : Chers amis, si je vous ai réunis pour ce conseil de défense et de sécurité c’est parce qu’évidemment la situation est grave, vous vous en doutez. Général Bidasse, pouvez vous nous expliquer la situation.

Le général Bidasse : Nos forces de sécurité stellaires ont repéré dans notre espace aérien des ondes qui s’apparenteraient à la venue de vaisseaux spatiaux extra terrestres. Notre système de défense anti-envahisseurs planétaires n’a pas été capable de les détruire.

La Surintendante : C’est bien la peine de dépenser de l’argent pour des systèmes de défense inefficaces.

Le général Bidasse : Je ne vous permets pas, Surintendante, de critiquer notre système de défense, il a toujours été infaillible

La Surintendante : Quand en avez-vous fait usage la dernière fois ?

Le général Bidasse : (gêné) Eh bien…

La Surintendante : C’est ce que je disais inefficace et onéreux.

Le général Bidasse : (se levant excité) Je vais vous montrer si je suis inefficace !

La Princidente : Je vous en prie, calmez-vous, général et vous aussi, Surintendante. En tous cas, cela semble indiquer que des extraterrestres cherchent à s’implanter sur notre planète. (s’adressant à la Superviseur) Madame la Super Viseur, qu’en pensez-vous ?

La Superviseur : Je ne suis pas du même avis que le général Bidasse. D’après nos services de renseignements du ministère de la Supervision intérieure il ne semble pas que ces fameuses ondes se soient dirigées vers la Franchie. Peut-être qu’un autre continent est la cible de ces fameux « extra terrestres », comme vous dites, mais nous n’avons aucune preuve de leur existence

Le général Bidasse : Mes forces de sécurité sont formelles

La Superviseur : Mes services de renseignements aussi.

La Princidente : Que proposez-vous ?

La Superviseur : Par mesure de sécurité, pour être sûr qu’il n’y a pas je ne sais quel potentiel « envahisseur étranger » je propose de faire contrôler à nos frontières tous les possesseurs de cartes d’identité et de passeports.

Le général Bidasse : Moi, Madame la Princidente, j’estime que le contrôle des cartes d’identité et des passeports ne suffit pas. Ils peuvent être falsifiés par « les ennemis de l’extérieur ». Nous devons développer le contrôle des individus aux frontières par les outils de reconnaissance faciale, oculaire et même nasale.

La Princidente : Bien. Tant que nous n’avons pas d’informations plus précises nous préconiserons ce type de contrôle renforcé.

Le général Bidasse : Néanmoins cela m’étonnerait qu’ils atterrissent chez nous, ils doivent bien savoir qu’ils auraient à qui parler en cas d’attaque, nous avons une force de frappe que nous envient bien des continents.

La SurIntendante : Surtout quand elle n’intervient pas.

Le général Bidasse : Retenez, moi, Princidente, où je vais faire un malheur.

La Princidente : (criant) On se calme !!

Voix off :  Les médias sont là, Madame la Princidente.
La Princidente : Les médias sont déjà là. Mais qui les a prévenus.
Le général Bidasse : Euh…c’est peut-être quelqu’un de mon état major. Sans doute mon aide de camp, il a la langue bien pendue et ….

La Princidente : Bravo pour la discrétion, général. Heureusement que l’armée est la grande muette. Je suppose que c’est cet individu qui avait déjà clamé sur tous les toits l’été dernier que nous allions entrer en guerre avec la Prusse orientale

Le général Bidasse : Je l’avais pourtant bien prévenu ne rien dire aux médias.

La Princidente : Général Bidasse, si vous continuez à ne pas vous faire respecter, vous allez vous retrouver troufion sous une guérite. A vous de démentir auprès des médias.

Le général Bidasse : Ce sera fait, Madame la Princidente. (Il sort)

La Surintendante : On dirait qu’il a les chocottes le général va-t-en guerre

(La Super intendante et la Super viseur rient)

La Princidente : Mesdames, je vous en prie, un peu de sérieux. (gardant son sérieux puis se mettant à rire) Mais je lui ai foutu la frousse. (Elles sortent en riant)

 

 

SCÈNE III

 

 

Tom : (répondant à son smartphone) Nous avons de nouveaux newsers (prononcer niouzeur)  stagiaires et c’est moi qui dois me charger de leur formation. Dis-moi, dois je prendre ça comme une punition ou une reconnaissance de mon talent pédagogique. Ouais, ouais, ouais, vil flatteur, tu n’as pas envie de te coltiner ce boulot et tu me l’as refilé. Bon, puisqu’il semble que je n’ai pas le choix, je ferai au mieux. (Entrée de Meuf et Keum) Ah, je crois que les voilà. À plus. (Tom éteint son smartphone)

(Tom s’adresse à Meuf et Keum) Alors c’est vous les nouveaux stagiaires envoyés par l’école des médias pour apprendre le métier de newseur à « Tévé Super Plus ». La direction m’a informé de votre venue et je suis votre référent pour votre formation en alternance. Sachez que « Tévé Super plus » est la chaine TNTTT la mieux informée de toute la Franchie, car elle est en contact direct avec nos gouvernants.
Keum : C’est une télévision d’état ?
Tom : Oh, non, malheureux, nous tenons à notre liberté d’expression. Nous sommes sponsorisés tant par des banques que par des opérateurs des télécoms, que par des entreprises du luxe et autres entreprises d’armement. Comme vous le voyez il y a une grande diversité de sponsors, donc nous n’avons de comptes à rendre à personne.
Keum : Pas à vos sponsors ?
Tom : Euh… si évidemment …puisqu’ils sont actionnaires. Mais ça me semble normal qu’ils sachent comment est utilisé leur investissement. Vous n’êtes pas d’accord ?
Keum : Si, si, bien sûr

Tom : Au fait comment vous appelez vous ?

Keum : Moi, c’est Keum

Meuf : Et, moi, Meuf.
Tom : C’est joli et original, c’est vrai que ce sont des prénoms à la mode. Moi, c’est Tom, je suis « newseur »

Keum : Journaliste en quelque sorte.
Tom : Oui, mais un newseur doit apporter une info rapide, chercher le scoop attractif, créer le buzz. Le newseur doit toujours se trouver dans l’actualité immédiate. Figurez-vous que pour votre premier jour de stage journalistique vous avez de la chance, car aujourd’hui s’est produit un évènement d’importance.

Keum : Que voulez vous dire ?
Tom : C’est un super scoop ! Écoutez plutôt. L’aide de camp du général Bidasse, commandant en chef des forces armées - même en temps de paix – a laissé entendre que les forces de sécurité stellaires de la Franchie auraient repéré des ondes furtives laissant présumer que des vaisseaux spatiaux d’extraterrestres, vous entendez d’ «extra terrestres », auraient pénétré dans notre espace aérien.

Keum : Ce n’est pas possible.

Meuf : C’est incroyable.

Tom : Mais le général Bidasse vient de démentir cette information. Cependant par mesure de sécurité au cas où cette information se révèlerait exacte il a été décidé de renforcer le contrôle aux frontières des ressortissants étrangers.

Keum : Mais comment vont-ils pouvoir repérer ces « extra-terrestres » ?
Tom : En vérifiant les pièces d’identité, en effectuant des relevés d’empreintes digitales et oculaires, en utilisant des systèmes de reconnaissance faciale et vocale.

Keum : Ils ont pensé à tout. Mais à quoi ressemblent-ils ces extra-terrestres ?

Tom : On ne sait pas, mais tout est possible. Il s’agit d’un ennemi invisible et pourtant bien présent, voilà ce que je peux vous dire.

 

SCÈNE IV

 

Le douanier : Halte, Monsieur. (Montrant le sol devant lui) On s’arrête ici.

Le travailleur frontalier : Bonjour Pedro. Qu’est ce qui te prend aujourd’hui, tu nous fais une crise d’autorité. Tu t’es fait remonter les bretelles à la maison ?
Le douanier : Je ne suis pas Pedro. Je suis Monsieur l’agent de la force publique aux frontières.
Le travailleur frontalier : Evidemment, Pedro, je connais tes fonctions.

Le douanier : Pas de Pedro, je vous ai dit. Montrez- moi vos papiers.
Le travailleur frontalier : Tiens, tu me vouvoies maintenant. Tu me fais marcher. On se connait depuis si longtemps. Je ne vais pas te présenter mes papiers d’identité tout de même. Je ne te les ai jamais montrés quand je passe la frontière. D’ailleurs je ne les ai pas avec moi, ce n’est pas la peine, puisqu’on se connait.

Le douanier : Je vois. Vous refusez d’obtempérer en ne présentant pas vos papiers d’identité publique. Très bien. Vous allez me suivre et passer tous les contrôles d’identité

Le travailleur frontalier : Allons, voyons, Pedro, tu sais bien que je dois aller travailler de l’autre côté.

Le douanier : Je ne sais rien du tout. Je ne sais pas si vous n’êtes pas un extra terrestre qui a pris l’apparence d’un frontalier.
Le travailleur frontalier : Dis, tu rigoles ?

Le douanier : Non, et, vous, vous rigolerez moins après les contrôles.
Le travailleur frontalier : Très bien, alors soyons sérieux. Comment vont faire les agriculteurs de l’autre côté de la frontière si tu arrêtes tous ceux qui viennent travailler dans leurs champs. Ils ont besoin de nos bras et ici on a besoin de l’argent qu’on ramène.

Le douanier : J’veux pas le savoir. Un contrôle est un contrôle. Ce sont les ordres. Suivez-moi.

Le travailleur frontalier : (en sortant) Ce monde est devenu fou. On n’y reconnait plus ses amis.

 

SCÈNE V

 

Keum : Alors quelles sont les dernières nouvelles, Monsieur le newseur ?

Tom : (le reprenant) « Monsieur le newseur ! » Allons, appelle-moi Tom ce sera plus simple.

Keum : OK… Tom.

Tom : Les premiers résultats des contrôles ont permis de faire un tri. Plusieurs centaines de personnes qui venaient travailler en Franchie ont été refoulées, car les forces de l’ordre ont estimé qu’elles présentaient toutes les caractéristiques d’étranges étrangers.

Keum : C'est-à-dire ?

Tom : Par exemple la couleur de leurs yeux ne correspondait pas à celle en usage ici.

Keum : Je ne comprends pas.

Tom : D’après ce qu’on m’a dit beaucoup de ces étrangers ont été refoulés parce qu’ils avaient des yeux bleus et verts au lieu de la couleur oculaire d’ici qui est noire et marron.

Meuf : (regardant Tom) Mais, vous… vous avez bien des yeux bleus.
Tom : Euh …oui, mais il peut y avoir des exceptions.
Keum : (sur le ton de la confidence) Dites, vous êtes un étrange étranger. (à Meuf ) Qu’en penses-tu ?

Tom : (gêné) Je… je suis né dans le continent voisin, mais j’ai toujours vécu ici depuis ma tendre enfance. Je peux vous montrer mes papiers d’identité. (Il va sortir son portefeuille)

Keum : Allons, Tom, ce n’est pas un contrôle.
Tom : Ah, oui, suis-je bête.

Keum : Quoi d’autre ?

Tom : Il paraît que les agriculteurs qui emploient des saisonniers venant de l’autre côté de la frontière se sont plaints auprès du gouvernement des contrôles qui empêchent ces saisonniers de venir travailler dans leurs champs pour les récoltes. Sinon ils seront obligés d’employer des autochtones. Ils devront les payer plus cher et les loger avec tout ce que cela comporte comme frais : l’eau, le gaz, l’électricité. Et les légumes, les fruits, les agrumes risquent de coûter plus chers aux consommateurs. Ce sont les effets collatéraux des contrôles. Mais on ne peut laisser entrer chez nous n’importe qui. Pas vrai ?
Keum : Bien sûr, Tom, il faut protéger nos frontières.

