L’histoire à travers les sketchs

21 sketchs sur L’histoire de la création du monde et un peu après en quelques tableaux basés sur des faits plus ou moins réels. L’avenir du monde est en jeu.

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Décor (1)

L'histoire à travers les sketchsPas de décor. Eventuellement, quelques élements selon les sketchs.

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PREMIERS PÉPINS (JP Mourice)

5 comédiens :

Metteur en scène (Costume au choix)

Pommier (Homme ou femme) (Avec des branchages)

Récitant(e) (Longue tunique)

Adam (En short)

Eve (Robe du soir)

Durée : 12 minutes

Le metteur en scène entre. Il est très énervé et s'énervera de plus en plus)

Metteur en scène / Mais qu'est-ce qu'ils foutent ! Oh ! Y'a quelqu'un ? (Après quelques secondes, il crie) Je ne sais pas si vous êtes au courant mais la première, c'est demain !

Récitant(e) / Il (Ou elle) entre. Ils ne vont pas tarder. Adam est presque prêt et Carole est en train de se refaire une beauté dans sa loge.

Metteur en scène / Se refaire une beauté. Là, on parle de la première femme. La première femme n'avait pas besoin de se refaire une beauté. C'était la seule !

Récitant(e) / Elle est très professionnelle.

Metteur en scène / Professionnelle, et peut-être un peu vieille pour jouer dans Adam et Eve.

Récitant(e) / Elle a son public, ça va attirer du monde.

Metteur en scène / Je ne fais pas du théâtre pour attirer du monde ! J'invente, moi ! Je met sen scène ! Je suis le créateur !

Récitant(e) / Et certainement le meilleur. Avec ta création du monde, tu vas faire un malheur.

Metteur en scène / A condition que les comédiens soient à la hauteur. Parce qu'au théâtre, le problème c'est toujours les comédiens. Ils peuvent te massacrer un chef d’œuvre avant même d'avoir ouvert la bouche !

Récitant(e) / Ils font ce qu'ils peuvent.

Metteur en scène / Mais pas ce qu'ils veulent ! .. Qu'est-ce qu'ils foutent..

Récitant(e) / On aurait dû prendre Géraldine. Pourquoi je n'ai pas Géraldine Decourt ?

Récitant(e) / Elle ne pouvait pas. Cette semaine, elle tourne une pub pour des pâtes.

Metteur en scène / Et la semaine prochaine, elle tourne pour des frites ? Bravo la conscience artistique ! On lui propose de jouer dans la création du monde et madame préfère tourner une pub pour des paquets de pâtes. Ah il est beau, le théâtre.

Récitant(e) / C'est vrai que financièrement...

Metteur en scène / Et voilà ! Le pognon ! Toujours le pognon. On ne joue pas pour le pognon ! On joue pour la postérité.

Récitant(e) / Oui, mais des fois.. La postérité...

Metteur en scène / Je suis le premier public, et ce qui compte, c'est la qualité.

Récitant(e) / Les gens ont rarement le niveau pour apprécier.

Metteur en scène / Et mon pommier ? Il est où, mon pommier ?

Pommier / (Il entre, essoufflé). J'arrive, Maître. Excusez-moi, j'étais au p'tit coin.

Metteur en scène / On s'en fout !

Pommier / C'est parce que j'ai le trac.

Récitant(e) / C'est son premier rôle

Metteur en scène / Et sûrement le dernier !

Pommier / Euh.. Je fais quoi ?

Metteur en scène / Un sous-marin !

Pommier / Un sous-marin ?

Metteur en scène / Mais il se fout de moi ! (S'adressant au Récitant(e) Tu l'as trouvé où, celui-là ?

Récitant(e) / C'était le seul à l'audition.

Metteur en scène / (S'adressant au pommier) T'as déjà fait du théâtre ?

Pommier / J'ai fait une colonne grecque dans la vie de César. Un lion dans le film ! Lâchez les gazelles ! Et une fourmi géante dans l'attaque des fourmis géantes. Vous avez vu ? La grosse fourmi à gauche quand elles attaquent, et bien c'est moi.

Metteur en scène / Je ne vais jamais au cinéma ! Je suis dans le théâtre, moi.

Pommier / C'est moi le décor ? Y'a rien d'autre ?

Metteur en scène / On joue minimaliste ; Ca s'appelle de la mise en scène !

Pommier / Mais moi j'ai lu que Dieu, il avait créé plein de trucs

Metteur en scène / Dieu, c'est Dieu, et moi, je fais ce que j'veux.

Récitant(e) / C'est quand même Dieu qui a créé le monde.

Metteur en scène / Chacun son truc ; moi, pour créer, je n'ai besoin de personne.

Pommier / Euh.. Je me mets comment ?

Metteur en scène / Tu te mets là et tu ne bouges plus.

Pommier / Je ne bouge pas ?

Metteur en scène / La vie d'un pommier, c'est de rester planté.

Pommier / Je peux faire du vent. C'est joli, un pommier quand y'a les feuilles qui bougent

Metteur en scène / Je ne veux pas de vent !

Pommier / Je peux faire un truc ?

Metteur en scène / Rien ! Tu ne fais rien du tout ! Et t'as intérêt à bien l'faire, sinon, dehors !

Pommier / Moi je dis ça, c'est pour aider la pièce.

Metteur en scène / La pièce, c'est moi ! Alors tes conseils, tu te les mets où je pense.

Pommier / Je.. Je m'excuse.

Metteur en scène / Bon ! On va pas y passer la s'maine ! Adam ? .. Il est où, Adam?

Adam / Adam entre, très décontracté) Je suis là.

Metteur en scène / C'est quoi cette tenue ?

Adam / C'est bien, non ? Parce qu'au début, Adam et Eve, il n'avaient rien à se mettre. Alors j'ai trouvé que symboliquement, un short... T'aimes pas la couleur ?

Metteur en scène / Adam, il se trimballait à poil ! Avec des feuilles ! Alors, demain, pour la première, tu vas me faire le plaisir de te ramener avec une feuille.

Adam / Une feuille ?

Récitant(e) / Une feuille de rhubarbe ?

Metteur en scène / On s'en fout ! Et Eve ? Elle est où, Eve ?

Adam / Je crois qu'elle ne va pas tarder.

Metteur en scène / Elle a intérêt. Parce que sinon, la Genèse, on va la faire sans elle.

Adam / Ce n'est pas possible. Au commencement, il y avait un homme et une femme.

Metteur en scène / Et alors ! Je fais la mise en scène, je fais c'que j'veux.

Adam / Il ne va quand même pas se taper la chèvre

Metteur en scène / De l'humour ? De l'humour dans mon théâtre ! Tu te crois où ? Dans une salle des fêtes ?

Adam / Je l'ai pas fait exprès

Metteur en scène / Et je te signale que depuis, ça a un peu changé. Le mariage pour tous, tu connais ?

Adam / Oui mais à l'époque...

Metteur en scène / On s'en fout ! Si ça me chante, je peux faire le début de la création du monde avec deux hommes.

Récitant(e) / Adam n'était pas homosexuel

Metteur en scène / Adam, il s'adapte !

Pommier / Et comment qu'ils feraient pour se reproduire ?

Metteur en scène / Qui c'est qui m'parle ?

Pommier / Euh.. C'est le pommier.

Metteur en scène / Le pommier, il s'écrase !

Adam / Il n'a pas tout à fait tort. Deux hommes pour avoir des enfants, c'est pas facile.

Metteur en scène / Ils ne se reproduiraient pas ! Comme ça ce serait vite réglé. On aurait la fin du monde en même temps que le commencement.

Eve / (Elle entre, majestueuse. Elle porte une robe du soir et joue les stars..) Vous m'attendiez ?

Metteur en scène / Non. On attendait l'train.

Eve / Je ne trouvais pas mon rouge à lèvres.

Metteur en scène / Du rouge à lèvres ?

Eve / Du rouge pomme. Comme c'est une histoire de pomme, J'ai pensé que ce serait bien, du rouge pomme.

Metteur en scène / Tu as pensé ?

Adam / (Ironique) C'est une première.

Eve / (N'appréciant pas la remarque). Comment ?

Metteur en scène / On se calme !

Pommier / En même temps, le rouge, ce serait plutôt la cerise.

Metteur en scène / Toi, tu la fermes !

Pommier / Moi je dis ça, c'est pour aider.

Adam / C'est vrai que toi, quand tu joues, c'est surtout physique..

Eve / Parce que toi, c'est intellectuel ?

Adam / J'ai fait la comédie française.

Eve / La Comédie française ? Tu faisais le ménage ?

Adam / J'ai fait un stage.

Eve / Trois mois, et ils ne t'ont pas gardé. Ils sont pas si nuls, à la Comédie Française !

Adam / Tu dis ça parce que t'es jalouse.

Eve / Quand je te vois, y'a pas de quoi être jalouse.

Adam / Moi, j'ai du charisme.

Eve / Du charisme, mon cul ! (S'adressant au metteur en scène) Non mais t'as vu la tête qu'il a ?

Metteur en scène / On ne sait pas quelle tête avait Adam.

Pommier / Paraît que Dieu, quand il a cré l'homme, il l'a fait à son image.

Eve / Et bien, s'il avait cette tête là, il aurait mieux fait de rester couché.

Metteur en scène / (Très énervé) Et cette tenue, tu m'expliques ?

Eve / C'est ma robe ; Tu n'aimes pas ?

Metteur en scène / T'as lu le script ? C'est Adam et Eve. C'est pas Roméo et Juliette.

Pommier / Et ils sont à poil !

Eve / A poil ! Jamais !

Adam / Au théâtre, on peut tout faire !

Eve / Forcément, toi, dès qu'il s'agit de se désaper...

Adam / Ca veut dire quoi, ça ?

Eve / Ca veut tout dire.

Metteur en scène / Adam et Eve, ça ne se joue pas en costumes.

Adam / J'aurai une grande feuille.

Eve / Pour ce qu'il y'a à voir..

Metteur en scène / Stop ! Alors je rappelle la scène : Adam et Eve se promènent. Ils se promènent dans quoi ?

Eve / Dans le jardin d'Adam.

Metteur en scène / C'est pas le jardin Adam, c'est le jardin d'Eden !

Eve / Ah oui ! La pomme d'Eden ! En plus, je l'savais.

Metteur en scène / D'accord... On va pas insister... Et tout à coup, il arrivent devant le pommier de la tentation.

Pommier / C'est moi.

Metteur en scène / Et dans le pommier, y'a un serpent...

Pommier / (Affolé) Un serpent ?

Metteur en scène / On est au théâtre. Y'a rien de vrai au théâtre ! Quand c'est vrai, ça sonne faux. Tu piges ?

Pommier / Si tu l'dis. Parce que, personnellement, les serpents...

Récitant(e) / C'est moi, l'serpent.

Metteur en scène / Bon. On y va. Action !

Récitant(e) / (Il se met un peu à l'écart, et parle avec une voix très solennelle) En ce temps là, Adam et Eve se promenaient dans le jardin d’Éden

Metteur en scène / C'est quoi, cette voix ? Tu fais une entrée au Panthéon ?

Récitant(e) / Je me suis dit que peut-être, avec une voix solennelle..

Metteur en scène / On est dans un jardin. Le jardin du Paradis ! Donc, tu prends une voix naturelle !

Récitant(e) / J'ai compris. .. "En ce temps là, Adam et Eve se promenaient dans le jardin.

Eve / Et pourquoi pas Eve et Adam ? Ca serait pas mal de dire Eve et Adam.

Metteur en scène / C'est pas dans l'texte !

Eve / Oui, mais symboliquement, ça marquerait les esprits

Metteur en scène / Je fais du théâtre contemporain, mais y'a quand même des limites !

Eve / Évidemment. les femmes, c'est toujours après.

Metteur en scène / C'est une volonté divine.

Adam / C'est toujours l'homme qui a la priorité.

Metteur en scène / On recommence !

Récitant(e) / En ce temps là, Adam et Eve se promenaient.. (Adam et Eve ne bougent pas)

Metteur en scène / Qu'est-ce que vous foutez ?

Adam et Eve / On fait quoi ?

Metteur en scène / Vous vous bougez les fesses. Vous marchez !

Adam et Eve marchent

Récitant(e) / Tout à coup il tombent devant un pommier.

Adam et Eve s'arrêtent

Pommier / Bonjour !

Metteur en scène / (Au pommier) Pourquoi tu dis bonjour ?

Pommier / Je me suis dit que ce serait bien

Metteur en scène / Ce qui serait bien, c'est que tu la fermes ! On recommence !

Eve / Oh ! Un pommier !

Pommier / Cui-cui ! Cui-cui !

Metteur en scène / Cui-cui ?

Pommier / Je fais cui-cui. Parce qu'au paradis, paraît qu'il y'avait plein d'animaux. Alors, si y'avait des animaux, il devait bien y avoir des oiseaux dans les pommiers. Et puis un oiseau qui chante, c'est bien, non ?

Metteur En scène / Tu veux m'apprendre mon boulot !

Pommier / Bon. J'insiste pas.

Metteur en scène / Action !

Pommier / On dit pas Action, au théâtre. C'est au cinéma. Ou alors, moteur. C'est bien aussi, moteur.

Metteur en scène / Je vais l'tuer.

Pommier / Moi je dis ça, c'est pour aider.

Metteur en scène / On reprend !

Eve / Oh ! Un pommier !

Adam / Et un beau pommier

Récitant(e) / Mais dans le pommier, il y avait un serpent.

Pommier / (Rassuré) C'est pas un vrai.

Récitant(e) / Vous avez déjà goûté au fruit défendu ?

Eve / Le fruit défendu ?

Adam / Lequel ?

Eve / La cerise ? La poire ? La figue : la fraise ? la framboise ? L'ananas ?

Metteur en scène / (A Eve) T'es où,?

Eve / Au théâtre.

Metteur en scène / T'es pas au théâtre, t'es au Paradis ! Dans le jardin d’Éden.

Récitant(e) / Et là, tu vas bouffer une pomme !

Adam / Une reinette ? Une calville ? Une pomme à couteaux ? Une boskoop ?

Récitant(e) / C'est pas précisé.

Metteur en scène / En fait, vous vous foutez d'ma gueule.

Récitant(e) / Jamais !

Metteur en scène / Bon. La pomme ? Montrez la pomme !

Pommier / Ben..

Metteur en scène / C'est quoi, ça ?

Pommier / Y'avait que ça.

Metteur en scène / Une banane.

Récitant(e) / C'est l'épicier du coin. Le p'tit arabe. Il avait que des bananes.

Metteur en scène / Une banane.

Pommier / En même temps, une banane c'est pas donné ; Alors c'est plutôt gentil.

Récitant(e) / Faudra juste mettre son épicerie sur l'affiche.

Eve / Mais on pourrait jouer avec une banane. C'est quand même du théâtre contemporain

Metteur en scène / Les bananes, c'est pour les singes. On peut pas prendre une banane ! Après on dira que l'homme descend du singe. et pour la genèse, une banane, ça change tout.

Eve / En tout cas, la banane, ça serait une sacrée pub.

Adam / On le sait dans le métier, que t'aimes bien les bananes..

Eve / C'est pas une banane que tu vas te prendre

Pommier / A la Martinique, ils la joueraient avec des bananes.

Metteur en scène / Et au Pôle nord, avec un maquereau ?

