Les Hétéros Sont Fatigués

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A 37 ANS, LISA EST UNE FEMME BELLE, HEUREUSE, AMOUREUSE ET EPANOUIE.

SAUF QUE. ELLE N’A JAMAIS OSE AVOUER A SON PERE, UN ANCIEN MILITAIRE, QUE LE GRAND AMOUR DE SA VIE NE S’APPELLE PAS KEVIN MAIS… STEPHANIE !

ET ELLE N’A PAS NON PLUS OSE DIRE A STEPHANIE QUE SON PERE NE SAVAIT RIEN DE LEUR UNION…

SAUF QUE … QUAND LE JOUR DU “MARIAGE” EST FIXE ET QU’UN BEBE VA ARRIVER PAR LA MAGIE DES EPROUVETTES… LISA SE RETROUVE AU PIED DU MUR.

ET QUAND ON PENSE AVOIR UN PAPA UN PEU HOMOPHOBE ? UN PEU REAC ? ET BEAUCOUP CARDIAQUE… IL PEUT TOMBER RAIDE SUR LA MOQUETTE A LA MOINDRE EMOTION FORTE… LA VERITE RISQUE DE NE PAS ETRE FACILE A DIRE.

SANS COMPTER QUE BERNARD, LE VOISIN CRS DU DESSUS, TRES SYMPATHIQUE MAIS PAS TRES MALIN VA TOUT FAIRE POUR AIDER SES CHARMANTES VOISINES.

SAUF QUE SES “BONNES IDEES” VONT SE REVELER RAPIDEMENT CATASTROPHIQUES.

C’EST CERTAIN… POUR LISA, LE “COMING OUT” NE VA PAS ETRE DE TOUT REPOS.

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les hétéros sont fatigués !

 

 

comédie DE LUC CHAUMAR

CONTACT :

165 RUE MARCADET 75018PARIS

TÉL :   06 62 59 40 82

 

luc.chaumar@sfr.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

on entend off un bruit de klaxon… plusieurs fois… un automobiliste s'impatiente !

 

le rideau s'ouvre sur le salon d'Un loft parisien. dans le fond un balcon.  une porte d'entrée. une porte donne sur la chambre, une autre sur la cuisine et une dernière sur la salle de bain.

 

au milieu du salon : UN CANAPÉ, une table basse ET DEUX CHAISES DESIGN. PRÈS DU BALCON UNE TABLE à DESSIN AVEC un ordinateur portable et DES PLANS D'ARCHITECTURE.

 

une nuisette et 2 tee-shirt sont posés sur le rebord du canapé. LISA la trentaine sympa est penchée àu balcon.

 

lisa (criant)

Ça va ! C'est bon ! Arrêtez la sirène, on arrive !

 

lisa revient LA PORTE DE lA salle de bain.

 

LISA (fort)

Mon amour dépêche-toi un peu… il commence à faire la gueule "Jo le Taxi". Tu veux un thermo de café ? J'aime pas, mon cœur, que tu partes le ventre vide.

 

soudain sort… stéphanie une jolie femme de trente ans ! Elle a un petit sac de voyage et est habillée en tenue d’hôtesse de l'air. Elle finit de se maquiller rapidement et de mettre sa chaussure. elle prend lisa dans ses bras et les deux s'embrassent tendrement.

 

stéphanie

Lisa t'es ma nana, pas ma nounou. Mais j'adore que tu t'inquiètes pour moi.  Dis… tu ne sors pas avec la bande de Jennifer ce soir ?

 

lisa

J'ai le plan du HLM à finir et dans mon état, fini la samba.

 

stéphanie

La blonde de l'autre soir… j'ai pas du tout aimé la façon dont elle te matait.

 

lisa

Arrête un peu…

 

stéphanie

Elle n’a pas intérêt à s'approcher trop sinon je lui refais le brushing à "Lady Gaga".

 

lisa

Stéph, t'oublies juste un petit détail, je t'aime.

 

stéphanie (craquant)

T'appelles ça un détail toi. Bon, tu as appelé ton père ?

 

lisa

Oui, mais il n'était pas là. C'est jour de Marché à Carcassonne.

 

stéphanie

Tu l'appelles aujourd'hui, promis ?

 

lisa

Bien sûr…

 

stéphanie

Il me tarde tellement de faire la connaissance de "Beau-Papa'". Tu lui donnes aussi la date du mariage…

 

lisa

OK !

 

stéphanie

Je deviens ta femme et toi la mienne. Et tu lui dis aussi pour le bébé ?

 

lisa

Aussi…

 

stéphanie

A mon avis, il va sauter de joie…

 

lisa

Le bébé ?

 

stéphanie

Mais non, ton père.

 

lisa (mal)

Ah ça !

 

nouveau coup de klaxon. On frappe à la porte. lisa en profite pour changer de conversation.

 

lisa

C'est le taxi…

 

bernard (off)

Non, c'est le voisin !

 

stéphanie

(Bas) Fais gaffe si Bernard embraye sur sa femme, change de sujet sinon ta matinée est foutue.

 

lisa

Arrête… il est "gentil". Bon c'est vrai, Bernard niveau intelligence, il sent pas le podium, mais il est "gentil"!

 

stéphanie ouvre la porte et croise bernard qui entre. C'est un quarantaine sympathique. Il est en peignoir. IL tient une brosse à dents dans une main et un tube de dentifrice dans l'autre. A noter que sur le peignoir un écusson des "compagnies républicaines de sécurité".

 

bernard

Salut les amoureuses.

 

stéphanie

Salut le sinistré. Bon, Lisa, je file et tu n'oublies pas "beau papa"…

 

stéphanie embrasse une nouvelle fois Lisa. bernard les regarde un peu attendri.

 

bernard

Désolé de squatter la salle de bains ! Le plombier doit passer aujourd'hui…

 

lisa

Pour réparer ?

 

bernard

Non, pour un devis ! Après, il ne sait pas quand il pourra…

 

lisa

Ah ça : Un plombier c'est comme le bonheur, il passe sans prévenir, et souvent  c'est toi qui n'est pas là !

 

bernard

Voilà ! Et après ta vie va de douche froide en douche froide. (Il la regarde) Dis, ça a pas l'air d'aller fort toi ce matin ?

 

LISA

Ah non alors ! Bernard, je suis foutue ! J’ai un gros problème.

 

bernard remarque la nuisette. il prend un air désolé.

 

bernard

Stéphanie veut te quitter ?

 

LISA

Non, on va se marier.

 

bernard

Super !

 

lisa

En plus, je suis enceinte…

 

bernard

Non ? Mais de qui ?

 

LISA

Mais d'elle ! (Tête de Bernard) On a fait une insémination, pas une coucherie.

 

bernard

Quelqu'un qui t'aime et qui te fait bébé, je ne vois vraiment pas où est le gros problème.

 

lisa

Comment dire…

 

BERNARD

Avec des mots simples, n’oublie pas que je suis CRS. (Il montre son écusson sur le peignoir).

 

LISA

Le hic c'est mon père…

 

bernard

Il va être ravi.

 

lisa

Non, il va très mal le prendre. Toi, les rapports avec ton père, c'est comment ?

 

bernard

Lointains ! Il s'est barré juste avant ma naissance.

 

LISA

Alors que le mien est très rigoureux sur les principes. Surtout depuis la mort de Maman…

 

bernard

Ah la là…

 

LISA

Ado, dès qu'un garçon me tournait autour…

 

bernard

…Il faisait la gueule ?

 

lisa

Non, il la lui cassait. Papa est ancien militaire ! Parachutiste dans les commandos !

 

bernard

Je sentais bien que c'était pas un philosophe.

 

lisa

Alors un jour, j'ai craqué, il fallait comme on dit  "vider le sac à dos".

 

bernard

Le sac à dos de ton père ?

LISA

Mais non ! C'est une expression de ma psy, c'est étudier le processus de notre relation et dénouer les nœuds. Mais je ne vais pas te prendre la tête avec tout ça…

 

bernard

Mais si. C'est toujours bon de se confier. Moi, souvent sur les barricades les étudiants me trouvent une bonne tête et ils se confient.

 

LISA

Et toi, tu fais quoi ?

 

bernard

Ah moi, une bonne tête, je tape dessus ! Et puis, Lisa, rappelle-toi quand ma femme m'a quitté, il y a 9 mois. Vous avez été adorables avec Stéphanie. Pendant des heures, vous m'avez écouté… tu te souviens ?

 

LISA

Oh que oui…

 

bernard

Alors c'est normal que je t'aide aussi…

 

lisa

Pour sortir de cette situation difficile… j'ai fait une thérapie. J'ai vu une  psy ! Et rapidement elle a trouvé ma névrose : mon père était très mais alors très… très…

 

bernard

Très chiant…

 

LISA

Non très mère juive !

 

bernard

Ton père, une mère juive ?

 

LISA

Alors pour couper le cordon, je suis monté à Paris, et lui est resté à Carcassonne. Nos rapports se sont peu à peu adoucis. Il est même devenu adorable. Sauf que depuis 6 mois, il pense qu'il est temps que je fonde une famille…

 

bernard

Alors tout va bien…

 

lisa

Mais avec un mec, pas avec Stéphanie.  Alors tu comprends bien, le "coming out"… c'est pas gagné.

 

 

bernard

Faut tout lui dire.

 

LISA

Impossible. Carcassonne c'est pas la Gay Pride.  A l'amicale des anciens du 11ème parachutiste, une fille lesbienne, ça ne le fera pas. Enfin pas tout de suite. Il faut laisser évoluer les mentalités. Et puis je pense qu'il est un peu homophobe.

 

bernard

T'es sûre ?

 

lisa

Quand les "Village people" passent à la télé, il change toujours de chaîne.

 

bernard

Ça ne veut rien dire. Moi, j'ai rien contre les homos, et bien c'est pas pour autant que j'ai acheté la compil d’Eddy de Preto. Stéphanie, elle en pense quoi ?

 

LISA

Elle me croit libérée avec un père libéral.

 

bernard

Pourquoi t'as menti ?

 

lisa

J'en sais rien. Déjà tomber amoureuse d'une fille, ça m'a fait un choc. C'était la première fois. J'ai eu du mal à assumer. J'ai cru que ça n’allait pas durer…

 

bernard

3 ans quand même. Et les parents de Stéphanie ?

 

lisa

Des bobos. Pour eux, l'important c'est que leur fille s'épanouisse.

 

bernard

Ah ça oui… avec toi elle s'épanouit !!

 

lisa

Ben oui… ça se voit.

 

bernard

Non, ça s'entend ! (Montrant les murs) Hé dans l'immeuble on a tous acheté des "Boules Quiès".

 

lisa

Résultat : Je mens à tout le monde et ma vie est invivable. Et là, avec le bébé… je suis paumée.

 

 

 

bernard

Non t'es amoureuse. Bon, ça se saura bien un jour, alors aujourd'hui ou dans 9 mois ?

 

LISA

C'est 9 mois de gagné…

 

bernard

Ton père va faire la gueule et quand le bébé naîtra, il acceptera.

 

LISA

Il se sentira trahi.  Déjà, il n’a pas parlé pendant des années à ma « Tatie Maryse » parce qu’elle était sortie avec un homme marié alors sa fille homo. Non, c'est foutu.

 

bernard

Les bébés ça fait craquer tout le monde. Tiens, si avec Josiane on avait pu avoir un enfant et ben elle ne m'aurait jamais quitté.

 

lisa

T’es sûr ?

 

BERNARD

Pas du tout…

 

lisa

Elle te manque ta femme ?

 

bernard

Un peu… enfin non… beaucoup. Mais bon, elle m'a quitté, il faut que je m'y fasse. Tu sais l'autre soir, j'ai rêvé qu'elle revenait et qu'elle me suppliait à genoux de la reprendre.

 

lisa

Et tu faisais quoi ?

 

bernard

Je lui faisais sauvagement l'amour sur une moissonneuse batteuse !

 

lisa

Ah bon ?

