Acte I
(Éclairages légers. Le début de la scène se passe la nuit)
(Deux cambrioleurs entrent discrètement dans la pièce principale. Ils sont habillés en sombres. Bruno a une lampe frontale et Gérard une torche éteinte. Ils ont chacun un grand sac de sport)
GÉRARD – Bouges Bruno…
BRUNO – Tu es rigolo… J’ai les chocottes* moi ! (*Peur)
GÉRARD – Ça ne craint rien je te dis… J’ai eu l’info* (*Information) par quelqu’un de très bien rencardé* ! (*informé) (Il pousse Bruno)
BRUNO – Je n’y vois que dalle* ! (*rien)
GÉRARD – Quel casse-bonbons*… (*Emmerdeur) Tu as l’air fin avec ta frontale* (*Lampe portée au front) qui éclaire nib*…(*rien) (Il allume sa lampe torche et balaye la scène)
BRUNO – Il fallait préciser qu’il n’y avait pas de lumière !
GÉRARD – A quoi tu t’attendais triple buse* (*Idiot)… Dans un cambriolage en pleine nuit il y a rarement du soleil !
BRUNO – Je n’ai pas trop réfléchi.
GÉRARD – Baltringue*… (*incapable)
BRUNO – Je ne suis pas convaincu que ce soit sans risque. ! Je ne vais pas continuer…
(Bruno pose son sac au sol et fait mine de rebrousser chemin)
GÉRARD – Reste calme, c’est tranquille… Du billard américain*… (*Facile) La baronne est grabataire et les larbins* dorment à l’étage… (*Employés)
BRUNO – Les domestiques dorment sûrement, seulement ils ne sont pas impotents eux… Ils peuvent débarquer à n’importe quel moment…
GÉRARD – Mais non… Ils pioncent*… (*dormir) C’est trois plombes* (*heure) du mat* (*Matin) passé… Nous n’avons rien à craindre crois-moi.
BRUNO – Ben…
GÉRARD – Un peu de courage mec… Tu es une vraie gonzesse*… (*fille) (Gérard pousse Bruno) Ripe* (*Avance)…
(Le duo avance prudemment)
GÉRARD – Pendant que je cherche le coffre, tu rafles tout !
BRUNO – Tout quoi ?
GÉRARD – Ce qui a de la valeur… Les bibelots, l’argenterie, les talbins* (*Billets) et tout le saint-frusquin*. (*L’ensemble des valeurs) Tu fourres le maximum de chose dans mon sac.
(Gérard donne son sac à Bruno et se dirige doucement vers un tableau accroché au mur. Bruno commence à chaparder les objets et les glisse dans le sac – Il se cogne et fait tomber des objets métalliques au sol qui font du bruit).
GÉRARD – Chuttt…
BRUNO – Excuse… J’ai glissé !
GÉRARD – (Gérard est Menaçant et revient vers Bruno) Quel boulet*… (*incapable) Tu vas voir comment celle-là, elle va te glisser sur la tronche* (*Visage) !
BRUNO – Pas de violence s’il te plaît…
GÉRARD – (En colère) Tu ne l’as pas fait exprès au moins ?
BRUNO – Non…
GÉRARD – Si tu recommences ton barouf* (*Bruit), je t’étripe !
BRUNO – On se tire* (*Partir) le sac est plein… Ça pue* ! (*C’est dangereux) (Bruno part en direction de la sortie. Gérard le retient)
GÉRARD – Tu n’es pas maboul*… (*fou) Le coffre est derrière ce tableau. C’est le jackpot assuré !
(Gérard retourne vers le tableau qu’il enlève. Un coffre-fort apparaît)
GÉRARD – Bingo… Mes infos étaient exactes !
BRUNO – Il a l’air solide non ?
GÉRARD – Classique !
BRUNO – Tu comptes faire comment ?
GÉRARD – C’est simple… Je le force… Je pique la fraîche* (*Espèces, billets) et le tour est joué !
BRUNO – Et tu l’ouvres de quelle manière ?
GÉRARD – Un jeu de mouflet* (*Enfant). Tu vas me filler les outils que tu devais emporter…
BRUNO – Les outils ?
GÉRARD – Oui ! Le pied de biche et le chalumeau. C’était bien toi qui devais te les coltiner* (*prendre transporter) ?
BRUNO – Ah oui tout ça…
GÉRARD – Bouges tes meules* (*Fesse) et amène mois le matos*… (*matériel)
(Bruno pose le sac plein d’objet au sol et va chercher le deuxième sac qu’il pose sur la table. Gérard ausculte la porte du coffre)
GÉRARD – Tu vois que je ne t’avais pas dit de craques* (*Mensonges) ! C’est du gâteau comme prévu !
BRUNO – Tu ne m’as toujours pas dit qui t’a rencardé* ? (*Informé)
GÉRARD – Tu n’as pas à le savoir. C’est mieux pour tout le monde…
BRUNO – Tu ne me fais pas confiance ?
GÉRARD – Ce n’est pas ça… Mais c’est une très bonne connaissance. Elle désire rester dans l’ombre.
BRUNO – Une connaissance… Une femme donc…
GÉRARD – T’occupe…
GÉRARD – (Il réfléchit tout haut) Je vais chauffer les charnières et « PAN » je finis par dégommer* (*Démonter) la porte au pied de biche ! Du travail d’expert !
(Gérard continue d’inspecter le coffre. Il demande tel un médecin)
GÉRARD – Chalumeau…
BRUNO – Hein ?
GÉRARD – Passes moi le chalumeau…
(Bruno sort un petit chalumeau de pâtissier)
BRUNO – Tiens…
GÉRARD – (Gérard regarde le chalumeau il est dépité) C’est quoi ça ?
BRUNO – C’est le chalumeau de maman ! Elle l’utilisait pour brunir les crèmes brûlées…
GÉRARD – Tu m’avais bien parlé de matos* (*matériel) de pro* ? (*Professionnel)
BRUNO – C’est le cas… Ils ont le même dans les grands restaurant… J’ai vu ça au téléachat avec « maman ». Nous l’avons acheté direct. Je savais que c’était une excellente acquisition !
GÉRARD – Le téléachat ? Tu crèches* (*vie) vraiment dans un monde de « bisounours* » (*Série pour enfants)
BRUNO – Ben…
GÉRARD – Je pensais bêtement que tu amènerais un système pour de l’oxycoupage et pas cette… « Chose » !
BRUNO – De l’oxi quoi ?
GÉRARD – Quel charlot* (*Idiot) ce type… Pourquoi je me suis associé avec un branque* (*Branquignol. Personne pas sérieux)… Pourquoi ?
BRUNO – Je n’y connais pas grand-chose moi !
GÉRARD – Bougre d’âne… (*idiot) Tu n’imaginais pas qu’on allait faire de la tambouille* (Cuisine, repas) tout de même ?
BRUNO – (Embarrassé) Désolé…
GÉRARD – Bon je me calme. Il faut que je respire et que je gamberge* (*réfléchisse)…
BRUNO – Fais vite…
GÉRARD – (Il inspecte encore le coffre) Ce coffre ne m’a pas l’air trop balaise* (*costaud). Passe-moi le pied de biche. Je vais exploser les gonds de la porte.
BRUNO – (Hésitant) Tu ne vas pas encore me crier dessus ?
GÉRARD – (Exaspéré) Pourquoi tu me demandes ça ?
BRUNO – Une intuition…
GÉRARD – Fais mois confiance ! Si tu n’as pas gaffé* (*Fait une bêtise) tu n’as pas à fouetter*… (*craindre, avoir peur)
BRUNO – Justement…
GÉRARD – Il est comment ton pied de biche ? En caoutchouc ?
BRUNO – Pas tout à fait…
GÉRARD – Accouche*… (*Parle maintenant)
BRUNO – (Embarrassé) Je suis passé chez le boucher…
GÉRARD – Je ne vois pas le rapport !
BRUNO – Pour le pied de biche. Tu comprends ?
GÉRARD – Rien du tout…
BRUNO – Il ne vend pas de pied de biche, uniquement des pieds de cochon !
GÉRARD – Tu n’as pas acheté un panard* de goret* (*Pied de *cochon) quand même ?
BRUNO – Non… Rassure-toi !
GÉRARD – Tant mieux… J’ai eu un affreux doute sur le moment !
(Bruno exhibe un magnifique pied de lampe et s’exclame…)
BRUNO – Et voilà…
GÉRARD – C’est quoi cette chose ?
BRUNO – Tu le vois bien c’est un pied… Pas de biche, mais de lampe !
GÉRARD – Je vais le flinguer* (*tuer)
(Il saisit Bruno au col et commence à le secouer et à lui serrer la gorge)
BRUNO – (A du mal à parler) Tu me fais mal arrête…
GÉRARD – Triple imbécile, un pied de biche… C’est une barre à mine… Un gros truc en ferraille* (*métal) pour défoncer les lourdes*. (*Porte)
BRUNO – Je n’ai jamais bricolé… C’est maman qui faisait tout à la baraque !
GÉRARD – Maman par ci, maman par là… Je suis bien monté moi ! J’organise un casse* (*Cambriolage) avec le roi des toquards*… (*Incompétent) J’aurais dû emmener ta vieille* (*mère) elle a l’air plus dégourdie que toi ! (Il lâche Bruno).
BRUNO – C’est impossible !
GÉRARD – Pourquoi ça ?
BRUNO – Elle est morte il y a six mois.
GÉRARD – Désolé… Je ne savais pas !
BRUNO – Ce n’est rien… Elle n’a pas souffert… Elle est morte, un jour d’orage… Elle a été foudroyée en réglant l’antenne satellite !
GÉRARD – Tu parles d’une tuile*… (*Manque de chance) (Il rit) Quelle tribu* ! (*famille)
(Des bruits se font entendre)
BRUNO – C’est quoi ces bruits ?
GÉRARD – Je n’en sais rien !
BRUNO – Il faut se tirer rapidos…
GÉRARD – Pas le temps… Planque-toi fissa*… (*cache-toi rapidement) Plonge sous la carante*. (*Table)
(Le duo se cache sous la table et coupe les lampes torches. Un homme entre sur scène. C’est Gérard il est somnambule. Il dort. Il se bloque contre le sac de sport contenant les objets volés et piétine sur place le regard fixe)
GÉRARD – Abrutit… Tu as fait trop de barouf*… (*bruits)
BRUNO – Ce n’est pas de ma faute !
GÉRARD – Si ! Ce n’est pas moi qui ai fait se gaufrer* (*tomber) l’argenterie !
BRUNO – Que fait-on ? (Bruno claque des dents et tremble de partout)
GÉRARD – Arrêtes de claquer des dents « tafiole* » (*Homosexuel) … Tu vas alerter le gonze*… (*Type)
BRUNO – (Mort de peur) Je ne peux pas m’en empêcher… C’est plus fort que moi !
GÉRARD – Stop ou je t’explose les chicots* ! (*Dents) (Gérard met la main devant la bouche de Bruno)
BRUNO – (D’une voix étouffée) Je n’arrive pas à me maîtriser !
GÉRARD – Avec le bazar* (*bruit) que tu as fait, le reste des larbins* (*Personnel) va débarquer.
BRUNO – Désolé je n’arrive pas à me contrôler !
GÉRARD – C’est foutu « l’arpète* ». (*Apprentis) Tu as tout fait foirer*… (*Louper) On s’arrache* ! (*Partir vite) (Il enlève sa main de la bouche de Bruno)
BRUNO – Comment ?
GÉRARD – A trois on se carapate* ! (*Partir rapidement)
GÉRARD – Un… Deux…
BRUNO – (Coupe Gérard) Tu es sûr ?
GÉRARD – Oui… Cesse de m’interrompe. Un… Deux…
BRUNO – Je ne vais pas y arriver !
GÉRARD – (Très énervé) Tu vas arrêter oui… À trois nous nous tirons fissa* ! (Rapidement) Un… Deux… Et… Trois… Fonce !
(Gérard et Bruno sortent brusquement de sous la table et partent en trombe par la porte d’entrée. Ils partent avec le sac contenant le matériel de cambriolage. Ils font tomber des chaises et claquent la porte ce qui réveille Gustave)
GUSTAVE – (Gustave tourne sur lui-même) Qu’est-ce qu’il se trame ? C’était quoi ces bruits ? Ce sac ?
GUSTAVE – Des voleurs ? (Gustave reprend ses esprits et crie) A l’assassin… À l’aide !
(Gustave tourne en rond il prend le sac et le pose sur la table, il appelle à l’aide. Les bruits réveillent le reste des employés qui arrivent les uns derrière les autres)
RAYMOND – Qui a provoqué ce binz* ? (*Désordre)
GUSTAVE – Ce sont des cambrioleurs. Je viens de les mettre en fuite ! Va vite chercher ton fusil… (Raymond part en courant)
NICOLAS – (Arrive et regarde autour de lui et constate. Il parle avec une voix efféminée) C’est quoi ce chantier ?
GUSTAVE – Des voleurs ils viennent de s’enfuir à l’instant !
NICOLAS – Seigneur… (Il s’effondre)
GUSTAVE – La folle nous fait son show !
(Angélique et Jocelyne arrivent à leur tour)
JOCELYNE – (A Gustave) Qui est responsable de ce vacarme ?
GUSTAVE – « J’ai »… Mis en fuite des cambrioleurs. (Gustave frime)
JOCELYNE – Ils n’ont pas volé mes gamelles au moins ?
GUSTAVE – Je ne vois pas l’intérêt ?
JOCELYNE – Ce sont mes outils de travail… Si je suis cordon-bleu, c’est en partie grâce à mon matériel de professionnel !
GUSTAVE – Il ne venait pas pour tes casseroles.
JOCELYNE – Merci mon Dieu !
ANGÉLIQUE – Que fait Nico par terre ?
GUSTAVE – Y fais « la morte » !
ANGÉLIQUE – Ce n’est pas bien de vous moquer…
GUSTAVE – Je constate… En plus… Il la fait super-bien… « La morte »
JOCELYNE – Très drôle… (A Angélique) Donne mois un coup de main pour réanimer Nicolas.
(Angélique et Jocelyne relèvent Nicolas. Elles l’assoient sur une chaise)
ANGÉLIQUE – (A Gustave) Tu nous donnes la main ?
GUSTAVE – Sûrement pas !
JOCELYNE – Vous ne voulez pas aider votre prochain ?
GUSTAVE – Faites-lui du bouche-à-bouche si ça vous chante… Moi plutôt mourir que d’embrasser un mec !
ANGÉLIQUE – Gustave…
(Les deux filles tapotent la main et le visage de Nicolas)
JOCELYNE – Nicolas revenez à vous…
ANGÉLIQUE – Vous n’avez rien à craindre tout va bien… Ils se sont évaporés dans la nature.
(Nicolas retrouve ses esprits)
JOCELYNE – Soyez un grand garçon…
NICOLAS – Merci les filles… Vous êtes des amours !
GUSTAVE – Il est sauvé… Le « phoque » rechante !
NICOLAS – Je ne saisis pas !
JOCELYNE – Ce ne serait pas plutôt un coq ?
GUSTAVE – Non… Dans son cas c’est bien d’un « phoque » qu’il s’agit !
NICOLAS – C’est comique !
JOCELYNE – Un phoque au vin ça n’existe pas !
NICOLAS – De mieux en mieux je suis plié de rire !
ANGÉLIQUE – Ou alors, chez les Inuits… (Elle rit)
NICOLAS – Vous touchez le fond !
GUSTAVE – Alors ce garde-chasse il arrive avec sa pétoire* ? (*Fusil)
(Raymond arrive avec un fusil de chasse)
NICOLAS – Il fait quoi avec sa sulfateuse* ? (*Fusil)
ANGÉLIQUE – Ne t’inquiète pas, c’est pour frimer !
RAYMOND – Me voilà…
GUSTAVE – Tu n’es pas pressé mon pote !
RAYMOND – Je ne suis pas ton pote ! Ils sont où ?
(Raymond regarde dans tous les sens)
GUSTAVE – A cette heure… Sûrement à l’autre extrémité du département ! Tu as oublié de mettre le turbo.
RAYMOND – Je trouvais plus mes cartouches !
GUSTAVE – Un véritable chasseur de pacotille ! Jamais prêt à tirer son coup !