Pommier / Et une noisette ? C'est tout petit, une noisette. le public, il la verra même pas. Comme ça, il pourra imaginer ; Quand on ne voit rien, on voit plein de trucs !

Metteur en scène / Dehors !

Pommier / Dehors ?

Récitant(e) / T'es sûr ?

Metteur en scène / (Au Récitant(e) Dehors !

Eve / Moi aussi ?

Metteur en scène /Tout l'monde dehors !

Tout le monde sort, sauf le metteur en scène.

Pommier / En fait, c'est comme si on était chassés du Paradis.

Metteur en scène / Dehors ! (Au public, en épluchant sa banane). Le premier qui dit un truc, je l’termine..

Pommier / (Il revient) Et avec un choux-fleur, ce serait bien aussi, avec un choux-fleur !

Metteur en scène / On va commencer par un massacre

Pommier / Au public) On peut rien dire.

NOM DE ZEUS ! (JP Mourice)

4 comédiens :

Zeus (Genre divin)

Hercule ( (Genre body building)

Poséidon (genre marin pêcheur)

Athéna (genre féminin)

Durée : 6 Minutes

On entend un grand coup de tonnerre. Puis la voix de Zeus. (Dans les coulisses)

Voix de Zeus / Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Mais c'est pas ça du tout. la création du monde, c'est moi qu'a tout fait. En fait j'ai hérité. Le monde d'avant, c'était le chaos. Puis y'a eu ma grand-mère, Gaïa et l'enfer, Tartare ; et c'était pas un steak. Excusez-moi, faut toujours que je blague. Alors, j'explique : Gaïa a accouché des montagnes. Hé ! C'est la première souris qu'a accouché d'une montagne, et puis après, y'a eu un os. Non, c'est pas ça. Y'a eu Ouranos qui s'est mariée avec ma Grand-mère ; ils ont eu plein d'enfants, des titans et des cyclopes, mais ça a pas plus à mon père qui les voyait pas d'un bon œil, ? Alors y'a un titan, Cronos, un con mais rapide celui-là, il a tué son père ; à l'époque ça se faisait beaucoup. Il a libéré tout l'monde, puis il s'est marié avec sa sœur, enfin, ma tante. A l'époque, ça choquait personne, puis il s'est mis à bouffer ses enfants vu, qu'il avait faim, et puis que ses enfants, d'après des témoignages de l'époque, ils étaient décidés à lui en faire baver.

Zeus entre sur scène. Il a un nuage autour de la taille

Zeus / Alors, ma mère, Rhéa ; moi je dis Réaliste, est arrivée à me cacher parce qu'elle voulait pas que je sois comestible, et moi ensuite, j'ai fait boire à mon père un de ces tord boyaux qui l'a fait recracher toute sa famille, dont Poséidon, qu'aimait bien manger du poisson, ainsi que Déméter qui était dans l'agriculture et un tas d'autres qui ont insisté pour que je devienne le roi des Dieux. Donc, en toute simplicité, je m'présente : Zeus. Oui, c'est moi. Vous pouvez m'applaudir...

Athéna entre. Elle porte un casque.et une épée.

Athéna / Mon père ! Mon père ! Mon père ! Mon Dieu !

Zeus / Ma fille ! Ma fille ! Ma fille ! Ma chère Athéna, tu peux m'appeler papa.

Athéna / O mon papa Zeus. Je t'aime, papa.

Zeus / Oui. Bon. Ok. Mais tu as un nouveau sac ?

Athéna / Oui. C'est un sac Hermès.

Zeus / Ah ! Elle est bonne. Mais bon, tant que c'est pas un sac d'embrouilles. Alors, ma fille, quoi d'neuf ? Qu'est-ce qui s'passe en d'ssous ?

Athéna / Papa Zeus.. Sur la terre, les hommes se tuent, et quand ils ne se tuent pas, ils s'entre-tuent. Mais que puis-je faire ?

Zeus / J'en sais rien.. N'es tu pas la déesse de la sagesse ?

Athéna / (Surjoué) Oui mais, je suis aussi celle de la guerre. (Elle clame) Oh quel désespoir que de voir dès l'aube comme au soir, les hommes qui se déchirent et font craindre le pire en nous plongeant dans le noir.

Zeus / Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Je peux pas être partout.

Athéna / Mais papa Zeus, tu peux tout faire !

Zeus / Oui. Sauf la vaisselle.

Athéna / Mais si on les laisse faire, un jour, il ne restera plus personne.

Zeus / Qu'ils se démerdent.

Athéna (Surjoué) Oh non ! Qu'elle horrible destin tu leur laisses ! N'as tu donc point de pitié devant cette détresse ? Et ne peux tu réparer ce que tu as créé ?

Zeus / C'est vrai, c'est pas c'que j'ai fait d'mieux.

Athéna / Il faut que tu leur envoies un message.

Zeus / C'est pas marqué la poste !

Athéna / Qui ça ?

Zeus / Hermès.

Poséidon entre (Il a un trident)

Poséidon / Ah Mon frère ! J'ai peut-être la solution

Zeus / Tiens ? Poséidon. Je m'disais aussi, ça sent l'poisson.

Athéna / Bonjour tonton.

Poséidon / J'ai un cadeau. C'est de la morue.

Zeus / Elle est fraîche ?

Poséidon / Et la tienne, elle est fraîche ?

Zeus / Elle est salée au moins ?

Poséidon / Je demanderai à Déméter de te faire une salade.

Zeus / Bon alors, Posed, c'est quoi, ta solution ?

Poséidon / C'est simple. je déclenche une tempête, je noie tout l'monde, et après on recommence tout à zéro.

Athéna / Forcément, toujours une solution de facilité.

Zeus / Oui, mais on sait c'qu'on perd, mais on n'sait pas ce qu'on r'trouve. Une autre idée ?

Athéna / Hercule !

Poséidon / Hercule ? .. Ce n'est qu'un demi Dieu.

Zeus / Et toi, un couillon à part entière. (Il crie) Hercule !

Poséidon recule.

Zeus / J'ai pas dit Hé ! R'cule ! J'ai dit : Hercule !

Athéna / Il a pas inventé la poudre.

Hercule / (Hercule entre. Il court comme pour un jogging puis fait des mouvements de gymnastique). On m'demande ?

Zeus / Tu faisais quoi ?

Hercule / J'ai cassé la gueule au lion de Némée. j'en ai fait une descente de lit.

Poséidon / T'as tué le lion de Mémée ?

Zeus / Némée. Pas Mémée ! Ah celui-là, il n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter.

Hercule / La semaine dernière, j'ai fait un tour aux enfers et j'ai attaché l'Cerbère.

Zeus / Ok. C'est pas mal. Mais là, j'ai un travail pour toi.

Hercule / Ca pas être facile, aujourd'hui, je suis en RTT

Zeus / En RTT. ?

Hercule / Repos, tendresse, et taies d'oreillers.

Zeus / Mais Hercule ? J'ai besoin de toi. Comment veux tu ..?

Athéna / Stop !

Zeus / De toutes façons, tu feras ce que je te dis. C'est moi qui commande, et puis c'est tout.

Hercule / Qu'est-ce que je dois faire ?

Zeus / Un exemple ! En dessous, c'est le bazar. alors si tu pouvais mettre un peu d'ordre.

Hercule / Une sorte de nettoyage, quoi.

Zeus / Oui, mais tu ne me tues pas tout l'monde. Faut qu'il en reste.

Hercule / Je connais mon boulot.

Athéna / On pourrait faire les écuries d'Augias.

Zeus / Ah oui ! Augias ! Ce grand dégueulasse. C'est pas con.

Athéna / Un grand nettoyage quoi. Un nettoyage à sec ?

Zeus / J'aime pas trop les nettoyages à sec.

Poséidon / Si je peux me permettre, je pourrai fournir la flotte

Zeus / Bonne idée. Pour une fois.? Poséd, tu n'dis pas que des conneries.

Poséidon / De temps en temps, j'ai comme des éclairs.

Zeus / Les éclairs, c'est moi.

Hercule / Je fais ça quand ?

Zeus / Mais tout de suite ! Ca devrait déjà être fait.

Hercule / Ok. (Il met un foulard dans ses cheveux et prend un balai) Je vais te nettoyer tout ça en moins d'deux. Allez, c'est parti mon kiki !

Poséidon / Une vraie petite femme de ménage.

Zeus / Sacré Hercule. Heureusement qu'il ne m'coûte pas cher.

On entend un coup de tonnerre.

PREMIÈRES BACTÉRIES (JP Mourice)

4 comédiens ou plus

Les comédiens (ou comédiennes) sont emballées dans des sacs poubelles. Seule la tête dépasse. Ils doivent pouvoir aussi marcher. si possible à genoux. Deux bactéries arrivent sur scène.

1ère bactérie / J'ai cru que j'arriverais jamais.

2ème bactérie / On a eu du bol. On est les premières.

1ère bactérie / C'était pas gagné d'avance.

2ème bactérie / Les premières bactéries, tu t'rends compte ?

1ère bactérie / Alors maintenant, c'est à nous de jouer.

2ème bactérie / Comme dirait l'autre, l'avenir nous appartient.

1ère bactérie / C'est bien beau l'avenir, mais faut qu'on fasse quoi ?

2ème bactérie / Faut qu'on évolue.

1ère bactérie / Faut qu'on évolue. mais jusqu'où ?

2ème bactérie / Alors là, j'en sais rien.

1ère bactérie / Évidemment, on nous envoie sur une terre qu'on connaît pas, et après, démerdez-vous !

2ème bactérie / Faut aussi qu'on se reproduise.

1ère bactérie / Faut qu'on se reproduise ? Mais comment ?

2ème bactérie / D'après ce que j'ai compris là-haut, faut qu'on entre en contact.

1ère bactérie / En contact ? Avec qui ?

2ème bactérie / Avec nous.

1ère bactérie / Mais comment ?

2ème bactérie / Faudrait qu'on s'touche.

1ère bactérie / Faut s'toucher !

2ème bactérie / Hé ! Ca coûte rien d'essayer. Tiens, on va voir.

la 2ème bactérie s'approche se frotte la première.

1ère bactérie / Ca m'fait rien.

2ème bactérie / Ben moi non plus.

Une troisième bactérie entre

3ème bactérie / Salut les mecs ! Comment ça va ?

1ème bactérie / Non c'est nous qu'on l'a fait ?

2ème bactérie / Faut croire.


3ème bactérie / C'était du rapide ! .. Alors, quoi d'neuf ?

1ère bactérie / Attends ! Faut qu'on vérifie.


Elles se frottent à nouveau. Une quatrième bactérie entre.

4ème bactérie / Salut ! Y'a une fête ?

2ème bactérie / C'est incroyable, ça marche !

Elles se frottent à nouveau D'autres bactéries entrent.

1ère bactérie / Ca va jamais s'arrêter.


4ème bactérie / Ca fait plaisir de voir du monde;

2ème bactérie / On va être trop nombreux. Si j'avais su....

Un virus entre (changer la couleur du sac poubelle) Alors, on ne m'attendait pas..

2ème bactérie / C'est qui celui-là ?.

Virus / Un virus. le premier virus au monde.

1ère bactérie / IL est pas comme nous.

Virus / Je sais.. Un bisou ?

1ère bactérie / Pourquoi il veut faire un bisou ?

2ème bactérie / J'en sais rien, moi.

Virus / Un petit bisou..

1ème bactérie / Mais pour quoi faire ?


Virus / Pour vous aider. Paraît qu'il y aurait trop d'monde. (Il s'approche des bactéries)


1ère bactérie / (Affolée) Il vient vers nous ! Il veut nous.. !

Virus / Pas tout le monde.. Moi aussi, je sélectionne..

2ème bactérie / Qu'est-ce qu'on fait ?

1ère bactérie / On s'barre !

Toutes les bactéries sortent, poursuivies par le virus.

Virus / On est bien ici.. Je sens qu'on va bien s'amuser. Oh, les copines, attendez-moi !

A ce moment, on peut passer un extrait de petite musique de fête (genre musette)

TOUTE UNE PREHISTOIRE (JP Mourice)

Pendant la préhistoire, scène de la vie courante

2 comédiens :

Femme (En tenue préhistorique, fourrure)

Homme (tenue préhistorique)

Une femme, énervée, attend l'homme

Femme / Qu'est-ce qu'il fout ! A chaque fois, c'est pareil, quand monsieur va chercher à bouffer, on a l'temps de crever de faim avant qu'il se ramène.

Un homme entre (tenue préhistorique) Il porte un poids sur son épaule (viande emballée dans un sac) ainsi qu'une massue.

Femme / C'est maint'nant qu'tu rentres ?

Homme / J'ai fait une rencontre.

Femme / T'as rencontré qui ?

Homme / La voisine.

Femme / La voisine ? Et naturellement, t'as..

Homme / Faut bien que je perpétue l'espèce.

Femme / Perpétuer l'espèce, On a déjà douze mioches. Et monsieur va en faire ailleurs.


Homme / Ca ne marche pas à tous les coups.

Femme / Ca t'a quand même pas pris un siècle. Qu'est-ce t'as foutu ?

Homme / J'ai été attaqué. Par un homme préhistorique de la tribu des orantax.

Femme / Un orantax ! Et tu l'as pas vu v'nir ?

Homme / Ben non. Il était dans un arbre.

Femme / Et il t'a sauté dessus.

Homme / Forcément c'est pas pour rien qu'il descend d'un singe. Il est pas évolué comme nous.

Femme / C'est sûr, il est pas fini. Et alors, qu'est-ce que t'as fait ?

Homme / Je l'ai assommé et je l'ai donné à bouffer à un tyrannosaure.

Femme / Un tyrannosaure ? Je croyais qu'ils avaient disparu.

Homme / Pas tous.

Femme / Et après ?

Homme / Je suis monté vite fait dans l'arbre et j'ai attendu que le tyrannosaure se barre.

Femme / C'est incroyable. On peut pas aller dans la forêt sans risquer de se faire bouffer. Mais que fait la police ?

Homme / La police, c'est nous.

Femme / Faut tout faire tout seul. Et alors, t'as ramené quoi à bouffer ?

Homme / J'ai ramené ça. (Il montre des fruits)

Femme / C'est quoi ?

Homme / Je sais pas, mais ça a l'air bon.

Femme / Tu les as trouvés où ?

Homme / Ben dans l'arbre.

Femme / Bon, ça fera le dessert. Et t'as quoi comme viande ?

Homme / J'ai ça.

Femme / C'est quoi ?

Homme / De la viande. Je l'ai trouvée dans la glace.

Femme / De la viande congelée ! Tu veux qu'on bouffe de la viande froide !

Homme / Ben..

Femme / T'es malade ! Avec quoi on va la faire chauffer, ta viande congelée. je te signale qu'on n'a pas encore inventé le feu.

Homme / Pendant que tu y'es, t'as qu'à dire que j'ai pas inventé la poudre, non plus.

Femme / Dire que je suis maquée avec un Homo-Erectus. J'ai jamais eu d'bol.

Homme / Au fait, j'ai un cadeau.

Femme / Et c'est quoi l'cadeau ? C'est pas encore des couleurs pour décorer la grotte.

Homme / C'est pas d'ma faute si j'aime bien dessiner.

Femme / Et faut voir les dessins ! On comprend rien. Tu dessines un tigre, on croit que c'est un ch'val. Dans mille ans, on n'en parlera plus.