 

bernard

Ben oui ! C'est vrai que je lui fais la gueule mais de là à la moissonner… je ne vois pas bien la symbolique.

 

LISA

Bon t'as raison, cette situation est ridicule, et il est temps que j'assume mes sentiments. J'appelle mon père !

 

 

bernard

C'est bien…

 

lisa

… Mais avant,  je vais me faire un bon café.

 

bernard

Et moi une bonne douche ! (Complice) Niveau affectif, figure-toi que j'ai branché une fille le net.

 

lisa

Ah bon, sur quel site ?

 

bernard

Sur le site "ADOPTE UN CRS. Com".

 

LISA

Génial ! Comment elle s'appelle ?

 

bernard

CHAUDASSE 69.

 

LISA

Sûrement une romantique.

 

bernard

Sauf que 69, je ne sais pas si c'est le département ou la position ?

 

lisa

Et toi, c'est quoi ton pseudo ?

 

bernard

MATRAQUE 75… Je dois l'appeler aujourd'hui pour qu'on prenne un verre. Dis, je peux te poser une question ?  Pourquoi depuis qu'on est voisins, tu ne m'as jamais rien dit pour ton père ?

 

bernard va vers la salle de bain.

 

LISA

Tu vas claironner partout que ta femme t'a largué pour un vieux Chippendale ?

 

bernard

Ah non, c'est la honte.

 

LISA

Et ben pour moi c'est pareil : quand on a un cadavre dans l'armoire, on ne bouge pas les meubles !

 

LISA va à la cuisine. Bernard prend son portable, il fait un numéro et cherche du réseau.

 

bernard

Allô… Madame Chaudasse ? C'est Matraque ! (Pour lui) Ah là là ça passe mal ici. Et en plus c'est son répondeur. Je ne comprends rien… (Fort) Bon ce serait bien qu'on se voit… on pourrait prendre un verre… voilà… rappelez-moi. Je vous embrasse. (Il raccroche) C'est pas gagné…

 

bernard va à la salle de bain. On ouvre la porte et MARTin entre. LA BELLE SOIXANTAINE AVEC UNE CARRURE IMPOSANTE. IL A UNE VESTE EN VELOURS ET IL POSE UNe petite valise à côté du canapé. LISA REVIENT avec un plateau et deux TASSEs DE CAFÉ.

 

LISA

Papa ?

 

MARTIN

Ben oui c'est moi, on croirait que tu viens de voir un fantôme ?

 

LISA

Pas du tout, c'est juste la surprise. Mais comment ça se fait que tu sois là ?

 

lisa pose le plateau sur la table.

 

MARTIN

J'ai pris le TGV ce matin pour un rendez-vous urgent à Paris et j'en profite pour venir te faire un petit coucou. (Ton militaire) Allez : soldat présentez bisous !

 

ils s'embrassent.

 

MARTIN

Dis-moi : T'as pas un peu grossi toi ?

 

LISA (décidée)

Noon ! Papa, je suis contente que tu sois venue. Justement, j'allais t'appeler… il fallait que je te parle.

 

martin

Ah là la… figure-toi, que dans le train un couple n’arrêtait pas de se rouler des pelles pendant tout le voyage… quelle indécence !

 

lisa

Et alors, ils étaient amoureux…

 

martin

Sauf que c’était deux barbus, et moustachus : deux mecs quoi, et soixantenaires en plus… franchement tout va à volo ! Bon, il faut que je te parle, figure-toi que j'ai un gros, un très gros problème de cœur.

 

LISA

T'es amoureux ?

 

 

MARTIN

Non, je suis cardiaque !

 

LISA (accusant le choc)

Cardiaque ? Comment ça… "cardiaque " ? T’es sûr ?

 

MARTIN

Certain ! Et je suis venu consulter un cardiologue en urgence ! C'est lui mon rendez-vous à Paris. Et coup de bol, la clinique est à 2 rues. On risque même de m'opérer…

 

LISA

Tu es malade, enfin c’est terrible.  Mais depuis longtemps ?

 

martin

Non, c'est tout récent, j'ai eu un malaise à la mort de CAMILLE.

 

LISA

Hé oui, pauvre Camille.

 

MARTIN (triste)

Hé oui. Et là, impossible de le faire enterrer dans le caveau de famille. Et le curé n'a même pas voulu dire de messe pour lui. (Énervé) Tu te rends compte… non mais tu te rends compte.

 

LISA

Hé oui, d'un autre côté c'est normal.

 

MARTIN

Comment ça normal ? C'était un ami fidèle depuis 18 ans.

 

LISA

Papa enfin, Camille c'était un Labrador !

 

MARTIN

C'est pas une raison ! Ça m'a fait une peine ! Donc malaise et première alerte. Mais ne t'inquiète pas, ça va aller. Et puis, regarde, je suis en pleine forme… par contre le docteur Benchetrit est formel : Pas d'émotion forte et aucune contrariété sinon je peux tomber raide sur la moquette. Bon, toi, raconte, tu veux me dire quoi ?

 

LISA

Et bien c'est…

 

martin

C'est quoi ?

 

lisa

C'est, (Bottant en touche) c'est pas urgent finalement !

 

 

MARTIN

Mais si, dis-moi. Je sens bien que c’est important ! Allez au rapport !

 

LISA

Justement en parlant de rapport, comment t'expliquer.

 

martin (s'illuminant)

J'y suis, toi, tu as fait une rencontre.

 

LISA

Voilà, c’est ça, j'ai fait une rencontre, une rencontre importante.

 

MARTIN

Je m'en doutais !  Et tu es tombée amoureuse ?

 

LISA

Follement. C'est une personne superbe, intelligente et qui compte beaucoup pour moi…

 

MARTIN

Et cette personne "importante", tu veux me la présenter ?

 

LISA

C’est ça aussi. T'as tout compris…

 

soudain MARTIN a une pointe au cœur. il prend une pilule dans sa poche.

 

martin

Ah là la…

 

lisa

T'es sûr que tu vas bien ?

 

MARTIN

C'est l'émotion de te savoir enfin heureuse. C'est qui l’heureux élu ? Un militaire ?

 

LISA

Non ! Ben c'est… c'est… c'est… Tu sais, ça risque de bousculer « un peu » tes principes.

 

martin (méfiant)

Un peu ?

 

lisa

Et même beaucoup.

 

martin

Bon, c'est qui ?

 

martin la fixe et son visage devient soudain plus dur.

 

MARTIN (suite)

Attends, tu ne vas pas me dire que tu aimes, une… une… (Il suffoque)

 

LISA

Papa, calme toi !

 

martin

Tu ne m'aurais pas fait ça quand même ? Tu ne couches pas avec une… une…

 

lisa

Papa, pense à ton cœur.

 

MARTIN

… PAS AVEC UNE PERSONNE MARIÉE QUAND MÊME ?

 

LISA

Ah mais non ! Pas du tout, non, c'est pas du tout une personne mariée.

 

MARTIN

Ouf !  Ça me rassure. Parce que ce genre de chose, tu le sais : Pas chez nous. Rappelle-toi la tante Maryse, la pauvre, avec son homme marié. Elle en a bavé et elle a fini vieille fille ! L'homme marié c'est comme le COVID : D'abord ça fout la fièvre et après, toute ta vie, t'as des séquelles.

 

lisa

Juré, je ne suis pas amoureuse d'un COVID.

 

martin

Allez dis-moi, sinon je vais finir par avoir une attaque. Tu as rencontré l'homme de ta vie ou pas ?

 

lisa

Hé bien oui, j'ai rencontré l'homme de ma vie ! Voilà ! On va vivre ensemble et il n'est pas marié.

 

MARTIN

Que je suis content pour toi ma Chérie ! Et aussi rassuré que tu te stabilises un peu. Si ta mère était encore là, elle serait fière. Bon, raconte-moi, il est comment ?

 

lisa

Quoi ?

 

martin

Non, qui.

 

lisa

Qui ? Quoi ?

 

 

martin

Non, qui qui ! Ton homme pas marié, il est comment ?

 

LISA

Grand, beau, et musclé. (Fuyante) Je crois que je vais aller me refaire un café ! Tu en veux un ?

 

MARTIN

Surtout pas. (Il montre son cœur) Mais je boirais bien un jus de fruit et je mangerai bien un croissant aussi. J'ai rien dans le ventre depuis Carcassonne.

 

lisa

Je reviens. (Pour elle) Mais que tu es lâche ma pauvre Lisa…

 

LISA va vers la cuisine et sort. Juste au moment où Bernard sort de la douche en peignoir. martin l'aperçoit et lui fait un grand sourire.

 

bernard

Bonjour…

 

MARTIN

Bonjour ! (Pour lui) Grand, beau et musclé, elle a des bulots dans les yeux ma fille. Enfin, chacun ses goûts, s’il lui plaît (À Bernard) Je suis Martin, le papa.

 

bernard

NON ? Quelle coïncidence que vous soyez là. On parlait justement de vous, il n'y a pas 5 minutes avec Lisa. Je suis Bernard, et je suis…

 

martin

Pas la peine, je sais qui vous êtes. Et ne vous gênez pas pour moi… ma fille m'a tout raconté !

 

bernard

C’est vrai ? Elle vous a enfin parlé ?

 

martin

Ben oui…

 

bernard

Ah c'est bien, depuis le temps qu’elle voulait le faire. Mais elle n'osait pas…

 

martin (à côté de la plaque)

Mais il fallait !  Vous savez, elle vous aime beaucoup, vraiment beaucoup.

 

bernard

Ah mais c'est réciproque, et j'ai de la chance parce qu'une salle de bain, ça ne se partage pas avec n’importe qui.

 

martin

Oh que non…

 

bernard

Bon, je vais vous laisser. Vous devez avoir plein de choses à vous raconter…tout ça.

 

martin s'approche complice et Bernard remarque qu'effectivement il en impose.

 

MARTIN

Mais non restez ! Elle m'a tout dit, je vous dis.

 

bernard

Vraiment tout ?

 

martin

Tout…

 

bernard

Il faut avouer qu’elle était tellement mal à l'aise tout à l'heure. Elle disait : Mon père ne va pas accepter, un amour comme nous, c'est pas possible…

 

MARTIN

Mais si. C'est bien Lisa ça, depuis toute petite, elle se fait une montagne pour rien.

 

bernard

Elle voulait vous téléphoner mais c'est bien que vous soyez venu…

 

martin

C'était pas prévu…

 

bernard

Alors c'est un signe ! Et puis vous l'auriez su un jour ou l'autre ?

 

MARTIN

Bien entendu.

 

bernard

Je tiens moi aussi à vous rassurer, elle a fait le bon choix.

 

martin

J'espère ! Parce que souvent, on tombe amoureux, on s'enflamme, Et en final… on y laisse des plumes !

 

bernard

Pour les plumes, je suis comme vous : je déteste les VILLAGE PEOPLE.

 

martin

Oui bon. Tout ça pour dire que je donne mon approbation.

 

bernard

En plus, vous allez être un papy formidable.

 

MARTIN

Totalement… (se rendant compte)… un quoi ?

 

bernard

Un grand-père. Lisa ne vous a pas dit qu'elle attendait aussi un bébé…

 

MARTIN

Ben non !

 

bernard (mal)

Ben oui depuis 3 mois ! Aie. Je crois que j'ai fait une boulette ?

 

MARTIN

C'était pas un peu tôt quand même ?

 

bernard

Pas quand on est sûr de ces sentiments, et puis aujourd'hui aucun problème avec la fécondation in vitro.

 

martin (étonné)

In vitro ? Et pourquoi pas "In normalo"?

 

bernard

Ah ben non, c'était pas possible…

 

martin

Et pourquoi ?

 

bernard (confident)

Martin, quand y'a pas ce qu'il faut là où il faut, hé ben : ça peut pas, ça peut pas.

 

martin (intime aussi)

Ah d’accord ! Mais quand vous me dites "ça peut pas… ça peut pas". Bernard,  ça ne pourra pas "jamais… jamais" ?