RAYMOND – Vous venez de dire quoi là ?
ANGÉLIQUE – Arrêtez de vous disputer l’instant est grave !
NICOLAS – (A Raymond) Qu’allez-vous faire avec votre arsenal ?
GUSTAVE – Il traque…
NICOLAS – Vous traquez quoi ?
RAYMOND – Le gangster…
GUSTAVE – (D’une voix inquiétante) Et lorsque qu’il en aura attrapé un… Il lui fera sauter le caisson. Et ensuite il donnera les restes en pâture à ses chiens !
NICOLAS – La violence m’effraye… (Il s’effondre à nouveau)
JOCELYNE – (A Gustave) Vous savez bien que Nicolas est sensible !
RAYMOND – Y tombe souvent dans les pommes ?
ANGÉLIQUE – Sans-arrêts !
RAYMOND – (En plaisantant) Forcément… C’est un jardinier… Les fruits ça le connaît !
ANGÉLIQUE – Je suis morte de rire !
GUSTAVE – Il aurait dû être meneuse de revue et pas jardinière !
JOCELYNE – Il faut à nouveau le secourir… Quel boulot !
ANGÉLIQUE – Aidez-nous à le relever vous autres…
(Ils rasseyent Nicolas sur une chaise qui est toujours dans les pommes)
RAYMOND – Quelle nuit…
ANGÉLIQUE – je pars réveiller madame. Si ce n’est pas déjà fait !
JOCELYNE – Elle ne va pas être contente. Attendons-nous au pire !
(Angélique sort)
JOCELYNE – (A Raymond) Vous m’aidez à ranimer Nicolas ?
RAYMOND – Si c’est vous qui payez de votre corps je suis partant. Sinon il reste par terre…
JOCELYNE – Ne vous inquiétez pas. Dans mon métier de cuisinière, j’ai l’habitude de tout goûter… Je ne suis pas à un jardinier prêt…
RAYMOND – Le planteur de salade on se réveille. (Raymond donne de grandes claques à Nicolas)
(Nicolas reprend ses esprits doucement)
JOCELYNE – Restez calme Nicolas… Personne n’est mort !
NICOLAS – C’est juste ?
GUSTAVE – Oh que oui… De toute façon avec Raymond à la manœuvre ils ne risquent pas grand-chose nos truands !
RAYMOND – (En colère et menaçant) Je vais vous tuer Gustave… Vous comprenez ça ?
NICOLAS – Je vais défaillir…
JOCELYNE – Ah non ! Nicolas vous restez avec nous ! (A Raymond et Gustave) Vous n‘allez pas remettre ça vous !
NICOLAS – Je suis rassuré…
JOCELYNE - Raymond reposez ce fusil et vous Gustave vous vous excusez !
(Raymond pose son fusil sur la table)
GUSTAVE – Je ne vois pas pourquoi !
JOCELYNE – J’écoute…
GUSTAVE – Bon je… M’ex… cuse…
RAYMOND – Je n’ai rien entendu !
GUSTAVE – (Énervé) Je m’excuse c’est bon… Les mots ont dépassé ma pensée.
RAYMOND – Ha tout de même… Excuses acceptées.
JOCELYNE – Je vais ranger l’argenterie.
RAYMOND – Ne touchez à rien malheureuse il y a peut-être des empreintes.
JOCELYNE – C’est bien vrai. Heureusement que vous étiez là ! Quelle gourde* (*Idiote) je fais…
RAYMOND – Posez le sac sur la table.
(Angélique et la Baronne reviennent. Accompagnées d’Eliette)
ÉLIETTE – C’était quoi ces cris ?
LA BARONNE – (A Raymond) C’est vrai, pourquoi ce brouhaha* ? (*Bruit)
RAYMOND – Des cambrioleurs Madame !
ÉLIETTE – Ce n’est pas possible… Pas chez nous ?
LA BARONNE – Chez moi !
ÉLIETTE – Quoi ?
LA BARONNE – Ce n’est pas chez nous… Mais chez moi ! C’était qui ?
(Eliette est choquée. Elle va bouder dans un coin)
NICOLAS – Des détrousseurs… Des montes en l’air…
GUSTAVE – Voilà la « tata » qui s’en mêle
NICOLAS – Pfff… Pfff… (Nicolas fait le chat qui griffe)
GUSTAVE – Oh… Qu’il me fait peur la minette !
ANGÉLIQUE – Ce n’est pas bientôt terminé vos enfantillages ?
LA BARONNE – (A Nicolas) Je vous trouve bien pâle !
NICOLAS – J’ai fait un petit malaise vagal.
JOCELYNE – Nous l’avons ressuscité deux fois. Je vais aller lui préparer une petite collation !
ÉLIETTE – Moi aussi j’ai une petite faim…
LA BARONNE – Plus tard la collation…
ÉLIETTE – Tant pis… (Elle continue à bouder)
LA BARONNE – Et ?
GUSTAVE – Il a eu la frousse c’est tout… C’est une gonzesse !
NICOLAS – Je suis jardinier pas policier !
GUSTAVE – C’est facile ça !
ANGÉLIQUE – Stop ! Cessez de vous chamailler…
LA BARONNE – Vous les avez attrapés ?
RAYMOND – Non… Ils ont filé…
GUSTAVE – A priori, ils étaient deux…
LA BARONNE – Et qui les a fait fuir que je le rétribue ?
GUSTAVE – (Gustave s’avance et s’incline) C’est moi, Madame la Baronne.
LA BARONNE – Bravo Gustave ! Comment avez-vous fait ?
GUSTAVE – J’ai perçu un léger bruit dans le salon. Je n’ai écouté que mon courage ! Je suis descendu en trombe. Je les ai pris la main dans le sac alors j’ai foncé dans le tas… Ils ont vu que je ne plaisantais pas et ont déguerpi en laissant l’ensemble de leur butin…
ANGÉLIQUE – Bravo Gustave !
ÉLIETTE – C’est ça… Bravo…
GUSTAVE – Moquez, vous… Sans moi ils vous auraient complètement dépouillés Madame la Baronne ! Et peut-être pire…
JOCELYNE – (A Gustave) Vous êtes notre héros !
GUSTAVE – Non… Je suis juste un homme… Un vrai… Pas comme certains…
NICOLAS – C’est pour moi que vous dites ça ?
GUSTAVE – Devine ?
ANGÉLIQUE – (Énervée) Ce n’est pas bientôt fini ?
LA BARONNE – Une telle abnégation mérite une belle récompense. (Elle donne un billet à Gustave)
GUSTAVE – Merci Madame !
RAYMOND – Quel cabot…
LA BARONNE – Vous dites ?
RAYMOND – Rien… Madame (Raymond et Gustave se toisent. Gustave lui montre le billet)
LA BARONNE – Étant donné que vous êtes un gourmand, vous aurez droit de choisir le prochain repas de fête !
RAYMOND – Merci Madame !
ÉLIETTE – Et moi je n’ai pas le droit ?
LA BARONNE – (Regardant méchamment Eliette) Non… C’est Raymond qui choisira avec Jocelyne !
JOCELYNE – Très bien !
ANGÉLIQUE – Et maintenant, Madame ?
LA BARONNE – Écoutez, il est presque quatre heures du matin retournez tous vous coucher… Je garde Raymond avec moi afin d’inspecter les lieux.
ANGÉLIQUE – Merci…
RAYMOND – Ranger le sac Angélique en prenant soin de ne pas toucher aux objets… Demain les gendarmes vont vouloir l’examiner.
ANGÉLIQUE – J’y vais de ce pas !
(Angélique prend le sac et part)
NICOLAS – Bonne nuit…
GUSTAVE – Qu’il est « mignonne »
(Nicolas repart en haussant les épaules)
JOCELYNE – Madame, avant d’aller me coucher souhaitez-vous que je vous prépare quelque chose ?
LA BARONNE – Merci Jocelyne. Faites-nous donc un café bien serré. La nuit risque d’être longue…
JOCELYNE – Bien Madame…
(Jocelyne retourne en cuisine)
ÉLIETTE – Et moi je fais quoi ?
LA BARONNE – Comme toujours… Rien !
ÉLIETTE – C’est gentil…
LA BARONNE – Je sais… Mais c’est ce que tu fais le mieux ! (Eliette part dans les chambres en râlant. La Baronne l’ignore) Gustave…
GUSTAVE – Oui Madame
LA BARONNE – Demain à la première heure vous aurez la mission de contacter la gendarmerie afin que je dépose plainte et qu’ils fassent une enquête.
GUSTAVE – Très bien Madame je m’en charge dès huit heures…
RAYMOND – (A Gustave) Bonne nuit « Mad Max* » (*Héros de cinéma fantastique)
GUSTAVE – Très drôle… Tocard* ! (*abruti)
RAYMOND – Je vais te… (La Baronne pose la main sur le bras de Raymond pour le retenir)
(Gustave part dans les chambres)
LA BARONNE – Vous ne vous aimez pas, tous les deux ?
RAYMOND – J’ai senti un froid entre vous et votre sœur
LA BARONNE – Des querelles entre sœur… Rien de grave… Et vous avec Gustave ?
RAYMOND – Il est prétentieux et arrogant !
LA BARONNE – Vous ne lui faites pas confiance ?
RAYMOND – Absolument pas ! Son passé est louche.
LA BARONNE – Effectivement ! Si vous saviez de quelle manière je l’ai recruté… Mais bon c’est une autre histoire.
RAYMOND – J’ai l’habitude des gens et je sais reconnaître les types douteux. Lui, il est douteux et véreux !
LA BARONNE – Gustave, vous êtes un homme de parole à qui je peux faire confiance n’est-ce pas ?
RAYMOND – Vous savez bien que vous pouvez compter sur ma loyauté indéfectible Madame…
LA BARONNE – J’en suis consciente ! C’est pourquoi j’ai besoin de votre avis sur cette tentative de cambriolage.
GUSTAVE – Très bien…
LA BARONNE – Qu’en pensez-vous ?
RAYMOND – Pour moi… Ils étaient bien renseignés. Trop bien !
LA BARONNE – C’est sûr.
RAYMOND – À mon avis, ils doivent avoir un ou des complices au sein de vos gens.
LA BARONNE – C’est exactement ce que je subodore… Mais qui ?
RAYMOND – Là est toute la question ! Gustave peut-être ?
LA BARONNE – Je ne sais pas…
RAYMOND – C’est pourquoi nous allons essayer de les démasquer en menant notre propre enquête !
LA BARONNE – J’ai ma petite idée sur la question… Et j’ai besoin de vous !
RAYMOND – Je suis votre homme !
LA BARONNE – En premier, nous… (Jocelyne revient avec un plateau et des tasses. La baronne se tait).
JOCELYNE – Voilà le café Madame.
LA BARONNE – Maintenant allez, vous coucher.
JOCELYNE – Avant, je vais récurer mes casseroles ça va me détendre !
LA BARONNE – Si vous le dites !
JOCELYNE – Bonne nuit Madame… Bonne nuit Raymond.
RAYMOND – (A Jocelyne) À demain !
(Jocelyne part en cuisine Raymond sert 2 cafés)
LA BARONNE – Nous allons monter un guet-apens à nos voleurs et aux complices éventuels… Un criminel réapparaît toujours sur les lieux de son crime !
RAYMOND – C’est ce que l’on dit !
(Ils boivent le café)
LA BARONNE – Demain vous irez acheter des caméras discrètes que vous installerez dans le salon.
RAYMOND – Bonne idée ! Et après ?
LA BARONNE – Nous enregistrons tout ce qui se passe pour l’ensemble de la journée.
RAYMOND – Excellent !
LA BARONNE – Ensuite vous passerez les huit prochaines nuits cachées dans le salon avec un fusil afin d’appréhender nos détrousseurs lorsqu’ils vont revenir.
RAYMOND – Huit ?
LA BARONNE – C’est un début…
RAYMOND – Ha…
LA BARONNE – Ça doit rester secret… Surtout pour les forces de l’ordre.
RAYMOND – Bien Madame… Je m’occupe de tout dès demain matin…
LA BARONNE – Parfait.
LA BARONNE – Je saurai vous dédommager de votre peine Raymond
RAYMOND – Merci madame !
LA BARONNE – Raymond, la mission débute immédiatement ! Je vous laisse veiller jusqu’au matin.
RAYMOND – Pas de souci !
LA BARONNE – À demain Raymond !
RAYMOND – C’est ça, Madame…
(La Baronne part dans les chambres. Raymond se retrouve seul il s’assied sur une chaise il râle)
RAYMOND – C’est qui, qui ne va pas fermer l’œil ? C’est Bibi* ! (*Moi) Heureusement que j’ai du café… (Il se sert un autre café)
RAYMOND – Ça risque de durer… Quelle galère…
(Angélique arrive. Elle s’assied à côté de Raymond)
ANGÉLIQUE – Raymond vous n’allez pas vous coucher ?
RAYMOND – Non, et toi ?
ANGÉLIQUE – Je n’ai pas sommeil toute cette histoire m’a énervée.
RAYMOND – j’imagine… Tu as réfléchi à ma proposition ?
ANGÉLIQUE – Oui !
RAYMOND – Et ?
ANGÉLIQUE – Comme je vous l’ai expliqué c’est trop tôt… Je ne suis pas encore prête pour une nouvelle aventure !
RAYMOND – Avec moi ce ne sera pas qu’une simple aventure !
ANGÉLIQUE – Ce n’est pas le problème, c’est juste trop frais !
RAYMOND – Je saisis !
ANGÉLIQUE – Vous n’êtes pas trop déçu ?
RAYMOND – Si… Je serai patient.
ANGÉLIQUE – Merci pour votre compréhension.
(Angélique se lève, elle fait une bise sur la joue de Raymond et sort)
RAYMOND – (Raymond râle) La patience a des limites… Ça fait quand même six mois que je poirote*… (*Attend) Ce n’est jamais le bon moment avec les femmes !
(Jocelyne revient)
JOCELYNE – Que ça détend…
RAYMOND – Quoi ?
JOCELYNE – Récurer les gamelles c’est mon plaisir !
RAYMOND – (Hésitant) C’est… C’est bien…
JOCELYNE – Sur ces bonnes paroles je vais me coucher. Vous n’avez besoin de rien ?
RAYMOND – Non… Bonne nuit
JOCELYNE – A vous aussi…
(Raymond s’assied et Eliette arrive)
ÉLIETTE – Vous voulez que je vous tienne compagnie ?
RAYMOND – Non ce n’est pas la peine madame…
ÉLIETTE – Appel moi Elie… Mon tout beau
RAYMOND – Doucement… Doucement…
ÉLIETTE – Pourquoi prendre notre temps… Je ne te plais pas ?
RAYMOND – Ce n’est pas ça, mais je ne suis pas libre.
ÉLIETTE – Dommage !
(Elle se lève et quitte la pièce)
RAYMOND – Elles ont quoi toutes ces gonzesses ?
La lumière de la scène se coupe
(La lumière se rallume. Raymond est vautré sur la table il ronfle comme un sonneur. Gustave arrive doucement et fait peur à Raymond)
GUSTAVE – Au voleur !
RAYMOND – Ou ça ? (Raymond est désorienté il prend son fusil en main)
GUSTAVE – Doucement le chasseur de fauve… C’est moi Gustave ton ami… On ronfle ?
RAYMOND – (Bafouillant) Pas du bout… Pas du trou… Pas du tout… Je… Méditais… La méditation c’est important… Et tu n’es pas mon ami ! Tu ne là jamais été et tu ne seras jamais !
GUSTAVE – Ben voyons… Tu pionçais* ! (*Dormais)
RAYMOND – Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit… Toi tu as l’air d’avoir bien dormi !
GUSTAVE – Pour moi, demeurer éveillé est une perte de temps. Les voleurs se sont enfuis ! Je les ai effrayés, nous ne les reverrons pas !
RAYMOND – Tu as raison… La nuit prochaine je pourrai enfin dormir… Il est quelle heure ?
GUSTAVE – Il est presque huit heures. Remballe ton tromblon*… (Fusil)
RAYMOND – Je monte me changer.
GUSTAVE – Et fais un détour par le lavoir… Tu sens l’homme !