 

SCÈNE VI

 

La Super Viseur, la Princidente, le général Bidasse

 

La Super Viseur : Madame la Princidente, les scientifiques sont formels. D’après eux certains éléments amènent à penser que des extra-terrestres sont parvenus à atterrir sur notre sol. Je reconnais que je n’ai pas cru aux allégations du Général Bidasse et je m’en excuse auprès de lui.

Le général Bidasse : Ah quand même !

La Super Viseur : Mais nous nous demandons si ces « étrangers planétaires » ont des velléités hostiles ou non, nous n’en savons rien pour le moment.

La Princidente : Que faut il faire ?

Le général Bidasse Pour moi ils sont venus pour conquérir notre planète. Les romans et les films de science fiction nous l’ont déjà montré. Nous devons donc nous battre et gagner le combat contre ces envahisseurs. Je me suis battu contre les terroristes, les animistes, les antipapistes, les utopistes, les bolcheviks, les apparatchiks, les agnostiques, ce ne sont pas des petits hommes verts, bleus, nègres ou niakoués qui vont me faire peur.

La Princidente : Certes, général, certes, je reconnais là votre bravoure. Mais quelles mesures prendre désormais pour repérer ces extraterrestres qui d’après vous ont débarqué chez nous ?

La Super Viseur : Pour moi il faut renforcer les contrôles sur les routes, les autoroutes, les aéroports, les gares, les pistes cyclables, les pistes de skateboard …

La Princidente : Très bien, très bien. Mais renforcer les contrôles… n’est ce pas un peu prématuré ? Nos compatriotes vont croire que nous voulons mettre en place un régime autoritaire.

Le général Bidasse Nous sommes en guerre contre un ennemi extérieur il faut donc prendre des mesures radicales.

La Princidente : Calmons-nous. Comme je vous l’ai dit nous ne connaissons pas leurs intentions. Ne pourrait on pas d’abord essayer de communiquer avec eux ?

Le général Bidasse Communiquer ! Si nous communiquons avec eux ils vont estimer que nous sommes en situation de faiblesse et ils nous élimineront. Non, il faut montrer nos muscles et notre super puissance en déployant notre cavalerie, notre artillerie, nos blindés et tout notre arsenal nucléaire,

La Princidente : Cependant ne pourrions-nous pas essayer de leur envoyer un message pacifique par l’intermédiaire de notre canal sidéral qui n’a jamais encore été utilisé…évidemment.

La Super Viseur : En souhaitant qu’il fonctionne.

Le général Bidasse :  Pff, pour moi c’est inutile… mais c’est vous la patronne. En tous cas je vous aurai prévenu.

(Ils sortent, la Princidente reste seul)

La Princidente : Ce n’est pas possible, j’ai la scoumoune, après la révolte des gilets noirs dans les rues pour obtenir une augmentation de leur pouvoir d’achat comme si c’était moi qui pouvais faire baisser les prix. Après les manifs du populo contre ma proposition de réforme de la retraite à l’âge que l’on choisit. Après les écolos qui occupent les centrales nucléaires, après les manifestations des apiculteurs, des aviculteurs, des sylviculteurs il y a eu celles des blouses roses dans les hôpitaux, celles des gilets orange des communaux, celles des bleus de chauffe des mécanos maintenant ce sont des jeanfoutres d’extra-terrestres qui viennent m’emmerder en voulant envahir notre belle Franchie. Moi qui rêvais d’aller passer le week-end avec mon chéri sur la côte de corail, c’est encore raté. Ah, il faut aimer le pouvoir pour exercer ce job à la con !

(Elle sort)

SCÈNE VII

 

Keum : (en train de téléphoner avec son smartphone) Allo, Chef. Chef vous m’entendez ?

Voix off du chef : Je vous entends.
Keum : D’après notre newseur, le gouvernement de la Franchie souhaiterait savoir quelles sont nos intentions. Qu’allez-vous leur répondre ? (Un temps) Vous allez leur répondre que vous réfléchissez. Bien. Je ne sais pas si ça va tellement les satisfaire, mais c’est vous qui décidez. Où nous en sommes de notre mission ? Nous avons rencontré jusqu’à maintenant des gens sympathiques, mais qui sont un peu apeurés par notre « invasion ». Une invasion à deux ! (Il rit) (Entrée de Tom) Voilà le newseur je suis obligé de vous laisser (Il éteint son smartphone)

Tom : Vous connaissez la dernière nouvelle ? Non, évidemment c’est du top secret. Nous allons communiquer avec les ET par un canal de transmission sidérale secret. Et devinez qui a été chargé d’être le porte-parole de notre gouvernement pour leur envoyer un message leur demandant s’ils ont des intentions pacifiques ou belliqueuses ? Hein ? Qui d’après vous ?

Meuf  : Ben… la Princidente ?

Tom : Non.
Keum : Le général Bidasse dont vous nous parlez si souvent.
Tom : Non, Mesdames, Messieurs. Ce sera… Moi. Tom, le super newser de la Franchie.

Keum : Ouah, bravo Tom. Mais nous sommes stupides ça ne pouvait être que vous, évidemment. Vous maitrisez tellement les techniques de communication.

Meuf : Et vous savez faire preuve de diplomatie.

Tom : Voilà. Je suis le messager céleste auprès des ET, vous vous rendez compte. Je suis une espèce d’ange annonciateur. (Un temps) J’espère toutefois qu’ils nous enverront un message pacifique parce que je n’ai pas envie de me retrouver correspondant de guerre.

Keum : Mais en quelle langue allez-vous communiquer avec les extraterrestres ?

Tom : D’après ce que m’ont dit des experts spécialistes de science fiction ils seraient capables de parler toutes les langues… même la nôtre qui est pourtant si difficile, car même les Angliches ne savent pas la parler correctement.

Meuf : (réfléchissant) Excusez-moi, mais je suis en train de penser que nous et vous, nous pourrions être arrêtés en tant qu’extra-terrestres puisque nous parlons franchouillard ? C’est stressant !

Keum : (Un temps) Ah oui, tu as raison.

Tom : Mais non, ne craignez rien. Nous ne pouvons pas être des ET puisque j’ai été sélectionné pour être la voix de la Franchie, nous ne sommes pas la voix de l’étranger, voyons. Soyez rassurés. Imaginez un ET responsable de l’information ou un présentateur de journal télévisé qui serait en fait une intelligence artificielle. (Il rit)

Ce serait vraiment rigolo. (sur le ton de la confidence) Entre nous il faut que je vous dise que si j’ai été choisi c’est …

Keum : Pour vos compétences

Meuf : Pour votre relationnel

Tom : Oui bien sûr, bien sûr ; mais aussi – je compte sur vous pour ne pas le divulguer - parce que… parce que je suis le fils de la secrétaire d’état à la propagande gouvernementale.

Meuf : Ah, d’accord. En effet ça peut aider.
Keum : Ainsi la Princidente peut être sûre que la parole gouvernementale ne sera pas dénaturée.

Tom : Évidemment.

 

SCENE VIII

 

La Superviseur Le général Bidasse La Princidente

 

La Superviseur : Ils ont répondu à notre messager intersidéral le newseur Tom de la Batelière : « Nous réfléchissons. »

Le général Bidasse :  Ouais, ils réfléchissent sans doute comment rassembler leurs OVNI et leurs troupes avant de lancer leur assaut interplanétaire. Moi, c’est tout réfléchi, il faut se mettre en ordre de bataille. Mais pour éviter qu’il y ait des dégâts collatéraux pour les civils il faut qu’ils évitent de sortir de chez eux. Pour cela à mon avis il faut recourir au casernement et à la privation temporaire de liberté de circulation pour que nos troupes aient le champ libre dans les rues, sur les routes et dans les cieux.
La Princidente : Vous allez bien vite en besogne, général, ils ne nous ont pas envoyé une déclaration de guerre que je sache. Casernement général, ça me semble un peu radical. Parlons plutôt de … de confinement partiel. Dans confinement on entend « couffin » ça a davantage un côté cosy que le casernement. Attention, je dis confinement partiel car notre industrie doit malgré tout continuer de produire, notre industrie militaire particulièrement, si jamais il y avait un conflit interplanétaire.

Le général Bidasse :  Ah, vous me donnez raison.

La Princidente : En partie, en partie. Ainsi je déclare que toutes les personnes en âge de travailler devront soit télé-travailler, soit rejoindre leur poste de travail.

La Superviseur : Mais que faire si les ET s’infiltraient parmi les travailleurs en exercice pour saboter notre industrie ?

Le général Bidasse :  Nous avons perdu assez de temps à savoir s’il fallait contrôler à nos frontières ou dans la rue. Maintenant nous savons que l’ennemi est à l’intérieur. Il est partout.

La Princidente : Néanmoins, je le répète, il est essentiel que nos compatriotes puissent se déplacer pour se rendre à leur travail.

La Superviseur : Il sera donc nécessaire que la police et la gendarmerie fassent des contrôles à l’entrée des usines, des ateliers, des bureaux, des restaurants, des églises, des mosquées, des synagogues.

La Princidente : Pourquoi les édifices religieux ?

La Superviseur : Parce que les ET sont peut-être en relation avec des ecclésiastiques radicaux qui souhaitent mettre en place un état religieux

Le général Bidasse :  Quant aux individus tant masculins que féminins n’exerçant plus d’activités professionnelles je propose qu’ils ne sortent qu’une heure par jour et se déplacent dans un rayon d’un kilomètre.

La Princidente : Cela m’étonnerait que les plus âgés de nos concitoyens aillent traîner une heure dehors.

Le général Bidasse :  Oh, oh, on ne sait jamais, ces seniors ont de la ressource, il n’y a qu’à voir le nombre d’adhérents dans leurs clubs de randonnées. Ils font plutôt une dizaine de kilomètres par jour qu’un kilomètre. Pour éviter que nos policiers et militaires ne leur courent aux trousses je propose qu’ils présentent une autorisation de déplacement autorisé qu’ils devront faire tamponner dans les commissariats de police ou dans les casernes des forces armées.

La Princidente : Très bien, je vais transmettre ces recommandations aux préfets. On ne pourra pas dire qu’on ne protège pas nos chères petites têtes chenues.

 

 

SCÉNE IX

 

 

Panneau : ICI C’EST MOINS CHER QUE CHEZ MOINS CHER

 

La Super intendante, la Superviseur

 

La Surintendante : (s’adressant au public) Mesdames, Messieurs, je vous rappelle que nos magasins seront ouverts désormais, non plus jusqu‘à minuit, mais jusqu’à dix neuf heures (cris de réprobation en coulisses)

La Superviseur : Cette mesure ne nous satisfait pas, nous non plus, car bien évidemment nous perdons de l’argent. Mais nous devons nous méfier que les extraterrestres ne viennent piller nos provisions. Pour cela nous avons mis en place une organisation de la distribution. (à la Super Intendante) Dites-leur.

La Surintendante : D’abord nous n’accepterons qu’une seule personne par famille. Vous ferez la queue en fonction de votre situation familiale. Une colonne est prévue pour les femmes seules avec enfants à charge… de plus de cinq kilos, une autre pour celles qui ont des enfants à charge de plus de dix kilos, par contre nous refuserons les obèses. Une colonne pour les sexygénaires, pardon les sexagénaires (elle ricane)  - je rigole – une colonne pour les septuagénaires et enfin une pour ce qui reste : les octodégénaires et plus si affinités – (elle ricane) je rigole.

La Superviseur : Je vous rappelle que nos magasins sont sous le contrôle des forces de l’ordre qui feront respecter les consignes dont nous venons de parler.
Comme vous vous en doutez nous sommes obligés de limiter la distribution et l'approvisionnement de nos produits. Nous vous distribuerons donc des tickets de rationnement.