 

bernard

"Jamais jamais" ! Ou alors il va falloir que la science fasse beaucoup de progrès. Martin je ne vais pas vous faire un dessin quand même.

 

martin

Surtout pas ! Mais dites : Lisa n'est pas un peu frustrée de cette situation ?

 

bernard

Non, pas du tout ! Où alors elle ne m'en a jamais parlé…

 

martin

C'est mieux. Et vous, ce genre de problème ça ne vous gêne pas non plus ?

 

bernard (étonné)

Moi ? Non ! Pourquoi ?

 

martin

Bon, si ça pose de problème à personne… alors. (Changeant de sujet) Bon, Bernard, parlez-moi un peu de vous.

 

bernard

De moi ?

 

MARTIN

Vous vous êtes rencontrés comment tous les deux ? Avec ma fille ?

 

bernard

Dans l'escalier, on est voisins.

 

MARTIN

Ah, je comprends mieux.

 

bernard

On s'est connu à un moment où dans ma vie j'étais très mal, mais alors très très mal…

martin

Hé oui…

 

bernard

…à cause de ma femme.

 

MARTIN (agressif)

Vous êtes un homme marié ?

 

bernard (prenant peur)

Divorcé ! Je suis un homme divorcé de Josiane.

 

martin

Je préfère…

 

bernard

Mon Ex et moi, on était trop différents et ça n'a jamais marché. Alors comme on ne s'entendait pas, ma femme s'est mise à courir tous les soirs.

 

martin

Ah ça l'infidélité ?

 

bernard

Non, le Marathon ! Le marathon de Paris. L'infidélité ça a été plus tard. N'empêche la rupture, ça m'a foutu un coup et là… LISA a été formidable. Elle m'a consolé, écouté, pendant des heures. Vous vous rendez compte ?

 

martin

Ah ça oui, il faut du courage. (Se reprenant) Je veux dire, pour une rupture, il faut du courage.

 

 

bernard

Et aujourd'hui grâce à votre fille, je suis à nouveau prêt pour l'amour.

 

martin montre un signe de fatigue et va s'asseoir sur le canapé.

 

MARTIN

Ma fille, elle est comme sa pauvre mère, la bonté même. D'ailleurs c'est pour ça qu'après la mort de ma femme, je ne me suis jamais remarié.

 

bernard

Mais Martin, vous n'avez pas trop souffert de la solitude ?

 

martin

Pas du tout. Et puis, juste après la mort de ma femme, Camille, il est très vite entré dans ma vie.

 

bernard (surpris)

Ah bon ?

 

martin

Et on s'est adoptés immédiatement.

 

bernard

C'est pas allé un peu vite quand même ?

 

martin

Non. On s'est regardés et tout de suite, j'ai su que c'était lui, et lui que c’était moi.

 

bernard

Ah ça, les coups de foudre…

 

martin

Et ça a été le meilleur compagnon que j'ai jamais eu.

 

bernard

Ce genre de sentiment, ça ne se commande pas…

 

martin

Hé non ! Et vous savez, toutes les nuits, il venait dormir dans mon lit.

 

bernard (inquiet)

Ah bon ?

 

martin

Et il se blottissait tout contre moi…

 

bernard

Ah oui ! Vous étiez vraiment très liés.

 

 

martin

Et tous les matins…  au réveil… il remuait la queue !

 

bernard (mal)

C’est bon ! Je vais vous laisser… il faut vraiment que je remonte.

 

martin

Non, restez ! Ça me fait du bien de parler de lui…

 

bernard

Franchement, c’est votre vie privée…

 

martin

Mais vous savez, grâce à lui : J'ai repris du poil de la bête alors que c'était lui la bête à poil.

 

bernard (perdu)

Hé oui. "La bête à poil" ! Mais Camille… c'était qui…

 

martin

C'était mon chien, un labrador !

 

bernard (soulagé)

Ah bon… Ho là la. J'étais à côté de la plaque…

 

martin (ému)

Et il vient de mourir…

 

bernard

Mais qu'est ce que je suis content !

 

martin

Qu’il soit mort ?

 

bernard (se reprenant)

Oui ! Enfin non, pas du tout !  Je suis triste pour vous mais un moment, j’ai cru que…

 

MARTIN

Que quoi ?

 

bernard (mal)

Ben que vous et Camille, enfin vous me comprenez.

 

martin

Pas du tout…

 

bernard

Ben que c'était de famille !

 

 

MARTIN

D’aimer les chiens ?

 

BERNARD

Bon, allez cette fois ci, je vous quitte en plus, je dois appeler mon Capitaine pour le planning.

 

MARTIN

Ah bon ? Vous êtes militaire ?

 

bernard (fier)

Non, CRS ! Adjudant, enfin presque. Je dois passer l'examen bientôt mais pour le capitaine BARDOU, c'est dans la poche.

 

MARTIN

Bardou ? Bardou ? J’en connaissais un de Bardou ! MARCEL BARDOU…

 

bernard

C’est lui !

 

MARTIN

Quelle coïncidence ! On était ensemble dans les Commandos. A l'époque, on le surnommait " PUTOIS INFERNAL" ! (Ton de confidence) A cause de son problème de transpiration.

 

les deux prennent ensemble une mine de dégout.

 

bernard

Ça c'est pas arrangé, le pauvre ! Bon, l'avantage avec lui, quand on le balance dans les "manifs" pas besoin de lacrymo… c'est la débandade assurée. J'ai même vu des gauchistes renier leurs convictions, juste pour un peu de déodorant.

 

martin

Ah ça, Bardou, c'est un concentré de guerre bactériologique.

 

martin

Mais vous savez, Bardou,  c'est pas le seul dans son cas : Aujourd'hui, il y a plein de militaires qui finissent CRS.

 

bernard

Je sais !

 

martin

Mais ils n’osent pas le dire. Ils ont honte.  C'est vrai quoi… quand on a sauté sur Kolwezi, sauter sur des gilets jaunes, c'est pas glorieux. Pour Bardou, je lui parlerai de vous, promis.

 

bernard

C'est sympa…

 

martin

Normal, vous faites partie de la famille maintenant.

 

lisa revient de la cuisine.

 

lisa

Ah papa, je vois que tu as fait la connaissance de Bernard.

 

martin

Enfin ma Lisa, pourquoi tu ne m'as rien dit ?

 

lisa

A quel sujet ?

 

martin

Pour le bébé.

 

lisa regarde bernard.

 

bernard

Tout va bien, on vient de parler avec ton père, il sait tout. Et il est très content.

 

lisa

C'est vrai ?

 

martin

Bien sûr, l'important c'est ton bonheur ! Et du moment que c’est pas un homme marié… ça me va. Et puis, je vais connaître la joie d'être Papy

 

lisa

Quand tu dis tout ! Tu sais vraiment tout ?

 

bernard

Oui, tout. C’est cool ! T'as plus besoin de te prendre la tête.

 

lisa

Super ! Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse. J'avais tellement peur que tu le prennes mal…

 

martin

Et pourquoi ? Tu aurais pu tout me dire toi-même quand je suis arrivé.

 

lisa

C'était pas facile. Ressentir ça pour ce genre de personne et aussi faire un bébé comme ça. Et puis j'avais peur pour ton cœur…

 

bernard :

Ah zut, j'ai oublié la brosse à dents dans la salle de bain.

 

bernard va à la salle de bain. il sort. martin fait la moue et se rapproche tendrement de sa fille.

 

martin

J'avoue que je te voyais plutôt avec quelqu'un de moins, enfin de plus…

 

lisa

Dans la norme ?

 

martin

Bon, le mariage c'est pour quand ?

 

lisa

A Noël à Paris.

 

martin

Et pourquoi pas à Carcassonne ?

 

lisa

Ah non ! A Paris on sera plus tranquille alors qu'à Carcassonne, tes amis auront beaucoup de mal à accepter mon histoire d'amour.

 

martin

Mais pourquoi ?

 

lisa

C'est pourtant clair…

 

martin

Tu sais, je viens d'en parler avec Bernard, chez les anciens paras, il y en a beaucoup : et ben… ils en sont aussi !

 

lisa

Non ?

 

martin

Et il y en a plus que tu ne crois. Au début ils n'osent pas le dire, ça la fout mal d'annoncer ça aux copains.

 

lisa

Oh là la oui…

 

martin

Mais un jour, Marcel Bardou s'est levé en plein banquet et il a dit à tout le monde qu'il en était devenu.

 

lisa

Bardou ? Et vous l'avez bien pris ?

 

martin

Mais bien ! Quand t'es militaire, t'es souvent entre homme, alors quand tu reviens à la vie civile t'as envie que ça continue, et tu finis par le devenir…

 

lisa (étonné)

De là à faire son coming out… ça veut dire assumer ce qu'on est.

 

martin

Ah ok ! Et après lui, d'autres le sont devenus aussi. Remarque : C'était ça ou rester toute la journée avec leurs femmes !

 

lisa

Alors là, tu m'épates. Quand je pense que je me prenais la tête rien qu'à l'idée de t'avouer ça…

 

martin

C'est naturel…

 

lisa

Quand même, de but en blanc, te dire que je vais épouser…

 

martin

…   UN CRS !

 

lisa

Pardon ?

 

martin

Ben oui un CRS ! Bardou et Bernard, même combat : Tous les 2, ils en sont.

 

lisa

Attends papa, mais de quoi tu me parles ?

 

martin

De Bernard, l'homme de ta vie, qui est CRS comme Bardou qui l’est devenu après les commandos. Bernard que tu vas épouser. Même si tu as du mal à assumer son physique médiocre et sa libido inexistante.

 

lisa

Oh la là…

 

martin

Et j'espère que vous serez heureux et que vous aurez "beaucoup" d'enfants. Enfin pour lui déjà un c'est bien.

 

lisa

Mariés ! Bernard et MOI ! C'est lui qui te l'a dit ?

 

martin

T'as l'air étonné ?

 

lisa

Non, pas du tout, enfin oui : voilà Bernard et moi on est ensemble.

 

bernard revient avec sa brosse à dent.

 

bernard

C'est bon, cette fois, je ne vous dérange plus.

 

lisa (jouant le jeu)

Mais enfin, tu sais bien que tu es ici chez toi… MON AMOUR !

 

TÊTE DE BERNARD qui se retourne.

 

bernard

Ça va bien Lisa ?

 

lisa

Parfaitement… « mon chéri ».

 

bernard (bas)

T’as mis quoi dans ton café ?

 

martin

Dites Bernard, maintenant que nous savons ce que nous savons… que vous savez que je sais et qu’elle sait que nous savons… vous savez ce qu’il faudrait faire ?

 

bernard

Non, parce que j'ai rien compris…

 

martin

Ça serait mieux de venir vous installer ici…

 

bernard

Mais je suis très bien chez moi.

 

martin

Peut-être, mais ça sera mieux pour le bébé…

 

bernard (à lisa)

Depuis un moment mon cerveau fait des trous d'air…

 

lisa le pousse vers la porte. elle prend un air faussement enjoué.

 

lisa

Papa a raison, ce serait bien que tu viennes t'installer ici. On ne va pas attendre le mariage pour vivre ensemble.

 

bernard (à lisa)

Je descends en piqué et je sens mal l'atterrissage.

 

lisa

Papa, tu restes jusqu'à quand ?

 

martin

Je repars ce soir.

 

lisa (à bernard)

Allez pressons ! Remonte t'habiller "mon cœur".

 

bernard

Je crois que c'est mieux.

 

lisa

Je t'expliquerai…

 

bernard

Ah oui… il faut.  Sinon je vais avoir un mal fou pour retrouver la boîte noire.

 

lisa le presse vers la sortie. alors que bernard est à la porte, martin aperçoit la nuisette qui était tombée derrière le canapé.

 

MARTin

Hôla, mais c'est quoi ça ?

 

lisa

Une nuisette !

 

martin

T'es vraiment bordélique ma fille.

 

bernard

Ah mais la nuisette, c'est pas à elle, c'est à Stéphanie !

 

tête de lisa. martin est perplexe.