RAYMOND – Tu vas voir l’homme ce qu’il va te mettre (Raymond va en direction de Gustave en le menaçant).
(Jocelyne entre et s’interpose. Elle a une botte de carottes dans les mains)
JOCELYNE – Vous n’allez pas recommencer ?
RAYMOND – (A Jocelyne) Gustave me cherche !
JOCELYNE – Calmez-vous…
(Jocelyne le pousse en direction de la porte. Raymond part dans les chambres en marmonnant)
GUSTAVE – Ne lésine pas sur le savon…
JOCELYNE – (Prenant à partie Gustave) Il va falloir stopper vos gamineries ?
GUSTAVE – Je le taquine c’est tout !
JOCELYNE – Un jour ça va mal se terminer…
GUSTAVE – Il n’y a pas de risque avec lui !
JOCELYNE – Fais attention.
GUSTAVE – D’accord… Et toi, tu as bien dormi… « Mon cœur » ?
JOCELYNE – Ne m’appelle pas de la sorte ici !
GUSTAVE – Ne fait pas ta coincée* (*Frigide) ! (Gustave attrape Jocelyne par la main et l’entraîne vers lui)
JOCELYNE – Lâche-moi…
GUSTAVE – Un petit baiser… Juste un…
JOCELYNE – (Jocelyne repousse Gustave et lui met des coups de carottes) Personne ne doit être au courant tu entends… Per… sonne !
GUSTAVE – je ne peux pas vivre sans toi ! Tu es mon amour… La seule qui n’ait jamais compté !
JOCELYNE – Baratineur*… (*Beau parleur)
GUSTAVE – Absolument pas… Un bisou ?
JOCELYNE – Ce soir peut-être. Mais sois discret avec nos collègues si Madame la Baronne…
GUSTAVE –… L’apprend, elle nous vire… Je sais
JOCELYNE – Garde ça confidentiel.
GUSTAVE – Tu peux compter sur moi mon adorée. Je te le jure !
JOCELYNE – Je vous connais, vous les hommes… Toujours à parader et à étaler vos exploits tels des coqs.
GUSTAVE – Pas moi ma petite chatte… Je n’ai pas besoin de crâner*… (Rouler des mécaniques, frimer)
JOCELYNE – Ha bon…
GUSTAVE – J’ai la classe c’est naturel… (Il frime)
JOCELYNE – En tout cas tu es prévenu… Si tu causes c’est fini entre nous !
GUSTAVE – Fais-moi confiance. Si je te perds… Je meurs !
JOCELYNE – Beau parleur… Au fait pour le repas promis par Madame. Que souhaites-tu que je te prépare ?
GUSTAVE – Un plateau de crustacés… J’adore… Et c’est aphrodisiaque…
JOCELYNE – Tu ne te relâches jamais toi !
GUSTAVE – Jamais… Tu me prépares un café ?
JOCELYNE – J’ai de la pluche* (*épluchage des légumes) et tu ne l’as pas mérité mais bon… Je fais une exception…
(Jocelyne retourne en cuisine.)
GUSTAVE – Ah les femmes, les femmes…
(Angélique arrive)
ANGÉLIQUE – Bonjour.
GUSTAVE – Bonjour
ANGÉLIQUE – Madame n’est pas levée ?
GUSTAVE – Je ne l’ai pas vue…
ANGÉLIQUE – Je vais aller la réveiller…
GUSTAVE – Une seconde… J’ai une question…
ANGÉLIQUE – Laquelle ?
GUSTAVE – Tu as bien dormi mon petit poussin d’amour ? (Gustave prend Angélique par la taille pour l’embrasser elle le repousse)
ANGÉLIQUE – Doucement… C’est notre secret !
GUSTAVE – Tu me fais craquer… Dès que je t’aperçois, je ne peux pas me contenir… Viens me faire un Bécaud* (*Baiser) nous sommes seuls !
ANGÉLIQUE – Pas question !
GUSTAVE – C’est l’amour… Je n’arrive pas à me contrôler… J’ai eu le coup de foudre dès que je t’ai vue ! Tu es la femme de ma vie ! L’unique… Je n’ai jamais aimé quelqu’un d’autre !
ANGÉLIQUE – C’est ça… J’y crois…
GUSTAVE – Je suis fou de toi !
ANGÉLIQUE – Tu n’as pas du travail ce matin ?
GUSTAVE – Si…
ANGÉLIQUE – Alors, vas bosser… Nous reparlerons de tout ça plus tard ! Je dois aller servir Madame et j’ai plein de travail.
GUSTAVE – (Gustave se rapproche d’Angélique) Je t’accompagne mon sucre d’orge !
ANGÉLIQUE – Pas question !
(Il la prend par la taille)
ANGÉLIQUE – Lâche-moi !
GUSTAVE – Juste un petit bisou…
ANGÉLIQUE – (Elle repousse Gustave) Non… Tu ne devais pas appeler les gendarmes ?
GUSTAVE – Mince je n’y pensais plus… Ah l’amour, l’amour… Tu me fais perdre la tête ma coquine…
ANGÉLIQUE – Retrouve tes esprits et fais ton boulot.
(Angélique part dans les chambres. Gustave se rassied)
GUSTAVE – Et ce café il arrive ?
(Gustave appelle Jocelyne. Elle arrive avec un plateau)
JOCELYNE – J’arrive, j’arrive… Je n’ai pas que toi à penser !
GUSTAVE – Merci ma douce et tendre…
JOCELYNE – Arrête ton gringue* Gus… (*Charme) J’ai compris c’est bon. Je retourne à ma cuisine. Le repas ne va pas se faire seul…
(Jocelyne retourne en cuisine en râlant)
GUSTAVE – Un bon café ça vous remonte un homme… (Gustave roule les mécaniques) Et quel homme !
(Jocelyne revient)
JOCELYNE – Il est bon ?
GUSTAVE – Super ! (Gustave finit son café. Nicolas arrive)
NICOLAS – Bonjour !
JOCELYNE – Nicolas vous allez mieux ?
NICOLAS – Oui…
JOCELYNE – Tant mieux !
NICOLAS – C’est gentil de m’avoir secouru.
JOCELYNE – Vous nous avez fait peur !
NICOLAS – Je suis un garçon délicat c’est pour ça…
GUSTAVE – N’importe quoi !
JOCELYNE – Soyez compréhensif Gustave…
GUSTAVE – J’ai du mal… Je n’aime pas les folles !
NICOLAS – Je vais vous briser !
(Nicolas se met en position combat de boxe)
GUSTAVE – (Gustave le toise) Regarde-moi ce gringalet !
NICOLAS – Venez, vous battre… Vous allez voir ce qu’elle va vous faire la folle…
GUSTAVE – Laisse tomber tu n’as aucune chance !
NICOLAS – Vous avez peur c’est ça…
GUSTAVE – Tu es ceinture noire… De… Karaoké ? (Il rit)
NICOLAS – Venez, vous battre…
GUSTAVE – Tu l’auras cherché…
(Gustave avance vers Nicolas. Jocelyne s’interpose entre Nicolas et Gustave)
JOCELYNE – Calmez-vous !
NICOLAS – Ça fait des semaines qu’il me provoque !
JOCELYNE – (A Gustave) Arrêtez d’ennuyer Nicolas. Sinon…
GUSTAVE – Sinon quoi ?
JOCELYNE – J’engage une grève illimitée de ce que vous savez !
GUSTAVE – Ah oui… Mince !
NICOLAS – Quel genre de grève ?
GUSTAVE – Cela ne te regarde pas !
NICOLAS – Puisque c’est comme ça, je vous abandonne. Je retourne à mes plantations…
GUSTAVE – C’est ça… Dégage… Planteur de poireaux !
(Nicolas est vexé il part par la porte d’entrée)
JOCELYNE - Gustave !
GUSTAVE – Quoi ma belle ?
JOCELYNE – Il va finir par te détester.
GUSTAVE – Eh bien nous serons deux… C’est plus fort que moi… Je n’aime pas ses manières de fausse gonzesse* ! (*Fille)
JOCELYNE – Tu n’aimes personne !
GUSTAVE – Si toi… (Il se lève et s’avance. Jocelyne le bloque)
JOCELYNE – J’ai saisi… Mes crevettes m’attendent… (Jocelyne sort)
GUSTAVE – Je pars appeler les bleus*… (*policier) (Gustave part dans les chambres rapidement)
Pause de quelques secondes
(Un carillon se fait entendre)
ANGÉLIQUE – Voilà, voilà j’arrive…
(Angélique ouvre la porte. Deux gendarmes entrent)
PATRICK – Adjudant-chef Patrick Brigand et élève gendarme Laplanque. Nous avons été appelés pour une tentative de cambriolage.
ANGÉLIQUE – Entrez… Je vous annonce auprès de Madame la Baronne.
(Angélique installe les gendarmes à la table et part dans les chambres. Eliette Arrive. Elle prend l’adjudant à part)
ÉLIETTE – Bonjour mon adjudant-chef
PATRICK – Bonjour Mademoiselle Eliette, vous allez bien ?
ÉLIETTE – De mieux en mieux en vous voyant.
PATRICK – Nous venons pour l’histoire de la tentative de cambriolage.
ÉLIETTE – Vous ne veniez pas pour moi ?
PATRICK – Non
ÉLIETTE – Quel dommage…
PATRICK – C’est ça… Quel dommage. Vous pouvez nous raconter ce qu’il s’est passé cette nuit ?
ÉLIETTE – Je n’ai rien vu… J’étais seule dans mon lit… Toute seule, si vous voyez ce que je veux dire.
PATRICK – Oui je vois… Merci pour votre temps, nous allons continuer nos investigations.
ÉLIETTE – Et bien bonne chasse… Et à bientôt peut-être…
(Eliette sort)
PATRICK – Gendarme Laplanque que pensez-vous de tout ça ?
VANESSA – Elle vous drague ouvertement… Et son prénom est ridicule.
PATRICK – Elle ne m’intéresse pas.
VANESSA – Tant mieux
PATRICK – Je posais ma question au sujet de notre enquête.
VANESSA – Je n’en pense pas grand-chose pour le moment !
PATRICK – C’est normal vous êtes encore novice…
VANESSA – Et vous quelles sont vos impressions chef ?
PATRICK – Pas « chef » élève Gendarme Laplanque… Adjudant-chef. Je vous l’ai déjà répété cent fois !
VANESSA – (Elle se rapproche de lui) Excusez-moi che… Enfin, mon Adjudant-Chef ! (Elle minaude. Il essaie de se dégager) Il paraît que vous êtes un grand enquêteur mon Adjudant-chef. Vous avez résolu combien d’affaires dans le village ?
PATRICK – Des milliers… Et je ne me trompe jamais ! (Il se dégage)
VANESSA – Pour un village de cent âmes ça fait beaucoup non ?
PATRICK – Il ne faut pas se fier à ce que l’on voit ! Les trucs et les gens louches sont partout. Je les repère à cent lieues à la ronde.
VANESSA – Vous m’apprendrez ?
PATRICK – Je vais essayer…
VANESSA – (D’une voie admirative) Que vous êtes fort Patrick !
PATRICK – Affirmatif… Je confirme ! (Il se lève, Vanessa aussi elle se rapproche de Patrick elle le prend par la taille).
(Angélique revient dans le salon)
ANGÉLIQUE – Hum, hum… Pardon…
PATRICK - (Embarrassé il repousse Vanessa) Excusez-nous madame… Nous faisions une reconstitution afin de simuler… Au fait Gendarme Laplanque… Qu’étions-nous en train de simuler ?
VANESSA – Hein ? Un… Un combat… Oui c’est ça…
ANGÉLIQUE – Vous jouez au Gendarmes et aux voleurs !
PATRICK – Pas du tout ! L’enquête a déjà commencé ! Et nous n’avons pas une minute à perdre… N’est-ce pas gendarme Laplanque ?
VANESSA – C’est ça !
ANGÉLIQUE – Madame va arriver. En attendant, je vous sers un café ?
PATRICK – Ce n’est pas de refus !
ANGÉLIQUE – (Parle en direction de la porte de la cuisine) Jocelyne tu apportes deux cafés s’il te plaît ?
JOCELYNE – Oui…
PATRICK – (Parlant à Angélique) J’ai deux ou trois questions concernant l’enquête. Pouvez-vous nous accorder quelques instants ?
(Il sort un calepin et un crayon pour prendre des notes)
ANGÉLIQUE – Oui…
PATRICK – Nom, prénom, fonction ?
ANGÉLIQUE – Je suis Angélique. Angélique Michaud, la femme de chambre de Madame la Baronne.
PATRICK – Depuis longtemps ?
ANGÉLIQUE – Une dizaine d’années environ. (Patrick note tout)
VANESSA – Avez-vous vu le ou les malfaiteurs ?
ANGÉLIQUE – Non ! Celui qui les a surpris, c’est Gustave, le majordome.
PATRICK – (Prenant toujours des notes) Gustave… Majordome… « Les » a surpris ?
ANGÉLIQUE – Oui ! Ils étaient deux… Moi je n’ai rien vu, je suis arrivé bien après. Je vous répète ce que j’ai entendu…
PATRICK – Avez-vous touché aux objets ?
ANGÉLIQUE – Non ! Raymond le garde-chasse nous a interdit de toucher au sac que les cambrioleurs ont posé sur la table.
PATRICK – Raymond… Garde-chasse de son état… Sage décision… Un gars sensé…
VANESSA – Rien d’autre ?
ANGÉLIQUE – Non ! Je vais vous attraper le sac pour que vous releviez les empreintes et réalisiez les analyses ADN ?
PATRICK – Des analyses ADN ?
ANGÉLIQUE – Ben oui, de la même manière que la série américaine les experts machin choses !
PATRICK – Nous ne sommes pas aux États-Unis mademoiselle.
VANESSA – Et il n’y a aucun cadavre !
ANGÉLIQUE – Je croyais… Je vais chercher le sac ?
VANESSA – Oui s’il vous plaît…
(Angélique sort)
PATRICK – Ha les séries américaines… Une véritable catastrophe.
VANESSA – Moi j’aime bien…
PATRICK – C’est n’importe quoi gendarme Laplanque… Le « flic » met quarante-cinq minutes pour trouver le coupable. Alors que moi dès que je croise un suspect je le perce à jour immédiatement !
VANESSA – (d’une voix songeuse) Quel instinct mon Adjudant-chef…
(Angélique revient avec le sac et le pose sur la table)
ANGÉLIQUE – Tout est là !
VANESSA – Nous allons regarder.
ANGÉLIQUE – Vous n’avez besoin de rien ?
VANESSA – Non… Vous pouvez disposer !
(Angélique part dans la cuisine)
VANESSA – Que pensez-vous d’elle ?
PATRICK – C’est une gentille fille… Vieille fille coincée et sûrement limitée comme beaucoup de femmes de chambre…
VANESSA – C’est charmant !
PATRICK – Ce Raymond lui, sera un allié de taille ! Vous verrez…
(Jocelyne apporte deux cafés)
JOCELYNE – Voici vos cafés.
PATRICK et VANESSA – Merci.
JOCELYNE – Je retourne à mes occupations… (Patrick arrête Jocelyne)
PATRICK – Auparavant, j’ai juste une ou deux questions à vous poser. Ce ne sera pas long…
JOCELYNE – Faites vite… J’ai du boulot.
PATRICK – Nom, prénom, fonction ?
JOCELYNE – Jocelyne Martin. La cuisinière de la maison.
PATRICK – Qu’avez-vous vu ?
JOCELYNE – Que du feu ! Lorsque je suis arrivée c’était terminé !
VANESSA – Et c’est tout ?
JOCELYNE – Pas tout à fait. J’ai participé à la réanimation de Nicolas le jardinier.
PATRICK – Vous pouvez préciser ?
JOCELYNE – Lorsque Nicolas a compris que des cambrioleurs s’étaient introduits dans le château il a fait un malaise. Il est très sensible…
PATRICK – (Notant dans son carnet) Nicolas, Jardinier… Vous pouvez disposer.
(Jocelyne sort)
VANESSA – Alors, votre avis ?
PATRICK – Blanche comme neige ! Rien à creuser de son côté.
VANESSA – Et c’est tout ?