La Surintendante : Vous aurez droit à un paquet de pattes alimentaires par personne, un paquet de riz, un paquet de sucre, deux bouteilles d’eau, un paquet de lessive nettoie tout avec une éponge, un paquet de papier hygiénique, j’ai bien dit un paquet il vous est recommandé d’économiser le papier.

La Super Viseur : Mais aujourd’hui, grands veinards, un hamburger vous sera offert par la chaine de restauration Super Snack Barbak. Une pizza made in produits du terroir : jambon de Bayonne, gruyère comtois, tomates de pays vous sera proposée par « Pizza Zafari » Un cassoulet par le restaurant « Chez Castelno » Et notre magasin « Moins cher que chez moins cher » offrira aux enfants une boite géante de …Tutella.

(cris de joie off) : Ouais !

La Surintendante (à la Superviseur) : On pourrait leur proposer n’importe quoi du moment qu’ils ont à bouffer. Demain si la pénurie se poursuit je suis sûre qu’ils boufferont leur papier toilette… Je rigole.

 

SCÈNE X

 

La Princidente, la Superviseur, le général Bidasse, Doc Télécom, la professeure Knockine

 

La Princidente : Aujourd’hui j’ai demandé que soient présents à notre conseil de crise deux éminents scientifiques (les présentant) Doc Télécom, mon médecin personnel et présentateur bien connu de l’émission médicale « Ça va mieux » qui a des indices d’écoute qui explosent en ce moment. N’est ce pas, docteur ?
Doc Télécom : Je n’ai pas à me plaindre.

La Princidente : Et la professeure Knockine épidémiologiste et chercheure en science affliction

La professeure Knockine : Pour les laboratoires pharmaceutiques «Good Pharma »

Doc Télécom : J’ai oublié de dire que je faisais partie de l’équipe de recherche des laboratoires « Doctor Why »

La Princidente : Professeure, Docteur, si je vous ai demandé de participer à notre conseil de crise c’est pour avoir si vous estimez que ces extra-terrestres pourraient être porteurs de virus ?

La professeure Knockine : D’après mes recherches il existe des forces vitales qui circulent dans les galaxies pouvant être porteuses de virus encore inconnus de nous. Je fais l’hypothèse que ces extra-terrestres venant sur notre planète auraient du mal à respirer notre atmosphère. De ce fait ils seraient sujets à une toux persistante et nous enverraient des postillons viraux.

Doc Télécom : Je partage l’avis de ma consoeur.

La Princidente : Que nous conseilleriez-vous ?

Doc Télécom : A mon avis il faut mettre en place un programme de protection et de sauvegarde contre la propagation des virus. Par exemple il me semble qu’il serait souhaitable qu’il y ait une distanciation physique entre les individus d’au moins un mètre vingt …à deux mètres. Je propose, par exemple, qu’afin d’éviter que deux individus se retrouvent sur le même banc public, soit il faut les couper les bancs en deux, soit il faut tout bonnement les supprimer.

La professeure Knockine : Quant à moi je proposerais d’ajouter à cette mesure d’éloignement le port de masques car on ne sait pas ce que ces toux peuvent provoquer.

Le général Bidasse : C’est vrai j’ai remarqué que les gens toussaient de plus en plus en ce moment.

La Superviseur : C’est peut-être une épidémie de grippe, en général elle arrive en automne et comme nous sommes en automne…

La professeure Knockine : (l’interrompant sur un ton méprisant) Que connaissez-vous des infections, vous ?

La Superviseur : Je disais cela parce que mon toubib m’en a parlé.

La professeure Knockine : Pour qui se prend-il votre généraliste ? Pour un scientifique épidémiologue ? Je préfèrerais que ce soit la grippe, mais ce serait trop simple, je n’y crois pas.

Doc Télécom : Moi non plus, c’est plus grave que cela, nous avons connu la grippe espagnole, la grippe asiatique, le grippe aviaire, la grippe porcine mais aujourd’hui il s’agit d’une grippe galactique à laquelle nous n’étions pas préparés.

La Princidente : Vous pensez donc que le port de masques est vraiment nécessaire ?

La professeure Knockine : Oui, je le crois, quoiqu’il n’ait jamais été prouvé que le port de masques soit efficace contre le virus, personne n’en portait lors des dernières pandémies grippales.

Doc Télécom : Par ailleurs il vaudrait mieux que l’on porte des gants pour éviter les serrements de main. Et oublier pendant un certain temps les baisers, les caresses, les attouchements et autres types de rapports disons affectueux pour ne pas laisser l’épidémie se développer.

La professeure Knockine : Tout à fait.

La Princidente : Bien, j’ai compris, il faudrait porter des masques et des gants et éviter les rapports trop …affectueux. Nous ferons une déclaration à ce sujet. Merci professeure. Merci docteur.

(Sortie de la Princidente, de la Super Viseur, du Général Bidasse. Doc Télécom et la docteure Knockine restent en retrait et font semblant de parler entre eux)

 

SCÈNE XI

 

Tom, Keum, Meuf, Doc Télécom, la professeure Knockine

(Entrée de Tom, Meuf et Keum) (Tom à Meuf et Keum)  : D’après la direction de ma chaîne de télévision la Princidente a réuni aujourd’hui deux éminents scientifiques pour avoir leur avis sur l’épidémie et leurs propositions pour y faire face. Nous allons les interviewer à la sortie du palais présidentiel. Les voilà. ( s’adressant à La professeure et au docteur) Docteur, professeure. Tom le newseur de la chaine Tévé Super Plus.
Doc Télécom : Ah, bien sûr on vous connait. On se croise souvent dans vos studios.

Tom : Et voici de jeunes newseurs en formation.

Doc Télécom : Très bien. Que voulez vous savoir ?

Tom : Vous venez de sortir du palais princidentiel. Avez-vous de nouvelles informations à nous donner ? Pouvez-vous nous dire quel est actuellement le nombre de contaminés par cette grippe.

Doc Télécom : Nous constatons qu’il y en a plus aujourd’hui qu’hier, mais bien moins que demain.

Tom : Et le nombre de morts ? Est-il en progression ? Vous savez que nos téléspectateurs suivent le nombre de décès avec la plus grande attention.

Doc Télécom : Nous n’avons pas de chiffres précis certainement plusieurs milliers

Tom : Ah quand même ! (à Meuf et Keum) Ça va faire un de ces scoops ce soir à la télé.

La professeure Knockine : Attention, il faut bien spécifier que ces chiffres sont amplifiés par le fait que de nombreuses personnes âgées ont été touchées par la grippe. Nous ne voulons pas affoler la population

Doc Télécom : Il y a eu une embellie depuis hier.

Tom : (déçu) Cela signifie moins de morts ?

Doc Télécom : En quelque sorte

Tom : Ah, zut, si le nombre de morts revient à la normale, il n’y a plus de scoop

Doc Télécom : Vous savez les chiffres ne rendent pas compte de la réalité du terrain, c’est une photo à un moment donné

La professeure Knockine : Tout à fait. Par exemple les personnes décédées à leur domicile ne sont pas prises en compte.

Doc Télécom : Ni celles décédées dans les maisons de retraite

La professeure Knockine : Ni celles qui ne nous ont pas prévenus

Doc Télécom : Ni celles qui ont disparu sans qu’on le sache ….

Tom : Ah tant mieux ! On pourra dire que l’épidémie continue de faire des victimes.

La professeure Knockine : Tout à fait. Comme vous le savez notre système de santé est coûteux et nous sommes dans l’obligation de faire des choix en matière de soins. Il faut avoir le courage de dire que nous ne pouvons pas soigner tous les malades qui viennent dans nos services hospitaliers.

Doc Télécom : En effet. Par exemple si l’on veut soigner cette épidémie nous ne pouvons plus accepter dans nos hôpitaux les personnes âgées de plus de soixante-dix-sept ans. D’ailleurs n’a-t-on pas toujours dit que l’’on s’adressait aux personnes de sept à soixante-dix-sept ans ? Elles encombrent les lits des hôpitaux et prennent la place de celles et ceux qui travaillent et qui créent de la richesse. Ce sont ces derniers que nous devons soigner prioritairement.

La professeure Knockine : Je suis d’accord avec toi. (à Tom) Quand aujourd’hui on parle de la santé, on parle de la santé de qui ? Nous sommes en guerre contre cette épidémie et dans toute guerre il y a des pertes. Il me semble que nous devons réfléchir à la possibilité de sacrifier quelques vies pendant l’épidémie pour sauver notre pays et son économie.

Meuf : A quel âge estimez-vous qu’une personne peut être considérée comme une personne âgée ?

La professeure Knockine : Cela dépend des personnes. Cependant on peut dire qu’aujourd’hui une personne âgée a plus de soixante-cinq ans. Mais beaucoup à cet âge ont encore une activité physique conséquente

Tom : Ainsi vous pensez que proposer la retraite à plus de soixante-cinq ans est un choix raisonnable sur le plan sanitaire

Doc Télécom : Bien sûr. J’ai constaté que s’ils n’avaient plus d’activité physique d’anciens travailleurs dépérissaient et étaient les premiers à être contaminés par le virus. (sonnerie du smartphone de  Doc Télécom, il le prend et répond ) Oui ? D’accord, on arrive tout de suite. Excusez-nous, mais on nous attend sur le plateau de Tévé 7 Univers.

Tom : Allez-y. Allez-y. (montrant la caméra à Keum et Meuf) Nous, nous aurons notre scoop avant la concurrence. Alors qu’avez-vous pensé de cette interview ?

Meuf : On dirait que ces représentants du système de santé veulent se débarrasser des personnes âgées.
Tom : Mais non, ils veulent que les entrées à l’hôpital soient mieux contrôlées. Mais entre nous, c’est vrai que les soins pour les personnes âgées sont vraiment onéreux. Il est incontestable que l’épidémie en éliminant les personnes les plus fragiles permettra de réaliser des économies sur le budget de la santé.  En tous cas ce soir je vois déjà le titre du JT : « Epidémie » On montre des cadavres à l’écran. Sous titre : « des milliers de morts » En dessous : « Ce n’est que le début ! » point d’exclamation. Je ne vous dis pas quel sera le prix de la seconde publicitaire entre les flashs d’infos ce soir. Ça va faire rentrer du fric à la chaine …et à moi aussi par même occasion

 

SCÈNE XII

 

(Entrée d’Elle et Lui)

Lui (s’adressant à Elle) : Mais Chouchou, je t’assure que je ne peux pas être un autre puisque c’est moi. C’est moi, je ne ressemble à personne d’autre.
Elle : Tu as pu prendre l’apparence de toi-même.
Lui : L’apparence de moi-même ?

Elle : Tu as changé, je ne te reconnais plus, je me demande vraiment si tu es bien ce que tu dis être.
Lui : Mais qu’est ce qui te fait dire ça.
Elle : Des gestes, des expressions, des attitudes. Tu es moins affectueux qu’avant. Tu es plus brutal avec moi comme si tu étais un inconnu venu de je ne sais où ne connaissant pas nos rapports amoureux. En fait j’ai peur que tu sois un alien, un autre venu d’ailleurs et que tu me contamines.
Lui : Mais tu es folle.

Elle : Folle ? Ah non, ils l’ont dit à la télé.

Lui : Qu’est ce qu’ils ont encore dit à la télé ?

Elle : Que vous pouviez prendre plusieurs formes humaines.

Lui : Allons, tu vois bien que c’est pour renforcer les contrôles dans les entreprises pour éviter qu’il y ait des « éléments perturbateurs », comme ils disent.

