Ma belle-mère est syndicaliste

L’entreprise Lux a connu ses heures de gloire du temps où elle appartenait au père de Madeleine.
Lors d’une partie de chasse Richard abat Marius Lux le père de Madeleine son épouse et le Mari d’Hildegarde sa belle-mère.
Depuis cet événement, Richard gère l’entreprise comme le patron mais en réalité il n’en est que le Directeur. La vraie propriétaire est sa femme Madeleine qui en a hérité. Comme elle ne comprend rien aux affaires elle a laissé à son mari l’entière gestion. Cette situation irrite considérablement Hildegarde la mère de Madeleine qui reproche à Richard d’avoir assassiné son mari et de ne pas être en prison.
Les deux se détestent et n’arrêtent pas de se faire des coups bas. Elle fait tout pour lui pourrir la vie et il le lui rend bien.
Hildegarde va tout mettre en œuvre afin de se venger et d’écarter définitivement son gendre de la tête de l’entreprise.
Jusqu’où, une belle-mère est prête à aller par vengeance ?

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Liste des personnages (15)

Hildegarde Lux Femme • Adulte/Senior • 190 répliques
C'est la belle-mère
Marie Laglace Femme • Jeune adulte/Adulte/Senior • 146 répliques
C'est la femme de ménage de Madame la Baronne
ADOLPHE Muller Homme • Adulte/Senior • 143 répliques
C'est le délégué syndicale appelé par Madame la Baronne pour couler l'entreprise
Madeleine Barralon Femme • Adulte/Senior • 124 répliques
La femme de Richard Barallon le patron de l'entreprise
Roxane Barallon Femme • Jeune adulte/Adulte • 95 répliques
La fille de M et Mme Barallon
Fernand L’empereur Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 82 répliques
Le balayeur de l'entreprise
Gilbert Ducros Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 78 répliques
Le délégué syndicale de l'entreprise
Véronique Ducanard Femme • Jeune adulte/Adulte/Senior • 75 répliques
La journaliste
Richard Barralon Homme • Adulte/Senior • 70 répliques
Le patron de l'entreprise et gendre d'Hildegarde
Docteur FERRAND Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 64 répliques
Le psychologue appelé par Gildegarde pour enfermer son gendre
Catherine ou Gérard Lacour Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 64 répliques
Salarié du service expédition. Participe au blocage de l'entreprise
Alain ou Aline Dujardin Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 60 répliques
Salarié du service commercial - Participe au blocage de l'entreprise
Franck ou Nadine Perd Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 59 répliques
Ouvrier de fabrication participe au blocage de l'entreprise
Victor ou Madame Victor Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 42 répliques
1er assistant du psychiatre
Hugo ou Madame Hugo Indifferent • Jeune adulte/Adulte/Senior • 43 répliques
2éme assistant du psychiatre

Décor (1)

Toute la pièceUne porte donnant sur la cuisine + Une porte donnant sur les chambres Une porte d’entrée une table et des chaises

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Acte I

(Sur scène Hildegarde, Roxane et Madeleine. Elles sont assises autour d’une table. Elles se disputent. Roxane est habillée en punk)

MADELEINE – Tu abuses maman… Ce n’est pas nôtre… Mais MON héritage. Et il est entre de bonnes mains…

HILDEGARDE – Nous sommes au bord du gouffre financier… Nous n’innovons plus…

MADELEINE – Innover ?

ROXANE – Avec Des lorgnons ?

HILDEGARDE – Eh oui… Au siècle dernier, tout le monde n’en avait pas… C’est ton grand-père qui, en premier a eu l’idée de les démocratiser.

MADELEINE – Il ne faut pas pousser !

HILDEGARDE – Demandes aux gens si ce n’est pas un luxe que d’avoir des lunettes confortables… (Hildegarde parle au public et désigne deux spectateurs porteurs de lunettes).

HILDEGARDE – Regarde le monsieur là-bas, il en a… Et la dame à côté aussi… N’est-ce pas Madame ?

MADELEINE – Maman… Laisse le public en dehors de ça s’il te plaît !

HILDEGARDE(Continue de parler au public) Vous en utiliserez tous… J’en suis sur… Rien de mieux qu’une lunette « Lux »

(Hildegarde sort deux grandes publicités une avec des lunettes de WC qu’elle montre au public et l’autre encore cachée avec la balayette à crans d’arrêt)

MADELEINE – C’est bon ils ont compris…

HILDEGARDE – Et ton père a su faire tripler le chiffre d’affaires avec son invention phare… La balayette… À crans d'arrêt !

MADELEINE – C’est papa qui a inventé cette…

ROXANE – Cette… « Chose… »

(Hildegarde exhibe fièrement l’affiche avec la balayette à crans d’arrêt)

HILDEGARDE – Et oui… Si ça, ce n’est pas de l’innovation, je ne m’appelle plus Hildegarde !

MADELEINE – Si tu le dis…

HILDEGARDE – (Nostalgique) Et oui… Et tout allait bien jusqu’à ce que…

MADELEINE – Tu ne vas pas remettre l’accident sur la table ?

ROXANE – C’est vrai ça… C’est la loose cette histoire.

HILDEGARDE (Énervée) Pas un accident… Un meurtre… C’est d’un meurtre dont on parle !

MADELEINE – Non… C’est la fatalité…

HILDEGARDE – C’est facile… C’est quand même ton abruti de mari qui a appuyé sur la gâchette et envoyé une balle à ailette dans la poitrine de ton pauvre père.

MADELEINE – Il pensait que c’était un sanglier… C’est une terrible méprise…

HILDEGARDE (D’un ton ironique) Oui… Une méprise qui l’a tout simplement propulsé patron de notre entreprise…

MADELEINE – Richard n’est pas un assassin…

ROXANE – Papa est juste… Distrait et destroy c’est dans les gènes Regardez-moi !

HILDEGARDE – Ce n’est pas faux… Mais, c’est ce qu’il veut vous faire croire… Il a tout calculé, et je le prouverai !

(Richard arrive sur scène)

HILDEGARDE – (A l’arrivée de Richard. Hildegarde se lève d’un bond) Je te laisse avec « ton mari » Je dois rejoindre Gilbert… Nous reprendrons notre discussion plus tard…

(Hildegarde sort rapidement par la porte d’entrée)

RICHARD – De quoi parliez-vous ?

MADELEINE – De mon père et de son invention…

ROXANE – Tu sais la balayette à crans d’arrêt…

RICHARD – Ne cherchez pas à m’embrouiller… C’est encore de moi dont vous parliez… Et en mal…

MADELEINE – Pas du tout…

RICHARD – Si… Ta mère me déteste…

ROXANE – Je ne crois pas. Elle te kiff… Mais la vioque, elle ne veut pas l’admettre c’est tout !

RICHARD – Pense-tu… Et c’est pire depuis l’accident… Elle a décidé de me faire porter le chapeau mais je n’y suis pour rien… Ton père est le seul responsable !

MADELEINE – C’est quand même toi qui as tiré !

RICHARD – Il ne portait pas le gilet orange qui devait le signaler. À croire qu’il voulait se suicider… Je te rappelle que l’enquête de la gendarmerie m’a totalement disculpé !

MADELEINE – C’est vrai…

RICHARD – Elle n’admet pas que je n’aie pas été mis en examen et incarcéré… Depuis le début elle ne m’aime pas et maintenant c’est pire… Mais je vais t’avouer que je m’en fous… Je m’en contrefous… Puisque c’est réciproque !

MADELEINE – Au fond d’elle, ma mère t’apprécie !

RICHARD – (Énervé) Alors, ce doit être tout au fond… Elle n'arrête pas de me contredire devant « Mes » ouvriers. Elle est sans arrêt en train de fricoter avec ce « Gilbert » le délégué syndical de l’usine. Et ça, uniquement pour me faire du tort… Ce n’est pas sain tout ça…

ROXANE – Cesse de te prendre la tête…

RICHARD – Elle et son « roquet » sont prêts à tout pour me nuire. Je suis sûr qu’ils sont en train de me préparer un coup fourré… Je ne sais pas lequel, mais je sens les problèmes arriver. J’ai du nez pour ça.

MADELEINE – Tu vois le mal partout.

RICHARD – Tu trouves ? Les ouvriers me détestent… Pourtant je fais des efforts en étant sympathique avec eux… Et eux en retour, ils ne me parlent que de ton père… Si « Monsieur » était toujours là… Du temps de « Monsieur » ça ne se passait pas comme ça… Avant, avec « Monsieur » Blablabla… Blablabla…

MADELEINE – Tu deviens aigri…

ROXANE – Tu te shoote au champi hallucinogènes …

MADELEINE – Roxane… Un peu de respect envers tes parents… (A Richard) Je vais te prendre rendez-vous avec le docteur Ferrand.

RICHARD – Ce charlatan ? Sûrement pas ! Il n’est pas près de me psychanalyser celui-là !

MADELEINE – Ça a bien fonctionné pour moi.

RICHARD – Ce n’est pas comparable. Tu es influençable et rêveuse… Moi je suis pragmatique… Tu es perturbée alors que moi je n’ai aucun problème psychosomatique… Prends plutôt rendez-vous pour ta mère… Avec un peu de chance elle finira à l’asile et j’en serai enfin débarrassé… (Il rit) Le rêve !

MADELEINE – (Choquée) OH…

ROXANE – - (Morte de rire) Il est vénère l’ancien… La crise !

RICHARD – (Il crie) Non… C’est réaliste… Je te dis que tout ça, va mal se terminer… J’en ai marre d’elle et de l’ensemble de ces ouvriers à la gomme… Je sors… J’ai rendez-vous à la mairie…

(Richard sort en claquant la porte d’entrée)

(Marie entre en scène. Elle est bien habillée)

MARIE – Madame m’a fait demander ?

MADELEINE – Pas du tout…

MARIE – J’ai entendu mon nom !

MADELEINE – Absolument pas, c’est Monsieur qui nous parlait.

MARIE – Il criait Marie…

MADELEINE – Vous vous êtes trompé…

ROXANE – Mon daron parlait de la Mairie !

MARIE – Autant-pour-moi…

MADELEINE – (Dévisageant Marie) Quelle classe… Vous sortez ?

MARIE – Oui…

MADELEINE – Dans cette tenue vous allez faire des ravages !

MARIE – C’est que j’ai… Un rendez-vous galant…

MADELEINE – Tiens, tiens…

ROXANE – Et avec qui, nous pouvons savoir ?

MARIE – Ce n’est plus un secret… J’ai rendez-vous avec Fernand.

MADELEINE – Vous lui trouvez quoi à ce garçon ?

MARIE – Il est gentil et attentionné…

MADELEINE – (D’un ton moqueur) Effectivement il est gentil… Très gentil même…

MARIE – Vous insinuez quoi ?

MADELEINE – Rien… Il n’est que… Balayeur… Vous méritez mieux !

MARIE – (Marie monte le ton) Ma mère disait toujours « il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens » Regardez, moi, Je fais le ménage et vous, vous fabriquez des abattants pour toilettes alors…

ROXANE – Ca c’est bien vrai… Marie un à zéro !

MADELEINE – Je me suis mal exprimée… Excusez-moi !

(On sonne à la porte)

MADELEINE – (Soulagée) Allez ouvrir Marie…

MARIE – Voilà, voilà… J’arrive…

(C’est Fernand il a un bouquet de fleurs à la main)

FERNAND – Bonjour Marie (Il lui fait le baisemain)

MARIE – C’est pour moi ?

FERNAND – Bien sûr.

MARIE – Des roses, tu es adorable.

FERNAND – Ce n’est rien… (Voyant Madeleine) Bonjour Madame Barallon… Bonjour Roxane

MADELEINE et ROXANNE – Bonjour Fernand.

MARIE – Entres je vais les mettre dans l’eau…

FERNAND – N’en mets pas trop et coupe les queues en biseau… Tu les garderas plus longtemps.

MARIE – Tu es un amour…

(Marie part à la cuisine avec le bouquet)

MADELEINE – Alors comme ça, vous êtes experts en fleurs ?

FERNAND – Non… Je suis un simple jardinier amateur. Mais ma vraie passion, je vous l’avoue, c’est l’astronomie et la cartomancie…

MADELEINE – Vous lisez dans les cartes ?

FERNAND Je me défends…

MADELEINE Je ne savais pas que vous aviez ce don…

FERNAND (Sur le ton de la confidence) Je suis aussi médium à mes heures…

MADELEINE - (Madeleine se lève) MédiumTiens-donc…

ROXANE Bonne soirée les lovers…

(Madeleine et Roxanne quittent la scène par la porte des chambres. Marie parle de la cuisine)

MARIE – Ne t’impatiente pas, j’arrive…

FERNAND – J’ai tout mon temps…

(Fernand flâne dans la pièce. Il regarde des photos posées sur un meuble. Madeleine passe la tête par l’encadrement de la porte et assiste à toute la scène. Fernand fait semblant de ne pas la voir)

(Marie revient au salon)

MARIE – Je suis prête !

FERNAND (Une photo à la main) C’est qui sur la photo ?

MARIE – C’est Monsieur !

FERNAND – Monsieur qui ?

MARIE (Parlant doucement) Monsieur Marius… Le père de Madame Barallon… L’ancien patron de l’entreprise…

FERNAND – Celui qui a pris un coup de tromblon ?

MARIE (Elle fait le signe de croix) Oui… Une bien triste histoire !

FERNAND – Qui arrange certains…

MARIE – (Offusquée) Ce n’est pas vrai… C’était un terrible accident !

FERNAND – Je ne fais que répéter ce que tout le monde dit.

MARIE – Ce sont des médisances… Monsieur adorait son beau-père !

FERNAND – Je ne suis pas en mesure de juger, je n’étais pas là à l’époque… Mais l’ensemble des ouvriers est persuadé que c’est son gendre qui l’a assassiné… Et comme on dit. Il n’y a pas de fumée sans feu…

(En reposant la photo il s'arrête brusquement il garde les mains sur la photo. Il est figé tout droit les yeux dans le vague pendant de longues secondes).

MARIE – (Affolée marie le secoue jusqu’à ce qu’il retrouve ses esprits) Fernand… Fernand… Que t’arrive-t-il ?

FERNAND – Je viens d’avoir… Une vision…

MARIE – Une vision ?

FERNAND – J’ai vu Monsieur Lux.

MARIE – C’était lui, tu en es sûr ?

FERNAND – Oui… Sûr et certain… Il m’a parlé…

MARIE – Incroyable !

FERNAND – Je te jure… Il m’a dit des choses…

MARIE – (Affolée) Quoi ? Il t’a dit quoi ?

FERNAND – Tu ne le répéteras pas ?

MARIE – Promis… De toute façon, personne ne m’écoute jamais !

FERNAND – Il m’a dit que sa mort n’était pas accidentelle…

MARIE – Et puis ?

FERNAND – Qu’il allait se venger !

MARIE – Et c’est tout ?

FERNAND – Oui… Après j’ai perdu la connexion… N’en parle à personne.

MARIE – Juré !

MARIE – On sort… L’atmosphère devient pesante…

(Marie et Fernand sortent main dans la main. Madeleine revient sur scène elle est livide)

MADELEINE – Mais à dire vrai… À qui profite le crime ? Qui en a tiré les bénéfices ? Et s’ils avaient tous raison… Si Richard était un assassin et qu’il avait tiré sur papa délibérément pour hériter plus vite… Je dois réfléchir… Je me sens mal… J’appelle le Docteur Ferrand…

(Madeleine quitte la scène en titubant. Elle sort par la porte desservant les chambres)

(Richard revient. Il trouve la pièce vide. Il s’assoit à table et parle seul)

RICHARD – Je me demande bien quelle vacherie est en train de me préparer cette peste d’Hildegarde ?

(Madeleine arrive des chambres. Elle trouve richard en pleine réflexion)

MADELEINE – Tout s’est bien passé avec le maire ?

RICHARD – Pas de problème. Il m’a promis son soutien plein et entier.

MADELEINE – C’est une excellente nouvelle !

RICHARD – En tant que premier employeur de la commune et il est normal que le maire nous soutienne…

MADELEINE – Alors pourquoi as-tu l’air soucieux ?