PATRICK – J’ajouterai… (Il réfléchit) Un peu simplette, sans jugeote. Mais bon, ce n’est pas ce qu’on doit lui demander… C’est juste la cuisinière !
VANESSA – (Outrée) Quelle clairvoyance ! Et le jardinier ?
PATRICK – Lui aussi un gentil garçon !
VANESSA – Comment pouvez-vous en être sûr ?
PATRICK – Un type qui fait un malaise à chaque émotion forte… Élève Gendarme Laplanque réfléchissez… Ce n’est pas un voleur… Il fait un métier de gonzesse* ! (*Fille) Il n’y est pour rien. C’est une certitude !
(Eliette revient. Elle vient se coller à Patrick)
ÉLIETTE – Alors Monsieur l’adjudant-chef vous avancez,
PATRICK – Doucement…
ÉLIETTE – Je suis certaine qu’avec votre flair, les coupables seront bientôt sous les verrous.
PATRICK – Merci de votre confiance
ÉLIETTE – Il n’y a pas de mal, vous êtes exceptionnel.
(La Baronne entre)
LA BARONNE – Bonjour très cher Général !
PATRICK – Mes hommages Madame la Baronne de Godefroid ! (Il s’élance vers la Baronne pour lui faire un baisemain).
VANESSA – Vous n’êtes pas Géné…
PATRICK – Élève gendarme Laplanque… Garde-à-vous ! (Vanessa s’exécute)
PATRICK – Madame la Baronne je vous présente l’élève Gendarme Vanessa Laplanque. Elle est en formation et va m’assister dans l’enquête !
LA BARONNE – Enchantée…
VANESSA – Bonjour Madame !
LA BARONNE – Quand attaquez-vous mon Général ?
PATRICK – C’est déjà parti. Ça ne traînera pas. Vous verrez !
LA BARONNE – Je savais que je pouvais compter sur vous et vos troupes !
PATRICK – Madame la Baronne, avez-vous entendu ou vu quelque chose ?
LA BARONNE – Non… Je dormais… C’est Gustave mon majordome qui les a surpris et mis en fuite !
PATRICK – Mis en fuite ? Comment ?
LA BARONNE – Il a fait preuve d’une bravoure exemplaire en décidant de les courser seul dans le noir. Sans lui, ils m’auraient dépouillée !
PATRICK – Où se trouve ce héros ?
LA BARONNE – Il est dans les étages. Je vais vous le faire quémander par Angélique.
(La Baronne appelle)
LA BARONNE – Angélique… Mon petit…
ANGÉLIQUE – Madame ?
LA BARONNE – Pouvez-vous aller quérir Monsieur Lefèvre afin qu’il réponde aux questions de la maréchaussée !
ANGÉLIQUE – Bien sûr Madame… J’y vais de ce pas !
(Elle sort)
PATRICK – Je vous remercie Madame la Baronne.
LA BARONNE – Je suis lasse, je me retire dans mes appartements.
PATRICK – Puis-je vous accompagner afin de recueillir plus en détail votre déposition ?
LA BARONNE – Et notre majordome ?
PATRICK – C’est le gendarme Laplanque qui va s’en charger… N’est-ce pas ?
VANESSA – (Embarrassé) Si ça peut rendre service !
PATRICK – Parfait… Prenez mon bras ! (Patrick donne son bras)
LA BARONNE – Merci…
ÉLIETTE – Et voilà… Elle va aussi me le piquer celui-là… Je commence à en avoir marre. Les hommes que je convoite sont pris où on me les pique sous mon nez. Je suis maudite. Je vais finir vieille fille…
(Eliette sort par la porte en râlant)
PATRICK – (En se retournant) En attendant, réalisez les prélèvements d’empreintes et d’ADN sur le larcin.
LA BARONNE – C’est de la haute technologie Général… Ça va coûter une fortune !
PATRICK – Pour vous, Madame la Baronne… Rien n’est trop beau !
VANESSA – Mais vous aviez dit…
PATRICK – Gendarme Laplanque. Soyez professionnelle !
(Ils sortent, Vanessa se retrouve toute seule)
VANESSA – (Elle râle) Il me repousse et part avec la vieille ! (Vanessa met des gants en latex, ouvre le sac et commence à faire des analyses d’empreintes. Elle continue de râler en réalisant son travail).
VANESSA – En plus, il me laisse tout le sale boulot et il va en retirer toute la gloire !
(Gustave entre. Il regarde autour de lui)
GUSTAVE – Qui me dérange ?
VANESSA – Bonjour… Vous êtes ?
GUSTAVE – (Gustave marque un temps d’arrêt. Il a l’air subjugué. Il redresse les épaules et bombe le torse) Je suis Gustave Lefèvre le Majordome du château… Vous m’avez fait demander !
VANESSA – Oui… Je suis le gendarme Laplanque. Je mène l’enquête sur la tentative de cambriolage. Je suis missionnée afin de prendre votre déposition.
GUSTAVE – Vous Enquêtrice ? Une si belle femme…
VANESSA – Ça vous pose un problème ?
GUSTAVE – Bien au contraire… Je serai ravi de vous conter mes prouesses chevaleresques de la soirée ! (Il lui prend les mains).
VANESSA – (Elle se dégage et s’éloigne) Chevaleresques dites-vous ?
GUSTAVE – Incontestablement jolie mademoiselle… (Vanessa ne relève pas et sort son calepin afin de prendre des notes.).
VANESSA – Je vous écoute…
GUSTAVE – (Gustave se lève et commence à mimer la scène) Je ne dormais que d’un œil…
VANESSA – Tiens donc.
GUSTAVE – Je suis toujours prêt afin de répondre à toutes… Sollicitations… Et payer de mon corps si besoin… (Il minaude)
VANESSA – Continuez !
GUSTAVE – J’ai entendu du bruit dans le salon et je suis descendu. Là je suis tombé nez à nez avec deux casseurs.
VANESSA – Il y avait donc bien deux cambrioleurs. Vous êtes sûr ?
GUSTAVE – Absolument !
VANESSA – Ça devait être effrayant ? Seul contre deux inconnus…
GUSTAVE – Je ne connais pas la peur… Au cours de mon dernier safari en Afrique, j’ai même dû me battre à mains nues avec un lion !
VANESSA – Quel rapport ?
GUSTAVE – Belle écervelée… Ce n’est pas deux minables qui peuvent m’effrayer après un combat victorieux contre le roi des animaux !
VANESSA – Si vous le dites… Ensuite, qu’avez-vous fait ?
GUSTAVE – J’ai été… Disons… Audacieux. J’ai fondu sur eux les poings tendus.
VANESSA – Vraiment ?
GUSTAVE – Oui… Tel l’aigle en piqué. J’ai poussé mon célèbre cri de guerre. (Il fait le cri de Tarzan) Ils ont pigé que j’allais les réduire en bouillie et ils ont pris la fuite sans réclamer leur reste… Et voilà… (Il fanfaronne en faisant voir ses muscles)
VANESSA – Pourquoi avoir pris autant de risques ?
GUSTAVE – Ce n’est rien pour moi… J’ai le don du combat rapproché. Je suis ceinture noire de karaté et de boxe… Ils ont pensé uniquement à sauver leur vie… C’est humain !
VANESSA – Vous êtes assurément intrépide Monsieur Lefèvre.
GUSTAVE – Appelle-moi Gustave…
VANESSA – Je ne sais pas si j’ai le droit…
GUSTAVE – Je vous autorise tout Mademoiselle… (Il se jette à ses pieds et lui enlace les chevilles) Je t’aime !
VANESSA – Mais ? (Vanessa s’écarte et traîne Gustave accroché à une de ses chevilles)
GUSTAVE – je serai ton esclave… À la seconde où je t’ai vue, je suis devenu fou… Fou amoureux ! Ça ne m’était jamais arrivé jusqu’à aujourd’hui… Le coup de foudre… Unique instantané !
VANESSA – Ça ne va pas ? Lâchez-moi où j’appelle mon supérieur…
GUSTAVE – Tu seras ma reine des mille et une nuits et moi l’esclave de tes désirs…
VANESSA – Cessez immédiatement ou je vous fais mettre en détention pour outrage…
GUSTAVE – (Il se lève) C’est ça coffre-moi… Passe-moi les menottes… Oh oui vite attache-moi… Je perds la tête… J’accepte tout… (Il tend les mains)
VANESSA – Cadeau !
(Vanessa lui colle une grande claque sur la figure)
VANESSA – C’est bon… Vous avez retrouvé vos esprits ?
GUSTAVE – C’est l’émotion.
VANESSA – Vous pouvez disposer… (D’un ton ironique) Monsieur le traqueur de fauve !
GUSTAVE – C’est tout ?
VANESSA – Oui… Et à l’avenir soyez moins entreprenant avec les forces de l’ordre !
(Gustave part en direction de la porte. Il se retourne et lance d’un air taquin)
GUSTAVE – À bientôt Vanessa…
(Vanessa est médusée)
VANESSA – Hein ? Que…
(Gustave sort rapidement Patrick revient de chambres et Eliette arrive par la porte)
ÉLIETTE – Mon adjudant-chef, vous êtes là… Merci seigneur, je ne suis pas tranquille.
PATRICK – Comment-ça ?
ÉLIETTE – Avec ses voleurs qui rôdent dans les parages, j’ai très peur… Prenez ma main vous allez voir comment je tremble.
(Eliette prend la main de Patrick)
ÉLIETTE – Vous sentez ?
PATRICK – Non…
ÉLIETTE – C’est normal. Là, avec vous, je me suis calmée.
PATRICK – Tant mieux…
ÉLIETTE – Vous ne voudriez pas venir contrôler ma chambre pour me rassurer ?
PATRICK – C’est que je n’ai pas trop le temps…
ÉLIETTE E – S’il vous plaît ?
(Gustave revient)
PATRICK – Vous !
GUSTAVE – Moi ?
PATRICK – Oui, vous, accompagner madame à se chambre et vérifier si tout est en ordre… Merci
GUSTAVE – Si je peux rendre service…
(Gustave et Eliette partent dans les chambres)
PATRICK – Enfin débarrassé. (À Vanessa) Vous avez pris les empreintes ?
VANESSA – Oui… Seulement concernant les analyses…
PATRICK – Laissez tomber. Et cet interrogatoire ?
VANESSA – J’ai tout noté. Ils étaient bien deux. C’est confirmé. Pour la suite, c’est plus flou. Nous devons mener d’autres recherches…
PATRICK – Et que pensez-vous de ce Gustave ?
VANESSA – Un peut lourdingue, charmant au demeurant !
PATRICK – Allons recueillir la déposition de ce Raymond. Il semble que ce soit un employé d’une irréprochable loyauté d’après Madame la Baronne.
VANESSA – Ou le trouver cet oiseau rare ?
PATRICK – Il est avec les chevaux. Nous allons à l’écurie. Je vous suis…
(Ils sortent par la porte d’entrée)
(Nicolas entre sur scène avec un arrosoir et commence à arroser les plantes en chantant. Angélique lui emboîte le pas)
NICOLAS – Je… Je… Suis libertine… Je suis une… La… Lalère… Lala… * (*Chanson de Mylène Farmer. Libertine)
ANGÉLIQUE – Tu es bien en joie ce matin !
NICOLAS – Comme toujours… M’occuper de mes plantes adorées ça me met la pêche !
ANGÉLIQUE – Les agents t’ont interrogé ?
NICOLAS – Pas pour le moment… Que cherchent-ils ?
ANGÉLIQUE – Oh rien en particulier… Ils font une enquête de routine !
NICOLAS – Ils ont une piste ?
ANGÉLIQUE – À mon avis non… Ils n’ont pas l’air très futé !
NICOLAS – Ah tant mieux… Je continue mes arrosages… (Il se remet à chanter) Sans contrefaçon je suis un garçon… Lalalère… (*Chanson de Mylène Farmer. Sans contrefaçon)
(Angélique repart dans les chambres. Le téléphone de Nicolas sonne)
NICOLAS – Allô mon amour tout s’est bien passé ? Quelle peur j’ai eue… Ce soir tu es sûr ? Parfait… On se retrouve après à l’endroit prévu… Moi aussi je t’aime, je t’embrasse.
(Jocelyne entre et surprend la fin de la communication)
JOCELYNE – Bonjour Nicolas…
NICOLAS – Bonjour Jocelyne
JOCELYNE – Vous étiez avec qui au téléphone ?
NICOLAS – (embarrassé) Mon… Mon médecin… Voilà c’est ça… Mon toubib…
JOCELYNE – Et vous l’embrassez, après lui avoir dit je t’aime… Ce n’est pas parce que je suis cuisinière et vous jardinier qu’il faut me prendre pour une « courge » !
NICOLAS – Je ne vois pas de quoi vous parlez ?
JOCELYNE – C’est ça… Faites l’idiot !
(Jocelyne ramasse les tasses et sort. Nicolas s’assied pensif)
NICOLAS – Mêlez-vous de vos affaires… Espèce de… De… Gonzesse* ! (*Fille)
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(La lumière se rallume Raymond et la Baronne sont assis à la table)
RAYMOND – Madame la Baronne, c’est installé !
LA BARONNE – Raymond. C’est du travail de professionnel. Je n’arrive pas à deviner où sont les caméras.
RAYMOND – C’est du matériel de haute technologie…
LA BARONNE – Personne n’est au courant ?
RAYMOND – Bien sûr que non. Votre piège est indécelable !
LA BARONNE – Quand le système sera-t-il fonctionnel ?
RAYMOND – Il l’est déjà ! En ce moment nous sommes enregistrés.
LA BARONNE – Parfait. Je vous laisse donc monter la garde. Je vais me coucher !
RAYMOND – À demain Madame
LA BARONNE – Bonne chasse… Raymond…
(La Baronne part dans les chambres. Raymond s’installe sous la table avec son fusil)
RAYMOND – Et maintenant les p’tit gars… Je vous attends !
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(Gérard et Bruno arrivent par la porte d’entrée. Ils restent sur le pas de la porte. Ils ont des torches et balayent la pièce, Raymond est caché sous la table)
GÉRARD – Passe devant
BRUNO – Moi ?
GÉRARD – C’est qui la tronche* ? (*cerveau)
BRUNO – C’est toi !
GÉRARD – Alors obéis (Bruno ne bouge pas)
GÉRARD – C’est bon, je vais zieuter* (*regarder) moi-même !
(Gérard avance prudemment Bruno reste en retrait)
BRUNO – Tu crois que la gendarmerie est sur nos talons ?
GÉRARD – Pense-tu… Avec les Schmitt* (*policiers) du coin nous n’avons rien à craindre.
BRUNO – Les Schmitt ?
GÉRARD – Oui la famille poulaga* ! (*policiers)
BRUNO – Tu les connais ?
GÉRARD – J’ai déjà croisé l’adjudant-chef…
BRUNO – Et ?
GÉRARD – C’est une grosse buse*… (*Idiot) Incapable d’arrêter le moindre chouraveur* ! (*voleur)
BRUNO – Me voilà rassuré !
GÉRARD – Direction le coffre… Prends le sac avec le matos*. (*Matériel)
BRUNO – OK
(Ils vont en direction du coffre. Ils passent devant Raymond sans le voir)…
GÉRARD – Passe-moi le chalumeau
(Bruno fouille dans le sac. Raymond part discrètement en direction de la porte avec son fusil il allume la lumière et met en joue les deux cambrioleurs).
RAYMOND – Ne bougez plus ou je vous sulfate*… (*Arrose avec un fusil)
(Ils lèvent les mains en l’air)
RAYMOND – Posez vos fesses sur une chaise et ne tentez rien sinon j’arrose la pièce au calibre douze !
BRUNO – Nous sommes cuits… Il n’a pas l’air de rigoler, il faut se rendre !
GÉRARD – Arrête de jacasser* (*Parler) triple andouille.
BRUNO – Nous allons finir la fin de nos jours au mitard*… (*Cachot) Ou pire au cimetière… (Gérard et Bruno s’asseyent).
GÉRARD – Reste digne Bruno…
BRUNO – Un coup tranquille qu’il disait…
GÉRARD – La ferme chouineur*… (*Pleureur)
(Raymond se met à crier de toutes ses forces)
RAYMOND – Au voleur… Je les tiens… Venez vite…
Fin du 1er acte
2ème acte
Ouverture du rideau
(Gérard et Bruno sont attachés sur une chaise. La Baronne et Raymond entrent)
BRUNO – Pour une grabataire elle est plutôt en forme la Baronne !