Elle : Oh, c’est vrai qu’en plus, tu es syndiqué. Écoute Julien ou je ne sais qui, j’ai besoin de réfléchir, le mieux serait que tu t’absentes quelques jours. Ou bien tu retournes sur ta planète définitivement ou nous réfléchissons chacun de notre côté pour savoir quelle suite donner à notre relation.

Lui : Mais puisque je te dis que moi c’est moi. C’est incroyable, je vis un cauchemar.

Elle : Tu peux me jouer la comédie… vous pouvez me jouer la comédie Monsieur l’alien. Bon, ça suffit. Je t’en prie faisons comme je te l’ai proposé.

Lui : Bon… A bientôt, Chouchou. (Il veut l’embrasser, elle le repousse)

Elle : Arrête tu vas me contaminer.

Lui : Ah, cette télé ! Ils sont doués pour distiller la peur dans les couples.

(Il sort. Elle prend son smartphone et appelle)

Elle : Luc, ça y est, il est enfin parti. Viens vite, j’ai tellement envie qu’un homo sapiens me serre dans ses bras. (Elle sort en riant)

 

SCÈNE XIII

 

Tom : Les évènements évoluent vite, le Conseil Suprême a décidé que nous devions porter des masques.

Meuf : Pourquoi ? Vous préparez une fête costumée ?

Tom :  Non, non, c’est pour nous protéger des ET. Il paraît qu’ils sont en train de nous contaminer avec une espèce de grippe venue de chez eux.

Meuf : Mais quel genre de masques devrions nous porter ?

Tom : Pour l’instant rien n’a encore été décidé. Une réunion du Conseil Suprême doit le préciser.

Keum : Mais si tout le monde est masqué comment pourrez vous reconnaître les ET. La reconnaissance faciale ne servira à rien.

Tom : Ce n’est pas faux ce que tu dis. (Un temps, il réfléchit et dit tout guilleret) Mais il reste l’ADN. C’est encore plus précis puisqu’on l’obtient suite à une analyse génétique.

Meuf : Vous croyez qu’il y aura des tests ADN pour tous les habitants afin de savoir si leur ADN n’est pas celle d’un extra terrestre.

Keum : Et on connait l’ADN d’un ET ?

Tom : (Un temps) Ce sera compliqué j’en conviens.
Keum : Et combien sont-ils ces envahisseurs ?  Vous le savez ?

Tom : De source bien informée ils doivent être des milliers, mais je dois être loin de la vérité. (sur le ton de la confidence) Moi, par exemple, je me méfie des gens dits  « du voyage » . Tous ces gitans, ces romanichels, ces manouches qui voyagent dans leurs caravanes. On ne sait pas d’où ils viennent exactement ? Hein ? Vous voyez ce que je veux dire ?

Keum : Croyez-vous qu’un ET puisse se transformer en être humain ?

Tom : D’après certains chercheurs scientifiques ce ne serait pas à exclure.

Keum : Alors il faut se méfier de tout le monde, car tout le monde peut être n’importe qui.
Tom : Effectivement cela devient difficile de savoir qui est qui et qui fait quoi.

 

SCÈNE XIV

 

La Princidente, le général Bidasse, la Surintendante, la Super Viseur, Doc Télécom

(La Princidente porte un masque en tissu tricolore, le général Bidasse porte un masque soldat de Starwars, la Surintendante porte un masque en tissu (choisir) la Super Viseur porte une cagoule,)

La Princidente : Qu’est ce que c’est que ce carnaval ? Nous ne fêtons pas Mardi Gras que je sache ?

Le général Bidasse : Il fallait vous présenter nos propositions pour des modèles de masques. Alors chacun de nous a apporté un spécimen. Moi, j’ai pensé que nos soldats devraient porter ce masque. Car nous serons bientôt en pleine guerre des étoiles. Ce masque a une possibilité respiratoire, de plus il protège des projectiles, voire des tirs de grenades.

La Surintendante : Bonjour, Princidente.

La Princidente : Ah, c’est vous Super Intendante, je ne vous reconnaissais pas. Vous avez un joli masque.

La Surintendante : Il est économique, car je l’ai fait moi-même.

La Princidente : Bravo, vous avez des mains de fée.

Le général Bidasse : Si la fée pouvait augmenter notre budget militaire d’un coup de baguette magique ce serait merveilleux.

La Surintendante : En ce moment nous devons tous faire des efforts, général. Je propose que pour faire des économies, chaque famille réalise plusieurs masques en tissu. Par ailleurs les enfants des écoles pourront en fabriquer ce sera un bel exercice pédagogique pour eux

La Princidente : (s’adressant à Superviseur) Et vous ? (la Super Viseur retire son masque. La Princidente est surprise) Oh, c’est vous Super Viseur, ma ministre des régions, des territoires et des quartiers sensibles.

La Super Viseur : (complétant) Et de la solidarité avec les personnes âgées, on l’oublie trop souvent. Je pense que nos forces de l’ordre républicain devraient porter une cagoule. Mais des cagoules de couleurs différentes selon que l’on appartient à la police ou à la gendarmerie municipale, régionale, nationale, voire internationale. Bien évidemment ces cagoules seront réservées uniquement aux forces de l’ordre et ne pourront pas être mises en vente auprès de la population, car on risquerait de ne plus discerner les bons des méchants. (Elle ricane)

La Princidente : Merci pour vos interventions. Mais que pense de nos masques Doc Telecom ?

Doc Télécom : Sans vouloir vous vexer, je préfèrerais que l’on utilise des masques de protection chirurgicaux. Je sais que beaucoup de nos concitoyens possèdent un tel masque et ils pourraient l’utiliser. Cela ferait des économies et éviterait d’en acheter à nos voisins.

La Princidente : Attendez ! D’après ce que j’entends, vous voulez dire que nous n’avons pas de masques de protection en réserve ? Pourquoi ?

Doc Télécom : Eh bien…nous n’avons pas fait de stocks, car nous pensions que nous n’aurions plus d’épidémie dans notre monde civilisé et vlan, nous sommes l’objet d’une attaque virale. On ne peut pas tout prévoir. Nous devons attendre que nos voisins nous livrent des masques.

La Princidente : Je ne veux en aucun cas que vous fassiez état de cette pénurie de masques. Si cela se sait, j’aurais l’air de quoi à la prochaine réunion des chefs d’état occidentaux. Ils pourraient être amenés à dire : « Bravo les Franchisiens ! Vous manquez de masques et vous venez en réunion exprès pour nous transmettre le virus. »

La Surintendante : Madame la Princidente, Je m’engage à ce que les industriels du textile fabriquent des masques chirurgicaux en tissu répondant bien sûr à des normes à définir et garantissant un niveau d’efficacité optimal. Nous diffuserons la vente de ces masques dans la grande distribution. Nous établirons les prix avec eux, ne vous inquiétez pas.

La Princidente : Bien. Merci pour cette initiative Madame la Super Viseur. (à Doc Telecom) . Vous, vous allez me suivre.

Doc Telecom : Mais…

La Princidente : Taisez-vous. En conclusion nous dirons à nos compatriotes que le port de masques est recommandé dans l’espace public, et non obligatoire, du fait que nous manquons de masques. (en sortant à Doc Télécom). Vous croyez que l’on vous rémunère pour plastronner à la télé ? Dès demain vous allez retourner bosser à l’hôpital.
Doc Telecom : Mais dans les hôpitaux il y a l’épidémie, Présidente…

La Princidente : Eh bien, vous la verrez de près. Ça vous changera.

(Ils sortent.)

 

 

SCÈNE XV

 

Le Lieutenant Tenant accompagné de la major, une femme, un homme

 

L’homme : J’ai dit à mon épouse que j’allais faire du jogging

La femme : Moi j’ai dit à mon mari que j’allais faire les courses.

L’homme : Oh, ma chérie !

La femme : Oh, mon Loulou !

L’homme : Enfin nous avons une heure pour nous. Vite allons à l’hôtel…

(Entrée du Lieutenant Tenant et de son adjointe)

 Lieutenant Tenant : Bonjour, Madame. Bonjour, Monsieur. Madame, avez-vous votre autorisation de sortie ?

La femme : (gênée) L’autorisation de sortie ? Ah, c’est trop bête. Je l’ai oubliée à la maison, mais j’habite juste à côté.

Lieutenant Tenant : Si vous n’avez pas votre autorisation pourriez vous me présenter vos papiers d’identité.
La femme : Mes papiers d’identité. C’est trop stupide, je les ai aussi oubliés.
Nous allions juste faire une course à la supérette avec… avec mon mari.

Lieutenant Tenant : Je vois que Monsieur fait des courses en short. Puis je vous demander votre nom, Madame.

La femme : (pour elle-même) Il faut que je me fasse passer pour sa femme. Je m’appelle …je m’appelle Lucienne Dugommier.

Lieutenant Tenant : Très bien. Allez écrire cela à mon adjointe. Nom et adresse.

Et vous Monsieur ?
L’homme : J’ai oublié moi aussi mon autorisation de sortie, quel écervelé je suis. Tu aurais dû me le rappeler chérie.

Lieutenant Tenant : Et je suppose que vous n’avez pas vos papiers d’identité sur vous. Comment vous nomme-t-on ?

L’homme : (pour lui-même) Elle a sûrement dû donner son nom de famille je dois me faire passer pour son mari. (au Lieutenant)  Lefranc Marc. C’est ça Marc Lefranc

Lieutenant Tenant : Tiens, tiens. Ainsi donc vous êtes mariés et ne portez pas le même nom. Je me permets de vous rappeler que si vous ne présentez ni votre autorisation de sortie, ni vos papiers d’identité vous pourrez écoper d’une amende de plusieurs centaines d’euros. Allez, c’est bon pour aujourd’hui, mais ne récidivez pas.

L’homme : Mais pourquoi tu as donné mon nom que tu es bête

La femme : Et toi, pourquoi as-tu donné le mien, imbécile.

L’homme et la femme en même temps : C’est la dernière fois que je sors avec un(e) abruti(e) pareil(le)

(Chacun sort d’un côté de la scène)

 

SCÈNE XVI

 

 

 (Un homme et une femme entrent en scène en poussant devant eux un autre homme. Tom entre en scène suivi de Keum et Meuf)

Tom : (s’adressant à Keum) : Oh, regardez une interpellation des services de sécurité sociale. Approchons-nous et filme.

1er homme : Monsieur l’agent chargé de la protection individuelle et collective, nous vous amenons cet individu car il rôde depuis plusieurs jours autour de nos habitations pourtant pourvues d’alarmes.

La femme : Nous faisons partie de l’association des voisins hyper vigilants et nous épions ceux qui n’habitent pas dans notre lotissement.
Lieutenant Tenant : C’est très bien. Merci de votre assistance.

1er homme : J’en ai aussi repéré un qui dort dans la rue là bas. Il ne doit pas avoir l’habitude de dormir dans des draps sur sa planète comme chez nous.

Lieutenant Tenant : Nous irons le ramasser tout à l’heure.

1er homme : Je tiens à remercier sincèrement les forces de l’ordre qui font un travail pénible et qui ont bien du mal à reconnaitre les extras terrestres.

La femme : Ce n’est pas qu’on soit contre les étrangers, Monsieur l’agent, mais le fait que ce type ne soit pas de chez nous et dont ne sait rien on a préféré vous l’amener

Lieutenant Tenant :  Vous avez bien fait, vous êtes de bons citoyens. (s’adressant à la caméra) Car si vous ne savez pas qui est qui, amenez le à notre plate-forme numérique de délation. (Au 2e homme) Montrez-moi votre attestation de déplacement dérogatoire

2e homme : L’attestation de quoi ?

Lieutenant Tenant : L’attestation de déplacement dérogatoire

2e homme : Hein ? Qu’est ce que c’est ?

Lieutenant Tenant : Dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire vous devez avoir cette attestation.

