Quand le fisc s’en mêle
Une pièce de Robain HALLUIN
4 à 6 personnages féminins :
- CELINE, la femme de François
- BERTHOLET, le contrôleur fiscal
- JULIE, maîtresse de François
- SOPHIE, la députée-maire, maîtresse de François
- MARIE, la femme de ménage. – peut-être jouée par la même actrice que Julie ou Sophie
(peut-être interprétée par la même actrice qu'un autre rôle, Julie ou Sophie par exemple).
- STEPHANIE, ex de Jérôme – peut-être jouée par la même actrice que Julie ou Sophie
- ELISE, maîtresse de François, voix uniquement peut-être jouée par la même actrice que Julie ou Sophie
5 à 6 personnages masculins :
- FRANCOIS, patron de l’entreprise Bygmillion
- JEROME, son frère
- PAUL, le comptable
- DAVID, le Directeur de communication de la campagne de Céline
- FABRICE, l’agent de sécurité
- LE CAMBRIOLEUR, peut-être joué par le même acteur que Paul ou Jérôme
La scène :
Un bureau d’entreprise, dans le fond un bureau avec fauteuil, un coffre-fort à côté. Une petite table avec des chaises.
Deux entrées, une de chaque côté (porte d’entrée et porte des toilettes). Au fond un placard.
ACTE I
SCENE 1
Musique de fitness, le rideau s’ouvre sur FRANCOIS, il porte un short, des baskets et une chemise avec cravate, il fait des exercices. Son portable, posé sur le bureau, sonne, il éteint la musique à l’aide d’une petite télécommande il met son portable sur haut-parleur et le pose sur la table.
FRANCOIS : Allo ?
CELINE : Bonsoir mon chéri.
FRANCOIS : Ah bonsoir ma chérie, ça va ?
CELINE : Oui, ça va très bien, merci.
FRANCOIS : Ah super ! Alors comment ça se passe ta convention ?
CELINE : Ca y est, c’est enfin terminé.
FRANCOIS : Ah Super ! Et c’était bien ?
CELINE : C’était très intéressant oui.
FRANCOIS : Super ! Et alors quel temps il fait à Chamoux sur Gelon ?
CELINE : Il pleut des cordes depuis trois jours.
FRANCOIS : Super !
CELINE : Tu sais, tu me manques terriblement.
FRANCOIS : Mais toi aussi tu me manques.
CELINE : Tu es où ?
FRANCOIS : Bah là je suis encore au bureau, je bosse, je bosse… Comme un dingue…
CELINE : Et qu’est-ce que tu as de prévu pour ce soir ?
FRANCOIS : Oh tu sais rien de bien folichon, un petit plateau télé sûrement…
CELINE : Tu sais je me suis dit que je pourrais peut-être rentrer plus tôt ce week-end.
FRANCOIS : Mais plus tôt c’est-à-dire ?
CELINE : Je pourrais rentrer dès demain au lieu de dimanche.
FRANCOIS : Mais non écoute ce n’est pas nécessaire, demain c’est samedi, tu vas te taper tous les bouchons… Et puis avoue que ce serait quand même dommage de ne pas profiter pleinement d’un week-end à Chamoux sur Gelon hein… Visite, fais un peu de shopping, ramène-nous un petit quelque chose, c’est quoi la spécialité là-bas ?
CELINE : Le Saint-Bernard !
FRANCOIS : Ah effectivement ce n’est pas pratique à ramener, surtout dans ta mini. Bon ma chérie, je vais te laisser, je voudrais finir rapidement là, je termine un dossier important puis je m’en vais… Allez bisous…
CELINE : Tu m’embrasses ?
FRANCOIS : Oui je t’embrasse.
CELINE : Sur le front ?
FRANCOIS : Oui sur le front si tu veux.
CELINE : Et dans le cou.
FRANCOIS : Oui dans le cou aussi…
CELINE : Et le nez.