GÉRARD – Ferme ton clapet*… (*bouche)
LA BARONNE – (A Raymond) Excellent… Un véritable coup de maître… Je vous félicite…
RAYMOND – Il n’y a pas de quoi Madame… Votre plan était parfait !
LA BARONNE – Vous avez les papiers d’identité de nos voleurs ?
RAYMOND – Voici Madame. (Raymond donne les papiers à la Baronne qui les ausculte)
LA BARONNE – Qui est Gérard Langoisse ?
GÉRARD – C’est moi Madame…
LA BARONNE – Et c’est donc vous Bruno Delamouise…
BRUNO – Oui
LA BARONNE – Raymond… Appelez les gendarmes de ce pas.
BRUNO – Pas les flics je vous en supplie…
GÉRARD – Arrête pleurnicheuse… (* Pleureuse)
RAYMOND – Madame… Avant, je peux m’entretenir avec vous ?
LA BARONNE – Oui… (La baronne rejoint Raymond ils s’éloignent de la table)
RAYMOND – Nous ne savons toujours pas s’ils ont des complices…
LA BARONNE – En effet…
RAYMOND – Nous pourrions tendre un piège…
LA BARONNE – Comment ?
RAYMOND – À la place de les envoyer en prison, vous faites semblant d’être magnanimes en les embauchant !
LA BARONNE – Comme… Comme employés ?
RAYMOND – C’est ça…
LA BARONNE – C’est dangereux !
RAYMOND – Pas forcément… Nous détenons leurs papiers d’identité et un œil sur eux avec la vidéo. À un moment ils vont forcément se trahir et nous pourrons démasquer la bande au complet. Ensuite nous faisons emprisonner l’ensemble de l’équipe !
LA BARONNE – Ce n’est pas bête ça… Les caméras prouveront tout…
RAYMOND – (D’un ton faux) Quelle idée géniale vous avez eu Madame !
LA BARONNE – C’est vrai que cette idée est ingénieuse… Pour ne pas prendre trop de risques, je vais enfermer l’ensemble de mes devises et bijoux au coffre. Ce sera plus sûr !
RAYMOND – Effectivement… Il ne faut prendre aucun risque !
LA BARONNE – Comment allons-nous procéder ?
RAYMOND – En premier, nous organisons une réunion avec l’ensemble des employés pour expliquer que vous êtes charitable avec nos deux malfrats et qu’au lieu de les faire enfermer vous les embauchez.
LA BARONNE – C’est très bien ça.
RAYMOND – Ça risque juste de faire jaser dans les chaumières…
LA BARONNE – (D’un ton autoritaire) C’est moi la Patronne… J’ai le droit de vie et de mort sur mon personnel !
RAYMOND – Je m’occupe d’organiser la réunion…
(Raymond part dans les chambres. La Baronne revient à la table)
LA BARONNE – Quant à vous deux, je vous donne une petite chance !
BRUNO – Vous feriez ça ?
LA BARONNE – J’y réfléchis… Toutefois ne me décevez pas !
BRUNO – Vous pouvez nous faire confiance !
GÉRARD – Quelle lèche…
LA BARONNE – Plait-il ?
GÉRARD – Rien…
LA BARONNE – Je reviens…
(La Baronne commence à partir. Elle se retourne et lance)
LA BARONNE – Nous n’allons peut-être pas vous livrer aux forces de l’ordre. Si vous vous tenez tranquilles…
BRUNO – Merci…
(La Baronne disparaît dans les chambres)
BRUNO – Et maintenant ?
GÉRARD – A la première occase* (*occasion) je m’arrache !
BRUNO – Je viens de donner ma parole !
GÉRARD – La parole d’un voleur ? Tu n’es vraiment qu’un looser* (*Perdant minable). Tu n’as rien compris au business* (*métier)
BRUNO – Compris quoi ?
GÉRARD – Moi, je décanille* (*M’enfuie) à la première ouverture*. (*Occasion) Toi, tu fais comme tu le sens… Et tu fermes ta « boîte à camembert* » (*Bouche) ou…
BRUNO – Ou ?
GÉRARD – Toi aussi tu vas prendre… La foudre !
BRUNO – Pigés* ! (*Compris)
(Raymond revient avec son fusil)
RAYMOND – Allez, vous deux… Suivez-moi, je vous mets au frais un moment… Direction l’écurie…
(Gérard et Bruno se lèvent)
RAYMOND – En avant… Et pas de bêtise j’ai la gâchette facile.
(Tous partent par la porte d’entrée. Eliette arrive)
ÉLIETTE – Alors ce sont eux les méchants ?
RAYMOND – Oui !
ÉLIETTE – Ils n’ont pas l’air si terrible que ça.
GÉRARD – Toi la « foldingue » dès que je serai libre, je vais m’occuper personnellement de ton cas.
RAYMOND – Ce n’est pas demain la veille !
ÉLIETTE – (A Raymond) J’espère que les lins sont costaux
RAYMOND – Ne vous inquiétez pas
ÉLIETTE – Le second à l’air plus docile… Et très mignon de surcroît.
BRUNO – Je n’y suis pour rien. J’ai été entraînée… Je regrette
GÉRARD – Ferma ta boîte à camembert ou je te refais le portrait.
RAYMOND – Allez suivez-moi… Je vais vous mettre au frais.
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(Un carillon se fait entendre, Angélique va ouvrir la porte)
ANGÉLIQUE – Bonjour Monsieur l’Adjudant-chef…
(Patrick et Vanessa entrent)
PATRICK – Bonjour… Nous venons voir Madame la Baronne.
ANGÉLIQUE – Suivez-moi, je vous installe…
VANESSA – Merci.
ANGÉLIQUE – L’enquête progresse ?
PATRICK – Pour le moment les secrets de l’instruction ne nous permettent pas de trop vous en dire. Cependant à l’heure où nous parlons les coupables ne sont pas loin d’être arrêtés !
ANGÉLIQUE – Vous êtes sûr ?
VANESSA – L’adjudant-chef est un fin limier…
PATRICK – Merci élève Gendarme Laplanque.
VANESSA – Et vous Madame…
ANGÉLIQUE – Quoi, moi ?
VANESSA – Vous n’avez rien remarqué de louche depuis notre dernier passage ?
ANGÉLIQUE – (D’un ton faux) Pensez-vous… C’est le calme plat ici… Je pars chercher Madame la Baronne
(Angélique sort)
VANESSA – Mon adjudant-chef vous avez réellement une piste ?
PATRICK – Absolument !
VANESSA – Je peux savoir laquelle ?
PATRICK – Bientôt…
VANESSA – Alors, que venons-nous faire précisément ce matin ?
PATRICK – Nous venons confirmer nos intuitions !
VANESSA – Nos ou Vos ?
PATRICK – Dans quel but cette question ?
VANESSA – Elles n’auraient pas les traits de la Baronne par hasard vos intuitions ?
PATRICK – Élève gendarme Laplanque… Je ne vous permets pas !
VANESSA – J’ai bien compris « Patrick »… Ce n’est pas la peine de jouer de votre autorité… Vous préférez la compagnie de « Madame la Baronne »… J’en prends bonne note !
PATRICK – Ce n’est pas la question ! Concentrez-vous sur les éléments recueillis !
VANESSA – Vous avez raison… Cela ne me regarde pas…
(Vanessa sort son carnet de notes. Nicolas entre et voyant les gendarmes il fait demi-tour)
PATRICK – Halte là mon garçon… Veuillez décliner votre identité !
NICOLAS – Hein… Qui… Moi ?
PATRICK – Oui… Nom et fonction s’il vous plaît…
NICOLAS – Je suis… Nicolas… Nicolas Dubois le jardinier…
PATRICK – C’est vous qui avez pris un malaise l’autre soir ?
NICOLAS – Je suis sensible… Ce n’est pas un crime ?
PATRICK – Non bien entendu !
VANESSA – Depuis combien de temps travaillez-vous au château ?
NICOLAS – Je suis au service de Madame depuis six mois environ.
(Vanessa note tout)
VANESSA – Et vous n’avez rien vu ?
NICOLAS – Forcément… J’étais à demi-mort…
VANESSA – Vous n’exagérez pas ?
NICOLAS – Absolument pas… J’ai perdu connaissance deux fois ! Cela a duré de longues minutes !
VANESSA – Et ?
NICOLAS – Les filles se sont occupées de moi pour me ressusciter…
VANESSA – Et c’est tout, fin de l’histoire ?
NICOLAS – Oui… Puis-je retourner à mes plantations ?
PATRICK – Vous pouvez disposer !
VANESSA – Il ne me paraît pas clair ce jardinier…
PATRICK - Élève gendarme Laplanque… Laissez les intuitions aux professionnels !
(La Baronne entre accompagnée d’Eliette)
LA BARONNE – Mon Général.
(Patrick se précipite vers la Baronne et lui fait un baisemain en s’agenouillant)
PATRICK – Mes hommages très chers…
LA BARONNE – Oh… Mon Général… Quelle galanterie…
ÉLIETTE – (Sèchement. Patrick l’ignore) Bonjour.
VANESSA – (Sur le ton de la moquerie) Bla bla bla bla bla…
PATRICK – Élève gendarme Laplanque ! Restez digne je vous prie !
VANESSA – C’est ça… (Parlant doucement) Bouffon* ! (*Grotesque ridicule)
ÉLIETTE – Je valide.
PATRICK – (A la baronne) Nous sommes venus vous présenter les résultats de nos recherches !
LA BARONNE – Et ?
PATRICK – C’est en bonne voie !
ÉLIETTE – Elle est bien bonne celle-là.
LA BARONNE – Eliette, s’il te plaît… Mais encore Général ?
PATRICK – Les malfrats seront rapidement sous les verrous… Je m’y engage !
LA BARONNE – Voyez-vous ça !
PATRICK – N’est-ce pas Laplanque ?
VANESSA – C’est ça… (D’un ton désabusé)
PATRICK – (A la baronne) Pouvons-nous aller converser dans vos appartements, afin que je vous expose les nouveaux éléments que j’ai découverts ?
LA BARONNE – J’en serai heureuse…
PATRICK – (A Vanessa) Vous vous occupez des prochaines auditions !
PATRICK – (Parlant à la Baronne) Je ne vous ai pas tout raconté…
LA BARONNE – Je ne sais pas pourquoi je sens que ça ne va pas tarder…
PATRICK – Figurez-vous que dans mon jeune temps j’étais pilote de chasse ?
LA BARONNE – Merveilleux…
PATRICK – Je tiens à vous signaler qu’à l’époque…
(Patrick et la baronne sortent. Vanessa et Eliette fulminent)
ÉLIETTE – je trouve qu’il vous parle mal.
VANESSA – Je trouve aussi
ÉLIETTE – Vous croyez à son histoire de pilote ?
VANESSA – Je ne sais pas.
ÉLIETTE – Moi, je le connais depuis l’école primaire et il n’a jamais piloté autre chose qu’une estafette. Et encore pas très bien.
VANESSA – C’est ce que je pensais
(Gustave entre par la porte d’entrée)
VANESSA – C’est un pilote de chasse d’eau oui !
GUSTAVE – C’est quoi votre histoire d’eau ?
VANESSA – Rien…
(Angélique passe la tête par l’encadrement de la porte et assiste à toute la scène)
GUSTAVE – Dommage… J’avais bien aimé le film. C’était super-chaud…
VANESSA – Quel film ?
GUSTAVE – Histoire « d’O » !
VANESSA – Je ne connais pas !
ÉLIETTE E – Moi je connais, je l’ai vu même trois fois…
GUSTAVE – La question n’était pas pour vous !
ÉLIETTE – Elle est forte celle-là !
(Eliette se met dans un coin de la pièce et boude. Elle assiste à toute la scène)
GUSTAVE – C’est un film tiré d’un roman ou l‘héroïne devient l’esclave d’un homme… « Pa… ssio… nnant » !
VANESSA – Vous, vous ne lâchez jamais l’affaire ?
(Jocelyne rejoint Angélique sa tête passe aussi dans l’encadrement de la porte. Elles sont tétanisées)
GUSTAVE – C’est l’amour… Belle gendarmette !
VANESSA – Vous n’allez pas retenter de me faire votre gringue* ? (*Charme)
GUSTAVE – Pourquoi pas Vanessa ! (Gustave se rapproche)
VANESSA – Laissez-moi… Ça ne vous a pas suffi la dernière fois ?
GUSTAVE – Une belle femme comme vous, je ne puis résister…
VANESSA – S’il vous plaît…
GUSTAVE – Ne vous braquez pas… Peut-être êtes-vous accompagnées dans la vie ?
VANESSA – C’est plus compliqué…
GUSTAVE – De toute façon, si vous êtes en couple ce n’est pas grave… Je ne suis pas jaloux !
VANESSA – J’avais des vues sur un homme… Mais celui-ci m’ignore !
GUSTAVE – Oh le goujat* ! (*Mal élevé) Comment ne pas céder à vos charmes… Et vous résister ?
VANESSA – Il n’y aura jamais rien entre nous… Il me là bien fait comprendre… Il préfère les femmes… Mûres !
GUSTAVE – Tu es donc entièrement disponible… (Gustave enlace Vanessa) Je me sacrifie pour te consoler… (Gustave lui fait des bises dans le cou) Tu es l’unique la seule qui compte à mes yeux… Je t’offrirais le monde… Et même plus encore… Je t’aime…
VANESSA – Après tout je ne vois pas pourquoi moi non plus je n’en profiterais pas… (Vanessa embrasse Gustave Angélique et Jocelyne sont défaites).
GUSTAVE – Suis moi, belle amazone au corps flamboyant… Je vais te faire visiter la grange…
(Angélique et Jocelyne entrent. Gustave les voit mais ne se démonte pas)
ANGÉLIQUE – Ne vous gênez pas pour nous !
GUSTAVE – Bonjour les filles… Je vous présente Vanessa !
VANESSA – Nous partons ensemble…
GUSTAVE – (A Jocelyne) Tu penses à mon repas spécial fruits de mer !
(Gustave et Vanessa sortent en courant)
ANGÉLIQUE – Quel mufle !
ÉLIETTE – je suis d’accord
JOCELYNE – Ne m’en parlez pas…
ANGÉLIQUE – Il cachait bien son jeu…
JOCELYNE – Ça c’est sûr…
ÉLIETTE – Ho que oui.
ANGÉLIQUE – Que je suis déçue !
JOCELYNE – Et moi donc… Je dois t’avouer une chose…
ANGÉLIQUE – Moi aussi…
JOCELYNE – Quoi ?
ANGÉLIQUE – Non… Toi d’abord…
JOCELYNE – Gustave et moi… Je ne sais comment t’expliquer… Il m’appelait mon cœur… Tu vois ?
ANGÉLIQUE – (D’un ton dépité) Ah oui… Je vois même trop bien… Moi c’était mon poussin d’amour !
ÉLIETTE – Et moi il est venu me réconforter ce matin suite à mes déboires amoureux
JOCELYNE – Il nous a roulés toutes les trois !
ANGÉLIQUE – Et oui !
JOCELYNE – Quel baratineur*… (*Beau parleur)
ÉLIETTE – Il nous a bien bernées avec ses belles paroles…
ANGÉLIQUE – Il profitait de la situation pour que je lui fasse sa chambre tous les jours !
JOCELYNE – Moi il me demandait de lui préparer de bons petits plats…
ÉLIETTE – Moi il m’a fait le coup du protecteur.
ANGÉLIQUE – Dire que j’ai repoussé les avance de Raymond pour ce… Ce porc ! N’ayons pas peur des mots…
ÉLIETTE – (A Angélique) C’était vous avec Raymond ?
ANGÉLIQUE – Comment ça ?
ÉLIETTE – J’ai essayé de faire des avances à Raymond il m’a dit que son cœur était pour une autre. C’est donc vous. Il est vraiment amoureux de vous lui !
JOCELYNE – Et moi j’ai cru à ces balivernes… Il va me le payer…
ANGÉLIQUE – Non… Nous le payer… Il faut lui rendre la monnaie de sa pièce.