La major : Méfions-nous, Chef, c’est peut-être un individu dangereux qui cherche à propager le virus.
Lieutenant Tenant : Tu crois que c’est un Ali N ?

La major : Ou peut être un ET (prononcer Iti) un itinérant……….

Lieutenant Tenant : Allez tu l’embarques.

2e homme : Mais pourquoi ? Je ne faisais que me promener et prendre un peu d’air.
Lieutenant Tenant : A qui ? Tu veux prendre de l’air à qui ? Aux braves gens qui en ont tant besoin.

La major : Ah, il ne manque pas d’air, chef. (Ils rient)
2e homme : Mais je vous dis que je …

Lieutenant Tenant : Allez. Suis le major. Tu t’expliqueras au commissariat. (Tous sortent sauf k le Lieutenant Tenant)

(s’adressant au public ) Voici un exemple de ce qui peut vous arriver. Un individu… même blanc de type corso-méditerranéen peut être un porteur de virus.

C’est pourquoi nous avons mis en place cette plate-forme numérique de délation invitant les citoyens à signaler tant les entorses aux mesures de confinement dont ils seraient les témoins que la dénonciation d’individus suspects

Tom : (au Lieutenant Tenant) Bonjour Monsieur

Lieutenant Tenant : Lieutenant Tenant.

Tom : Pardon Lieutenant

Lieutenant Tenant : Lieutenant Tenant des services de sécurité opérationnels

Tom : Très bien, lieutenant Tenant. Je me présente Tom le nexwseur de TV Super Plus. Pouvez-vous dire à nos téléspectateurs quels sont les moyens dont vous disposez pour notre sécurité sociale en ce moment. Nous allons vous filmer c’est pour les news de ce soir

Lieutenant Tenant : Nous disposons de drones pilotés à distance et équipés de hauts parleurs et de caméras qui diffusent des messages préventifs. Ils surveillent les rues et les espaces naturels permettant d’appréhender les badauds en état d’infraction. Nous utilisons un appareil détectant les infractions aux règles de distanciation sociale. Nous avons des dizaines de caméras qui nous renseignent sur les rassemblements de plus de trois personnes qui, comme vous le savez, sont interdits et elles repèrent les éventuels attroupements d’émeutiers permettant de prévenir les forces de l’ordre social et sanitaire d’intervenir rapidement. Face à un état d’urgence sanitaire il faut une réponse sécuritaire renforcée et une surveillance généralisée. (S’adressant à la caméra) Faites comme nous, engagez6vous dans les services de sécurité sociale pour assurer la sérénité à nos compatriotes en maintenant l’ordre national.

Tom : Merci et encore bravo.

NOIR

 

SCÈNE XVII

 

Panneau : STOP ! SHOP !

 

La Surintendante : Vous avez besoin de masques de protection hygiéniques anti aliens ? Ils sont arrivés !

Cris off : Ouais. Enfin !

La Surintendante : Il y en a de toutes sortes en tissu lavable et réutilisable cinq, vingt, trente fois. Bien évidemment ils ont été fabriqués selon les normes prescrites par les autorités médicales.

La Super Viseur : Vous trouverez des masques camouflages réalisés gracieusement par les ateliers de confection de nos forces armées. Il y en a de toutes les couleurs réalisés par les enfants de nos écoles religieuses et ceux fabriqués pour l’occasion par l’entreprise textile Toutissu jusqu’alors spécialisée dans les slips, les caleçons et les couche culottes.

La Surintendante : Faites votre choix ! Et vous pouvez dès à présent choisir votre masque funéraire selon votre goût : africain, philippin, vénitien... Je rigole. En ces moments un peu tristounets il faut rigoler. Par contre pour celles et ceux qui voudraient se faire plaisir nous pouvons leur vendre des masques Vuitton en cuir, évidemment ce sont des masques de luxe et qui coûtent …un certain prix.

La Super Viseur : Et, cerise sur le gâteau, nos services de police vous offrent gracieusement un masque de protection avec votre photo grandeur nature. Désormais sortez masqués ! Et nous avons aussi des gants de protection.

(Cris off de satisfaction) : Ahhh !

La Surintendante : Des mitaines en laine tricotées par nos senioritas résidant dans les établissements d’hébergements pour personnes âgées. (en a parte) Entre nous ça les occupe. Pour les plus fortunés nous vendons des gants en peau d’agneau, de pécari ou de crocodile… et des gants de boxe en satin pour les plus pugnaces. Je plaisante. Bon choix, Mesdames

La Super Viseur : Bon choix, Mesdemoiselles

La Surintendante : Bon, choix Messieurs.

 

SCÈNE XVIII

 

Deux personnes viennent à l’avant-scène et annoncent en tenant chacun en main une feuille de papier) :

Femme : Compte tenu des risques encourus par la population suite à l’épidémie le gouvernement a décidé de fermer les écoles primaires, secondaires et tertiaires,

Homme : Les collèges privés sous contrat et les collèges des quartiers défavorisés

Femme : Les lycées d’enseignement général, d’enseignement professionnel et d’enseignement connecté.

Homme : Les universités publiques et les grandes écoles privées. Par ailleurs le gouvernement a décidé de fermer les lieux de cul… (se reprenant) les lieux de culte, pardon, j’avais mal lu.

Femme : Et aussi les lieux de culture : théâtres, cinémas, …heureusement qu’il y a la fibre et les séries télévisées.

Homme : Seront fermées les stades, les salles de sport, les salles de jeux, les casinos. (en a parte à la femme) Heureusement qu’il y a le loto.

Femme : Seront ouverts à des horaires qu’il reste à définir les inter marchés

Homme : Les super marchés

Femme : Les hyper marchés

Homme : Les méga marchés

Femme : Seront fermés les squares publics

Homme : Et les jardins privés

Femme : Les toilettes publiques

Homme : Et les cabinets privés

Femme : Les boîtes de nuit

Homme : Et les restos de jour.  Compte tenu de la pollution des véhicules à moteur à explosion le gouvernement a décidé que ne rentreront en ville que les numéros d’immatriculation pairs les jours impairs

Femme : Les jours impairs ce sont les jours où il pleut

Homme : (ricanant) Très drôle

Femme : Et réciproquement les numéros d’immatriculation impairs les jours pairs

Homme : Le gouvernement a décidé que ne circuleront plus les vélos solex hybrides

Femme : Ils seront remplacés par des patinettes électriques.

Homme : Enfin : les banques tiendront une permanence régulière.

Femme : Et les hôpitaux, ils seront ouverts ?

Homme : Je ne sais pas, (montrant sa feuille de papier) il n’y a rien d’écrit à leur sujet.

(Ils sortent)

NOIR

 

 

SCÈNE XIX

 

Le Newseur, Meuf, Keum

(Le Newseur porte un masque d’ET)

Keum : (à Meuf) Regarde notre coach Newseur s’est déguisé en extra-terrestre faisons semblant de ne pas le reconnaitre. (montrant Tom sur un ton apeuré) Oh, regarde, Meuf, on dirait un ET.

Meuf : Tu crois ? J’ai peur !

Keum : Et nous ne sommes pas armés.

Meuf : Et s’il nous prend en otage qu’allons-nous devenir ?

Tom : (enlevant son masque en riant) C’est moi. J’ai mis un masque d’ET pour voir la réaction des gens.

Meuf : C’est réussi, vous allez les effrayer.

Keum : Nous avons entendu que la population devrait porter un masque, mais si tout le monde porte un masque comment pourra-t-on reconnaitre les ET ? A moins que les ET portent un masque d’ET. Comment s’y retrouver ?

Tom : Ta remarque est juste, je n’y avais pas pensé. Les forces de l’ordre vont avoir du mal à faire la différence entre les ET et les malfrats, entre les coupables et les innocents, entre les riches et les pauvres. Cependant nous risquons d’être obligés de nous affubler d’un masque pour une période indéterminée car, parait-il, des cas de grippe se développeraient en plus avec des risques de contagions. Donc il faut nous protéger de ceux qui peuvent avoir cette grippe.

Keum : La grippe ? C’est un virus ?
Tom : Bien sûr. D’où viens-tu ?

Meuf : (insistant auprès de Keum) Allons tu connais bien la grippe, voyons.

Keum : Ah, oui, la grippe.

Tom : Evidemment la grippe. Tu n’en avais jamais entendu parler ?

Keum : Si, si, maintenant que vous en parlez ça me revient. Ça peut être dangereux ?

Tom : Bien évidemment. Il y a des grippes qui ont fait des milliers de morts. Vous êtes vaccinés contre la grippe ?

Keum : Euh ….

Meuf : Bien sûr. Il ne s’en souvient pas. Nous avons été vaccinés à l’école de journalisme.

Keum : Ah, oui c’est vrai.

Tom : Bon, nous nous retrouvons demain au Ministère de Super Viseur qui doit nous présenter un nouveau modèle de défenseur de l’ordre public. A demain
Keum : A demain.

(Meuf s’adressant à Keum) J’appelle le chef. (parlant dans son smartphone) Allo, chef, vous m’entendez ?

Voix off du chef : Je t’écoute, Anne Mathilde.

Meuf : On nous a dit qu’il y aurait une épidémie de grippe en Franchie. Nous voudrions savoir si nous sommes immunisés ?

Voix off du chef Vous êtes immunisés contre toutes sortes de grippes, le choléra, la fièvre jaune, le psoriasis et le chikungunya.

Meuf : Ouf, merci.

Voix off du chef : Quoi de neuf ?

Meuf : Comme je vous l’ai dit il y aurait une épidémie de grippe qu’ils estiment dangereuse. Et ils pensent que c’est nous les ET qui l’avons apporté. Comme si à deux nous pouvions avoir un tel pouvoir. Ils sont fous ces terriens.

Keum : En tous cas c’est le branle-bas de combat. Tout le monde doit porter un masque. Nous vous rappellerons pour vous dire où nous en sommes de notre mission

 

SCÈNE XX

 

La Super Viseur : Mesdames, Messieurs nous sommes heureux de vous présenter le résultat de nos dernières réalisations scientifiques et techniques concernant notre sécurité. Voici Super Keuf, un nouveau modèle de représentant de l’ordre qui a le pouvoir de tout voir et de tout entendre pour notre sécurité. Le professeur Tournebroche en est le concepteur et je lui donne la parole.

Le professeur : Afin de garantir la sécurité de nos concitoyens, nous avons amélioré nos outils de reconnaissance faciale. Ainsi pour ses missions de maintien de l’ordre public Super Keuf est équipé de micro-caméras logées dans ses lunettes de protection. Les vidéos des individus qu’il a filmés sont transmises directement au centre de reconnaissance faciale. Elles permettent de savoir si c’est le portrait d’individus faisant partie des fichiers du Service Supérieur de la sécurité et s’ils sont susceptibles de commettre des infractions ou non. Grâce à la reconnaissance faciale nous pouvons vérifier qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être et la retrouver dans un lieu au sein d’un groupe d’individus.

Keum : Ainsi n’importe qui est filmé ? On pourrait dire : « Souriez vous êtes fiché. »

Meuf : Du calme Keum.

La Super Viseur : Sachez, monsieur le journaleux, qu’en scannant chaque individu cela nous permet d’anticiper sur une action malveillante : vol, meurtre, attentat. En étant scanné je sais que la police suit mes déplacements, mais suit aussi ceux des malfrats, des assassins, des terroristes et veille ainsi à ma protection. Poursuivez, professeur.

Le professeur : Dans l’équipement de Super Keuf nous avons installé un capteur d’émotion qui détecte tous les symptômes d’un danger imminent : frissons le long du dos, poils hérissés sur les bras, picotements à la base de la nuque et aussitôt Super Keuf se met en position de combat. Enfin il est équipé d’un dispositif qui surveille sa tension artérielle, son taux de cholestérol, le nombre de calories journalières à prendre. Il est en liaison constante avec les brigades bleues de l’association patriotique des voisins vigilants que nous remercions au passage pour leur efficacité.