Homme / Et en plus, je signe. Je mets ma main.


Femme / Tu mets ta main où ?


Homme / Sur la paroi de la grotte. Comme ça, je laisse mon empreinte. L'empreinte de l'homme.

Femme / J'te la laisserais bien, moi, mon empreinte..


Homme / Attention ! Tu peux pas taper ! T'es une femme.

Femme / Alors, c'est quoi ton cadeau ?


Homme / Ta ta tam ! Une fourrure !

Femme / Encore une fourrure !


Homme / C'était à l'orantax. C'est du bison. Ca tient chaud, l'bison. Et c'est à la mode.

Femme / J'en ai plein, des fourrures ! Avec toi, faut pas être allergique aux poils ; J'en ai jusque là, de tes fourrures !

Homme / Tu sais pas apprécier.


Femme / Je sais pas apprécier ? En plus, tu m'apportes un truc qu'a déjà été porté. Tu pourrais pas m'apporter du neuf !

Homme / T'es jamais contente.

Femme / Tu veux peut-être que je saute au plafond en criant youpi ?

Homme / Je fais c'que j'peux.

Femme / Et tu fais pas grand chose. Tiens ! Qui c'est qui nettoie tout l'temps la grotte ? Hein, c'est qui ? Mais je te l'dis, ça va pas durer des siècles, va falloir que ça change.

Homme / Y'a pas de quoi en faire tout une préhistoire.

Femme / Monsieur passe sa journée dehors, et moi je suis tout l'temps enfermée.

Homme / Tout ça parce que j'ai ramené du congelé.

Femme / Même pas foutu de faire les courses. Et celui qui descend du singe, il en reste pas un bout ?


Homme / Ben je sais pas..

Femme : Si ça trouve le tyramachin, il a peut-être pas tout bouffé.


Homme / Tu sais bien qu'on les digère mal.

Femme / Et alors, s'il en reste c'est du frais. Et quand tu manges frais, c'est mieux pour la santé.

Homme / En plus, y'a plein de poils.

Femme / Ca nous changera des plumes.

Homme / Tu veux que j'aille voir ?

Femme / Tu devrais déjà être revenu.


Homme / Et qu'est-ce que j'fais si y'a plus rien.


Femme / Tu t'démerdes mais tu me ramènes de la viande.

Homme ./ Mais si j'en trouve pas ?

Femme / Non mais quel abruti ! Si y'en a plus, tu vas au mammouth !

LES LOIS DE LA TABLE (JP Mourice)

2 comédiens, plus voix

Voix de Dieu / N'importe quoi ! C'est nul. Et le règlement intérieur ? Y'avait un règlement intérieur !

Femme préhistorique / Un règlement intérieur ?

Voix / Les lois de la table !

On entend un énorme grondement de tonnerre

Voix / Article 1 ! Tu mangeras des légumes !

Homme préhistorique / Des légumes ?

Voix / Trois fois par jour ! Article 2 !Tu cultiveras des légumes.

On entend un grondement de tonnerre


Voix / Article 3 ! Tu ne mettras pas tes coudes sur la table.

Homme / Une table à repasser ?

On entend un grondement de tonnerre

Voix / On ne me coupe pas la parole ! Article 4 ! Tu feras du feu !

Femme / On ne sait pas en faire.

Voix / Article 5 ! Tu inventeras la poudre. Article 6 ! Tu feras cuire les pâtes pendant 8 Minutes 50, minimum !

Femme / C'est quoi, des pâtes ?

Voix / Silence ! Article 7 ! Tu aimeras ça ! Article 8 ! Tu prendras un déjeuner trois fois par jour ! Midi, matin et soir !

Femme / Et mon régime ?

Voix / Ton régime, c'est moi ! Article 9 ! Tu ne boiras pas trop de café.

Homme / Et Pourquoi ça ?


Voix / Parce que ça m'énerve !

Femme / Y'en a encore beaucoup comme ça ?

Voix / C'est bientôt la fin. Article 10 !

Femme / C'est quoi l'article 10 ?

Voix / C'est la vie que vous allez mener.

Femme / Et faut faire quoi dans l'article 10.

Voix / Vous vous démerdez !

On entend un grand coup de tonnerre.

HÔTEL DE LA BONNE ÉTOILE (JP Mourice)

3 comédiens : Marie-Hélène / Jojo / Hôtelier

Derrière son comptoir, l'hôtelier attend les clients. Un couple entre. la femme est enceinte.

Jojo / Bonjour monsieur. C'est bien ici, l'hôtel de la Bonne Étoile ?

Hôtelier / C'est ici. Bienvenue !

Jojo / Nous avons eu du mal à trouver.

Hôtelier / C'est pour quoi ?

Jojo / C'est pour coucher, parce qu'on n'a pas envie de dormir à la belle étoile.

Hôtelier / Je vous comprends.

Marie-Hélène / On est venu avec un âne. Vous acceptez les animaux ?

Hôtelier / Non. On a eu trop de problèmes avec les animaux.

Jojo / Tant pis, mais pour nous, vous avez des chambres de libres ?

Hôtelier / Vous avez réservé ?

Jojo / Euh.. Ben.. Non.

Hôtelier / C'est complet. Fallait réserver.

Jojo / Fallait réserver ?

Hôtelier / Et oui, aujourd'hui, on réserve.

Marie-Hélène / Je te l'avais dit, Jojo. Mais tu ne m'écoutes jamais.


Jojo / Écoute Marie-Hélène, on discute entre hommes.


Marie-Hélène / Je lui avait dit avant de partir. Si ça s'trouve, tout va être complet.

Hôtelier / Ma pauvre dame. Si je pouvais, je vous hébergerais mais j'attends des clients, et eux, ils ont réservé..

Jojo / Enfin ! Vous n'avez pas vu l'état de ma femme. Elle va accoucher.

Hôtelier / C'est pas d'ma faute.

Marie-Hélène / Mais arrête, Jojo ! Tu sais bien que c'est pas d'sa faute.

Jojo / Tout à l'heure, ça va être de la mienne.

Marie-Hélène / S'il vous plaît. On a fait un long trajet.

Hôtelier / Vous venez de loin ?

Jojo / Oh la la.

Hôtelier / Merde, des immigrrr..

Marie-Hélène / On pouvait pas rester chez nous.


Jojo / Fallait qu'on parte.

Hôtelier / Vous avez des papiers ?

Marie-Hélène / On est partis très vite. Alors, les papiers...

Jojo / On pourrait peut-être prendre la place de quelqu'un ?

Hôtelier / Vous voulez prendre la place de quelqu'un ?

Marie-Hélène / Jojo ! Si le monsieur dit qu'il peut pas, c'est qu'il peut pas !

Jojo / Non. C'est juste parce que c'est pour le bébé.

Hôtelier / Ce sera un garçon ou une fille ?

Marie-Hélène / Un garçon.

Jojo / Et comment qu'tu l'sais ?

Marie-Hélène / C'est Gabriel qui m'l'a dit?

Hôtelier / C'est qui, Gabriel ?

Jojo / Son docteur.

Hôtelier / Bon. Écoutez. Normalement, je devrais pas l'faire, mais j'ai peut-être quelque chose pour vous.


Marie-Hélène / C'est vrai !

Hôtelier / Juré ! Croix de bois, crois de fer, si je mens je vais en enfer.

Marie-Hélène / Alors là c'est gentil.

Hôtelier / Je vous préviens, y'a pas tout l'confort. C'est une petite grotte, mais c'est très propre.


Jojo / C'est pas grave, c'est juste pour une nuit.

Marie-Hélène / Une nuit, un peu plus quand même.

Hôtelier / Par contre, y'a pas d'lumière.

Jojo / C'est pas grave, j'ai une lampe.

Hôtelier / Et faudra vous serrer un peu ?

Jojo / Y'a déjà quelqu'un ?

Hôtelier / Y'a un bœuf. Mais ne vous inquiétez pas, il est habitué.

Jojo / On pourra emmener notre âne.


Hôtelier/ C'est vous qui décidez.

Marie-Hélène / Ah monsieur, merci. Vous êtes trop bon. Le Bon Dieu vous le rendra.


Hôtelier / Qui ça ?

Jojo / C'est quelqu'un qu'elle connaît.

Marie-Hélène / Faut payer maintenant ?

Hôtelier / Vous paierez en partant.

Marie-Hélène / Ah franchement. Qu'est-ce que c'est gentil ! Tu viens, Jojo ?

Jojo / Ok. Mais si on dort mal, je me générai pas pour lui faire de la pub. Sa grotte, il n'aura pas fini d'en entendre causer.

Ils partent. On entend un chant de Noël (Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musette..

AU BOULOT ! (JP Mourice)


2 hommes (ou femmes)

On entend le bruit du métro. Deux hommes (ou femmes entrent. Ils tiennent ensemble une barre de rame de métro..

Dominique / Vous allez au travail ?

Joss / J'ai l'air de partir en vacances ?


Dominique / Non. Si je dis ça, c'est pour discuter.

Joss / Excusez-moi ; le matin, je suis toujours un peu énervé.

Dominique / Je comprends. Moi aussi. je me lève tous les jours à six heures. C'est pas une vie.

Joss / Il l'avait dit.


Dominique
/ Qui ça ?

Joss / Je n'sais plus trop mais j'ai lu ça quelque part.. Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.

Dominique / Ca doit être un patron.

Joss / Y'avait une histoire de pomme.

Dominique / Un producteur en fruits et légumes !

Joss / Non.. Oh ça va me revenir. Ils étaient deux, En plus y'avait un serpent.

Dominique / Ca y'est ! Adam et Micheline !

Joss / C'était pas Micheline.

Dominique / Pascale ? .. Gilberte ? .. Brigitte ?

Joss / Adam et Eve !

Dominique / Ah oui ! Celle qu'avait bouffé la pomme d'Adam.

Joss / Ils étaient dans un genre de jardin botanique. Il faisait beau tout l'temps.

Dominique / J'm'en rappelle ! Et ils n'avaient rien à foutre ! Et alors, Eve, qu'était curieuse, un jour, elle tombe sur un pommier, avec des pommes, et y'a un serpent qui lui a dit qu'elles étaient mûres, et il a fallu qu'elle y goûte.

Joss / Et forcément, le chef, quand il a vu ça, il a foutu tout le monde dehors.

Dominique / Résultat ! Nous on est là, tous les matins à se lever à six heures pour aller au boulot et que l'Paradis, hé ben, on l' a perdu.

Joss / Moi, je l'ai retrouvé..

Dominique / C'est pas possible !


Joss / Si ! Aux flots bleus du Paradis. Hôtel-club cinq étoiles ! Sept cent euros la semaine, vol compris.

Dominique / J'y crois pas !

Joss / En all-inclusive ! Apéritif gratuit tous les jours.

Dominique / Tous les jours ?

Joss / Matin, midi, et soir ! Et en plus, animation festive !

Dominique / ! Ah oui ! Et y'en a d'autres. Dans ces paradis là, on bouffe comme des malades ! Et on ne boit pas que du jus d'pomme !

Joss / J'y vais tous les ans. Au mois d'septembre. En septembre, ils font des prix. Pour les excursions aussi.

Dominique / Y'a des excursions au Paradis ?

Joss / Ben oui. Le paradis, c'est bien, mais y'a aussi des trucs autour ; on n'va quand même pas rester enfermés pendant huit jours !

L'ARCHE DE NONO (JP Mourice)

2 hommes, 1 femme, un homme ou femme

On entend un grand coup de tonnerre

Nono / (Il entre sur scène) Enfin ! C'est terminé !


Samy entre, il a une bouée autour de la taille.

Nono / Ah Samy. Faut se dépêcher, ça va commencer à pleuvoir.

Samy / Il est beau, ton bateau, papa. Comment tu vas l'appeler ?

Nono / L'arche de Nono. Et je peux te dire, il n'est pas près de couler.

Samy / En plus il est grand.


Nono / Forcément. On a embarqué tout ce qui est encore vivant. Faut d'la place.

Samy / J'ai eu du mal à mettre les girafes dans la cale. Y'a le cou qui dépasse.

Nono / C'est pas grave. On leur accrochera une voile. Comme ça, on ira encore plus vite.

Samy / C'est pour faire la course autour du monde ?


Nono / Tu sors d'où ? On fait pas la transatlantique, on sauve le monde ! Toutes les espèces en danger. A commencer par nous.

Samy / Toute la famille ?


Nono / Seulement la famille proche.

Samy / Et les animaux. Mais pas tous. Pourquoi on n'a pas pris les crocodiles ?

Nono / T'es au courant ? Crocodiles. Tout ce qui date de l'ère jurassique, ça bouffe tout, alors le genre dinosaure, non merci.

Samy / Et des rats ? On n'a pas pris de rats ?

Nono / T'inquiètes pas pour les rats. Les rats, ça se débrouille toujours.

Samy / Et les poissons ?

Nono / Les poissons, y'en a plein dans la flotte. Alors les poissons, ils n'ont pas besoin d'nous.

Samy / On va être partis longtemps ?


Nono / Si on te l'demande, tu diras que t'en sais rien.

Samy / Mais si ça dure trop longtemps, on n'aura plus rien à manger !


Nono / Avec tout ce qu'on a à bord, on a à bouffer pour au moins vingt piges !

Samy / Mais quand est-ce qu'on pourra aller sur de la terre ?

Nono / C'est pas moi qui décide.


Samy / C'est qui ?


Nono / Ta mère ! Quand elle verra un coin au sec, on fera le débarquement, et on lâchera tout dans la nature.

Samy / On part quand ?

Nono / Tout de suite. J'attends ton frère.

Samy / On emmène Chamcham avec nous ?


Nono / On l'emmène avec sa femme. Sinon, comment qu'on va se reproduire ?

Samy / Ah ! Je crois qu'il vient. Oh, il est avec un copain.

Chamcham est accompagné du virus du covid (costume très fantaisiste)

Nono / C'est qui, ça ?

Samy / Ca doit être une nouvelle espèce.

Chacham / Salut papa. J'ai trouvé un copain !

Virus / Bonjour !

Nono / Tu l'as trouvé où ?

Chacham / Dans un trou. Il avait l'air perdu tout seul.

Nono / C'est un mâle ?

Virus / Ah ben non. je suis bisexuel ? Je fais les deux. Je me reproduis tout seul.

Samy / C'est pratique.

Nono / Je sais pas si on va l'prendre, j'ai comme un doute..

Virus / Je me ferai tout petit !

Nono / Ok. On vous embarque. mais va falloir vous serrer. C'est comment votre nom ?

Virus / Covid.

Nono / David ?

Virus / Non. Covid.

Nono / Ok. Et bien, mon p'tit Covid, bienvenue à bord !

Virus / Oh merci. ! Je peux vous embrasser ?


Nono / M'embrasser ? On m'touche pas ! Et puis quoi encore..

Ils sortent.

DÉCOUVERTE DU SIÈCLE (JP Mourice)

Deux humanoïdes venus d'une autre galaxie (hommes ou femmes) en visite sur la Terre. Ils pénètrent sur la scène (Ils portent des antennes)

Jecki / J'ai cru qu'on arriverait jamais.

Krikou / Deux cent millions de kilomètres, ça se fait pas en deux heures.

Jecki / C'est la faute au gouvernement. S'il faisait des transports plus rapides, on pourrait se balader un peu plus vite dans l'espace.