FRANCOIS : Oui je t’embrasse sur le nez aussi…
CELINE : Et sur les lèvres ?
FRANCOIS : Mais bien sûr que je t’embrasse sur les lèvres, mon amour.
CELINE : Et les pieds ? J’adore quand tu m’embrasses les pieds.
FRANCOIS : Oui je t’embrasse les pieds et les mains aussi…
CELINE : Et les…
FRANCOIS : Bon Céline c’est chiant là ! Allez à dimanche.
CELINE : A dimanche mon chéri.
CELINE raccroche.
SCENE 2
FRANCOIS commence à enlever ses baskets et son short, il tourne le dos à la porte, MARIE arrive par la porte, elle balaye et avance à reculons sans voir FRANCOIS, elle finit par lui rentrer dedans, tous les deux sursautent et poussent un cri.
FRANCOIS : Ah, vous m’avez foutu les jetons !
MARIE : Bah monsieur Lancel, qu’est-ce que vous faites en slip ?
FRANCOIS : J’étais en train de m’habiller figurez-vous. Et vous, qu’est-ce que vous fichez là, pourriez frapper non ?
MARIE : C’est-à-dire que normalement à cette heure, il n’y a plus personne.
FABRICE arrive en trombe par la porte avec un pistolet, il met en joue MARIE.
FABRICE : Oh tu ne bouges pas toi ! Ça va monsieur Lancel, je vous ai entendu crier. Je neutralise la menace ?
FRANCOIS : Merci ça va, tout va bien.
FABRICE : (Voyant que FRANCOIS est en slip). Oh pardon ! Désolé je n’avais pas compris. J’ai entendu crier, j’ai cru que c’était une agression, désolé madame. Je ne voulais pas déranger vraiment.
FRANCOIS : Ah non mais ce n’est pas du tout ce que vous croyez.
FABRICE : Ah non vous savez moi je ne crois rien du tout. Même quand je vois le patron en slip avec la femme de ménage.
FRANCOIS : Mais non, mais c’est parce que je faisais mon sport…
FABRICE : Oui on sait ce que c’est le sport au bureau. (Il fait un clin d’œil entendu à FRANCOIS).
MARIE : Et moi le ménage.
FABRICE : Ouuuui… (En rigolant). Et astiquez bien dans tous les coins hein !
FRANCOIS : Oui c’est ça, bon c’est quoi votre nom déjà ?
FABRICE : Fabrice.
FRANCOIS : Super Fabrice, écoutez mon vieux vous faites un excellent travail, continuez comme ça !
FABRICE : Ah merci Monsieur Lancel !
FABRICE sort par la porte.
SCENE 3
MARIE continue de faire son ménage.
FRANCOIS : Dites, vous ne pourriez pas repasser plus tard là, j’aimerais bien m’habiller tranquillement, c’est gênant.
MARIE : Bah il faut bien que je fasse le ménage.
FRANCOIS : A cette heure-là, bien évidement.
MARIE : Il est stipulé dans mon contrat que le ménage doit être fait après la fermeture des bureaux afin de, je cite « ne pas déranger la bonne marche des activités de l’entreprise ».
FRANCOIS : Oui bah comme vous pouvez le voir, j’y suis encore dans mon bureau alors fichez moi le camp, vous repasserez tout à l’heure.
MARIE : Mais ?
FRANCOIS : Est-ce que je viens faire le ménage chez vous à 19h30 le vendredi soir moi ? Non, alors du balai !
MARIE sort par la porte.
SCENE 4
Le portable de FRANCOIS sonne de nouveau.
FRANCOIS : Oh ! Allo ?
JEROME : Allo François ? C’est Jérôme.
FRANCOIS : Ah bonsoir Jérôme… Ça va ?
JEROME : Non ça ne va pas du tout.
FRANCOIS : Qu’est-ce qu’il se passe ?
