Les Gros Calibres

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QUAND CARLOS BALDINI SORT DE PRISON… SA CHARMANTE ÉPOUSE PENSE QU’IL VA DEVENIR HONNÊTE. C’EST BIEN MAL CONNAÎTRE NOTRE MALFAISANT QUI COMPTE BIEN RÉCUPÉRER L’ARGENT DU CASSE DU CRÉDIT AVEYRONNAIS POUR PARTIR AU SOLEIL… SEULEMENT VOILÀ, RIEN NE VA SE PASSER COMME PRÉVU… TRAITRISES, ARNAQUES, ET CRIMES FOIREUX… LA RETRAITE DE NOTRE PAUVRE CARLOS RISQUE DE NE PAS ÊTRE DE TOUT REPOS.

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LES GROS CALIBRES

 

 

comédiE

 

de

luc chaumar

 

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165 RUE MARCADET 75018 PARIS

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QUAND LES « TONTONS FLINGUEURS » S’EMBROUILLENT AVEC La « cage aux folles » C’EST SÛR que ça va finir par un carnage.

 

A sa sortie de prison, Carlos baldini n'a qu'une envie : recommencer sa vie avec Natacha sa jolie visiteuse de prison. facile à dire mais pas si facile à faire quand des malfaisants veulent le faire chanter, que les flics veulent le faire tomber et qu'un décorateur très gaffeur se met à lui pourrir la vie. et puis carlos veut-il vraiment raccrocher ?

 

mensonges, quiproquos, trahisons et crimes foireux : pour carlos, la réinsertion risque d'être plus compliquée qu'il ne le croyait…

 

Il faut pas se prendre pour un soprano quand t'es un sopra… nul !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 1

---------

 

pavillon de banlieue. un salon avec une décoration entre le ringard et le Kitch. un tableau représente un homme style mafieux  avec  costume cintré arborant un sourire niais. un canapé et une table basse. Un petit guéridon côté cour.

 

une porte donne sur l'entrée, une vers la cuisine et une dernière sur une chambre et la cave. sue le devant une porte vitrée donne sur un jardin.

 

quand le rideau s’ouvre sur une musique musclée à la tarentino : Carlos baldini, (la quarantaine) Costume Kitch, et SANDRO CARVESE (la trentaine) en costume noir, pas très futé, se braquent mutuellement et font un cercle autour du canapé du salon. Ils sont « flingue contre flingue » et la tension est palpable. Lequel des 2 va tirer le premier ?

 

carlos (ferme)

Dernière sommation : pose ton flingue… enfoiré.

 

SANDRO

Pas question… rengaine le premier.

 

carlos

C’est ça, pour qu’après, tu me sulfates le potager…

 

SANDRO

Je ne suis pas venu pour sulfater… juste pour pour faire passer un message.

 

carlos

J’ai pas confiance…

 

SANDRO

Réfléchis. Si j’étais là pour te donner ta mère, ça serait déjà fait… Non ?

 

carlos (réfléchissant)

C’est pas faux. (il hésite) Bon, on va faire un deal : on baisse la garde tous les deux en même temps et après on cause. OK ?

 

SANDRO

Ok !!

 

Ils rengainent en même temps.. carlos va poser son arme dans le tiroir du guéridon.

 

 

carlos

Dis-donc, on ne t’a pas appris les bonnes manières à toi ? Tu sais que ça ne se fait pas de venir braquer à l’heure du petit déjeuner… C’est vrai quoi… un peu de respect pour ton parrain.

 

SANDRO

Mort de rire ! T’es plus un parrain "Baldini"… t’es un has been.

 

carlos

Désolé, mais niveau pedigree, à côté de toi, je suis encore un chien de race.

 

SANDRO

C'est fini tout ça… place aux jeunes.

 

carlos

Jeune, toi ? Et puis t’es qui pour venir m’enfumer le lendemain de ma sortie de taule ?

 

SANDRO (FIER)

SANDRO CARVESE… la famille Carvese, t’as jamais entendu parler ?

 

carlos

Ben non… Allez, fais péter le CV.

 

SANDRO

Je suis la relève ! Je vais reprendre en main ta PME.

 

carlos

Ma PME ?

 

sandro

Ben oui : PUTE ! MAGOUILLES ! EMBROUILLES !

 

carlos

Enfin ! T’as pas le droit de vouloir me faire ça ! C’est mes affaires que j'ai gagné tout à fait malhonnêtement.

 

SANDRO

C’est ça… va te plaindre au MEDEF ! T’es un tricard et je vais annexer tous les territoires…

 

carlos (étonné)

Attends : quand tu dis tous : Même ceux de DON CALZONE ?

 

SANDRO

Ah non, Don Calzone… c'est pas pareil, on ne peut pas y toucher. Dans le milieu, il est vintage.  Don Calzone, c’est un « collector »…

 

carlos

C’est vrai : 30 ans de non lieux… ça force l’admiration.

 

SANDRO

Don Calzone, c'est une pointure, un peu comme "Al Capone » « Lucky Luciano »…

 

carlos

… « Patrick Balkany »…

 

SANDRO

Alors respect ! Mon seul regret, tu vois, c’est que j'ai jamais pu faire un selfie avec lui.

 

carlos

Fais gaffe ! Le dernier paparazzi qui a voulu le photographier par surprise, on l'a retrouvé dans la seine, les deux pieds coulés dans le béton, à essayer de faire du ski nautique.

 

sandro

C'est un pudique…

 

carlos

Tu sais que lui et moi … On a débuté ensemble.

 

sandro

Comme gros bras ?

 

carlos

Comme petites mains : Racket… braquo… et dégâts des « os » ! Et avec nous, si tu commençais à pas marcher droit… tu finissais toujours par plus marcher du tout !

 

sandro

Vous avez dû en dépoter de la rotule en plastique.

 

carlos

M’en parle pas ! Et quand on se retrouve, aujourd’hui, tu sais ce qu'on se fait ?

 

 

SANDRO (admiratif)

… Une petite banque ?

 

carlos

Non, une petite pizza !

 

SANDRO

Alors que toi, c’est pas comme Don Calzone, tout le monde s'en fout de toi, on peut t'écraser comme un cloporte.

 

carlos

C'est pas très gentil ce que tu dis…

 

SANDRO

Je sais !! Surtout pour les cloportes.

 

carlos (avec empathie)

Allez Sandro, on ne pourrait pas arrêter un peu les mots qui blessent et la métaphore belliqueuse ! Je te propose : On stoppe l’intifada et on se partage les territoires occupés. J’ai pas encore l’âge des thés dansants, alors tu me laisses quelques années juste pour payer les points retraites.

 

SANDRO

Non, t’es un fini, oublié, enterré, alors j'en profite. Mais c’est pas tout : je veux aussi la mallette que t’as planquée après le Braquage du crédit Aveyronnais.

 

carlos (s'énervant)

Et voilà, encore la rumeur malveillante ! Mais il n’y a pas de mallette… Le crédit Aveyronnais, c’était pas moi. C’est le Commissaire BROUTARD qui m’a fait tomber.

 

sandro

Pourtant, tu t’es bien épanché en prison, comme quoi, tu avais fait le coup et que t'avais planqué l'oseille.

 

carlos

En taule, quand comme moi, tu es encore un mec "super gaulé" pour son âge (moue de Sandro) si… si, c'est sur que t'attires les convoitises sous la douche ! Alors faire croire que je pouvais partager l'argent du braquage, ça m'a permis d'éviter la savonnette mal placée.

 

SANDRO

(montrant son flingue dans le holster) Je veux la tune sinon ta retraite tu la prendras au "Père Lachaise".

 

on sonne. sandro ressort son flingue illico.

 

sandro

C'est quoi ça ?

 

natacha (off)

Mon amour, je reviens des courses et j’ai pas la clef… tu peux venir m’ouvrir s'il te plaît ?

 

carlos (affolé)

Oh bordel ! (fort et mielleux) J’arrive, un instant mon coeur… je suis au téléphone ma « poupinette ».

 

SANDRO

C'est qui la meuf derrière la porte ?

 

carlos

(à SANDRO) C’est pas une meuf… c'est ma meuf ! Natacha ! C'est ma femme Natacha !!!!

 

SANDRO

COOL ! Je vais vous travailler tous les deux à l'ancienne… je vous ferai le tarif couple.

 

carlos

Pas question ! Elle sait rien pour mes affaires, alors tu ne la touches pas. OK ?

 

SANDRO

Pas 0K ! Elle va y passer… tiens je vais la désosser façon viande bovine.

 

carlos

Tu ne ferais pas ça…quand même ?

sandro

Ben si ! En plus, j'ai un CAP de charcutier.

 

carlos

Attends ! Tu veux l’argent du crédit aveyronnais ?

 

SANDRO

C'est ça…

 

carlos

Alors t'as gagné ! Je vais payer…

 

SANDRO

C’est bien…

 

carlos

Mais pas tout de suite…

 

SANDRO

… Je la découpe.

 

carlos

Attends, je te dis !! Il me faut juste le temps d’aller récupérer la mallette avec les billets.

 

natacha (off)

Mais tu fais quoi mon cœur ?

 

carlos (fort)

Je finis une conversation au téléphone  !!! Juste une minute… j'arrive.

 

natacha (off)

Dépêche !! Je fatigue…

 

SANDRO

(hésitant) Ok, je te donne un quart d’heure et je reviens ramasser l'oseille. Et pas de coups foireux d’accord ?

 

carlos

Enfin… tu me fais confiance ?

 

SANDRO

Pas du tout. Et attention : grosse somme mais petite coupure… compris ?

 

carlos

Compris ! Bon, file par le jardin… il ne faut pas qu’elle te voit.

 

SANDRO (content)

Tu vois que c’était pas difficile de régulariser la situation. Allez, à tout de suite… « Papy ringard ». LOL !

 

SANDRO sort par le jardin.

 

 

 

 

 

 

carlos

« Papy ringard », non mais vous l'avez entendu !!! Je vais te la lui régulariser à coup batte de Base Ball la situation… moi. Ah, il va apprendre à savoir qui c’est le Carlos. Aujourd’hui, ça va être le « Happy Hour du génocide », « l’apéro de la saint Barthélémy ». Le tocsin va sonner chez les jeunots, on va entonner les Requiem. Planquez vos miches les Winner… Carlos  Baldini est de retour.

 

natacha (off)

Bon ça suffit, ouvre-moi ! Je vais finir par être en retard au lycée.

 

carlos (se reprenant)

Voilà… voilà… je viens ma « Poupinette »… je viens.

 

carlos va ouvrir. natacha entre. c'est une belle femme.

 

natacha

Ah quand même ! Ce n'est pas trop tôt !!! Tu parlais à qui mon amour ?

 

carlos (mielleux)

Je téléphonais au pôle emploi.

 

natacha

C'est bien ! Vas y demain dés "Potron minet".

 

carlos

Pas question, je suis allergique aux chats.

 

natacha (très instit)

Non, mon amour, "Potron minet" ça veut dire qu'il faut y aller demain matin très tôt.

 

carlos

Ah oui, bien sûr…  que je suis bête.

 

natacha

Mais non. C'est super qu’on soit enfin ensemble toi et moi ? Tu ne trouves pas ?

 

carlos

Oh oui ! T'avoir dans mes bras dans un vrai lit… c'est la cerise sur le gâteau.

 

 

 

natacha

Et quand c'est toi le gâteau, on rêve d'avoir une indigestion. (ils s’embrassent)  (Natacha regarde la déco) Bon, à partir de ce matin, ta vie repart à zéro.

 

CARLOS

Bien sûr !

 

natacha

Ta vie d’avant c'était ta vie d'avant, maintenant tout le monde doit savoir que tu as décidé de devenir un homme honnête.…

 

carlos (faux cul)

Oh que oui…

 

natacha

Et les flics doivent aussi comprendre que tu n’étais pour rien dans ce braquage et que l’argent c’est pas toi qui l’as planqué ?

 

carlos

Ben si (se reprenant) ben non ! Bien sûr que non ! Enfin  bon ! Le commissaire Broutard m’a déjà fait tomber une fois et ça peut recommencer. C'est pour ça que j'aurai préféré qu'on parte plutôt tous les deux au soleil …

 

natacha

Et avec quel argent ?

 

carlos (faux cul)

Et oui… c'est ça le problème. Mais tu vas voir je vais me refaire…

 

natacha

Pardon ?

 

carlos

…Une santé !  Je vais me refaire une santé et après à nous la nouvelle vie…

 

natacha

Bon, pour la déco de la maison, "un ami commun" m'envoie un spécialiste du relooking intérieur et tu verras, tu vas adorer.

 

carlos (pas convaincu)

J'en suis sûr.

 

natacha

Et j’ai aussi quelque chose pour toi. Tiens, Cadeau.

 

elle sort un paquet de son sac.

 

carlos

Oh merci. C'est quoi ?

 

natacha

Un livre.

 

Carlos (AFFOLÉ)

Un livre ? J’y touche pas, trop dangereux.

 

natacha

Si tu veux reprendre tes études, il faut que tu te cultives.

 

carlos

Mais de là à lire un livre, il ne faut pas déconner.

 

natacha

C’est pas de la dynamite.

 

carlos

C’est pire. J'ai eu un codétenu qui a commencé à lire un livre à la prison et après, il s’est tapé toute la bibliothèque.

 

natacha

Non ?

 

carlos

Si ! Il est devenu gonflant mais gonflant, il discutait sur tout, je ne pouvais plus bouffer tranquille. J’ai même dû sévir.

 

natacha

Tu l'as frappé ?

 

carlos

Non, j'ai mis des boules Quiés.

 

natacha

Ah ça ! Le livre c'est la cocaïne de l'intellectuel.

 

 

 

carlos

Et en sortant, il a très mal fini…

 

natacha

Il a récidivé ?

 

carlos

Non…  on l'a embauché sur Arte.

 

natacha

Il va falloir que je te reformate le disque dur toi sinon je la sens mal barrée ta réinsertion. Ce livre, c'est un essai sur le couple. Le dernier Cyrulnick…

 

carlos (RASSURÉ)

Cyrulnick ?? Ah d’accord ! C'est pas pareil ! Ah lui je l'adore Cyrulnick…

 

natacha

Tu vois…

 

carlos (admiratif)

Momo Cyrulnick surnommé "l'ouvre boîtes" !!! Il ouvrait les coffres forts comme personne ! Mais je croyais qu'il était mort refroidi par Dédé la chignole ?

 

natacha

Laisse tomber mon cœur. On va commencer par des cahiers de coloriage…

 

carlos (amoureux)

Dis, ma  « Poupinette » : toi qui est belle, douce, intelligente…  Pourquoi je t'ai plu ?

 

natacha

Parce que tu es réac, macho et pas rigolo !

 

carlos (modeste)

C’est vrai que j'ai beaucoup de qualités.

 

natacha

Mais je suis tombée amoureuse de toi à la première minute où je suis venue te rendre visite à la prison. C'est ça les phérormones !

 

 

carlos

Non, ça c'est l'effet Carlos.

 

natacha

Et puis… au fond… t'es un gros Nounours.

 

carlos

Mais bien sûr  ! (au public) Sauf que Winnie l'ourson, il n’a pas du tout envie qu'on lui pique son pot de miel… alors, il ne va pas hiberner longtemps.

 

natacha

Tu marmonnes quoi ?

 

carlos

Je pense juste à ce que je vais dire au pôle emploi…

 

natacha

Très bien. Tu sais de quoi tu aurais besoin ?

 

carlos

D'un bon P38…

 

natacha

Mais non… d’un bon coach.

 

carlos

Un coach ? Ça sert à quoi un coach ?

 

natacha

C’est quelqu’un qui t’aidera à résoudre tes problèmes. C'est un professionnel…

 

carlos

Ah mais t’as raison, j'ai besoin d'un professionnel… je vais appeler un ami qui en connaît un de… professionnel.

 

natacha

Il est bien ?

 

carlos

C’est un gros calibre. (se reprenant) Enfin, il est très compétent.

 

natacha

Il doit bien cerner ton problème pour le régler très plus vite.

 

 

 

carlos

Pour aller vite… ça va aller vite ! Et quand il se sera occupé de mon « problème »… je vais aller beaucoup mieux.

 

natacha

Bon, je file, j'ai des cours au lycée toute la journée… par contre ce soir, pour se détendre, je passerai acheter un DVD. Mais pour être avec toi… je ferai "diligence".

 

carlos

J'ai aussi horreur des Westerns. Prends plutôt "LES AFFRANCHIS" ou "LE PARRAIN". Ça me rappellera ma jeunesse.

 

natacha (soudain jalouse)

Carlos ? Je te laisse mais interdiction d'appeler ton EX ?

 

carlos (surpris)

Une ex ? Mais enfin quelle ex ?

 

natacha

La sœur de DON CALZONE !

 

carlos

RÉGINA ? Enfin, mon amour, il ne s'est jamais rien passé entre nous…

 

natacha

C'est pas ce qu'on m'a dit. Tu ne vas pas trop t'ennuyer sans moi ?

 

carlos

Je vais aller jardiner… j’aime bien creuser des trous. Ça sert toujours un trou… (on le sent soudain inquiet) Dis, dans ton milieu d'intellectuels… tu leur as dit quoi à mon sujet ?

 

natacha

La vérité, que tu sortais de « Centrale »… mais je n'ai pas précisée laquelle.

 

natacha sort. Il prend son portable.

 

 

 

 

 

 

 

 

carlos

Allô ? DON CALZONE ? C'est Carlos. Je suis sorti de prison. Non… pas vraiment du 5 étoiles. Bouffe moyenne, literie médiocre, pas du tout à conseiller au guide du routard. Tu sais qui j’ai rencontré en prison ? Mais non, pas ton cousin… l'amour ! Natacha, une prof de Français visiteuse de prison. Alors elle m'a visité, je l'ai visitée et on a fini par se signer un bail. Et j'ai aussi réussi à leur faire croire que je voulais devenir honnête…CARLOS BALDINI honnête !!!! Hé oui, c'est con un juge parfois… Bon, j'ai besoin d'un service. Il faut que tu m'envoies quelqu'un pour sulfater un malfaisant !! Pardon? Sulfater… c'est pas écologique ? Maintenant on dit « tri sélectif des ordures » ! Comme tu veux, alors tu m'envoies ton nettoyeur « Monsieur Propre »,. Je veux foutre ce petit foireux aux chiottes !!! Hein ??? Aux toilettes sèches… d'accord. Mais oui, je sais, c'est ton côté "Truand écolo", t'as toujours été le José Bové de la "Camora" ! Tu me l'envoies tout de suite ? Au fait, comment va « Régina» ? Toujours dans le trafic de Grappa ?

Maintenant elle fait dans le "Red bull".... Hé oui, les temps changent. Allez merci, j'attends ton Monsieur propre… dis-lui de faire fissa. (il raccroche)

 

carlos va derrière un petit meuble et  en sort une pelle.

 

carlos

Allez hop, au jardin ! On ne sait jamais… si ça tourne mal ! Le SANDRO, il finira sous les hortensias ! (au public) Elle commence pas bien cette journée… je ne sais pas pourquoi mais… je la sens pas.

 

carlos va dans le jardin. Un homme entre. C'EST GABRIEL, LE DÉCORATEUR. IL EST CLASSE et RAFFINÉ.

 

gabriel (au portable)

Mon Dieu que c'est vieillot ! Mais comment on peut habiter dans une vulgarité pareille ? (il prend son portable) Allô mon Pollux c'est ton castor… je viens d'arriver chez ton ami commun. Mais que c'est laid !!! Que c'est laid !!!! Tu montres ça à Stéphane Plazza et il se remet illico au Prozac. Allez, bisous mon Pollux.

 

il raccroche. Carlos revient du jardin.

 

carlos

Hé vous, vous faites quoi chez moi ?

 

gabriel

C'était ouvert alors je suis entré.

 

carlos

Je le vois bien. C'est ma femme, elle ne ferme jamais, sale manie.

 

gabriel

Je me présente : GABRIEL DONZAC… enchanté. Nous avons rendez-vous. (complice) C'est moi qui suis envoyé par notre "un ami commun".

 

carlos

Ah d'accord ! C'est bien, vous avez fait vite…

 

gabriel

J’étais pas loin. Et pourtant en ce moment, chez nous, c'est souvent le coup de feu !

 

carlos (rassuré)

Hé oui. Désolé pour l'accueil, je suis un peu à cran en ce moment.

 

gabriel

Faites du Shiatsu…

 

carlos

Je préférerai faire un bon "ménage"…

 

gabriel

C'est bien aussi le ménage, ça permet de bien tout évacuer.

 

carlos

C’est ça ! Je veux tout évacuer… en pièces bien détachées, façon MIDAS.

 

GABRIEL

BON ! Pour notre travail : Vous allez voir… je suis un vrai tueur !

 

CARLOS

J’y compte bien !

 

gabriel

J'imagine ! Je conceptise !  J'élabore. Et je suis toujours là quand il faut passer à l'action.