Tom : Pouvez-vous nous dire quelles sont les première missions que vous avez accomplies, Super Keuf ?

Super Keuf : J’ai commencé mon apprentissage de justicier sur la voie publique, il n’y a pas si longtemps. J’ai été appelé avec mes potes pour disloquer une émeute organisée par des zados-putschistes. Ces zados s’étaient sitingués à même le sol devant un chantier où est prévue la construction d’une centrale nucléaire. Vous vous rendez compte de leur inconscience ! Ils s’opposent au progrès et au développement de notre économie, alors qu’on a tellement besoin d’énergie aujourd’hui. On les sentait prêts à nous agresser sauvagement. Je leur ai crié : « Messieurs les « Eh ! Conaux ! » rétros, êtes-vous prêt à vous éclairer demain avec une lampe à huile ou avec une bougie ? » mes potes ont ri. Les zados se sont levés pour nous affronter, mais avec mes copains nous utilisons un équipement anti-manif performant pour lutter contre le crime organisé : fléchettes à tête chercheuse, pistolet à eau bouillante, lance pierre électronique. S’ils cherchent la bagarre, qui z’y viennent !

La Super Viseur : Nous remercions Super Keuf et le professeur Tournebroche. (A Tom) Gros plan sur moi.

Tom : (Tom à Keum) Gros plan sur la Super Viseur !

La Super Viseur :  Chers compatriotes, Vous voyez que vous pouvez avoir confiance dans ce nouveau modèle de défenseur des intérêts du monde civilisé. Nous lui donnons rendez-vous pour les prochaines manifestations.

 

 

SCÈNE XXI

 

 

Tom : (répondant au portable) Allo ? Oui, je t’écoute. Les décideurs se réunissent en ce moment. C’est bon, j’y vais. Ah, on ne peut pas assister à leur réunion. C’est un symposium à huis clos et ils ont prévenu qu’ils n’accepteraient la présence d’aucun newseur. Très bien, j’ai compris, ces messieurs dames ne souhaitent donner que de l’information qu’ils maitrisent. Mais non je ne fais pas de politique, comme ma mère, tu le sais bien, je suis un journaliste objectif (à Keum et Meuf) Les décideurs se réunissent actuellement, mais nous ne pouvons pas assister à leurs débats nous n’aurons qu’un compte rendu. Je pense qu’ils vont réfléchir à la sortie de la crise et les effets de l’épidémie sur la production industrielle

 

SCÈNE XXII

 

 

(Les 4 décideurs portent des masques billets de banque)

 

1 – Maintenant que nous sommes entre nous, chers collègues, vous pouvez retirer vos masques. (Un temps) Comme vous le savez le gouvernement compte sur nous pour la reprise de notre économie et pour lui faire des propositions constructives pour la relance.

4 - J’estime pour ma part qu’il faut que nos entreprises fabriquent des produits nécessaires et essentiels pour nos consommateurs et pour le marché extérieur. Pour cela nous devons relocaliser notre production et la rendre plus proche des lieux de consommation. (Murmures d’approbation) Par exemple nous devons rapatrier la fabrication de la machine-outil !

1 - Excuse-moi, Paul, mais la machine-outil c’est l’apanage de nos amis teutons d’outre Rhin. Il n’est pas souhaitable que nous ayons des ennuis avec nos partenaires.

4 - Alors reprenons la production de l’aspirine

1 : Allons, tu sais bien que ce sont les laboratoires d’Outre-Manche qui en assurent la production maintenant.

3 - Alors relançons la confection de tee-shirts ?

1 - Allons, allons, il ne faut pas que nous nous fâchions avec nos collaborateurs bengalis.

4 - Et les couches culottes ?
1 : Les couches culottes ! Tu as raison. Nous avons un savoir-faire reconnu par nos partenaires étrangers et nous pouvons être leaders sur ce marché. De plus nous ne risquerons pas de rencontrer des problèmes d’approvisionnement, comme ce fut le cas avec les masques.
2 – Moi je dis qu’il faut que nous rapatriions la fabrication des armoires normandes fabriquées en Grande Bretagne. Les élus normands l’expriment ouvertement et m’ont demandé de les soutenir.

3 – Rapatrions aussi la fabrication de la moutarde de Dijon actuellement réalisée en Sylvanie. Les élus bourguignons m’ont sollicité à ce sujet.

4 – Ainsi que la fabrication des yogourts fabriqués en Bulgarie alors que nos producteurs laitiers dans ma région ne savent que faire de leurs produits.

2 - Les pays de l’Est nous ont volé notre savoir-faire. Nous devons réagir.

3 - Nous avons peut-être laissé faire et vendu nos savoirs.

1 – Néanmoins, soyons réalistes, nos actionnaires préfèrent que le siège social des grands groupes se trouve à l’étranger et que leurs entreprises soient localisées sur plusieurs états et territoires, afin d’éviter que les conflits, s’ils existent, prennent une dimension nationale.

4 – Tu as raison. Je voulais revenir sur les dernières déclarations du gouvernement qui demande à tout le monde de relancer notre économie franchisienne. Mais qui, d’après vous, est sollicité précisément pour cette relance ? Les premiers de cordée du CAC 40 ou les premiers de corvée Smicards ? D’accord on a besoin d’eux dans les services mais ce ne sont pas eux qui investiront leur capital dans la production industrielle.

3 - Ah, moi, pendant l’épidémie j’ai soutenu les premiers de corvée.

2 - Ah oui ?

3 - Pendant le confinement je me trouvais dans ma résidence de Juan les Pins. J’avais réussi à quitter la capitale à bord de mon jet juste avant les contrôles policiers. Je vous assure que nous avons tapé sur des casseroles tous les soirs au moment de l’apéro pour montrer notre solidarité avec les personnels soignants. Et après le concert : champagne pour tout le monde !

2 - Moi, à ce moment là j’étais aux Bahamas pour le boulot, je n’ai pas pu participer aux concerts de casseroles.

4 - Moi j’étais en vacances à Bali, j’ai dû y rester car les vols vers la Franchie étaient supprimés.

1 : Mais qui dit relance de la production implique de nouvelles conditions de travail. Avec le confinement, une majorité de nos collaborateurs ont oublié ce qu’était le vrai travail. Ils ont pris goût au travail virtuel à distance.

2 - Je crois que nous devons briser le carcan des 35 heures en contrôlant mieux le temps de travail.

1 - Tout à fait d’accord. Par exemple il faut revoir la nécessité du temps des pauses pipi et des pauses cigarette ainsi que les fameuses discussions autour de la machine à café. Je ne pense pas qu’il faille supprimer ces machines… quoique…

3 - En effet « quoique » car nos « collaborateurs » en profitent pour grappiller du temps de travail. Et comme chacun sait le temps c’est de l’argent et nous avons perdu assez de temps et d’argent à cause de cette crise sanitaire extraterritoriale.

4 - En effet il faut se faire à l’idée que pour relancer notre économie il faut revoir la durée du temps de travail, les congés, les jours fériés c’est à ce prix que nous pourrons gagner et regagner la confiance

1 - Je crois qu’il faut faire passer l’idée aux salariés qu’ils sont responsables de leur activité salariée. Pour cela ils devront choisir à leur convenance leurs horaires de travail sans que cela ne perturbe bien évidemment la production.

2 : A ce propos j’utilise un nouveau logiciel qui permet de mieux suivre l’activité de mes collaborateurs télétravailleurs. Ce logiciel se nomme ZEN WORK. Il permet les captures d’écran régulières des applications utilisées et des sites visités sur l’ordinateur par le salarié avec le temps passé à chaque fois. Le GPS du téléphone portable du salarié doit permettre de connaitre sa position quand il part en rendez-vous. Pour savoir si c’est un rendez-vous intime ou professionnel. ZEN WORK calcule par ailleurs le pourcentage de productivité du salarié prenant en compte le mouvement de la souris et le nombre de frappes sur le clavier. Et cerise sur le gâteau un rapport quotidien est envoyé au manager avec le nombre d’heures travaillées, l’indice de productivité, et les sites consultés.

1 - Super tu nous donneras les cordonnées de ce site. (Approbation des autres)

3 - Puisque les gouvernants nous demandent de faire des propositions pour sortir de la crise suite à l’épidémie je crois qu’il faudrait que de leur côté ils modèrent leur campagne contre les entreprises qui utilisent le pétrole, le charbon, le gaz comme sources d’énergie. Car il faut savoir ce que l’on veut. S’ils veulent cette fameuse « relance économique », qu’ils préconisent doit-on attendre sereinement que les énergies dites renouvelables remplacent les énergies fossiles ou doit on encore utiliser nos sources d’énergie.

2 Tu as raison qu’’ils arrêtent de nous bassiner avec leurs gaz à effets de serre. On en reparlera quand le moment sera venu c’est-à-dire quand nous aurons retrouvé notre taux de croissance d’avant l’épidémie.

4 : Au 22e siècle si tout va bien

2 : De toute façon nous ne serons plus là. Autant profiter ici et maintenant des ressources que nous avons. Il faut que la CAC 40 progresse et éviter le Crash 40.

 

NOIR

 

SCÈNE XXIII

 

(Tom entre en scène suivi de Keum et Meuf)

Tom : (répondant à son smartphone) Oui, oui, d’accord. On y va. (à Keum et Meuf) On m’a demandé de faire un reportage dans une école primaire d’un quartier de banlieue difficile pour présenter les nouvelles réformes prévues par le ministère de l’Instruction Publique qui seront prises après l’épidémie. .

 

Maestrissima, une professeure des écoles, Tom, Meuf et Keum

(Maestrissima porte une veste treillis, une mini-jupe kaki et des rangers rouges à talon)

 

Maestrissima : (à Tom, Keum et Meuf qui arrivent) Ah, vous voilà on n’attendait plus que vous. (faisant des poses photographiques)  Vous avez intérêt à filmer mon bon profil. Il faut que le public ait une bonne image de la représentante de l’Instruction que je suis. (s’’adressant au public) Chers parents, cher personnel de l’Instruction et chères petites têtes blondes ou brunes ou même rousses

La professeure des écoles : Il y a aussi des enfants qui sont nés de parents…de couleurs

Maestrissima : Oui, oui, je vois. C’est vrai que nous sommes dans l’école de la république qui est obligée d’accueillir tout le monde. Que l’on soit noir, gris, jaune ou même vert écolo (Elle ricane) (elle dit en a parte) Quel désastre ! Bien. Je me présente Maestrissima inspectrice de l’instruction dont la mission est de venir vous rappeler à toutes et tous les consignes pour une bonne vie scolaire. D’abord, comme vous le savez, il a été décidé que le retour à l’école se ferait sur la base du volontariat.

La professeure des écoles : Sur la base du volontariat ?

Maestrissima : Eh oui. La responsabilité revient aux parents pour savoir s’ils souhaitent que leur enfant soit scolarisé ou non que ce soit dans l’enseignement public ou privé. Je suis sûre que les parents feront ce qu’ils estiment le meilleur pour leur enfant, même s’ils doivent y mettre le prix. Mais que ne ferait on pas pour que son enfant ait la meilleure éducation possible. Moi, j’ai choisi. Mes enfants sont scolarisés dans une école privée. Je peux vous donner l’adresse. (en a parte) Et il faut dire nous manquons d’enseignants qui ne souhaitent pas venir dans ces quartiers pourris

La professeure des écoles : Sensibles.

Maestrissima : Quoi sensibles ?