 

martin

Stéphanie ?  Mais c'est qui Stéphanie ?

 

lisa

Ben c'est… c'est…

 

bernard revient vers Martin.

 

bernard

Enfin, Stéphanie, c'est elle.

 

martin

Qui ça elle ?

 

bernard

Ben c'est la femme de…

 

 

 

lisa (le coupant)

… DE MÉNAGE !  DE MÉNAGE ! C'est la femme de ménage.  Pas vrai Bernard ?

 

bernard (perdu)

Ben oui…

 

lisa

C'est ma femme de ménage qui s’appelle Stéphanie. Et elle vient 2 fois par semaine pour nettoyer l'appartement.

 

martin

Nettoyer l'appartement…

 

lisa

Voilà…

 

martin

En nuisette ?

 

lisa

Voilà !

 

martin

Et je peux savoir pourquoi elle vient faire le ménage en nuisette ?

 

lisa

Ah mais c'est normal que tu me demandes ça ! Parce que : Il fait très chaud dans l'immeuble, voilà…

 

bernard

Voilà ! On va sûrement vers une nouvelle canicule.

 

martin

La canicule à la Toussaint ?

 

lisa

Ah ça, avec le réchauffement climatique, on est plus sûr de rien.

 

bernard

Ah oui… et en plus comme a dit Hugo clément… (il cherche mais ne trouve pas.)

 

martin

Ben… il a dit quoi ?

 

bernard

Ben il a dit… (paumé) "L'été sera chaud, l'été sera chaud dans les Tee-shirts et les maillots"…

 

 

martin (sceptique)

Et ben… il n’est pas brillant tous les jours Hugo Clément !

Bon, je descends te chercher des croissants.

 

martin va vers la porte.

 

lisa

J'y vais… ne te fatigue pas.

 

martin

Je viens pour un examen, pas pour un pontage. Enfin pour le moment ! Allez et n'en profitez pas pour faire des galipettes dans mon dos, les amoureux !

 

martin sort. lisa est complètement affolée.

 

bernard

Il a dit quoi, là ?

 

lisa

Il a dit ce qu'il a compris. Bernard, t'es aller raconter quoi à mon père ?

 

bernard

Mais rien ! T’avais déjà tout avoué…

 

lisa

Mais, il ne sait rien…

 

bernard

Ah bon ?

 

lisa

Par contre, comme ce mensonge c'est le désir de mon père… jusqu’à son départ, ça doit devenir la réalité.

 

bernard

Ça ne va vraiment pas bien toi aujourd'hui…

 

lisa

Je t’explique : ce matin quand il est arrivé, j’ai voulu lui parler avec mon cœur… mais c'est lui qui m'a parlé du sien. À la première émotion forte, il peut tomber raide sur la moquette.

 

bernard

« Le cœur a ses raisons que le cardiaque ignore ».

 

lisa

Oui bon ! Et quand tu es sorti de la douche, entre ce qu'il a cru et ce qu'il aurait dû croire de ce qu'il a cru, il n'a pas du tout cru ce qu'il fallait croire…

 

bernard

Mais il croit quoi ?

lisa

Que c'est toi mon mec et le père de mon enfant !

 

bernard

Non…

 

lisa

Et pour s’en sortir il n’y a qu’une seule solution : Il faut que tu deviennes mon mec !

 

bernard

Non…

 

lisa

Mon père repart à Carcassonne après le cardiologue et le tour est joué.

 

bernard

Non !

 

lisa

S'il te plaît…

 

bernard

Je sens le plan pourri !

 

lisa

Tu préfères avoir un mort sur la conscience ?

 

bernard

Non ! Mais si ça foire, il va le dire à "Putois infernal"…

 

lisa

De toutes façons, on a plus le choix. Et n'oublie pas que c'est à cause de toi qu'il croit tout ça.

 

bernard

Et Chaudasse 69 ? T'en fais quoi ? Ma vie sexuelle, en ce moment c’est le désert des tartares. Moi, qui voulais une femme dans chaque port, ça fait longtemps que j’ai pas vu la mer.

 

lisa

J’ai besoin de toi…

 

bernard

Bon d'accord ! Mais juste pour la journée.  Et attention, si ça foire, c’est chacun pour soi. Compris ?

 

lisa

Compris ! Bernard, t'es le voisin CRS le plus génial que j'ai jamais eu…

 

 

bernard

Bon ! Je monte chercher des affaires dans mon appartement, et on va les mettre dans ta chambre pour faire couple.

 

lisa prend la nuisette et la jette par la porte de la chambre.

 

lisa

N'oublie pas les chaussettes sales, ça fait bien hétéro les chaussettes sales.

 

bernard

Lisa, franchement, tu te rends bien compte que là… c'est n'importe quoi !

 

bernard sort.

 

lisa

Bon ne pas s’affoler et agir avec pragmatisme : Mettre de la musique pour se calmer et virer les tenues d'hôtesses de l'air de Stéphanie de la chambre. On ne sait jamais.

 

lisa prend son iphone, met les écouteurs sur les oreilles et va dans sa chambre. Stéphanie entre.

 

stéphanie (au portable)

La prochaine fois, soyez sympa de me prévenir quand un vol est annulé. J'étais déjà dans le taxi moi. Quoi ? L'avion a brûlé ? Et les détecteurs de fumée ? Ils ne marchaient pas. Bon, appelez-moi quand vous aurez trouvé un avion en bon état. Allez bises. (Elle raccroche) Lisa… LISA ? T'es là ?

 

stéphanie va à la cuisine. lisa revient de la chambre avec un sac poubelle croyant entendre quelqu'un. elle enlève ses écouteurs.

 

lisa

Papa ? T'es revenu ? J'entends des voix, moi… (Elle réfléchit) débarrasser aussi la salle de bain.

 

lisa va dans la salle de bain. STÉPHANIE sort de la cuisine.

 

STÉPHANIE

Bon, maintenant me changer.

 

stéphanie va dans la chambre. lisa sort de la salle de bain avec son sac poubelle.

 

 

lisa

Bon, maintenant, cacher tout ça. (Elle a une idée) Le placard de la cuisine.

 

lisa va à la cuisine. stéphanie sort de la chambre. elle est changée.

 

stéphanie

Bon, mais elle est où ?

stéphanie va dans la salle de bain. Lisa sort de la cuisine.

 

lisa

Bon. Voilà une bonne chose de faîte.

 

lisa va dans la chambre. stéphanie sort de la salle de bain.

 

stéphanie

La salle de bain est inondée. Il ne faudrait quand même pas me prendre pour la bonniche… elle fait vraiment n'importe quoi ma meuf !

 

stéphanie va dans la cuisine. la porte d'entrée s'ouvre et Martin tout content revient aVec des croissants.

 

martin

Ho hé. Vous êtes où les amoureux ?

 

lisa sort de la chambre.

 

lisa

Je fais du rangement pour que Bernard puisse commencer à s'installer.

 

martin

Attends Stéphanie, c'est son boulot à miss nuisette. Pense à ton état.

 

lisa

Enfin, je vais très bien.

 

bernard revient. Il est habillé en tenue de CRS et va vers Martin.

 

bernard

Je crois que je vais me faire la malle !

 

martin

Vous voulez quitter ma fille ?

 

bernard

Ben non, je veux juste la descendre…

 

martin (ne comprend toujours pas)

Descendre ma fille ?

 

bernard

Non la malle, avec mes affaires. L'ascenseur est coincé.

 

martin

(Il le regarde dans son uniforme) Vous portez bien l'uniforme, ça vous met en valeur. Allez, je monte vous aider à finir le paquetage.

 

 

 

lisa

Pas question ! Tu ne fais aucun effort avant d'avoir vu ton cardiologue. Bernard, j'arrive.

 

bernard (à Lisa)

Tu sais ton père, il me fait un peu peur.

 

lisa

Et encore, t'as de la chance, il t'a à la bonne.

 

ils sortent. Martin pose les croissants sur la table. stéphanie sort de la cuisine avec une serpillière dans un seau. Surprise réciproque.

 

stéphanie

Oh pardon, excuse-moi.

 

martin

Bonjour, je suis le père de Lisa !

 

stéphanie

Enchanté. Je suis Stéphanie…

martin (suspicieux)

Je m'en serais douté.

 

stéphanie

Vraiment, je suis contente de vous rencontrer. Lisa m'a beaucoup parlé de vous…

 

martin

Oh moi aussi, elle m'a parlé de vous. Dites, il y a quand même un problème…

 

stéphanie

Lequel ?

 

martin

La nuisette. On ne laisse pas traîner ce genre de choses n'importe où.

 

stéphanie

J'avoue, je suis un peu bordélique. C’est mon défaut…

 

martin

Justement. Je préfère que vous preniez tout de suite de bonnes habitudes.

 

stéphanie

C’est vrai : J'ai dû partir vite parce que je travaille à mi-temps à l'aéroport.

 

martin

Et vous êtes déjà revenue ?

 

stéphanie

J'ai encore eu un problème de vol !

 

martin (suspicieux)

Un problème de vol ? Et ça vous arrive souvent ce genre de problème ?

 

stéphanie

2 fois cette semaine ! Pourtant on est nombreuses… Et c'est toujours sur moi que ça tombe.

 

martin

Pour moi, il n'y a pas de fumée sans feu !

 

stéphanie

Ben si, les détecteurs ne marchaient pas.

 

martin (il a du mal à comprendre)

Bon passons. Pour le ménage, n'oubliez pas la salle de bain. Bernard vient de prendre sa douche.

 

stéphanie

Ah oui, j'ai vu, il a tout salopé. (Complice) Vous avez fait aussi la connaissance de Bernard ? Lisa l'aime beaucoup.

 

martin

Ça se voit.

 

stéphanie

Moi, je le trouve un peu con…

 

martin

Dites donc, respect.

 

stéphanie

Ah mais il est sympa très sympa même. Mais bon au niveau des neurones, c'est pas Einstein…

 

martin

Tout est relatif…

 

stéphanie

Ben non, pas pour lui.

 

martin

Bon mademoiselle…

 

stéphanie

Stéphanie, appelez-moi Stéphanie. Et vu qu'on va être emmené à se voir "très souvent" vous pouvez aussi me tutoyer…

 

martin

Non, sans façon. Je préfère garder de la distance.

 

stéphanie

Comme vous voulez…

 

martin

Vous comptez, je pense, rester ici un moment…

 

stéphanie

Je pense, effectivement, que c’est bien parti pour.

 

martin

Bon : Si vous voulez restez chez ma fille, il faut qu'on aspire…

 

stéphanie (le coupant)

… qu'on aspire à être heureuse ?

 

martin (craquant)

NON ! QU'ON ASPIRE BIEN LA MOQUETTE ! Ma fille est allergique. L'aspirateur, il est où ?

 

stéphanie

Dans le débarras…

 

martin

Allez le chercher…

 

stéphanie

Pourquoi faire ?

 

martin

Pour faire la poussière…

 

stéphanie

On va plutôt aller faire un bon dîner pour parler du mariage. Parce que connaissant Lisa, pour les préparatifs, je sens que c'est moi qui vais devoir me taper tout le boulot.

 

martin

Je vais participer et Bernard aussi.

 

stéphanie

Ah non, Bernard pas question. Il a des goûts de chiottes. Bon, il sera invité bien entendu.

 

martin

C'est quand même le minimum…

 

stéphanie

Par contre… pour la fête… on a décidé de faire le grand ménage.

 

martin (content)

Dans l'appartement ?

stéphanie

Non, dans les relations ! Et pas question d'inviter "Lady Gaga" !

 

martin (s'énervant)

Franchement, j’ai un peu de mal à comprendre ce que vous me dites mais c’est pas grave… en attendant : il faut aller acheter des détergents.

 

stéphanie

J'irais, promis.

 

martin

On ne dit pas, j'irais promis…on y va. Tout de suite. C'est bien Lisa ça, elle m'a toujours ramené des cas sociaux. Vous n'êtes pas la première vous savez…

 

tête de stéphanie qui se rapproche.