 

carlos

En gros, vous êtes un bon professionnel…

 

gabriel

Et J'ai jamais eu de réclamation. Tenez une fois, j'ai travaillé dans une usine désaffectée…

 

 

carlos

Oh c'est bien l'usine désaffectée… c'est calme.

 

gabriel

Et je peux vous dire qu'on a tout défoncé. On a même fini au chalumeau.

 

carlos

Ah le chalumeau, toute ma jeunesse ! Je l’ai toujours dit, on n'utilise jamais assez le chalumeau dans le métier.

 

gabriel

Après, vous avez des préférences ?

 

Carlos

J 'aimerai bien tout couler dans le béton…

 

gabriel (ferme)

Ah  non… pas le béton !

 

carlos

Et pourquoi ?

 

gabriel

C'est pas Feng Shui ! Et je veux Feng Shui ! Vous m’entendez… il faut Feng Shui !

 

carlos

D’accord… c'est bon… bossez avec Feng Shui ! J’ai rien contre les chinois.

 

gabriel (REGARDANT AUTOUR DE LUI)

Merci. (il prend des mesures)

 

carlos

Vous faites quoi là ?

 

gabriel

On va écraser les volumes pour bien aérer les parcelles.

 

carlos

Et si on  l'explosait d’un coup ?

 

 

gabriel

Ah je vois : Aplanir les angles pour reconstruire dans le néant !

 

carlos

C'est ça. Bon, pour l'argent…  je vais vous donner un acompte en liquide.

 

GABRIEL

Ah non… surtout pas !

 

carlos

Ah bon ? Et pourquoi ?

 

gabriel

Je veux d'abord qu'on soit bien d'accord sur le devis.

 

carlos (très étonné)

Vous voulez me faire une facture ?

 

GABRIEL

Ben oui ! Et quand tout sera fini … vous pourrez signer mon livre d'or ?

 

carlos

Pardon ?

 

GABRIEL

Un petit mot gentil. Ça pourra m'aider pour ma carrière.

 

carlos (étonné)

Je veux bien… mais quand même… le métier a bien changé.

 

GABRIEL

Ne m’en parlez pas… avec l’Europe, les étrangers cassent les prix. Mais le résultat n'est pas toujours à la hauteur.

 

carlos

C’est vrai… les russes… ils salopent le boulot.

 

gabriel (énervé)

Et moi quand on salope le boulot… ça me met en pétard.

 

carlos

En pétard, hé oui. (il le scrute) C'est curieux, mais pour ce travail, je ne vous imaginais pas comme ça. Disons que vous ne faites pas assez…

 

 

gabriel

Bobo ?

 

carlos

On va dire ça ! Dites, Gabriel, ça fait longtemps que vous travaillez pour notre "ami commun" ?

 

gabriel

10 ans. Mais on ne vit ensemble que depuis 5 ans !

 

carlos

Ah bon ?

 

gabriel

Il ne vous a pas dit pour nous deux ?

 

carlos (étonné)

Ben non !

 

gabriel

On va se marier dans 2 mois, maintenant qu'on peut.

 

carlos

Enfin !  Mais avant, il était avec sa femme…

 

gabriel

Mais il a tout plaqué pour moi. Un vrai coup de foudre. Comme dans  "BROKEBACK MOUTAIN" !

 

carlos

Mais le « milieu »… il l’a pris comment ?

 

gabriel

Très bien, il faut dire que dans notre « milieu », il y en a déjà beaucoup…

 

carlos

Bon, pour notre affaire, je ne veux pas quelque chose de définitif…

 

gabriel

Bien sûr…

 

carlos

Je veux juste montrer que Carlos Baldini… c’est toujours  Carlos Baldini.

 

 

gabriel

Bien sûr…

 

carlos

Alors vous le démolissez… mais vous ne tuez pas cet enfoiré.

 

gabriel

Bien sûr… (un temps) Mais tuer qui ?

 

carlos

Sandro Carvese …

 

gabriel (tête perdue de Gabriel)

Je ne comprends pas.

 

carlos

Vous allez bien tout  démolir ?

 

gabriel

Dans la cloison du premier.

 

carlos

Non… dans la tronche du SANDRO. Je viens de vous le dire.

 

gabriel (perdu)

Mais c'est qui ce SANDRO ?

 

carlos

Enfin ! On en parle depuis 10 minutes. C'est le contrat ! Celui que vous devez éliminer : Sandro Carvese.

 

gabriel (AFFOLÉ)

Ah mais non ! Mais moi… je peux, à la rigueur, éliminer des cafards… mais pas des Sandro "Bolognese".

 

carlos

Carvese ! Sandro Carvese ! Vous vivez bien avec Don Calzone… notre "ami commun" ?

 

gabriel

Pas du tout ! Mon ami commun à moi c'est Pollux. Enfin Paul… mais je l'appelle Pollux et il m'appelle Castor.

 

 

 

carlos

Pollux ? N’importe quoi ! Franchement vous me voyez ami avec quelqu’un qui s'appelle Pollux ?

 

gabriel

Oh que non… et puis, vous ne seriez pas du tout son genre.

 

carlos (prenant sur lui)

Alors, vous n'êtes pas mon nettoyeur ?

 

gabriel

Ben non, je suis votre décorateur.

 

carlos

Oh la boulette !

 

gabriel

Je ne suis pas dealer non plus !

 

carlos

Mais oui, ça y est, vous êtes le décorateur de ma femme ! Je me suis gouré sur toute la ligne.

 

gabriel

C’est ballot !

 

carlos

Mais ça, c'est depuis ma sortie de taule…

 

gabriel

Ah bon ? Vous sortez de prison ?

 

carlos

Et ça ramollit le cerveau. Mes neurones, c’est pire que du Tapioca. Pourtant quand je vous regarde, c'est voyant !  Mais comment j'ai pu vous prendre pour un tueur ?

 

gabriel

J’en sais rien.

 

carlos

Il faut que je réagisse sinon je vais virer baltringue.

 

 

 

gabriel (un peu mal)

Bon, Monsieur Baldini, c'est pas que je m'ennuie avec vous mais je pense que je vais vous laisser vous ressaisir tout seul… on m'attend… j’ai une brocante à faire. Ravi d’avoir fait votre connaissance…

 

carlos

Hep hep hep !

 

gabriel

Quoi donc ?

 

carlos

On a un gros problème tous les deux…

 

gabriel

Ah bon ? Lequel ?

 

carlos

Je ne peux pas vous laisser repartir.

 

gabriel

J'aimerai bien rester avec vous … mais malheureusement mon agenda est surbooké. Je vais y aller…

 

carlos

Pas avec tout ce que vous savez ! Vous restez ici.

 

gabriel (faux cul)

Ce serait avec un grand plaisir, vraiment, mais je dois passer chez un antiquaire : pour un buffet que j'ai eu pour "deux balles".

 

carlos

Deux balles dans le buffet : La voilà la solution !

 

carlos prend son arme dans le guéridon.

 

gabriel

Mais c'est quoi ça ?

 

carlos

MMA, Mon assurance vie ! Avec elle… Zéro bla bla que des tracas ! Allez, on lève les mains. Allez hop hop, je veux voir tous les doigts.

 

gabriel

Il faut vraiment que j'y aille.

 

carlos

Ça pour y aller, tu vas y aller. Mais je ne sais pas encore où ?

 

 

gabriel

Pitié, je ne dirais rien.

 

carlos

J'ai pas envie que t'ailles baver à mon JAP !

 

gabriel

Impossible, je ne parle pas le japonais.

 

carlos

MAIS NON !  JAP… Juge d'application des peines. Pas question que je replonge.

 

gabriel

Je vous jure, je saurais me taire ! D'ailleurs pour tout vous avouer… j'ai rien compris.

 

carlos

C'est vrai, que t’as pas l’air très "malin-malin".

 

gabriel

Ah non alors ! Souvent dans les dîners mondains on me trouve même un peu con. Si vous tapez "un peu con" sur Google… vous tombez directement sur mon nom. Alors vous voyez que je ne suis pas dangereux. Allez au revoir…

 

carlos

Stop ! Tu peux pas repartir…

 

gabriel

Même si je vous fais 20% sur le papier peint ?

 

carlos

Bon. En attendant de savoir ce que je vais faire de toi… allez hop direction la cave !

 

gabriel

Oh non ! Pitié… je vous en supplie… pas la cave…

 

 

carlos

Pourquoi ?

 

gabriel

C'est pas, non plus, Feng Shui …

 

carlos

Arrête un peu avec ton chinois ! Et attention, au moindre cri… t'es mort et je t’enterre dans le jardin… compris ?

 

gabriel

Ah non pas enterré non plus…

 

carlos

T'aimes rien toi…

 

gabriel

A ma mort, j'aimerai me faire incinérer sur une chanson de « Peter et Sloane »… Besoin de rien, envie de toi !

 

carlos

Et des goûts de chiottes en plus ! Allez hop… la cave… c'est au fond à droite. (au public) Je la sens  toujours pas cette journée ! Mais alors pas du tout.

 

ils sortent. sandro entre.

 

SANDRo (AU PORTABLE)

Allô, Papa ? C'est SANDRO. Je suis revenu chez Baldini. Je récupère la mallette avec l'argent du crédit aveyronnais et je te tiens au courant. Tu vas voir, tu vas être fier de moi… allô ? (il raccroche) (fort) Carlos ? Où t’es ? T’es dans le jardin "papy ringard" ?

 

il sort au jardin. natacha revient.

 

natacha

Carlos ? Mon amour ? Il y avait une grève au Lycée et tous mes cours sont supprimés. Le décorateur n’est pas venu ? Mais t’es où ?

 

SANDRO REVIENT.

 

natacha

Ah Bonjour, je suis enchanté !

 

SANDRO

Bonjour… Je suis SANDRO. Et j’ai rendez-vous avec Carlos Baldini.

 

natacha

Ah c’est vous que mon mari attendait ?

 

sandro

C’est moi… il n’est pas là ?

 

natacha

Non ! Mais rassurez vous, il m’a donné carte blanche pour négocier ensemble.

 

SANDRO

Ah bon ? Quand même, ce serait mieux que je traite directement avec lui !

 

natacha

Avec moi, ça ira plus vite ! Lui, je le connais, il est un peu radin et il ne voudra pas vous payer le juste prix…

 

SANDRO

Je le sentais.

 

natacha

Alors qu'avec moi… la négociation sera juste.

 

SANDRO

J’aimerai bien qu’on arrive à un accord rapidement, alors !

 

natacha

Vous savez qu'on m’a beaucoup vanté vos mérites dans le métier.

 

SANDRO

Moi ?

 

natacha

Ah oui ! En ce moment, dans le "milieu"… vous avez la cote. On ne parle que de vous.

 

SANDRO (fier)

Merci !

 

natacha

Vous êtes un véritable artiste. Vous allez bientôt faire de tous les journaux spécialisés.

 

 

sandro

Surtout pas ! Il vaut mieux rester discret… on dure plus longtemps.

 

natacha

Je comprends ! Bon, j’aimerai que mon mari, grâce à vous, retrouve un peu de sérénité. Il a besoin de s’alléger.

 

SANDRO

Ah mais, je vais l’alléger… faites-moi confiance.

 

natacha

Je suis rassurée… Vous travaillez comment ?

 

sandro

Ça dépend du contrat…

 

natacha

Mais c'est quoi votre spécialité ?

 

SANDRO

Le  pistolet. Je bosse souvent au pistolet !

 

natacha

Vous avez raison, ça ravive les couleurs ! Ça va vite et c'est plus efficace.

 

SANDRO (un peu étonné)

Et je fais quelquefois les finitions à la main… mais c'est plus rare. Que dans les cas difficiles…

 

natacha

Chacun son style.

 

SANDRO

Comme on dit : on a chacun sa petite cuisine.

 

natacha

Ah la cuisine, c’est bien que vous m’en parliez ! La mienne… je la voudrai américaine.

 

SANDRO

Pardon ?

 

natacha

On fait sauter le mur et on la repeint vert amande selon votre technique au pistolet ! Venez-voir, vous allez comprendre.

 

SANDRO (inquiet)

Attendez… vous êtes sûre qu'il n'est pas là votre mari ? Il faudrait vraiment que je le voie.

 

natacha

Venez à la cuisine, je vous dis. Je vais tout vous expliquer…

 

ILS SORTENT à la cuisine. carlos et gabriel reviennent de la cave.

 

carlos

Ah là la… c'est pas possible… mais qu’est que vous avez encore ?

 

gabriel

C’est ma tatie… c’est ma tatie…

 

carlos

Elle a quoi votre tatie ?

 

gabriel

C’est ma tachycardie ! Une émotion et je palpite… je palpite.

 

carlos

Bordel : Il fallait me le dire plus tôt.

 

gabriel

J’ai essayé mais on ne peut pas dire que vous incitez à la confidence. J’ai peur du noir depuis que je suis tout petit.

 

carlos

Petite nature…

 

gabriel

Il faut vous dire que j’ai eu une enfance malheureuse mais malheureuse…  vous voulez que je vous la raconte ?

 

carlos

Non… je m’en fous complétement.

 

gabriel

Pourtant c’est très triste. Cosette à côté de moi c'est Paris Hilton !

 

carlos

Bon, mais qu'est ce que je vais faire de toi ?

 

natacha (off)

Ah mon amour… t’es là ?

 

carlos (affolé)

Ma femme… c’est ma femme.  Elle est revenue… elle est revenue.

 

gabriel (compatissant)

Elle vous avait quitté ?

 

carlos

Mais non ! Pas du tout !

 

natacha (off)

J'arrive… je finis mes explications.

 

carlos

(fort) Pas de problème, prends ton temps ! (à Gabriel) Bon, vous, vous voulez rester en vie ?

 

gabriel

Oui…

 

carlos

Alors devant ma femme,  tu ne dis rien…

 

gabriel

D’accord… je ne dis rien. Mais sur quoi ?

 

carlos

Sur tout ! Enfin sur notre rencontre… Sur le contrat.

 

gabriel

Ah bon, elle n’est pas au courant ?

 

carlos

…Non…

 

gabriel

Elle ne sait pas que vous voulez refaire la déco ?

 

carlos

Mais non…  pas celui-là… l'autre ! Je t'explique.

 

 

 

gabriel

J'aimerai bien… parce que là.  (il fait la brasse avec les mains).

 

carlos

Entre ce que j'étais… ce que  je suis et ce que ma femme pense de ce que je suis par rapport à ce que j'étais…

 

gabriel (pas convaincu)

Oui…

 

carlos

Et bien, elle ne sait pas que ce que je suis, n’est pas du tout ce qu’elle croit que je suis, par rapport à ce que j'étais …

 

gabriel (perdu)

Oui…

 

carlos

Mais que je pourrais être. C’est bon, là, c’est compris ?

 

gabriel (tête de gabriel totalement perdu).

Pas du tout. Mais elle pense quoi ?

 

carlos

Que je vais devenir honnête…

 

gabriel

Elle pense ça !

 

carlos

Oui ! Donc c'est simple : devant elle… un mot de trop et je t'allume. Ça c’est clair ?

 

gabriel

Ça oui. Mais je dis quoi ?

 

carlos

Rien. Tu souris bêtement, comme tu fais depuis ce matin, et tu réponds poliment d’une manière évasive, toujours d’une manière évasive.

 

gabriel

D’accord… je vais évaser.

 

 

 

carlos (montrant la porte d’entrée)

Voilà, tu évases ! Et attention, si je te vois passer cette porte… t'es mort. Compris ?

 

gabriel

Compris ! Monsieur Baldini… vous n’êtes pas un humaniste.

 

carlos

Détrompe-toi : j’ai toujours eu le cœur sur la main… mais l’autre sur le revolver.

 

natacha revient avec SANDRO. elle a un plateau avec des tasses de thé. sandro et carlos sont surpris.

 

natacha

Ah mon amour… tu es là. J'étais avec Monsieur SANDRO.

 

la tension est palpable. Natacha ne voit rien.

 

carlos

Oh là la……

 

sandro (bas à carlos)

Oui… comme tu dis… Oh là la…

 

carlos

Enchanté, monsieur "Sandro" !

 

SANDRO

Moi aussi ! "Monsieur Baldini" !

 

natacha

Il est venu pour solutionner tous nos problèmes.

 

carlos

Ah c’est bien… (à Sandro) c’est bien ce que je pensais.

 

natacha

Et je sens que tu vas beaucoup l’apprécier…

 

carlos

Mais j’en suis sûr… j’en suis sûr.

 

sandro

De mon côté, je sens déjà le feeling entre nous…

 

natacha

Et c’est lui qui va faire de notre maison un petit nid douillet. C'est un véritable artiste.

 

carlos

Lui ?

 

natacha

C'est lui avec qui tu dois faire affaire… C'est un artiste !  C'est notre décorateur !!

 

SANDRO

Ah mais non, pas du tout.

 

natacha

Mais si… mais si ! Allons ne faites pas le modeste.

 

natacha va poser le plateau.

 

carlos (bas à sandro)

Tu ne dis rien, tu joues le jeu… je gère.

 

sandro (bas à carlos)

T'as intérêt … sinon "Poum poum".

 

Gabriel s’approche de Carlos.

 

gabriel (bas à carlos)

Je prends sur moi mais je n’apprécie pas du tout cet appel d’offre.

 

carlos

Toi, ta gueule ou direction la cave…

 

gabriel

Ok !

 

natacha

(Montrant Gabriel) Mon amour, tu ne me présentes pas à ton ami ?

 

carlos

Qui ?

 

natacha (montrant gabriel)

Ton ami… à côté de toi.

 

gabriel

Elle parle de moi…

 

carlos

Ah oui, (pour lui) je l'avais oublié, Pinocchio. Alors Natacha… (il s'approche de Gabriel et lui parle bas) C'est comment déjà ton nom machin ?

 

gabriel

Je me présente : Gabriel Donzac… c’est moi qui suis envoyé par Paul…

 

carlos (le coupant)

… Emploi… pôle emploi… Gabriel est envoyé par le pôle-emploi.

 

natacha

Ah bon ?

 

carlos

OUI ! Et c’est lui qui est chargé de m’aider dans ma nouvelle vie à me trouver un nouveau travail.

 

natacha

Ah je comprends… c’est vous le coach ?

 

carlos

C'est lui le Coach !

 

gabriel

En fait… pas tout à fait. Si je suis là, c’est que je suis aussi venu pour le contrat…

 

carlos (le coupant à nouveau)

… DE SOLIDARITÉ! Le contrat de solidarité ! Pas vrai ?

 

gabriel

C'est ça aussi…

 

natacha

Mais c'est très bien…

 

carlos

C’est nouveau pour moi la solidarité… enfin je veux dire…  pour les gens comme moi qui ont traversé une période difficile.

 

natacha

Je suis ravie qu’on s’occupe de toi aussi vite…

 

carlos

Mais on se comprend déjà très bien… pas vrai ?

 

gabriel

Oui !

 

natacha

C'est bien que vous soyez venu. N’hésitez pas à le bousculer…

 

SANDRO (il s'impatiente)

(à Carlos) Dites, sans vouloir vous bousculer non plus… j’aimerais bien qu’on règle notre petite affaire.

 

carlos (bas)

Un problème après l’autre.

 

sandro

Oui… mais bon.

 

natacha

Dites-moi Gabriel, avec mon mari, quel style de coaching vous allez pratiquer ?

 

gabriel (un peu perdu)

Faut voir… faut voir. (pour lui) J'évase, moi, j'évase.

 

natacha

Vous allez travailler sur le conditionnement de la personnalité ou sur  le lâcher prise ?

 

gabriel (regardant carlos)

J'aimerai surtout travailler sur le laisser sortir…

 

natacha

Laissez sortir les émotions ?

 

on entend le bruit d’une bouilloire qui siffle. carlos et sandro sursautent.

 

natacha

Ah, l'eau est chaude. Je vais préparer du "Earl Grey"… quelqu’un en veut ?

 

gabriel

C'est pas de refus…

 

natacha

Vous savez : je sens qu’elle ne va pas être mauvaise cette association.

 

sandro

C’est pas une certitude…

 

natacha (avec finesse)

Non, mais c’est une litote.

 

natacha va à la cuisine.

 

sandro

Une litote ?  Putain, c’est quoi une litote ?

 

carlos

C'est rien : C’est un cheval à la con avec une corne de cocu…

 

gabriel

Mais non, pas du tout, ça c’est une licorne. Une litote c’est le contraire d’un euphémisme.

 

carlos

Ah bon ?  Et "Le phémisme"… c'est quoi comme animal ?

 

SANDRO

Bon, on s’en fout ! On avait dit pas d’embrouille et ta femme, je ne comprends rien de ce qu’elle dit.

 

carlos

Normal… elle est  Bac plus 5… t'as pas le niveau !

 

SANDRO

En plus, elle veut que je lui refasse la cuisine… avec moi, les cuisines elles ne sont pas intégrées… elles sont désintégrées.