RICHARD – Rien d’important…

MADELEINE – Tu sais que tu peux tout me confier !

RICHARD – C’est ta mère… Je sens que les ennuis vont arriver…

MADELEINE – (Madeleine monte le ton) Tu vas arrêter de te monter la tête avec maman… Chaque fois qu’il y a un problème qui surgit c’est à cause d’elle !

RICHARD – Je ne la sens pas !

MADELEINE – Elle a tout simplement du mal à oublier que c’est toi qui as appuyé sur la détente et criblé de balles papa…

RICHARD (Il se tient la tête) Pas criblé… Une seule balle… Une seule… Je suis tellement désolé…

MADELEINE – Tu n’es pas un tireur d’élite pourtant ?

RICHARD – Non… Habituellement je loupe toujours ma cible… Je n’ai jamais ramené le moindre gibier… C’est la première fois que je fais mouche…

MADELEINE – Comment ça s’est passé ? Tu ne m’en as jamais parlé…

RICHARD – C’est tout bête… Ça a bougé dans les buissons… J’ai appuyé sur la détente et j’ai fait mouche…

MADELEINE – Et c’est tout ?

RICHARD – Oui… Que veux-tu que je te dise ?

MADELEINE – M’avouer la vérité…

RICHARD – (Richard s’énerve) Tu là connais la vérité… J’ai tiré en croyant que c’était un sanglier… Ton père a explosé comme une pastèque… Fin de l’histoire !

MADELEINE – Jure moi que c’est réellement un accident.

RICHARD – (S’énervant encore plus. Il se lève et part en direction des chambres) Toi non plus tu ne me crois pas… Tout le monde est contre moi dans cette baraque… Je vais me coucher… Bonne nuit !

MADELEINE – (songeuse) Le voilà fâché et je ne suis pas plus avancée… (Madeleine se lève et part dans les chambres).

 

Pause de quelques secondes

 

(La porte d’entrée s’ouvre. Hildegarde entre sur scène. Elle fait un tour rapide du regard, elle chuchote à la porte d’entrée)

HILDEGARDE – Il n’y a personne… Tu peux entrer…

(Gilbert entre à son tour. Ils parlent doucement)

GILBERT – Tu es sûr que nous devons aller aussi loin ?

HILDEGARDE – Certaine… Je compte sur toi pour motiver les ouvriers !

GILBERT – Ça risque d’être violent !

HILDEGARDE – Ce n’est pas nous qui avons commencé… C’est lui qui a commis l’irréparable en assassinant mon Marius… Et de toute façon c’est trop tard pour renoncer !

GILBERT – Tu as peut-être raison… Mais… Peut-être pas !

HILDEGARDE – Je te dis que nous ne pouvons plus reculer… Demain nous mettons en place les piquets de grève… Nous bloquons tout… Rien ne doit entrer ni sortir… Tout est bien organisé ?

GILBERT – Ne t’inquiète pas, tous les collègues sont sur le pont…

HILDEGARDE – (Menaçante) Je vais la lui couler sa boîte… Il va me le payer l’assassin !

GILBERT – On se calme… Faire déposer le bilan à l’entreprise, c’est dangereux pour nous… Pourquoi tu ne fais pas reprendre l’enquête par les gendarmes ?

HILDEGARDE – Ce meurtrier les a dans la poche… C’est cuit pour la gendarmerie… Nous devons faire la justice nous-même !

GILBERT – Pourquoi maintenant ?

(Ils s’assoient)

HILDEGARDE – C’est le bon moment… Il ne s’y attend pas et il n’aura pas le temps de se retourner !

GILBERT – OK…

HILDEGARDE – je convoque les médias et en parallèle tu contactes le bureau régional du syndicat pour faire intervenir Muller.

GILBERT – Adolphe Muller ?

HILDEGARDE – Oui !

GILBERT – C’est un extrémiste !

HILDEGARDE – Justement… C’est pour ça que c’est l’homme de la situation. Il est incorruptible…

GILBERT – Ensuite il se passe quoi ?

HILDEGARDE – Une fois l’entreprise au bord du dépôt de bilan, l’ensemble des employés se positionne pour reprendre l’activité en créant une « SCOP » et voilà… C’est plié !

GILBERT – C’est quoi encore cette chose ?

HILDEGARDE – (Récite fièrement) Une SCOP c’est une Société Coopérative Ouvrière de Production. C’est une version d’entreprise qui se distingue des sociétés classiques par une détention majoritaire du capital et du pouvoir de décision par « les salariés » Tes collègues… C’est vous qui allez tout décider… Vous serez aux manettes de l’entreprise… C’est super, ça !

GILBERT – (Hésitant) Oui… Si je résume, à la fin du conflit social, les ouvriers gardent leur travail et deviennent le patron, c’est bien ça ?

HILDEGARDE – Exactement !

GILBERT – Tu en connais, toi des entreprises qui ont fait ça ?

HILDEGARDE – Oui plein… Il y en a plus de deux milles dans le pays !

GILBERT – A oui, quand même…

HILDEGARDE – (Parlant rapidement) Dans la foulée nous organisons des élections et je suis élue directrice… Ni vu ni connu le tour est joué… Tu t’occupes de téléphoner à Muller et moi je me charge des médias… Allez zou !

(Hildegarde se lève et part dans les chambres. Gilbert est seul sur scène. Au bout de quelques secondes arrivent Catherine, Franck et Alain.)

GILBERT – Salut les gars…

CATHERINE (Vexée) Merci pour moi !

FRANCK – Ne soit pas vexée, c’est juste une expression…

ALAIN – Ce n’est pas sur… Moi ce que j’ai retenu de l’école c’est que le masculin l’emport toujours sur le féminin…

CATHERINE – Tu m’en diras tant… Vous les hommes vous, vous croyez supérieure à nous les femmes. Mais dès que nous ne sommes plus là… Vous êtes perdu !

GILBERT (A Catherine) Allez on se calme… Je m’excuse et je suis d’accord avec toi !

FRANCK – Alors ce rendez-vous avec la mère lux ?

GILBERT – Pas de problème…

ALAIN – Tu ne nous as pas fait venir pour nous dire uniquement ça ?

GILBERT – Non…

CATHERINE – Alors accouche !

GILBERT – Elle voulait faire un point sur la production

CATHERINE – Et ?

GILBERT – j’ai dit que tout allait bien.

FRANCK – Et pour la grève ?

GILBERT – Là, j’ai gardé le secret… Vous me connaissez !

ALAIN – Ce sera une grosse surprise pour elle.

GILBERT(Hésitant) Oui… Enfin je crois…

FRANCK – Quel est le plan ?

GILBERT – Nous arrêtons toute la production… Nous mettons la boîte en difficulté et nous la rachetons tous en ensemble en SCOP avant le dépôt de bilan. Nous réalisons des élections et mettons à la tête de l’entreprise un des nôtres

FRANCK – Qui ?

GILBERT – Nous verrons cela en temps et en heure…

ALAIN – Tu es un vrai génie.

GILBERT – Mai, non…

ALAIN – Je n’y aurai jamais pensé. Le cerveau ce n’est pas moi, c’est toi.

GILBERT – Ce n’est rien.

ALAIN – Ne soit pas si modeste…

CATHERINE – Il faut aller préparer ça de toute urgence…

FRANCK – Pour-sur… Après l’ apéro !

CATHERINE – Quel pochtron !

 (Ils sortent)

(Hildegarde revient sur scène. Quelques secondes passent et Fernand arrive au pas de course)

FERNAND – Je viens de croiser les délégués. Il y a un problème ?

HILDEGARDE – Non… Je donnais mes consignes…

HILDEGARDE – Tout a fonctionné ?

FERNAND - Oui… J’ai attendu que votre fille nous regarde par l’encadrement de la porte et j’ai commencé mon cinéma de grand voyant…

HILDEGARDE – Et ça a marché ?

FERNAND – Du tonnerre…

HILDEGARDE – C’est génial… Nous allons organiser rapidement votre rencontre avec ma fille et les revenants… Et là vous lui déballez tout… C’est d’accord ?

FERNAND – Ça va l'anéantir…

HILDEGARDE – Pas du tout, ça va la conforter !

FERNAND – Vous êtes sûr ?

HILDEGARDE – Absolument… Et puis réfléchissez à notre petit arrangement… Pour vous terminer le balai… C’est ce que vous vouliez non ?

FERNAND – (Embarrassé) Oui… Mais…

HILDEGARDE – Il n’y a pas de mais… Un arrangement est un arrangement… Je peux compter sur vous ?

FERNAND – (Hésitant) Oui…

HILDEGARDE – Alors disparaissez…

(Fernand sort par la porte d’entrée)

HILDEGARDE – Plus que quelques heures et ce sera l’apothéose…

(Roxane arrive. On sonne à la porte. Marie sort la cuisine et va ouvrir la porte)

MARIE – Voilà, voilà J’arrive…

(Entrée du Docteur. Il ressemble à un fou évadé de l’asile. Sa chemise sort de son pantalon il a les cheveux hirsutes)

MARIE – Bonjour Docteur… Je vous annonce auprès de Madame Barallon…

HILDEGARDE – (A Marie) Pas tout de suite… Je vais prendre un café avec le Docteur…

ROXANE – Il est destroy on dirait un de mes potes…

LE DOCTEUR – Ce n’est pas de refus… Avec ce rendez-vous aux aurores…

(Marie va en cuisine)

ROXANE – Il est plus de dix plombes du mat !

LE DOCTEUR – Pour moi c’est tôt. Je veille très tard les soirs afin de travailler mes dossiers… Du coup ce matin, je n’ai pris que mes médicaments…

HILDEGARDE – Vous êtes soufrant ?

LE DOCTEUR – Non… Mais en véritable professionnel je teste tous les calmants que je prescris.

ROXANE – Tous ?

LE DOCTEUR – Affirmatif !

HILDEGARDE – Et ce n’est pas dangereux pour votre santé ?

LE DOCTEUR – Au contraire… Les traitements sont très fiables de nos jours… De plus, en réalisant moi-même les tests je connais les effets indésirables possibles et suis capable de réagir à bon escient…

ROXANE – Il va nous faire une overdose en live…

LE DOCTEUR – Pensez voir ! (Il sort une boite de médicament et en avale un)

LE DOCTEUR – En plus, ils sont délicieux… (Il se lève les yeux dans le vague et crie. Hildegarde sursaute. Il se jette par terre et rampe sous la table) Tous aux abris… Nous sommes cernés…

ROXANE – Docteur ?

LE DOCTEUR – Je ne suis pas Docteur… Mais Général… Le général Patton…

HILDEGARDE – De mieux en mieux…

LE DOCTEUR – Les japs arrivent… Planquez-vous soldat… Ça va canarder partout… Et faites attention aux mines, c’est dangereux !

HILDEGARDE – (D’un ton désabusé) J’y penserai…

LE DOCTEUR – (Il scrute la pièce) J’ai l’impression qu’ils sont partis… Soldat, vous pouvez reprendre une activité normale…

ROXANE – Si vous le dites !

LE DOCTEUR – A vos rangs fixes… Repos mauvaise troupe…

ROXANE – Posez vos fesses ici…

HILDEGARDE – Asseyez-vous Docteur… (Elles font asseoir le Docteur) C’est à vous de vous reposer… C’est quoi vos médicaments ?

LE DOCTEUR – (Il présente à Hildegarde la boîte de médicaments) C’est un traitement Américain « ré-vo-lu-ti-onnaire… » Je le teste depuis une semaine… Et comme vous pouvez le constater… Tout va bien… Aucun effet indésirable. Je suis en pleine forme ! (Il fait des mouvements de gymnastique).

HILDEGARDE – (Embarrassée) Je vois ça…

LE DOCTEUR – (D’un ton fier il présente la signature sur la boîte) Et regardez là… C’est une série limitée que j’ai fait dédicacer par son créateur le Professeur Sigmund LABEVUE… C’est magnifique non ?

ROXANE – Ben…

LE DOCTEUR – Vous en voulez un ?

ROXANE – Pas pour le moment… Plus tard… En privé… Ca ne sera pas de refus…

LE DOCTEUR – Dommage pour vous… (Il ouvre la boîte et avale un nouveau comprimé. Il s'effondre sur la table et ronfle).

HILDEGARDE – Voilà il est reparti…

ROXANE – Je crains le pire !

HILDEGARDE – Docteur… Docteur… Réveillez-vous… (A Roxane. Qui est morte de rire) Ve prévenir ta mère.

(Roxane part rapidement dans les chambres)

LE DOCTEUR – Qui va là ?

HILDEGARDE – C’est moi Docteur… Madame Lux…

LE DOCTEUR – (Il se redresse d’un coup) Pollux… C’est joli comme nom pour un toutou… (Il jette la boîte de médicament par terre) Va chercher le chien-chien… Va…

HILDEGARDE – Là… On est mal !

LE DOCTEUR – Quel abruti ce chien… Il ne comprend rien… Il est trop vieux… Il doit être sourd, je vais le faire piquer !

HILDEGARDE – Docteur Ferrand ?

LE DOCTEUR – Oui Pollux…

HILDEGARDE – Non c’est moi… Madame Lux…

LE DOCTEUR (Le docteur marque un temps d’arrêt) Un chien qui parle ce n’est pas courant… Tu as compris ce que je viens de dire mon petit ?

HILDEGARDE – Forcément…

LE DOCTEUR – (Se parlant à lui-même) Mince… Je vais essayer de le rouler dans la farine… Après-tout ce n’est qu’une bête…

HILDEGARDE – Tu parles d’un traitement révolutionnaire !

LE DOCTEUR – Tu as des puces mon toutou ? Viens que je te grabotte… (Il gratte la tête d’Hildegarde)

HILDEGARDE – Doucement Docteur…

LE DOCTEUR – Je suis très… (Il s'effondre à nouveau sur la table et ronfle).

HILDEGARDE – (Appelant Marie) Il vient ce café ? C’est pour une urgence… (Au Docteur en le secouant) Docteur… Docteur… Faites un effort j’ai à vous parler…

LE DOCTEUR – (Il se lève de la chaise) Allô la terre… Houston on a un problème… Les rétrofusées sont en panne et nous n’avons plus d’épinards… Nous passons en mode manuel… (Il s'effondre au sol)

(Marie arrive avec deux cafés)

MARIE – Il fait quoi par terre ?

HILDEGARDE – Donnez-moi un coup de main pour le relever au lieu de poser des questions stupides.

MARIE – (Elles le relèvent) Qu’il est lourd.

HILDEGARDE – A qui le dites-vous…

MARIE – Il est dans le coma ?

HILDEGARDE – Non c’est juste quelques effets secondaires liés à son traitement…

MARIE – Des quoi ?

HILDEGARDE – Oubliez… Ce serait trop long à vous expliquer…

(Elles arrivent à asseoir le Docteur sur une chaise. Il dort toujours)

MARIE – Et maintenant ?

HILDEGARDE – (Réfléchit) Le café ne sera pas suffisant… Allez chercher la gnôle du grand-père.

MARIE – Vous êtes sûr ?

HILDEGARDE – Ne discutez pas !

(Marie part. Elle revient avec la bouteille et un verre à whisky)

MARIE – J’en mets comment ?

HILDEGARDE – A ras bord !

MARIE – C’est une arme de destruction massive la bibine de l’ancien… Il ne va pas s’en remettre.

HILDEGARDE – Il lui faut un électrochoc… Alors… Exécution !

(Marie sert une moitié de verre)

MARIE – Voilà… Ça devrait suffire…

HILDEGARDE – Plein j’ai dit…

MARIE – Je vous aurai prévenu… Ça risque de le secouer !

HILDEGARDE – J’en prends la responsabilité… Aidez-moi à lui administrer…

(Hildegarde ouvre la bouche du Docteur qui ronfle et Marie vide la moitié du verre dans sa bouche et pose le verre sur la table. Le Docteur recrache tout en hurlant. Il fait le tour de la pièce en courant)

LE DOCTEUR – Ça brûle…

MARIE – Je vous l’avais dit… C’est démoniaque cet élixir…

HILDEGARDE (A Marie) Attrapez-le…

MARIE – Ce n’est pas la peine… Il s’arrêtera lorsqu’il sera crevé !