Krikou / On pourrait aller en vacances dans une autre galaxie.

Jecki / Seulement, c'est pas près de changer.

Krikou / Alors, c'est ça la terre ?

Jecki / Y'a personne.

Krikou / Paraît qu'il y'avait du monde dans le temps.

Jecki / C'est ce qu'ils disaient à l'école, mais on est sûr de rien.

Krikou / Paraît qu'ils auraient déménagé.

Jecki / Les loyers étaient trop chers ?

Krikou / On sait pas trop, mais paraît que ça commençait à chauffer pour eux.

Jecki / C'est vrai qu'il fait un peu chaud.

Krikou / Au moins, on va pouvoir bronzer.

Jecki / Attends. je vais ramasser des cailloux, comme souvenirs.


Krikou / Faut toujours que tu ramènes des conneries.

Jecki / Y'a pas de boutique ici. D'habitude, quand y'a des boutiques, tu peux ramener des trucs typiques. Des stylos, des yoyos, des machins que tu colles sur un frigo. Mais là, rien.

Krikou / (En montrant le sol) Oh ! Regarde ! Y'a un truc !

Jecki / Où ça ?

Krikou / Là, un truc qui dépasse. (Il se met à genoux)

Jecki / (Il se met aussi à genoux) Je n'vois rien.


Krikou / Mais si ! Là !

Jecki / Ah ben oui. Qu'est-ce que c'est ?

Krikou / On dirait que c'est un poil.

Jecki / La vache, on a trouvé un poil.

Krikou / Et quand y'a un poil, ça veut dire que y'avait d'la vie.

Jecki / Comme quoi, la planète aurait vraiment été habitée.

Krikou / Faut croire.


Jecki / C'est un poil de quoi ? De mammouth ? De bison ? On en a chez nous.

Krikou / Non. C'est trop petit.

Jecki / C'est pas un animal ?

Krikou / Et si c'est pas un animal, c'est un.. ? Non ? Je l'crois pas.

Jecki / Un poil humain ?

Krikou / Faut croire.

Jecki / C'est une sacrée découverte. Qu'est-ce qu'on fait ?

Krikou / D'abord, fais gaffe. Faut pas qu'il s'abîme. C'est trop précieux.


Jecki / (Il met le poil dans une petite boîte) Hé ! Première fois qu'on vient ici, et on tombe là-dessus ! On a un sacré coup d'bol.

Krikou / On va le donner à un laboratoire. Comme ça, on saura quel âge il a ?

Jecki / Et avec ça, on va devenir célèbre. Peut-être même qu'on aura le prix Nobel !

Krikou / Ce serait normal.

Jecki / Bon. On repart tout d'suite. C'est une découverte pour la science

Krikou / Et un grand pas pour l'humanité !

Jecki / Ca c'est sûr. C'est pas tous les jours qu'on trouve un poil de cul.

LA FAUTE A NEWTON (JP mourice)

2 hommes (ou femmes) / 1 homme

Derrière un bureau, un journaliste

Gabriel (ou Gabrielle) Bonsoir. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser d'interrompre votre émission, mais nous venons d'apprendre qu'Isaac Newton, le célèbre physicien anglais, vient d'être victime d'un événement personnel. Nous n'en savons pas plus pour l'instant, aussi, nous allons tout de suite interroger, notre envoyé spécial qui s'est rendu sur les lieux. Camille ? Avez-vous des informations

Une lumière s'allume dans un coin de la scène. Camille tient un micro.

Envoyé spécial / Oui Gabriel. Nous avons peu d'informations, mais d'après le chef des pompiers, Isaac Newton aurait reçu une pomme sur la tête.

Gabriel / Une pomme ?


Envoyé spécial / Une pomme. Une chute de pomme, qu'il n'aurait pas vu venir.

Gabriel / Comment va t-il ?

Envoyé spécial / On a peu de détails, mais il a été transporté d'urgence à l'hôpital.

Camille / Et sait-on si. Si..

Envoyé spécial / Il n'est pas mort. Mais d'après le responsable des pompiers, ça aurait pu être plus grave.

Camille / Plus grave ?

Envoyé spécial / Il aurait pu prendre le pommier sur la tête, vu que ce serait un vieux pommier.

Camille / Ah ! Et a t-on une explication ? Une piste ?

Envoyé spécial / La police se refuse à tous commentaires.


Camille
/ Était-il menacé ? .. Avait-il des ennemis ? Une piste terroriste.. ? Était-il marié ?

Envoyé spécial / A ce stade, la police n'écarte aucune hypothèse.

Camille / Des témoignages, peut-être ?

Envoyé spécial / Oui. j'ai ici, monsieur..

Robert / Robert.

Envoyé spécial / Robert, vous êtes du coin ?

Robert / Ah ça, pour sûr ! Je suis toujours dans l'coin. Et Monsieur Newton, je l'connais bien, c'est mon voisin.

Envoyé spécial / Et donc, au moment des faits, vous étiez.. ?

Robert / Chez moi. je regardais la télé.

Envoyé spécial / Et alors ?

Robert / Quand j'ai vu qu'on en parlait à la télé, je suis v'nu aussitôt.

Envoyé spécial / Bien. Et vous devez être triste.


Robert / Ah non ! Ce s'rait ma femme, j'dis pas, mais c'est que mon voisin.

Envoyé spécial / Euh.. et donc ?

Robert / J'ai rien vu, et j'ai rien entendu.

Envoyé spécial / Vous êtes sûr ?


Robert / Oui. mais ça m'étonne pas.

Envoyé spécial / Ca ne vous étonne pas ?

Robert / Les pommes, elles sont même pas mûres qu'elles sont déjà pourries ! Et tout ça, c'est la faute à l'échauffement climatique ! Un d'ces jours, faudra ouvrir les f'nêtres en hiver ! Et qu'est-ce qu'il fait le gouvernement ? Hein ? Qu'est-ce qu'il fait ?

Envoyé spécial / Oui. Robert. Euh.. merci Robert.

Robert / (Il crie) Tous des pourris !

Gabriel / Très bien. Et sinon, Camille, pour monsieur Newton ?

Envoyé spécial / D'après le chef des pompiers, il aurait fait une déclaration.

Gabriel / Une déclaration ?

Envoyé spécial / Attendez (Il lit un papier) "Deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré de la distance de leurs centres de gravité".

Gabriel / C'est pas un peu sexuel ?

Envoyé spécial / On sait pas ; après, il est tombé dans les pommes.

Gabriel / Ca veut dire quoi ? Y'a sûrement un message ?

Envoyé spécial / (A Robert) Un commentaire, peut-être ?

Robert / Faut pas l'écouter. L'Newton, je l'connais bien, on s'parle pas, il dit toujours n'importe quoi. et après ce qu'il vient de se prendre sur la tronche, vous pouvez lui faire confiance : il a pas fini d'en dire, des conneries !

VACANCES DE RÊVE (JP Mourice)

3 comédiens : 1 homme, 1 femme, 1 homme ou femme

A un comptoir d'hôtel, le serveur attend les clients.

Hôtelier (ère) / Bonjour messieurs dames. Vous avez bien dormi ?

Gisèle / Bien dormi ? Pas vraiment!


Hôtelier / Ah bon ? Y'avait du bruit ?

Paul / Oh non ! Pour ça, c'est très bien. On n'entend rien.

Gisèle / Ca c'est vrai. Tellement on n'entend rien, ça pourrait faire peur.

Hôtelier / C'est normal. On a tout bétonné, alors les bruits d'animaux.., de ce coté là, on est tranquille. D'ailleurs, on n'en voit presque plus.

Gisèle / Tant mieux ! Parce qui si y'a bien quelque chose, que je déteste, c'est d'entendre des cris d'animaux.

Hôtelier / Je suis bien d'accord avec vous. Chacun chez soi ! Nous, est-ce qu'on va dormir dans leur forêt ?

Paul / Y'a une forêt ?

Hôtelier / Y'avait une forêt ? Mais avec les arbres, ça les attirait trop. Alors on a tout rasé.

Gisèle / Par contre, si je peux me permettre, je trouve qu'il fait un peu chaud.

Hôtelier / Trente degrés au moins de février ! A Dunkerque ! C'est l'idéal.

Paul / C'est vrai que dans l'Sud, ils ont cinquante degrés.

Hôtelier / Et ici, vous pouvez vous baigner tandis que dans l'sud, les touristes, ils hésitent. L'année dernière, les requins en ont bouffé vingt sept.

Gisèle / En plus, dans la chambre, le ventilateur est en panne.

Hôtelier / C'est normal. Maurice ne travaille pas la nuit.

Paul / C'est qui, Maurice ?

Hôtelier / Un réfugié climatique ; C'est lui qui pédale dans la cave. Il fournit la lumière et les ventilateurs.

Gisèle / Il fait toute l'électricité ?

Hôtelier / Ah non ! Faut mieux acheter des piles. Avec une pile dans le ventilateur, vous avez huit heures de fraîcheur.

Paul / On peut en acheter ?

Hôtelier / Il doit m'en rester.

Gisèle / C'est combien ?

Hôtelier / Cinquante euros. (Ou plus)

Gisèle / Cinquante ?

Hôtelier / Sinon, j'ai des bougies. C'est moins cher, les bougies.

Paul / Autant coucher dehors.


Hôtelier / Oui, mais sur la terrasse, c'est déjà réservé par des esquimaux.

Gisèle / Et sinon, la douche ?

Hôtelier / Elle ne marche pas.

Gisèle / Comment vous savez ?

Hôtelier / C'est rare qu'elle fonctionne.

Gisèle / Et pourquoi qu'elle ne marche pas ?

Hôtelier / Parce que y'a pas d'eau.

Gisèle / Y'a pas d'eau ?

Hôtelier / On en a eu. mais on en n'a plus

Gisèle / Mais on la paye, la flotte !

Hôtelier / J'ai bien de l'eau minérale, mais c'est très cher.

Gisèle / Mais comment qu'on va faire ?

Hôtelier / Vous pourriez peut-être vous frotter avec du sable. Au Sahara, c'est comme ça qu'ils font.

Paul / Avec du sable ?

Hôtelier / Sur la plage, y'a que du sable, et en plus, c'est gratuit.

Gisèle / (Pas aimable du tout) Mais moi, je veux de la flotte !

Hôtelier / Pardon ?


Paul / Faut excuser ma femme, elle est très propre.

Gisèle / (Très très énervée) Je veux d'la flotte !

Hôtelier / Je vais voir ce que je peux faire.

Gisèle / Ah non ! Tout d'suite !

Hôtelier / D'accord.. Ce n'est pas la peine de vous énerver, je vais appeler le service des eaux.


Gisèle / Y'a intérêt.

Hôtelier / Alors, vous retournez dans votre chambre. Vous vous mettez sous la douche et vous attendez.

Paul / Faut attendre longtemps ?


Hôtelier / Ca dépend, mais faudra bien rester sous la douche, parce que, quand ça coule, des fois, ça ne dure pas plus de une minute, ou alors deux, mais c'est rare.


Gisèle / On y va tout d'suite.

Paul et Gisèle vont dans leur chambre. L'hôtelier téléphone à Maurice.

Hôtelier / Allô Maurice ? J'ai une urgence. La numéro quatre ! Ils veulent prendre une douche. Tu t'en occupes ? (Il raccroche) Ah ces touristes..

Maurice / (Il entre. Il est vêtue comme un sorcier indien) C'est quelle chambre ?

Hôtelier / La quatre. Et c'est des vrais emmerdeurs.


Maurice / Ok. C'est parti !

Ensuite, Maurice exécute une danse de la pluie en psalmodiant. Il peut aussi aller faire son numéro dans le public.

Hôtelier / C'est bien, Maurice Je cois que ça suffit. Maintenant, ce serait bien que t'ailles un peu pédaler dan la cave. J'ai pas encore pris mon café.

Note / Le sorcier peut aussi intervenir entre quelques sketches, voire à l'entracte

LES ROIS DE LA RECUP (JP Mourice)

2 hommes

Louis / Salut Gaby ! Alors ? Quoi d'neuf ?

Gaby / Rien, mon ami(e) ; j'ai que du vieux.

Louis /Ah bon ?

Gaby / Tiens. Mes vêtements? T'as vu comment je suis habillé ? Maintenant, je ne fais que dans l'ancien.

Louis / Oui, j'ai remarqué.. Avec ça, tu passes pas inaperçu. Tu l'as acheté où ?

Gaby / Je ne l'ai pas acheté, je l'ai trouvé dans un magasin de deuxième main.

Louis / C'est pas à toi ?


Gaby
/ Maintenant, c'est à moi, et dans dix ans quand il sera usé, ça pourra faire un short. Tu peux m'faire confiance, je vais l’garder jusqu'au bout.

Louis / Tu fais de la récup ?

Gaby / Et c'est pas fini. Bientôt, je m'habillerait directement avec un sac poubelle.

Louis / En plastique ?

Gaby / T'as raison, je mettrai des fougères. .. Sinon je ne mets que des trucs qui ont déjà servi.

Louis / Mais pourquoi ?

Gaby / Pour sauver la planète. T'es au courant ? On est en train de tout piquer à la planète. Alors, moi j'ai décidé de faire un geste pour sauver les restes.

Louis / Je suppose que tu fais aussi les poubelles.

Gaby / Impossible ! Y'a trop de concurrence. J'achète, mais que des trucs démodés.

Louis / Des trucs démodés ?

Gaby / Tiens, le café. Terminé le café ! Quand tu bois une tasse de café, tu t'attaques à la planète. Alors, maintenant, je ne prends plus que de l'orge.

Louis / De l'orge ?


Gaby / L'orge, c'est dégueulasse mais c'est l'avenir. Et attention ! De l'orge pas moulu ! Tous les matins, je moue un kilo. A la main ! En même temps, ça me fait faire de la muscu.

Louis / Et ta bagnole ? T'as toujours une bagnole ?

Gaby / Deux chevaux.

Louis / T'as une deux chevaux ?

Gaby / Non. Deux chevaux. je mets la carriole derrière, et hop, c'est parti !

Louis / Tu vas au boulot en carriole !


Gaby / Ah non ! J'y vais plus. Vingt kilomètres par jour aller retour ! C'est pas moi qui vais vider les énergies fossiles !

Louis / T'as quitté ton boulot ?

Gaby / Maintenant, on est dans l'autosuffisance. je m'auto-suffis.

Louis / La vache !

Gaby / On en a une. Pour le lait du matin, et pour tondre la pelouse.

Louis / Et pour le chauffage ?

Gaby / Je mets des pulls. Des pulls fait main. Tiens, sens moi ça, ça sent l'mouton.

Louis / Et pour laver tes affaires, tu fais comment ?


Gaby / Le lavoir !

Louis / Tu laves ton linge au lavoir ?

Gaby / Ben non, c'est ma femme, pourquoi ?

Louis / Ta femme va au lavoir.

Gaby / Ben oui. La nouvelle.

Louis / T'as changé d'femme ?


Gaby / Forcément. L'autre, elle voulait rien foutre.

Louis / Et elle est comment, ta nouvelle femme ?

Gaby / Physiquement, y'a mieux. Mais elle est très sympa. Jamais un mot de travers. Elle parle pas ma langue. Mais elle est très contente. A son âge, pour elle, c'était inespéré..

Louis / A son âge ? Elle a quel âge ?