 

gabriel

Vous auriez quand même pu me prévenir qu’on était plusieurs sur le coup ? Franchement, si vous faites jouer la concurrence… je préfère laisser tomber.

 

 

carlos (menaçant)

Je vous ai dit quoi à vous ?

 

gabriel

D’évaser…

 

carlos

Alors vous évasez… et là vous la fermez. Compris ?

 

gabriel

Compris…

 

carlos

Sandro, tu veux qu’on fasse affaire ?

 

SANDRO

Et vite…

 

carlos

Alors tu la fermes aussi et je vais trouver un moyen de me débarrasser de ma femme…

 

SANDRO

Fais vite, sinon c'est moi qui m'en débarrasse… et puis d'abord, elle est où la mallette ?

 

carlos

Je n’ai pas eu le temps d'aller la chercher…

 

SANDRO

J’aime pas ça du tout.

 

carlos

Mais j'ai du liquide. Je vais te payer de la main à la main.

 

gabriel

Ah non alors, je suis contre le travail au noir…

 

sandro

Pourquoi ? Question d’éthique ?

 

gabriel

Non, question de TVA !

 

 

SANDRO

Carlos, tu l'as trouvé où lui ?

 

gabriel

Je tiens à vous dire, Monsieur que je ne connais pas, que c'est à cause de gens comme vous qu’en France… c’est le bordel.

 

SANDRO

Mais pourquoi tu nous gonfles Miss Monde ? Tu es aussi dans le nettoyage ?

 

gabriel

Pas du tout ! Mais quand je vois comment vous travaillez… j’ai bien envie de vous dénoncer à l'URSSAF…

 

SANDRO

Une balance ! Bordel, il ne manquait plus que ça !!! Carlos ! C’est qui lui ? C’est vraiment un coach ?

 

carlos

Non, mais c’est vraiment un cave !

 

gabriel

Cave peut-être… mais je suis inscrit au registre du commerce, moi.

 

SANDRO sort son pistolet avant carlos.

 

SANDRO

Bon, on arrête les conneries ! Donne ton arme !

 

carlos lui donne son arme à regret. sandro la met dans sa poche.

 

carlos

Restons gentlemen…

 

sandro

C’est fini les préliminaires ! Maintenant je cause plus… je flingue.

 

gabriel (peureux)

On ne pourrait pas essayer de terminer une phrase sans que forcément ça finisse par des menaces ?

 

carlos

Il a raison… c’est lassant.

 

SANDRO (à carlos)

(montrant Gabriel) D'accord Carlos, mais tu vois, éliminer ce naze… ça va me soulager. Tiens, toi, si tu veux, je vais te débiter comme un jambon de Bayonne ?

 

gabriel

Bof ! Je ne suis pas trop charcuterie ! Je suis plutôt vegan…

 

SANDRO

Mais d’abord les femmes… enfin surtout celle qui est dans la cuisine. Je vais te la dessaler ta morue !

 

carlos (affolé)

On ne touche pas à Natacha… t'as gagné, je vais payer. C’est bon, je vais aller te chercher la mallette du braquage.

SANDRO

Elle est où ?

 

carlos

Dans le jardin…  enterrée sous le saule.

 

SANDRO

Et ben voilà, tu deviens conciliant. Allez on y va. Passez devant…

 

gabriel

Je reste ici, et je fais le guet.

 

SANDRO

On y va tous les 3 !

 

gabriel

Je préfère rester ici, je suis allergique au pollen.

 

SANDRO

J'ai dit tous les 3 ou alors sous le saule… c'est toi qui vas pleurer.

 

gabriel

C'est bon, je viens. Mais j'aime pas beaucoup votre humour. Tous les deux, on ne sera jamais copain sur Facebook.

 

SANDRO

C’est triste mais je me ferai une raison… Carlos, prends la pelle.

 

carlos va prendre la pelle.

 

carlos (pour lui)

Tu parles d'une réinsertion. (au public) Je ne la sens toujours pas cette journée… mais alors pas du tout !

 

ils sortent au jardin. natacha revient.

 

natacha (fort à carlos)

Où vous êtes passés… mon amour ?

 

carlos (off)

Je leur fais visiter mon jardin !

 

natacha

C’est très bien.  Mon cœur. Zut plus de sucre ! (FORT) Je vais au bout de la rue, chercher du sucre et je reviens. Ne tardez pas trop le thé va être froid.

 

carlos (off)

Pas de problème…

 

natacha sort.

 

SANDRO (off)

Attends Carlos ! Mais tu fais quoi là ? Mais c'est quoi ce coup fourré … enfoiré ? Lâche cette pelle !  OK j'avais prévenu… je vais te fumer ! Merde, il s'est enrayé…

 

carlos (off)

En attendant : Prends ça dans la gueule "Tony Montana" !!!!

 

on entend le bruit d'un coup de pelle bruyant.

 

Sandro

AAAAh !

 

gabriel et carlos reviennent. Carlos a la pelle à la main.

 

gabriel (affolé)

Mais quelle horreur ! Mais quelle horreur. Je suis en plein film d’horreur… ça y est : je palpite !!

 

carlos

Tais toi… ma femme n’a rien entendu. Alors t'es sympa et tu n'alertes pas tout le quartier.

 

 

gabriel

Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

 

carlos

Légitime défense. Il nous menaçait et hop : je l’ai avoiné façon Carlos.

 

gabriel

Vous ne l'avez pas avoiné… vous l'avez massacré.

 

carlos

Chacun sa spécialité ! Il y en a c’est le coup de boule… moi, c’est le coup de pelle.

 

gabriel

A cause de vous… je suis complice d’un meurtre !

 

carlos

De suite les grands mots…

 

gabriel

Mais vous l’avez tué !

 

carlos

Pas du tout ! J’ai juste éclairci la situation de manière à repartir sur des bases saines. C'est tout !

 

gabriel

Mais pourquoi je suis venu chez vous décorer l’appartement… en plus, il est tout pourri votre appartement.

 

carlos

Je sais, dans la famille, on a toujours eu des goûts de chiottes. Par contre on est des spécialistes en jardinage.

 

gabriel

C'est mon karma, je dois avoir saturne en verseau…

 

carlos

Tu n'y peux rien, il y en a qui attire la tendresse, toi tu dois attirer les emmerdes.

 

gabriel

Je veux m'en aller…

 

 

carlos

Oublie ! Et attention… cette porte, c'est la ligne de démarcation. Tu la dépasses et tu finis en carpaccio.

 

gabriel

Ça palpite… ça palpite… Dites, vous n'auriez pas du Lexomil ?

 

carlos

Un tube ?

 

gabriel

Un container.

 

gabriel

Arrête un peu de te lamenter sur ton sort. Tiens, prends plutôt les cordes dans le tiroir du guéridon et viens m’aider…

 

gabriel

A faire quoi ?

 

carlos

On va le ficeler façon rosbif et on va reboucher le trou.

 

gabriel

Avec lui dedans ?

 

carlos

Bien sûr ! On ne va pas le laisser agoniser sous les arbres, quand même ? On n’est pas des sauvages ?

 

gabriel

Ben non…

 

carlos

Alors autant en faire du compost. Et puis, imagine qu’il se réveille et qu’il se mette à gueuler… je ne veux pas avoir de problème de voisinage. (d’un seul coup très attendri) Tu sais, plus jeune, j’ai eu un chien, un adorable berger allemand… il s’appelait ADOLF.

 

gabriel

C'est joli pour un berger allemand.

 

carlos

Mais il n’arrêtait d’aboyer et un jour ça a foutu le bordel avec le syndic. Alors malheureusement j’ai du aussi l’enterrer sous le saule.

 

gabriel

Adolf ?

 

carlos

Non… le syndic. Alors maintenant je ne prends plus de risque. Allez, il faut faire vite… aide-moi.

 

gabriel

Je sens que je vais craquer.

 

carlos

C’est pas le moment… il faut finir le boulot.

 

gabriel

Je refuse !

 

carlos

T'as pas le choix !

 

gabriel

Je ne vous aide pas.

 

carlos

Tu ne m’aides pas et le trou, il sera pour vous 2…

 

gabriel

… D'accord, je vous aide. Mais c'est contraint et forcé…

 

carlos

Mais que t'es pénible, avec toi on perd un temps fou en discussion.

 

gabriel

Si je vous aide, j’aurai la vie sauve ?

 

carlos

Non… mais tu auras un sursis. Et attention, pas de travail cochon, alors  tu vas chercher du ciment à la cave et tu me rejoins.

 

gabriel

D'accord.

 

 

 

 

 

carlos (montrant la porte)

Et attention : on ne franchit pas la ligne de démarcation ou sinon « Couic». Allez, on l'enterre, on fait une prière et après : bon appétit les lombrics.

 

carlos sort au jardin. gabriel prend son portable.

 

gabriel

Vite, envoyer un SMS à mon Pollux. (à haute voix) « Petit contretemps… t’expliquerai bisous ». Mais quelle galère…  c’est même plus une galère… c’est le Titanic.

natacha revient avec le sucre. alors que gabriel va vers la cave.

 

natacha

Alors Gabriel, c'est bon ? Tout se passe bien ?

 

gabriel

Oui !

 

natacha

Et monsieur Sandro, il est reparti ?

 

gabriel

Ça pour être parti… il est parti.

 

NATACHA

A mon avis, il doit commencer à être froid ?

 

gabriel (mal)

Monsieur Sandro ?

 

natacha

Le thé !  Venez en prendre une tasse.

 

gabriel

J'ai pas trop le temps… Monsieur Baldini m'attend dans le jardin.

 

natacha

Et bien il attendra. En plus, il faut que je vous parle. Asseyez-vous.

 

gabriel

Bon ben, d'accord.

 

natacha lui donne une tasse. ils s’asseoient sur le canapé.

natacha

Bon, franchement, les yeux dans les yeux, dites moi… comment ça se passe avec mon mari ?

 

Gabriel

Bof !!

 

natacha

Mais vous pensez qu'il a commencé à creuser ?

 

gabriel

A creuser le trou ?

 

natacha

Non, à creuser son avenir.

 

gabriel

Ça… pour creuser il creuse. Mais ça va prendre du temps… vu la personne.

 

natacha

Hé oui. J'espère que vous ne le trouvez pas un trop peu terre à terre ?

 

gabriel

Ah si ! Surtout en ce moment…

 

natacha (ennuyée)

Parlez moi franchement : vous pensez qu'il va réussir à bien l'enterrer ?

 

gabriel (inquiet)

Sandro ?

 

natacha

Sa vie d'avant…

 

gabriel

Ah ! Il y travaille… mais franchement c'est pas gagné.

 

natacha

C’est très bien que vous vous soyez rencontrés… en plus, j’ai l’impression qu’il vous aime bien.

 

gabriel

C’est pas voyant…

 

natacha

Il ne vous quitte plus. On sent bien qu'il vous a pris en sympathie…

 

gabriel (pour lui)

Il m'a surtout pris en otage…

 

natacha

Pardon ?

 

gabriel craque.

 

gabriel

Bon, écoutez, je n’en peux plus. Je palpite… je palpite !! En plus, j’ai les nerfs en pelote et mon cerveau qui fait un pull ! Natacha, je peux vous faire confiance ?

 

natacha

Bien sûr…

 

gabriel

Votre mari n’est pas du tout ce que vous croyez qu’il est.

 

natacha

Mais je m’en suis aperçu … figurez vous.

 

gabriel

C'est vrai ?

 

natacha

Je n’ai jamais été dupe.

 

gabriel

C'est bien !

 

natacha

Il essaye de me la jouer mais il est resté ce qu’il a toujours été…

 

gabriel

C'est ça…

 

natacha

En fait mon mari n'est rien d'autre qu'un…  qu'un…

 

gabriel

… Un mafieux !

 

natacha (amoureuse)

… Non, un romantique !

 

gabriel

Quoi ?

 

natacha

Et sous des dehors un peu rude de béotien rustre et mal dégrossi, c’est un sensible !

 

gabriel

Lui sensible ?

 

natacha

Et très fragile aussi…

 

gabriel

Ah non ! Pas du tout, il n’est pas fragile non plus : il vous ment mais il vous ment… il n'arrête pas.

 

natacha

Enfin ! Pourquoi vous dites ça ?

 

gabriel

La preuve…  je ne suis pas coach.

 

natacha

Ah bon ?

 

gabriel

Je suis décorateur ! Alors que le décorateur, en fait, il ne l’est pas non plus.

 

natacha

Il n'est pas Coach ?

 

gabriel

Non, il n’est pas décorateur…

 

natacha

Alors, il est quoi ?

 

 

 

gabriel

Très dangereux. En fait, quand je suis arrivé ici ce matin, votre mari croyait que j’étais ici pour l'aider à se débarrasser de lui.

 

natacha

Pourquoi il voulait se débarrasser du décorateur ?

 

gabriel

Mais non, c'est moi le décorateur ! (Pour lui) C'est pas gagné ! Et quand il s’est rendu compte que j’étais un cave… il m’a mis à la cave.

 

natacha

Association d'idées…

 

gabriel

Non, association de malfaiteurs ! Et tout ça, c'est à cause de la mallette.

 

natacha (perdue)

Mais quelle mallette ?

 

gabriel

Celle qui est cachée sous le saule.

 

natacha

Dans quel sous-sol ?

 

gabriel

Non, pas le sous sol…le saule, à côté du trou, du trou dans le jardin. Et Sandro, le décorateur qui n'est pas décorateur, voulait à tout prix l’argent de cette mallette. Mais on a eu une altercation et Sandro s’est retrouvé dedans…

 

natacha

…Dans la mallette ?

 

gabriel (craquant)

Non, dans le trou. Il faut suivre un peu quand même.

 

natacha

J’essaye, mais c’est pas simple…

 

gabriel

Et moi, si je suis encore en vie… c’est à cause de…

 

 

natacha

… de quoi ?

 

gabriel

… De la ligne de démarcation.

 

natacha

Ah bon ?

 

gabriel

Je ne peux pas franchir la ligne de démarcation et je dois collaborer… et à la moindre résistance… couic.

 

natacha (perplexe)

Couic ?

 

gabriel

Couic !  Alors je dois évaser et en final je palpite. Je me suis mis dans un bordel mais un bordel ! Vous comprenez maintenant ?

 

natacha

Pas du tout ! Vous êtes sûr que vous vous sentez bien Gabriel ?

 

gabriel

Bien sûr… pourquoi ?

 

natacha

Parce que… résistance, collaboration, ligne de démarcation, soit vous avez pété un plomb… soit vous êtes la réincarnation de Jean Moulin !

 

carlos revient du jardin.

 

carlos

Alors il vient ce béton ? Tu fous quoi ? (il aperçoit Natacha et prend son air faux cul) Ah tu es là mon coeur ?

 

natacha

Oui, je suis là et ça ne me plait pas du tout ce que je viens d'apprendre sur toi et sur Jean Moulin.

 

carlos

Pardon ?

 

natacha

Je ne suis pas du tout d’accord de la manière dont tu traites ton coach.

 

gabriel

Je ne suis pas coach !

 

natacha

Alors Carlos, j'exige une explication !

 

carlos (mielleux)

Bien sûr… mais sur quoi ?

 

natacha

Sur l'argent… sur la mallette… et sur le saule. J'attends…  parle moi du saule.

 

carlos (faux cul)

Alors le saule, c'est un arbre centenaire planté par mon grand-père Ernest. Le feuillage est touffu et…

 

natacha

…Carlos ta gueule. Arrête de m’embrouiller et réponds à ma question… il y a quoi sous ce saule ?

 

carlos

Mais rien ! Il t'a raconté n'importe quoi, c'est un mytho.

 

gabriel

Pas du tout ! Il fallait que je me soulage.

 

natacha

Bon, ça suffit maintenant. Alors tu me dis toute la vérité ou je vais faire ma valise et je te quitte sur le champ… compris ?

 

carlos (penaud)

Calme toi « Poupinette » et surtout (lyrique) ne me quitte pas tout peut s’oublier qui s’enfuit déjà !

 

natacha

Carlos ! Dernier avertissement !

 

carlos

D’accord ! Je vais tout t’avouer.

 

natacha

Je t’écoute…

 

gabriel

Moi aussi…

 

carlos

Alors c'est vrai, ce matin, je t'ai menti… depuis que je te connais, je t'ai fait un gros mensonge ! En fait, je t'ai trompé…

 

natacha (jalouse)

… Tu as couché avec la sœur de Don Calzone !

 

carlos

Mais non… pas du tout. Je t'ai trompé sur mon passé.  Et depuis ce matin, mon passé m’a rattrapé. Et il m'a  même dépassé.

 

natacha

Alors le braquage du crédit aveyronnais c'était vraiment toi ?

 

carlos

Mais non, pas du tout… (elle regarde fixement) … Enfin si un peu.

 

gabriel

Je le savais : « Maffieux un jour… Maffieux toujours ».

 

natacha

Tu m’as baladée… trahie… mais quelle idiote je suis… j’avais confiance en toi.

 

carlos

C'était pour la bonne cause. Je voulais juste assurer nos arrières. Tu sais les temps sont durs.

 

natacha

Et pourquoi tu ne m’as rien dit ?

 

carlos

J’allais le faire, ma « Poupinette », mais ce matin, le Sandro Carvese a débarqué…

 

natacha

Qui ?

 

carlos

Un demi sel qui a voulu me foutre du diabète. Il a même menacé de s'en prendre à toi si je ne lui donnais pas l’argent.

 

gabriel

Je confirme…

 

carlos

Après… lui et moi… on a eu des mots…et ça a tourné au vinaigre.

 

gabriel

Et c’était pas du balsamique !

 

carlos

Et en final l'accident bête.

 

natacha

Je suis déçue mais déçue. Tu devais redevenir honnête…

 

carlos

Mais je voulais ! Et si j’ai fait tout ça, ma Natacha, c’était pour te protéger. Dans cette affaire, je suis blanc comme neige.

 

natacha

Il y a quand même un cadavre dans le jardin et qui va servir d'engrais.

 

carlos

Les risques du métier.

 

gabriel (à natacha)

Je tiens quand même à préciser que moi aussi, j'ai reçu des menaces.

 

carlos

Dommage collatéral !

 

gabriel

Tu parles : depuis ce matin, votre mari n’a pas arrêté de me molester et il voulait aussi me transformer en carpaccio.

 

natacha

C'est pas bien !

 

gabriel

Ben non. Surtout que je suis Végan.

 

natacha

Bon ! Ça commence à bien faire ! Je vais prendre les choses en main… sinon on n'en sortira pas !

 

carlos (admiratif à Gabriel)

C'est ma meuf !

 

natacha

Alors, cette mallette… elle est cachée où exactement ?

 

carlos

Je préfère pas trop jacter devant les étrangers… ça pourrait jazzer dans les chaumières.

 

natacha

T’inquiète, Gabriel ne parlera pas…

 

gabriel

Et pourquoi je ne parlerai pas ? Je ne risque rien… moi. Je ne suis pas votre complice… moi.

 

natacha

Pas complice : ça… c’est vous qui le dites.

 

gabriel

Pardon, mais c'est lui le roi de la pelle… moi, j'ai rien fait.

 

natacha

Bien sûr ! Nous on le sait… mais les juges.

 

gabriel

Quoi les juges ?

 

natacha

C'est revanchard un juge. Ça fait dans l'hermine… pas dans la dentelle. Il  ne vous croira pas !

 

gabriel

Mais enfin vous témoignerez pour moi ?

 

natacha

Mais bien sûr… que non. Moi je crois ce que me dit mon mari et si mon mari affirme que vous êtes son complice, vous êtes son complice. Pas vrai Carlos ?

 

carlos

Ah oui ! Pour la tombe… je tombe… tu tombes. (à Natacha) Il tombe ! T'es mal !

 

gabriel

Vous ne feriez pas ça quand même ?

 

natacha et carlos

Ben si…

 

gabriel

D'accord, vous avez gagné, je ne dirais rien...

 

natacha

Très bien !

 

gabriel

Mais à une condition.

 

natacha

Qu'on accepte le devis ?

 

gabriel

Voilà ! Et je veux un tiers de la mallette !

 

carlos

Quoi ?

 

natacha

Enfin Gabriel… on n’est pas des marchands de tapis.

 

gabriel

Rien à foutre de vos tapis … je veux un tiers de la mallette. C’est ça ou c’est sans moi… et advienne qui pourri !

 

carlos (accusant le coup)

Mais quelle ingratitude.  Je suis dévasté par tant d’ingratitude.

 

natacha

J'avoue que là, mon Carlos, je te comprends.

 

gabriel

Et attention, j’ai envoyé un SMS à mon Pollux comme quoi je suis avec vous… alors pas d’accident bête.

 

carlos

Tu te rends compte, ma Natacha, ce mec qui me doit la vie depuis ce matin et qui ose nous faire chanter, nous, un pauvre couple de Français moyen sans défense.