HILDEGARDE – Nous n’avons pas le temps… J’ai à lui parler… Et rapidement !

(Elles l’attrapent. Elles le rasseyent)

HILDEGARDE – (Désignant la boîte restée au sol) Faites-moi passer les médicaments qui sont là-bas…

(Marie ramasse et les donne à Hildegarde qui le cache dans une poche)

MARIE – Madame a encore besoin de moi ?

HILDEGARDE – Non merci… (Elle sort en direction de la cuisine)

HILDEGARDE – (Au Docteur) Tout va bien ?

LE DOCTEUR – Affirmatif… J’ai juste fait un petit malaise vagal dû à un manque de glucides… Tout est rentré dans l’ordre ne vous inquiétez pas. (Il fouille dans ses poches) Où sont mes médi…

HILDEGARDE – (Coupe le Docteur) N’y pensez plus… Buvez votre café et écoutez-moi… Ma fille est en pleine dépression elle a besoin de vous… Vous comprenez ?

LE DOCTEUR – Oui… Pourquoi elle ne m’a rien dit lors de nos dernières séances de thérapies ?

HILDEGARDE – En fait… Tout est lié à mon gendre… Il la manipule depuis de nombreuses années…

LE DOCTEUR – Il va falloir m’en dire davantage…

HILDEGARDE – Depuis l’assassinat de mon mari, mon gendre a pris les rênes des lunettes lux. Nous perdons de nombreux clients. L’entreprise est au bord du gouffre et cette situation le rend fou… À mon avis il se drogue !

LE DOCTEUR – Je ne savais pas pour votre mari…

HILDEGARDE – Mon gendre est l’auteur de cette sordide histoire !

LE DOCTEUR – Il n’est pas en prison ?

HILDEGARDE – Il est trop malin et une totale emprise sur ma fille !

LE DOCTEUR – Comment sortir votre fille de ses griffes ?

HILDEGARDE – (Hésitante) C’est vous le spécialiste… Je ne veux en rien interférer dans vos diagnostics… (Parlant doucement) Mais moi… À votre place… Je ferais enfermer mon gendre… Uniquement pour protéger votre patiente !

LE DOCTEUR – Je vais mener mes investigations…

HILDEGARDE – (Appelant) Marie…

MARIE – (Marie sort de la cuisine) Oui…

HILDEGARDE – Accompagnez le Docteur… Madeleine l’attend.

MARIE – Si vous voulez bien me suivre…

(Ils quittent la pièce en direction des chambres. Hildegarde s’assied rêveuse)

HILDEGARDE – Que c’est agréable… Je me délecte… Et ce n’est que le début… Quel pied !

HILDEGARDE – (Se levant) Je vais préparer ma petite mixture… Il va voir de quel bois je me chauffe, l’assassin !

(Madeleine pose le reste du verre d’eau-de-vie sur le buffet. Elle sort la boîte de médicaments et part dans la cuisine)

(Richard arrive par la porte d’entrée. Il tourne dans la pièce)

(Hildegarde arrive de la cuisine avec 2 cafés)

RICHARD – Que venez-vous faire ?

HILDEGARDE – Nous devons discuter.

RICHARD – Quel « Trafalgar » êtes-vous en train de me préparer ?

HILDEGARDE – Arrêtez de jouer les martyres… Vous n’avez rien à craindre…

RICHARD – Je n’ai pas peur de vous !

HILDEGARDE – Là n’est pas la question… Je vous propose d’enterrer définitivement la hache de guerre… Les temps sont durs pour tout le monde et nous devons nous serrer les coudes dans ces périodes troublées… Il faut stopper nos petites querelles familiales vous ne croyez pas ?

RICHARD – Si… Mais c’est vous qui…

HILDEGARDE – Vous n’allez pas recommencer… On trinque ?

RICHARD – Si vous voulez… Toutefois… J’aimerais bien inverser nos tasses.

HILDEGARDE – Vous ne me faites pas confiance ?

RICHARD – Si… Mais je préférerais boire dans la vôtre… Ça me rassurerait…

(Ils échangent les tasses. Richard boit son café. Hildegarde ne boit rien)

HILDEGARDE – Merci de votre confiance…

RICHARD – Où est Madeleine ?

HILDEGARDE – Elle est avec le Psy.

RICHARD – Cet escroc ? Il va encore lui mettre la tête à l’envers !

HILDEGARDE – Détendez-vous…

RICHARD – Je suis calme, très calme même… C’est étrange… Je me sens… (Il s’effondre sur la table en ronflant)

HILDEGARDE – Eh bien… Les médocs du psy sont efficaces… Heureusement que j’avais prévu le coup… C’est fou comme les gens ne se font pas confiance !

(Hildegarde appelle plusieurs fois)

HILDEGARDE – Docteur Ferrand, Docteur Ferrand venez vite…

(Le docteur et Roxane arrivent des chambres aux pas de course)

LE DOCTEUR – Que se passe-t-il ?

HILDEGARDE – C’est mon gendre…

ROXANE – (Affolée) Papa…

HILDEGARDE – Il est devenu fou… Il m’a insultée puis il a prononcé des paroles incompréhensibles et il s’est effondré !

ROXANE – Ce n’est pas croyable… Il était en pleine forme.

(Le docteur ausculte Richard)

LE DOCTEUR – Ça à l’air grave… (Il lève le bras de Richard qui retombe) Il n’a aucune réaction… Je vais joindre mes assistants (Ou Assistantes) nous devons le transporter à la clinique de toute urgence…

HILDEGARDE – Génial !

ROXANE – Comment-ça ?

HILDEGARDE – Gênant je voulais dire, gênant…

ROXANE – j’ai cru que tu étais devenue flippée...

(Le docteur repart dans les chambres)

 

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène Marie et Richard qui est toujours endormi sur la table. On sonne. Marie va ouvrir. A la porte se présentent deux hommes (ou deux femmes ou 1 homme et une femme) en blouse blanche Victor tient une sacoche)

MARIE – Bonjour… Vous êtes ?

VICTOR – Je suis Victor. (Ou Madame Victor)

HUGO – Hugo… (Ou Madame Hugo)

MARIE – Victor Hugo comme l’auteur de comédie musicale ?

VICTOR – (Affligé) Jamais de la vie…

HUGO – Victor Hugo, d’ailleurs n’était pas musicien…

VICTOR – Il était poète et écrivain !

HUGO Rien à voir.

MARIEPourquoi vous dites était ?

HUGO – (D’un ton dépité) Parce qu’il est mort…

MARIE – Je ne savais pas… C’est récent non ?

HUGO – Presque… C’était en 1885… Vous n’avez pas appris ça à l’école ?

MARIE – Oh, moi vous savez… J’ai surtout fait l’école buissonnière…

VICTOR – Ceci expliquant cela…

MARIE – Sans blague, il y avait réellement un écrivain qui se nommait Victor Hugo ?

HUGO – Et oui…

MARIE – Quelle coïncidence.

VICTOR – C’est ça… Comme je vous disais, je suis Victor… (Ou Madame Victor)

HUGO – Et moi… Hugo… (Ou Madame Hugo) Nous sommes les assistants (Ou Assistantes) du Docteur Ferrand !

MARIE – (Réfléchissant) C’est étrange…

VICTOR – Quoi ?

MARIE – Il me semblait bien avoir entendu et même vu à la télé, chanter Monsieur Victor dans la comédie musicale « Notre Dame de Paris » Vous savez avec Quasimodo, Esmeralda, la chèvre et tout ça… Vous êtes sûr que ce n’est pas de gens de votre famille ?

HUGO – Certains… (Ou certaine si joué par une femme) Et son nom c’est Hugo… Victor c’est son prénom !

MARIE – En plus j’apprends des choses.

HUGO – Tant mieux.

MARIE – Et Notre Dame de Paris… Vous, vous connaissez ?

VICTOR – (Agacé) On connaît… C’est à Paris !

MARIE – N’importe quoi… C’est dans tous les Zéniths de France, et dans les transistors…

HUGO – Des transistors ?

VICTOR – Affligeant !

MARIE – Moi, j’ai écouté le disque en boucle… (Elle tourne sur elle-même et chante) Belle… C'est un mot qu'on dirait inventé pour elle… Ô Lucifer, rien qu’une fois tralalala tralalala…

VICTOR – C’est ça, on lui dira…

MARIE – Vous ne trouvez pas que je ressemble à Esmeralda ?

HUGO – Bof…

MARIE – Comment ça… Bof ?

HUGO – j’aurais plutôt dit… Quasimo…

VICTOR (coupe Hugo) Oui c’est ça quasiment ! Je suis d’accord avec toi… Mais nous ne sommes pas là pour faire un radio crochet.

MARIE – Vous êtes là pour quel motif au juste ?

HUGO – Le Docteur Ferrand nous a missionné pour venir instamment pour l’épauler sur un sujet délicat…

MARIE – Insta quoi ?

VICTOR – Rapidement… Vous comprenez ?

MARIE – Évidemment… Je ne suis pas si cruche !

VICTOR – (Affligé) C’est bien de le savoir.

HUGO – D’après le Docteur, un patient est en souffrance grave et nous devons faire vite.

MARIE – Qui est souffrant ? C’est encore Madame ?

HUGO – Non… Il nous a parlé d’un certain (Il consulte un carnet) Barallon… Richard Barallon pour être précis… Vous le connaissez ?

MARIE – Pour sûr… C’est mon patron… Il est là, regardez… (Elle désigne Richard affalé sur la table) Il roupille sur la table depuis une bonne heure… Pour moi, il a pris un petit coup de barre c’est tout !

VICTOR – Vous êtes médecin ?

MARIE – Non !

(Victor écarte Marie)

VICTOR – Alors… Laissez faire les professionnels… (Ils se précipitent auprès de Richard. Marie les regarde faire à l’écart).

MARIE – (Elle ronchonne) Ils (Ou elles) se moquent de moi… Les misérables !

HUGO (Parlant à Victor tel un chirurgien) Stéthoscope !

VICTOR – Voilà ! (Victor ausculte longuement Richard en écoutant son cœur)

HUGO – Alors ?

MARIE – (D’une petite voix inquiète) Il est mort c’est ça ?

VICTOR – (Regardant méchamment Marie) Taisez-vous… Je n’entends rien… Non, son cœur bat… Faiblement mais il bat… Il semble qu’il soit tombé dans le coma…

HUGO – On fait quoi ?

VICTOR – Le Docteur m’a demandé de lui administrer son nouveau traitement révolutionnaire dès notre arrivée… (Il sort une boîte de médicament et regarde autour de lui. Il désigne le verre d’eau-de-vie) (A Hugo) Va me chercher ce verre d’eau !

MARIE – Attendez c’est…

HUGO – (Hugo revient avec le verre d’eau-de-vie) (A marie) Laissez-nous… Nous savons parfaitement ce que nous faisons !

MARIE – (Riant sous-cape) OK… (Parlant doucement) Ça va dégager !

(Ils fourrent dans la bouche de Richard un comprimé et le font boire de force. Richard recrache l’eau-de-vie. Il se lève en criant et se met à courir autour de la pièce)

VICTOR – Retiens le…

HUGO – Trop tard.

MARIE – Je vous avais prévenu… (Parlant au public) Ça me rappelle vaguement quelque chose pas vous ?

VICTOR – Donnez-nous un coup de main au lieu de rester les bras croisés !

MARIE – Pour ?

HUGO – Pour l’attraper évidemment !

MARIE – Laissez le tourner… Une fois crevé, il va s’écrouler !

HUGO – Au lieu de raconter des inepties, courrez chercher le Docteur Ferrand.

MARIE – C’est bon j’y vais « insta » machin truc !

VICTOR – (Victor réussi à saisir Richard) Je le tiens… Aide-moi à l’asseoir… Monsieur Barallon vous m’entendez ?

HUGO – Richard vous êtes là ?

RICHARD – (À moitié endormi) Oui je suis là… Qui me demande ?

HUGO – Je suis Hugo, (Ou Madame Hugo) l’assistant (Ou Assistantes) du Docteur.

RICHARD – (Richard se lève et entame un discours) Et moi… Je suis… Richard… Richard Cœur de Lyon… Roi d’Angleterre. Fils d’Henri 2 et d’Aliénor d’Aquitaine et neveu… De Rocky trois… En gardes mécréants… (Il se met en position de combat tel un boxeur)

VICTOR – Tout doux !

RICHARD – Il n’en est pas question… Je dois réunir mon armée je vais partir en croisade en Terre sainte pour libérer Jérusalem des mains de l’affreux Saladin…

VICTOR – Quelle salade ?

RICHARD – Chargez… À l’attaque (Richard repart de plus belle en faisant le tour de la pièce)

(Le Docteur arrive)

LE DOCTEUR – Richard… Calmez-vous… C’est moi le Docteur Ferrand !

(Richard stop net. Il s’approche et saute sur le Docteur)

RICHARD – C’est lui, c’est l’affreux… Tu es cuit misérable… À moi mes troupes…

LE DOCTEUR – Aidez-moi à le neutraliser…

(Hugo prend une seringue dans le sac et saute sur Richard pendant que Victor aide le Docteur à se dégager. Hugo profite de ce moment pour piquer Richard)

HUGO – Voilà qui devrait l’envoyer aux doux pays des rêves !

(Richard s’effondre)

LE DOCTEUR – Vous pouvez m’expliquer ce qu’il s’est passé ?

VICTOR – Lorsque nous sommes arrivés tout était tranquille… Le patient était allongé sur la table.

HUGO – il semblait dans le coma…

VICTOR – Après avoir pris ses constantes, j’ai attrapé une dose de votre nouveau traitement révolutionnaire et nous lui avons administré. Et là… Il est devenu comme fou…

HUGO – Il était en plein délire.

VICTOR – Il s’est levé et mis à courir dans tous les sens en criant qu’il devait libérer je sais plus quel patelin…

LE DOCTEUR – Il est en pleine crise de dédoublement de la personnalité. Madame Lux m’avait prévenue. C’est très grave… Nous devons l’enfermer afin de le protéger ainsi que sa famille. Victor, Hugo, (ou Mesdames) emmenez le patient à la clinique.

VICTOR – Ce n’est pas risqué ?

LE DOCTEUR – Non, maintenant qu’il est endormi ça ne risque plus rien. Je finis ma consultation et j’arrive. Nous allons certainement devoir lui faire des électrochocs.

VICTOR – (Tout excité) Des électrochocs… Fantastique… Vous me laisserez les lui faire Docteur s’il vous plaît ?

HUGO – Un vrai Gosse. (Ou une vraie gamine)

VICTOR – Je n’en ai jamais fait…

LE DOCTEUR – Nous verrons…

(Victor et Hugo le saisissent par les pieds et les jambes et emmènent Richard. Ils sortent)

VICTOR – (Victor sort tout contant en chantant) Je vais faire des électrochocs… Des électrochocs…

HUGO – Porte… Au lieu de brailler !

LE DOCTEUR – Je vais annoncer ça à son épouse… Je crains le pire…

(Le Docteur part en direction des chambres. Victor et Hugo disparaissent avec Richard)

 

Pause de quelques secondes – La lumière se coupe

 

(Retour sur scène d’Hildegarde, madeleine, Roxane et du Docteur)

MADELEINE – (En pleurs) Ce n’est pas possible… Pas Richard !

ROXANE – j’ai vu mon paternel… Ce n’est pas grave ?

LE DOCTEUR – Malheureusement si… Lorsque mes assistants (Ou Assistantes) sont arrivés votre mari était en plein délire… Ses propos étaient incohérents… Il se prenait pour Richard Cœur de Lion et voulait lever une armée… Vous imaginez ?

HILDEGARDE – Oh que oui !

LE DOCTEUR – Il m’a agressé violemment…

ROXANE – En plus.

LE DOCTEUR – Oui… Il a essayé de m’étrangler… Je n’ai pas eu d’autre choix que de lui administrer un sédatif puissant. Puis j’ai organisé son rapatriement à la clinique.

HILDEGARDE – Tu vois ma chérie, une fois de plus j’avais raison. Ton mari était un criminel… Il vient de le prouver à nouveau !

MADELEINE – Docteur, je vous en supplie, occupez-vous bien de mon Richard. Et qu’il nous revienne en pleine forme.