La professeure des écoles : Les quartiers sensibles

Maestrissima : Ouais, si on veut. En fait ça veut dire la même chose.

La professeure des écoles : Mais, Madame, l’instruction publique est obligatoire… normalement…

Maestrissima : Bien sûr, c’est un principe, Mademoiselle, mais en période de crise les principes doivent être revus et rénovés. L’école sera donc désormais facultativement obligatoire sur la base du volontariat non bénévole. Par ailleurs le personnel enseignant aura à ses côtés des préposés qui surveilleront de près si les consignes de sécurité sont respectées, car bien que nous ayons échappé tant à une invasion venue de nulle part ailleurs et à une grippe épidémique nous devons dorénavant nous prémunir contre tout danger extérieur et aussi contre tout danger venant des ennemis de l’intérieur. Nous allons remplacer les tableaux noirs, blancs ou émaillés magnétiques des salles de cours par des tablettes pour chaque élève afin que ceux-ci puissent apprendre individuellement et à distance. L’achat de ces tablettes, vous pourrez le constater, relève d’un investissement conséquent, mais nous comptons sur la participation financière des parents. Cela me parait évident, car que ne ferait-on pas si l’on veut que son enfant réussisse dans la vie ? Si nous avons fait ce choix coûteux c’est pour permettre à chaque enfant de développer son autonomie dans l’apprentissage et d’évaluer sa motivation par rapport à la tâche à accomplir. N’est ce pas la même démarche qui est préconisée dans nos entreprises ? Ainsi nous formons dès l’enfance de futurs collaborateurs qui seront responsables de leur outil de travail. Une fois par semaine une réunion collective se tiendra avec les élèves afin d’examiner et d’évaluer le travail réalisé par les élèves. Afin de démocratiser l’enseignement et faire participer le plus grand nombre à cette évolution pédagogique les parents seront bien évidemment tenus responsables du suivi de leurs enfants en repérant les progrès ou les difficultés rencontrées par ceux ci. Il s’agit de préparer notre jeunesse le plus tôt possible au télétravail comme leurs parents, l’avenir c’est moins de livres et plus de tablettes. Nos enfants ont l’habitude jouer sur leurs portables, de dialoguer avec leurs camarades sur des sites, l’enseignement à distance sera donc un jeu d’enfant pour eux… si vous me permettez cette expression.

La technologie numérique accélère la transformation de nos sociétés, elle permet de échanges et nous fait réaliser des économies substantielles car nous aurons de ce fait besoin de moins d’enseignants avec l’enseignement à distance.

Par ailleurs comme vous avez pu le constater la violence est devenue un fait coutumier dans nos écoles. Pour lutter contre celle-ci nous conseillons à nos jeunes de s’engager auprès des forces du maintien de l’ordre républicain. Aussi nous prodiguerons dans nos écoles des initiations au close-combat, au tir au pistolet, à la conduite d’interrogatoires. Enfin nous avons décidé d’engager à l’école une action résolue contre les enfants turbulents. Ces petits dégénérés devront rendre des comptes. Tu casses ! Tu répares ! Tu salis ! Tu nettoies !  Tu défies l’autorité ! Tu te prends deux tartes avant une garde à vue. Nous devons faire respecter l’autorité partout : dans les classes, dans les rues, dans les familles. Et les parents doivent se montrer responsables, car ce sont eux qui paieront les pots cassés. Ce n’est quand même pas nous, les citoyens honnêtes qui allons payer ? D’ailleurs faites comme moi, n’ayez pas d’enfants. Allez, vive l’instruction publique et en avant vers le progrès !

 

NOIR

 

SCÈNE XXIV

 

Voix off : Un mois plus tard

Meuf : Un mois plus tard…- autant dire une éternité dans le temps médiatique - la décision de mettre fin au confinement fut prise par le gouvernement. Il était en effet apparu aux autorités qu’il y avait eu plus de peur que de mal. La catastrophe planétaire attendue ne s’était pas produite.

Keum : En effet aucun élément fiable et vraisemblable ne prouvait une invasion d’extraterrestres, ni même de la présence de l’un d’entre eux en Franchie. Par ailleurs la grippe prit fin comme elle était venue et elle ne faisait plus la une de l’actualité.

Meuf : La Princidente préparait avec ses collaborateurs son discours de fin d’épidémie …

Keum : … et de début d’un avenir radieux.

 

SCÈNE XXV

 

La Princidente, La Super Viseur La Surintendante , la conseillère

 

La Princidente : Bon, comme d’habitude je lis ce que vous m’avez préparé et je complète avec mon texte et mes notes. J’attends donc vos réactions pour finaliser ce discours de post épidémie. Je commence. « Mes chères concitoyennes et mes chers concitoyens, en m’exprimant devant vous ce soir, c’est en réalité à chacun d’entre vous que je m’adresse. L’épidémie c’est fini et bien fini. Les extra-terrestres ont disparu de notre galaxie, si tant est qu’il y en ait eu. Souvenons nous : les rues et les routes étaient désertées, les stades vides, les aéroports fermés, les boutiques closes. Quel spectacle ! Mais notre pays a tenu le choc, et nous avons protégé nos concitoyens mieux que beaucoup d’autres pays ne l’ont fait. Si nous avons réussi c’est grâce à nos praticiens sur le plan médical qui ont stoppé l’épidémie, grâce à nos forces de l’ordre qui ont su maintenir la paix sociale, grâce à nos militaires qui ont été prêts à défendre nos frontières contre des envahisseurs potentiels, et, bien évidemment, chères Franchisiennes et chers Franchisiens, grâce à votre discipline et à votre respect des consignes, et enfin grâce à notre choix d’une société tout à la fois libérale, sociale et solidaire. (Elle s’adresse aux autres) Alors que pensez-vous du préambule ?

La Super Viseur : Ce n’est pas mal pour un début.

Les autres : Ouais, pas mal.

La Princidente : Je continue. La vie autour de nous a repris son cours normal.

La Super Viseur : (l’interrompant) Ainsi que la bourse.

La Princidente : Qu’est ce que tu veux dire par « Ainsi que la bourse » ?

La Super Viseur : La bourse a repris son cours normal et les cours ont même progressé pendant l’épidémie.

La Princidente : (se frottant les mains) C’est parfait, mes actions vont encore monter. Mais je ne peux pas parler de la progression de la Bourse à la télévision, je risque d’être encore traitée de Princidente des riches. Restons soft.  Je continue. « La vie autour de nous a repris son cours normal. Nous avons de nouveau le plaisir d’entendre les vrombissements des moteurs de voitures dans les rues, les motos pétaradent, il y a de nouveau des embouteillages. C’est la vie ! »

La conseillère :  Dis on sait que tu aimes les bagnoles, mais il faudrait que tu fasses de la pub pour les voitures électriques, sinon les constructeurs vont faire la gueule. Et tu dois parler de la mobilité non polluante : les vélos taxis, le cotrotinettage, le skate collectif.

La Princidente : Tu as raison. J’ajouterai ça dans mon intervention.

La conseillère :  Evidemment les voitures électriques vrombissent moins, c’est moins tendance que les voitures de sport que tu aimes. Mais c’est éco-lo-gique, il faut en passer par là pour faire plaisir aux constructeurs. N’est ce pas ?

La Surintendante : Elle a raison. (approbation des autres)

La Princidente : Bon, je poursuis. « Les trains de voyageur ont retrouvé leur belle campagne. Les avions de tourisme ont retrouvé leurs ciels et leurs nuages. Les paquebots ont retrouvé leurs océans. Vous êtes de plus en plus nombreux à voyager, c’est de nouveau la liberté, profitez-en. Le bonheur est de retour. En plus notre économie se porte bien : on exporte et on importe. Et plus on exporte moins on importe ». (à la conseillère) Tu es sûr de ça ?

La conseillère :  Ouais, en gros. De toute façon le populo n’y comprend rien à l’économie libérale. Du moment qu’il achète ses produits à prix réduits il est content.

La Princidente : L’économie, j’y viens. « Notre économie se porte bien. Après cette épidémie nous sommes en train de reprendre notre destin en mains. Que voyons-nous autour de nous : dans les rues les queues devant les Barbaques Snack ont repris. Les magasins et les super marchés ont rouvert leurs portes et les soldes connaissent un succès retentissant. Les restaurants refusent des clients. Nos entreprises fonctionnent à plein régime. Ah, qu’il fait bon vivre et travailler dans notre beau pays…surtout si on est originaire de ce pays. Car il y a ceux qui travaillent pour ce pays : des Franchisiennes et Franchisiens nés dans ce pays et celles et ceux qui profitent de notre système qui ne sont pas nécessairement des Franchisiennes et Franchisiens. Vous me comprenez chers compatriotes, n’est ce pas ? Les gens d’ici ne sont pas plus fiers ou plus beaux, mais ils sont d’ici, les gens d’ici. Par ailleurs nous faisons en sorte que vous viviez dans un monde plus sûr et plus sécurisé notamment grâce à la mise en service des Super Keufs » (aux autres) C’est un clin d’œil aux nationalistes.

La Super Viseur : Vous appelez ça un clin d’œil, moi j’appelle ça une œillade bien accentuée.

La Princidente : Si vous voulez… mais j’ai besoin de leurs voix. Je reprends « Ah, qu’il fait bon travailler dans ce pays et pour ce pays. Et tout le monde sait, chers compatriotes, que le travail…

(Tous) : C’est la santé.

La Princidente : « Car la citoyenne, le citoyen qui travaille aura moins de problèmes de santé qu’un oisif qui attend ses allocations chômage. C’est prouvé scientifiquement. Comme l’écrivait notre fabuliste national : « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins. » Et je le dis et le répète : pour nous, le meilleur moyen de réduire nos déficits, c’est le travail et la croissance. Je veux favoriser encore plus le travail. Car le travail c’est l’égalité entre les collaborateurs dans l’entreprise, chacun, chacune à quelque poste qu’il soit a son rôle à jouer pour le développement de l’entreprise. Le travail c’est la fraternité entre tous les collaborateurs pour la réussite des projets de l’entreprise et ses bénéfices. Le travail c’est la liberté ! « (s’adressant à un de ses conseillers) C’est toi qui as écrit ce paragraphe sur le travail ? Ne crois-tu pas que dire ‘le travail c’est la liberté, c’est un peu provocateur ? Ne lisait-on pas « Le travail rend libre » à l’entrée des camps d’extermination en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale ?

La conseillère : C’est vrai, je n’y avais pas pensé. Je voulais dire que l’on est libre de choisir son rythme et son temps de travail

La Princidente : Alors là d’accord. Je dirai : « Le travail c’est la liberté de pouvoir choisir son rythme et son temps de travail … avec son employeur bien sûr. »

La conseillère : Par exemple choisir la semaine de quatre jours…

Tous : La semaine de quatre jours !!!

La conseillère : Pourquoi pas ? La semaine en quatre jours … sans réduction du temps de travail.

La Princidente : Ah, la semaine de quatre jours sans réduction du temps de travail, je préfère.

La conseillère : Si le salarié peut partir plus tard le soir où arriver plus tôt le matin, il peut ainsi travailler un jour de moins.