 

natacha

On ne peut plus faire confiance à personne de nos jours…

 

carlos

C’est petit… Gabriel… vraiment petit.

 

gabriel

C’est à prendre ou à laisser… mais vite.

 

natacha

On n'a pas le choix ! Et après tout, la demande de Gabriel est assez légitime. Dis oui !

 

carlos (à contrecoeur)

Ok ! J'accepte… mais pour un quart.

 

gabriel

…un tiers…

 

carlos

…UN QUART…

 

gabriel

…UN TIERS…

 

carlos

J'ai dit un QUART !!!

 

gabriel

J'ai dit un TIERS !!

 

CARLOS

… PENSE AUX BÉGONIAS…

 

gabriel

… Ok un quart !!!

 

natacha

Marché conclu ! Maintenant, Carlos, va chercher la mallette…

 

carlos

J'y vais… (à Gabriel) Putain,  tu sais que t’es dur en affaire toi. (au public) Elle ne s’arrange pas du tout cette journée… mais alors pas du tout.

 

carlos sort au jardin.

 

natacha

Gabriel, il faut que je vous dise : Carlos me déçoit beaucoup, le coup de la mallette c'est quand même dur à digérer.

 

gabriel

C'est ça les couples... on se fait souvent des cachotteries.

 

natacha

Mais c’est ma faute aussi : Carlos Baldini qui devient honnête c'est comme un corse qui fait un « Burn out »… ça s'est jamais vu !

 

gabriel

Il n'a pas menti, il a évasé. C'est son truc. Si vous croyez que mon Pollux me dit tout... Moi aussi j'en ai reçu des coups de canifs dans le contrat…

 

natacha

L’amour rend aveugle !

 

gabriel

Il rend surtout très con. Mais je l'aime mon Paul, alors je prends ses grandes qualités, et j'oublie ses petits défauts.

 

natacha

C'est bien…

 

gabriel

Confidence pour confidence : l'argent, c'est pas pour moi, c'est pour notre voyage de noce ! Venise, les gondoles… les pizzas Regina !

 

natacha

Ah non, pas Regina ! Pas Régina…

 

carlos revient avec une mallette et on le sent très mal.

 

natacha

C’est bon, Carlos, t’as ramené la mallette ?

 

carlos (penaud)

Oui ! Mais j’ai pas ramené que ça…

 

sandro entre derrière lui avec une arme. Il tient une arme dans une main et la mallette dans l'autre.

 

sandro (un peu sonné)

Surprise !!! Chez les Carvese, on a la peau dure. Allez hop, on lève les mains !!!

 

gabriel

J’ai l’impression que je ne suis pas près de rentrer chez moi.

 

natacha

Ça c'est un euphémisme !

gabriel

Non, ça c'est une litote…

 

carlos

C'est surtout un sale moment.

 

natacha

Monsieur Carvese, ne restons pas sur une mauvaise impression et essayons de nous comporter en adultes responsables.

 

sandro

Vos gueules ! Vous allez encore m’enfumer et je vais encore me retrouver dans le jardin à copiner avec les taupes.

 

natacha

Pas de procès d’intention.

 

sandro

Alors, je ne prends plus de risque… je prends la mallette.

 

carlos

Et tu vas faire quoi après ?

 

sandro

(montrant son arme) Eliminer tous les parasites au pesticide…

 

gabriel

Enfin, pourquoi nous tuer, c'est ridicule maintenant que vous avez l'argent ?

 

natacha

Votre altruisme n'en serait qu’agrandi par rapport au nombrilisme de notre époque tourmentée et velléitaire.

 

sandro

C'est vrai… je devrais vous laisser la vie sauve.

 

carlos

Merci !

 

sandro

Mais non… je vais vous buter. Juste pour faire un exemple ! Mais attention, il n’y a rien de personnel.

 

carlos

Ben si…  un peu quand même.

 

sandro

En ce moment, je fais une thérapie pour affirmer ma personnalité et ma psychologue pense que je dois poser un acte fort.

 

natacha

Mais là, c'est pas fort… c'est définitif.

 

sandro

En fait : Je viens d'une famille où on est des pourris de père en fils… Et pour eux, je suis le raté de la famille ! Tenez, j’ai 2 frères aînés, qui ont une réussite de pourris exemplaires…

 

gabriel

Ils sont dans la mafia ?

 

sandro

Non… dans la politique ! Alors, quand ils apprendront que j'ai repassé le célèbre Carlos Baldini, après lui avoir piqué toute son oseille… ça va inciter au respect. Je peux même finir député…

 

gabriel

Mais pourquoi nous tuer nous aussi … ça risque de faire petit joueur.

 

sandro (réfléchit)

Hé oui ! T’as raison Dalida : je vais me contenter de buter « Papy Ringard ».

 

carlos

Holà ! Pas de précipitations… j’ai quand même mon mot à dire… non ? Déjà que tu me prends tout mon flouse, tu ne vas pas me buter en plus.

 

sandro

Ben si !

 

carlos

Bonjour la double peine.

 

natacha

S’il te plaît, mon amour, l’heure est grave, alors arrête un peu de ne penser qu’à toi.

 

carlos

C’est quand même moi qui suis en "pool position" pour me prendre une bastos.

 

natacha

C’est vrai, mais arrêtons les anathèmes… Bon, Monsieur Sandro, on va négocier… on devrait pouvoir trouver un arrangement entre gens intelligents… (se reprenant en le regardant) disons de bonne volontés.

 

sandro

Justement, en parlant de volontés, Carlos fait tes dernières…

 

carlos

Attends… laisse moi au moins le temps de dire adieu à ma femme.

 

sandro

Ok, mais fais vite… j’ai pas envie qu’on sombre dans le patos.

 

carlos

Merci… (à Natacha) Mon amour, désolé pour tout ça… j’aurai tellement aimé que ça finisse autrement.

 

natacha

Je ne t’en veux pas…  tu vas me manquer horriblement ! J’ai été tellement été heureuse avec toi.

 

carlos

Mais sache que tu es la femme de ma vie et qu’à part toi je n’ai aimé qu’une seule femme…

 

natacha

…la sœur de Don Calzone !

 

carlos

Non… Ma mère. Ma mère ! Maintenant arrête avec la sœur de Don Calzone… c’est vraiment plus le moment.

 

 

sandro

Allez Baldini… abrège. J'ai pas toute la journée.

 

carlos

Un moment… je me prépare.

 

gabriel

Attendez… ne tirez pas. Il reste  un tout petit problème à régler…

sandro

Quoi encore…

 

gabriel

On fait quoi pour l’épitaphe ?

 

sandro

L’épi… quoi ?

 

gabriel

Ben oui, l’épitaphe. On écrit quoi sur sa tombe ?

 

natacha

Gabriel a raison… j’aimerai une belle phrase pour quand je viendrai me recueillir sur sa tombe dans ma belle robe noire. Alors ? Carlos tu aimerais qu’on écrive quoi ?

 

carlos

J'en sais rien. Il faudrait un truc qui en jette… mais qui me ressemble.

 

natacha

Moi, je verrai bien une belle phrase de Jean Paul Sartre… de Albert  Camus…

 

gabriel

…Ou de Marc Levy !

 

sandro

Stop ! On écrira : il a vécu en blaireau et il est mort en blaireau. Allez hop, il faut en finir.

 

carlos

Quand même… finir comme ça, c’est pas glorieux.

 

un temps. Sandro hésite et commence à trembler.

 

 

natacha

C'est trop dur… je ne peux pas voir ça.

 

gabriel

Moi non plus… je ne peux pas regarder…  ou alors juste d'un œil.

 

carlos

Ben alors… tu tires ?

 

sandro

C’est bon ! Je fais ce que je peux. (un temps)

 

carlos

C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

 

sandro

Ça vient, ça vient… je me concentre.

 

carlos

D’accord mais là, ça commence à friser l’amateurisme.

 

sandro (craquant)

Non ! C’est pas possible !  Je ne peux pas le flinguer comme ça, à bout portant… impossible. Je craque… Je me sens pas bien du tout… je crois même que je vais m’évanouir. Je peux avoir un verre d’eau ?

 

Natacha va dans la cuisine et revient avec un verre d’eau. sandro s'assied et laisse son révolver sur la table. il pose aussi la mallette.

 

carlos

Alors Sandro : Tu te prends pour un gros calibre mais t'as un tout petit canon !

 

sandro

Désolé… j'ai cru que j'y arriverai… et puis là, d'un seul coup… le coup de mou dans la gâchette.

 

carlos

Mais pourquoi tu l'as pas dit tout de suite que t'étais pas à la hauteur… On a perdu la journée.

 

sandro

J’ai essayé de faire impression depuis ce matin mais je ne suis pas un tueur.  On ne peut pas aller contre sa nature.

 

gabriel

C'est vrai que c'est très décevant mais bon : on est fait comme on est fait.

 

natacha donne va prendre l’arme sur la table.

 

natacha

Bon, c'est pas tout ça, mais : allez, haut les mains, on a assez joué !

 

carlos

Super ! Beau boulot mon amour.

 

natacha

Ta gueule Carlos ! Toi aussi, tu rejoins le groupe…

 

carlos

Quoi ? Mais enfin, qu’est ce qu’il te prend ma « Poupinette » ?

 

natacha le braque.

 

natacha

Stop ! Il n’y a plus de Poupinette… c’est fini Poupinette… on oublie Poupinette… compris ?

 

carlos

Compris. Mais non pas compris…  Je croyais que toi et moi… c’était comme Bonnie and Clyde… François et Julie… Nicolas et Carla… que c’était du sérieux.

 

natacha

Et ben c’est raté ! Franchement, mais comment tu as pu être aussi foireux pour croire que si j’étais avec toi, c’était pour tes beaux yeux ?

 

carlos

Je croyais que c’était l’effet Carlos.

 

natacha

Ben non, c’était l’effet pognon.

 

sandro (à gabriel)

Quelque chose m’échappe.

 

gabriel

Je crois qu’il vient de se faire enfler ! Mais alors grave.

 

 

sandro

Ah d’accord…

 

natacha prend la mallette.

 

natacha

Mon pauvre Carlos, j’avoue que je te l’ai joué fine et que t’as rien vu finir. Mais pourtant tu aurais dû te méfier de la « Perfide Albion ».

 

sandro

La perfide Albion ? Elle veut aussi la mallette ?

 

gabriel

Mais non… c’est une image.

 

sandro (un peu perdu)

Ah d'accord…

 

carlos (anéanti)

Me trahir, toi, la femme de ma vie… je vais te dire Natacha… c’est dégueulasse.

 

natacha

Arrête, mon rimmel va couler. Bon, dégage de mon aura que je me tire le looser. Et maintenant : à moi le soleil, les cocktails et les Chippendales. Allez salut les gros calibres.

 

carlos

Réfléchis bien avant de passer cette porte. On ne se fout pas impunément de Carlos Baldini… si tu pars, je te retrouverai et ma vengeance sera impitoyable.

 

natacha

C'est fou comme je tremble…

 

carlos

Fais attention, moi, quand on vient bouffer dans ma gamelle, j’endommage, je fracasse, j’extermine. Un vrai Soprano !

 

natacha

T'es pas un Soprano, t'es un "Sopra…nul" ! Allez, redescends sur terre mon Carlos : tu crois que t'es le seul mec que j'ai arnaqué ?

 

carlos

Ah bon… je ne suis pas le premier ?

 

natacha

Ben non ! Avant toi… il y a eu pléthore.

 

sandro

Pléthore… c'est son  « Ex » ?

 

gabriel

Mais non ! C’est encore une image.

 

natacha

Dites Sandro… il faudrait penser à mettre la 4G parce que ça fait un moment que vous n’avez plus de réseau. Ça ne vous réussit vraiment pas les coups de pelles !

 

sandro (il a du mal à suivre)

C’est pas simple…

 

gabriel

Dites Madame Natacha ?  Sans vouloir tout ramener à moi… mais pour mes 30%, on fait comment ?

 

natacha (le pointant avec l’arme)

On va oublier… ça pose un problème ?

 

gabriel (penaud)

Non, c’était juste pour savoir.

 

natacha

Allez ! Bouge de là "Papy ringard". (montrant Sandro) Contrairement à Bob l'éponge, moi le gun, j'hésiterai à m'en servir. (elle montre son arme).

 

natacha sort. Carlos s’écroule sur le canapé.

 

carlos

Je suis humilié, trahi, anéanti. Vous vous rendez compte cette femme qui avait toute ma confiance. Cette femme à qui je ne mentais jamais… (regard de Gabriel) enfin presque jamais. Et là,  je me fais repasser de 500.000 Euros.

 

gabriel

Ça s’appelle le double effet « Kiscool ».

 

carlos

« Kiscool Kiscool » ? Qui se fait avoir… oui.

 

sandro

N’empêche Carlos : on n'en serait pas là, si ce matin, tu m'avais laissé en faire des sushis.

 

carlos

T'as raison. Mais j'ai jamais été un visionnaire. Quand même, cette femme… quelle vipère.

 

gabriel

Une vipère qui vous a fait avaler des couleuvres.

 

carlos

Mais je lui ferai cracher son venin… parole de Baldini.

 

gabriel

Quand je pense que vous n'avez rien vu venir alors que vous aviez, depuis le début, dans la maison, un beau cheval de Troie !

 

sandro

Si vous croyez que c'est le moment de lui parler tiercé.

 

gabriel (le regardant)

Laissez tomber…

 

sandro

On devrait faire un break et arrêter les hostilités.

 

carlos

D’accord ! Toutes ces conneries, c’est plus pour moi. Passé un certain âge, il faut arrêter de faire parler les armes et il faut laisser parler son intelligence. (regardant Sandro) Enfin pour ceux qui peuvent.

 

sandro

Surtout que tout ça, c'est pas glorieux ! Alors il vaut mieux que ça ne s'ébruite pas trop dans le milieu.

 

carlos

C'est pas moi qui vais baver ! Je suis déjà assez has been.

 

sandro

Et moi ! Mon avenir est foutu… juste au moment où je voulais reprendre mes études pour passer un BTS de tueur à gages. Mon rêve est foutu.

 

 

gabriel

Et c’était quoi votre rêve ?

 

sandro

Devenir comme Scarface !

 

carlos

Scarface… Scarface… Scarface de con, oui !

 

sandro

Non mais oh… oh ! Respect quoi !!

 

gabriel

Y’a pas oh… oh ! On arrête maintenant ! Restons Zen. Et comme le dit mon maître Boudhiste le Dalaï chameau ! Même les minutes les plus noires de la vie ne durent que 60 secondes.

 

carlos

Remarquez : il est bien votre Dalaï chameau. C’est pas faux ce qu’il dit ! Mais c'est quoi la différence avec le Dalaï lama ?

 

gabriel

C'est la même philosophie… mais avec 2 bosses.

 

soudain on entend des sirénes de police… des crissements de pneus. les trois se relèvent.

 

sandro

C’est quoi ça encore ?

 

carlos

La journée pourrie qui continue…

 

Natacha revient toute ESSOUFFLEE avec la mallette et son arme.

 

carlos

Natacha !

 

natacha

C'est pas possible… j’ai tout essayé… je ne peux pas.

 

carlos (plein d’espoir)

Je le savais : Tu ne peux pas me quitter…

 

 

natacha

Non, je ne peux pas passer, il y a des flics partout… ils viennent pour faire un flag.

 

carlos

Mais comment ils ont pu savoir ?

 

natacha

Mais j'en sais rien ! En tout cas, tout le quartier est bouclé…

 

carlos

Mais c’est pas vrai ! C’est pas vrai ! Ça recommence ! Les condés… il manquait plus que ça.

 

sandro

Mais ils veulent quoi ?

 

gabriel

On ne va pas tarder à le savoir !

 

Voix off

Sortez les mains en l'air avec l'argent du crédit Aveyronnais !

 

natacha

C'est bon… on sait.

 

carlos va À la fenêtre.

 

carlos (fort)

Surtout ne nous fâchons pas ! Vous êtes qui d'abord ?

 

voix off

Baldini ! C'est le commissaire Broutard qui te parle !

 

carlos (aux AUTRES)

Broutard… c'est Broutard… je le savais qu’il allait encore me brouter !

 

natacha

On est mal. Pris la main dans la mallette.

 

carlos (à broutard)

J’ai pas l’oseille… je suis innocent.

 

voix off

Faux ! On a été renseigné par mon indic ! Don Calzone !

 

carlos

Don Calzone, un tonton ! Ah l'enfoiré…

 

sandro

Alors son tonton, c’est son parrain …

 

gabriel

…qui est aussi son cousin !

 

natacha

Bonjour la famille morpion !

 

gabriel (à la fenêtre)

Monsieur Broutard, mes respects. C’est Gabriel Donzac qui vous parle ! Alors en ce qui me concerne, je ne suis pour rien dans cet imbroglio. Je ne suis pas Braquo, je suis déco !

 

voix off

Ta gueule… on s’en fout… on va tirer dans le tas. On vous laisse 2 minutes pour sortir.

 

natacha

Carlos ! Redeviens l'homme que j'aime ! Fais quelque chose ! Impossible que ça finisse comme ça…

 

carlos

Je cherche… je cherche.

 

NATACHA

Mais trouve… trouve !

 

gabriel

Si on veut s’en sortir, il faut rester groupés, unis, solidaires.

 

natacha

Vous ne voulez pas qu’on forme un syndicat aussi ?

 

carlos

Ça y est, j’ai peut-être une idée… La seule solution c’est de se tirer « discrétos » par le fond jardin ! Il y a une bouche d’égout qui conduit directement au centre ville.

 

 

 

sandro

Mais oui ! On se barre par les égouts, direction l'aéroport, et à nous le soleil !

 

gabriel

Je refuse de partir sans mon « Pollux » !

 

natacha

C’est ça ou votre Pollux… quand vous le reverrez, il sera remarié et il aura des enfants.

 

voix off

Bon finis les sommations… j'envoie le GIGN…

 

carlos

Allez on se casse !

 

Carlos prend la malette Et ils vont tous vers le jardin… tous sauf gabriel Qui sort une arme de sa poche.

 

gabriel

Personne ne bouge ! Et reposez la mallette !

 

natacha

Quoi ? Enfin… Gabriel… c'est quoi ça ?

 

gabriel

MR73 !

 

carlos

Joue pas avec un arme à feu… tu vas te blesser. Allez viens. Ça va devenir chaud ici.

 

gabriel

Personne ne bouge, j’ai dit… je me présente COMMANDANT DONZAC de la BRB… Brigade de répression du banditisme. Alors on va s’asseoir bien sagement et attendre les collègues.

 

il sort un brassard de police qu'il met sur sa manche.

 

carlos

T’es flic ? C'est pas possible !  Mais je croyais que t’étais…

 

gabriel

… je le suis aussi ! Et mon « Pollux »… C’est Broutard … Paul Broutard.

 

carlos (perdu)

Alors moi… là, franchement j'en peux plus. Aujourd'hui on m'aura tout fait ! Alors à partir de maintenant c'est sans moi.

 

carlos va s'asseoir dans le canapé.

 

sandro

Finalement, si je comprends bien, dans cette histoire… personne n’est décorateur.

 

natacha

Ben non…

 

sandro (à natacha)

C’est pas demain qu’elle va être refaite votre maison.

 

natacha

Enfin Gabriel, après tout ce qu'on a vécu ensemble… ça ne peut pas finir comme ça. Soyez magnanime…

 

sandro

Elle a raison ! Et puis moi je suis jeune… j'ai droit à une deuxième chance. Pas vrai Carlos ?

 

carlos

Débrouillez vous entre vous… j'accuse le coup.

 

natacha

On disparaît et vous n’entendrez plus jamais parler de nous.

 

gabriel

Bon d'accord, je vous donne 3 minutes… filez par les égouts et je ne veux plus jamais vous revoir.

 

natacha

Merci vous êtes un ange…

 

sandro

La jeunesse vous remercie…

 

carlos

Elle a raison, je t'avais mal jugé… merci Gabriel !

 

carlos va pour prendre la malette.

 

gabriel

Hop hop… vous faites quoi là ?

 

carlos

Ben… je prends un peu de monnaie… juste pour assurer nos arrières.

 

natacha

De nos jours… une cavale c'est hors de prix.

 

gabriel

Pas question… tout ça c'est pour les orphelins de la police. Plus que 2 minutes.

 

sandro

Allez on se barre ! La cavale c’est mieux que la prison ! (Pour lui) Quand je pense que ma psy voulait  que je pose un acte fort… fiasco total ! C’est pas demain que je deviendrai député…

 

sandro sort. carlos et natacha vont vers le jardin.

 

carlos

Attends ! Mais tous les deux on va aller où ma Poupinette ?

 

natacha (réfléchit)

Ça y est je sais : On va aller se cacher chez ma sœur…  dans la creuse.

 

carlos (dépité)

La creuse ? Oh putain ! (au public) Vraiment… journée pourrie !

 

les trois sortent. gabriel est satisfait. il ouvre la mallette contemple les billets et prend son portable.