Gaby / Je ne sais pas trop, mais elle a tout de suite été d'accord. Le cou d’bol, une vraie occase ! Elle allait rentrer en maison de retraite.

Louis / C'est pas possible ?


Gaby / Je te l'dis, faut faire dans l'ancien. Les jeunes, ça n'veut plus bosser. C'est un peu comme un viager, sauf que moi, j'ai pris que la grand-mère.


Louis / Et pour le...


Gaby / La voisine. Son mari en a marre ! Alors, je la dépanne.

Louis / Elle fait quoi, ta grand-mère, dans la journée?

Gaby / Le lavage, la cuisine, le ménage, elle bricole.

Louis / C'est tout ?


Gaby / Ah ben non ! A cet âge là, elles n'aiment pas rester sans rien faire. Quand elle a cinq minutes, elle tricote. Elle fait des pulls. Après j'en vends aux voisins.

Louis / Et ça rapporte ?


Gaby / Ca paye l'avoine pour les chevaux.

UN BOUT D'BOUDHA (JP Mourice)

2 comédiens : Mari Yogi / Épouse

Un homme assis, en position du lotus (ou sur une chaise)

Mari yogi / Om.... Om.....Om...

Son épouse entre

Épouse / Encore en train de rien faire.

Mari / Om..

Épouse / Tous les jours, monsieur s'assoit et moi, pendant ce temps là, je bosse.

Mari / Om...

Épouse / Om ! Tu sais dire que ça. Om. Om. Ca c'est un homme, c'est sûr.

Mari / Om..

Épouse / Il m'énerve avec ses om à la noix. J'peux en faire autant. (Elle écarte les bras) Ooooom ! Oooom... Faîtes quelque chose ! .. Om.. J'ai épousé un fainéant !

Mari / Om..

Épouse / Depuis que monsieur a regardé un reportage en Inde, monsieur est tombé sur la tête.

Mari / Om..

Épouse / Monsieur médite. Monsieur est à fond dans la méditation. Et moi, je suis à fond dans l'ménage. Oh, tu m'écoutes ?

Mari / Om..

Épouse / Bien sûr qu'il m'écoute. Il n'est pas sourd ! Seulement, monsieur est ailleurs. Je me suis renseignée. Il lévite. Il flotte. Il vole. Il survole. Il est au dessus de tout.

Mari / Om..


Épouse / Et pour le ménage, il est au dessous de tout ! ... Feignasse !

Mari / Om...


Épouse / L'aspirateur.. Il ne sait pas c'que c'est.. Le ménage.. (Elle écarte les bras et présente la paume de ses mains vers le plafond) Il peut pas, il a les mains occupées.

Mari / Om...

Épouse / La cuisine... Il n'y est jamais allé. (Chuchoté) Il n'a pas l'temps, il visite le monde.. (Crié) Il va partout, mais dans la cuisine, jamais !

Mari / Om..

Épouse / Bon. Que j'te mette au courant. On a un problème.


Mari / Om

Épouse / Avec lui, y'a jamais d'problème. Suffirait d'attendre un peu et ça se règle tout seul. Paraît que c'est le cosmos qui s'occupe de tout.

Mari / Om

Épouse / Il fait ça pour son karma. Le karma c'est quand a c'qu'on mérite, mais paraît que si on est réincarné, après on peut avoir mieux si on a été gentil.

Mari / Om.

Épouse / Je sais pas si c'est vrai, ces conneries, mais moi, dans mon prochain karma, il ne s'ra pas d'dans !

Mari / Om..

Épouse / Quand t'auras fini, faudra que tu regardes les robinets, ça n'coule plus !

Mari / Om.

Épouse / C'est ça. De la flotte. Et la flotte, si ça tombe du ciel, ça coule pas toujours dans les robinets !

Mari / Om..

Épouse / Alors tu me faire le plaisir de t'en occuper, sinon, ce midi tu bouffes cru.

Mari / Om...

Épouse / Je parlerai à une ampoule, ce s'rait pareil. Bon, ben m'as compris ? Si tu fais rien, tu bouffes plus !

Elle sort. Son mari attend un peu puis sort un téléphone de sa poche

Mari / Allô ? La plomberie "Au bon tuyau" ?. Oui.. Marcel Ladure à l'appareil ! Oui. C'est une urgence. On n'a plus d'flotte ! Ah, vous pouvez pas. Ok.. J'ai compris. (Il raccroche) J'envoie quelqu'un !

Après quelques secondes, Maurice entre et fait la danse de la pluie puis repart. L'épouse revient ensuite.

Épouse / Abruti ! Qu'est-ce que t'as encore foutu ? Il pleut dans la cuisine !

DÉBAT AU SOMMET (JP Mourice)

3 hommes (ou femmes

Après le drame subi par Newton, le journaliste organise un débat.

Journaliste / (Sur un ton grave) Ce soir, étant donné l'actualité, après le drame subi par monsieur Newton, nous vous proposons un débat afin d'examiner l'ampleur du drame, mais aussi ses conséquences qui seront sans doute immenses. Pour cela, j'ai invité deux spécialistes, monsieur (ou madame) Dumounouski, membre de l'académie des sciences, professeur de chimie orientale à la la Sorbonne, et qui a fait une thèse très connue dans le monde scientifique sur la vie des cafards thaïlandais en milieu fermé. C'est bien cela ?


Dumounouski / Tout à fait.

Journaliste / Et qui est venu également avec son livre : Qu'est-ce qu'il y'a quand il n'y a rien ?

Dumounouski / Tout à fait.

Journaliste / Et à ma gauche, je ne le présente plus, Dominique Bieralo, grand reporter, qui ne cesse de parcourir le monde et qui vient de terminer son livre sur les plus grandes recettes de compotes de pommes à travers la planète.

Bieralo / Des pommes à couteaux.


Journaliste / Alors. Entrons tout de suite dans le vif du sujet. Que pensez-vous de l'affaire Newton. (Il fait signe à Dumounouski)

Dumounouski / D'abord, je dois dire que je ne suis pas du tout surpris.

Journaliste / Ah Bon ?

Dumounouski / Newton est très connu. Et, lorsque l'on est très connu, on est en quelque sorte une cible.

Journaliste : Une cible ? Vous pensez qu'il aurait été victime d'un attentat ?

Dumounouski / Je n'irai pas jusque là, mais c'est possible. Moi-même, un jour, on m'a dégonflé un pneu de mon vélo.

Journaliste / On vous a dégonflé votre vélo ?

Dumounouski / C'est assez vieux, mais je m'en souviendrai tout ma vie. C'était le lendemain de Noël, un vélo tout neuf.

Journaliste / On vous a dégonflé votre vélo ! Et vous n'avez rien dit à l'époque ?


Dumounouski / Ma mère a étouffé l'affaire.

Bieralo / Je comprends. Moi, un jour, au Groenland, j'ai vu homme avaler un kilo d’beurre de travers. Mais je n'ai rien dit, j’allais pas en faire tout un fromage.

Journaliste / Euh.. Et Newton ?

Dumounouski / Qui ça ?

Journaliste / Newton.

Dumounouski / Ah oui.

Journaliste / Qu'est-ce qu'on peut en dire ?

Bieralo / D'abord, c'était un scientifique.

Dumounouski / Tout à fait.

Bieralo / Mais alors, si on l'écoutait, on serait bien dans la..


Dumounouski / Jusqu'au cou !

Bieralo / Prétendre que la pomme tombe par terre parce qu'elle est attirée par la terre et que, d'après monsieur Newton, tous les corps auraient tendance à s'attirer entre eux, j'en ai entendu, des conneries, mais là..

Dumounouski / Les corps sont attirés entre eux. Bon, un homme et une femme, je n'dis pas.

Bieralo / C'est pas obligé. ils peuvent être pareils.


Dumounouski / C'est pas faux. Mais avec des corps morts ? Tout de même ? Faisons une expérience. Mettons un pomme par terre, pour faire plaisir à monsieur Newton, et mettons en une seconde à un mètre. Et bien vous pouvez attendre mille ans, jamais les deux pommes n'arriverons à s'toucher !

Bieralo / E les plumes ? S'il avait pris une plume sur la tronche, là on pourrait dire que la tendance naturelle de tout objet se trouvant en l'air est de tomber en bas.

Journaliste / En même temps, si c'était pas vrai, y'a longtemps qu'on se serait envolés et qu'on aurait disparu dans l'espace.

Dumounouski / Évidemment. y'a les septiques. Mais moi je sors de l'institut !

Bieralo / J'ai connu une tribu en Amazonie du Sud qui prétend que la terre est plate.

Dumounouski / C'est vrai qu'avec leur forêt vierge, ils ne doivent pas voir grand chose. Ils ont l'horizon bouché.


Bieralo et Dumounouski rient tous les deux


Dumounouski / La terre n'est pas plate, bien sûr. C'est pas comme ma belle-sœur (Il rit) Pardonnez moi. Disons qu'elle est simplement un peu arrondie.. Sur les bords.

Bieralo / Sa belle sœur (Tous deux rient)

Journaliste / Euh... La terre n'est pas plate ?

Bieralo / Si la terre était plate, comment qu'on ferait le tour du monde ?


Dumonouski / (Fatigué) Faut toujours expliquer.


Bieralo / Et encore, on ne dit pas tout.

Dumounouski / Et chez toi, ça va ? Toujours avec Monique ?


Bieralo / Oui. D'ailleurs elle t'embrasse.

Dumounouski / Faudrait que tu viennes à la maison. Justement, dimanche, y'a du ragoût.


Bieralo / Je n'dis pas non.

Journaliste / Euh... Messieurs.

Bieralo et Dumounouski / (Pas aimables) Comment ?

Journaliste / On va devoir arrêter. Nous arrivons à la fin de l'émission.


Dumounouski / Ta grand-mère fait toujours du vélo ?

Bieralo / Ben non, elle ne voulait plus se droguer.

Tous les deux rient

Journaliste / Euh.. . Chers téléspectateurs, et téléspectatrices, je vous invite maintenant à regarder un grand documentaire sur la culture de la betterave en Patagonie, un reportage passionnant et qui obtenu le grand prix de la critique au festival de Chantilly. .. Bonsoir...

Bieralo / Et la petite charcutière (ou charcutier) à côté de chez toi, elle est toujours dans l'commerce ?


Dumounouski / Plus ou moins..

Le journaliste est ennuyé


Bieralo / J'adore le saucisson..

Journaliste / (Il crie) Coupez !

L'INVENTION DE L'HOMME (JP Mourice)

Pendant la préhistoire, l'invention de la roue

Femme (En tenue préhistorique, fourrure)

Homme (tenue préhistorique)

Femme / (Énervée) Qu'est-ce tu fous ?

Homme / Je bricole.

Femme / Il bricole.. Tu parles d'un bricoleur. Même pas foutu d'inventer un briquet pour faire du feu.

Homme / J'ai pas fait les études !

Femme / Ah ils sont beaux, les débuts de l'homme. Mais la femme, faut qu'elle se démerde. On la fait vivre dans une grotte. Pas chauffée. Y'a même pas l'eau courante, ou alors faut appeler l'cinglé avec sa danse à la con.

Homme / T'es toujours en train de te plaindre.

Femme / Forcément que je m'plains. Quand il fait trop chaud, faut que j'aille chercher la flotte à trois kilomètres.

Homme / T'es jamais contente. Pourtant, j'en invente tous les jours.


Femme / Ah ça oui ! T'en inventes tous les jours. c'est comme ta chauve-souris empaillée ! Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?


Homme / C'est décoratif.

Femme / Décoratif. Tu y'es bien, toi, décoratif. Et c'était quoi déjà, hier, c'que t'as inventé ?

Homme / Une arme de guerre. Pour chasser de loin le gibier sauvage.


Femme / Tu parles d'une invention. Un bout de bois, Un bout de boyau tendu et un machin pointu.

Homme / Mais ça marche !

Femme / Ca c'est sûr que ça marche. Hier, t'as tué le voisin avec !

Homme / Faut bien que j'apprenne.


Femme / Résultat, ça fait des histoires avec les voisins.

Homme / Je me suis excusé.

Femme / C'est ça. Et l'autre jour, c'est quoi que t'as inventé ?

Homme / L'eau chaude.

Femme / Ah oui. monsieur a trouvé une source volcanique. Parce que monsieur s'imagine qu'on pourrait faire cuire des trucs au bain Marie. Alors, moi, comme une imbécile, je l'ai cru. Résultat, je me suis brûlée. Tout ça parce que je suis tombé sur le mec qu'a inventé l'eau chaude.


Homme / T'est toujours contre le progrès

Femme / Le progrès, le progrès, mais ça s'arrêtera jamais, tes conneries ?


Homme / C'est plus fort que moi, je suis un scientifique.

Femme / Un scientifique. Et là, c'est quoi que t'es en train d'inventer ?

Homme / Je suis en train d'inventer la roue.

Femme / La roue ? C'est quoi, une roue ?

Homme / C'est un truc qui permet d'avancer.


Femme / Pour aller où ?

Homme / Partout.

Femme / Parce qu'avec tes pieds, tu n'peux pas avancer ?


Homme / Si, mais là, on peut avancer en étant assis.


Femme / En étant assis. Qu'est-ce qu'il faut pas entendre !

Homme / On met quelque chose dessus, et puis on s'assoit et on met un bison devant.

Femme / Un bison ?

Homme / Un bison ou un ch'val.

Femme / On n'a pas encore domestiqué l'cheval ? Mais je te vois venir ; c'est encore bobonne qui faire l'cheval. Parce que la meilleure invention de l'homme, le machin qui fait tout et qui n'coûte pas cher, c'est Bibi.

Homme / Faut penser à l'avenir.

Femme / Il est beau l'avenir. Et alors, c'est comment, la roue de monsieur ?

Homme / Comme ça. (Il la montre. c'est une roue carrée)

Femme / C'est une roue, ça ?

Homme / Oui madame. Et c'est pour toi. Pour ton anniversaire !

Femme / Mon anniversaire ! Tu parles d'un cadeau, ça m'étonnerait qu'on aille loin avec un engin pareil

Homme / Un bisou ?

Femme / Tu peux t'brosser. (Elle prend la roue) Bon. En attendant, j'en fais quoi, moi ?

Homme / Je sais ! Un collier !

Femme / Un collier ?

Homme / Ca te mettrait en valeur.

Femme / En valeur ? Faut le mettre où ?


Homme / Autour du cou.

Femme / (Elle le met) Alors ? Comment tu m'trouves ?


Homme / Ca change tout.

femme / Tu dis pas ça pour me faire plaisir ?

Homme / Y'a que toi qui peut porter ça.


Femme / Bon. et bien, je vais l'garder;

Homme / Une femme, faudrait toujours qu'elle ait un collier.

Femme / Avec mon nom dessus ? Ca c'est gentil. Euh.. Merci.

Homme / Et ma chauve-souris empaillée ?

Femme / La chauve-souris..

Homme / Elle sent un peu, mais on s'habitue.

Femme / Passe la moi ! Je vais en faire un abat-jour.

JE SUIS LE MEILLEUR (JP Mourice)

Homme + Voix féminine

Un spermatozoïde pénètre (sur scène) et s'apprête à faire le grand saut.