La Princidente : J’ajouterai cet exemple. Car avec la semaine de quatre jours je me voyais déjà traiter de socialo-communard par le patronat. (Rires) Je reprends. « C’est à chacun de nous d’aider notre économie et de faire des efforts pour la développer, ainsi nous en profiterons toutes et tous. Nous investirons plusieurs milliards pour soutenir nos entreprises qui doivent faire face à une concurrence acharnée. »

La Surintendante : Et, allez, les milliards vont encore valser. Ah, quand on aime on ne compte pas ! (Tous rient)

La Princidente : « J’évoquais tout à l’heure le travail et la santé. Concernant la santé nous mettrons en œuvre dans les prochains mois un plan santé en direction des seniors et aux senoritas. »

La Surintendante : Il faut vite mettre en œuvre votre plan avant qu’ils ne disparaissent. (Rires)

La Princidente : (Un temps, puis elle s’adresse aux autres) J’ai visité l’autre jour des hôpitaux pour vieux et j’ai vu de mes yeux vu la réalité de ces mouroirs. Ça pue la pisse, la merde et l’éther. J’étais entouré de tous ces vieux qui pètent, qui rotent, qui toussent, et qui s’accrochaient à moi pour que je les embrasse. Pouah, c’était dégoutant. Heureusement qu’il y avait un service de sécurité sociale vigilant qui a un peu bousculé les vioques. Suite à cette visite j’ai décidé de supprimer la majorité des lits dans les hôpitaux.

La Super Viseur : Vous êtes sûre ? Mais où iront les malades ?

La Princidente : Je vais vous le dire. (reprenant le ton du discours) « Le ministère de la bonne santé et de la bonne année a signé un contrat avec la chaine d’hôtellerie Accordéon afin qu’ils accueillent les personnes âgées à des prix raisonnables. »

La Super Viseur : Mais le prix des prestations chez Accordéon sont vraiment super coûteuses. Je le sais j’ai ma mère qui vivote chez eux.

La Princidente : Il est évident qu’ils ne pourront accueillir que ceux qui ont les moyens de payer les soins. Il faut bien que les hôteliers puissent faire du profit tout en apportant du bonheur à leurs malades. Je reprends. « Nos personnes âgées auront un service médical de grande qualité avec les meilleurs spécialistes. Par ailleurs des praticiens des spas leur feront retrouver le bonheur dans le bain, des sophrologues et des naturopathes qui leur apporteront le bien être et l’harmonie entre leur corps et leur esprit. »

La Super Viseur :  Ouah, place à la médecine douce pour les vioques.

La Princidente : « Par ailleurs j’ai obtenu l’accord de Snack Barbaque pour reprendre la gestion des cuisines hospitalières. Nos ainés auront la chance de pouvoir manger régulièrement des z’hambourgueurs à la viande bovine et au camembert. Des produits bien bios de notre Franchie. Mais ne craignez rien il y aura encore et toujours la soupe obligatoire midi et soir. »

La Super Viseur : (en riant) Ah tant mieux il faut respecter les traditions.

La Princidente : « Et des rencontres avec des jeunes seront organisées mensuellement »

La Super Viseur : Mensuellement ! Vous allez les tuer.

La Princidente : Ouais, c’est vrai que c’est un peu exagéré. Je dirai « le plus souvent possible »

La Super Viseur : C’est plus raisonnable. Et ils joueront à quoi ensemble ? A cache tampon à colin-maillard ?

La Princidente : Il s’agit pour moi de rapprocher les générations riches de leurs différences, de développer du lien social, de créer une synergie entre la sagesse des seniors et la spontanéité des jeunes. » Pas mal la formule ? Non ? Qu’en pensez-vous ?
La conseillère : Je trouve que ton plan santé est un peu racoleur

La Super Viseur : Et électoraliste. Mais il est vrai les électeurs de plus de 65 ans votent plus que ceux de moins de 30 ans.

La Princidente : Puisqu’on parle élections, il ne faut pas que j’oublie de dire un mot flatteur aux cul-terreux parqués dans leur cambrousse

La conseillère : Je t’ai préparé ça. (Elle lui donne une feuille de papier)
La Princidente : (Elle lit) « Grâce à vous, gais laboureurs, nous mangeons, que l’on soit végétarien ou carnivore. Grace à vous, nous buvons le meilleur nectar européen.

La conseillère : Et nous sommes les européens les plus alcoolisés (Rires)

La Princidente : « Grâce à vous notre campagne est belle car vous l’entretenez.

Oh ! Gé aime les produits naturels de notre sol que vous faites pousser. (s’adressant à la surintendante) O G M, c’est très drôle

La conseillère : C’était pour faire un mot. Je voulais voir si tu l’avais remarqué

La Princidente : Je remplacerai par « Oh que j’aime les produits biologiques de notre sol »

La Surintendante : Avec ou sans OGM ?

La Princidente : C’est un autre débat. Je ne veux pas me mettre à dos les bouseux. Sur l’environnement j’ai écrit ce qui suit : « Pour sauver notre environnement et sauver notre planète par la même occasion nous devons développer la filière bio, car le bio c’est la vie »

La conseillère : Comme son nom l’indique.

La Princidente : « Il nous faut une écologie populaire et chacun d’entre nous doit y participer s’y mettre. Faites pousser des fruits et légumes de saisons sur vos balcons. Utiliser les circuits courts en achetant des produits locaux à nos chers agriculteurs. Mangez bien, mangez bio »

La Surintendante : Vous avez raison. Moi, j’adore acheter mes légumes et ma viande aux producteurs locaux… Et en plus les célibataires t’emmènent dans leur pré pour te donner du bonheur. (Rires)

La Princidente : (reprenant le ton du discours) « Et, chers agriculteurs, je vous promets qu’il y aura moins de formulaires à remplir, moins de dossiers à constituer, moins de questionnaires à renseigner. En un mot moins de pa-pe-rasse-rie. Nous allons débureaucratiser l’administration en supprimant notamment des postes de fonctionnaires qui restent à flemmarder derrière leur ordinateur. Et cela nous fera des économies. Ça va changer. De l’action, toujours de l’action, encore de l’action ! Place à ceux comme vous qui travaillent la terre de leurs mains ? » (s’adressant aux autres) Qu’en pensez-vous ça peut me ramener des voix chez les bouseux à la prochaine élection princidentielle ?

La Surintendante : Franchement je ne vous vois pas faire campagne dans la campagne même en tenue de baroudeuse.

La conseillère : Elle a raison. Tu salirais ta mini-jupe kaki de chez Chanel, ta veste treillis de chez Dior et tes rangers en croco made in India.  Occupe-toi plutôt de ton électorat : les bobos BCBG ex socialos, ex écolos, ex-anarchos, ex sciences po, ex science-éco, ex arts-déco des grandes villes.

La Princidente : (à la conseillère) Bon, ça va, ça va. Mais, méfie-toi, un jour je pourrais bien me passer de tes conseils, Madame ma conseillère préférée. Je reprends. « Chères concitoyennes, chers concitoyens, j’évoquais la défense de notre environnement, car c’est notre avenir. Et qui mieux que nos enfants peuvent être porteurs de cet objectif ? Pour cela nous continuerons à rapprocher l’école et les métiers. Les enfants doivent envisager des emplois liés tant à l’écologie qu’à la sécurité. Je citerai pêle-mêle : naturopathe pour centrale nucléaire, assistante de vie des jours heureux, agente de sécurité sociale

La conseillère : Pourquoi pas paysagiste renaturaliseur des quartiers sensibles.

La Super Viseur : Ou encore gardien de square sécurisé

La Surintendante : Physionomiste pour repérer les éventuels agresseurs de mamies. (Les 3 rient de leurs plaisanteries)

La Princidente : (vexée) Bon ça suffit, j’ai compris. Je ne citerai pas de métiers. Point barre. Bon on a fait un premier tour de l’actualité ? (regardant ses notes) Ça j’en ai parlé, ça aussi.

La conseillère : La culture ? Tu n’as pas parlé de la culture.

La Princidente : Ah oui, la culture …ce supplément d’âme pour celles et ceux qui ont du pognon. Sur le plan culturel notre ministre de la culture s’évertuera à développer ces prochains mois le rêve éveillé, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle. Nous suivrons ces travaux avec la plus extrême vigilance. Voilà pour la culture, Oh, j’allais oublier le cultuel : la religion. On a quand même besoin des religieux et le peuple aussi en a besoin. C’est leur opium, c’est leur drogue, ça leur permet de croire qu’un avenir radieux les attend et qu’après leur mort ils auront droit au paradis. (reprenant le ton du discours) Je tiens à remercier les prêtres, les archiprêtres ainsi que leur pape et leur sous papes. Les popes et les pasteurs anglicans, les ulemas et les imams, les rabbins, les chamans, les griots, les lamas et autres gourous. Je tiens à tous vous remercier, vous qui priez vos dieux pour que nous ayons des jours meilleurs. » Il vaut mieux avoir les religieux de notre côté, car on ne sait jamais ce qui peut nous tomber du ciel. Par exemple une bonne épidémie.  Bon après le goupillon, il ne faut pas oublier le sabre. Le général Bidasse m’en voudrait à mort et le connaissant il pourrait bien me trucider. Voilà sa prose : « En tant que cheftaine des armées je tiens à féliciter nos militaires qui ont joué un rôle majeur dans la défense de notre territoire ces derniers mois. Et ils seront décorés pour cela. » (aux autres) Si vous saviez comme je commence à en avoir ma claque de princider ces cérémonies militaires avec défilés, hymne national, levée des drapeaux, remises de médailles et embrassades. Je poursuis. « Les envahisseurs se sont rendus compte de la puissance de nos forces armées et ont vite compris qu’ils ne pouvaient pas débarquer en Franchie. Nous les attendions de pied ferme et s’ils étaient venus nous aurions agi avec la plus grande fermeté à coups de drones, de missiles, de roquettes et s’il l’avait fallu à coups de machettes. » Je suis bien obligée de prendre en compte sa littérature. Mais j’ajouterai : « Néanmoins je tiens à dire que la Franchie restera toujours dans le camp de la paix. »

(Ils applaudissent)

La conseillère : Il fallait le dire. Ça ne mange pas de pain (Tous rient)

La Princidente : En conclusion je veux que nos concitoyennes et nos concitoyens vivent dans un monde plus durable, plus juste, plus résilient… (un temps, puis elle dit sur un ton sérieux) plus humain. (Elle crie) Vive la Franchie libérale …et vive la Princidente. (Elle rit ainsi que les autres) Bon c’est tout pour aujourd’hui, les enfants. On se retrouve demain pour la suite du programme.

 

NOIR

 

Voix off : Pendant ce temps là sur une autre planète.

 

SCÈNE XXVI

(Le bureau du chef de mission)

Le chef de mission, Meuf et Keum

Le chef de mission :  Entrez. Bonjour Anne Mathilde. Bonjour Charles Edouard. Le Comité Suprême a décidé de mettre fin à votre mission car, en fonction des renseignements que vous nous avez communiqués, une annexion de la Franchie ne nous semble pas être d’actualité. Dites-moi, quelles sont vos premières impressions suite à cette mission

Keum : Je dirais que j’ai constaté que le besoin de profit rapide et de rentabilité immédiate d’une activité est devenu la règle dans ce pays et que pour défendre leurs biens les Franchisiens sont prêts à réclamer un environnement encore plus sécuritaire.

Meuf : De ce fait la chasse aux ET c’est-à-dire aux ÉTranges ÉTrangers, qui d’après les Franchisiens pourraient s’emparer de leurs biens, devient un sport national.

Keum : D’autre part nous estimons que l’épidémie a permis au gouvernement de la Franchie de mettre en œuvre une stratégie du choc.

Le chef de mission : Que voulez vous dire ?

Meuf : Le gouvernement a profité du choc de l’épidémie pour faire peur à la population avec des injonctions contradictoires afin de museler la possibilité de le critiquer.

Keum : Cette épidémie a appris à la population à accepter tout type de surveillance.

Meuf : A accepter les contraintes sur les droits civils

Keum : A une restriction de liberté

Meuf : A permettre au gouvernement de décider par exemple si la population devait rester à la maison et devait envoyer ou non ses enfants à l’école.

Keum : Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien.

Keum et Meuf : Ainsi tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible sur la planète Terre, mais une peste noire est toujours possible.

 

 

 

FIN


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