 

gabriel

Allô mon "Pollux" ? C’est ton « Castor » ! C'est bon, ton plan a marché génialement ! Et maintenant on l'a notre argent pour le mariage et le voyage de noces ! J'arrive avec la mallette ! Moi aussi je t'aime Mon Pollux ! (au public) Bon d’accord, tout ça c’est pas très moral… mais qu’est ce que c’est agréable !

 

NOIR ! musique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PITCH

 

 

 

QUAND LES « TONTONS FLINGUEURS » S’EMBROUILLENT AVEC La « cage aux folles » C’EST SÛR que ça va finir par un carnage.

 

A sa sortie de prison, Carlos baldini n'a qu'une envie : recommencer sa vie avec Natacha sa jolie visiteuse de prison. facile à dire mais pas si facile à faire quand des malfaisants veulent le faire chanter, que les flics veulent le faire tomber et qu'un décorateur très gaffeur se met à lui pourrir la vie. et puis carlos veut-il vraiment raccrocher ?

 

mensonges, quiproquos, trahisons et crimes foireux : pour carlos, la réinsertion risque d'être plus compliquée qu'il ne le croyait…

 

Il faut pas se prendre pour un soprano quand t'es un sopra… nul !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 1

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pavillon de banlieue. un salon avec une décoration entre le ringard et le Kitch. un tableau représente un homme style mafieux  avec  costume cintré arborant un sourire niais. un canapé et une table basse. Un petit guéridon côté cour.

 

une porte donne sur l'entrée, une vers la cuisine et une dernière sur une chambre et la cave. sue le devant une porte vitrée donne sur un jardin.

 

quand le rideau s’ouvre sur une musique musclée à la tarentino : Carlos baldini, (la quarantaine) Costume Kitch, et SANDRO CARVESE (la trentaine) en costume noir, pas très futé, se braquent mutuellement et font un cercle autour du canapé du salon. Ils sont « flingue contre flingue » et la tension est palpable. Lequel des 2 va tirer le premier ?

 

carlos (ferme)

Dernière sommation : pose ton flingue… enfoiré.

 

SANDRO

Pas question… rengaine le premier.

 

carlos

C’est ça, pour qu’après, tu me sulfates le potager…

 

SANDRO

Je ne suis pas venu pour sulfater… juste pour pour faire passer un message.

 

carlos

J’ai pas confiance…

 

SANDRO

Réfléchis. Si j’étais là pour te donner ta mère, ça serait déjà fait… Non ?

 

carlos (réfléchissant)

C’est pas faux. (il hésite) Bon, on va faire un deal : on baisse la garde tous les deux en même temps et après on cause. OK ?

 

SANDRO

Ok !!

 

Ils rengainent en même temps.. carlos va poser son arme dans le tiroir du guéridon.

 

 

carlos

Dis-donc, on ne t’a pas appris les bonnes manières à toi ? Tu sais que ça ne se fait pas de venir braquer à l’heure du petit déjeuner… C’est vrai quoi… un peu de respect pour ton parrain.

 

SANDRO

Mort de rire ! T’es plus un parrain "Baldini"… t’es un has been.

 

carlos

Désolé, mais niveau pedigree, à côté de toi, je suis encore un chien de race.

 

SANDRO

C'est fini tout ça… place aux jeunes.

 

carlos

Jeune, toi ? Et puis t’es qui pour venir m’enfumer le lendemain de ma sortie de taule ?

 

SANDRO (FIER)

SANDRO CARVESE… la famille Carvese, t’as jamais entendu parler ?

 

carlos

Ben non… Allez, fais péter le CV.

 

SANDRO

Je suis la relève ! Je vais reprendre en main ta PME.

 

carlos

Ma PME ?

 

sandro

Ben oui : PUTE ! MAGOUILLES ! EMBROUILLES !

 

carlos

Enfin ! T’as pas le droit de vouloir me faire ça ! C’est mes affaires que j'ai gagné tout à fait malhonnêtement.

 

SANDRO

C’est ça… va te plaindre au MEDEF ! T’es un tricard et je vais annexer tous les territoires…

 

carlos (étonné)

Attends : quand tu dis tous : Même ceux de DON CALZONE ?

 

SANDRO

Ah non, Don Calzone… c'est pas pareil, on ne peut pas y toucher. Dans le milieu, il est vintage.  Don Calzone, c’est un « collector »…

 

carlos

C’est vrai : 30 ans de non lieux… ça force l’admiration.

 

SANDRO

Don Calzone, c'est une pointure, un peu comme "Al Capone » « Lucky Luciano »…

 

carlos

… « Patrick Balkany »…

 

SANDRO

Alors respect ! Mon seul regret, tu vois, c’est que j'ai jamais pu faire un selfie avec lui.

 

carlos

Fais gaffe ! Le dernier paparazzi qui a voulu le photographier par surprise, on l'a retrouvé dans la seine, les deux pieds coulés dans le béton, à essayer de faire du ski nautique.

 

sandro

C'est un pudique…

 

carlos

Tu sais que lui et moi … On a débuté ensemble.

 

sandro

Comme gros bras ?

 

carlos

Comme petites mains : Racket… braquo… et dégâts des « os » ! Et avec nous, si tu commençais à pas marcher droit… tu finissais toujours par plus marcher du tout !

 

sandro

Vous avez dû en dépoter de la rotule en plastique.

 

carlos

M’en parle pas ! Et quand on se retrouve, aujourd’hui, tu sais ce qu'on se fait ?

 

 

SANDRO (admiratif)

… Une petite banque ?

 

carlos

Non, une petite pizza !

 

SANDRO

Alors que toi, c’est pas comme Don Calzone, tout le monde s'en fout de toi, on peut t'écraser comme un cloporte.

 

carlos

C'est pas très gentil ce que tu dis…

 

SANDRO

Je sais !! Surtout pour les cloportes.

 

carlos (avec empathie)

Allez Sandro, on ne pourrait pas arrêter un peu les mots qui blessent et la métaphore belliqueuse ! Je te propose : On stoppe l’intifada et on se partage les territoires occupés. J’ai pas encore l’âge des thés dansants, alors tu me laisses quelques années juste pour payer les points retraites.

 

SANDRO

Non, t’es un fini, oublié, enterré, alors j'en profite. Mais c’est pas tout : je veux aussi la mallette que t’as planquée après le Braquage du crédit Aveyronnais.

 

carlos (s'énervant)

Et voilà, encore la rumeur malveillante ! Mais il n’y a pas de mallette… Le crédit Aveyronnais, c’était pas moi. C’est le Commissaire BROUTARD qui m’a fait tomber.

 

sandro

Pourtant, tu t’es bien épanché en prison, comme quoi, tu avais fait le coup et que t'avais planqué l'oseille.

 

carlos

En taule, quand comme moi, tu es encore un mec "super gaulé" pour son âge (moue de Sandro) si… si, c'est sur que t'attires les convoitises sous la douche ! Alors faire croire que je pouvais partager l'argent du braquage, ça m'a permis d'éviter la savonnette mal placée.

 

SANDRO

(montrant son flingue dans le holster) Je veux la tune sinon ta retraite tu la prendras au "Père Lachaise".

 

on sonne. sandro ressort son flingue illico.

 

sandro

C'est quoi ça ?

 

natacha (off)

Mon amour, je reviens des courses et j’ai pas la clef… tu peux venir m’ouvrir s'il te plaît ?

 

carlos (affolé)

Oh bordel ! (fort et mielleux) J’arrive, un instant mon coeur… je suis au téléphone ma « poupinette ».

 

SANDRO

C'est qui la meuf derrière la porte ?

 

carlos

(à SANDRO) C’est pas une meuf… c'est ma meuf ! Natacha ! C'est ma femme Natacha !!!!

 

SANDRO

COOL ! Je vais vous travailler tous les deux à l'ancienne… je vous ferai le tarif couple.

 

carlos

Pas question ! Elle sait rien pour mes affaires, alors tu ne la touches pas. OK ?

 

SANDRO

Pas 0K ! Elle va y passer… tiens je vais la désosser façon viande bovine.

 

carlos

Tu ne ferais pas ça…quand même ?

sandro

Ben si ! En plus, j'ai un CAP de charcutier.

 

carlos

Attends ! Tu veux l’argent du crédit aveyronnais ?

 

SANDRO

C'est ça…

 

carlos

Alors t'as gagné ! Je vais payer…

 

SANDRO

C’est bien…

 

carlos

Mais pas tout de suite…

 

SANDRO

… Je la découpe.

 

carlos

Attends, je te dis !! Il me faut juste le temps d’aller récupérer la mallette avec les billets.

 

natacha (off)

Mais tu fais quoi mon cœur ?

 

carlos (fort)

Je finis une conversation au téléphone  !!! Juste une minute… j'arrive.

 

natacha (off)

Dépêche !! Je fatigue…

 

SANDRO

(hésitant) Ok, je te donne un quart d’heure et je reviens ramasser l'oseille. Et pas de coups foireux d’accord ?

 

carlos

Enfin… tu me fais confiance ?

 

SANDRO

Pas du tout. Et attention : grosse somme mais petite coupure… compris ?

 

carlos

Compris ! Bon, file par le jardin… il ne faut pas qu’elle te voit.

 

SANDRO (content)

Tu vois que c’était pas difficile de régulariser la situation. Allez, à tout de suite… « Papy ringard ». LOL !

 

SANDRO sort par le jardin.

 

 

 

 

 

 

carlos

« Papy ringard », non mais vous l'avez entendu !!! Je vais te la lui régulariser à coup batte de Base Ball la situation… moi. Ah, il va apprendre à savoir qui c’est le Carlos. Aujourd’hui, ça va être le « Happy Hour du génocide », « l’apéro de la saint Barthélémy ». Le tocsin va sonner chez les jeunots, on va entonner les Requiem. Planquez vos miches les Winner… Carlos  Baldini est de retour.

 

natacha (off)

Bon ça suffit, ouvre-moi ! Je vais finir par être en retard au lycée.

 

carlos (se reprenant)

Voilà… voilà… je viens ma « Poupinette »… je viens.

 

carlos va ouvrir. natacha entre. c'est une belle femme.

 

natacha

Ah quand même ! Ce n'est pas trop tôt !!! Tu parlais à qui mon amour ?

 

carlos (mielleux)

Je téléphonais au pôle emploi.

 

natacha

C'est bien ! Vas y demain dés "Potron minet".

 

carlos

Pas question, je suis allergique aux chats.

 

natacha (très instit)

Non, mon amour, "Potron minet" ça veut dire qu'il faut y aller demain matin très tôt.

 

carlos

Ah oui, bien sûr…  que je suis bête.

 

natacha

Mais non. C'est super qu’on soit enfin ensemble toi et moi ? Tu ne trouves pas ?

 

carlos

Oh oui ! T'avoir dans mes bras dans un vrai lit… c'est la cerise sur le gâteau.

 

 

 

natacha

Et quand c'est toi le gâteau, on rêve d'avoir une indigestion. (ils s’embrassent)  (Natacha regarde la déco) Bon, à partir de ce matin, ta vie repart à zéro.

 

CARLOS

Bien sûr !

 

natacha

Ta vie d’avant c'était ta vie d'avant, maintenant tout le monde doit savoir que tu as décidé de devenir un homme honnête.…

 

carlos (faux cul)

Oh que oui…

 

natacha

Et les flics doivent aussi comprendre que tu n’étais pour rien dans ce braquage et que l’argent c’est pas toi qui l’as planqué ?

 

carlos

Ben si (se reprenant) ben non ! Bien sûr que non ! Enfin  bon ! Le commissaire Broutard m’a déjà fait tomber une fois et ça peut recommencer. C'est pour ça que j'aurai préféré qu'on parte plutôt tous les deux au soleil …

 

natacha

Et avec quel argent ?

 

carlos (faux cul)

Et oui… c'est ça le problème. Mais tu vas voir je vais me refaire…

 

natacha

Pardon ?

 

carlos

…Une santé !  Je vais me refaire une santé et après à nous la nouvelle vie…

 

natacha

Bon, pour la déco de la maison, "un ami commun" m'envoie un spécialiste du relooking intérieur et tu verras, tu vas adorer.

 

carlos (pas convaincu)

J'en suis sûr.

 

natacha

Et j’ai aussi quelque chose pour toi. Tiens, Cadeau.

 

elle sort un paquet de son sac.

 

carlos

Oh merci. C'est quoi ?

 

natacha

Un livre.

 

Carlos (AFFOLÉ)

Un livre ? J’y touche pas, trop dangereux.

 

natacha

Si tu veux reprendre tes études, il faut que tu te cultives.

 

carlos

Mais de là à lire un livre, il ne faut pas déconner.

 

natacha

C’est pas de la dynamite.

 

carlos

C’est pire. J'ai eu un codétenu qui a commencé à lire un livre à la prison et après, il s’est tapé toute la bibliothèque.

 

natacha

Non ?

 

carlos

Si ! Il est devenu gonflant mais gonflant, il discutait sur tout, je ne pouvais plus bouffer tranquille. J’ai même dû sévir.

 

natacha

Tu l'as frappé ?

 

carlos

Non, j'ai mis des boules Quiés.

 

natacha

Ah ça ! Le livre c'est la cocaïne de l'intellectuel.

 

 

 

carlos

Et en sortant, il a très mal fini…

 

natacha

Il a récidivé ?

 

carlos

Non…  on l'a embauché sur Arte.

 

natacha

Il va falloir que je te reformate le disque dur toi sinon je la sens mal barrée ta réinsertion. Ce livre, c'est un essai sur le couple. Le dernier Cyrulnick…

 

carlos (RASSURÉ)

Cyrulnick ?? Ah d’accord ! C'est pas pareil ! Ah lui je l'adore Cyrulnick…

 

natacha

Tu vois…

 

carlos (admiratif)

Momo Cyrulnick surnommé "l'ouvre boîtes" !!! Il ouvrait les coffres forts comme personne ! Mais je croyais qu'il était mort refroidi par Dédé la chignole ?

 

natacha

Laisse tomber mon cœur. On va commencer par des cahiers de coloriage…

 

carlos (amoureux)

Dis, ma  « Poupinette » : toi qui est belle, douce, intelligente…  Pourquoi je t'ai plu ?

 

natacha

Parce que tu es réac, macho et pas rigolo !

 

carlos (modeste)

C’est vrai que j'ai beaucoup de qualités.

 

natacha

Mais je suis tombée amoureuse de toi à la première minute où je suis venue te rendre visite à la prison. C'est ça les phérormones !

 

 

carlos

Non, ça c'est l'effet Carlos.

 

natacha

Et puis… au fond… t'es un gros Nounours.

 

carlos

Mais bien sûr  ! (au public) Sauf que Winnie l'ourson, il n’a pas du tout envie qu'on lui pique son pot de miel… alors, il ne va pas hiberner longtemps.

 

natacha

Tu marmonnes quoi ?

 

carlos

Je pense juste à ce que je vais dire au pôle emploi…

 

natacha

Très bien. Tu sais de quoi tu aurais besoin ?

 

carlos

D'un bon P38…

 

natacha

Mais non… d’un bon coach.

 

carlos

Un coach ? Ça sert à quoi un coach ?

 

natacha

C’est quelqu’un qui t’aidera à résoudre tes problèmes. C'est un professionnel…

 

carlos

Ah mais t’as raison, j'ai besoin d'un professionnel… je vais appeler un ami qui en connaît un de… professionnel.

 

natacha

Il est bien ?

 

carlos

C’est un gros calibre. (se reprenant) Enfin, il est très compétent.

 

natacha

Il doit bien cerner ton problème pour le régler très plus vite.

 

 

 

carlos

Pour aller vite… ça va aller vite ! Et quand il se sera occupé de mon « problème »… je vais aller beaucoup mieux.

 

natacha

Bon, je file, j'ai des cours au lycée toute la journée… par contre ce soir, pour se détendre, je passerai acheter un DVD. Mais pour être avec toi… je ferai "diligence".

 

carlos

J'ai aussi horreur des Westerns. Prends plutôt "LES AFFRANCHIS" ou "LE PARRAIN". Ça me rappellera ma jeunesse.

 

natacha (soudain jalouse)

Carlos ? Je te laisse mais interdiction d'appeler ton EX ?

 

carlos (surpris)

Une ex ? Mais enfin quelle ex ?

 

natacha

La sœur de DON CALZONE !

 

carlos

RÉGINA ? Enfin, mon amour, il ne s'est jamais rien passé entre nous…

 

natacha

C'est pas ce qu'on m'a dit. Tu ne vas pas trop t'ennuyer sans moi ?

 

carlos

Je vais aller jardiner… j’aime bien creuser des trous. Ça sert toujours un trou… (on le sent soudain inquiet) Dis, dans ton milieu d'intellectuels… tu leur as dit quoi à mon sujet ?

 

natacha

La vérité, que tu sortais de « Centrale »… mais je n'ai pas précisée laquelle.

 

natacha sort. Il prend son portable.

 

 

 

 

 

 

 

 

carlos

Allô ? DON CALZONE ? C'est Carlos. Je suis sorti de prison. Non… pas vraiment du 5 étoiles. Bouffe moyenne, literie médiocre, pas du tout à conseiller au guide du routard. Tu sais qui j’ai rencontré en prison ? Mais non, pas ton cousin… l'amour ! Natacha, une prof de Français visiteuse de prison. Alors elle m'a visité, je l'ai visitée et on a fini par se signer un bail. Et j'ai aussi réussi à leur faire croire que je voulais devenir honnête…CARLOS BALDINI honnête !!!! Hé oui, c'est con un juge parfois… Bon, j'ai besoin d'un service. Il faut que tu m'envoies quelqu'un pour sulfater un malfaisant !! Pardon? Sulfater… c'est pas écologique ? Maintenant on dit « tri sélectif des ordures » ! Comme tu veux, alors tu m'envoies ton nettoyeur « Monsieur Propre »,. Je veux foutre ce petit foireux aux chiottes !!! Hein ??? Aux toilettes sèches… d'accord. Mais oui, je sais, c'est ton côté "Truand écolo", t'as toujours été le José Bové de la "Camora" ! Tu me l'envoies tout de suite ? Au fait, comment va « Régina» ? Toujours dans le trafic de Grappa ?

Maintenant elle fait dans le "Red bull".... Hé oui, les temps changent. Allez merci, j'attends ton Monsieur propre… dis-lui de faire fissa. (il raccroche)

 

carlos va derrière un petit meuble et  en sort une pelle.

 

carlos

Allez hop, au jardin ! On ne sait jamais… si ça tourne mal ! Le SANDRO, il finira sous les hortensias ! (au public) Elle commence pas bien cette journée… je ne sais pas pourquoi mais… je la sens pas.

 

carlos va dans le jardin. Un homme entre. C'EST GABRIEL, LE DÉCORATEUR. IL EST CLASSE et RAFFINÉ.

 

gabriel (au portable)

Mon Dieu que c'est vieillot ! Mais comment on peut habiter dans une vulgarité pareille ? (il prend son portable) Allô mon Pollux c'est ton castor… je viens d'arriver chez ton ami commun. Mais que c'est laid !!! Que c'est laid !!!! Tu montres ça à Stéphane Plazza et il se remet illico au Prozac. Allez, bisous mon Pollux.

 

il raccroche. Carlos revient du jardin.

 

carlos

Hé vous, vous faites quoi chez moi ?

 

gabriel

C'était ouvert alors je suis entré.

 

carlos

Je le vois bien. C'est ma femme, elle ne ferme jamais, sale manie.

 

gabriel

Je me présente : GABRIEL DONZAC… enchanté. Nous avons rendez-vous. (complice) C'est moi qui suis envoyé par notre "un ami commun".

 

carlos

Ah d'accord ! C'est bien, vous avez fait vite…

 

gabriel

J’étais pas loin. Et pourtant en ce moment, chez nous, c'est souvent le coup de feu !

 

carlos (rassuré)

Hé oui. Désolé pour l'accueil, je suis un peu à cran en ce moment.

 

gabriel

Faites du Shiatsu…

 

carlos

Je préférerai faire un bon "ménage"…

 

gabriel

C'est bien aussi le ménage, ça permet de bien tout évacuer.

 

carlos

C’est ça ! Je veux tout évacuer… en pièces bien détachées, façon MIDAS.

 

GABRIEL

BON ! Pour notre travail : Vous allez voir… je suis un vrai tueur !

 

CARLOS

J’y compte bien !

 

gabriel

J'imagine ! Je conceptise !  J'élabore. Et je suis toujours là quand il faut passer à l'action.

 

carlos

En gros, vous êtes un bon professionnel…

 

gabriel

Et J'ai jamais eu de réclamation. Tenez une fois, j'ai travaillé dans une usine désaffectée…

 

 

carlos

Oh c'est bien l'usine désaffectée… c'est calme.

 

gabriel

Et je peux vous dire qu'on a tout défoncé. On a même fini au chalumeau.