LE DOCTEUR – Vous pouvez compter sur moi !

ROXANE – Ne t’inquiète pas maman… Tout va s’arranger.

(Le docteur se lève et Hildegarde l’accompagne à la porte)

HILDEGARDE – Docteur… La santé mentale de mon gendre me préoccupe au plus haut point… Prenez votre temps… Tout votre temps… Utiliser toutes les méthodes possibles… Vous avez carte blanche… Les électrochocs, les hypnotiques et même la trépanation si nécessaire… Vous avez toute notre confiance !

LE DOCTEUR – (Pensif) La trépanation ? Ce n’est pas bête du tout… Je n’y avais pas pensé… Je dois vous avouer qu’il y a des années que je n’en ai pas réalisé… Ça me rappellera mes cours à la FAC de médecine… Et mes séances entraînements sur des cochons…

HILDEGARDE – Nous comptons sur vous…

MADELEINE (En pleure) Non… Pas la trépanation…

(Le Docteur sort. Hildegarde rejoint Madeleine)

HILDEGARDE – Courage ma chérie… Je sais que c’est difficile d’apprendre que l’homme que l’on aime est un tueur de sang-froid…

ROXANE – J’espère que le Doc pourra le remettre sur les rails

MADELEINE – Je n’y crois toujours pas !

(Hildegarde appelle)

HILDEGARDE – (A Roxane) Accompagne ta mère à sa chambre.

ROXANE – OK… Prend mon bras

MADELEINE – Avec tous ses événements je me sens groggy…

ROXANE – Ne t’en faites pas… J’assure ! (Roxane et Madeleine partent dans les chambres. Madeleine titube. Roxane reste sur scène)

(Fernand franchit la porte et Roxane revient des Chambres. Fernand porte un sac en bandoulière)

HILDEGARDE – Vous voilà… Enfin !

FERNAND – J’étais en réunion syndicale avec Gilbert et le reste des ouvriers…

HILDEGARDE – Et ?

FERNAND – C’est la grève… Votée à l’unanimité !

HILDEGARDE – Chouette !

ROXANE – C’est la cata pour mon padré !

HILDEGARDE – Mais non, tu verras.

FERNAND – Les ouvriers montent les barricades… Plus rien ne sortira ni n’entrera dans les stocks !

HILDEGARDE – Que de bonnes nouvelles !

ROXANE – Je ne comprends pas pourquoi t’est jouaille.

(Franck, Alain et Catherine arrivent en courant. Ils portent des banderoles de gréviste)

FRANCK – (Entre en hurlant) C’est parti, c’est la grève !

FERNAND (Inquiet) Doucement les gars.

FRANCK – C’est que tu voulais non ?

FERNAND – Oui bien sûr…

HILDEGARDE – Pour moi, c’est parfait…

ROXANE – Mamie, tu vas m’expliquer ?

CATHERINE (A Hildegarde) Comment ça Parfait ?

ALAIN – Vous ? Vous trouvez ça bien ?

ROXANE – C’est normal elle est overdosée depuis ce matin !

HILDEGARDE – Je suis de votre côté !

FRANCK – Ca s’arrose !

ALAIN – Freine sur la bibine.

FRANCK – Il ne faut jamais laisser passer une occasion de se désaltérer.

CATHERINE – C’est ça…

HILDEGARDE –Je souhaite le meilleur pour mes ouvriers… Gilbert ne vous a rien dit ?

CATHERINE – Pas spécialement.

ALAIN – Madame Lux ?

HILDEGARDE – Oui.

ALAIN – je viens de croiser une journaliste qui fouine dans les parages… Elle voulait me poser des questions. J’ai fait le lourd elle est n’a pas insistée.

FRANCK – Tu n’as pas du beaucoup te forcer…

ALAIN -Très drôle.

HILDEGARDE – Je dirais intéressant…

FRANCK – Moi aussi je l’ai croisé. Elle a essayé de me poser des questions. Je l’ai envoyé sur les roses.

ALAIN –Elle cherche des informations auprès de tout le monde.

ROXANE – Moi, elle n’est pas venue me causer… C’est louche non ?

ALAIN – Tu m’étonnes…

HILDEGARDE – C’est normal que les journalistes s’intéressent à vos revendications.

CATHERINE – Gilbert nous a informés de la venue de Monsieur Muller.

ALAIN – (A Hildegarde) Vous le connaissez, vous, ce « Muller » ?

HILDEGARDE – Pas spécialement… J’en ai juste entendu parler.

ALAIN – Et ?

HILDEGARDE – Rien… Nous verrons bien.

CATHERINE – Il paraît que c’est un extrémiste !

FRANCK – Qu’il est même fou !

FERNAND – Ne vous inquiétez pas il est de notre côté…

CATHERINE – Puisque tu le dis…

FRANCK – (A Fernand) Tu viens nous aider à monter les barricades ?

FERNAND – Je vous rejoins… J’ai une dernière chose à régler avant…

FRANCK – Après nous ferons une pause au bistro. Tu seras des nôtres ?

FERNAND – Je vais essayer.

ALAIN – Ne l’écoute pas…

FRANCK C’est important… Un camarade qui ne picole pas c’est qu’il y a une anarque…

CATHERINE – Nous avons compris.

(Franck, Alain et Catherine se mettent à l’écart et discutent)

FRANCK – Vous ne trouvez pas ça louche que la mère Lux soit de notre côté ?

CATHERINE – Moi ce qui m’intrigue c’est ce qu’elle a dit sur Gilbert ?

ALAIN – Elle a dit quoi ?

CATHERINE – Que Gilbert devait nous dire qu’elle souhaitait nous aider…

FRANCK – C’est vrai qu’ils sont souvent ensemble ces deux-là… S’ils font des petits j’en adopte un !

CATHERINE – Que tu es bête…

ALAIN – Du moment que ça fait avancer notre cause… Il n’y a pas de problème !

(Franck, Alain et Catherine sortent en chantant et en agitant leurs banderoles. Roxane les interpelle)

ROXANE – Attendez-moi… Je viens avec vous…J’adore foutre le souk !

CATHERINE – FRANCK – ALAINC’est la lutte finale…

(Roxane sort)

FERNAND – Et pour le journaliste ?

HILDEGARDE – Je vais m’en occuper… Mais avant, il faut faire votre cinéma avec ma fille. Voyant, envoûtement et tout le toutim… Vous devez vraiment finir de la convaincre… Et n’oubliez pas de parler de son nounours… C’est grâce à ce détail qu’elle va tout gober…

(Fernand s’assied à la table et sort des bougies et un jeu de tarot de Marseille de son sac. Hildegarde part en direction des chambres)

HILDEGARDE (Elle se retourne et lance) Je compte sur vous… Le GRAND jeu !

FERNAND – Je vais faire ça… (Fernand allume les bougies et ferme les rideaux. La pièce est sombre. Madeleine arrive des chambres).

MADELEINE – Fernand ? Que faites-vous ici ?

FERNAND – Je suis venu pour amener des réponses à vos questions… Vous en avez n’est-ce pas ?

MADELEINE – Oui… Mais comment allez-vous faire ?

FERNAND – Je vais invoquer les esprits… Venez près de moi !

MADELEINE – (Madeleine s’assied et se concentre) Je suis prête.

FERNAND – Lorsque je serai connecté avec l’au-delà, vous n’aurez droit qu’à deux questions !

MADELEINE D’accord !

(Fernand présente à Madeleine son jeu de tarot)

FERNAND – Coupez et tirez 4 cartes… (Madeleine s’exécute. Fernand examine les cartes posées sur la table) Intéressant… Très Intéressant même…

MADELEINE – Que voyez-vous ?

FERNAND – Laissez-moi me concentrer…

MADELEINE – Nous allons pouvoir entrer en contact avec mon père ?

FERNAND – Je vais essayer… (Fermant les yeux) Prenez mes mains (Madeleine s’exécute. De longues secondes passent. Fernand devient tout raide).

MADELEINE – Papa tu es là ?

FERNAND – Chut… (Le temps passe. Fernand garde les yeux fermés. Il parle avec une voix sombre) C’est moi…

MADELEINE – Papa ?

FERNAND – (Gardant les yeux fermés) Oui…

MADELEINE – … Pa… Papa ? Prouve-moi que c’est bien toi !

FERNAND – Petite tu avais un ours en peluche…

MADELEINE – Tout le monde en a eu un…

FERNAND – Répondant au nom de Babar, je ne crois pas !

MADELEINE – (Madeleine marque un temps d’arrêt) Ce n’est pas possible… C’est bien toi !

FERNAND – Pose ta première question !

MADELEINE – Lors de l’accident de chasse, tu ne portais pas ton gilet fluorescent. As-tu essayé de te suicider ?

FERNAND – Négatif…

MADELEINE – C’était un accident ?

FERNAND – Non… Un meurtre !

MADELEINE (Madeleine saute de sa chaise) Tu as été assassiné par Richard… C’est ça (Madeleine secoue Fernand. Qui retrouve ses esprits) réponds-moi…

FERNAND – Trop tard… Je suis déconnecté !

MADELEINE – Reconnectez-vous… Vite !

FERNAND – C’est fini… Je l’ai perdu… Que vous a-t-il dit ?

MADELEINE – Vous n’avez pas entendu ?

FERNAND – Non !

MADELEINE – Je n’y crois pas… C’est horrible…

(Madeleine s’enfuit dans les chambres en courant Fernand sort)

(Arrivé par la porte d’entrée d’Hildegarde qui précède la Journaliste. Elles vont s’asseoir à la table)

VÉRONIQUE – Merci de m’accorder une interview et de m’autoriser à recueillir les confidences de vos employés.

HILDEGARDE – De rien Madame Ducanard… Je suis pour la liberté de la presse et je préfère vous donner les vraies informations plutôt que vous colportiez de fausses allégations.

VÉRONIQUE – Pour commencer, racontez-moi comment la grève a commencé et quels sont vos objectifs ? (Elle sort un calepin et prend des notes).

HILDEGARDE – Avant tout, vous devez savoir que l’entreprise familiale a de graves difficultés financières depuis qu’elle est gérée par mon incompétent et psychopathe de gendre.

VÉRONIQUE – J’ai eu ouï-dire qu’il était impliqué dans un accident mortel et que récemment il avait été interné à la clinique psychiatrique ?

HILDEGARDE – C’est exact… Il a abattu froidement mon mari…

VÉRONIQUE – C’est horrible… Je comprends pourquoi il est enfermé et pourquoi le personnel vient de décréter le blocage de l’entreprise !

HILDEGARDE – La date et le déroulement du mouvement de grève étaient déjà déterminés depuis longtemps… L’internement de mon gendre juste avant est une pure coïncidence…

VÉRONIQUE – Dans quel but ce blocage et pourquoi y prenez-vous part ?

HILDEGARDE – C’est secret !

VÉRONIQUE – Madame Lux… Vous souhaitez que je relate la vérité ?

HILDEGARDE – Oui !

VÉRONIQUE – Pour cela vous devez être précise et honnête… Je saurais rester discrète… Je vous promets de ne rien écrire ni dévoiler. J’attendrai votre feu vert.

HILDEGARDE – Vous me le jurez ?

VÉRONIQUE – Croix de bois, croix de fer… Enfin vous connaissez la suite ?

(Véronique fait voir ses mains au public. Elle croise les doigts)

HILDEGARDE – Oui…

VÉRONIQUE – Parlez sans crainte !

HILDEGARDE – Tout est arrangé depuis longtemps…

VÉRONIQUE – Racontez-moi…

HILDEGARDE (Sur le ton de la confidence) Je vous explique le plan… Avec la grève, les rentrées financières vont être en berne et pousser l’entreprise au dépôt de bilan.

VÉRONIQUE – Vous voulez que votre entreprise disparaisse ?

HILDEGARDE – Pas du tout, j’ai tout prévu… Nous serons mis en redressement judiciaire et pendant la procédure, les salariés se positionnent pour racheter l’entreprise en SCOP…

VÉRONIQUE – Vous allez perdre votre entreprise. Qu’elle est votre intérêt ?

HILDEGARDE – Vous allez comprendre… Il va y avoir des élections et mes salariés vont me nommer Directrice… Donc je ne perds rien… Je reprends le pouvoir volé à mon pauvre Marius !

VÉRONIQUE – Qui est au courant de votre projet ?

HILDEGARDE – Il n’y a qu’une personne qui sache tout…

VÉRONIQUE – Vous avez confiance en elle ?

HILDEGARDE – Totalement… Gilbert est cent pourcent fiable.

VÉRONIQUE – C’est qui ce « Gilbert » ?

HILDEGARDE – Le délégué syndical.

VÉRONIQUE – Le syndicat est de votre côté ?

HILDEGARDE – Oui !

VÉRONIQUE – Vos ouvriers mont dit que Monsieur Muller allait participer à la grève ?

HILDEGARDE – C’est vrai… Il doit arriver d’un instant à l’autre… Vous le connaissez ?

VÉRONIQUE – Pas vraiment, je l’ai croisé une fois.

HILDEGARDE – Que pouvez-vous me raconter sur lui ?

VÉRONIQUE – Pas grand-chose… Je ne l’ai pas suffisamment pratiqué pour émettre un jugement…

(Véronique se lève. Elle salue Hildegarde et sort)

(Fernand arrive)

HILDEGARDE – Alors ma fille ?

FERNAND – Elle est effondrée. Maintenant, elle est persuadée que Monsieur Barallon a tiré exprès pour hériter plus vite…

HILDEGARDE – Et c’est la vérité… Bravo Fernand… Je serai généreuse !

FERNAND (Parlant tout bas) J’ai honte de moi…

HILDEGARDE – Il ne faut pas… Vous devriez être fier !

FERNAND – j’espère, ne pas avoir provoqué l’irréparable.

HILDEGARDE – Mais non… Rejoignez vos collègues… Zou !

(Hildegarde raccompagne Fernand à la porte. Il sort. Hildegarde saute de joie et repart dans les chambres)

(On sonne à la porte. Marie sort de la cuisine et va ouvrir. Arrive Adolphe Muller)

MARIE – Bonjour…

ADOLPHE – Vous êtes ?

MARIE – Je suis Marie l’employée de maison… Et vous ?

ADOLPHE – Je suis Adolphe Muller…

(Adolphe entre et fait le tour de la pièce en ignorant Marie)

MARIE – Ne vous gênez pas… Vous venez pour ?

ADOLPHE – Vous sauver…

MARIE – Je ne crois pas vous avoir sonné !

ADOLPHE – Vous peut-être pas… Mais ce n’est pas le cas des ouvriers… Monsieur Ducros le délégué syndical m’a imploré afin de venir vous apporter ma science du conflit social !

MARIE (Énervée) C’est donc vous le responsable de ce chantier ?

ADOLPHE – Non… Je ne suis que le bras armé de la contestation.

MARIE – Je ne comprends toujours pas pourquoi le personnel est en grève… Nos patrons sont adorables !

ADOLPHE – Il faut ôter vos œillères ma petite dame et voir la vérité en face… Aucun patron n’est adorable…

MARIE – Primo, je ne suis pas votre petite dame et deuzio ce sont des gens bien…

ADOLPHE – Des gens bien… Des patrons ? On ne me l’avait jamais faite celle-là… Bon, j’ai un entretien de programmé avec Gilbert Ducros… Merci de me l’appeler.

MARIE – C’est ça… En plus de mettre la pagaille, Monsieur s’organise des rendez-vous chez les autres… Je rêve ! (Marie part fâchée dans la cuisine. Adolphe flâne dans la pièce d’un air dédaigneux).

(Gilbert Arrive en courant par la porte d’entrée)

GILBERT – Monsieur Muller ?

ADOLPHE – Oui…

GILBERT – Enchanté… (Ils se serrent la main)

ADOLPHE – Camarade… Bravo pour vos barricades… C’est du beau travail… Je n’avais pas vu ça depuis mai soixante-huit, vous pourrez féliciter vos compagnons…

GILBERT – Vous étiez déjà sur les barricades en soixante-huit ?

ADOLPHE – Non… J’ai vu ça dans les livres… (Ou « oui » en fonction de l’âge de l’acteur).