Supermato / Salut ! C'est moi, Supermato. J'ai eu du mal à arriver Mais ça, y'est ! J'y suis. On était trois cent millions, et c'est moi qu'a gagné ! Preums ! Au départ, c'était pas du tout dans la poche. Mais moi, je m'suis dit : faut rien lâcher. Et c'était pas gagné ! Je suis parti à fond la caisse. Y'en avait déjà plein devant, mais moi, à la course, faut pas m'chercher.

Y'en avait un devant, un p'tit? Paf ! Un coup sur la tronche ! De toutes façons, dans le monde d'aujourd'hui, il aurait aucune chance. Y'a pas de place pour les p'tits. Et puis après, y'en avait un, à croire qu'il courait avec des béquilles, je l'ai doublé comme une fleur. J'ai pas eu d'mal, c'était une fille.

Celui qui l'précédait, un vrai dur. Que du muscle ! Mais heureusement, pas d'cervelle, J'ai crié qu'on l'demandait au téléphone ; Il m'a cru, l'abruti. De toutes façons, y'a pas d'place pour les abrutis dans le monde d'aujourd'hui, ou alors, à la télé. Y'a des émissions spéciales ; si t'en tiens une couche, t'es pris tout d'suite !

Je suis l'meilleur. C'est la sélection naturelle. Et après,je vais devenir un beau bébé. Oui. parce que les bébés, c'est pas les cigognes ! C'est Bibi.

Voix / Oh Chéri !

Supermato / Qu'est-ce que j'disais. Je m'disais aussi. Ca commence à chauffer.

Voix / Chéri ! Chéri !

Supermato / C'est beau l'amour. Et maintenant, on va attaquer la phase finale.

Voix / Ou oui ! oh ! oui !

Supermato / Merde. On discute, on discute, et je vais rater l'final. (Il part en criant) Tenez bon ! J'arrive !

LES TOURISNAUTES (JP Mourice)

4 comédiens : 2 hommes, 2 femmes

Deux extra-terrestres arrivent sur terre. ils rencontrent un couple de terriens. Quand ils se déplacent, les tourisnautes sautillent.

Homme de l'espace / Bip Bip

Femme de l'espace / Bip Bip Bip

Homme de l'espace / Bip Bip Bip Bip

Femme de l'espace / Euh.. Bip.

Un terrien et son épouse entrent sur scène

Terrien / Messieurs dames.

Homme de l'espace / Bip bip bip bip bip

Terrienne / Qui qu'y dit ?

Terrien / J'en sais rien, c'est encore des étrangers !

Terrienne / Ca doit être un couple en vacances.

Femme de l'espace / Bip bip bip bip bip bip bip Bip bip !

Terrien / T'as raison, et elle, c'est sûrement sa femme. Elle parle plus.

Homme de l'espace / Bip Bip ?

Terrien / Nous, pas comprendre.

Homme de l'espace / Bip. (Il fait signe d'attendre et appuie sur un bouton) Nous venons de la voie lactée.

Terrien / Nous, on vient du Périgord.

Terrienne / La voie lactée ? Vous faîtes du beurre ?

Homme de l'espace / Plaît-il ?

Terrien / Ma femme, è d'mande si vous êtes dans l'beurre ?

Femme de l'espace / C'est quoi, le beurre ?

Terrienne / Ca alors, ils connaissent pas l'beurre !

Terrien / C'est sûr, ils sont pas du coin.

Homme de l'espace / Veuillez bien vouloir pardonner notre intrusion, bien qu'elle soit empreinte d'intentions amicales, mais nous ne connaissons pas les us et coutumes des peuples indigènes qui résident ici.

Terrienne / Ca alors ! Comment qu'y causent !

Terrien / Nous pas comprendre !


Femme de l'espace / En aucun cas, nous ne vous voudrions vous importuner par notre présence, mais nous sommes simplement venus ici pour, comment dire.. ?

Homme de l'espace / Veuillez patienter deux secondes, je vous prie. (Il fouille dans ses poches)

Terrien / Fais gaffe Marcel ! Il a sûrement un revolver.

Terrien / Vous pas tuer nous ! Nous, français !

L'homme de l'espace sort un dictionnaire et cherche le mot

Terrien / C'est quoi, son machin ?

Terrienne / J'en sais rien, mais s'y s'rapproche, je lui tape sur la gueule !

Homme de l'espace / (Très content) Inspecter !

Terrien / Merde ! Ils sont de la police.

Terrienne / On n'a rien fait !

Homme de l'espace / Police ?

Terrienne / Ils sont pas de la police.

Femme de l'espace / Nous désirons échanger avec des indigènes.

Terrienne / Qui qu'è dit ?


Terrien / Elle veut t'échanger.

Terrienne / Avec mon mari ?

Terrien / Nous pas intéressés. Nous mariés. Nous, complets.

Homme de l'espace / Nous avons pour objectif de vérifier l'état de votre monde. Par exemple, sa pollution, sa propreté..

Terrienne / Qui qu'y dit ?

Terrien / Il demande si tu t'es lavée c'matin ?

Terrienne / Qui qu'ça peut vous foute ?

L'homme et la femme de l'espace ont alors une discussion assez longue

Homme et femme de l'espace / Bip bip bip ip bip bip bip bip bip bip bip ...

Terrienne / Si on dérange, faut l'dire !

Homme de l'espace / Nous sommes enchantés de vous avoir rencontrés mais nous souhaitons prendre contact avec un interlocuteur qui pourrait nous expliquer comment votre terre évolue afin que nous puissions faire notre rapport à nos supérieurs.

Terrien / Ah non ! Pas de rapports !

Femme de l'espace / Peut-être pourriez-vous nous indiquer un contact possible afin que nous puissions repartir ensuite d'où nous venons, car nous ne voudrions pas rentrer trop tard.


Homme de l'espace / Ce n'est pas très loin, c'est à une année lumière, mais nous n'aimons pas être en retard.

Femme de l'espace / Qui qu'y dit ?


Terrien / Qu'on n'est pas des lumières.


Terrienne / Alors.. Puisque c'est comme ça, je sais ben où vous allez pouvoir trouver quelqu'un. Justement, j'en connais un, ou plutôt une. Elle, c'est sûr, elle va tout vous raconter.

Terrien / Tu les envoies chez la mère Laf'nète. !

Terrienne / T'occupes. ! Alors, vous prenez à droite là derrière moi, et vous allez la voir tout d'suite. Celle-la, on peut pas la rater.


Femme de l'espace / Ah merci ! Votre proposition nous sied tout à fait.

Homme de l'espace / Nous vous exprimons notre profonde gratitude et nous avons la joie de vous manifester nos remerciements distingués.

Terrienne / Y'a pas d'quoi !

Terrien / A la r'voyure !


Les extra-terrestres partent en sautillant dans les coulisses


Homme et femme de l'espace / Bip bip bip bip etc..

Après quelque instants, on entend le meuglement d'une vache auquel répondent les tourisnautes.

Homme et femme de l'espace plus vache / Meuh .. Bip! ! Meuh meuh ! Bip bip etc...

Terrien / Non ? Tu les as envoyés voir la vache !

Terrienne / La Marguerite, elle cause à tout l'monde.

Terrien / Ils ont l'air de s'comprendre.

Homme et femme de l'espace plus vache / Meuh .. Bip! ! Meuh meuh ! Bip bip etc...

Terrien / La Marguerite, elle a l'air d'avoir des choses à dire.

Terrienne / Ca a toujours été une bavarde.

Homme et femme de l'espace, plus voix vache / Meuh .. Bip! ! Meuh meuh ! Bip bip etc...

Terrien / A ton avis, qui qu'y disent ?

Terrienne / Des conneries.

LA BOITE DE PANDORE (JP Mourice)

2 hommes

Camille / Ca alors, Cassandre ! Ca fait longtemps qu'on s'est pas vus.

Cassandre / C'est parce que j'ai eu pas mal de changement dans ma vie.

Camille / Ah bon ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Cassandre / J'ai changé de boulot.

Camille / T'as changé d'boîte ?

Cassandre / Maintenant, je travaille dans une grosse boite.

Camille / C'est une boîte de quoi ?

Cassandre / Une boîte qui fabrique des boites à musique.

Camille / Comment t'as trouvé ?

Cassandre / J'ai écrit à la boîte.

Camille / T'as envoyé un message par internet ?

Cassandre / Non. Dans une boite à lettres. Et toi, t'as fait quoi ?

Camille / Moi, je me suis marié(e)

Cassandre / C'est pas possible. Avec qui ?

Camille / Une femme (Ou un homme)

Cassandre / Tu l'as trouvé comment ? Par internet ?

Camille / Non. Dans une boîte.

Cassandre / Dans une boîte ?

Camille / Une boîte de nuit.

Cassandre / Hé ! C'est mieux qu'une boîte de thon.

Camille / Comment ?

Cassandre / T'as raison. Au fait, tu sais comment on rentre dans une boîte de nuit ?

Camille / Avec un ouvre-boîte !

Cassandre / Ben non. Par la porte !

Camille / C'est nul comme blague.

Cassandre / Et alors, avec ta femme.. ?

Camille / Au début, ça s'emboîtait bien. Mais après, j'ai rencontré quelqu'un d'autre.


Cassandre / Dans une boîte de nuit ?

Camille / Dans une boîte, de jour.

Cassandre / Dans une boite de jour ?

Camille / Dans la journée. Dans la boîte où je travaille. C'était une nouvelle. On s'est parlés, alors, de fil en aiguille..

Cassandre / Tu fais d'la couture ?

Camille / J'ai une tête à avoir une boite à couture.

Cassandre / Qu'est-ce qu'elle faisait ?


Camille / Elle empilait des boîtes.

Cassandre / Et alors ?

Camille / Un soir, en sortant de la boîte, je lui ai emboîté le pas.


Cassandre / Et alors ?


Camille / Je lui ai proposé de faire un tour en voiture. J'ai mis en marche ma p'tite boîte à musique.

Cassandre / T'as une boîte à musique dans ta bagnole ?

Camille / L'autoradio. Ils passaient une chanson de Michel Josnasz. La boîte de Jazz.

Cassandre / Hé ! Et après, c'était dans la boîte ?

Camille / Alors, j'ai voulu prendre un truc dans ma boîte à gants.

Cassandre / C'est ça.. La boîte à gants...

Camille / J'ai vu l'camion, j'ai déboîté à toute vitesse, et je me suis retrouvé dans le fossé.

Cassandre / Et alors ?

Camille / Je boîte un peu, mais tout le reste, ça va ?


Cassandre / Forcément, t'avais quand même un peu ouvert la boîte à Pandores.

Camille / Les pandores ?

Cassandre / Les gendarmes.

Camille / Ah oui ! Les gendarmes ont fait le constat. Et ma femme aussi.

Cassandre / Et alors ?

Camille / Elle a compris tout d'suite, et elle avait pas besoin de chercher une boîte noire.

Cassandre / Mon pauvre vieux.. Et alors ?

Camille / Elle ma foutu dehors.

Cassandre / Y'a quand même des femmes qui n'sont pas sympa ! Et maintenant, tu fais comment ?

Camille / J'ai des boîtes de conserve.

Cassandre / En tout cas, tu t'en sors pas trop mal. T'aurais pu finir dans une boîte.

Camille / C'est pas drôle.

Cassandre / Oh ben, si on ne peut plus mettre les gens en boîte, c'est pas une vie.

Camille / Tu m'énerves avec tes boîtes.

Cassandre / Tu sais pourquoi tu t'en es sorti ?

Camille / Non, mais tu va me l'dire.

.
Cassandre / C'est grâce à l'instinct de conservation !

DIAGNOSTIC (JP Mourice)

3 comédiens (homme ou femmes)

Des médecins examinent la terre. Sur une table est posé un globe terrestre. Les médecins peuvent être vêtus comme dans les pièces de Molière. Ils peuvent aussi être aussi être habillés en clown.

Docteur Maboule / Oh la la la la ! Elle n'a pas l'air bien du tout.

Docteur Cinoque / Je dirai même plus, elle a l'air malade.

Docteur Maboule / Elle n'était pas comme ça avant.

Docteur Cinoque / Pourtant, je lui ai dit de suivre un régime.

Docteur Maboule / Des frites à la crème.

Docteur Cinoque / Ah ben non, des frites avec des frites.

Docteur Maboule / Mais forcément, madame n'en fait qu'à sa tête.

Docteur Cinoque / C'est toujours pareil, ça écoute pas les spécialistes.

Docteur Maboule / On dirait une p'tite vieille.

Docteur Cinoque / Presque 5 milliards d'année ; pour une planète c'est encore jeune.

Docteur Maboule / (Il pose la main sur le globe) Elle a d'la fièvre, elle est toute chaude.

Docteur Cinoque / A son âge, c'est pas normal.

Docteur Maboule / On va lui prendre sa température. (Il sort un énorme thermomètre) Avec ça, ça devrait suffire.

Docteur Cinoque / Vous en faîtes, vous n'sentirez rien. (Il lui prend la température (derrière le globe)

Docteur Maboule / Alors ?

Docteur Cinoque / Ca monte.

Docteur Cinoque / La vache ! 70 degrés.

Docteur Maboule / 70 ! Dans quel coin ?

Docteur Cinoque / En Sibérie. D'habitude, il fait moins chaud.

Docteur Maboule / En plus, en c'moment, là-bas, c'est l'hiver. (Il la touche) Ca brûle !

Docteur Cinoque / Faut pas la toucher !

Docteur Cinoque / Faudrait lui balancer d'la flotte.

Docteur Maboule / Y'en a plus. Ou alors, bouillante !


Docteur Cinoque / Je sais ! Pour la refroidir, faut souffler dessus.

Docteur Maboule / Bravo docteur !

Tous les deux se mettent à souffler sur le globe. Un troisième médecin entre.

Docteur Lentère / C'est ici pour l'autopsie ?

Docteur Maboule / L'autopsie ?

Docteur Lentère / On m'a appelé pour une urgence. Paraît que ce serait fini.

Docteur Cinoque / Pas encore.

Docteur Lentère / Alors, moi, je suis venu pour rien. J'ai pas qu'çà à faire !

Docteur Maboule / C'est pas d'notre faute.


Docteur Lentère / Vous pensez qu'elle en a encore pour longtemps ?


Docteur Cinoque / C'est difficile à dire.

Docteur Lentère / Je n'vais quand même pas attendre pendant dix mille ans. Elle souffre ?

Docteur Cinoque / Pourquoi ?

Docteur Lentère / Faut être humain !

Docteur Maboule / Vous voulez la.. C'est pas une décision facile..

Docteur Cinoque / Et puis, on ne sait jamais. Peut-être quelle va aller mieux.

Docteur Maboule / Y'a peut-être une chance.

Docteur Lentère / Qu'est-ce que vous compter faire ?

Docteur Maboule / Peut-être qu'une prière..

Docteur Lentère / Moi, je ne crois pas au Père Noël.


Docteur Cinoque / On va quand même essayer un traitement.

Docteur Lentère / Un nouveau vaccin ?

Docteur Maboule / Elle les a tous. Contre la rage, le tétanos, la diphtérie, la rougeole, la coqueluche, la grippe aviaire, la fièvre aphteuse, la Covid 2292..

Docteur Lentère / Avec vous, c'est sûr qu'elle y passe.

Docteur Cinoque / Pas encore / J'ai ce qu'il faut !

Docteur Maboule / Un médicament miracle ?

Docteur Cinoque / On va lui donner un cachet d'aspirine !