 

stéphanie

Attendez. Mais je croyais que si justement… j'étais la première ?

 

martin

Ah non pas du tout, la première elle était portugaise.

 

stéphanie (tombant des nues)

Portugaise ?

 

martin

Mais ça n'a pas duré longtemps, elle a quitté ma fille du jour au lendemain pour se marier avec un boucher volailler.

 

stéphanie

Oh là là ! C'est pas bien de faire ça… en plus Lisa, sensible comme elle est… ça a dû lui faire un choc.

 

martin

Si on veut. Remarquez, 2 jours plus tard elle en déjà avait trouvé une autre.

 

stéphanie (accusant le coup)

Parce qu'il y en a eu une deuxième ?

 

martin

Mais ça n'a pas duré longtemps non plus…

 

stéphanie

Non plus ?

 

martin (fataliste)

C'était une fainéante qui refusait de lui faire pleins de choses. Je vais vous faire la liste…

 

stéphanie

MERCI ! C'est bon ! Je préfère ne pas savoir…

 

martin

Dommage, ça vous aurait permis de vous améliorer.

 

stéphanie

Sans façon, vraiment non ! Je connais par cœur les goûts de Lisa…

 

martin

(Pour lui) Ça n’a pas l'air. Par contre la 3ème je l'aimais bien…

 

stéphanie

… Dites, avant moi, elle en a eu beaucoup ?

 

martin

Au moins 15 !!

 

stéphanie

15 ! Mais pourquoi elle ne m'en a jamais parlé ?

 

martin

Pour éviter la comparaison. Bon, assez papoté, au boulot. Allez chercher l'aspirateur. On va vérifier le matériel. Dans l'armée, on faisait pareil.

 

stéphanie

Sauf qu'ici c'est Ménilmontant, pas Djibouti.

 

martin

Exécution.

 

stéphanie

Bon. (Pour elle) Il est sympa "beau-papa" mais ses "TOC" ça va vite me gonfler…

 

stéphanie va à la salle de bain.

 

martin (pour lui)

A mon avis, on n'a pas recruté une flèche !

 

martin sort à la salle de bain. Lisa et bernard reviennent avec la malle. c'est lourd.

 

lisa

Ça fait quand même beaucoup pour une journée.

 

bernard

Je sais. J'ai descendu aussi le défibrillateur de la compagnie, on ne sait jamais au cas où.

 

lisa

Ça ressemble à quoi un défibrillateur ?

 

bernard

A un fer à repasser qui fait des courts circuits ! Un jour ma femme s'est trompée et elle a passé une heure à vouloir réanimer mon pantalon de costume ! Après toute la journée elle faisait des étincelles : Un vrai gâteau d'anniversaire !

 

ils mettent la malle au milieu de la pièce. martin revient. Lisa voit son père.

lisa

Papa. Si tu veux te reposer un peu, j'ai mis de l'ordre dans la chambre.

 

martin

Et moi dans l'intendance. Dis : Cette Stéphanie, tu l'aimes bien ?

 

lisa

Oh oui, tu ne peux pas savoir comme je l'aime…

 

Bernard lui donne un coup de coude.

 

bernard

… beaucoup… vraiment beaucoup. Lisa l’aime beaucoup…

 

martin

Moi je trouve que c'est quand même une fille qui a besoin d'être bien recadrée.

 

lisa

Je le ferai.

 

martin

C'est fait.

 

stéphanie revient de la salle de bain. bernard et lisa sont tétanisés.

 

stéphanie

Franchement : Pour le ménage, c'est pas gagné. L'aspirateur est complètement nase… Lisa ! Mais où t'étais passée ? Je te cherchais partout…

 

lisa

Ben, j'étais chez Bernard…

 

bernard (mal)

Chez moi…

 

stéphanie

Et vous faisiez quoi chez toi ?

 

martin

Les valises. Bernard va venir s'installer ici.

 

stéphanie

Ton appartement est inondé ?

 

bernard

Non là, c'est pas mon appartement qui prend l'eau.

 

lisa

Mais toi, pourquoi t'es revenue ? Enfin je veux dire, tu ne devais pas être ici aujourd'hui.

 

stéphanie

J'ai encore eu un problème de vol.

 

martin (à lisa)

Ces problèmes de vol à répétitions ! C'est pas net tout ça…

 

stéphanie laisse tomber l'aspirateur.

 

stéphanie

Bon. On vient de parler du mariage et je lui ai dit que je m'occupais de tout.

 

martin

Mais enfin Stéphanie, arrêtez de vous immiscer tout le temps dans le mariage de ma fille.

 

stéphanie

Martin, désolée, mais je suis quand même "un peu" concernée.

 

martin

Non, vous, vous êtes "un peu" employée.

 

stéphanie

Comment ça ?

 

le portable de stéphanie sonne. elle décroche.

 

stéphanie (Suite)

Oui ?  Allô ?? Bonjour Mamie… (Aux autres) C'est mamie ! Le père de Lisa est là ! Bien sûr qu'on va mettre au point le mariage ! (À Martin) Mamie vous embrasse !

 

martin

C'est bien.

 

il se tourne vers lisa et Bernard avec un regard d'incompréhensioN.

 

stéphanie

Oui je le lui dis… (À Martin) Il lui tarde le jour du mariage pour faire votre connaissance !

 

martin

Votre grand-mère est invitée aussi ?

 

 

stéphanie

Bien sûr ! Et ma Tatie aussi ! Bon Mamie, tu voulais quoi ? (À Martin) Elle veut vous parler !

 

martin

Ah moi, mais pourquoi ?

 

lisa le pousse du regard

 

stéphanie

C'est une émotive, elle est au bord des larmes tellement elle est heureuse. Elle aime beaucoup Lisa aussi.

 

martin prend le portable à contrecoeur.

 

martin

Allô ??? OUI… bonjour…(aux autres) Elle pleure fort la Mémé… on dirait une alarme du SAMU. (à mamie) Mais il ne faut pas vous mettre dans un état pareil… c'est un mariage pas une crémation ! Pardon ?  Ça va être le plus beau jour de votre vie ? (aux autres) A mon avis elle est pas émotive… elle est dépressive. Ah mais pour moi aussi ! (à la mamie) J'ai du mal à vous comprendre… vous dites ? Vous tenez la dragée haute ? Ah non…vous tenez à vous occuper des dragées parce que ça vous botte ? Faites, moi les dragées tant que je ne les prends pas dans le buffet… Vous voulez aussi vous occuper du buffet ? Bon… allez… je vous repasse votre fille… (Il redonne le portable à Stéphanie). Tenez…

 

lisa et bernard se regardent et tentent de donner le change. martin est agacé.

stéphanie

Oui Mamie tu as raison, il est adorable pour un militaire ! Attends… je t'entends mal… je bouge.

 

stéphanie va vers la cuisine pour écouter sa grand-mère.

 

martin

Sourde et émotive, elle a tout pour plaire !

 

lisa

Tu vas voir, elle est très sympa. Mais c’est vrai qu’elle sucre un peu les fraises.

 

martin

A mon avis elle sucre même tout le fraisier ! Pour le mariage, c'est pas des dragées qu'elle devrait commander, c'est du Prozac ! (Il se rapproche) Dites : On est vraiment obligés de se "colleter" toute la smala ?

 

lisa

Papa enfin, ce sont des gens charmants.

 

bernard

Et puis vous verrez, ils sont diplomates.

 

martin

Diplomate, avec une fille qui fait le ménage ? Ah ! Franchement, les dépressives, c'est bien pour un enterrement mais dans un mariage ça casse l'ambiance. Je maintiens… tu devrais te marier à Carcassonne.

 

lisa

Papa, arrête un peu.

 

martin

D'accord. Après tout c'est ton mariage et tu fais ce que tu veux. Ah ! Avant que j'oublie, je vais faire une photo pour ramener un souvenir aux copains. Allez, prenez la pause.

 

martin prend un petit appareil de photo numerique dans sa poche et cadre. stéphanie raccroche.

 

stéphanie

Vous faites quoi ?

 

martin

Une photo des futurs mariés.

 

stéphanie

Super ! Ça c'est une bonne idée.

 

personne ne bouge. sauf stéphanie qui se met à côté de lisa et prend la pause. bernard s'approche timidement.

 

martin (à Stéphanie)

Dites, vous pouvez vous pousser un peu vous ?

 

stéphanie

Ben oui, pousse toi Bernard.

 

martin

Mais c'est pas à lui que je parle ?

 

stéphanie

Alors c'est à qui ?

 

martin

Mais à vous ! Bon les tourtereaux, embrassez-vous pour la photo.

 

stéphanie

Les tourtereaux ?  Non mais dites donc, c'est quoi cette embrouille ?

 

lisa (mal)

Laisse tomber…

 

 

martin

Lisa, s'il te plait, fais quelque chose, parce qu'elle commence à me fatiguer grave la technicienne de surface ?

 

stéphanie

Il a dit quoi là ?

 

lisa (très mal)

Laisse tomber, laisse tomber…

 

martin

Et vous Bernard, ça commence à bien faire : je trouve que vous vous laissez marcher sur les pieds. Ça ne m’étonne pas que vous soyez un peu mou du 3 pièces…

 

bernard (ulcéré)

Mou du trois pièces ? N'importe quoi, mais qui vous a dit ça ?

 

martin

Ben vous, toute à l'heure. Et que c'est pour ça que vous avez eu du mal à faire une enfant à ma fille !

 

stéphanie

Un enfant à qui ?

 

lisa

Je crois que je vais sortir le défibrillateur.

 

le portable de martin sonne.

 

martin

(Aux autres) Un instant. Allô ? Oui Professeur… le rendez- vous ? Attendez… je vous entends mal… (à Lisa) C'est le cardiologue. Je vais dans votre chambre, ça capte mieux. Je vais en profiter pour tomber la veste, il fait vraiment chaud ici, il a raison Hugo Clément de ne pas habiter l'immeuble.

 

il va dans la chambre. stéphanie est furieuse.

 

stéphanie

Lisa, c'est quoi ce bordel ?

 

lisa

Stéphanie ce que tu crois…

 

bernard

Il ne faut pas le croire.

 

lisa

Et là, ce que tu as cru croire en voyant ce que tu as vu n'est pas du tout ce que tu dois croire…

 

bernard

…Même en le voyant !

 

lisa

Surtout que ce que tu n'as pas vu et que mon père croit, n'a rien à voir avec ce que, toi, tu pourrais croire de ce que mon père a vu.

 

bernard

Et que pourtant il croit !

 

stéphanie

Arrêtez de vous foutre de ma gueule tous les deux…

 

lisa

Mais pas du tout mon amour, je ne me fous pas du tout de ta gueule, j'essaye juste de sortir d'une situation délicate.

 

stéphanie

Mais quelle situation délicate ?

 

lisa

Ce serait trop long à t’expliquer…

 

stéphanie

En attendant dis à ton père de bien ranger sa veste… il va froisser ma nouvelle tenue d'hôtesse de l’air.

 

LISA

Mais tu l’as mise où ?

 

stéphanie

Ben dans l’armoire ?

 

BERNARD (affolé)

S’il ouvre l’armoire, on est mort.

 

MARTIN REVIENT AVEC LA TENUE D’HôTESSE DE L’AIR DE STEPHANIE sur un cintre.

bernard

On est mort !

 

MARTIN (suspicieux)

Dites, c’est quoi cette tenue ?

 

martin

Alors ?

 

LISA

Ah ben, comme tu le vois papa : C'est une tenue d’hôtesse de l’air.

 

 

MARTIN

Et ça fait quoi, dans ton armoire, une tenue d’hôtesse de l’air ?

 

STEPHANIE

Ben, c’est moi qui vient de l’amener…

 

martin

Vous l'avez volée à l'aéroport ?

 

stéphanie

Pas du tout ! Elle vient du nettoyage.

 

LISA

C’est un cadeau !  Pour la… pour la…

 

martin s'approche et on le sent énérvé.

 

MARTIN

ENFIN POUR LA QUOI ?