GILBERT – Je vais vous annoncer auprès de Monsieur et de Madame Barallon…

ADOLPHE (Fâché) Comment ça M’annoncer ?

GILBERT – Enfin… Les prévenir de votre arrivée.

ADOLPHE – (Adolphe fait un discours) Ce n’est pas la peine oh compagnon… Personne n’annonce Adolphe Muller, Adolphe Muller est invisible tel le vent froid qui souffle sur les steppes du capitalisme, rien ne le contient… II passe en force et tel un ouragan il emporte tout sur son passage, afin que triomphe le prolétariat sur l’immonde individualisme capitaliste.

GILBERT – Ça, c’est de la phrase…

ADOLPHE – (Adolphe parlant fièrement) Ce n’est rien mon frère… C’est mon métier… J’ai l’habitude de discourir devant d’immenses foules en liesses…

GILBERT – En tout-cas… Merci de venir nous assister Monsieur Muller…

ADOLPHE – Pas de Monsieur et de vous entre nous Ducros… Nous sommes du même bord n’est-ce pas ?

(Adolphe tape violemment sur l’épaule de Gilbert qui manque de tomber)

GILBERT – Oui… Alors appelez… Enfin appelle-moi… Gilbert !

ADOLPHE – Va pour… « Camarade » Gilbert… Alors ils sont où tes tortionnaires ? J’ai hâte d’en découdre… (Il saute comme un boxeur sur un ring)

GILBERT – C’est un peu fort votre expression ?

ADOLPHE – (Adolphe refait un discours) Que nenni Camarade Gilbert… Les patrons sont « tous », tu entends, « tous », des marchands de sommeils qui exploitent les petites gens, donc tes camarades, à coups d’ordre et de brimades dans les reins !

GILBERT – Je ne voyais pas les choses comme ça.

ADOLPHE – Ils t’ont vidé le cerveau c’est tout… Sache qu’une fois l’employé courbé sous l’immense fardeau de ses immondes et répugnantes taches, l’assoiffeur du peuple en profite pour lui faire les poches jusqu’au dernier rouble afin d’augmenter ses profits mirifiques.

GILBERT – Monsieur Barallon n’est pas l’homme que vous décrivez !

ADOLPHE (D’un ton dégoûté) Ben voyons…

GILBERT – Il est humain et sait mettre la main à la pâte lorsque nous sommes en retard dans le travail… Il m’a nommé responsable au sein de mon atelier malgré mon accointance avec le syndicat !

ADOLPHE (D’un ton ironique) Quel homme… Il y a certainement vu un intérêt personnel !

GILBERT – Je ne crois pas…

ADOLPHE – D’ailleurs, où est-il en ce moment ?

GILBERT – C’est compliqué.

ADOLPHE – (Adolphe refait un discours) Pense-tu camarade Gilbert… Il est sûrement au golf ou en train de se dorer la pilule avec les immenses bénéfices qu’il a arrachés à la sueur du front de tes compagnons d’infortunes… Mon frère… Ton bourreau est le même que les autres… Et oui… C’est un affameur des masses laborieuses… Mais là, c’est fini… Adolphe Muller est là pour vous protéger… Alors qu’est-ce qu’on dit ?

GILBERT – Heu… Merci !

ADOLPHE – C’est court, c’est concis… Comme mes discours… J’aime bien…

GILBERT – Que faisons-nous ?

ADOLPHE – Tu vas me chercher les responsables de cette révolte ouvrière je dois présenter « Mon » plan »…

GILBERT – Tu as déjà élaboré une stratégie ?

ADOLPHE – Forcément… Je suis un professionnel des conflits sociaux… Je peux d’ores et déjà t’annoncer que nous allons faire plier vous tourmenteurs et remporter une victoire flamboyante !

(Adolphe accompagne Gilbert à la porte et le pousse dehors. Il déclame en levant le poing)

ADOLPHE – Nous vaincrons !

(Marie revient de la cuisine. Elle porte un panier en osier)

MARIE – Vous n’êtes pas encore parti ?

ADOLPHE – Je n’ai pas terminé mon œuvre… J’ai une réunion syndicale à tenir avec les responsables de la mutinerie.

MARIE – Une mutinerie… Voilà autre chose…

(On sonne à la porte. Marie va ouvrir. Arrivée de Véronique)

VÉRONIQUE – Bonjour… J’ai rendez-vous avec Monsieur Muller

MARIE (Désignant Adolphe) il est ici… Malheureusement… Je vais au marché… Si les sbires de « Monsieur le héros contestataire » me laissent passer bien entendu…

(Marie Sort en claquant la porte)

VÉRONIQUE – Bonjour Monsieur Muller… (Ils se serrent la main)

(Adolphe vérifie que Marie soit bien partie. Il ouvre et ferme la porte d’entrée et se précipite vers Véronique. Il la prend dans ses bras)

ADOLPHE – Ma chérie annonce, moi, de bonnes nouvelles !

VÉRONIQUE – J’ai bien mieux à te proposer Mon amour… Un scoop qui va te décoiffer !

(Ils s’embrassent)

FERMETURE DU RIDEAU

FIN DU 1er ACTE

 

Acte 2

(Sur scène Véronique et Adolphe. Ils se tiennent la main)

VÉRONIQUE – Et voilà… Tu connais le scénario imaginé par la mère lux.

ADOLPHE – Faire couler l’entreprise exprès pour la récupérer à moindre coût je dis chapeau… Tu as appris autre chose ?

VÉRONIQUE – Oh que oui…

ADOLPHE – Raconte…

VÉRONIQUE – Elle déteste son gendre…

ADOLPHE – Ce n’est pas la seule… Les ouvriers eux aussi ne le portent pas dans leur cœur.

VÉRONIQUE – C’est vrai… Mais c’est bien plus grave.

ADOLPHE – Explique…

VÉRONIQUE – Lors d’un prétendu accident de chasse, Monsieur Lux a été abattu par son gendre. Depuis il dirige l’entreprise.

ADOLPHE – Un meurtre ?

VÉRONIQUE – C’est ce qu’il se raconte… En tout cas elle, elle en est persuadée et pour se venger et avoir les mains libres elle l’a fait passer pour fous… Depuis il est interné à l’asile…

ADOLPHE – Voilà pourquoi je n’ai pas pu le rencontrer…

VÉRONIQUE – Et ce n’est pas tout… La mère Lux, elle fricote avec le délégué syndical !

ADOLPHE – Il cache bien son jeu celui-là… Je vais devoir m’en occuper rapidement…

VÉRONIQUE – Je pense que c’est mieux… Comment allons-nous retourner la situation à notre avantage ?

ADOLPHE – Au vu de ce que tu m’expliques, je vais mettre en œuvre une nouvelle stratégie…

(Marie arrive de l’extérieur et fait du bruit)

ADOLPHE – Attention quelqu’un arrive !

(Ils s’éloignent l’un de l’autre)

VÉRONIQUE – (Parlant fort) Et bien, merci Monsieur Muller…

(Marie passe la porte d’entrée avec son panier à provisions. Des poireaux dépassent du panier)

MARIE – Vous êtes encore là vous deux ?

VÉRONIQUE – Je termine l’interview à l’instant.

MARIE – Vous en aviez des choses à vous raconter…

ADOLPHE – (Se met en position afin de faire un discours) Il est vrai que ma vie est pleine de péripéties et de rebondissements… J’ai offert mes humbles connaissances aux quatre coins du pays… Vous ne pouvez imaginer le nombre de kilomètres effectués depuis mes débuts… Vous vous rendez compte, c’est mon trente-quatrième conflit social…

MARIE (Marie avance vers Adolphe. Elle est menaçante) Et combien d’usines ont fermé après votre passage ?

VÉRONIQUE – Cela n’est pas le sujet ma petite dame…

MARIE – Si ! C’est même le cœur du sujet… Alors combien ?

ADOLPHE – Je n’ai jamais compté camarade…

MARIE (Encore plus menaçante. Elle le frappe iavec des poreaux ) Alors là mon petit bonhomme, vous arrêtez tout de suite votre cinéma du gentil syndicaliste… Je ne suis pas votre petite dame et encore moins votre camarade… Et je ne le serai jamais… Vous êtes un charognard, un vautour qui vit des restes fumants des entreprises dans lesquels vous sévissez… À votre place j’aurais honte et je ne pourrais plus me regarder dans une glace… Je ne vous souhaite pas bonne chance… Mais bon vent !

(Marie part dans la cuisine)

VÉRONIQUE – Elle ne te porte pas dans son cœur !

ADOLPHE – Ne t’inquiète pas je m’occuperai personnellement de son cas en temps et en heure… Pour le moment continue de récolter un maximum d’éléments auprès des employés…

VÉRONIQUE – J’y vais…

(Véronique sort. Adolphe Jubile)

ADOLPHE – Alea jacta est…

(On frappe à la porte. 3 coups longs et deux court)

ADOLPHE – Entrez…

FRANCK – Merci de nous donner de votre temps précieux, Monsieur Muller…

ADOLPHE – Pas de Monsieur et de merci entre nous… Nous sommes dans le même bateau. Prenez place camarades…

(Tout le monde s’assied)

ALAIN – Pourquoi sommes-nous ici ?

ADOLPHE – Nous avons un point délicat à traiter.

ALAIN – Nous vous écoutons…

ADOLPHE – Ce que je vais vous dévoiler doit rester entre nous…

CATHERINE – Vous pouvez compter sur nous !

ADOLPHE – Pouvez-vous me redonner vos postes et fonctions au sein de l’entreprise ?

FRANCK – Je suis ouvrier (ou ouvrière si actrice) de fabrication. Embauché il y a plus de 20 ans… J’ai deux passions, le foot et… L’apéro avec les copains !

CATHERINE – Ce n’était pas la question.

ALAIN – Moi je suis employé au service commercial… Je gère les ventes auprès des clients nationaux…

CATHERINE – Pour ma part je suis agent au service expédition…

ADOLPHE – L’un (ou l’une) d’entre vous est-il chef ?

ALAIN, CATHERINE(Parlant de concert) Non !

FRANCK – Moi je n’ai pas les capacités intellectuelles…

CATHERINE – Ne l’écoutez pas.

ALAIN – Pourquoi cette question ?

ADOLPHE – J’ai moyennement confiance envers les chefs…

FRANCK – C’est nouveau ça ?

ADOLPHE – Non ça a toujours été… Je ne les aime pas et je m’en méfie… Il ne faut pas oublier qu’ils ne sont que le bras armé du patron qui les utilise dans le but d’assener à leurs ouvriers, des coups et des brimades par procuration…

FRANCK – C’est un peu fort non ?

ADOLPHE – Croyez-en mon expérience !

CATHERINE – Gilbert ne vient pas ?

ALAIN – C’est vrai ça… Il est passé où ?

ADOLPHE – C’est ce dont je voulais vous parler.

FRANCK (Méfiant) Continuez !

ADOLPHE (Parlant doucement) je viens d’apprendre que Gilbert était à la solde de la Direction…

CATHERINE – Ce sont des balivernes… Il est des nôtres !

ALAIN – Et son statut de chef n’y a rien changé !

ADOLPHE – J’ai des doutes sur son intégrité… C’est pourquoi c’est uniquement vous que j’ai conviés.

CATHERINE – En réfléchissant, c’est vrai que nous avons constaté quelques que petits trucs…

ADOLPHE – Du genre ?

ALAIN – Nous avons constatés qu’il est souvent avec Madame Lux.

ADOLPHE – Je pense qu’il vous cache des choses !

FRANCK – Moi j’ai confiance en lui et son plan est génial !

ADOLPHE – Son plan ?

ALAIN – Il nous a expliqué lui-même ce qu’il avait prévu.

ADOLPHE – Mais il n’est pas à l’origine de tout ça… C’est moi qui est tout prévu dans les moindres détails !

ALAIN – Si vous le dites…

ADOLPHE (Sur le ton de la confidence) Mes compagnons je vais avoir besoin de vous…

FRANCK – Pour ?

ADOLPHE – Comme vous le savez, le projet initial est qu’à l’issue de la grève votre entreprise devienne une SCOP et pour ce faire vous devez élire un nouveau dirigeant…

CATHERINE – C’est exact.

ADOLPHE – Vous ne savez pas tout !

ALAIN – Alors, expliquez-nous…

FRANCK – C‘est vrai… Arrêtez de tourner autour du pot, ça me donne soif

ADOLPHE – Je vais avoir besoin de votre soutien… Pour faire basculer les élections !

CATHERINE – C’est impossible… Tout est déjà bouclé. Il n’y a qu’un prétendant au poste de Directeur…

ADOLPHE – Ça, c’est le projet…

ALAIN – Soyez plus clair !

ADOLPHE – Vous devrez convaincre votre personnel de voter… Pour…

CATHERINE – Pour qui ?

ADOLPHE – Pour moi !

FRANCK – Vous ne pouvez-pas vous présenter…

ALAIN – Vous allez faire annuler les élections.

ADOLPHE – Je ne me présente pas !

ALAIN – Alors c’est impossible…

CATHERINE – Comment allons-nous faire ?

ADOLPHE – Je vous explique… (Adolphe réunit l’ensemble et parle doucement. Le public n’entend pas)

CATHERINE – C’est risqué ?

ADOLPHE – Ne vous inquiétez pas… Faites le nécessaire auprès des nôtres… Je gère la situation.

CATHERINE – La Direction va exploser dès qu’elle va découvrir le pot-aux-roses.

ADOLPHE – Demandez à vos troupes de vous suivre et nous vaincrons !

ALAIN – J’ai moi aussi, peur de la réaction de la patronne !

ADOLPHE – Attention… Vous devez rester discret… Il ne faut surtout pas qu’ils soient au courant avant… Sinon tout est perdu !

FRANCK (Suspicieux) Pourquoi nos collègues devraient accepter de voter pour vous et pas pour l’un des nôtres ?

CATHERINE – Très bonne question !

ADOLPHE (Adolphe se met en position de faire un discours) En premier lieu, la Direction n’est pas de votre monde Camarades… Elle ne vous connaît pas comme moi… Ce sont des intellectuels qui n’ont jamais travaillés et qui ne font que profiter de vous !

CATHERINE – Vous non plus, au syndicat vous ne bossez pas beaucoup ?

ADOLPHE – Détrompe toi camarade…

CATHERINE – Vous… Vous avez déjà travaillé ?

ADOLPHE – Auparavant j’ai été ouvrier… Tout comme vous…

ALAIN – Et où ?

FRANCK – Et surtout combien de temps ?

ADOLPHE – En Alsace… Pendant six mois…

CATHERINE – Six mois seulement ?

ALAIN – Ce n’est pas représentatif…

CATHERINE – Vous n’y connaissez pas plus qu’eux !

FRANCK – Je dirai même moins…

ADOLPHE – Je ne suis pas d’accord… Dès le début je me suis rendu compte que je n’étais pas fait pour ça… Suivre des ordres, respecter des horaires… J’ai souffert le martyre.

FRANCK – Voyez-vous ça…

ADOLPHE – Et c’est à la suite de cette triste découverte que j’ai décidé de m’engager dans la lutte… Depuis ce jour je me suis promis de ne plus jamais… Vous entendez… Jamais Trav… Enfin… Abandonner mes compagnons d’infortunes sur le bord de la route…

ALAIN – Vous nous en direz tant…

CATHERINE – Quel dévouement…

ADOLPHE – En effet… Je me suis sacrifié corps et âme dans le seul but de vous sauver… Vous… Mes amis les ouvriers !

ALAIN – C’est bien beau tout ça… Vous êtes certainement un bon syndicaliste. Mais, rien ne nous prouve que vous fassiez un bon patron !

FRANCK – Bien envoyé !

ADOLPHE – Mes frères afin de vous convaincre je vais vous citer le grand Jacques Prévert.

FRANCK – Jacques Prés quoi ?

ADOLPHE – Prévert !

FRANCK – Il joue dans quel club ?

ADOLPHE – Hein ?

ALAIN – Laissez tomber.

ALAIN – Et il disait quoi ?

ADOLPHE – « L’ouvrier se lave les mains avant d’aller aux toilettes. L’intellectuel après… » Moi je passe au lave-mains avant et après… Alors votez pour moi !