LA MARQUISE ET MONSIEUR MOLIÈRE

Pièce en un acte de Jean-Pierre Mourice

Synopsis : Molière est ennuyé. L'épouse du Marquis de la Roche Cassée veut absolument faire partie de la distribution de sa prochaine pièce. Cela ne l'enchante pas, et les membres de sa troupe non plus.

4 Personnages / 2 hommes, 2 femmes

Molière ....... 100 répliques

La Grange .. 36 répliques

Madeleine 38 répliques

Marquise .... 52 répliques (Épouse du Marquis de la Roche cassée).

  • Elle peut être aussi sa fille. (Adapter le texte en conséquence)

Décor minimum : (Ambiance 17ème siècle) Scène vide avec fauteuils (ou chaises). Peut se jouer en intérieur ou en extérieur

Costumes : 17ème siècle

Scène 1 / Molière, La Grange

La Grange est sur scène et semble attendre. Molière entre

Molière / Ah mon cher La Grange ! Que m'as tu prévu aujourd'hui ?

La Grange / Alors... A midi, tu as un souper chez le grand Chambellan.

Molière / Toujours des soupers ! J'en ai soupé, de ces soupers !

La Grange / Cet après-midi, promenade autour du grand bassin avec Monsieur.

Molière / Ce cher Philippe ! N'oublies pas de me préparer un peu de miettes pour les canards du bassin.

La Grange / Et tu dois rédiger un billet pour l'anniversaire de madame la Comtesse de la Tour.

Molière / Je dois en plus faire les anniversaires. Que ne faut-il faire pour que l'on vous considère ?

La Grange / La comtesse a la main longue. Un petit mot de toi suffirait à la contenter.

Molière / Je la contenterais bien autrement.. Ah, parfois je regrette le temps où nous étions sur les routes. Ceux qui venaient nous voir n'étaient point difficiles. Un coup de pied dans un derrière faisait rire toute une assemblée.

La Grange / Tu as tellement progressé.

Molière / Et je me dois chaque fois de progresser davantage. Tous ces courtisans, ces mange-merde sont tous à espérer que je commette une œuvre moins délicate et que le Roi se détourne de mon art.

La Grange / Ce serait étonnant, le roi t'adore

Molière / Il m'adore tant que je lui sers. Et si un jour, il trouvait à redire à mon sujet, tous les flagorneurs s'empresseraient d'y trouver leur compte ; je n'aurais plus qu'à retourner sur les routes où à quémander une faveur dont on me ferait languir pendant longtemps.

La Grange / Tu aurais pu reprendre l'affaire de ton père.

Molière / Moi dans la tapisserie ? Ai-je une tête à faire tapisserie ?

La Grange / La plupart des courtisans le font avec joie

Molière et La Grange rient

Molière / Ils lèchent du matin au soir. Ils se battraient pour vider le pot de chambre du roi en remerciant le ciel de cet honneur qui leur est fait.

La Grange / C'est pourquoi un billet, rien qu'un petit billet pour la comtesse..

Molière / Il n'y a pas de petit billet.. Je ne peux faire du petit. Aussi, je demanderai au Comte De La Chamboule. Il se targue d'écrire ; il lui pondra bien un ou deux vers qui feront l'affaire.

La Grange / Tu crois ?

Molière / C'est l'intention qui compte, et puis il nous en sera éternellement reconnaissant. Il n'aura de cesse que de chanter mes louanges auprès du Roi.

La Grange / Et si le billet n'était pas à la hauteur ?

Molière / Tu as raison, il vaut mieux que je m'en occupe.

Molière rédige le texte

Molière / Alors.. Madame la Comtesse, ... Euh.., Une rime en esse.. ? .. En esse ? .. Madame la Comtesse Vous êtes une déesse Qui toujours nous éblouit. Le temps passe et vous caresse, car sans doute, il vous oublie.

La Grange / Faire si grand avec si peu. Cela fera grand effet.

Molière / C'est vrai. J'irai le lui dire moi-même.

La Grange / D'autant que tu y rencontreras sûrement le Marquis de la Roche cassée, lequel clame à qui veut l'entendre que son épouse jouera dans ta prochaine pièce. Lui as tu fait quelque promesse ?

Molière / Je l'ai peut-être laissé entendre

La Grange / Tu pourrais la diriger vers un autre théâtre. La fille d'un Marquis dans leur troupe. Ils se jetteraient dessus. Cela leur donnerait une nouvelle renommée.

Molière / C'est vrai. Lorsque l'on est soutenu par un puissant, nul besoin d'être excellent dans son art ; il y a toujours assez de sots pour applaudir.

La Grange / Mais le Marquis t'admire.

Molière / Et si je refusais de prendre sa femme dans ma troupe, je perdrais son estime et ses écus. Nous avons trop besoin de son soutien pour mon théâtre. Je ne puis refuser.

La Grange / A t'elle au moins du talent ?

Molière / Elle décore bien

La Grange / Madeleine / risque de s'en assombrir.

Molière / On lui donnera un rôle de soubrette. Une Marquise / dans un rôle de soubrette, ce serait bien, non ?

La Grange / Je ne suis pas certain que le Marquis apprécie.

Molière / Pourtant, le théâtre, n'est-ce pas sortir de sa condition ?

La Grange / C'est parfois se montrer tel qu'on souhaiterait que l'on nous voit.

Molière / Méfies toi La Grange, tu deviens philosophe ; Et les philosophes ennuient.

La Grange / Mais pourquoi ?

Molière / Parce qu'il faut les lire. Et le peuple préfère rire plutôt que lire.

La Grange / Le peuple ne sait pas lire.

Molière / Mais le peuple sait rire ! Et c'est pourquoi nous devons mettre tout notre talent à les distraire pour qu'ils apprennent sans qu'ils s'en rendent compte.

La Grange / N'est-ce pas la meilleure récompense ?

Molière / Naturellement, seulement ces récompenses là ne font pas bouillir la marmite.

La Grange / Peut-être pourrions-nous échanger avec Madeleine ?

Molière / Avec Madeleine ?

Scène 2 / Molière, La Grange, Madeleine

A ce moment, Madeleine / entre

Madeleine / / Et bien mon ami, vous voulez m'échanger ?

Molière / C'est à dire.. Nous avons un problème

La Grange / Je peux peut-être vous laisser. Justement, je dois me rendre dans les coulisses.

Molière / C'est ça, va donc en coulisses.

La Grange sort

Molière / Nous avons des dettes

Madeleine / / Nous avons toujours des dettes

Molière / Et pour une bonne part, nous avons une occasion de nous en défaire.

Madeleine / / Une occasion.. Et cette occasion, serait-ce moi ?

Molière / Voyons Madeleine ! Je n'ai point dit cela.

Madeleine / Je peux comprendre à demi-mots, mais aussi quand il n'y en a pas.

Molière / Le Marquis de la Roche Cassée adore le théâtre.

Madeleine / Oui.. Et pas que le théâtre..

Molière / Il a une femme.

Madeleine / Ce sont des choses qui arrivent,.

Molière / Et elle aimerait faire partie de notre prochaine pièce.

Madeleine / Et alors ?

Molière / Et son mari l’y voit déjà.

Madeleine / Et alors.. ?

Molière / Et alors, il se propose de payer nos arriérés.

Madeleine / Le saint homme.

Molière / Mais en retour, il espère autre chose.

Madeleine / Autre chose.. ? Vous voudriez que je..

Molière / Je ne puis demander à Armande.

Madeleine / Bien sûr, il est rare qu'un mari demande ce genre de choses à sa femme. Mais à moi, on peut tout demander.

Molière / Je ne pense pas que ce soit utile, et je crois que ce serait loin de suffire.

Madeleine / Merci. .. Auriez-vous une pièce avec au moins deux femmes de la noblesse ?

Molière / Il n'est guère compliqué d'en faire une avec deux femmes. Deux femmes de la noblesse. Une de plus haute lignée et une autre en dessous.

Madeleine / Et bien sûr, je serai de la plus petite et la Marquise de la plus grande.

Molière / Je ne puis plus descendre plus bas, mais rassurez-vous, vous aurez chacune le même nombre de vers

Madeleine / J'y compte bien.

Molière / Ce ne sera pas une de ces pièces où l'on se complaît dans des mœurs on s’étripe en famille, des pièces où le couteau guette dans l'ombre à chaque changement d'acte.

Madeleine / C'est vrai que dans celles de monsieur Corneille, chaque fois, on craint l'hécatombe.

Molière / Et Je sais que le Roi lui-même ne s'en délecte pas plus car il préfère rire plutôt que pleurer sur les mœurs de ses semblables et surtout ceux de sa Cour.

Madeleine / Et quelle serait l'intrigue ?

Molière / Deux femmes de pouvoir, deux femmes qui se détestent et convoitent la même chose.

Madeleine / Et cette même chose, je suppose qu'il s'agit d'un galant. Cela pourrait se terminer par un carnage.

Molière / Un carnage dans du velours, où les fleurs sont des lames, et les compliment des poignards. Une pièce sans aucun mort à la fin, mais au contraire avec une fin heureuse telle qu'il faudrait qu'elle le soit à chaque fois.

A ce moment, La Grange entre

La Grange / La Marquise ! Elle est là !

Madeleine / Vous l'avez convoquée ?

Molière / On ne convoque pas une Marquise. Elle s'invite toute seule.

Madeleine / Et que vient-elle faire ?

Molière / Euh.. Sans doute répéter.

Madeleine / Répéter ! Mais sait-elle jouer au moins ?

Molière / Nous allons bientôt le savoir.

Madeleine / Je vous préviens ! Si elle joue, j'irai jouer ailleurs ! Dans la troupe du Marais !

Molière / Dans la troupe du Marais ! Jamais ! Je vais trouver une solution

Madeleine / Je vous le conseille vivement

Scène 2 / Molière, La Grange, Madeleine, Marquise

La Marquise entre

Marquise / Monsieur ! C'est une joie que de vous rencontrer (Sèche avec Madeleine) Madame.

Molière / Madame, Pour moi, c’est une joie, et un honneur.

Marquise / Monsieur Molière ! Je suis ici en toute simplicité.

Madeleine / (En aparté, au public) Ben voyons..

Marquise / J'ai vu toutes vos pièces. J'ai a do ré !

Molière / Madame, vous avez du goût.

Marquise / Par contre, si je puis me permettre, mais ce n'est là qu'un simple avis de ma part, il me semble que lors de votre dernière création, le second acte faiblissait un peu.

Molière / Il faiblissait ?

Marquise / J'ai regardé jusqu'au bout.

Molière / Madame, des avis tels que le vôtre sont trop utiles à mon modeste talent.

Madeleine / (En aparté, au public) L'hypocrite..

Molière / Que serait-ce le théâtre sans l'avis éclairé des personnes qui savent apprécier

Marquise / Si je puis aider à une petite amélioration, j'en serais fort heureuse.

Molière / Bien sûr.. Et pour la répétition ?

Marquise / Je dois répéter ?

Molière / Cela se fait.

Marquise / Pourquoi pas ! Alors, le texte. Dîtes-moi le texte.

Molière / Tout d'abord, nous allons faire quelques exercices. Il y a des connaissances indispensables à avoir.

Marquise / Sur ce point, l'affaire est faite, je connais du monde.

Molière / Il s'agit de connaissances techniques.

Marquise / Des connaissances ? Techniques ?

Molière / Nous allons commencer par l'articulation.

Marquise / L'articulation ?

Molière / C'est indispensable. Tant de comédiens et de comédiennes mangent leurs mots quand ils parlent ; cela donne une bouillie indigeste pour celles et ceux qui viennent vous admirer.

Marquise / Bien sûr.. Et que dois-je dire ?

Molière / Le coq coquin caquette

Marquise / Je dois jouer une poule ?

Molière / Non point ! Un coq, mais c’est juste un exercice. Je vous écoute

La Marquise a un mal fou et trébuche sur les mots à chaque fois.

Marquise / Le coq coquin ca. ca quette ! Le coquin Le coq ! Le coco. Le coq !

Madeleine / (En aparté, au public) C'est un métier..

Molière / Le canard qui cancane ricane et craint les coups de canne.

Marquise / Le canard qui qui.. Le cancard.. Le ca.. Vous n'avez pas des vaches ? Je pense que ce serait plus facile avec des vaches.

Molière / La vache avachie dans l'herbage ne veut pas que ça se sache.

Marquise / La vache avassie. Non ! La vache assis dans l'herbache. La vache !

Madeleine / Je vous montre. (Elle le dit parfaitement) La vache avachie dans l'herbage ne veut pas que ça se sache.

Marquise / J'ai compris. Mais, pourrai je voir mon texte ?

Molière / Bien sûr.. Le voici. Madeleine vous donnera la réplique.

Il donne le texte de la pièce aux comédiens

Marquise / Elle va me répliquer

Molière / Madame, c'est du théâtre.

Madeleine / (En aparté, au public) C'est pas gagné..

Molière / Et La Grange vous dira aussi quelques mots.

Molière / Alors, je vous explique l'intrigue. Madame d'Angèle est dans l'embarras.

Marquise / Madame d'Angèle ? Mais je suis Marquise !

Molière / Oui, mais c'est du théâtre, vous devez jouer un autre rôle.

Marquise / Mais on ne me reconnaîtra pas.

Molière / Bien au contraire ! En changeant de personne, vous étonnerez le monde. On se dira. «Elle est incroyable. Elle joue une femme inférieure à sa condition. Elle pourrait même jouer une femme du peuple, on y verrait que du feu».

Marquise / (Flattée) N’exagérons pas.. Alors, qu'est-ce donc qu'il m'arrive dans votre histoire ?

Molière / Vous êtes poursuivie par les assiduités de Monsieur De Brise dont son épouse soupçonne une infidélité.

Marquise / Vous n'avez pas dé écrit quelque chose dans ce genre là.

Molière / Euh..

La Grange / C'est vrai que ça rappelle un peu..

Molière / L'amour est toujours à la mode.

Marquise / Bien sûr.. Et que fait madame d'Angèle ?

Molière / Elle est dans son salon, et elle attend monsieur De Brise.

Marquise / (Mécontente) Il faudra que j’attende ?

Molière / C’est du théâtre. Vous attendrez monsieur De Brise.

La Grange / C'est moi.

La Grange sort

Marquise / Où va t-il ?

Molière / Il prépare son entrée... A vous madame.

Marquise / A moi ? Je fais quoi ?

Molière / Vous dîtes votre texte.

Marquise / Ah oui ! ... Euh... C’est quoi, ce texte ?

Molière / Pourquoi ai-je donc accepté cette entrevue ? Ce marquis me veut depuis qu'il m'a aperçue

La Marquise joue très très mal

Marquise / Pourquoi ai-je donc accepté cette entrevue ? Ce marquis me veut depuis qu'il m'a aperçue.

Molière / Euh.. Le ton n'y est pas tout à fait.

Marquise / Mon ton n'est pas bon ? Pourtant, j'ai dit tous les mots.

Molière / Des mots qu'il vous faudra apprendre par cœur.

Marquise / Il faut que j'apprenne cela par cœur ?

Madeleine / Je crains que ce soit nécessaire.

Marquise / Mais ? Le souffleur ? Il y a toujours un souffleur !