 

LISA

Pour l’anniversaire de Bernard !

 

bernard

Oh non pas ça…

 

lisa

Et on voulait lui faire une surprise.

 

BERNARD

Ça pour une surprise c’est une surprise. Merci Stéphanie !

 

stéphanie

De rien…

 

bernard regarde lisa désespéré. Ils s'enlisent.

 

MARTIN

Franchement : Vous aimez ce genre de cadeau vous ?

 

bernard

Si c'est ma taille pourquoi pas, j'adore changer d'uniforme.

 

martin

Ben dites donc ! Ma fille, elle a vraiment choisi un chien de race

 

lisa

Mais attention, ne va pas de te faire des idées…

 

martin (bernard)

Dites : les pavés sur la tête à la longue ça doit attaquer le cerveau, non ?

LISA

En réalité, c’est très simple : on va organiser une fête, entre amis.

 

BERNARD

Voilà une soirée costumée : Moi je serai déguisé en hôtesse de l'air, Lisa sera déguisée en Bisounours et  Stéphanie en…

 

stéphanie

En quoi ?

 

bernard (paumé)

En POKEMON !

 

martin

Bon ben comptez pas sur moi pour venir en majorette ! (Son portable sonne à nouveau) Bon, il va falloir qu’on se parle sérieusement tous les 3… parce qu’il se passe quelque chose de pas net ici. De pas net du tout. (Il décroche) Oui Professeur on a été coupé, je vous écoute.

 

IL VA VERS LA CHAMBRE ET SORT.

 

STéphanie

Bon maintenant, elle voudrait bien avoir une explication PIKATCHOU !

 

lisa

D'accord mais pas ici. Viens, on descend au café.

 

stéphanie

Ok ! Mais tu me dis tout… promis.

 

lisa

Promis.

 

stéphanie

Et pour ton premier amour aussi ?

 

lisa

Kevin ?

 

stéphanie

Non, la Portugaise !

 

tête de lisa. elles sortent.

 

bernard (pour lui)

Et moi, je fais quoi ? Putain ça ne s'arrange pas. Bon mon Bernard secoue-toi : On ne peut pas continuer à mentir à Terminator. Il faut tout avouer avant le massacre.  Je vais tout lui dire moi à "Beau papa". Là vraiment, mais vraiment : "les hétéros sont fatigués".

 

Martin revient et raccroche.

martin

C'est rien : c’est juste mon rendez-vous à la clinique qui est un peu décalé, et vous les problèmes domestiques ?

 

bernard

Réglés. Elles sont allées redéfinir les tâches calmement au café.

 

martin

Franchement je vous aime bien mais pour un CRS, je vous trouve quand même un peu hésitant de la matraque. Non mais, c'est une foldingue Miss Nuisette ! Il faut la virer !

 

bernard

Ah ben, on voudrait bien mais c'est pas possible. Lisa ne peut pas faire ça…

 

martin

Pourquoi ?

 

bernard

Et ben pour tout vous dire… parce que… en fait… en fait.

 

martin

En fait ?

 

bernard

Stéphanie, elle sort…

 

martin

Elle sort d'où ?

 

bernard regarde martin une nouvelle fois et se dégonfle.

 

bernard

… DE PRISON ! Voilà, elle sort de prison !

 

martin

Non ?

 

bernard

Si ! Et elle est en liberté conditionnelle. (Pour lui) c'est n'importe quoi…

 

martin (s'illuminant)

Je le savais qu'elle n'était pas nette du tout !  Flair militaire…

 

bernard

Alors si Lisa la vire, retour à la case prison. Et vous connaissez Lisa…

 

martin

Effectivement c'est délicat. Mais elle a fait quoi ?

 

 

bernard (perdu)

Elle a fait quoi ? Bonne question…

 

martin

Ben oui, pour aller en prison elle a forcément fait quelque chose.

 

bernard

Hé oui…

 

martin

Alors : elle a fait quoi ?

 

bernard

Ah ça ! Elle a fait… un peu de tout !

 

martin

Un peu de tout ?

 

bernard

Voilà ! Une sorte de panier garni de la délinquance.

 

martin

Ah je comprends mieux pourquoi tout à l'heure elle m'a bassiné avec ses problèmes de vols !

 

bernard

Mais je tiens à vous dire que tout le monde a droit à une seconde chance.

 

martin

Ça va être un échec. Je connais bien les humains et dans la vie… il y a 2 sortent de personnes : ceux qui sont en taule et ceux qui ne vont pas tarder à y aller !

 

bernard

Au moins ça a le mérite d'être clair. Et puis Lisa… vis à vis de Stéphanie… elle a un sentiment de culpabilité.

 

martin

C'est un sentiment qui l'honore. BON changeons de sujet parce que cette fille… j'en ai ras le Képi !

 

bernard

Elle est sympa…

 

martin

Non, elle gonfle ! Dites, maintenant qu'on est un peu au calme entre hommes et que vous allez épouser ma fille… je veux en savoir un peu plus sur vous. Niveau sexe je sais, mais niveau alcool, vous en êtes où ?

 

bernard

Un petit verre de temps en temps.

 

martin

Je vous dis ça, parce que chez les flics, la picole ça fait souvent parti de la formation.

 

bernard

Hélas… "Chassez le naturel et il revient au goulot".

 

martin

Et le pétard, vous le sortez de temps en temps ?

 

bernard

J’évite… j’aime pas les armes à feu !

 

martin

Mais non… je parlais de la fumette ! La boulette… le chichon !

 

bernard

Ah non… pas de fumette non plus… ça affaiblit la libido.

 

martin

Remarquez… au point où vous en êtes ? Bon, pour la liste de mariage… votre mère sera là ?

 

bernard

Hélas non. Elle ne viendra pas.

 

martin

Elle est fâchée ?

 

bernard

Non, elle est morte. Il y a 15 ans et on l'a enterré en Auvergne. On vient de là Maman et moi.

 

martin (se souvenant)

Ah l'Auvergne… j'ai été là-bas en manœuvres quand j'étais un jeune engagé. Très jeune. Bon. Et votre papa ? Il est mort aussi…

 

bernard

J'en sais rien…

 

martin

Ah bon ?

 

bernard

Je le connais très peu. La dernière fois qu'on s'est vus j’étais très jeune… c'est quand ma mère lui a annoncé qu'elle était enceinte.

 

martin

Ça va pas être facile de lui envoyer le faire part…

 

 

bernard

Ben non. En plus, j'aurais un mal fou à le reconnaître…

 

martin

Remarquez comme il ne vous a pas reconnu non plus… ça fait un point partout.

 

bernard

C'est pas faux.

 

martin

Une morte, un disparu, votre famille : elle ne va pas coûter cher en petits fours.

 

bernard

Par contre j'ai un frère… enfin demi…

 

martin

Ah…

 

bernard

Il est masseur !

 

martin

Il est transsexuel ??

 

bernard

Ostéopathe.

 

martin

Ah bon vous me rassurez. Remarquez… au point où on en est : on aurait pu en faire une demoiselle d'honneur.

 

bernard

J'ai aussi une sœur…

 

martin

Bien ! Et elle fait quoi ?

 

bernard (admiratif)

Ma sœur : Vous allez voir… elle est bonne… (tête de Martin) BONNE SŒUR !

 

martin

Ah d'accord.

 

 

bernard

J'ai aussi un oncle et une tante.

 

martin

… C'est bon, c'est bon, vous me ferez une liste. Bon, moi je vais aller me manger un croissant dans la cuisine avec un petit thé… parce que là… j'ai l'estomac qui réclame…

il sort à la cuisine. Stéphanie revient.

 

bernard

Elle est où, Lisa ?

 

stéphanie

Acheter une Pizza pour le déjeuner.

 

bernard

Elle t'a tout dit ?

 

stéphanie

Oui, vous êtes vraiment des inconscients tous les deux d'être allé lui raconter des conneries pareilles. Pourquoi t'as dit ça ?

 

bernard

Attends… moi j'y suis pour rien. J'étais seulement venu prendre ma douche. Après son père est arrivé… après on a papoté et  après… ça a merdé !

 

stéphanie

Bon, il est temps que quelqu'un prenne les choses en main dans cette maison. Il faut lui parler.

 

bernard

J'ai essayé !  Il ne comprend rien ou il comprend mal !!!

 

stéphanie

Je vais m'en charger…

 

bernard

Fais pas ça. On devrait attendre Lisa. Toi, il t'a pas à la bonne. Même s’il croit que c’est toi la bonne.

 

stéphanie

Non, parti comme on est parti, elle va continuer à jouer les "honteuses", moi je vais devoir me taper les lessives et toi, tu vas te retrouver à la Mairie.

 

martin sort de la cuisine avec un croissant.

 

martin

Dites mon gendre…

 

 

stéphanie

Elle est là ! (Se reprenant)  Enfin… il est là.

 

martin voit stéphanie. son sourire disparaît. bernard n'en méne pas large.

 

martin

Tiens, vous êtes déjà revenue vous ?

 

stéphanie

Martin, il faut qu'on parle.

 

martin (à contrecoeur)

Si on ne peut pas faire autrement, je vous écoute.

 

bernard

Si vous avez vos pilules pour le cœur, ce serait bien de les sortir.

 

martin

Mais je vais très bien.

 

bernard

Pour le moment…

 

stéphanie

Voilà : malgré les apparences, Bernard n'aime pas Lisa et il vous a menti depuis le début.

 

martin

C'est ridicule, ils vont se marier. Pas vrai Bernard ?

 

bernard

La pilule, prenez la pilule. Ça n’engage à rien.

 

stéphanie

Tout ça, en fait, c'était pour faire diversion.

 

martin

D'abord, comment dans votre position… vous pouvez savoir ça. Petite maligne…

 

stéphanie

Mais parce que…

 

martin

Parce que quoi ?

 

stéphanie

Parce que… parce que :  C'EST MOI LA FEMME DE SA VIE ! Voilà !

 

martin

Non ?

 

stéphanie

Si parfaitement ! Et on est ensemble depuis 3 ans.

 

martin

Non !

 

stéphanie

Si !

 

bernard

Le tube, bouffez le tube

 

martin (accusant le coup)

Quelle trahison, je suis ridiculisé. Et ma fille est au courant ?

 

bernard

Ben oui ! C'est même elle qui m'a demandé de ne rien vous dire à cause de votre cœur.

 

martin

Mon cœur ? Ah… il a bon dos mon cœur. Merci Stéphanie. Merci de m'avoir tout dit… je vous ai mal jugé.

 

stéphanie

Et puis on s'aime tellement qu'il vaut mieux crever l'abcès.

 

la moutarde monte au nez de martin. il se précipite vers bernard menacant.

 

martin

Ah mais… je vais te le crever l'abcès : SALAUD DE BERNARD !!!!

 

bernard

Quoi ?  Mais j'ai fait quoi encore ?

 

martin

Faire un enfant à ma fille alors que c'est Stéphanie la femme de ta vie ! C'est dégueulasse de vouloir se taper le petit personnel !

 

panique de bernard qui tourne autour du canapé.

 

bernard

Ah mais non… (à Stéphanie) pas du tout ! C’est pas ça du tout ! Il n'a rien compris… je le savais !

 

martin

Oh mais si… j'ai tout compris ! Et tu vas le payer, crois-moi.

 

stéphanie

Mais non… attendez. Martin arrêtez… enfin restez calme.

 

martin prend stéphanie à témoin.

 

martin

Je suis très calme ! Je vais le massacrer très calmement. Tiens, je vais me le faire façon pot au feu ! Même on va faire un deal : je le commence et vous le finissez… Fifty-fifty. Et avec les os on fera du bouillon.

 

martin coince Bernard et le saisit par le col.

 

bernard

Mais arrêtez, vous êtes fou.

 

stéphanie

Mais oui, enfin, il n’y est pour rien.

 

martin

Pas question : T'as fait le con… t'es bon pour le peloton !