CATHERINE – C’est un peu court comme argument…

FRANCK – Moi je ne me lave jamais les mains… Elles sont auto-nettoyant. (Il Rit)

CATHERINE – Tu ne lâches jamais l’affaire toi ?

FRANCK – Non.

ALAIN – Vous n’aimiez pas recevoir des ordres alors comment allez-vous faire pour en donner ?

ADOLPHE – Ce n’est pas un problème étant donné que la nouvelle structure sera une entreprise participative et citoyenne !

CATHERINE – Participative ?

ADOLPHE – Oui… Les décisions seront prises après consultation de la base. De ce fait, je n’aurais aucun ordre à donner.

FRANCK – Vous vous y engagez ?

ADOLPHE – Solennellement… Et je vous le jure ! (Adolphe lève la main droite et face et croise les doigts de l’autre main).

ALAIN – Vous nous laissez 2 minutes pour nous concerter ?

ADOLPHE – Bien sûr… Mais avant je souhaiterais ajouter un petit quelque chose…

CATHERINE – Faites…

ADOLPHE – Si vous prenez mon parti… Vous aurez à la tête de votre entreprise un homme honnête qui sera toujours du côté de « ses » ouvriers et les respectera.

FRANCK – C’est bien noté…

ALAIN – Nous allons délibérer…

ADOLPHE – Je vous laisse…

(Adolphe salue Catherine, Alain et Franck et sort par la porte d’entrée)

ALAIN – Alors vous en pensez quoi ?

CATHERINE – Je n’en sais rien… Je ne lui fais pas confiance…

FRANCK – Moi je veux croire en sa sincérité…Il à une tête à payer le coup !

CATHERINE – (Sèchement) C’est bon là

ALAIN – Il s’est aussi engagé à respecter les ouvriers…

CATHERINE – C’est trop beau pour être vrai.

FRANCK – Nous n’avons qu’à voter !

ALAIN – Qui est pour le suivre… Levez la main…

(Franck lève la main, il est suivi d’Alain qui hésite un peu. Catherine ne bouge pas)

FRANCK – Catherine ?

ALAIN – Le vote doit être à l’unanimité.

FRANCK – Prononce toi.

CATHERINE (Hésitante) J’espère que nous ne sommes pas en train de faire une grosse bêtise ! (Elle lève aussi la main).

ALAIN – L’avenir nous le dira

FRANCK – Maintenant que nous sommes d’accord, chacun va informer son équipe… (Ils se serrent la main et sortent)

 

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

 

(Retour sur scène Hildegarde, Roxane, Adolphe, Gilbert et Véronique. Gilbert porte une urne de vote)

ADOLPHE – Et voilà c’est fait !

GILBERT – (A Adolphe) Merci Camarade… Ton aide nous a été précieuse ces derniers jours… Sans toi nous n’en serions pas là…

ADOLPHE – C’est tout naturel camarade… Je n’ai fait que répondre à l’appel de mes frères en difficulté.

HILDEGARDE – Vous avez fait bien plus… Votre travail a été exemplaire et je tiens moi aussi, au nom de la Direction, à vous remercier pour votre soutien et vos conseils avisés.

ROXANE – Sans vous je ne sais pas si nous aurions réussi à sauver cette taule.

VÉRONIQUE – (Prenant des notes) Mon article va être exceptionnel !

ROXANE – J’en suis sûre.

HILDEGARDE (Toute excitée) Gilbert… Ouvrez l’urne que l’on connaisse le résultat du scrutin.

VÉRONIQUE – (Sortant un caméscope de son sac) Vous permettez que j’immortalise le dépouillement ?

HILDEGARDE – Avec grande joie…

VÉRONIQUE – Merci…

HILDEGARDE – (Appelant) Marie…

MARIE – (Sortant la tête de l’encadrement de la porte) Oui ?

HILDEGARDE – Apportez-nous la bouteille de champagne qui est dans le réfrigérateur, et prenez des flûtes.

MARIE – Tout de suite (Marie disparaît en cuisine)

ROXANE – (Parlant fort) Prenez aussi une coupe pour vous…

(Gilbert ouvre l’urne et vide les bulletins sur la table. Il y en a une cinquantaine. Ils sont pliés en deux. Écriture cachée)

GILBERT – Je commence le dépouillement…

HILDEGARDE – (Jubilant) Quel suspens… Je suis la candidate !

VÉRONIQUE – Attendez… Ne bougez plus, je vais faire une photo. (Véronique fouille dans son sac et prend un appareil photo) Souriez… (Tous s’exécutent)

(Gilbert va commencer le dépouillement lorsque marie franchie la porte avec un plateau, une bouteille de champagne et 5 coupes. Véronique range l’appareil et filme)

MARIE – (A Hildegarde) Et voici de quoi fêter votre victoire…

HILDEGARDE – Merci…

GILBERT – (Prend le premier bulletin et annonce fièrement) Madame Lux !

ROXANE – Ça s’arrose… (Marie ouvre la bouteille et commence à remplir les flûtes.)

GILBERT – (Ouvre deux nouveaux bulletins. Il a un grand sourire) Madame Lux. Madame Lux…

HILDEGARDE – (Levant sa flûte) À notre victoire écrasante… Le moment est historique…

ROXANE – Santé (Ils boivent sauf Véronique qui continue de filmer)

ADOLPHE – C’est ça… À « notre » victoire.

GILBERT – (Ouvre un autre bulletin et annonce) Muller !

HILDEGARDE – (Recrache son champagne) Mu… Muller ?

MARIE – Comment ça Muller ?

HILDEGARDE – Ce n’est pas possible.

GILBERT – (Gilbert présente le bulletin à Hildegarde et Roxane) Regardez…

ROXANE – Ton blase est barré et Muller a été gribouillé par tes nullos de manards.

MARIE – C’est quoi cette entourloupe ?

ROXANE – Il n’y avait qu’un candidat.

GILBERT – (Ouvrant des bulletins frénétiquement. Il est estomaqué) Muller, Muller, Muller, Muller…

HILDEGARDE – (Hildegarde ouvre à son tour des bulletins) Ce n’est pas possible… Muller, Muller, Muller… Tous les bulletins sont griffonnés (Hildegarde fonce sur Adolphe)

ROXANE – C’est quoi l’arnaque ?

ADOLPHE – Je crois bien que je viens de remporter les élections.

HILDEGARDE – Ils n’ont pas le droit !

ADOLPHE – Si… C’est la loi ! (*Véritables anecdotes) Il y a même plusieurs précédents qui font jurisprudence…

ROXANE – Que va-t-il encore nous pondre ?

(*Adolphe fait un nouveau discours)

ADOLPHE – En 1977 dans le village de Saint-Igny-de-Roche en Saône et Loire, lors des élections municipales, un agriculteur est devenu maire alors qu’il ne s’était pas présenté*. Et ça a recommencé en 2014 dans le même département dans le village de Cortevaix ou pour d’autres élections municipales c’est cette fois 8 conseillers qui ont été élus de la même manière… * Les votants ont simplement barré le nom du candidat désigné et ont noté à la main le nom de celui qu’ils souhaitaient voir pour les représenter !

HILDEGARDE – Qu’avez-vous promis à mes ouvriers ?

ADOLPHE – Rien… La démocratie s’est exprimée, voilà tout !

MARIE – C’est ça… Raconte-nous tes salades.

ADOLPHE – Le peuple a parlé… Il souhaite le changement…

GILBERT – C’est impossible !

ADOLPHE – Si… Le changement c’est moi… Je suis donc obligé de me sacrifier !

MARIE – Je comprends mieux pourquoi vous étiez si zélé…

HILDEGARDE – (Hurlant) J’invalide la consultation… (A Gilbert) Détruisez les bulletins et ne laisser aucune trace…

ROXANE – C’est ça… Nous allons procéder à une nouvelle élection !

GILBERT – (Rassemblant les bulletins) Je m’en occupe.

ADOLPHE – (Très calme. Sourire aux lèvres) Ce n’est pas possible !

ROXANE – Elle est bien bonne celle-là !

HILDEGARDE – Je suis la patronne je fais ce que je veux !

MARIE – Bien parlé !

ADOLPHE – Non…

HILDEGARDE – Comment-ça non ?

ADOLPHE – Vous « étiez » la patronne… Aujourd'hui, le boss c’est moi !

GILBERT – Je vais tout brûler… Tu n’auras aucune preuve.

VÉRONIQUE – Si… J’ai tout filmé… C’est incontestable. Vous pouvez faire ou raconter ce que vous voulez, j’ai les images… C’est Adolphe qui a gagné les élections !

MARIE – (A Véronique) Adolphe ? C’est plus Monsieur Muller ?

VÉRONIQUE – Et non… C’est Adolphe… Mon amoureux pour être précise !

HILDEGARDE – Traîtresse…

MARIE – Je me disais aussi…

VÉRONIQUE – Vous vous disiez quoi ?

MARIE – Je risque de devenir désagréable…

VÉRONIQUE – N’ayez pas peur… Exprimez-vous…

MARIE – (S’avançant vers Véronique) Je n’ai pas peur… Une hyène avec un vautour ça travaille toujours ensemble…

ROXANE – Bien envoyé ma grande !

(Hildegarde s’écroule sur une chaise et commence à pleurer. Roxane vient la consoler)

HILDEGARDE – Je me suis fait berner…

GILBERT – C’est incompréhensible…

MARIE – Moi, ce que je viens de comprendre, c’est que nous nous sommes tous faits rouler dans la farine par ce gigolo.

VÉRONIQUE – (Menaçante, à Marie) Attention vous dépassez les bornes !

ADOLPHE – (A Hildegarde et Gilbert) Soyez bon joueur… Les ouvriers ont préféré mettre à la tête de l’entreprise un travailleur, c’est logique.

MARIE – Vous ? Un travailleur ?

(Marie devient menaçante. Elle pousse Adolphe)

MARIE – Faites-moi rire, le dernier qui vous a vu bosser, il ne doit pas être jeune !

VÉRONIQUE – Tu ne vas pas la laisser nous insulter à nouveau ?

ADOLPHE – (Repoussant Marie) Tu as raison… Vous, la bonne… Depuis que je vous ai rencontré vous me tapez sur les nerfs. Je vous licencie… Sur-le-champ… Vous avez vingt-quatre heures pour préparer votre baluchon et disparaître hors de ma vue.

MARIE – Tant mieux !

GILBERT – Tu n’as pas le droit de faire ça !

ADOLPHE – (D’un ton arrogant) J’ai tous les droits… Je suis le nouveau patron !

GILBERT – Camarade Adolphe…

ADOLPHE – Il n’y a plus de camarade, il n’y a plus d’Adolphe…

VÉRONIQUE – Dorénavant c’est Monsieur Muller que vous devez l’appelez… N’est-ce pas mon amour ?

ADOLPHE – C’est ça « Monsieur » Et, vous me vouvoyez… Je me suis bien fait comprendre Ducros ?

GILBERT – Tu es en train de bafouer toutes tes convictions…

VÉRONIQUE – Mon chéri, je crois bien que Monsieur Ducros n’a rien compris ou qu’il se décarcasse pour se faire licencier.

ADOLPHE – Il vient de réussir… Vous aussi, vous êtes viré… « Camarade » ! Tu récupères tes affaires et tu quittes l’usine… C’est bien compris ?

GILBERT – Mes collègues ne me laisseront jamais tomber !

ADOLPHE – (Méprisant) Tu rigoles… C’est déjà fait… Tocard… Pour eux tu n’existes déjà plus !

VÉRONIQUE – Bravo… Quel superbe chef tu fais !

ADOLPHE – Ça fait des années que je rêve de diriger… Je n’en avais jamais eu l’occasion jusqu’à aujourd’hui… Mais maintenant c’est fait… Je vais aller annoncer le résultat des votes à « mes » employés… Et remettre cette bande de fainéant au travail rapidement… Nous avons une production à remettre en route et des bénéfices à faire !

VÉRONIQUE – Splendide !

(Véronique récupère ses affaires et va en direction de la porte. Elle attend Adolphe pour sortir)

ADOLPHE – Madame Lux ?

HILDEGARDE – (Sanglotant) Quoi ?

ADOLPHE – Vous, votre fille et sas progéniture, avez aussi vingt-quatre heures pour me libérer la place. C’est ma dernière nuit d’hôtel !

HILDEGARDE – Nous allons aller où ?

ADOLPHE – Vous trouverez bien une bonne âme pour vous loger !

(Hildegarde se remet à pleurer)

ROXANE – Calme toi mamie…

VÉRONIQUE – Bonne soirée les virés… Ne faites pas trop la fête !

ADOLPHE – En avant… Allons annoncer la bonne nouvelle au monde entier !

(Adolphe et Véronique sortent en riant)

HILDEGARDE – Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ?

GILBERT – Une grosse boulette…

HILDEGARDE – Tout est foutu…

MARIE – Il faut se rebeller !

HILDEGARDE – Nous ne pouvons rien faire. Nous sommes pieds et poings liés…

GILBERT – Il nous tient avec son film…

ROXANE – Quelle peste cette journaliste.

MARIE – (Parlant solennellement) Non… Rien n’est jamais joué, nous allons, nous battre !

ROXANE – Tu as raison Marie. Il faut nous révolter. On va foutre le binz…

HILDEGARDE – Non… C’est fini… Je dois annoncer la nouvelle à Madeleine… Ça va finir de l’achever…

ROXANE – Je t’accompagne, nous ne serons pas trop deux.

GILBERT – Bon courage.

(Hildegarde et Roxane partent en direction des chambres)

(La porte d’entrée s’ouvre. Catherine, Alain Franck et Gilbert Arrivent)

FRANCK – Dire qu’il avait une bonne tête et que je lui faisais confiance

CATHERINE Je savais que ce n’était pas une bonne idée.

ALAIN – Nous avons décidé ensemble. Donc nous sommes tous responsables de la situation.

CATHERINE – C’est vrai, mais moi, je n’étais pas persuadé que c’était la meilleure solution. Je vous avais mis en garde.

FRANCK – C’est trop tard. Tu n’avais qu’à insister. On ne peut pas refaire le match !

ALAIN – Je suis d’accord. Ça ne sert à rien de nous renvoyer la responsabilité.

CATHERINE – Nous allons essayer de le renvoyez illico-presto dans son syndicat

FRANCK – Il faut lui casser la tête

CATHERINE et ALAIN – Oui !

ALAIN – C’est ça… Lui faire comprendre qui c’est qui commande dans la boite !

(Adolphe arrive)

ADOLPHE – Alors mes amis, Heureux ?

CATHERINE – (Agressive) Vous rigolez ?

ADOLPHE – Comment ça ?

CATHERINE – Vous nous aviez promis d’être de notre côté et vous êtes en train de faire tout le contraire.

ADOLPHE – Absolument pas. J’œuvre toujours pour vous.

FRANCK – J’ai une petite question à vous poser.

ADOLPHE – Je vous écoute.

FRANCK – Vous buvez l’apéro avec les ouvriers ?

ADOLPHE – Oui et… Non

ALAIN – Comment ça ?

ADOLPHE – Je ne supporte pas l’alcool... Mais je suis avec vous !

FRANCK – Vous faites partie des nôtres donc ?

ADOLPHE – Oui !

ALAIN – Alors démissionnez !

ADOLPHE – Dans vos rêves !

CATHERINE – Et voilà, il nous montre son vrai visage !

ALAIN – Vous êtes un menteur !

ADOLPHE – Pas du tout. Je vous ai promis une entreprise participative et c’est le cas.

CATHERINE – Vous trouvez que de maltraiter les ouvriers c’est participatif ?

ADOLPHE – Ils ont besoin d’un vrai chef !

FRANCK – Vous deviez nous associer aux décisions. Et vous, vous faites quoi ?

ADOLPHE – Je vais vous dire ce que je vais faire…

ALAIN – Alors nous vous écoutons.

ADOLPHE – Vous êtes tous les trois… Viré !

CATHERINE – Quoi… Vous n’avez pas le droit !

ADOLPHE – Voyez-vous ça… Je suis le patron je fais ce que je veux… Alors oust du balai les syndicalistes.

ALAIN – Nous sommes salariés protégés.