 

carlos

Ah le chalumeau, toute ma jeunesse ! Je l’ai toujours dit, on n'utilise jamais assez le chalumeau dans le métier.

 

gabriel

Après, vous avez des préférences ?

 

Carlos

J 'aimerai bien tout couler dans le béton…

 

gabriel (ferme)

Ah  non… pas le béton !

 

carlos

Et pourquoi ?

 

gabriel

C'est pas Feng Shui ! Et je veux Feng Shui ! Vous m’entendez… il faut Feng Shui !

 

carlos

D’accord… c'est bon… bossez avec Feng Shui ! J’ai rien contre les chinois.

 

gabriel (REGARDANT AUTOUR DE LUI)

Merci. (il prend des mesures)

 

carlos

Vous faites quoi là ?

 

gabriel

On va écraser les volumes pour bien aérer les parcelles.

 

carlos

Et si on  l'explosait d’un coup ?

 

 

gabriel

Ah je vois : Aplanir les angles pour reconstruire dans le néant !

 

carlos

C'est ça. Bon, pour l'argent…  je vais vous donner un acompte en liquide.

 

GABRIEL

Ah non… surtout pas !

 

carlos

Ah bon ? Et pourquoi ?

 

gabriel

Je veux d'abord qu'on soit bien d'accord sur le devis.

 

carlos (très étonné)

Vous voulez me faire une facture ?

 

GABRIEL

Ben oui ! Et quand tout sera fini … vous pourrez signer mon livre d'or ?

 

carlos

Pardon ?

 

GABRIEL

Un petit mot gentil. Ça pourra m'aider pour ma carrière.

 

carlos (étonné)

Je veux bien… mais quand même… le métier a bien changé.

 

GABRIEL

Ne m’en parlez pas… avec l’Europe, les étrangers cassent les prix. Mais le résultat n'est pas toujours à la hauteur.

 

carlos

C’est vrai… les russes… ils salopent le boulot.

 

gabriel (énervé)

Et moi quand on salope le boulot… ça me met en pétard.

 

carlos

En pétard, hé oui. (il le scrute) C'est curieux, mais pour ce travail, je ne vous imaginais pas comme ça. Disons que vous ne faites pas assez…

 

 

gabriel

Bobo ?

 

carlos

On va dire ça ! Dites, Gabriel, ça fait longtemps que vous travaillez pour notre "ami commun" ?

 

gabriel

10 ans. Mais on ne vit ensemble que depuis 5 ans !

 

carlos

Ah bon ?

 

gabriel

Il ne vous a pas dit pour nous deux ?

 

carlos (étonné)

Ben non !

 

gabriel

On va se marier dans 2 mois, maintenant qu'on peut.

 

carlos

Enfin !  Mais avant, il était avec sa femme…

 

gabriel

Mais il a tout plaqué pour moi. Un vrai coup de foudre. Comme dans  "BROKEBACK MOUTAIN" !

 

carlos

Mais le « milieu »… il l’a pris comment ?

 

gabriel

Très bien, il faut dire que dans notre « milieu », il y en a déjà beaucoup…

 

carlos

Bon, pour notre affaire, je ne veux pas quelque chose de définitif…

 

gabriel

Bien sûr…

 

carlos

Je veux juste montrer que Carlos Baldini… c’est toujours  Carlos Baldini.

 

 

gabriel

Bien sûr…

 

carlos

Alors vous le démolissez… mais vous ne tuez pas cet enfoiré.

 

gabriel

Bien sûr… (un temps) Mais tuer qui ?

 

carlos

Sandro Carvese …

 

gabriel (tête perdue de Gabriel)

Je ne comprends pas.

 

carlos

Vous allez bien tout  démolir ?

 

gabriel

Dans la cloison du premier.

 

carlos

Non… dans la tronche du SANDRO. Je viens de vous le dire.

 

gabriel (perdu)

Mais c'est qui ce SANDRO ?

 

carlos

Enfin ! On en parle depuis 10 minutes. C'est le contrat ! Celui que vous devez éliminer : Sandro Carvese.

 

gabriel (AFFOLÉ)

Ah mais non ! Mais moi… je peux, à la rigueur, éliminer des cafards… mais pas des Sandro "Bolognese".

 

carlos

Carvese ! Sandro Carvese ! Vous vivez bien avec Don Calzone… notre "ami commun" ?

 

gabriel

Pas du tout ! Mon ami commun à moi c'est Pollux. Enfin Paul… mais je l'appelle Pollux et il m'appelle Castor.

 

 

 

carlos

Pollux ? N’importe quoi ! Franchement vous me voyez ami avec quelqu’un qui s'appelle Pollux ?

 

gabriel

Oh que non… et puis, vous ne seriez pas du tout son genre.

 

carlos (prenant sur lui)

Alors, vous n'êtes pas mon nettoyeur ?

 

gabriel

Ben non, je suis votre décorateur.

 

carlos

Oh la boulette !

 

gabriel

Je ne suis pas dealer non plus !

 

carlos

Mais oui, ça y est, vous êtes le décorateur de ma femme ! Je me suis gouré sur toute la ligne.

 

gabriel

C’est ballot !

 

carlos

Mais ça, c'est depuis ma sortie de taule…

 

gabriel

Ah bon ? Vous sortez de prison ?

 

carlos

Et ça ramollit le cerveau. Mes neurones, c’est pire que du Tapioca. Pourtant quand je vous regarde, c'est voyant !  Mais comment j'ai pu vous prendre pour un tueur ?

 

gabriel

J’en sais rien.

 

carlos

Il faut que je réagisse sinon je vais virer baltringue.

 

 

 

gabriel (un peu mal)

Bon, Monsieur Baldini, c'est pas que je m'ennuie avec vous mais je pense que je vais vous laisser vous ressaisir tout seul… on m'attend… j’ai une brocante à faire. Ravi d’avoir fait votre connaissance…

 

carlos

Hep hep hep !

 

gabriel

Quoi donc ?

 

carlos

On a un gros problème tous les deux…

 

gabriel

Ah bon ? Lequel ?

 

carlos

Je ne peux pas vous laisser repartir.

 

gabriel

J'aimerai bien rester avec vous … mais malheureusement mon agenda est surbooké. Je vais y aller…

 

carlos

Pas avec tout ce que vous savez ! Vous restez ici.

 

gabriel (faux cul)

Ce serait avec un grand plaisir, vraiment, mais je dois passer chez un antiquaire : pour un buffet que j'ai eu pour "deux balles".

 

carlos

Deux balles dans le buffet : La voilà la solution !

 

carlos prend son arme dans le guéridon.

 

gabriel

Mais c'est quoi ça ?

 

carlos

MMA, Mon assurance vie ! Avec elle… Zéro bla bla que des tracas ! Allez, on lève les mains. Allez hop hop, je veux voir tous les doigts.

 

gabriel

Il faut vraiment que j'y aille.

 

carlos

Ça pour y aller, tu vas y aller. Mais je ne sais pas encore où ?

 

 

gabriel

Pitié, je ne dirais rien.

 

carlos

J'ai pas envie que t'ailles baver à mon JAP !

 

gabriel

Impossible, je ne parle pas le japonais.

 

carlos

MAIS NON !  JAP… Juge d'application des peines. Pas question que je replonge.

 

gabriel

Je vous jure, je saurais me taire ! D'ailleurs pour tout vous avouer… j'ai rien compris.

 

carlos

C'est vrai, que t’as pas l’air très "malin-malin".

 

gabriel

Ah non alors ! Souvent dans les dîners mondains on me trouve même un peu con. Si vous tapez "un peu con" sur Google… vous tombez directement sur mon nom. Alors vous voyez que je ne suis pas dangereux. Allez au revoir…

 

carlos

Stop ! Tu peux pas repartir…

 

gabriel

Même si je vous fais 20% sur le papier peint ?

 

carlos

Bon. En attendant de savoir ce que je vais faire de toi… allez hop direction la cave !

 

gabriel

Oh non ! Pitié… je vous en supplie… pas la cave…

 

 

carlos

Pourquoi ?

 

gabriel

C'est pas, non plus, Feng Shui …

 

carlos

Arrête un peu avec ton chinois ! Et attention, au moindre cri… t'es mort et je t’enterre dans le jardin… compris ?

 

gabriel

Ah non pas enterré non plus…

 

carlos

T'aimes rien toi…

 

gabriel

A ma mort, j'aimerai me faire incinérer sur une chanson de « Peter et Sloane »… Besoin de rien, envie de toi !

 

carlos

Et des goûts de chiottes en plus ! Allez hop… la cave… c'est au fond à droite. (au public) Je la sens  toujours pas cette journée ! Mais alors pas du tout.

 

ils sortent. sandro entre.

 

SANDRo (AU PORTABLE)

Allô, Papa ? C'est SANDRO. Je suis revenu chez Baldini. Je récupère la mallette avec l'argent du crédit aveyronnais et je te tiens au courant. Tu vas voir, tu vas être fier de moi… allô ? (il raccroche) (fort) Carlos ? Où t’es ? T’es dans le jardin "papy ringard" ?

 

il sort au jardin. natacha revient.

 

natacha

Carlos ? Mon amour ? Il y avait une grève au Lycée et tous mes cours sont supprimés. Le décorateur n’est pas venu ? Mais t’es où ?

 

SANDRO REVIENT.

 

natacha

Ah Bonjour, je suis enchanté !

 

SANDRO

Bonjour… Je suis SANDRO. Et j’ai rendez-vous avec Carlos Baldini.

 

natacha

Ah c’est vous que mon mari attendait ?

 

sandro

C’est moi… il n’est pas là ?

 

natacha

Non ! Mais rassurez vous, il m’a donné carte blanche pour négocier ensemble.

 

SANDRO

Ah bon ? Quand même, ce serait mieux que je traite directement avec lui !

 

natacha

Avec moi, ça ira plus vite ! Lui, je le connais, il est un peu radin et il ne voudra pas vous payer le juste prix…

 

SANDRO

Je le sentais.

 

natacha

Alors qu'avec moi… la négociation sera juste.

 

SANDRO

J’aimerai bien qu’on arrive à un accord rapidement, alors !

 

natacha

Vous savez qu'on m’a beaucoup vanté vos mérites dans le métier.

 

SANDRO

Moi ?

 

natacha

Ah oui ! En ce moment, dans le "milieu"… vous avez la cote. On ne parle que de vous.

 

SANDRO (fier)

Merci !

 

natacha

Vous êtes un véritable artiste. Vous allez bientôt faire de tous les journaux spécialisés.

 

 

sandro

Surtout pas ! Il vaut mieux rester discret… on dure plus longtemps.

 

natacha

Je comprends ! Bon, j’aimerai que mon mari, grâce à vous, retrouve un peu de sérénité. Il a besoin de s’alléger.

 

SANDRO

Ah mais, je vais l’alléger… faites-moi confiance.

 

natacha

Je suis rassurée… Vous travaillez comment ?

 

sandro

Ça dépend du contrat…

 

natacha

Mais c'est quoi votre spécialité ?

 

SANDRO

Le  pistolet. Je bosse souvent au pistolet !

 

natacha

Vous avez raison, ça ravive les couleurs ! Ça va vite et c'est plus efficace.

 

SANDRO (un peu étonné)

Et je fais quelquefois les finitions à la main… mais c'est plus rare. Que dans les cas difficiles…

 

natacha

Chacun son style.

 

SANDRO

Comme on dit : on a chacun sa petite cuisine.

 

natacha

Ah la cuisine, c’est bien que vous m’en parliez ! La mienne… je la voudrai américaine.

 

SANDRO

Pardon ?

 

natacha

On fait sauter le mur et on la repeint vert amande selon votre technique au pistolet ! Venez-voir, vous allez comprendre.

 

SANDRO (inquiet)

Attendez… vous êtes sûre qu'il n'est pas là votre mari ? Il faudrait vraiment que je le voie.

 

natacha

Venez à la cuisine, je vous dis. Je vais tout vous expliquer…

 

ILS SORTENT à la cuisine. carlos et gabriel reviennent de la cave.

 

carlos

Ah là la… c'est pas possible… mais qu’est que vous avez encore ?

 

gabriel

C’est ma tatie… c’est ma tatie…

 

carlos

Elle a quoi votre tatie ?

 

gabriel

C’est ma tachycardie ! Une émotion et je palpite… je palpite.

 

carlos

Bordel : Il fallait me le dire plus tôt.

 

gabriel

J’ai essayé mais on ne peut pas dire que vous incitez à la confidence. J’ai peur du noir depuis que je suis tout petit.

 

carlos

Petite nature…

 

gabriel

Il faut vous dire que j’ai eu une enfance malheureuse mais malheureuse…  vous voulez que je vous la raconte ?

 

carlos

Non… je m’en fous complétement.

 

gabriel

Pourtant c’est très triste. Cosette à côté de moi c'est Paris Hilton !

 

carlos

Bon, mais qu'est ce que je vais faire de toi ?

 

natacha (off)

Ah mon amour… t’es là ?

 

carlos (affolé)

Ma femme… c’est ma femme.  Elle est revenue… elle est revenue.

 

gabriel (compatissant)

Elle vous avait quitté ?

 

carlos

Mais non ! Pas du tout !

 

natacha (off)

J'arrive… je finis mes explications.

 

carlos

(fort) Pas de problème, prends ton temps ! (à Gabriel) Bon, vous, vous voulez rester en vie ?

 

gabriel

Oui…

 

carlos

Alors devant ma femme,  tu ne dis rien…

 

gabriel

D’accord… je ne dis rien. Mais sur quoi ?

 

carlos

Sur tout ! Enfin sur notre rencontre… Sur le contrat.

 

gabriel

Ah bon, elle n’est pas au courant ?

 

carlos

…Non…

 

gabriel

Elle ne sait pas que vous voulez refaire la déco ?

 

carlos

Mais non…  pas celui-là… l'autre ! Je t'explique.

 

 

 

gabriel

J'aimerai bien… parce que là.  (il fait la brasse avec les mains).

 

carlos

Entre ce que j'étais… ce que  je suis et ce que ma femme pense de ce que je suis par rapport à ce que j'étais…

 

gabriel (pas convaincu)

Oui…

 

carlos

Et bien, elle ne sait pas que ce que je suis, n’est pas du tout ce qu’elle croit que je suis, par rapport à ce que j'étais …

 

gabriel (perdu)

Oui…

 

carlos

Mais que je pourrais être. C’est bon, là, c’est compris ?

 

gabriel (tête de gabriel totalement perdu).

Pas du tout. Mais elle pense quoi ?

 

carlos

Que je vais devenir honnête…

 

gabriel

Elle pense ça !

 

carlos

Oui ! Donc c'est simple : devant elle… un mot de trop et je t'allume. Ça c’est clair ?

 

gabriel

Ça oui. Mais je dis quoi ?

 

carlos

Rien. Tu souris bêtement, comme tu fais depuis ce matin, et tu réponds poliment d’une manière évasive, toujours d’une manière évasive.

 

gabriel

D’accord… je vais évaser.

 

 

 

carlos (montrant la porte d’entrée)

Voilà, tu évases ! Et attention, si je te vois passer cette porte… t'es mort. Compris ?

 

gabriel

Compris ! Monsieur Baldini… vous n’êtes pas un humaniste.

 

carlos

Détrompe-toi : j’ai toujours eu le cœur sur la main… mais l’autre sur le revolver.

 

natacha revient avec SANDRO. elle a un plateau avec des tasses de thé. sandro et carlos sont surpris.

 

natacha

Ah mon amour… tu es là. J'étais avec Monsieur SANDRO.

 

la tension est palpable. Natacha ne voit rien.

 

carlos

Oh là la……

 

sandro (bas à carlos)

Oui… comme tu dis… Oh là la…

 

carlos

Enchanté, monsieur "Sandro" !

 

SANDRO

Moi aussi ! "Monsieur Baldini" !

 

natacha

Il est venu pour solutionner tous nos problèmes.

 

carlos

Ah c’est bien… (à Sandro) c’est bien ce que je pensais.

 

natacha

Et je sens que tu vas beaucoup l’apprécier…

 

carlos

Mais j’en suis sûr… j’en suis sûr.

 

sandro

De mon côté, je sens déjà le feeling entre nous…

 

natacha

Et c’est lui qui va faire de notre maison un petit nid douillet. C'est un véritable artiste.

 

carlos

Lui ?

 

natacha

C'est lui avec qui tu dois faire affaire… C'est un artiste !  C'est notre décorateur !!

 

SANDRO

Ah mais non, pas du tout.

 

natacha

Mais si… mais si ! Allons ne faites pas le modeste.

 

natacha va poser le plateau.

 

carlos (bas à sandro)

Tu ne dis rien, tu joues le jeu… je gère.

 

sandro (bas à carlos)

T'as intérêt … sinon "Poum poum".

 

Gabriel s’approche de Carlos.

 

gabriel (bas à carlos)

Je prends sur moi mais je n’apprécie pas du tout cet appel d’offre.

 

carlos

Toi, ta gueule ou direction la cave…

 

gabriel

Ok !

 

natacha

(Montrant Gabriel) Mon amour, tu ne me présentes pas à ton ami ?

 

carlos

Qui ?

 

natacha (montrant gabriel)

Ton ami… à côté de toi.

 

gabriel

Elle parle de moi…

 

carlos

Ah oui, (pour lui) je l'avais oublié, Pinocchio. Alors Natacha… (il s'approche de Gabriel et lui parle bas) C'est comment déjà ton nom machin ?

 

gabriel

Je me présente : Gabriel Donzac… c’est moi qui suis envoyé par Paul…

 

carlos (le coupant)

… Emploi… pôle emploi… Gabriel est envoyé par le pôle-emploi.

 

natacha

Ah bon ?

 

carlos

OUI ! Et c’est lui qui est chargé de m’aider dans ma nouvelle vie à me trouver un nouveau travail.

 

natacha

Ah je comprends… c’est vous le coach ?

 

carlos

C'est lui le Coach !

 

gabriel

En fait… pas tout à fait. Si je suis là, c’est que je suis aussi venu pour le contrat…

 

carlos (le coupant à nouveau)

… DE SOLIDARITÉ! Le contrat de solidarité ! Pas vrai ?

 

gabriel

C'est ça aussi…

 

natacha

Mais c'est très bien…

 

carlos

C’est nouveau pour moi la solidarité… enfin je veux dire…  pour les gens comme moi qui ont traversé une période difficile.

 

natacha

Je suis ravie qu’on s’occupe de toi aussi vite…

 

carlos

Mais on se comprend déjà très bien… pas vrai ?

 

gabriel

Oui !

 

natacha

C'est bien que vous soyez venu. N’hésitez pas à le bousculer…

 

SANDRO (il s'impatiente)

(à Carlos) Dites, sans vouloir vous bousculer non plus… j’aimerais bien qu’on règle notre petite affaire.

 

carlos (bas)

Un problème après l’autre.

 

sandro

Oui… mais bon.

 

natacha

Dites-moi Gabriel, avec mon mari, quel style de coaching vous allez pratiquer ?

 

gabriel (un peu perdu)

Faut voir… faut voir. (pour lui) J'évase, moi, j'évase.

 

natacha

Vous allez travailler sur le conditionnement de la personnalité ou sur  le lâcher prise ?

 

gabriel (regardant carlos)

J'aimerai surtout travailler sur le laisser sortir…

 

natacha

Laissez sortir les émotions ?

 

on entend le bruit d’une bouilloire qui siffle. carlos et sandro sursautent.

 

natacha

Ah, l'eau est chaude. Je vais préparer du "Earl Grey"… quelqu’un en veut ?

 

gabriel

C'est pas de refus…

 

natacha

Vous savez : je sens qu’elle ne va pas être mauvaise cette association.

 

sandro

C’est pas une certitude…

 

natacha (avec finesse)

Non, mais c’est une litote.

 

natacha va à la cuisine.

 

sandro

Une litote ?  Putain, c’est quoi une litote ?

 

carlos

C'est rien : C’est un cheval à la con avec une corne de cocu…

 

gabriel

Mais non, pas du tout, ça c’est une licorne. Une litote c’est le contraire d’un euphémisme.

 

carlos

Ah bon ?  Et "Le phémisme"… c'est quoi comme animal ?

 

SANDRO

Bon, on s’en fout ! On avait dit pas d’embrouille et ta femme, je ne comprends rien de ce qu’elle dit.

 

carlos

Normal… elle est  Bac plus 5… t'as pas le niveau !

 

SANDRO

En plus, elle veut que je lui refasse la cuisine… avec moi, les cuisines elles ne sont pas intégrées… elles sont désintégrées.

 

gabriel

Vous auriez quand même pu me prévenir qu’on était plusieurs sur le coup ? Franchement, si vous faites jouer la concurrence… je préfère laisser tomber.

 

 

carlos (menaçant)

Je vous ai dit quoi à vous ?

 

gabriel

D’évaser…

 

carlos

Alors vous évasez… et là vous la fermez. Compris ?

 

gabriel

Compris…

 

carlos

Sandro, tu veux qu’on fasse affaire ?