Molière / Le souffleur ne peut pas souffler tout le temps

Madeleine / (Au public, en aparté) Faut bien qu'il souffle une peu

Molière / Si vous voulez bien, Madeleine va vous montrer.

Marquise / Elle va me montrer quoi ?

Madeleine / Comment vous pourriez-peut-être la jouer.

Marquise / Elle va m'apprendre ?

Molière / Loin d'elle cette idée. Elle le jouera à sa façon et vous fera voir des bases que vous pourrez largement dépasser ensuite.

Marquise / D'accord. Et bien, voyons cela.

La Grange ressort. Madeleine prend la place de la Marquise.

Madeleine / Pourquoi ai-je donc accepté cette entrevue ? Ce marquis me veut depuis qu'il m'a aperçue.

La Grange entre

La Grange / Madame, je ne puis, je ne sais, et je souffre. Ne plus vous voir me fera rendre mon dernier souffle.

Madeleine / Monsieur, vos mots me bercent autant qu'ils me transpercent.

Marquise / Vos mots me bercent autant qu'ils me transpercent !. .. Je ne peux pas dire une chose pareille. Que pensera la Cour ?

Molière / Oui.. Euh.. permettez. Juste quelques mots à changer.

Il corrige le texte et lui redonne le texte.

Marquise / (Après l'avoir rapidement parcouru) Ah Voilà qui est mieux !

Molière / Je vous en prie

Madeleine / (En aparté, au public) On n'est pas couché.

La Marquise joue de plus en plus mal

Marquise / Pourquoi ai-je donc accepté cette entrevue ? Ce Marquis me veut depuis qu'il m'a aperçue.

La Grange entre

La Grange / Madame, je ne puis, je ne sais, et je souffre. Ne plus vous voir, me fera rendre mon dernier souffle.

Marquise / Monsieur, vos mots ne me bercent pas, et pas plus qu'ils me transpercent. Ce serait une folie

La Grange / J'en ai rêvé cette nuit.

Marquise / Vous oubliez monsieur que je suis mariée. Et que je ne désire point me partager.

La Grange / Madame, il suffira d'éviter de le lui dire, puis de partir tous les deux, échapper à son ire.

Marquise / Monsieur, c'est là un fol projet. Et je m'en vais de ce pas le lui annoncer. ... Cela m'étonnerait qu'il ne sorte pas son épée. (A Molière) C'est quand même mieux comme ça.

Molière et les comédiens sont catastrophés par le jeu de la Marquise.

Molière / Oui.. Euh.. C’est très bien, mais peut-être, savez-vous aussi chanter ?

Marquise / Je chante comme un rossignol (La Marquise chante horriblement faux) À la claire fontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baignée

Molière / Bravo ! Et marcher ? Savez-vous marcher ?

Marquise / Si je sais marcher ? J'ai su cela très jeune.

Molière / L'art de savoir marcher est essentiel lorsque l'on désire se donner en spectacle.

Marquise / Se donner ?

Molière / Euh.. Se montrer.

Marquise / Et je vais où ?

Molière / Vous nous faîtes un aller et retour sur la scène.

La Marquise marche d'un pas gauche et lourd

Marquise / Alors ?

Molière / C'est parfait.

Madeleine / Je ne pourrais faire mieux.

La Grange / C'est vrai que madame la Marquise a quelque chose.

Marquise / J'ai quelque chose ?

Madeleine / C’est sûr..

Molière / La délicatesse, la présence.. Madame, vous ne marchez pas, vous dansez. Et je ne peux que vous dire que votre place n'est pas ici.

Marquise / Elle n'est pas là ?

Molière / La danse, madame ! Vous êtes faite pour la danse. Tout chez chez vous nous l'indique.

Marquise / Et le théâtre ? Ne suis-je point douée pour le théâtre ?

Molière / Madame, vous gâcheriez votre art en ne vous prêtant pas à la danse. Au théâtre, vous étonneriez, mais à la danse, vous émerveilleriez l'assistance.

Marquise / La danse ? Mais je ne puis vous laisser ainsi. Comment ferez vous sans moi ?

Molière / Nous ferons de notre mieux.

Marquise / Monsieur Molière, vous m'avez ouvert les yeux. Désormais, je danserai, et je demanderai à mon mari de vous accorder une petite somme conséquente afin que vous puissiez arriver à jouer vos petites pièces sans ma personne.

Molière / Cela nous consolera de ne pas vous avoir avec nous.

Marquise / Mais, pour la danse.. ? Vous pensez que monsieur Lully.. ?

Molière / Madame ! Monsieur Lully n'ose vous le demander.

Marquise / Fort bien. Et puis, la danse, c'est autre chose que le théâtre. Sa majesté, elle-même, danse. Tandis qu'au théâtre...

Molière / La danse est bien plus importante. Le théâtre est un art qui ne lui arrive pas à la cheville.

La Grange / A la cheville ! Je la note, celle-là !

Marquise / Et bien, c'est décidé ! Je m'en vais de ce pas, en parler à monsieur mon mari.

Molière / C'est là une sage décision. Madame, l'art et la gloire vous attendent.

La Marquise sort

La Grange / Nous voilà enfin débarrassés.

Madeleine / Avec elle, on pouvait fermer boutique

Molière / Pour une fois, je suis ne suis pas mécontent d'avoir dégoûté quelqu'un de faire du théâtre.

Madeleine / C'est certain que si elle le demande, Lully la prendra dans un de ses ballets. Il ne peut refuser, le Roi lui-même l'exigera.

Molière / Enfin.. Laissons là massacrer la danse. Tant que le Roi ne me demande pas de travailler avec Lully, nous pourrons être tranquilles.

La Grange / Et faire ce qui nous plaît !

Tous / La comédie !

RUE DES TULIPES (JP Mourice)

Durée approximative : 8 minutes

Synopsis : Des touristes cherchent une rue. Ils rencontrent un couple.

Décor : Scène vide

Costumes contemporains

Personnages :

  • Pascal (Habitant du village) Tenue contemporaine décontractée

  • Gisèle (Habitante du village, épouse de Pascal) Tenue contemporaine décontractée

  • Gontran (Touriste) Tenue Pilote de voiture ancienne (décapotable)

  • Edmonde (Touriste, épouse de Gontran) Tenue adaptée de voyageuse en décapotable

Gontran et Edmonde viennent de sortir de voiture. ils portent des lunettes de conducteur de vieille voitures, ainsi qu'un chapeau approprié, et des vêtements amples et chauds.

Gontran / Je crois que nous sommes arrivés

Edmonde / Et comme d'habitude, nous sommes perdus. Comment allons nous faire ? Nous avons atterri dans un trou.

Pascal et Gisèle entrent sur scène

Gontran / Voilà des gens. Nous allons leur demander.

Edmonde / Faîtes attention, Gontran ; ce sont des gens de la campagne.

Gontran / Edmonde, vous oubliez que j'ai fait l'Afrique.

Edmonde / Quelle aventure ! Si j'avais su, nous serions restés à l'abri dans nos murs.

Gontran / (S'adressant à Pascal) Bonjour mon brave. Veuillez pardonnez mon audace, mais pourriez avoir l'obligeance de nous indiquer le chemin à suivre pour que nous puissions nous rendre jusqu'à la rue des tulipes, je vous prie ?

Pascal / Comment ?

Edmonde / La rue des tulipes, c'est où ?

Pascal / La rue des tulipes..

Gisèle / Rue des tulipes ?

Pascal / C'est cela.

Gontran / Nous sommes un peu perdus. Nous avions un plan, mais mon épouse l'a égaré. Parfois, elle perd la tête.

Edmonde / Gontran !

Gontran / Un de ses ancêtres a éétêté lors de la Révolution.

Pascal / Étêté ?

Gontran / Écimé, diminué, coupé court, raccourci ! Elle en a été choquée. C'est pourquoi, parfois, elle perd un peu la tête.

Edmonde / Gontran !

Gontran / Je plaisante, mon amie. Je plaisante.

Edmonde / Votre bourgade n'a guère été facile à trouver.

Gontran / Heureusement, nous disposons d'une carte routière. Nous n'avons pas de guidage automatique.

Edmonde / Notre Peugeot décapotable date de 1927.

Gontran / Enfin, nous sommes arrivés dans votre village.

Edmonde / Une localité charmante, d'ailleurs.

Gontran / Ce n'est pas époustouflant, mais elle a un certain cachet

Pascal / Chez nous, on cache rien.

Gontran / Quand nous avons pénétré dans vos murs, je l'ai dit à mon épouse. Pince-moi, je crois que je rêve.

Edmonde / Non mon cher ! Vous avez dit : Pincez-moi.

Gontran / Oh pardon ! (Au couple du village) En privé, nous nous vouvoyons. Pas vous ?

Gisèle / Nous, on s'parle pas beaucoup.

Gontran / C'est bien aussi.

Gisèle / La rue des tulipes..?

Gontran / Nous y avons des amis de longue date. Les De Lamotte.

Gisèle / Ils sont deux.

Gontran / Des amis de souche.

Pascal / Les Delamotte ?

Gisèle / Les De et après c’est Lamotte

Gontran / Vous connaissez ?

Pascal / Pas du tout.

Gisèle / On s'connaît pas tous.

Gontran / Bien sûr..

Edmonde / Ils sont assez grands, surtout Albert.

Pascal / Albert ?

Gontran / C'est le mari

Edmonde / Et Joséphine est un peu plus petite .Elle a les yeux bleus, mesure environ un mètre soixante, et tous les deux sont toujours impeccablement habillés

Gontran regardant Pascal

Gontran / Impeccablement habillés..

Pascal / Des comme ça ici, on aurait remarqué.

Gontran / Albert est grand, cheveux bruns, toujours en costume, et blanc. ..

Edmonde / S'il était noir, vous l'auriez certainement remarqué. Il serait un peu décalé, ici, non ?

Gontran / Saperlipopette, Edmonde ! Que vont penser les gens de ce village. s'il est blanc, ce n'est pas de sa faute.

Gisèle / De Lamotte..?

Gontran / Nous voulons leur faire une surprise.

Edmonde / Nous sommes venus exprès.

Gontran / De la ville.

Edmonde / Mais alors, le voyage.. Ce fut un véritable calvaire.

Gontran / Nous avons été embarrassés par un nombre mirobolant de véhicules.

Edmonde / Nous avons même été houspillés par des conducteurs fort peu courtois.

Gontran / De vrais paltoquets.

Edmonde / Surtout celui qui avait un gros camion. Un cent deux tonnes.

Gontran / Un rustre de la pire espèce

Edmonde / Il s'était accaparé la route.

Gontran / Afin de pouvoir le dépasser, je me suis résolu à donner deux coups de klaxon (Prononcer son),

Edmonde / Le pilote est descendu du camion.

Gontran / Je m'apprêtais à lui parler sans ambages.

Pascal / Comment.. ?

Gontran / Lui dire les quatre fonds de sa vérité.

Pascal / Et alors ?

Edmonde / Il avait une attitude fort peu recommandable.

Gontran / Et un chien. Un allemand.

Edmonde / Kaï ! Kaï ! Il n'arrêtait pas.

Gontran / Elle fait très bien le chien.

Edmonde / Un chien très antipathique !

Gontran / Ca veut dire, pas sympa du tout..

Pascal / Et alors ?

Edmonde / Alors, nous n'avons pas réfléchi plus de cinq minutes.

Gontran / Edmonde, ne racontez pas la fin maintenant, ce serait divulgâcher.

Gisèle / Vous avez tué le chien ?

Edmonde / J'avais la manivelle, mais je n'ai pas osé.

Gontran / Il aurait fallu que je me jetasse sur la bête, mais j'étais totalement ébaubi.

Pascal / Ebau quoi ?

Gontran / Ébaubi. Médusé. Pétrifié. Décontenancé... Ah Edmonde, nous aurions du venir avec un dictionnaire.

Pascal / Comment ?

Gontran / Pardonnez moi. ? Nous plaisantons. Nous aimons beaucoup farcer.

Edmonde / Farcer, c'est comme faire des farces.

Gontran / Mais pas à la dinde. (Il rit) Pardonnez moi de glousser un peu, mais c'est follement amusant, non ?

Gisèle / On avait pigé.

Pascal / Et.., le cent deux tonnes.. ?

Gontran / Nous avons dû quitter précipitamment les lieux de peur de nous faire occire.

Pascal / Comment ?

Gisèle / Ils se sont barrés.

Gontran / Dans ces situations, je me refuse à recourir à la violence.

Edmonde / Heureusement que nous ne sortons pas tous les jours.

Pascal / Ca se voit..

Edmonde / Et puis sur cette autoroute; ils font un de ces tintamarres.

Gontran / Nous en avions plein les esgourdes.

Pascal / Les esgourdes ?

Edmonde / Il s'agit d'oreilles ? Vous ne saviez pas.

Pascal / Ah oui ! Les esgourdes, les portugaises ! Les feuilles !

Gontran / Les feuilles ?

Pascal / Ben oui. Les feuilles. Dur de la feuille, vous connaissez ? .

Gontran / Bien sûr. Dur de la feuille. C'est drôle, non Edmonde ?

Edmonde / Je ne la connaissais pas, celle là. Mais nous ne sommes pas durs de la feuille, mais par contre, nous sommes issus d'une grande branche.

Gontran / Et nous ne sommes pas mous de la branche. Une branche royale.

Gisèle / Une branche royale ! Vingt Dious !

Gontran / Vous voyez, Edmonde. C'est à cela que servent les voyages. Découvrir de nouvelles contrées et y rencontrer les indigènes.

Gisèle / Des indigènes ?

Gontran / Les autochtones, les natifs, les villageois, les habitants quoi.

Edmonde / Alors, la rue des tulipes ?

Pascal / Moi pas savoir, moi pas pouvoir dire.

Gontran / Pardonnez nous, mon pauvre monsieur, mais nous ne voulions pas vous vexer.

Gisèle / On a entendu d'autres

Gontran / Tant mieux ! Vous voyez, Edmonde. Vous appréhendiez, mais les gens d'ici sont très hospitaliers.

Pascal / On fait c'qu'on peut.

Gisèle / La rue des tulipes..?

Pascal / Ce s'rait pas celle à côté de la rue des bégonias ?

Gisèle / Ah mais oui ! J'la vois maintenant.

Gontran / Vous l'avez retrouvée ?

Gisèle / Alors, vous prenez la première à droite, puis la deuxième à gauche, puis tout droit sur cent mètres, puis la ruelle encore à droite, puis une autre toujours à droite, et vous serez arrivés.

Edmonde / Nous serons arrivés ?

Pascal / A la rue des bégonias. Après, faudra d'mander, parce que je sais pas trop où qu'elle est par là-bas, mais c'est sûr, elle est pas loin.

Gontran / Ah merci ! Vous nous sauvez la vie.

Edmonde / Nous pourrions peut-être les récompenser.. ?

Pascal / On fait pas la manche.

Gontran / Pardonnez nous. L'habitude..

Edmonde / En tout cas, c'est très gentil.

Pascal / Oh ! Si j'osais.

Gontran / Mais osez, mon ami. N'hésitez pas à oser.

Pascal / J'aimerais ben vous prendre en photo.

Edmonde / En photos ? Nous ?

Gisèle / Pour la mettre au dessus de la cheminée

Edmonde / Au dessus de la cheminée, nous ?

Pascal / Ben oui. Parce que des olibrius comme vous, chez nous, on n'en voit pas tous les jours.

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