JOCELYNE – Comment ?
ÉLIETTE – C’est vrai comment ?
ANGÉLIQUE – Tu vas lui concocter un bon repas à base de fruits de mer piégés !
JOCELYNE – De quelle façon ?
ANGÉLIQUE – Avec une bonne… Mayonnaise… Maison… Avec les œufs du père Barnabé. Choisis ceux qui sont pleins de fientes c’est le top.
JOCELYNE – Ensuite ?
ANGÉLIQUE – Tu montes une belle mayonnaise en prenant soin de mettre des bouts de coquilles sales. Tu laisses macérer l’ensemble toute la journée sur la fenêtre en plein soleil avec quelques crevettes qui trempent dedans… Nous les lui offrirons ce soir… Les staphylo machins choses et autres bébêtes feront l’ouvrage !
JOCELYNE – Je vais y mettre tout mon cœur !
ANGÉLIQUE – Il va clôturer sa folle soirée sur le trône au minimum…
JOCELYNE – Ou mieux… Aux urgences !
ÉLIETTE – Bravo mesdames, je valide à cent pour cent !
(Jocelyne retourne en cuisine en riant. Eliette l’accompagne) (Raymond entre) (Angélique est énervée. Elle commence à pleurer)
ANGÉLIQUE – Il va voir de quel bois je me chauffe Roméo !
RAYMOND – Que se passe-t-il ?
ANGÉLIQUE – (En pleur, Angélique s’épanche sur l’épaule de Raymond) C’est à cause de Gustave…
RAYMOND – Qu’a-t-il encore fait celui-là ?
ANGÉLIQUE – Rien… C’est moi qui suis nulle !
RAYMOND – Explique moi…
ANGÉLIQUE – J’ai honte mais… J’ai cédé au baratin de ce monstre !
RAYMOND – Tu as fait quoi ?
ANGÉLIQUE – Je lui ai ouvert mon cœur et… Mon lit… C’est aussi simple que ça… Quelle idiote je suis !
RAYMOND – Angélique, tu m’as repoussé plusieurs fois en m’affirmant que tu n’étais pas prête… Pourquoi avoir cédé à ses avances ?
ANGÉLIQUE – Il a su trouver les arguments… Et… J’ai craqué !
RAYMOND – Tu es amoureuse de lui ?
ANGÉLIQUE – Non… Mais… (Elle renifle)
RAYMOND – Si tu ne l’aimes pas… Finalement tu dois être soulagée ?
ANGÉLIQUE – (Angélique s’énerve) Non… En fait je suis verte de rage…
RAYMOND – Je ne pige* (*Comprend) pas !
ANGÉLIQUE – Figure-toi que Je viens de découvrir qu’il se tapait aussi Jocelyne et Eliette…
RAYMOND – Elles aussi ?
ANGÉLIQUE – Et oui… Le pire c’est je n’ai rien vu… Tu te rends compte ?
RAYMOND – Je comprends ta déception !
ANGÉLIQUE – Il y a plus grave…
RAYMOND – C’est possible ?
ANGÉLIQUE – Oh que oui !
RAYMOND – Raconte…
ANGÉLIQUE – Ce coureur de jupon vient de nous quitter… Il est parti butiner avec… La gendarmette !
RAYMOND – La mignonne qui mène l’enquête sur la tentative de cambriolage ?
ANGÉLIQUE – C’est ça… Ils viennent d’aller dans la grange… Et Gustave n’a pas cherché à nous épargner.
RAYMOND – Le malotru !
ANGÉLIQUE – Il ne perd rien pour attendre… Nous lui préparons un empoisonnement surprise… Jocelyne et Eliette sont en train de lui concocter un petit plat qu’il n’est pas près d’oublier. Il nous a pris pour trois cruches… Il va amèrement le regretter !
RAYMOND – Dans le fond, il l’a bien mérité !
ANGÉLIQUE – Raymond… Je regrette de t’avoir repoussé… Excuse-moi !
RAYMOND – Tu es toute pardonnée… (Il la serre dans ses bras)
ANGÉLIQUE – Nous allons rattraper le temps perdu… Je te le promets… (Elle se blottit contre son épaule et lui fait des bises dans le cou).
RAYMOND – Je suis aux anges…
ANGÉLIQUE – Toutefois, avant d’être entièrement libre, nous devons régler définitivement nos comptes avec ce majordome de pacotille…
RAYMOND – Je suis avec vous les filles…
(Angélique se lève et part vers les chambres. Raymond est aux anges)
RAYMOND – Quelle belle journée !
(La Baronne Entre avec l’Adjudant-chef)
LA BARONNE – (A Raymond) Vous avez l’air Bizarre ? Vous avez un problème ?
RAYMOND – Non… Je réfléchissais !
LA BARONNE – Raymond vous vous souvenez du Général Patrick Brigand
RAYMOND – Bien sûr !
(Ils se serrent la main)
PATRICK – C’est donc vous qui participez à la mise en place du piège ?
RAYMOND – Un piège… De quoi parlez-vous ?
LA BARONNE – Ne vous inquiétez pas… J’ai mis le Général dans la combine. Il va travailler de concert avec nous… N’est-ce pas Général ?
PATRICK – Absolument…
LA BARONNE – (Sur un ton ironique) Il avait presque appréhendé nos voleurs ! C’est bien ça Général ?
PATRICK – (Embarrassé) Quasiment…
LA BARONNE – Conduisez le Général à la salle d’enregistrement. Je lâche les fauves et nous allons voir si, le, ou les complices se manifestent…
RAYMOND – Si vous voulez bien me suivre…
(Raymond part en direction de la sortie)
PATRICK – Merci de votre confiance Nadine… Enfin Madame la Baronne…
(Il lui fait le baisemain et Ils partent par la porte d’entrée)
LA BARONNE – Et maintenant en piste…
(Elle sort)
Pause de quelques secondes
(Nicolas entre et cherche dans la pièce)
NICOLAS – Ou sont-ils tous passés ? (il appelle avec sa voix efféminée) You-ou… Il n’y a personne ?
(Eliette entre)
ÉLIETTE – Que vous arrive-t-il ?
NICOLAS – J’ai eu une affreuse impression… J’ai cru que je me retrouvais seul au monde… Que j’avais été abandonné à mon triste destin !
ÉLIETTE – Que vous êtes sensible… Ce n’est pas croyable…
NICOLAS – J’ai les nerfs à fleur de peau !
ÉLIETTE – C’est à cause des cambrioleurs ?
NICOLAS – Mais non…
ÉLIETTE – Vous avez peur c’est normal…
NICOLAS – Absolument pas… Je suis courageux comme garçon !
ÉLIETTE – Première nouvelle !
NICOLAS – Tu ne me crois pas ?
ÉLIETTE – Ce n’est pas ça…
NICOLAS – Quoi ?
ÉLIETTE – Rien… Laissez tomber !
(Eliette part. Nicolas est songeur il tourne sur la scène)
NICOLAS – Quelle histoire tout de même…
NICOLAS – Comment me sortir de cet imbroglio ?
NICOLAS – Quand je pense que…
(Jocelyne arrive)
JOCELYNE – Tu penses à quoi ?
NICOLAS – A rien… Je parlais tout seul…
JOCELYNE – Tu es bizarre comme garçon !
NICOLAS – Je ne vois pas pourquoi…
JOCELYNE – Tu dis « je t’aime » à ton docteur et tu radotes seul… Tu m’excuseras mais j’ai le droit de me poser certaines questions sur l’état de ta santé mentale !
NICOLAS – (Énervé) Mêle toi de ce qui te regarde !
JOCELYNE – Ok… J’ai bien compris, débrouille toi seul…
(Jocelyne sort énervée)
NICOLAS – (Nicolas Râle) Ma santé mentale et puis quoi encore…
(La Baronne arrive avec Bruno et Gérard. Nicolas regarde la scène en retrait)
LA BARONNE – Raymond arrive il va s’occuper de vous.
(La Baronne part en direction de la sortie. Elle revient sur ses pas)
LA BARONNE – Et, pas d’entourloupe*… (*Coup fourré) Je vous rappelle que j’ai vos papiers. À la première incartade je vous fais arrêter par la maréchaussée… Vous voilà prévenus…
BRUNO – Vous pouvez compter sur nous… Nous respecterons notre parole !
LA BARONNE – Tant mieux !
(La Baronne sort)
GÉRARD – Bruno…
BRUNO – Oui.
GÉRARD – Tu n’es qu’un fayot*… (*Personne qui fait du zèle)
(Nicolas s’exclame)
NICOLAS – Gérard… C’est bien toi ?
GÉRARD – Qui me demande ? (Gérard se retourne et voit Nicolas)
NICOLAS – Mon Amour… Dans mes bras…
(Nicolas saute au cou de Gérard. Bruno est estomaqué)
BRUNO – Mon Amour ? Elle est bien bonne celle-là !
NICOLAS – J’ai eu si peur… J’ai cru que j’allais te perdre !
GÉRARD – (Gérard frime) Mon trésor. Tu me connais… Je règle toujours les loups*… (*Problèmes)
NICOLAS – Ça c’est bien vrai !
GÉRARD – Alors, « cool ma poule* »… (*Tranquille mon chéri)
BRUNO – Alors là… Les bras m’en tombent… Ma poule ?
GÉRARD – Il faut vivre dans son époque mon grand.
BRUNO – Je sais bien, c’est le progrès… Mais toi ?
GÉRARD – Eh bien quoi ?
BRUNO – Le gros costaud lourdingue tu es homo ?
GÉRARD – Ça t’en bouche un coin le zig*… (*Le gars) Et oui ! Je suis une « tantouze* » (*Homosexuel) on ne dirait pas vu de l’extérieur !
NICOLAS – Et oui il est de la jaquette* (*Homosexuel)… Comme moi !
BRUNO – Pour vous j’avais deviné…
NICOLAS – Vous êtes perspicace !
BRUNO – (A Gérard) C’est lui ta taupe ?
NICOLAS – (Énervé) Je suis jardinier pas rongeur !
GÉRARD – Calme toi mon Nico… C’est une expression…
NICOLAS – J’ai cru qu’il me comparait à cette ignoble bestiole qui détériore le travail des gentils agriculteurs !
BRUNO – Voilà d’où te venaient tes précieux renseignements… Moi qui imaginais que c’était une femme je me suis bien planté* ! (*Trompé)
NICOLAS – Maintenant, que faisons-nous mon Gégé ?
BRUNO – (Mort de rire) Mon « Gégé »… Si maman pouvait être là pour admirer le tableau…
GÉRARD – (En colère) Attention mon petit gars… Je vais t’exploser les chicots* ! (*Dents)
BRUNO – (Bruno fait face à Gérard) C’est bizarre tu vois… Maintenant que je sais… Tu ne me fais plus peur… Je tiens à te l’avouer… Tu me fais marrer…
GÉRARD – C’est ce qu’on va voir… Tu vas « rire jaune* » (*Regretter)
NICOLAS – Bien parlé mon minou !
BRUNO – (Mort de rire) Alors-là au niveau des clichés, on touche le fond…
GÉRARD – Puisque tu te marres*(*Rit) comme une baleine… Je vais te raconter la fin de l’histoire
BRUNO – Ça… Ça m’intéresse !
GÉRARD – Je vais me faire la malle* (*partir) avec Nico !
NICOLAS – Bravo… Bien dit !
GÉRARD – Je vide le coffre de la vieille ! Et je te plante*(*Abandonne) là… Seul…
NICOLAS – On fait moins le fier là… Et toc !
GÉRARD – Tu as quoi à répondre à ça ?
BRUNO – Que je ne t’aiderai pas… Nous devons respecter la parole donnée à Madame la Baronne, et je n’en ai qu’une, moi… De parole !
GÉRARD – Tu as filé la tienne, pas la mienne… Je vais tout rapiner* (*Voler) et c’est toi qui vas porter le chapeau… Blaireau*… (*Idiot)
NICOLAS – Ça rigole moins… Monsieur l’hétéro !
GÉRARD – Je te propose même de le faire illico*… (*De suite)
NICOLAS – Génial…
(Bruno se lève)
BRUNO – Arrêtez…
(Nicolas se met devant Bruno et le toise)
NICOLAS – On veut jouer au héros ?
BRUNO – Toi la gonzesse… Tu te pousses ou je te frappe !
NICOLAS – Mon chéri… Tu as vu comment il me cause ? Il vient de me menacer !
GÉRARD – Je vais m’occuper de sons cas !
(Gérard vient en direction de Bruno. Il a les poings en avant prêt à en découdre)
BRUNO – Oups…
NICOLAS – Vas y mon minet… Casse-lui la tête !
(Bruno court autour de la table. Gérard essaye de le rattraper)
GÉRARD – Si je t’attrape je vais te faire « avaler le bouillon de onze heures* » ! (*tuer)
NICOLAS – Chope le et pète-lui toutes les dents !
GÉRARD – Ça ne sert à rien d’essayer de t’escaper* (*T’enfuir) tu es cuit !
(Bruno arrive à échapper à Gérard. Il finit par partir par la porte d’entrée)
NICOLAS – Rattrape le… Il va nous dénoncer.
GÉRARD – Laisse tomber, nous avons déjà assez perdu de temps… Chourave* (*Vole) tout ce que tu peux porter !
(Gérard et Nicolas récupèrent le maximum de choses. Ils les planquent sous et dans leurs habits)
GÉRARD – Dépêche… Ils vont rappliquer*… (*Arriver)
NICOLAS – Je fonce mon lapin…
(Au bout d’une minute environ. Patrick arrive avec un pistolet et Raymond avec son fusil de chasse)
PATRICK – Personne ne bouge !
NICOLAS – Nous sommes perdus !
RAYMOND – N’essayez pas de vous enfuir. Vous êtes pris la main dans le sac !
GÉRARD – Trop tard, c’est foutu* ! (*Perdu)
(Gérard et Nicolas lèvent les mains et pose leur butin sur la table)
PATRICK – Ne faites pas de bêtise !
GÉRARD – C’est bon… Nous nous rendons !
PATRICK – Posez vos fesses ici !
(La Baronne arrive avec Bruno, Angélique, Eliette et Jocelyne)
LA BARONNE – (A Nicolas) C’était donc vous ?
ANGÉLIQUE – Je n’y crois pas…
ÉLIETTE – Nicolas complice des voleurs !
GÉRARD – Il n’y est pour rien… C’est Bruno le cerveau de la bande !
BRUNO – Absolument pas !
PATRICK – Ce n’est pas la peine de mentir tout a été filmé !
GÉRARD – Quoi ?
RAYMOND – Et oui… Nous avons installé des caméras…
BRUNO – Vous avez tout vu ?
RAYMOND – Oui et même entendu !
NICOLAS – Mince…
LA BARONNE – (Parlant à Gérard) Vous avez essayé de frapper Monsieur Delamouise !
ÉLIETTE – Vous êtes deux brutes.
ANGÉLIQUE – Nicolas aussi ?
RAYMOND – Non, mais il a insisté pour que son complice le fasse c’est pire !
JOCELYNE – (A Nicolas) Tu cachais bien ton jeu !
ÉLIETTE – Ça c’est sûr.
NICOLAS – Je ne vois pas ce que vous insinuez…
RAYMOND – Ce n’est pas la peine de mentir… Les images sont parlantes !
GÉRARD – C’est juste… Bruno ne voulait plus participer au fric-frac*… (*Cambriolage) C’est moi l’unique responsable !
BRUNO – Il était temps… Je suis mis hors de cause c’est ça ?
LA BARONNE – Nous verrons… (A Nicolas) Pourquoi m’avoir trahie ?
NICOLAS – C’est l’amour Madame !
JOCELYNE – C’est avec lui que tu étais au téléphone hier ?
NICOLAS – Oui !
ÉLIETTE – je sentais bien qu’il se tramait un truc de louche !
GÉRARD – C’est moi qu’il faut blâmer Madame… Nicolas n’a fait que me suivre !
NICOLAS – Merci mon chéri !
LA BARONNE – (A Nicolas) Je ne vous pardonnerai jamais !
ANGÉLIQUE – Bien parlé Madame…
ÉLIETTE – Il n’y a rien de pire qu’un traître !
LA BARONNE – Je vais vous faire enfermer à vie !