 

SANDRO

Et vite…

 

carlos

Alors tu la fermes aussi et je vais trouver un moyen de me débarrasser de ma femme…

 

SANDRO

Fais vite, sinon c'est moi qui m'en débarrasse… et puis d'abord, elle est où la mallette ?

 

carlos

Je n’ai pas eu le temps d'aller la chercher…

 

SANDRO

J’aime pas ça du tout.

 

carlos

Mais j'ai du liquide. Je vais te payer de la main à la main.

 

gabriel

Ah non alors, je suis contre le travail au noir…

 

sandro

Pourquoi ? Question d’éthique ?

 

gabriel

Non, question de TVA !

 

 

SANDRO

Carlos, tu l'as trouvé où lui ?

 

gabriel

Je tiens à vous dire, Monsieur que je ne connais pas, que c'est à cause de gens comme vous qu’en France… c’est le bordel.

 

SANDRO

Mais pourquoi tu nous gonfles Miss Monde ? Tu es aussi dans le nettoyage ?

 

gabriel

Pas du tout ! Mais quand je vois comment vous travaillez… j’ai bien envie de vous dénoncer à l'URSSAF…

 

SANDRO

Une balance ! Bordel, il ne manquait plus que ça !!! Carlos ! C’est qui lui ? C’est vraiment un coach ?

 

carlos

Non, mais c’est vraiment un cave !

 

gabriel

Cave peut-être… mais je suis inscrit au registre du commerce, moi.

 

SANDRO sort son pistolet avant carlos.

 

SANDRO

Bon, on arrête les conneries ! Donne ton arme !

 

carlos lui donne son arme à regret. sandro la met dans sa poche.

 

carlos

Restons gentlemen…

 

sandro

C’est fini les préliminaires ! Maintenant je cause plus… je flingue.

 

gabriel (peureux)

On ne pourrait pas essayer de terminer une phrase sans que forcément ça finisse par des menaces ?

 

carlos

Il a raison… c’est lassant.

 

SANDRO (à carlos)

(montrant Gabriel) D'accord Carlos, mais tu vois, éliminer ce naze… ça va me soulager. Tiens, toi, si tu veux, je vais te débiter comme un jambon de Bayonne ?

 

gabriel

Bof ! Je ne suis pas trop charcuterie ! Je suis plutôt vegan…

 

SANDRO

Mais d’abord les femmes… enfin surtout celle qui est dans la cuisine. Je vais te la dessaler ta morue !

 

carlos (affolé)

On ne touche pas à Natacha… t'as gagné, je vais payer. C’est bon, je vais aller te chercher la mallette du braquage.

SANDRO

Elle est où ?

 

carlos

Dans le jardin…  enterrée sous le saule.

 

SANDRO

Et ben voilà, tu deviens conciliant. Allez on y va. Passez devant…

 

gabriel

Je reste ici, et je fais le guet.

 

SANDRO

On y va tous les 3 !

 

gabriel

Je préfère rester ici, je suis allergique au pollen.

 

SANDRO

J'ai dit tous les 3 ou alors sous le saule… c'est toi qui vas pleurer.

 

gabriel

C'est bon, je viens. Mais j'aime pas beaucoup votre humour. Tous les deux, on ne sera jamais copain sur Facebook.

 

SANDRO

C’est triste mais je me ferai une raison… Carlos, prends la pelle.

 

carlos va prendre la pelle.

 

carlos (pour lui)

Tu parles d'une réinsertion. (au public) Je ne la sens toujours pas cette journée… mais alors pas du tout !

 

ils sortent au jardin. natacha revient.

 

natacha (fort à carlos)

Où vous êtes passés… mon amour ?

 

carlos (off)

Je leur fais visiter mon jardin !

 

natacha

C’est très bien.  Mon cœur. Zut plus de sucre ! (FORT) Je vais au bout de la rue, chercher du sucre et je reviens. Ne tardez pas trop le thé va être froid.

 

carlos (off)

Pas de problème…

 

natacha sort.

 

SANDRO (off)

Attends Carlos ! Mais tu fais quoi là ? Mais c'est quoi ce coup fourré … enfoiré ? Lâche cette pelle !  OK j'avais prévenu… je vais te fumer ! Merde, il s'est enrayé…

 

carlos (off)

En attendant : Prends ça dans la gueule "Tony Montana" !!!!

 

on entend le bruit d'un coup de pelle bruyant.

 

Sandro

AAAAh !

 

gabriel et carlos reviennent. Carlos a la pelle à la main.

 

gabriel (affolé)

Mais quelle horreur ! Mais quelle horreur. Je suis en plein film d’horreur… ça y est : je palpite !!

 

carlos

Tais toi… ma femme n’a rien entendu. Alors t'es sympa et tu n'alertes pas tout le quartier.

 

 

gabriel

Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

 

carlos

Légitime défense. Il nous menaçait et hop : je l’ai avoiné façon Carlos.

 

gabriel

Vous ne l'avez pas avoiné… vous l'avez massacré.

 

carlos

Chacun sa spécialité ! Il y en a c’est le coup de boule… moi, c’est le coup de pelle.

 

gabriel

A cause de vous… je suis complice d’un meurtre !

 

carlos

De suite les grands mots…

 

gabriel

Mais vous l’avez tué !

 

carlos

Pas du tout ! J’ai juste éclairci la situation de manière à repartir sur des bases saines. C'est tout !

 

gabriel

Mais pourquoi je suis venu chez vous décorer l’appartement… en plus, il est tout pourri votre appartement.

 

carlos

Je sais, dans la famille, on a toujours eu des goûts de chiottes. Par contre on est des spécialistes en jardinage.

 

gabriel

C'est mon karma, je dois avoir saturne en verseau…

 

carlos

Tu n'y peux rien, il y en a qui attire la tendresse, toi tu dois attirer les emmerdes.

 

gabriel

Je veux m'en aller…

 

 

carlos

Oublie ! Et attention… cette porte, c'est la ligne de démarcation. Tu la dépasses et tu finis en carpaccio.

 

gabriel

Ça palpite… ça palpite… Dites, vous n'auriez pas du Lexomil ?

 

carlos

Un tube ?

 

gabriel

Un container.

 

gabriel

Arrête un peu de te lamenter sur ton sort. Tiens, prends plutôt les cordes dans le tiroir du guéridon et viens m’aider…

 

gabriel

A faire quoi ?

 

carlos

On va le ficeler façon rosbif et on va reboucher le trou.

 

gabriel

Avec lui dedans ?

 

carlos

Bien sûr ! On ne va pas le laisser agoniser sous les arbres, quand même ? On n’est pas des sauvages ?

 

gabriel

Ben non…

 

carlos

Alors autant en faire du compost. Et puis, imagine qu’il se réveille et qu’il se mette à gueuler… je ne veux pas avoir de problème de voisinage. (d’un seul coup très attendri) Tu sais, plus jeune, j’ai eu un chien, un adorable berger allemand… il s’appelait ADOLF.

 

gabriel

C'est joli pour un berger allemand.

 

carlos

Mais il n’arrêtait d’aboyer et un jour ça a foutu le bordel avec le syndic. Alors malheureusement j’ai du aussi l’enterrer sous le saule.

 

gabriel

Adolf ?

 

carlos

Non… le syndic. Alors maintenant je ne prends plus de risque. Allez, il faut faire vite… aide-moi.

 

gabriel

Je sens que je vais craquer.

 

carlos

C’est pas le moment… il faut finir le boulot.

 

gabriel

Je refuse !

 

carlos

T'as pas le choix !

 

gabriel

Je ne vous aide pas.

 

carlos

Tu ne m’aides pas et le trou, il sera pour vous 2…

 

gabriel

… D'accord, je vous aide. Mais c'est contraint et forcé…

 

carlos

Mais que t'es pénible, avec toi on perd un temps fou en discussion.

 

gabriel

Si je vous aide, j’aurai la vie sauve ?

 

carlos

Non… mais tu auras un sursis. Et attention, pas de travail cochon, alors  tu vas chercher du ciment à la cave et tu me rejoins.

 

gabriel

D'accord.

 

 

 

 

 

carlos (montrant la porte)

Et attention : on ne franchit pas la ligne de démarcation ou sinon « Couic». Allez, on l'enterre, on fait une prière et après : bon appétit les lombrics.

 

carlos sort au jardin. gabriel prend son portable.

 

gabriel

Vite, envoyer un SMS à mon Pollux. (à haute voix) « Petit contretemps… t’expliquerai bisous ». Mais quelle galère…  c’est même plus une galère… c’est le Titanic.

natacha revient avec le sucre. alors que gabriel va vers la cave.

 

natacha

Alors Gabriel, c'est bon ? Tout se passe bien ?

 

gabriel

Oui !

 

natacha

Et monsieur Sandro, il est reparti ?

 

gabriel

Ça pour être parti… il est parti.

 

NATACHA

A mon avis, il doit commencer à être froid ?

 

gabriel (mal)

Monsieur Sandro ?

 

natacha

Le thé !  Venez en prendre une tasse.

 

gabriel

J'ai pas trop le temps… Monsieur Baldini m'attend dans le jardin.

 

natacha

Et bien il attendra. En plus, il faut que je vous parle. Asseyez-vous.

 

gabriel

Bon ben, d'accord.

 

natacha lui donne une tasse. ils s’asseoient sur le canapé.

natacha

Bon, franchement, les yeux dans les yeux, dites moi… comment ça se passe avec mon mari ?

 

Gabriel

Bof !!

 

natacha

Mais vous pensez qu'il a commencé à creuser ?

 

gabriel

A creuser le trou ?

 

natacha

Non, à creuser son avenir.

 

gabriel

Ça… pour creuser il creuse. Mais ça va prendre du temps… vu la personne.

 

natacha

Hé oui. J'espère que vous ne le trouvez pas un trop peu terre à terre ?

 

gabriel

Ah si ! Surtout en ce moment…

 

natacha (ennuyée)

Parlez moi franchement : vous pensez qu'il va réussir à bien l'enterrer ?

 

gabriel (inquiet)

Sandro ?

 

natacha

Sa vie d'avant…

 

gabriel

Ah ! Il y travaille… mais franchement c'est pas gagné.

 

natacha

C’est très bien que vous vous soyez rencontrés… en plus, j’ai l’impression qu’il vous aime bien.

 

gabriel

C’est pas voyant…

 

natacha

Il ne vous quitte plus. On sent bien qu'il vous a pris en sympathie…

 

gabriel (pour lui)

Il m'a surtout pris en otage…

 

natacha

Pardon ?

 

gabriel craque.

 

gabriel

Bon, écoutez, je n’en peux plus. Je palpite… je palpite !! En plus, j’ai les nerfs en pelote et mon cerveau qui fait un pull ! Natacha, je peux vous faire confiance ?

 

natacha

Bien sûr…

 

gabriel

Votre mari n’est pas du tout ce que vous croyez qu’il est.

 

natacha

Mais je m’en suis aperçu … figurez vous.

 

gabriel

C'est vrai ?

 

natacha

Je n’ai jamais été dupe.

 

gabriel

C'est bien !

 

natacha

Il essaye de me la jouer mais il est resté ce qu’il a toujours été…

 

gabriel

C'est ça…

 

natacha

En fait mon mari n'est rien d'autre qu'un…  qu'un…

 

gabriel

… Un mafieux !

 

natacha (amoureuse)

… Non, un romantique !

 

gabriel

Quoi ?

 

natacha

Et sous des dehors un peu rude de béotien rustre et mal dégrossi, c’est un sensible !

 

gabriel

Lui sensible ?

 

natacha

Et très fragile aussi…

 

gabriel

Ah non ! Pas du tout, il n’est pas fragile non plus : il vous ment mais il vous ment… il n'arrête pas.

 

natacha

Enfin ! Pourquoi vous dites ça ?

 

gabriel

La preuve…  je ne suis pas coach.

 

natacha

Ah bon ?

 

gabriel

Je suis décorateur ! Alors que le décorateur, en fait, il ne l’est pas non plus.

 

natacha

Il n'est pas Coach ?

 

gabriel

Non, il n’est pas décorateur…

 

natacha

Alors, il est quoi ?

 

 

 

gabriel

Très dangereux. En fait, quand je suis arrivé ici ce matin, votre mari croyait que j’étais ici pour l'aider à se débarrasser de lui.

 

natacha

Pourquoi il voulait se débarrasser du décorateur ?

 

gabriel

Mais non, c'est moi le décorateur ! (Pour lui) C'est pas gagné ! Et quand il s’est rendu compte que j’étais un cave… il m’a mis à la cave.

 

natacha

Association d'idées…

 

gabriel

Non, association de malfaiteurs ! Et tout ça, c'est à cause de la mallette.

 

natacha (perdue)

Mais quelle mallette ?

 

gabriel

Celle qui est cachée sous le saule.

 

natacha

Dans quel sous-sol ?

 

gabriel

Non, pas le sous sol…le saule, à côté du trou, du trou dans le jardin. Et Sandro, le décorateur qui n'est pas décorateur, voulait à tout prix l’argent de cette mallette. Mais on a eu une altercation et Sandro s’est retrouvé dedans…

 

natacha

…Dans la mallette ?

 

gabriel (craquant)

Non, dans le trou. Il faut suivre un peu quand même.

 

natacha

J’essaye, mais c’est pas simple…

 

gabriel

Et moi, si je suis encore en vie… c’est à cause de…

 

 

natacha

… de quoi ?

 

gabriel

… De la ligne de démarcation.

 

natacha

Ah bon ?

 

gabriel

Je ne peux pas franchir la ligne de démarcation et je dois collaborer… et à la moindre résistance… couic.

 

natacha (perplexe)

Couic ?

 

gabriel

Couic !  Alors je dois évaser et en final je palpite. Je me suis mis dans un bordel mais un bordel ! Vous comprenez maintenant ?

 

natacha

Pas du tout ! Vous êtes sûr que vous vous sentez bien Gabriel ?

 

gabriel

Bien sûr… pourquoi ?

 

natacha

Parce que… résistance, collaboration, ligne de démarcation, soit vous avez pété un plomb… soit vous êtes la réincarnation de Jean Moulin !

 

carlos revient du jardin.

 

carlos

Alors il vient ce béton ? Tu fous quoi ? (il aperçoit Natacha et prend son air faux cul) Ah tu es là mon coeur ?

 

natacha

Oui, je suis là et ça ne me plait pas du tout ce que je viens d'apprendre sur toi et sur Jean Moulin.

 

carlos

Pardon ?

 

natacha

Je ne suis pas du tout d’accord de la manière dont tu traites ton coach.

 

gabriel

Je ne suis pas coach !

 

natacha

Alors Carlos, j'exige une explication !

 

carlos (mielleux)

Bien sûr… mais sur quoi ?

 

natacha

Sur l'argent… sur la mallette… et sur le saule. J'attends…  parle moi du saule.

 

carlos (faux cul)

Alors le saule, c'est un arbre centenaire planté par mon grand-père Ernest. Le feuillage est touffu et…

 

natacha

…Carlos ta gueule. Arrête de m’embrouiller et réponds à ma question… il y a quoi sous ce saule ?

 

carlos

Mais rien ! Il t'a raconté n'importe quoi, c'est un mytho.

 

gabriel

Pas du tout ! Il fallait que je me soulage.

 

natacha

Bon, ça suffit maintenant. Alors tu me dis toute la vérité ou je vais faire ma valise et je te quitte sur le champ… compris ?

 

carlos (penaud)

Calme toi « Poupinette » et surtout (lyrique) ne me quitte pas tout peut s’oublier qui s’enfuit déjà !

 

natacha

Carlos ! Dernier avertissement !

 

carlos

D’accord ! Je vais tout t’avouer.

 

natacha

Je t’écoute…

 

gabriel

Moi aussi…

 

carlos

Alors c'est vrai, ce matin, je t'ai menti… depuis que je te connais, je t'ai fait un gros mensonge ! En fait, je t'ai trompé…

 

natacha (jalouse)

… Tu as couché avec la sœur de Don Calzone !

 

carlos

Mais non… pas du tout. Je t'ai trompé sur mon passé.  Et depuis ce matin, mon passé m’a rattrapé. Et il m'a  même dépassé.

 

natacha

Alors le braquage du crédit aveyronnais c'était vraiment toi ?

 

carlos

Mais non, pas du tout… (elle regarde fixement) … Enfin si un peu.

 

gabriel

Je le savais : « Maffieux un jour… Maffieux toujours ».

 

natacha

Tu m’as baladée… trahie… mais quelle idiote je suis… j’avais confiance en toi.

 

carlos

C'était pour la bonne cause. Je voulais juste assurer nos arrières. Tu sais les temps sont durs.

 

natacha

Et pourquoi tu ne m’as rien dit ?

 

carlos

J’allais le faire, ma « Poupinette », mais ce matin, le Sandro Carvese a débarqué…

 

natacha

Qui ?

 

carlos

Un demi sel qui a voulu me foutre du diabète. Il a même menacé de s'en prendre à toi si je ne lui donnais pas l’argent.

 

gabriel

Je confirme…

 

carlos

Après… lui et moi… on a eu des mots…et ça a tourné au vinaigre.

 

gabriel

Et c’était pas du balsamique !

 

carlos

Et en final l'accident bête.

 

natacha

Je suis déçue mais déçue. Tu devais redevenir honnête…

 

carlos

Mais je voulais ! Et si j’ai fait tout ça, ma Natacha, c’était pour te protéger. Dans cette affaire, je suis blanc comme neige.

 

natacha

Il y a quand même un cadavre dans le jardin et qui va servir d'engrais.

 

carlos

Les risques du métier.

 

gabriel (à natacha)

Je tiens quand même à préciser que moi aussi, j'ai reçu des menaces.

 

carlos

Dommage collatéral !

 

gabriel

Tu parles : depuis ce matin, votre mari n’a pas arrêté de me molester et il voulait aussi me transformer en carpaccio.

 

natacha

C'est pas bien !

 

gabriel

Ben non. Surtout que je suis Végan.

 

natacha

Bon ! Ça commence à bien faire ! Je vais prendre les choses en main… sinon on n'en sortira pas !

 

carlos (admiratif à Gabriel)

C'est ma meuf !

 

natacha

Alors, cette mallette… elle est cachée où exactement ?

 

carlos

Je préfère pas trop jacter devant les étrangers… ça pourrait jazzer dans les chaumières.

 

natacha

T’inquiète, Gabriel ne parlera pas…

 

gabriel

Et pourquoi je ne parlerai pas ? Je ne risque rien… moi. Je ne suis pas votre complice… moi.

 

natacha

Pas complice : ça… c’est vous qui le dites.

 

gabriel

Pardon, mais c'est lui le roi de la pelle… moi, j'ai rien fait.

 

natacha

Bien sûr ! Nous on le sait… mais les juges.

 

gabriel

Quoi les juges ?

 

natacha

C'est revanchard un juge. Ça fait dans l'hermine… pas dans la dentelle. Il  ne vous croira pas !

 

gabriel

Mais enfin vous témoignerez pour moi ?

 

natacha

Mais bien sûr… que non. Moi je crois ce que me dit mon mari et si mon mari affirme que vous êtes son complice, vous êtes son complice. Pas vrai Carlos ?

 

carlos

Ah oui ! Pour la tombe… je tombe… tu tombes. (à Natacha) Il tombe ! T'es mal !

 

gabriel

Vous ne feriez pas ça quand même ?

 

natacha et carlos

Ben si…

 

gabriel

D'accord, vous avez gagné, je ne dirais rien...

 

natacha

Très bien !

 

gabriel

Mais à une condition.

 

natacha

Qu'on accepte le devis ?

 

gabriel

Voilà ! Et je veux un tiers de la mallette !

 

carlos

Quoi ?

 

natacha

Enfin Gabriel… on n’est pas des marchands de tapis.

 

gabriel

Rien à foutre de vos tapis … je veux un tiers de la mallette. C’est ça ou c’est sans moi… et advienne qui pourri !

 

carlos (accusant le coup)

Mais quelle ingratitude.  Je suis dévasté par tant d’ingratitude.

 

natacha

J'avoue que là, mon Carlos, je te comprends.

 

gabriel

Et attention, j’ai envoyé un SMS à mon Pollux comme quoi je suis avec vous… alors pas d’accident bête.

 

carlos

Tu te rends compte, ma Natacha, ce mec qui me doit la vie depuis ce matin et qui ose nous faire chanter, nous, un pauvre couple de Français moyen sans défense.

 

natacha

On ne peut plus faire confiance à personne de nos jours…

 

carlos

C’est petit… Gabriel… vraiment petit.

 

gabriel

C’est à prendre ou à laisser… mais vite.

 

natacha

On n'a pas le choix ! Et après tout, la demande de Gabriel est assez légitime. Dis oui !

 

carlos (à contrecoeur)

Ok ! J'accepte… mais pour un quart.

 

gabriel

…un tiers…

 

carlos

…UN QUART…

 

gabriel

…UN TIERS…

 

carlos

J'ai dit un QUART !!!