 

bernard

Je vous interdis de frapper un représentant de l'ordre…

 

martin

30 ans de Baroud et 20 ans au feu. Alors tu vas le sentir passer mon lascar. Et encore heureux que j'ai toujours été contre la torture sinon t'étais bon pour la "Gégéne".

 

martin le secoue comme un prunier.

 

stéphanie

Martin stop ! Bernard, c’est pas une bouteille d’Orangina…

 

martin

Je vais quand même lui décoller la pulpe ! Tu trompes ma fille ! Tu trompes ma fille !!

 

bernard

Mais non, je le jure ! J'aime votre fille et je ne couche pas avec la bonne… puisque je ne peux pas ! C'est vous qui l'avez dit !

 

martin

Je ne te crois pas… enflure… je vais te massacrer ! A toi tout seul, tu vas être un vrai génocide.

 

bernard se dégage. le portable de bernard sonne. Il le prend et essaye de répondre.

 

bernard

Je vous préviens que je vais appeler du secours. Ça va finir à la cour européenne des droits de l’homme.

 

martin lui prend le portable des mains.

 

martin

Donne- moi ça ! Allô ? C’est qui ? « Chaudasse 69 » !

 

 

 

bernard (se liquifie)

Oh non ! Mais c’est pas possible ! Mais quelle journée pourrie… donnez-moi ce portable.

 

martin le menace du poing et il n’insiste pas.

 

martin

Non, Bernard n’est pas là, non, il n’est pas souffrant mais il risque de souffrir très vite. Vous appelez pourquoi ? Il vous a proposé un plan cul sur internet…

 

bernard

Mais non, mais non.

 

martin

Mais il vous a fait bond… un acte manqué ! Ah ça l’acte manqué, c’est sa spécialité

 

bernard

Tout cela est une méprise, une effroyable méprise. Je vais aussi vous expliquer.

 

martin

Vous espériez beaucoup de lui et vous allez avoir du mal à vous en remettre… Ah mais lui aussi, il va avoir du mal à s’en remettre. Voilà c’est ça Madame, mes hommages… enfin si l’on peut dire. (Martin raccroche) Décidément, il te les faut toutes… obsédé !

 

bernard

Mais arrêtez… je vous dis. Je suis innocent !

 

martin

Je ne te crois pas…

 

bernard

Je vous le jure sur la tête de toute ma famille… je vous le jure sur la tête des Boufartigues ! C’est un Malentendu…

 

martin le lache d’un coup et reste comme tétanisé.

 

martin

Quoi ? Répète un peu ce que tu viens de dire…

 

bernard

C’est un malentendu…

 

martin

Non pas ça, ton nom.

 

bernard

Ben oui quoi, je m'appelle Boufartigues… Bernard Boufartigues ! C'est le nom de ma mère : GEORGETTE BOUFARTIGUES.

 

soudain martin se sent mal, il met la main sur son cœur et s'écroule sur le canapé.

martin

Aaaaah…

 

stéphanie

Il fait un infarctus !!!

 

martin

Aaaah ! Georgette Boufartigues ? C’est le fils de Georgette Boufartigues !

 

bernard

Vite ! Le défibrillateur.

 

bernard se précipite vers la malle. il l'ouvre et sort d'un étui  ce qu'il prend pour un Défibrilateur. Il ne se rend pas compte qu'il s'agit d'un… fer à repasser.

 

stéphanie

Bernard… mais c'est quoi ça ?

 

bernard se rend compte de sa méprise.

 

bernard

Merde, c'est le fer à repasser !!!!

 

stéphanie

Mais on veut le réanimer, pas le défroisser !!!

 

martin  suffoque.

 

bernard

C'est ma femme, elle s'est plantée, elle est partie avec le défibrillateur.

 

martin

Aaaaah ! Quel con… mais quel con…

 

bernard prend son portable. lisa revient et se précipite vers son père qui vient de s'évanouir.

 

stéphanie

Il fait un malaise.

 

lisa

Mais qu'est ce que vous lui avez dit ?

 

stéphanie

Ben tout, mais il n’a rien compris !

 

bernard

J'avais prévenu…

 

lisa prend le portable de martin et le tend à Bernard.

 

lisa (a bernard)

Prends son portable… fais "Bis" et t'auras la clinique. Vite !!!!

 

il fait le numéro. martin est inerte.

 

bernard

Allô ? Bonjour Monsieur Bis… vite envoyez une ambulance chez Lisa Dorset… 131 rue de Ménilmontant dans le 11ème. Son père vient fait une attaque, c'est ça l'ancien militaire.

 

lisa

Alors… il disent quoi ?

 

bernard

Que pour un militaire,  faire une attaque c'est normal !

 

stéphanie

Ah Bravo le Samu !

 

lisa (paniquant)

Il bouge plus. Je crois qu'il est mort !!!

 

les trois se regardent affolés. NOIR.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 2

 

même décor. un moment plus tard. Lisa est sur son téléphone et stéphanie est à côté d'elle. Les 3 sont inquiets.

 

lisa

Vraiment merci Docteur… je suis rassurée. Au revoir.

 

elle raccroche.

 

STÉPHANIE

Alors ?

 

lisa

Ils ont fait tous les examens, à priori rien de grave et ils vont le laisser sortir.

 

bernard

Tous aux abris !

 

stéphanie

Arrête un peu…

 

bernard

Ton père, c'est  un violent, il a failli m'égorger.

 

lisa

Ça va, il n'y a pas eu mort de CRS. Et puis je l'avais dit qu'il était impressionnant !!!

 

bernard

Il n'est pas impressionnant… il est fou furieux ! En tout cas moi… j'arrête tout !

 

lisa

Tu ne vas pas nous faire ça…

 

bernard

J'ai pas envie de finir en pot au feu…

 

lisa

Ah merci… sympa le voisin… quand je pense à tout ce qu'on a fait pour toi quand ta femme s'est barrée avec le chippendale.

 

bernard

Je m'en fous ! Et puis d'abord… c'était pas un chippendale…

 

stéphanie

C'était qui ?

 

bernard

MONSIEUR FRANCE 2à15

stéphanie

C'est quoi la différence ?

 

bernard

Monsieur France : c'est comme Miss France mais en plus con !

 

stéphanie

Hé : Il n'était pas chippendale mais il a quand même "chippé" ta femme !

 

lisa

Et toi… au moindre petit service… y'a plus personne. Bravo la police !

 

bernard

Au moindre petit service ? Ma promotion est foutue… ton père veut me faire la peau… et je viens de me prendre un râteau avec Chaudasse 69.  Elle veut plus me voir.

 

lisa

Bon vu sous cet angle : T'as raison…  nos vies c'est un peu le bordel.

 

bernard

Merci de compatir…

 

stephanie

Lisa, je vais te dire ma façon de penser, si tout ça est arrivé c'est que t'as honte de moi.

 

lisa

Pas du tout…

 

stéphanie

Tu dis que tu m’aimes mais tu ne veux prendre aucun risque…

 

lisa

C’est pas vrai… quand je t’ai rencontré ça a été comme une nouvelle flamme dans ma vie.

 

stéphanie

J’ai allumé une flamme, d’accord, mais au moindre problème… tu jettes la boîte d’allumettes. T’assumes pas…

 

lisa

J'assume pas mon père… mais pas toi.

 

stéphanie

Ton père il fait l'autruche. Il ne veut pas voir. Mais il doit bien sentir que Bernard et toi c'est pas crédible.

 

bernard

Et pourquoi ?

 

stéphanie

Ben… (ne sachant que dire) parce que…

 

bernard

Je suis bon qu'à me taper des moches c'est ça.

 

stéphanie

Mais non…

 

lisa

Mon père malgré les apparences, c'est un gros sentimental !

 

bernard

C'est surtout un gros malade.

 

lisa

Bernard, "ta gueule".

 

bernard

Compris… je la ferme et  tiens… je vais même faire mieux… je me casse ! Et je tiens à vous dire que dès demain je cherche un nouvel appartement avec des voisines moins envahissantes.

 

lisa

Lâcheur !

 

bernard

Trop c'est trop… et puis désolé mais il y a toujours un moment où les hétéros sont fatigués !

 

il va dans la chambre récupérer sa malle

 

stéphanie

C'est vrai que t'as quand même poussé un peu loin le bouchon.

 

 

lisa

D'accord… j'ai foiré avec Bernard… j’ai foiré avec mon père et j’ai foiré avec toi. Bon, on fait quoi maintenant ?

 

stéphanie

C'est ton problème ! Tu sais Lisa… je t'aime… je t'aime même très fort… mais là, je ne peux rien pour toi. Je ne suis pas ta psy…

 

lisa

Non, mais t’es ma femme.

 

stéphanie

Chacun son boulot. Je vais aller récupérer mes fringues dans les sacs poubelles et après j’irais passer quelques jours chez Jennifer.

 

stéphanie va vers la cuisine.

 

lisa

J'ai pas envie que tu partes…

 

stéphanie

Désolée… je veux bien être ta femme pour la vie… mais pas ta femme de ménage.

 

Lisa culpabilise et va vers elle. mais stéphanie referme la porte derrière elle. Lisa regarde la porte de la chambre. bernard sort toujours furax en montrant la tenue d'Hôtesse de l'air.

 

bernard

Et là le pompon !!!! Une tenue d'hôtesse de l'air !!! À cause de toi… j'ai failli passer mon anniversaire déguisé en travelo !!!! Merci… vraiment merci.

 

il sort à nouveau. lisa regrette ses propos.

 

lisa

Bernard… excuse-moi… je ne voulais pas te vexer… t'es un voisin super sympa. Allez ne fais pas la gueule.

 

lisa va à la chambre. martin entre affolé et depenaillé. Il est au téléphone.

 

martin

Non mais tu te rends compte Bardou… Il y avait une chance sur des millions que ma fille tombe sur lui et c'est arrivé… Quel bordel non mais quel bordel ! Non, j'ai jamais osé le dire à Lisa et aujourd'hui c'est la cata !!! Quand je pense que je croyais qu'elle couchait avec un homme marié… et j'apprends qu'elle va se marier… AVEC LUI. Et en plus il a déjà au moins 2 maîtresses ! Je suis maudit. Heureusement qu'il a des problèmes sexuels et qu'il peut pas… Sinon tu te rends compte de l'hécatombe… Marcel, ça capte mal ! Je te rappelle. Au fait Lisa te félicite pour  ton "coming out"… elle trouve ça très bien de ta part !!

 

martin raccroche. Lisa et Bernard reviennent de la chambre. BERNARD PREND PEUR.

martin

Ah Bernard ! Il faut qu’on parle…

 

bernard

Pas question !  Avec vous… on commence par parler et on finit à l’hôpital ! Je vous préviens : vous me touchez…  je porte plainte.

 

martin

Mais non, je ne te veux aucun mal, surtout après ce que je viens d’apprendre.

 

bernard

Promis ?

 

martin

Promis ! Lisa, on arrête tout !

 

lisa

Pardon ?

 

martin

Le mariage entre Bernard et toi, je suis contre !

 

lisa

C'est nouveau ça… mais pourquoi ?

 

martin

Vous pouvez avoir des atomes crochus mais pas des atomes « cochons » !

 

lisa

Mais enfin papa, c'est ma vie et puis c'est pas le moment, on s’expliquera plus tard.

 

martin

Non tout de suite, je t'interdis d'épouser Bernard.

 

bernard

Franchement, ça m’arrange.

 

lisa

Papa, je peux savoir pourquoi tu es contre ?

 

bernard

Bonne question…

 

on sent martin très mal à l'aise.

 

martin

Parce que… TU ES LE FILS DE GEORGETTE BOUFFARTIGUES ! VOILÀ POURQUOI !

 

BERNARD

Je vous savais anti- homo… je ne vous savais pas anti-auvergnate !

 

martin

Mais non… c'est pas ça, ça n'a rien avoir, je suis fautif…

 

lisa

Fautif, mais de quoi ?

 

martin est encore plus mal et hésite à tout dire.

 

martin

En fait Lisa, je t'ai caché la vérité sur une partie de ma vie et aujourd'hui tu vas te marier avec… avec

 

lisa

Le voisin du dessus…

 

martin

Avec ton frère !