RAYMOND – C’est excessif non ?
LA BARONNE – Absolument pas…
NICOLAS – (Nicolas tombe en pleur aux pieds de la baronne) Je suis désolé… Je ne voulais pas… Pitié
LA BARONNE – Général embarquez-les !
PATRICK – Tous les trois ?
LA BARONNE – Non uniquement ces deux-là !
NICOLAS – (En pleur) Sniff… Sniff… Pardonnez-moi s’il vous plaît !
LA BARONNE – (D’un ton ferme) Taisez-vous… Vous êtes pathétique ! Pour moi vous n’existez plus !
GÉRARD – (Montrant Bruno) Vous n’allez pas faire coffrer* (*Mettre en prison) ce charlot* ? (*Idiot)
LA BARONNE – Monsieur Delamouise a prouvé qu’il était capable de tenir une promesse lui…
RAYMOND – Ce n’est pas comme certain…
NICOLAS – Ce n’est pas juste !
LA BARONNE – Patrick enlevez-moi ces cloportes de devant les yeux.
PATRICK – Tout de suite…
(Patrick se lève et commence à emmener Nicolas et Gérard. En quittant la scène Nicolas lâche…)
NICOLAS – Espérons qu’ils vont nous mettre dans la même cellule mon biquet… Ce sera comme notre lune de miel…
GÉRARD – Écrase-toi*… (*Tais-toi)
NICOLAS – Mais mon loulou… (Ils disparaissent)
ANGÉLIQUE – Ça, c’est la meilleure !
BRUNO – Je n’ai rien vu venir…
JOCELYNE – Si je m’attendais…
ÉLIETTE – C’est vrai que le grand n’est pas efféminé, lui !
JOCELYNE – Et pourtant !
LA BARONNE – Problème réglé ! Mesdames, vous pouvez reprendre vos activités !
(Angélique part dans les chambres avec Eliette et Jocelyne en cuisine)
LA BARONNE – Monsieur Delamouise asseyez-vous !
BRUNO – (Inquiet) Bien…
(La Baronne, Raymond et Bruno s’asseyent)
RAYMOND – Et maintenant ?
LA BARONNE – Je vais m’entretenir avec ce Monsieur.
RAYMOND – Je demande à Jocelyne de nous préparer une petite collation ?
LA BARONNE – Merci Raymond !
(Raymond se lève et part à la cuisine)
LA BARONNE – Monsieur, vous avez prouvé que vous êtes un homme de parole et je vous en félicite !
BRUNO – Je suis désolé d’avoir suivi Gérard !
LA BARONNE – Je vous donne l’occasion de vous rattraper avec une mise à l’épreuve !
BRUNO – (Inquiet) De quel genre ?
LA BARONNE – Je vais vous embaucher comme… Jardinier, ça vous irait ?
BRUNO – Pourquoi pas ! J’ai la main verte et maman m’a inculqué son affection des plantes.
LA BARONNE – Vous êtes engagés !
BRUNO – Merci Madame !
LA BARONNE – Cependant… À la moindre combine douteuse je n’hésiterai pas à vous envoyer directement en prison ou vous retrouverez votre complice et son indicateur.
BRUNO – Vous pouvez me faire confiance !
LA BARONNE – J’espère bien !
(Raymond, Jocelyne, Eliette et Angélique arrivent)
JOCELYNE – Que souhaitez-vous manger ?
LA BARONNE – Je vous donne carte blanche. Je profite que nous soyons réunis pour vous annoncer que je viens d’embaucher Monsieur Delamouise… En lieu et place de Nicolas.
RAYMOND – C’est une excellente nouvelle !
ÉLIETTE – Je trouve aussi.
LA BARONNE – Je vous demande de lui faire le meilleur accueil possible !
JOCELYNE – Vous pouvez compter sur nous !
ÉLIETTE – Je vais m’en occuper personnellement.
LA BARONNE – Parfait… Je monte me reposer.
ANGÉLIQUE – Je vous accompagne !
(L’ensemble des personnes présentes se lèvent. La Baronne part en direction des chambres suivies par Angélique)
JOCELYNE – Soyez le bienvenu !
(Elle lui serre la main. Raymond aussi)
RAYMOND – Bienvenue !
BRUNO – Merci…
ÉLIETTE – Assoyons-nous pour discuter.
(Bruno, Raymond et Jocelyne s’asseyent. Bruno se trouve à côté d’Eliette)
BRUNO – De quoi ?
ÉLIETTE – Vous êtes marié ? Vous avez des enfants ?
BRUNO – Diable non… Je suis célibataire et sans attache !
ÉLIETTE – Excellente nouvelle
JOCELYNE – Comment vous êtes-vous retrouvés dans cette situation ?
BRUNO – C’est une longue histoire… Je vous raconterai ça ultérieurement si vous le voulez bien !
(Angélique arrive)
ANGÉLIQUE – Vous avez fait connaissance ?
(Angélique s’assied à côté de Raymond. Il lui prend la main)
JOCELYNE – Nous commencions juste !
(Des bruits arrivent de l’extérieur. C’est Gustave et Vanessa qui arrivent)
ANGÉLIQUE – C’est Gustave et sa mégère… Que fait-on ?
JOCELYNE – Toi, joues les amoureuses avec Raymond !
RAYMOND – Chouette… C’est un rôle que je vais apprécier !
(Eliette prend la main de Bruno et pose sa tête sur son épaule)
BRUNO – Vous faites quoi là ?
ÉLIETTE – Faites comme moi…
JOCELYNE – Ne posez pas de question !
BRUNO – Je ne sais pas si…
ÉLIETTE – Exécution…
JOCELYNE – Nous vous expliquerons après !
(Les 4 ont l’air très amoureux. Gustave et Vanessa passent la porte. Ils ont de la paille dans les cheveux et sont tout ébouriffés)
GUSTAVE – Je vois que tout va bien pour vous… Et que je ne vous ai pas trop manqué ?
ÉLIETTE – C’est ça !
VANESSA – Vous ne m’en voudrez pas mais j’enlève Gustave…
GUSTAVE – (Il frime) Je te suivrai au bout du monde… « Mi Amor » !
VANESSA – Super…
GUSTAVE – Je sais que je suis super ! Appelle-moi simplement Gustave !
RAYMOND – Quel cabot* ! (*Mauvais acteur, frimeur)
GUSTAVE – Je démissionne, je vous dis donc… À jamais les tocards*… (*idiot, abrutit)
RAYMOND – Bonne idée !
GUSTAVE – Je repasserai ce soir récupérer mes valises. Je m’installe vivre avec Vanessa !
VANESSA – (Toisant les filles) Et oui…
RAYMOND – Bon vent !
ANGÉLIQUE – Bon courage…
GUSTAVE – Jocelyne ?
JOCELYNE – Oui ?
GUSTAVE – Tu penses à mon plateau de fruits de mer ?
JOCELYNE – Je ne pense qu’à ça !
GUSTAVE – Je le récupérerai ce soir avec l’intégralité de mes affaires.
ELIETTE – Ne traînez pas !
GUSTAVE – Vous préviendrez Madame la Baronne que je quitte son service !
ANGÉLIQUE – Avec grande joie !
(Gustave et Vanessa sortent)
RAYMOND – Et maintenant ?
ANGÉLIQUE – Je vais informer Madame…
BRUNO – Quelqu’un peut m’expliquer ?
ÉLIETTE – Venez avec moi… Je vais tout vous raconter…
(Eliette et Bruno vont dans la cuisine)
ANGÉLIQUE – Je monte… À tout à l’heure
RAYMOND – C’est ça à plus tard !
(Angélique se lève et embrasse Raymond avant de partir. Raymond est aux anges)
RAYMOND – De mieux en mieux… Quelle merveilleuse journée ! (Il quitte la scène)
Pause de quelques secondes
(Gustave est dans le salon avec sa valise il appelle)
GUSTAVE – Il y a quelqu’un ?
(Jocelyne sort la tête de la cuisine)
JOCELYNE – Ne bouge pas je vais te chercher ton plateau !
GUSTAVE – Ne traîne pas… Vanessa m’attend dans la voiture !
(Gustave tourne en rond en râlant. Jocelyne et Eliette arrivent avec un plateau bien plié. Elles le posent sur la table)
GUSTAVE – (Il s’impatiente) Bouge-toi… J’ai du pain sur la planche moi !
JOCELYNE – Tiens…
ÉLIETTE – Profitez-en bien !
GUSTAVE – J’en ai bien l’intention…
(Angélique arrive avec Raymond)
ANGÉLIQUE – Tu ne souhaites pas libérer ta conscience ?
GUSTAVE – Je ne vois pas de quoi tu parles !
RAYMOND – Les filles m’ont expliqué… Tu es un sale type… Coureur, menteur et sans cœur !
GUSTAVE – Tu cherches la bagarre c’est ça ?
RAYMOND – Faut voir !
(Raymond fait un pas en avant. Angélique le retient)
ANGÉLIQUE – Laisse tomber chéri…
ÉLIETTE – Il n’en vaut pas la peine !
GUSTAVE – Chéri ? Tu n’as pas traîné…
JOCELYNE – C’est bon… Emporte ton plateau…
ÉLIETTE – Tu peux le garder c’est cadeau de la maison !
ANGÉLIQUE – C’est ça… Et ne remets plus les pieds ici !
GUSTAVE – Je n’en avais pas l’intention !
(Il sort avec le plateau)
ANGÉLIQUE – Tu as fait comme nous avions dit ?
JOCELYNE – Oui… Et il n’est pas près de nous oublier !
RAYMOND – Bien joué…
ANGÉLIQUE – Il est l’heure d’aller se coucher !
ÉLIETTE – Bonne nuit
(Angélique et Eliette se lèvent. Raymond reste assis)
ANGÉLIQUE – Tu viens Raymond ?
RAYMOND – Oui j’arrive…
(Angélique et Raymond sortent.)
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(Retour sur scène de la Baronne et Raymond qui porte deux valises. Eliette suit)
LA BARONNE – Vous croyez que c’est une bonne idée ?
RAYMOND – Absolument… Ce week-end vous fera le plus grand bien… Elles sont bien lourdes vos valises !
LA BARONNE – J’ai juste besoin de quelques chiffons… Vous comprenez ?
RAYMOND – Évidemment… Je vous assure que vous serrez entre de bonnes mains.
LA BARONNE - Je le pense aussi… Je peux compter sur vous pour veiller à mes intérêts pendant mon absence ?
RAYMOND – Bien entendu Madame…
ÉLIETTE – Je surveillerai le domaine comme si c’était le mien !
LA BARONNE – Je n’en attendais pas moins de toi. (A Raymond) Vous gardez un œil sur Monsieur Delamouise !
RAYMOND – Partez tranquille Madame !
LA BARONNE – A la moindre incartade vous le faites enfermer !
RAYMOND – N’ayez crainte… Nous avons eu une discussion entre hommes. Nous pouvons lui accorder notre confiance. Je vous le certifie !
ÉLIETTE – Moi aussi je l’atteste
LA BARONNE – Je vous fais entièrement confiance…
(Le carillon se fait entendre. Jocelyne sort de la cuisine et va ouvrir)
JOCELYNE – Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer…
LA BARONNE – (Apercevant Patrick) Mon ami venez…
PATRICK – Madame la Baronne… Je vous présente mes hommages… (Il lui fait le baisemain)
LA BARONNE – Qu’il est galant.
ÉLIETTE – Bonjour.
PATRICK – Bonjour Eliette. (Il lui serre la main)
RAYMOND – Je vous porte vos valises jusqu’à la voiture ?
LA BARONNE – Merci Raymond !
PATRICK – Prenez mon bras…
LA BARONNE – Où allons-nous très cher ?
PATRICK – C’est une surprise…
LA BARONNE – J’adore les surprises !
PATRICK – Nous serons de retour dimanche soir.
(Ils sortent)
ÉLIETTE – Qu’ils sont mièvre tous les deux.
(Eliette par dans les chambres)
Pause de quelques secondes
(Plusieurs coups de carillon se font entendre. Jocelyne sort de la cuisine et va en direction de la porte)
JOCELYNE – J’arrive… J’arrive… (Le carillon se fait insistant)
JOCELYNE – C’est bon… J’arrive !
(Vanessa entre en trombe. Elle hurle. Elle a un pistolet à la main)
VANESSA – Empoisonneuse !
JOCELYNE – Je ne comprends pas !
VANESSA – Ton plat de fruits de mer était daubé* ! (*Avarié)
JOCELYNE – N’importe-quoi…
VANESSA – Ne mens pas… Tu l’as fait exprès !
(Vanessa est hors d’elle. Elle pousse Jocelyne)
VANESSA – Gustave est aux urgences. Il a failli mourir d’après les médecins
JOCELYNE – Je ne suis pas responsable…
VANESSA – (Très menaçante) Menteuse… Jalouse… Assassineuse…
(Angélique et Eliette arrivent des chambres avec Raymond. En même temps Bruno arrive par la porte d’entrée. Il se positionne derrière Vanessa qui ne le voit pas. Il assiste à toute la scène)
RAYMOND – A qui sont ces hurlements ?
VANESSA – (Montrant Jocelyne et Angélique) Elles ont essayé de tuer « Mon » Gustave !
ANGÉLIQUE – Tu es parano* (*Paranoïaque) ma pauvre fille !
RAYMOND – C’est vrai ça… Vous n’avez aucune preuve !
VANESSA – Si justement… J’ai fait analyser le plat et il est plein de staphylocoques dorés. C’est une tentative de meurtre des deux pestes, j’en suis convaincue !
JOCELYNE – N’importe quoi !
ÉLIETTE – Vous ne pouvez rien prouver !
VANESSA – C’est ce que nous verrons… Mesdames, vous êtes en état d’arrestation pour tentative d’assassinat sur la personne de Monsieur Gustave Lefèvre !
JOCELYNE – Assassinat ?
ÉLIETTE – Ça ne va pas mieux vous.
VANESSA – Et oui… Et ce que vous direz pourra être retenu contre vous… J’avais toujours rêvé de prononcer cette phrase !
(Vanessa met Tous le monde en joue. Eliette part en courant dans les chambres)
VANESSA – La sœurette détale. Elle n’y est pour rien elle est bien trop stupide. Mais vous, suivez-moi sans histoire… Sinon…
RAYMOND – Sinon quoi ?
VANESSA – Je tire dans le tas !
RAYMOND – Vous ne vous en sortirez pas comme ça !
VANESSA – Oh que si… J’invoquerai la légitime défense. (Bruno prend un gros livre sur une étagère et frappe violemment Vanessa qui s’effondre).
JOCELYNE – Tu y es allé un peu fort non ?
BRUNO – Je n’avais pas le choix… Je n’allais pas la laisser vous tirer tels des canards à la fête foraine !
ANGÉLIQUE – Merci Bruno !
RAYMOND – Bravo frangin* ! (*Frère)
JOCELYNE – Comment ça « frangin » ?
RAYMOND – (Très embarrassé) Hein… Mince… Non rien…
ANGÉLIQUE – Tu en as trop dit… (A Bruno) De quoi parle-t-il ?
BRUNO – C’est une longue histoire…
ANGÉLIQUE – Je ne bouge pas tant que vous n’aurez pas tout raconté !
RAYMOND – D’abord, nous ficelons cette peste et la planquons dans la grange pour être tranquille. Ensuite nous vous dévoilons tout !
JOCELYNE – Et Eliette ?
RAYMOND – Quoi ?
ANGÉLIQUE – C’est vrai nous allons en faire quoi ?
BRUNO – Je m’occupe d’elle.
(Bruno et Raymond embarquent Vanessa. Ils sortent par la porte d’entrée. Jocelyne est catastrophée)
JOCELYNE – Mon Dieu… Qu’avons-nous fait ?
ANGÉLIQUE – Gustave a bien mérité ce qui lui arrive !
JOCELYNE – C’était excessif !
ANGÉLIQUE – Après tous ses mensonges sûrement pas !
JOCELYNE – Tout est en train de déraper !
ANGÉLIQUE – Ne t’inquiète pas, j’imagine que les hommes ont une idée !
JOCELYNE – Tu en es certaine ?