 

gabriel

J'ai dit un TIERS !!

 

CARLOS

… PENSE AUX BÉGONIAS…

 

gabriel

… Ok un quart !!!

 

natacha

Marché conclu ! Maintenant, Carlos, va chercher la mallette…

 

carlos

J'y vais… (à Gabriel) Putain,  tu sais que t’es dur en affaire toi. (au public) Elle ne s’arrange pas du tout cette journée… mais alors pas du tout.

 

carlos sort au jardin.

 

natacha

Gabriel, il faut que je vous dise : Carlos me déçoit beaucoup, le coup de la mallette c'est quand même dur à digérer.

 

gabriel

C'est ça les couples... on se fait souvent des cachotteries.

 

natacha

Mais c’est ma faute aussi : Carlos Baldini qui devient honnête c'est comme un corse qui fait un « Burn out »… ça s'est jamais vu !

 

gabriel

Il n'a pas menti, il a évasé. C'est son truc. Si vous croyez que mon Pollux me dit tout... Moi aussi j'en ai reçu des coups de canifs dans le contrat…

 

natacha

L’amour rend aveugle !

 

gabriel

Il rend surtout très con. Mais je l'aime mon Paul, alors je prends ses grandes qualités, et j'oublie ses petits défauts.

 

natacha

C'est bien…

 

gabriel

Confidence pour confidence : l'argent, c'est pas pour moi, c'est pour notre voyage de noce ! Venise, les gondoles… les pizzas Regina !

 

natacha

Ah non, pas Regina ! Pas Régina…

 

carlos revient avec une mallette et on le sent très mal.

 

natacha

C’est bon, Carlos, t’as ramené la mallette ?

 

carlos (penaud)

Oui ! Mais j’ai pas ramené que ça…

 

sandro entre derrière lui avec une arme. Il tient une arme dans une main et la mallette dans l'autre.

 

sandro (un peu sonné)

Surprise !!! Chez les Carvese, on a la peau dure. Allez hop, on lève les mains !!!

 

gabriel

J’ai l’impression que je ne suis pas près de rentrer chez moi.

 

natacha

Ça c'est un euphémisme !

gabriel

Non, ça c'est une litote…

 

carlos

C'est surtout un sale moment.

 

natacha

Monsieur Carvese, ne restons pas sur une mauvaise impression et essayons de nous comporter en adultes responsables.

 

sandro

Vos gueules ! Vous allez encore m’enfumer et je vais encore me retrouver dans le jardin à copiner avec les taupes.

 

natacha

Pas de procès d’intention.

 

sandro

Alors, je ne prends plus de risque… je prends la mallette.

 

carlos

Et tu vas faire quoi après ?

 

sandro

(montrant son arme) Eliminer tous les parasites au pesticide…

 

gabriel

Enfin, pourquoi nous tuer, c'est ridicule maintenant que vous avez l'argent ?

 

natacha

Votre altruisme n'en serait qu’agrandi par rapport au nombrilisme de notre époque tourmentée et velléitaire.

 

sandro

C'est vrai… je devrais vous laisser la vie sauve.

 

carlos

Merci !

 

sandro

Mais non… je vais vous buter. Juste pour faire un exemple ! Mais attention, il n’y a rien de personnel.

 

carlos

Ben si…  un peu quand même.

 

sandro

En ce moment, je fais une thérapie pour affirmer ma personnalité et ma psychologue pense que je dois poser un acte fort.

 

natacha

Mais là, c'est pas fort… c'est définitif.

 

sandro

En fait : Je viens d'une famille où on est des pourris de père en fils… Et pour eux, je suis le raté de la famille ! Tenez, j’ai 2 frères aînés, qui ont une réussite de pourris exemplaires…

 

gabriel

Ils sont dans la mafia ?

 

sandro

Non… dans la politique ! Alors, quand ils apprendront que j'ai repassé le célèbre Carlos Baldini, après lui avoir piqué toute son oseille… ça va inciter au respect. Je peux même finir député…

 

gabriel

Mais pourquoi nous tuer nous aussi … ça risque de faire petit joueur.

 

sandro (réfléchit)

Hé oui ! T’as raison Dalida : je vais me contenter de buter « Papy Ringard ».

 

carlos

Holà ! Pas de précipitations… j’ai quand même mon mot à dire… non ? Déjà que tu me prends tout mon flouse, tu ne vas pas me buter en plus.

 

sandro

Ben si !

 

carlos

Bonjour la double peine.

 

natacha

S’il te plaît, mon amour, l’heure est grave, alors arrête un peu de ne penser qu’à toi.

 

carlos

C’est quand même moi qui suis en "pool position" pour me prendre une bastos.

 

natacha

C’est vrai, mais arrêtons les anathèmes… Bon, Monsieur Sandro, on va négocier… on devrait pouvoir trouver un arrangement entre gens intelligents… (se reprenant en le regardant) disons de bonne volontés.

 

sandro

Justement, en parlant de volontés, Carlos fait tes dernières…

 

carlos

Attends… laisse moi au moins le temps de dire adieu à ma femme.

 

sandro

Ok, mais fais vite… j’ai pas envie qu’on sombre dans le patos.

 

carlos

Merci… (à Natacha) Mon amour, désolé pour tout ça… j’aurai tellement aimé que ça finisse autrement.

 

natacha

Je ne t’en veux pas…  tu vas me manquer horriblement ! J’ai été tellement été heureuse avec toi.

 

carlos

Mais sache que tu es la femme de ma vie et qu’à part toi je n’ai aimé qu’une seule femme…

 

natacha

…la sœur de Don Calzone !

 

carlos

Non… Ma mère. Ma mère ! Maintenant arrête avec la sœur de Don Calzone… c’est vraiment plus le moment.

 

 

sandro

Allez Baldini… abrège. J'ai pas toute la journée.

 

carlos

Un moment… je me prépare.

 

gabriel

Attendez… ne tirez pas. Il reste  un tout petit problème à régler…

sandro

Quoi encore…

 

gabriel

On fait quoi pour l’épitaphe ?

 

sandro

L’épi… quoi ?

 

gabriel

Ben oui, l’épitaphe. On écrit quoi sur sa tombe ?

 

natacha

Gabriel a raison… j’aimerai une belle phrase pour quand je viendrai me recueillir sur sa tombe dans ma belle robe noire. Alors ? Carlos tu aimerais qu’on écrive quoi ?

 

carlos

J'en sais rien. Il faudrait un truc qui en jette… mais qui me ressemble.

 

natacha

Moi, je verrai bien une belle phrase de Jean Paul Sartre… de Albert  Camus…

 

gabriel

…Ou de Marc Levy !

 

sandro

Stop ! On écrira : il a vécu en blaireau et il est mort en blaireau. Allez hop, il faut en finir.

 

carlos

Quand même… finir comme ça, c’est pas glorieux.

 

un temps. Sandro hésite et commence à trembler.

 

 

natacha

C'est trop dur… je ne peux pas voir ça.

 

gabriel

Moi non plus… je ne peux pas regarder…  ou alors juste d'un œil.

 

carlos

Ben alors… tu tires ?

 

sandro

C’est bon ! Je fais ce que je peux. (un temps)

 

carlos

C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

 

sandro

Ça vient, ça vient… je me concentre.

 

carlos

D’accord mais là, ça commence à friser l’amateurisme.

 

sandro (craquant)

Non ! C’est pas possible !  Je ne peux pas le flinguer comme ça, à bout portant… impossible. Je craque… Je me sens pas bien du tout… je crois même que je vais m’évanouir. Je peux avoir un verre d’eau ?

 

Natacha va dans la cuisine et revient avec un verre d’eau. sandro s'assied et laisse son révolver sur la table. il pose aussi la mallette.

 

carlos

Alors Sandro : Tu te prends pour un gros calibre mais t'as un tout petit canon !

 

sandro

Désolé… j'ai cru que j'y arriverai… et puis là, d'un seul coup… le coup de mou dans la gâchette.

 

carlos

Mais pourquoi tu l'as pas dit tout de suite que t'étais pas à la hauteur… On a perdu la journée.

 

sandro

J’ai essayé de faire impression depuis ce matin mais je ne suis pas un tueur.  On ne peut pas aller contre sa nature.

 

gabriel

C'est vrai que c'est très décevant mais bon : on est fait comme on est fait.

 

natacha donne va prendre l’arme sur la table.

 

natacha

Bon, c'est pas tout ça, mais : allez, haut les mains, on a assez joué !

 

carlos

Super ! Beau boulot mon amour.

 

natacha

Ta gueule Carlos ! Toi aussi, tu rejoins le groupe…

 

carlos

Quoi ? Mais enfin, qu’est ce qu’il te prend ma « Poupinette » ?

 

natacha le braque.

 

natacha

Stop ! Il n’y a plus de Poupinette… c’est fini Poupinette… on oublie Poupinette… compris ?

 

carlos

Compris. Mais non pas compris…  Je croyais que toi et moi… c’était comme Bonnie and Clyde… François et Julie… Nicolas et Carla… que c’était du sérieux.

 

natacha

Et ben c’est raté ! Franchement, mais comment tu as pu être aussi foireux pour croire que si j’étais avec toi, c’était pour tes beaux yeux ?

 

carlos

Je croyais que c’était l’effet Carlos.

 

natacha

Ben non, c’était l’effet pognon.

 

sandro (à gabriel)

Quelque chose m’échappe.

 

gabriel

Je crois qu’il vient de se faire enfler ! Mais alors grave.

 

 

sandro

Ah d’accord…

 

natacha prend la mallette.

 

natacha

Mon pauvre Carlos, j’avoue que je te l’ai joué fine et que t’as rien vu finir. Mais pourtant tu aurais dû te méfier de la « Perfide Albion ».

 

sandro

La perfide Albion ? Elle veut aussi la mallette ?

 

gabriel

Mais non… c’est une image.

 

sandro (un peu perdu)

Ah d'accord…

 

carlos (anéanti)

Me trahir, toi, la femme de ma vie… je vais te dire Natacha… c’est dégueulasse.

 

natacha

Arrête, mon rimmel va couler. Bon, dégage de mon aura que je me tire le looser. Et maintenant : à moi le soleil, les cocktails et les Chippendales. Allez salut les gros calibres.

 

carlos

Réfléchis bien avant de passer cette porte. On ne se fout pas impunément de Carlos Baldini… si tu pars, je te retrouverai et ma vengeance sera impitoyable.

 

natacha

C'est fou comme je tremble…

 

carlos

Fais attention, moi, quand on vient bouffer dans ma gamelle, j’endommage, je fracasse, j’extermine. Un vrai Soprano !

 

natacha

T'es pas un Soprano, t'es un "Sopra…nul" ! Allez, redescends sur terre mon Carlos : tu crois que t'es le seul mec que j'ai arnaqué ?

 

carlos

Ah bon… je ne suis pas le premier ?

 

natacha

Ben non ! Avant toi… il y a eu pléthore.

 

sandro

Pléthore… c'est son  « Ex » ?

 

gabriel

Mais non ! C’est encore une image.

 

natacha

Dites Sandro… il faudrait penser à mettre la 4G parce que ça fait un moment que vous n’avez plus de réseau. Ça ne vous réussit vraiment pas les coups de pelles !

 

sandro (il a du mal à suivre)

C’est pas simple…

 

gabriel

Dites Madame Natacha ?  Sans vouloir tout ramener à moi… mais pour mes 30%, on fait comment ?

 

natacha (le pointant avec l’arme)

On va oublier… ça pose un problème ?

 

gabriel (penaud)

Non, c’était juste pour savoir.

 

natacha

Allez ! Bouge de là "Papy ringard". (montrant Sandro) Contrairement à Bob l'éponge, moi le gun, j'hésiterai à m'en servir. (elle montre son arme).

 

natacha sort. Carlos s’écroule sur le canapé.

 

carlos

Je suis humilié, trahi, anéanti. Vous vous rendez compte cette femme qui avait toute ma confiance. Cette femme à qui je ne mentais jamais… (regard de Gabriel) enfin presque jamais. Et là,  je me fais repasser de 500.000 Euros.

 

gabriel

Ça s’appelle le double effet « Kiscool ».

 

carlos

« Kiscool Kiscool » ? Qui se fait avoir… oui.

 

sandro

N’empêche Carlos : on n'en serait pas là, si ce matin, tu m'avais laissé en faire des sushis.

 

carlos

T'as raison. Mais j'ai jamais été un visionnaire. Quand même, cette femme… quelle vipère.

 

gabriel

Une vipère qui vous a fait avaler des couleuvres.

 

carlos

Mais je lui ferai cracher son venin… parole de Baldini.

 

gabriel

Quand je pense que vous n'avez rien vu venir alors que vous aviez, depuis le début, dans la maison, un beau cheval de Troie !

 

sandro

Si vous croyez que c'est le moment de lui parler tiercé.

 

gabriel (le regardant)

Laissez tomber…

 

sandro

On devrait faire un break et arrêter les hostilités.

 

carlos

D’accord ! Toutes ces conneries, c’est plus pour moi. Passé un certain âge, il faut arrêter de faire parler les armes et il faut laisser parler son intelligence. (regardant Sandro) Enfin pour ceux qui peuvent.

 

sandro

Surtout que tout ça, c'est pas glorieux ! Alors il vaut mieux que ça ne s'ébruite pas trop dans le milieu.

 

carlos

C'est pas moi qui vais baver ! Je suis déjà assez has been.

 

sandro

Et moi ! Mon avenir est foutu… juste au moment où je voulais reprendre mes études pour passer un BTS de tueur à gages. Mon rêve est foutu.

 

 

gabriel

Et c’était quoi votre rêve ?

 

sandro

Devenir comme Scarface !

 

carlos

Scarface… Scarface… Scarface de con, oui !

 

sandro

Non mais oh… oh ! Respect quoi !!

 

gabriel

Y’a pas oh… oh ! On arrête maintenant ! Restons Zen. Et comme le dit mon maître Boudhiste le Dalaï chameau ! Même les minutes les plus noires de la vie ne durent que 60 secondes.

 

carlos

Remarquez : il est bien votre Dalaï chameau. C’est pas faux ce qu’il dit ! Mais c'est quoi la différence avec le Dalaï lama ?

 

gabriel

C'est la même philosophie… mais avec 2 bosses.

 

soudain on entend des sirénes de police… des crissements de pneus. les trois se relèvent.

 

sandro

C’est quoi ça encore ?

 

carlos

La journée pourrie qui continue…

 

Natacha revient toute ESSOUFFLEE avec la mallette et son arme.

 

carlos

Natacha !

 

natacha

C'est pas possible… j’ai tout essayé… je ne peux pas.

 

carlos (plein d’espoir)

Je le savais : Tu ne peux pas me quitter…

 

 

natacha

Non, je ne peux pas passer, il y a des flics partout… ils viennent pour faire un flag.

 

carlos

Mais comment ils ont pu savoir ?

 

natacha

Mais j'en sais rien ! En tout cas, tout le quartier est bouclé…

 

carlos

Mais c’est pas vrai ! C’est pas vrai ! Ça recommence ! Les condés… il manquait plus que ça.

 

sandro

Mais ils veulent quoi ?

 

gabriel

On ne va pas tarder à le savoir !

 

Voix off

Sortez les mains en l'air avec l'argent du crédit Aveyronnais !

 

natacha

C'est bon… on sait.

 

carlos va À la fenêtre.

 

carlos (fort)

Surtout ne nous fâchons pas ! Vous êtes qui d'abord ?

 

voix off

Baldini ! C'est le commissaire Broutard qui te parle !

 

carlos (aux AUTRES)

Broutard… c'est Broutard… je le savais qu’il allait encore me brouter !

 

natacha

On est mal. Pris la main dans la mallette.

 

carlos (à broutard)

J’ai pas l’oseille… je suis innocent.

 

voix off

Faux ! On a été renseigné par mon indic ! Don Calzone !

 

carlos

Don Calzone, un tonton ! Ah l'enfoiré…

 

sandro

Alors son tonton, c’est son parrain …

 

gabriel

…qui est aussi son cousin !

 

natacha

Bonjour la famille morpion !

 

gabriel (à la fenêtre)

Monsieur Broutard, mes respects. C’est Gabriel Donzac qui vous parle ! Alors en ce qui me concerne, je ne suis pour rien dans cet imbroglio. Je ne suis pas Braquo, je suis déco !

 

voix off

Ta gueule… on s’en fout… on va tirer dans le tas. On vous laisse 2 minutes pour sortir.

 

natacha

Carlos ! Redeviens l'homme que j'aime ! Fais quelque chose ! Impossible que ça finisse comme ça…

 

carlos

Je cherche… je cherche.

 

NATACHA

Mais trouve… trouve !

 

gabriel

Si on veut s’en sortir, il faut rester groupés, unis, solidaires.

 

natacha

Vous ne voulez pas qu’on forme un syndicat aussi ?

 

carlos

Ça y est, j’ai peut-être une idée… La seule solution c’est de se tirer « discrétos » par le fond jardin ! Il y a une bouche d’égout qui conduit directement au centre ville.

 

 

 

sandro

Mais oui ! On se barre par les égouts, direction l'aéroport, et à nous le soleil !

 

gabriel

Je refuse de partir sans mon « Pollux » !

 

natacha

C’est ça ou votre Pollux… quand vous le reverrez, il sera remarié et il aura des enfants.

 

voix off

Bon finis les sommations… j'envoie le GIGN…

 

carlos

Allez on se casse !

 

Carlos prend la malette Et ils vont tous vers le jardin… tous sauf gabriel Qui sort une arme de sa poche.

 

gabriel

Personne ne bouge ! Et reposez la mallette !

 

natacha

Quoi ? Enfin… Gabriel… c'est quoi ça ?

 

gabriel

MR73 !

 

carlos

Joue pas avec un arme à feu… tu vas te blesser. Allez viens. Ça va devenir chaud ici.

 

gabriel

Personne ne bouge, j’ai dit… je me présente COMMANDANT DONZAC de la BRB… Brigade de répression du banditisme. Alors on va s’asseoir bien sagement et attendre les collègues.

 

il sort un brassard de police qu'il met sur sa manche.

 

carlos

T’es flic ? C'est pas possible !  Mais je croyais que t’étais…

 

gabriel

… je le suis aussi ! Et mon « Pollux »… C’est Broutard … Paul Broutard.

 

carlos (perdu)

Alors moi… là, franchement j'en peux plus. Aujourd'hui on m'aura tout fait ! Alors à partir de maintenant c'est sans moi.

 

carlos va s'asseoir dans le canapé.

 

sandro

Finalement, si je comprends bien, dans cette histoire… personne n’est décorateur.

 

natacha

Ben non…

 

sandro (à natacha)

C’est pas demain qu’elle va être refaite votre maison.

 

natacha

Enfin Gabriel, après tout ce qu'on a vécu ensemble… ça ne peut pas finir comme ça. Soyez magnanime…

 

sandro

Elle a raison ! Et puis moi je suis jeune… j'ai droit à une deuxième chance. Pas vrai Carlos ?

 

carlos

Débrouillez vous entre vous… j'accuse le coup.

 

natacha

On disparaît et vous n’entendrez plus jamais parler de nous.

 

gabriel

Bon d'accord, je vous donne 3 minutes… filez par les égouts et je ne veux plus jamais vous revoir.

 

natacha

Merci vous êtes un ange…

 

sandro

La jeunesse vous remercie…

 

carlos

Elle a raison, je t'avais mal jugé… merci Gabriel !

 

carlos va pour prendre la malette.

 

gabriel

Hop hop… vous faites quoi là ?

 

carlos

Ben… je prends un peu de monnaie… juste pour assurer nos arrières.

 

natacha

De nos jours… une cavale c'est hors de prix.

 

gabriel

Pas question… tout ça c'est pour les orphelins de la police. Plus que 2 minutes.

 

sandro

Allez on se barre ! La cavale c’est mieux que la prison ! (Pour lui) Quand je pense que ma psy voulait  que je pose un acte fort… fiasco total ! C’est pas demain que je deviendrai député…

 

sandro sort. carlos et natacha vont vers le jardin.

 

carlos

Attends ! Mais tous les deux on va aller où ma Poupinette ?

 

natacha (réfléchit)

Ça y est je sais : On va aller se cacher chez ma sœur…  dans la creuse.

 

carlos (dépité)

La creuse ? Oh putain ! (au public) Vraiment… journée pourrie !

 

les trois sortent. gabriel est satisfait. il ouvre la mallette contemple les billets et prend son portable.

 

gabriel

Allô mon "Pollux" ? C’est ton « Castor » ! C'est bon, ton plan a marché génialement ! Et maintenant on l'a notre argent pour le mariage et le voyage de noces ! J'arrive avec la mallette ! Moi aussi je t'aime Mon Pollux ! (au public) Bon d’accord, tout ça c’est pas très moral… mais qu’est ce que c’est agréable !

 

NOIR ! musique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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