 

lisa et bernard

Quoi ?

 

les deux tombent des nues.

 

bernard

Il faut retourner à la clinique Martin, ça s'arrange pas du tout.

 

lisa

Il a raison… ton souffle au cœur, il fait courant d’air.

 

martin

Mais non, ça va très bien, en plus je ne suis pas cardiaque !

 

lisa

Ton cœur n'est pas malade ?

 

martin

NON ! C'est pas le cœur… c'est vagal ! J'ai juste fait un malaise vagal. Erreur de diagnostic.

 

bernard

Ça veut dire que depuis ce matin, on se fait chier pour rien…  (il tend le pousse) Lisa, là vraiment ; journée pourrie.

 

lisa

Bon maintenant papa, s’il te plaît : j'exige une explication.

 

bernard

Ça s'impose…

 

martin

Je vais tout vous dire, mais vous vous concentrez… (à Bernard) surtout toi.

 

 

lisa et bernard

D’accord.

 

martin

Voilà : J’étais encore un simple appelé et un jour on a fait des manœuvres à Chamalières. Et c’est là que j’ai rencontré…

 

bernard

BARDOU !

MARTIN

Mais non, Georgette ta mère ! (ému) Mon premier amour, un vrai coup de foudre.

 

bernard abattu va s'asseoir sur le canapé.

 

bernard

Quand je pense que j'étais juste venu pour une douche froide, mais là je suis servi.

 

LISA

Mais pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?

 

martin

Parce que c'était bien avant de rencontrer ta mère et puis c'était ma vie et puis… j’avais honte.

 

bernard

Vous pouvez ! M’abandonner maman et moi alors que je me préparais à être un très beau bébé…  c’est pas glorieux.

 

martin

Je ne t’ai pas abandonné. Mais Georgette c’était pas quelqu’un de facile. Elle était meilleure pour faire dans le confit que dans le sentiment.

 

bernard

C’est vrai, ma mère, c’était une maitresse femme.

 

lisa (montrant son père)

Et aussi une femme qui était sa maîtresse.

 

martin

Elle voulait que je quitte l’armée, que je vive avec elle, que je l’épouse. C’était impossible.

 

lisa

De l’épouser ?

 

martin

Non, de vivre à Chamalières ! Alors j’ai pris peur et je me suis engagé dans les commandos, direction le Nicaragua ! Pourtant : En revenant en France, je culpabilisais, alors j’ai tenté de renouer le contact… mais là… fiasco total.

 

bernard

Il dit vrai : Ma mère, elle avait un caractère de cochon ! D'ailleurs elle s'entendait très bien avec eux.

 

martin

Elle m'a viré manu militari, et elle m'a même frappé.

 

 

lisa

T'es passé du coup de foudre, au coup de boule quoi !

 

bernard (ému)

Tout le portrait de maman.

 

martin

Pourtant à chaque anniversaire, je t’envoyais un cadeau. Et je signais parrain.

 

soudain bernard se rapproche et est tout attendri.

 

bernard

Ah oui ! Je me souviens que plusieurs années de suite j’ai reçu des mitraillettes en plastique.

 

martin

C’était moi, j’ai toujours aimé les jouets d’éveil !

 

bernard

Pourquoi t'es jamais revenu me voir ?

 

martin

Parce que ta mère est morte… j'ai refait ma vie… et toi… t'as disparu.

 

bernard

C'est vrai aussi. Je suis monté à Paris et jamais plus je suis revenu en Auvergne. Josiane, elle n’aimait pas l'auvergne.

 

martin

Mais jamais je ne t'ai oublié, je le jure sur la tête de ta soeur !

 

bernard

Donc si je comprends bien… je vais devoir vous appeler papa et arrêter de vous appeler fou furieux ?

 

lisa

Et nous on va devoir s'appeler "grand frère"…

 

bernard

Et "petite sœur"…

 

martin ouvre grand ses bras.

 

martin

Dans mes bras mon fils ! !

 

bernard

Un coup, vous voulez me tuer et un coup, vous voulez m'embrassez… alors bon faut vraiment faire un choix de vie.

 

 

lisa

C'est ça le militaire, toujours entier.

 

bernard

Et c'est les autres qui finissent en morceaux !

 

martin serre bernard dans ses bras. il est ému.

 

lisa

Bon papa, puisque ton cœur tient bien le coup. Je me dois aussi de te faire un aveu… voilà…

 

stéphanie entre avec le sac poubelle.

 

stéphanie

Ah ben, vous êtes déjà revenu Martin ?

 

martin

Oui ! Et mon cœur est à nu…

 

stéphanie

On va vous faire un pontage ?

 

lisa

Stéphanie : mon mariage avec Bernard est annulé…

 

stéphanie

Non ?

 

bernard

Je ne peux plus épouser Lisa, parce que c'est ma sœur…

 

martin

Car en fait mon gendre, c'est mon fils.

 

lisa

Et Bernard n'est pas mon voisin mais mon frère.

 

martin

Car tout ça c'est la faute à sa mère…

 

stéphanie

Dites, tout à l'heure, c'était déjà le bordel, mais là… ça ne s’arrange pas, mais alors pas du tout.

 

bernard

Chacun va rentrer chez soi et je vais enfin pouvoir vivre une grande histoire d'amour…

 

martin

Avec Stéphanie ?

 

bernard

Non avec Chaudasse 69. Si j'arrive à rattraper le coup, mais c’est pas gagné.

 

le portable de bernard sonne… il est tout content.

 

bernard

Ça doit être elle… Allo ? Chaudasse ? Josiane ! (aux autres) C'est Josiane ! (à Josiane) Mais comment  ça se fait que tu m'appelles ? Quoi ?? Tu es à Paris et tu veux qu'on se voie ? NON…pas aujourd'hui ? Pourquoi… ben… parce que non!!! Tu ne peux pas revenir comme ça sans prévenir. Quoi tu me préviens… Je ne veux pas te revoir… Adieu !!! Quoi ? Tu viens quand même… allô allô… (il raccroche) C'est ma femme… elle a quitté le chippendale et elle veut revenir. Je fais quoi ?

 

lisa

Achète une moissonneuse batteuse !

 

stéphanie

Parlez vous et tu verras bien.

 

martin

Mon fils : C'est toujours bien d'avoir une chaussure à son pied…et tant pis si c'est pas tout à fait la bonne pointure.

 

bernard (chamboulé)

Mon père revient, ma femme revient, j'ai quand même connu des journées plus calmes.

 

lisa

Papa ! Depuis que tu es arrivé tout à l'heure… Bernard et moi on t'a menti. Stéphanie aussi a joué le jeu… j'assumais pas de te dire que j'aime une… une…

 

martin

UNE PERSONNE MARIÉE !

 

LISA

Mais non, arrête un peu.

 

martin

Bon, ma fille, je vais te dire ce que je pense.

 

d'un seul coup lisa s'énerve.

 

lisa

Non ça suffit papa, ça suffit avec ce que tu penses ! Car en fait : tu penses toujours penser ce que les autres pensent avant même qu'ils ne pensent ce qu'ils vont penser et tu oublies de penser que les autres pourraient penser une autre pensée que ce que tu penses !

 

 

bernard

… ou pas !

 

lisa

Voilà ! Merci frangin !

 

bernard

De rien, quand on peut aider à y voir plus clair.

 

stéphanie

C'est sûr que là, tout s'éclaircit.

 

martin (perdu)

Mais alors qui aime qui ?

 

lisa

La personne que j'aime… c'est …

 

stéphanie

On va arrêter de tourner autour du pot. C'est moi la personne qu'elle aime.

 

lisa

Voilà !  C'est "Elle" !

 

martin

Pardon ?

 

lisa

J'aime une femme, c'est comme ça. Et je veux l'aimer pour la vie…

 

un temps. que va dire martin ? Un temps.

 

martin (calme)

VOUS N'ÊTES PAS UNE FEMME MARIÉE AU MOINS ?

 

STÉPHANIE

Mais non, je ne suis pas une femme mariée… sauf si Lisa accepte toujours de m'épouser.

 

martin

C'est déjà ça.

 

lisa

Papa, t'es sûr que t'as bien entendu ce qu'on vient de te dire ?

 

martin

Je ne suis pas sourd et pas idiot non plus. Tu vas épouser la femme de ménage…

 

stéphanie

Et je ne suis pas une femme de ménage !

 

martin

C’est mieux pour le ménage ! Enfin pourquoi vous ne m'avais rien dit ?

 

lisa

J'avais peur…

 

martin

Mais de quoi ?

 

stéphanie

De quoi ? Mais de vous et de vos copains ! Parce qu'à Paris, c'est facile, on est des "Gays" ça fait chic.  Mais chez vos copains, on est des lesbiennes, des gouines, des bouffes moquettes, des putes.

 

martin

Ah bravo la tolérance. Mais moi, pour qui vous me prenez ? Je suis militaire… je suis c'est vrai un peu "soupe au lait" alors je suis forcément un gros raciste homophobe ! C'est comme Bernard…  il est CRS alors il est con… (ils regardent Bernard)… bon d'accord c'est pas le bon exemple. Alors, on ira se marier à Carcassonne, vous vous mettrez en blanc, et morts aux cons… même avec des galons !

 

lisa

Alors là, Papa, j'en demandais pas tant.

 

martin

Et les robes de mariées on va demander au fils Bardou de nous les confectionner…

 

lisa

Pourquoi lui ?

 

martin

Parce qu'il est petite main chez Jean Paul Gaultier !

 

lisa

Non ?

 

martin

Ben si, et son petit ami est adorable, Bardou l'aime beaucoup. Et puis entre la mode et l'armée… il y a toujours eu un point commun.

 

stéphanie

Lequel ?

 

martin

On aime bien voir passer les défilés…

 

bernard

Lisa,  finalement, il me plaît bien mon père.

 

lisa embrasse son père.

 

lisa

Et tu vas voir, t'as pas tout vu.

 

martin

Bernard : Avant de repartir pour Carcassonne, je vais t'aider à préparer l'examen d'adjudant, tu vas voir, il n'y a pas plus stratège que moi.

 

bernard

Ah mais je m'en suis rendu compte.

 

lisa fait un signe à stéphanie de les laisser un peu seul. Elle va chercher une clef usb.

 

lisa

Bon, je reviens. Il faut que j'aille porter les plans du HLM à mon Boss… juste un aller-retour.

 

stéphanie

Je t'accompagne.  À tout à l'heure "BEAU PAPA".

 

elle vont vers la porte d'entrée. d'un seul coup Lisa se tient le ventre.

 

stéphanie

Tu te sens bien, mon amour ?

 

lisa

C'est le bébé… je crois qu'il a bougé.

 

stéphanie

Enfin, il a 3 mois. Il ne peut pas danser la lambada…

 

lisa

Et pourquoi pas ?

 

stéphanie

Parce que : c'est un fœtus… c'est pas Michael Jackson !

 

elles se font un bisou et sortent. Martin  va voir si elles sont bien parties et revient vers bernard. Il prend un ton de connivence.

 

 

martin

Alors j'ai été bien ?

 

bernard

Ben oui, pourquoi ?

 

 

martin

Parce que t'as vu, encore une fois ma fille a tenté de m'enfumer, depuis toute petite elle me raconte des bobard… mais là… franchement… elle a fait fort.

 

bernard

Pardon ?

 

martin

Et toi, tu t'es aperçu de rien ?

 

bernard

Ben non…

 

martin

Quand même… nous faire croire qu'elle est homosexuelle… et avec la complicité de la femme de ménage en plus ! Quel talent… et tout ça… tu sais pourquoi ?

 

bernard

Ben non plus…

 

martin

Pour nous cacher sa vraie liaison. Ah il faut vraiment qu'elle l'aime celui-là…

 

bernard

Mais qui ?

 

martin

SON HOMME MARIÉ BIEN SÛR !

 

BERNARD est EFFARÉ. Martin arbore un sourire satisfait.  RIDEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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