ANGÉLIQUE – Mais oui…
(Angélique rassure Jocelyne. Bruno et Raymond reviennent)
JOCELYNE – Nous allons être jetés en prison… Empoisonnement, agression et séquestration d’un représentant des forces de l’ordre ça va chercher loin ça !
RAYMOND – Oh que oui… Et ce n’est pas l’autre hystérique qui va nous défendre !
ANGÉLIQUE – Restons calme… Déjà expliquez-nous quelle est cette histoire de famille ?
JOCELYNE – Vous ne vous ressemblez absolument pas !
RAYMOND – Nous ne sommes pas réellement frère…
JOCELYNE – Je ne comprends rien !
ANGÉLIQUE – Laisses les expliquer… (A Bruno) Nous t’écoutons !
BRUNO – Nous sommes tous les deux de l’assistance publique et lorsque nous étions jeunes, nous avons été placés dans la même famille d’accueil…
RAYMOND – C’est pour ça que nous sommes comme qui dirait « frère de galère ». Nous avons vécu douze ans ensemble ça tisse des liens !
ANGÉLIQUE – Vos retrouvailles sont dues au hasard ?
BRUNO – Pour être franc… Non !
RAYMOND – Au décès de notre mère adoptive, nous avons échafaudé un plan en vue de dévaliser Madame la Baronne et de filer ensemble au soleil !
BRUNO – Le plan était fin prêt et nous allions passer à l’action lorsque je suis tombé sur Gérard qui projetait la même chose. Je me suis immiscé dans ces projets et j’ai tout mis en œuvre pour qu’il loupe son larcin.
ANGÉLIQUE – Vous aviez tout prévu ?
JOCELYNE – Les deux cambriolages manqués, la proposition d’embauche et tout le reste… Vous êtes diaboliques !
BRUNO – Ce n’était pas aussi précis…
JOCELYNE – Comment ça ?
BRUNO – Nous n’avions pas imaginé que Gérard avait un complice de l’intérieur, et qu’il était de la jaquette* (*Homosexuel)
RAYMOND – Et que tout allait finalement partir en vrille avec la réapparition de l’autre « cinglée » !
JOCELYNE – C’était imprévisible.
RAYMOND – L’ensemble de nos péripéties ont bien failli tout foutre en l’air… C’était moins juste !
BRUNO – Nous sommes maintenant obligés d’avancer notre coup… Ça nous laisse le week-end pour tout rafler et disparaître !
ANGÉLIQUE – Vous allez tout abandonner ? En un claquement de doigts ?
RAYMOND – C’est la seule solution… Vous êtes avec nous les filles ?
ANGÉLIQUE – Moi oui… Adieu le bled* (*Pays) pourri, la Baronne et les ennuis judiciaires… Jocelyne tu marches avec nous ?
JOCELYNE – J’ai un autre choix ?
BRUNO – Non !
RAYMOND – C’est donc entendu… Mesdames allez préparer les valises… Pendant ce temps moi et Bruno s’occupe d’Eliette en ensuite nous nous occupons du coffre. Je sais ou sont planqués les clés
(Tout le monde quitte la scène)
Pause de quelques secondes
(Eliette et Bruno reviennent sur scène.)
BRUNO – Je dois vous avouer quelque chose
ÉLIETTE – Quoi ?
BRUNO – Je ne suis pas la personne que vous croyez. Je suis un vrai cambrioleur et avec les deux filles et Raymond, nous allons vraiment piller le coffre.
ÉLIETTE – Pourquoi me dire ça ?
BRUNO – Pour savoir si vous êtes avec nous ou contre nous ?
ÉLIETTE – C’est ma sœur tout de même
BRUNO – J’ai vu comment elle vous parle. Elle n’a aucun respect pour vous. Pour nous c’est tout le contraire. Je sens qu’il se passe quelque chose entre nous… Pas vous ?
ÉLIETTE – A dire vrai… Si
BRUNO – Alors laissez tout et partez avec nous.
ÉLIETTE – Je ne sais pas si…
BRUNO – Si quoi ? Vous n’êtes rien ici. Avec nous vous serez enfin vivante. Et peut-être une histoire d’amour va-t-elle naître.
ÉLIETTE – Vous avez raison. Je fugue avec vous. Je cherche l’amour depuis tellement longtemps. Et ma sœur m’a piqué tous mes futurs ex-petits amis. Donc cette fois pas de pitié !
BRUNO – Alors, allez faire vos valises. Nous partons !
ÉLIETTE – J’y cours…
(Eliette et Bruno sortent)
Pause de quelques secondes
(Raymond et Bruno reviennent sur scène. Raymond porte un sac)
RAYMOND – Alors avec Eliette ?
BRUNO – Elle est de la partie. J’ai su la convaincre…
RAYMOND – Parfait, c’est un souci de mois. Regarde, j’ai la clé…
BRUNO – Ouvre !
RAYMOND – Je suis stressé, c’est l’aboutissement de notre plan.
BRUNO – À ton avis combien il y a dans le coffre ?
RAYMOND – Peut-être que dalle* ! (*pas grand-chose)
BRUNO – Ne déconnes* pas… (*Ne rigoles pas) Nous avons minutieusement préparé ce casse j’espère que le jeu en vaut la chandelle !
RAYMOND – J’y vais… Nous serons fixés…
(Raymond ouvre et apparaît de grosses liasses de billets et une boîte qui déborde de bijoux)
BRUNO – C’est le jackpot… Il y a combien ?
RAYMOND – (Le coffre regorge de billets) C’est énorme… Regarde il y a tes papiers d’identité…
BRUNO – Fantastique…
RAYMOND – Je fourre* (*Range) le magot* (*L’argent) dans le sac… Allons vite préparer nos valises !
BRUNO – C’est parti ! (Raymond, Bruno partent dans les chambres. Le coffre reste grand ouvert)
Pause de quelques secondes
(Raymond, Bruno, Angélique, Eliette et Jocelyne reviennent des chambres)
ANGÉLIQUE – (A Raymond) Bon et ce coffre ?
RAYMOND – Regardez… Vide !
JOCELYNE – Je savais bien que ce n’était pas une super idée… (Elle secoue Bruno)
(Raymond, pose son sac sur la table et l’ouvre. Il déborde de billet et de bijoux)
RAYMOND – Enfin presque… Elle cachait bien son jeu Madame la Baronne…
BRUNO – Il y en a pour des millions !
ÉLIETTE – Dire que ma sœur, refusait de me donner de l’argent de poche. Quelle pingre !
ANGÉLIQUE – (A Jocelyne) Alors ma grande tu es toujours stressée ?
JOCELYNE – Mince… Donc, nous sommes riches ?
BRUNO – Et oui.
JOCELYNE – Nous allons où ?
BRUNO – Loin d’ici, à Caracas au Venezuela. J’ai fait une recherche il ne pratique pas l’extradition… Là-bas les autorités n’iront pas nous chercher !
ÉLIETTE – L’Amérique du Sud, j’ai toujours rêvé d’y aller.
RAYMOND – Une minute… Que fait-on de la fliquette ?
ANGÉLIQUE – Je l’avais complètement oubliée celle-ci !
BRUNO – Nous ne pouvons pas l’abandonner dans la grange. Elle va dépérir !
RAYMOND – Tu as raison… Nous allons la ramener ici et la ficeler sur une chaise dans la cuisine. Madame la Baronne la trouvera en rentrant.
ÉLIETTE – Ça lui fera une surprise de plus.
BRUNO – Les filles, chargez la voiture… Un long voyage nous attend… Cette fois… « On s’arrache* » (*On s’enfuit) pour de bon !
(Tout le monde quitte la scène par la porte d’entrée)
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(Gérard et Nicolas entrent en trombe sur scène. Gérard est armé)
GÉRARD – Je vais me les faires !
NICOLAS – Ils sont planqués* (*Caché) ou ?
GÉRARD – Bouges pas chéri… Je monte les chercher ils doivent être terrés* (*Cachés) dans les chambres.
NICOLAS – Amène moi la vioque* (Vieille)… Je vais me charger de son cas… Je te laisse t’occuper des autres caves* (*Idiots). Ils sont trop forts pour moi !
(Gérard part en courant et sort en direction des chambres. Nicolas se retrouve seul. Il parle seul en tournant en rond)
NICOLAS – J’espère qu’il va me ramener « la vieille peau » et qu’il va faire un carnage avec les autres pingouins… Ils se sont bien foutus de ma tronche* (*Tête) depuis six mois… Maintenant c’est fini. Nicolas « is back*» (*Est là)… Rira bien qui rira le dernier… Je n’ai rien à perdre… Après l’évasion de la gendarmerie nous sommes des fugitifs en cavale… Rien ne nous arrêtera plus… « Bonnie and Clyde » sont de retour…
(Gérard revient sur scène)
GÉRARD – J’ai trouvé nib* (*Rien, personne) Ils se sont fait la malle* (*parti)
NICOLAS – C’est louche* non ? (*étrange)
(Gérard s’aperçoit que le coffre est ouvert à l’exception des papiers de Gérard il complètement vide)
GÉRARD – Le coffre est vide… Il ne reste que mes fafs*… (*papiers d’identité) Nous nous sommes fait doubler par cet broudil* (*Traître) de Bruno !
NICOLAS – Le cochon… Il nous a bien roulés… Que fait-on ?
GÉRARD – Il n’y a plus qu’une solution…
NICOLAS – Laquelle ?
GÉRARD – On s’arrache*… (*On s’enfuit) Et on disparaît pour de bon avant que les keufs* (*Policiers) cherchent à nous pincer*… (*Arrêter)
NICOLAS – Où allons-nous ?
GÉRARD – Direction le… (Il réfléchit) Le Venezuela. Caracas j’ai toujours rêvé d’y aller…
NICOLAS – Je te suivrai jusqu’au bout du monde…
(Ils partent en courant)
Pause de quelques secondes – La lumière se coupe
(La Baronne et Patrick Arrivent par la porte d’entrée)
LA BARONNE – Je viens de passer un week-end inoubliable. Merci Patrick.
PATRICK – Merci à vous ma douce…
(Gustave arrive par la porte d’entrée à son tour. Il est affolé et habillé avec une chemise de malade)
LA BARONNE – Que faites-vous là ? Vous avez démissionné !
GUSTAVE – Je suis à la recherche de Vanessa… Vous ne l’avez pas vu ? Je n’ai plus aucunes nouvelles !
PATRICK – Pourquoi, il y a un problème ?
GUSTAVE – Peut-être. Elle est venue au château pour régler un différend avec Jocelyne…
LA BARONNE – Quel différent ?
GUSTAVE – J’ai été empoisonné !
PATRICK – Un empoisonnement, C’est grave !
LA BARONNE – C’est pour ça la tenue…
GUSTAVE – Je ne me balade pas accoutré comme ça pour le plaisir !
LA BARONNE – Vous êtes sûrs que c’est elle ?
GUSTAVE – Oui !
PATRICK – Il faut déposer plainte !
GUSTAVE – Le plus urgent est de retrouver Vanessa !
VANESSA – (Crie de la cuisine à travers le bâillon) Humm – Au sec… Au secours…
LA BARONNE – Ça vient de la cuisine…
GUSTAVE – J’y vais…
(Gustave court dans la cuisine. Il parle fort)
GUSTAVE – Qui t’a saucissonné de la sorte ? Ne bouge pas, je te détache… Ma pauvre chérie…
(Gustave et Vanessa reviennent de la cuisine)
PATRICK – Élève gendarme Laplanque… Que s’est-il passé ?
VANESSA – Ils m’ont tapée, attachée et bâillonnée…
PATRICK – Qui ?
LA BARONNE – Oui qui ?
VANESSA – Eux !
GUSTAVE – Je vais les tuer… Ils sont ou ?
PATRICK – Je ne comprends plus rien… Expliquez-moi !
VANESSA – Je suis venue au château avec pour objectif de régler un différend avec votre cuisinière. Je n’ai rien vu venir… Ils m’ont sauté dessus… Assommée et laissée pour morte !
PATRICK – Enfin, c’est qui ils ?
VANESSA – Le garde-chasse… Un autre type et les deux folles furieuses et votre stupide sœur…
PATRICK – Le garde-chasse ?
VANESSA – Heureusement qu’il devait être un allié de taille… Tu parles d’un professionnel…
GUSTAVE – Je t’avais dit de t’en méfier !
(La Baronne découvre le coffre grand ouvert. Elle hurle)
LA BARONNE – Non !
PATRICK – Que se passe-t-il ?
LA BARONNE – Je suis ruinée !
PATRICK – Comment ça ruinée ?
LA BARONNE – Regardez… Mon coffre est vide… J’ai été dévalisée. (Elle s’effondre en larme)
PATRICK – Les cambrioleurs sont sous les verrous !
VANESSA – Ce sont eux, je vous dis… J’en suis sûr…
GUSTAVE – C’est Raymond et l’autre baltringue* ! (*Incapable)
PATRICK – (A Vanessa) Alertez immédiatement l’escadron. Qu’il quadrille la zone… Donnez bien la description de chacun de nos suspects…
VANESSA – J’y cours… Ces trois pestes et leurs gigolos vont me le payer !
(Vanessa part en courant)
GUSTAVE – Attend moi mon trésor…
(Gustave part à son tour en courant)
LA BARONNE – Mes employés fidèles m’ont détroussé. Ma sœur vient de me renier. Ce n’est pas possible !
PATRICK – J’ai bien peur que si…
LA BARONNE – J’ai été trahi même par Raymond… C’est ce Bruno qui les a corrompus… J’aurai dû le faire jeter en prison avec son complice…
PATRICK – Vous avez fait ce qui vous paraissait juste…
LA BARONNE – Je suis idiote… L’idée de garder Bruno m’a été soufflée par Raymond… J’ai sauté dans son piège. C’était un coup monté… C’était lui, la taupe depuis le début. C’était finalement Raymond le cerveau et pas ce stupide jardinier et son… Quelle sotte* (*Idiote) je fais… Ils ont même réussi à mettre la tête de ma sœur à l’envers. Que va-t-il advenir de moi ? Je n’ai plus le sou !
PATRICK – Ils n’ont pas volé l’argent que vous avez en banque !
LA BARONNE – Je n’ai rien en banque mon ami… Rien… Je n‘avais pas confiance en elles. Tout était dans mon coffre… Tout… Une fortune !
PATRICK – (Rassurant) Vous possédez le château et les maisons du village… Vous allez vous en sortir !
LA BARONNE – Tout est hypothéqué depuis longtemps… Ruinée, je vous dis… Je vais me retrouver à la rue comme une… Comme une gueuse* ! (*Clocharde, paysanne)
PATRICK – Je ne laisserai jamais cela arriver !
(La Baronne marque un temps d’arrêt)
LA BARONNE – Que pouvez-vous faire mon ami ?
(Patrick se met à genoux. La Baronne est aux anges)
PATRICK – Nadine…
LA BARONNE – Ouiiii…
(Il se relève)
PATRICK – En préambule, j’ai une chose à vous avouer !
LA BARONNE – Faites vite…
PATRICK – Je ne suis pas Général simplement Adjudant-Chef !
LA BARONNE – Je le sais bien… Je vous fais marcher depuis le début…
PATRICK – Je n’ai pas été pilote de chasse non plus…
LA BARONNE – Ah…
PATRICK – J’ai le mal de l’air !
LA BARONNE – C’est fini ?
PATRICK – Presque…
PATRICK – Je ne suis pas non plus l’enquêteur que je vous ai décrit… Je n’ai jamais arrêté un voleur de toute ma vie.
LA BARONNE – C’est bon… Votre conscience est soulagée ?
PATRICK – Pas tout à fait…
LA BARONNE – Qu’avez-vous encore dissimulée ?
PATRICK – Une dernière chose…
LA BARONNE – Laquelle ?
(Patrick se remet à genoux)
PATRICK – Je vous aime… Voulez-vous m’épouser ?
LA BARONNE – J’en serai honorée !
PATRICK – Dans mes bras ma promise… (Ils s’embrassent)
LA BARONNE – Je suis ruinée… Mais heureuse !
PATRICK – Et ce n’est pas tout… Je vous emmène dès aujourd’hui en voyage de noces.
LA BARONNE – (Impatiente) Ou ça ?
PATRICK – (Il réfléchit et annonce tout fier) A… Caracas au Venezuela !
FIN