FRANCK – Je vais lui exploser les chicots ! (Il se jette sur lui. Adolphe lui met un grand coup d’épaule et Franck valdingue dans la pièce. Il est sonné. Catherine va secourir Franck. Il se relève difficilement)

ADOLPHE (Menaçant) Il y en a qui veulent réessayer ?

ALAIN – Non message reçu cinq sur cinq.

ADOLPHE – Et oui…

FRANCK – Si j’avais su qu’il ne buvait pas je ne lui aurai pas fait confiance.

CATHERINE – C’est trop tard.

ADOLPHE – Je n’ai plus besoin de vous alors je vous mets dehors… Sans préavis. Vous prenez vos affaires et vous dégagez !

ALAIN – Mais…

ADOLPHE – (Adolphe se met à hurler) Fichez moi le camp cloportes !

(Les trois sont médusés. Il les jette dehors)

ADOLPHE – Et voilà une bonne chose de faite… Je vais maintenant mettre la pression à cette bande de looser.

(Adolphe sort)

(Hildegarde, Roxane et Madeleine Arrivent. Elles vont s’asseoir)

HILDEGARDE – Et voilà tu sais tout… Si Muller a pris le pouvoir c’est uniquement à cause de moi !

MADELEINE – Ce que je comprends, c’est que tu t’es bien fait avoir.

ROXANE – Et que notre famille est ruinée, dans la zone totale… C’est bien ça ?

HILDEGARDE – (Très embêté) Oui…

MADELEINE – Et pour couronner le tout, nous allons devoir quitter notre maison familiale et tout ça au profit de ce Muller !

HILDEGARDE – Je m’excuse… J’ai fait entrer le loup dans la bergerie !

MADELEINE – Et demain, nous allons aller vivre où ?

HILDEGARDE – Pour le moment, Marie, s’est proposé de nous héberger…

MADELEINE – Quelle autre solution avons-nous ?

HILDEGARDE – Je n’en vois pas…

ROXANE – Tout a été enregistré par cette satanée journaliste. Nous n’avons aucun recours.

MADELEINE – (Pensive) Ah si mon Richard était là… Lui, il aurait une idée… Il saurait comment mettre fin à cet horrible cauchemar !

HILDEGARDE – (Parlant sèchement) Il n’est pas là… Nous devons nous débrouiller sans lui… Et tout est de sa faute finalement !

MADELEINE – Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis ?

HILDEGARDE – L’entreprise était en train de sombrer par sa faute. Je me devais de réagir !

MADELEINE – Ça suffit… Je connais la chanson !

(Fernand et Marie passent la porte. Ils sont essoufflés)

FERNAND – Je reviens des ateliers c’est l’horreur… Muller est devenu fou… Il vient de virer sur-le-champ l’ensemble des délégués syndicaux… Il hurle dans l’atelier… Il insulte et menace tout le monde si la production ne reprend pas dans les plus brefs délais.

MARIE – Les ouvriers sont terrifiés !

FERNAND – J’ai honte de moi…

MADELEINE – Pourquoi tout le monde s’accuse pour prendre la responsabilité de cette catastrophe ?

ROXANE – C’est vrai ça, pourquoi ?

FERNAND – Madame Barallon, j’ai à vous parler…

(Hildegarde saute de sa chaise et part en direction de Fernand)

HILDEGARDE – Non… Taisez-vous malheureux !

MADELEINE – Laisse-le s’exprimer.

HILDEGARDE – Ne l’écoute pas ma chérie… Il est fou !

MARIE – Non… Il a toute sa tête…

HILDEGARDE – (A Marie hésitante) Vous… Vous êtes au courant ?

MARIE – Je sais tout ! Et ce n’est pas joli, joli !

ROXANE – Ils causent de quoi ?

HILDEGARDE – (Hildegarde se met à genoux) Fernand je vous en conjure… Ne dites rien à ma fille !

FERNAND – C’est trop tard… Je dois libérer ma conscience…

MADELEINE – (Énervée) Quelqu’un va m’expliquer oui ou non ?

MARIE – Ça ne va pas être beau à voir…

 

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène assise à table Marie, Roxane, Hildegarde tête basse, Madeleine énervée, Gilbert prostré sur sa chaise et Fernand tête basse)

MADELEINE – (En colère à Fernand) Comment avez-vous pu me faire ça ?

ROXANE – Je suis hallucinée…

FERNAND – (Tête basse) Je suis mort de honte…

MADELEINE – J’espère bien…

FERNAND – Je vais tout faire pour me rattraper.

MADELEINE – J’y compte bien… Quant à toi maman, qu’a, tu as me dire pour ta défense ?

HILDEGARDE – (Tête basse) Je n’imaginais pas que les choses allaient prendre une telle tournure… (Se ressaisissant) Si ton mari n’avait pas assassiné mon Marius nous n’en serions pas là !

MADELEINE – Tu as imaginé tout ça, uniquement pour te venger et flatter ton ego. Et ta parano a fini par saborder notre propre entreprise…

HILDEGARDE – Tout a dérapé… Ça ne devait pas se terminer comme ça.

MADELEINE – Et résultat ?

ROXANE – Nous avons tout paumé !

HILDEGARDE – Comment me faire pardonner ?

MADELEINE – Je ne sais pas si ça va être possible… (A Gilbert) Quant à vous je vous trouve bien silencieux. Pendant que nous y sommes, vous n’avez rien à déclarer ?

GILBERT – Je me suis moi aussi fait complètement embobiner par les beaux discours de Muller. Je suis fautif comme les autres…

MADELEINE – C’est bien beau de se flageller… Quel plan d’action allons-nous mettre en place ?

HILDEGARDE – (Se prenant la tête à deux mains) Aucun… C’est fini !

MARIE – (Très en colère. Saute de sa chaise) Non mais ça ne va pas… Il faut nous battre !

GILBERT – Il est déjà trop tard !

MADELEINE – Non… Marie à raison… Moi je refuse de déposer les armes !

ROXANE – Moi aussi… Je refuse de céder face aux magouilles de Muller.

MARIE – (Sur le ton de la confidence) J’ai un plan.

HILDEGARDE – Vous ? Un plan ?

MARIE – Je peux même vous dire que c’est du lourd et qu’il va falloir la jouer fine… Ça peut marcher !

MADELEINE – Soyons positifs…

ROXANE – Ça va matcher !

HILDEGARDE – (Hésitante) Nous… Nous vous écoutons.

(Tout le monde se regroupe autour de la table)

MARIE – En premier il faut libérer Monsieur de chez les cinglés… Qui m’accompagne à la clinique ?

FERNAND et ROXANE – Moi.

MARIE – Non pas toi… J’ai une autre mission bien plus importante à te confier.

GILBERT – Alors, moi… Je vous dois bien ça !

MARIE – Parfait. Tu iras avec Roxane. Et pour la suite je vous propose de…

(Marie parle à voix très basse. Le public n’entend pas.)

GILBERT (Parlant normalement) Ça ne marchera jamais !

MARIE – (offusquée) Dites que je suis idiote… Ne vous gênez pas !

GILBERT – Je n’ai pas dit ça… Mais ça me paraît complètement farfelu comme idée.

HILDEGARDE – C’est sûr que c’est tiré par les cheveux…

ROXANE – Moi je ne trouve pas. C’est même très ingénieux.

MADELEINE – (Réfléchissant) Ce n’est pas faux… Plus c’est gros plus ça passe !

MARIE – (A Fernand) Tu as compris ta mission ?

FERNAND – Sans problème… Tu peux compter sur moi !

GILBERT – Si tout le monde trouve ça malin alors c’est moi qui dois être stupide !

(Madeleine se lève et félicite Marie)

MADELEINE – Marie… Vous m’étonnerez toujours… On ne le dirait pas, mais tout compte fait, vous êtes un génie !

MARIE – Nous verrons !

(Tout le monde quitte la scène en même temps. Madeleine et Hildegarde partent dans les chambres. Fernand dans la cuisine et Gilbert, Roxane et Marie sortent par la porte d’entrée)

 

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène personne. La porte s’ouvre arrivée du Docteur. Il entre)

LE DOCTEUR(Le docteur appelle) Madame Barallon ?

MADELEINE (Madeleine revient des chambres) Oui…

LE DOCTEUR – J’ai une terrible nouvelle à vous annoncer.

MADELEINE (Affolée) C’est richard ?

LE DOCTEUR – Oui… Asseyez-vous…

MADELEINE – (Madeleine s’assied elle est morte de peur. Elle parle doucement) Il est m…

LE DOCTEUR (Coupe Madeleine) non il n’est pas mort…

MADELEINE – (Soulagée) Vous m’avez fait une de ces frayeurs !

LE DOCTEUR – Votre mari à… Disparu… Mes assistants (Ou Assistantes) l’ont cherché de partout. Il n’y a aucune trace de lui. Il s’est totalement volatilisé !

MADELEINE – Tout ce suspens pour ça… Il n’y a rien de bien grave !

LE DOCTEUR – Mais si… Il est dangereux et nous n’avons toujours pas identifié le mal qui le ronge.

MADELEINE – Moi je le connais…

LE DOCTEUR – Impossible… La science reste impuissante concernant son cas… Alors vous…

MADELEINE – C’est un coup monté.

LE DOCTEUR – Monté par qui ?

MADELEINE – Ma mère !

LE DOCTEUR – Là, je suis paumé !

MADELEINE – C’est trop long pour vous expliquer…

LE DOCTEUR – Pourtant son cas est déroutant. Ce matin, Victor (Ou Madame Victor) a été ravi de lui faire des électrochocs, malheureusement sans succès. Demain je devais réaliser sa lobotomie.

MADELEINE – Il a eu chaud !

LE DOCTEUR – C’est sûr… Après les électrochocs il fumait de partout… Pire que les cheminées des hauts fourneaux !

(Hildegarde arrive des chambres)

HILDEGARDE – Que fait le Docteur ici ?

MADELEINE – Richard, s’est évadé !

HILDEGARDE – (Inquiète) Ça va barder pour mon matricule !

LE DOCTEUR – Vous aussi vous trouvez ça dangereux ?

HILDEGARDE – Disons, que j’ai quelques craintes personnelles…

LE DOCTEUR – Cette histoire me stresse… Je vais prendre un petit décontractant… (Le docteur fouille dans ses poches et sort la boîte du traitement révolutionnaire. Il montre la boîte à Hildegarde et lance) Vous les reconnaissez ?

HILDEGARDE – (Hildegarde lui arrache des mains et cache la boîte dans ses poches) Laissez-ça… Vous devez garder la tête froide.

(Marie, Gilbert, Roxane et Richard passent la porte. Richard a les cheveux tout droit sur la tête. En le voyant passer la porte, Hildegarde part se cacher dans la cuisine)

MARIE – C’est nous…

ROXANE – Et avec de good news !

MADELEINE – Personne ne vous a vu ?

GILBERT – Non !

RICHARD – Merci de m’avoir fait délivrer.

ROXANE – De rien… Tu es quand même mon vioc préféré !

MADELEINE – Dans mes bras ! (Madeleine se précipite vers Richard. Ils s’enlacent)

LE DOCTEUR – Que fait-il ici ? Il est dangereux, il faut le neutraliser…

(Le Docteur part en direction de Richard. Marie le stop net. Gilbert vient aider Marie)

MARIE – Ne vous inquiétez pas il est guéri.

LE DOCTEUR – Impossible ! Il n’a pas eu sa lobotomie… J’exige au minimum une trépanation !

MARIE – Quel gamin ce toubib… Vous la ferez votre « lobo trépane bidule »… Mais sur un autre patient.

GILBERT – C’est ça… Sur un autre…

ROXANE – Posses tes miches là

LE DOCTEUR – (Le Docteur râle) Oui mais ce ne sera pas pareil… Quel gâchis je m’en faisais une joie !

GILBERT – On a compris…

(Roxane fait asseoir le Docteur)

MARIE – On va vous dégoter un nouveau cobaye rapidement ne vous en faites pas…

MADELEINE – (A Richard) Comment te sens-tu ?

RICHARD – Je suis encore groggy !

ROXANE – Il est complètement à l’ouest… La crise !

LE DOCTEUR – Ce sont les effets des électrochocs…

MARIE – Taisez-vous !

MADELEINE – J’ai eu une de ses peurs !

RICHARD – Je savais que tu ne m’abandonneras pas.

(Hildegarde sort doucement de la cuisine. Richard s’énerve. Madeleine le retient)

RICHARD – (Très énervé) Qu'est-ce qu'elle fait là, elle ?

MADELEINE – Calme toi…

RICHARD – Quoi ? Après ce qu’elle a osé me faire subir ?

ROXANE – Elle regrette la momie…

MADELEINE – C’est du passé…

RICHARD – (Menaçant) Je t’en ficherais moi du passé… Je n’oublie rien… Il faudra bien qu’elle s’explique !

MADELEINE – Plus tard… Pour le moment elle nous aide à récupérer notre bien.

RICHARD – Après le désastre qu’elle a créé, c’est bien le minimum… Marie et Gilbert m’ont tout expliqué… Ce n’est pas gagné !

MARIE – J’ai tout prévu… Ne vous inquiétez pas.

ROXANE – Tu verras c’est du lourd.

RICHARD – (A Hildegarde d’un ton très menaçant) Quant à vous… Si je vous tolère encore dans notre équipe c’est pour vous laisser une petite chance de corriger une partie de vos erreurs et de vous amender…

HILDEGARDE – (Très embarrassée) Mer… Merci.

RICHARD – Mais ne croyez pas que tout est oublié… Nous allons avoir une discussion.

MARIE – Plus tard… Si nous voulons être dans les temps.

ROXANE – Il nous reste encore pas mal de job…

 

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

                                                                                          

(Sur scène personne. Les photos de famille ont disparu du buffet. La porte d’entrée s’ouvre arrivée de Véronique et d’Adolphe mains dans la main. Ils restent sur le pas de la porte)

VÉRONIQUE – Quelle journée…

ADOLPHE – Tu as vu comment je les ai mis au pli ?

VÉRONIQUE – Oui… Personne n’a osé bouger le petit doigt.

ADOLPHE – Ils n’avaient pas intérêt !

VÉRONIQUE – Quel homme… Et maintenant ?

ADOLPHE – Nous prenons possession des lieux… Bienvenue chez nous !

VÉRONIQUE – Merveilleux.

ADOLPHE – Depuis le temps que j’attends ce moment…

VÉRONIQUE – Tu crois qu’ils sont partis ?

(Adolphe fait le tour de la cuisine. Ils montent dans les chambres. Pendant ce temps Véronique flâne dans le salon. Adolphe revient avec un large sourire)

VÉRONIQUE – Alors ?

ADOLPHE – Les rats ont quitté le navire… Ils ont compris qui ils avaient à faire à plus fort qu’eux et ils ont abandonné !

VÉRONIQUE – Je n’aurais jamais imaginé que ce soit si facile.

ADOLPHE – Notre plan était imparable, voilà tout.

(Fernand sort de la cuisine. Il est habillé et parle comme un majordome)

FERNAND – Madame, Monsieur… Soyez les bienvenus chez-vous !

ADOLPHE – Bonsoir mon brave.

VÉRONIQUE – (A Adolphe) C’est qui ?

ADOLPHE – (Parlant à voix basse) L’ancien balayeur de l’usine. Il s’est proposé, de lui-même, pour remplacer l’autre folle de bonne !

VÉRONIQUE – Tu lui fais confiance ?

ADOLPHE – Je reste sur mes gardes.

FERNAND – (A Adolphe) En quoi puis-je vous être utile ?

ADOLPHE – Vous pouvez nous préparer une petite collation ?

FERNAND – Tout de suite Monsieur…

(Fernand part en cuisine. Véronique tombe dans une chaise. Elle est rêveuse)

VÉRONIQUE – Nous avons même un domestique !

ADOLPHE – Et oui… Et ce n’est que le commencement de notre nouvelle vie !

VÉRONIQUE – Merci mon chéri.

(On sonne à la porte. Fernand sort de la cuisine pour aller ouvrir)

FERNAND – Vous attendez quelqu’un ?

ADOLPHE – Non…

VÉRONIQUE – Des admirateurs peut-être ?

ADOLPHE – Ça m’étonnerait…

(Fernand ouvre la porte. Gilbert entre en trombe)

GILBERT – Traître… Ce que l’on m’avait dit était donc vrai !

FERNAND – Gilbert ?

GILBERT – Tu vas me le payer « collabo » (Gilbert saute sur Fernand. Ils commencent à se battre. Des noms d’oiseaux fusent. Véronique se blottit contre Adolphe qui reste impassible).

GILBERT – Vendu…

FERNAND – Syndicaliste à deux balles…

GILBERT – Tu nous as trahis… Félon

FERNAND – Petit minable…

GILBERT – Je vais te tuer traître…

(Gilbert cherche à étrangler Fernand qui ne se laisse pas faire).

FERNAND – C’est ce que tu crois… Cloporte…

(La bagarre continue. Fernand prend le dessus et Gilbert part en courant. En partant il crie)

GILBERT – Apparatchik…

FERNAND – (Fernand crie par la porte ouverte) C’est ça… Peureux… Casse-toi p’tit mec… Laisse Monsieur et Madame Muller tranquilles… Et n’y reviens plus sinon je t’étripe…

(Fernand se rhabille comme il faut et reprend sa stature de majordome)

FERNAND – Excusez-moi… Madame, Monsieur…

VÉRONIQUE – Vous êtes tout excusé…

ADOLPHE – Pourquoi cette bagarre ?

FERNAND – Il est aigri. Il n’admet pas que je puisse devenir votre majordome… De la jalousie sans doute…

VÉRONIQUE – Mon brave…

FERNAND – Oui…

VÉRONIQUE – Pourquoi avoir demandé ce poste ?

FERNAND – Avant l’arrivée de Monsieur je n’étais qu’un sous-fifre… Humble balayeur rayé par l’ensemble des ouvriers. J’ai beaucoup souffert de cette situation… Avec le changement de Direction, j’ai entrevu un moyen de changer de condition… J’ai donc tout naturellement proposé de devenir votre domestique… Monsieur m’a fait confiance en acceptant. J’espère que j’en serai digne…

ADOLPHE – Vous venez de le démonter mon ami…

FERNAND – Merci Monsieur… Je vous jure loyauté et probité !

(Fernand s’incline tel devant un roi et retourne en cuisine)

VÉRONIQUE – Il parle bien pour un balayeur.

ADOLPHE – J’ai tout de suite vu qu’il est cultivé… Il fera un domestique zélé.

(Véronique pose sa tête sur l’épaule d’Adolphe. Elle ferme les yeux)

VÉRONIQUE – Tu as entendu tout à l’heure ?

ADOLPHE – Quoi ?

VÉRONIQUE – Il m’a appelé Madame Muller…

ADOLPHE – Il est vraiment perspicace… Madame Muller…

VÉRONIQUE – Que c’est bon…

ADOLPHE – Et ce n’est que le début !

(Fernand revient de la cuisine avec un plateau contenant des canapés et deux verres avec un cocktail)

FERNAND – Voici… Quelques canapés, accompagnés d’un petit apéritif maison. Vous m’en direz des nouvelles…

VÉRONIQUE – Merci.

(Fernand retourne en cuisine)

ADOLPHE – A ta santé.

VÉRONIQUE – A la tienne. (Ils boivent)

ADOLPHE – Quelle belle journée…

VÉRONIQUE – C’est bien vrai…

(Ils ferment les yeux et s’endorment. Quelques secondes passent et Fernand sort de la cuisine. Il sort un téléphone portable et appel)

FERNAND – Oui c’est moi… Oui, comme deux bébés… Ne traînez pas le réveil va être difficile… Prenez de quoi les ficeler… À tout de suite… (Fernand repart en cuisine)

 

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène endormie Véronique et Adolphe ils sont ficelés sur leur chaise. Marie, Hildegarde, Roxane et Fernand admirent la scène. Véronique ouvre un œil. Elle bouge sur sa chaise)

VÉRONIQUE (Parlant à Adolphe) Par les anciens et les nouveaux dieux et par Odin maître des dieux je t’ordonne de te réveiller Saxon de malheur !

ADOLPHE (Ouvre un œil) De quoi ? Tu sais à qui tu parles femme ?

VÉRONIQUE – Non…

ADOLPHE – (Réfléchissant) je suis Maréchal… Le Maréchal Adolphe… Non Otto c’est mieux… Otto Von Bismarck. Président du royaume de Prusse et premier chancelier du nouvel empire Allemand…

(Ils bougent tous les deux dans tous les sens)

MARIE – C’est reparti pour un tour…

ROXANE – Moi, il m’éclate à donf ces deux nazes…

HILDEGARDE – Les barbituriques du Psy sont super-efficaces.

FERNAND – Je confirme !

MARIE – Ils n’ont pas posé de problème ?

FERNAND – Non aucun…

ROXANE – Nickel Fernand.

MARIE – (A Fernand) Tu es vraiment un bon acteur. (Elle lui fait une bise)

FERNAND – C’était facile… Ils se pensaient les plus intelligents…

MARIE – C’était sans compter sur la rébellion du petit personnel…

ROXANE – Et de la punk de la famille.

HILDEGARDE – (A Marie et Roxane) Je vous remercie… Vous nous sauvez la vie !

MARIE – N’exagérons pas…

ROXANE – Jeu, set et match !

FERNAND – Et maintenant ?

HILDEGARDE – J’appelle le Psychiatre pour les faire enfermer.

ROXANE – Quel pied…

 

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène Véronique et Adolphe sont toujours attachés. Ils se chamaillent. On sonne. Marie sort de la cuisine et va ouvrir. Arrivée de Roxanne de Victor et d’Hugo. Hugo porte une petite valise pharmacie)

ROXANE – Je viens de trouver ces deux zigs dans la cour.

MARIE Revoilà les chanteurs… (Ou chanteuse) Entrez.

HUGO (Exaspérés) Nous ne sommes pas dans la chanson !

VICTOR – Comment faut-il vous le dire ?

MARIE – Je le sais bien, je vous fais marcher…

HUGO – J’ai eu peur !

VICTOR – Il paraît que vous avez deux nouveaux spécimens à nous remettre ?

MARIE – Oui…

ROXANE – Ils sont là (Roxane désigne Adolphe et Véronique) Et ils sont complètement dézingués, si vous voyez ce que je veux dire !

ADOLPHE (Adolphe crie) A moi la LuftwaffeJe demande une attaque éclaire immédiate.

VÉRONIQUE – Je vais te tuer maudit teuton…

ADOLPHE – Même pas dans tes rêves femme du nord.

(Véronique et Adolphe continuent de se chamailler)

VICTOR – C’est vrai qu’ils ont l’air bien allumés…

MARIE – Ils sont complètement fous !

HUGO – Nous allons devoir utiliser les grands moyens.

ROXANE – C’est ça… Pas de pitié !

VICTOR – Chic… Je vais pouvoir refaire faire des électrochocs !

HUGO – Quel gamin ! (Ou gamine)

(Richard revient des chambres. Il aperçoit Victor et Hugo. Il marque un temps d’arrêt)

RICHARD – Que font-ils (Ou elles) ici ?

VICTOR – (A Hugo) Regarde… C’est mon « électro choqué » il a l’air en meilleure forme !

RICHARD – (Apeuré) Ne m’approchez-pas…

VICTOR – Ne bougez pas…

HUGO – Tout va bien se passer… (Hugo prend sa mallette)

MARIE – (A Hugo menaçante) Vous… Laissez-le tranquille…

ROXANE – Tout doux les déglinguos… Vous êtes venu pour eux deux uniquement.

VICTOR – Oui, mais il est dangereux !

RICHARD – (Se met en position de combat) Approchez et vous verrez… Je ne me laisserai pas faire cette fois !

HUGO – Vous voyez il est menaçant… (A Victor. En fouillant dans la valise à pharmacie) Il faut le piquer…

VICTOR – Sort le nécessaire.

HUGO (La seringue à la main. Parlant à Richard très lentement) On reste calme…

ROXANE – il veut lui faire un fix… La chance…

VICTOR – (Victor et Hugo avancent vers Richard) Ce ne sera pas douloureux…

RICHARD – Laissez-moi…

MARIE – (S’interposant en levant une chaise) Si vous approchez, ça va mal se passer pour vous…

ROXANE – Si j’étais vous, je ferais gaffe à mes fesses… La gonzesse que vous avez en face de vous, c’est une compilation entre Kill Bill et Terminator.

VICTOR – (A Hugo) Laisse tomber.

HUGO – Tu as raison… Nous récupérons tout de même deux beaux spécimens pour nous occuper.

RICHARD – C’est ça… Oubliez-moi !

HUGO – (A Marie) Ne venez pas vous plaindre s’il fait une nouvelle crise… Et qu’il vous abat comme un sanglier !

MARIE – (Menaçante) Arrêtez avec vos allusions douteuses… Partez avant qu’à mon tour j’aie des idées de meurtres…

ROXANE - Cassez-vous les deux naze… et vite… Elle va cogner !

HUGO – C’est compris… (A Victor) Viens me donner un coup de main pour embarquer les deux hallucinés.

(Adolphe et Véronique sont toujours en train de se chamailler)

VICTOR – Ils sont bien excités

HUGO – (La seringue toujours à la main) Tout doux les tourtereaux…

(Hugo aide Victor qui fait une piqûre à Adolphe puis Véronique. Ils s’endorment. Et sont détachés)

VICTOR – Direction le pays des rêves.

HUGO – Et la clinique.

ROXANE – (A Adolphe ironiquement) Vous êtes virés…

MARIE – Au plaisir de ne plus vous revoir… Patron !

HUGO – C’est lui le patron ?

MARIE – (Désignant Richard) Non c’est lui…

HUGO – Je suis complètement largué…

VICTOR – Ne cherches pas et aide-moi…

(Ils commencent à emporter Adolphe et Véronique)

La lumière se coupe

Pause de quelques secondes

 

(Sur scène Marie, Hildegarde, Roxane, Madeleine, Fernand, Gilbert, Franck, Alain, Catherine et Richard. Ils boivent le champagne. Franck est éméché. Son verre est vide)

CATHERINE – Merci de nous avoir réintégré

ALAIN – Nous avions vraiment cru perdre notre boulot.

GILBERT – Nous ne pouvions pas vous laisser sur le carreau les amis

FRANCK – Ca s’arrose… Un autre verre

ALAIN – Doucement… Tu es déjà suffisamment chargé.

HILDEGARDE – Maintenant, nous voilà débarrassés définitivement de ces deux vermines !

ROXANE – Et ce n’est pas trop tôt !

CATHERINE – Il est ou Muller ?

GILBERT – Lui et sa donzelle sont partis pour l’Asile ?

FRANCK – Bienfait pour lui… Voilà ce qu’il arrive lorsque l’on s’en prend à moi !

CATHERINE – Nous avons compris. Calme-toi.

(Franck se calme)

RICHARD – Et je les plains de tout cœur…

MARIE – Eh bien pas moi…

ROXANE – Moi je m’en fou royal de ces deux bolosses !

CATHERINE – Finalement, ils ont bien mérité leur sort !

ALAIN – C’est vrai…

FRANCK – Il nous a bien fait souffrir.

MADELEINE – C’est vrai, mais ils ne vont pas ressortir de sitôt.

FERNAND (Inquiet) Réfléchissez… Un jour ils seront libres…

GILBERT – C’est vrai ça…

FRANCK – Lorsqu’ils seront dehors je leur casse la figure !

CATHERINE – Ils vont aller porter plainte.

RICHARD – Et nous allons finir en prison !

MARIE – Ça ne risque pas…

ROXANE – Tout est prévu. Vous ne serez pas envoyez au frais.

MADELEINE – J’ai vu avec le Docteur… Avec ce qu’ils sont en train de leur injecter, ils ne sont pas près de revenir aux affaires croyez-moi !

GILBERT – Et les enregistrements ?

MARIE – Je les ai récupérés

ROXANE – Et nous les avons dézingués.

GILBERT – Ils n’ont plus aucune preuve ?

MARIE – Non !

ALAIN – Merveilleux !

ROXANE – Ce sera notre parole contre la leur…

MADELEINE – Et je ne pense pas qu’ils oseront jouer à ce petit jeu !

RICHARD – Et nous ne serons pas seuls en cas de problème… J’ai réintégré l’ensemble des salariés licenciés et tous sont derrière nous pour confirmer notre histoire.

CATHERINE – Je confirme… L’ensemble des employés sont ravis de ce dénouement heureux.

GILBERT – Moi de mon côté, j’ai relancé la production.

FRANCK – (Se levant d’un coup) Et moi organisé une petite sauterie.

CATHERINE – Doucement.

ALAIN – Tout est reparti comme avant.

MADELEINE – Je suis soulagée.

RICHARD – Merci à tous.

MADELEINE – (A Richard. Inquiète) Et avec maman ?

RICHARD – Nous avons réglé nos différends.

MADELEINE – Et ?

RICHARD – J’ai décidé de lui pardonner !

ROXANE – C’est formid !

HILDEGARDE – Moi aussi j’ai tourné la page…

MADELEINE – C’est vrai ?

HILDEGARDE – Oui… Je promets de ne plus jamais accuser Richard…

MADELEINE – Vous jurez tous les deux ?

RICHARD – Croix de bois !

HILDEGARDE – Croix de fer !

RICHARD et HILDEGARDE – (Ensemble) Si nous mentons nous allons en enfer…

MADELEINE – Merveilleux !

RICHARD – (Richard porte un toast) A Marie…

FRANCK – (Retournant son verre vide) Mon verre est vide. (Marie ressert Franck. Qui boit d’un trait)

FRANCK – Et glou et glou… Il est des nôtres…

(Franck s’effondre)

ALAINEt voilà… C’était écrit.

CATHERINEExcusez-le… C’est l’émotion.

(Franck et Catherine asseyent Franck qui ronfle. Ils lèvent leurs verres)

ALAIN, CATHERINE, ROXANE (Ensemble) A Marie !

MADELEINE – (A Marie) A votre succès !

MARIE – Ce n’est rien…

RICHARD – Bien au contraire. Nous ne vous remercions jamais assez. Sans vous je serais encore chez les fous…

ROXANE – Et Muller serait le boss de cette boite !

MADELEINE – Vous nous avez donné une leçon de vie… En nous démontrant que rien n’est jamais complètement perdu.

RICHARD – Merci ma fille d’être venue me délivrer.

ROXANE – Je ne pouvais pas te laisser dans cette galère sans réagir.

RICHARD – Et, merci à tous de m’avoir sorti d’un pétrin… (Agressif. Va en direction d’Hildegarde) Dans lequel une certaine femme irascible, acariâtre et machiavélique m’a précipité !

ROXANE – (Morte de rire) C’est reparti… LOL

HILDEGARDE – Vous aviez juré !

RICHARD – J’ai menti… Tout est de votre faute !

HILDEGARDE – Non c’est vous… Si vous n’aviez pas assassiné mon pauvre Marius. Nous n’en serions pas arrivés là.

RICHARD – (Richard empoigne Hildegarde, il crie. L’ensemble essaye de les séparer à l’exception de Madeleine qui est horrifiée) J’ai fait une erreur… Ce n’est pas sur votre mari… Mais sur vous que j’aurai dû tirer…

HILDEGARDE (A Madeleine) Enfin, il avoue… Il avait tout calculé… J’avais raison !

(Hildegarde saute sur Richard elle le secoue. Madeleine est effondrée. Roxane là réconforte)

MADELEINE – Ce n’est pas possible.

ROXANE – Laisse tomber Mother… Ils pètent à nouveau un câble !

RICHARD – Lâchez-moi…

HILDEGARDE – C’est moi qui vais te tuer…

RICHARD – Malade mentale…

HILDEGARDE – Dégénéré…

RICHARD – Mégère…

HILDEGARDE – Assassin…

RICHARD – Débile congénitale…

HILDEGARDE – Psychopathe…

RICHARD – Vieille bique !

MADELEINE – (En Pleure) Ça ne va pas recommencer…

ROXANE – Si… Chic !

MARIE – (Parlant au public) Je ne pige plus rien… Monsieur Lux est un assassin ou pas ? Moi, je ne suis plus sûr de rien… Et vous ?

 FIN

 


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