JEROME : Je me suis fait larguer par Stéphanie, ma nouvelle petite amie.
FRANCOIS : Oh non merde… Pas encore…
JEROME : François, il faut qu’on se voit ce soir.
FRANCOIS : Non Jérôme on ne peut pas se voir ce soir non…
JEROME : Mais je suis au bout du rouleau là.
FRANCOIS : Oui je comprends que tu n’ailles pas bien Jérôme, mais j’ai déjà un dîner ce soir que je ne peux pas décommander…
JEROME : Mais je suis au 36ème sous-sol, là.
FRANCOIS : Oui, je…
JEROME : Et l’ascenseur est en panne François, tu dois m’aider.
FRANCOIS : Mais c’est toujours la même histoire Jérôme, tu…
JEROME : Je croyais vraiment que je pouvais compter sur toi.
FRANCOIS : Mais bien sûr que tu peux compter sur moi, je suis ton frère mais…
JEROME : Alors tu me laisses tomber c’est ça ?
FRANCOIS : Non mais…
JEROME : Bien sûr, t’es jamais là pour m’aider !
FRANCOIS : Mais je…
JEROME : Tu n’as vraiment pas de cœur !
FRANCOIS : Oh je peux en placer une ?... Bon d’accord, c’est bon tu as gagné, je vais me débrouiller pour me libérer.
JEROME : Tu es chez toi ?
FRANCOIS : Non, je suis encore au bureau. Ecoute, nous n’avons qu’à nous retrouver à la brasserie en face de l’immeuble.
JEROME : D’accord.
FRANCOIS : On dit dans une demi-heure ?
JEROME : Oui une demi-heure c’est bon.
FRANCOIS : OK à tout à l’heure.
JEROME : Merci François.
FRANCOIS : Mais de rien Jérôme, de rien. (Il raccroche) Il va me pourrir la soirée lui !
SCENE 5
Le portable de FRANCOIS, il décroche.
FRANCOIS : Allo ?
JULIE : Allo mon roudoudou !
FRANCOIS : Ah Julie, comment vas-tu mon amour ? Justement j’allais t’appeler.
JULIE : Les grands esprits se rencontrent, qu’est-ce que tu voulais me dire ?
FRANCOIS : Je suis désolé mon petit cœur mais je suis obligé d’annuler notre dîner de ce soir…
JULIE : Oh non, ça fait une semaine que c’était prévu, tu ne peux vraiment pas venir ?
FRANCOIS : Non ce n’est pas possible non.
JULIE : Je t’ai préparé un petit plat comme tu les aimes.
FRANCOIS : Je te dis que ce soir je ne peux pas…
JULIE : Mais tu m’aimes toujours hein ?
FRANCOIS : Mais bien sûr que je t’aime ça n’a rien à voir…
JULIE : Ne me dis pas que tu vois une autre femme ce soir ?
FRANCOIS : Mais non je ne vois pas une autre femme qu’est-ce que tu vas t’imaginer. Non mon frère vient de se faire larguer, il est au bord de la dépression là…
JULIE : Ton frère est dépressif ?
FRANCOIS : Oui il est dépressif, tu sais c’est quelque chose d’assez courant de nos jours. Mais tu peux passer demain matin si tu veux.
JULIE : Demain d’accord, pour un petit déjeuner torride !
FRANCOIS : On dit dix heures ?
JULIE : Dix heures pétantes !
FRANCOIS : OK c’est noté pour dix heures… Allez je t’embrasse mon petit lapin en sucre. (Il raccroche et sort un calepin de sa veste où il note ses RDV). Bon, Julie, dix heures.
SCENE 6
Fabrice entre par la porte, il a entendu la fin de la conversation téléphonique
FABRICE : Pardon M. Lancel, désolé de vous déranger.
FRANCOIS : Mais vous ne me dérangez pas mon petit Fabrice, j’étais au téléphone avec ma… Avec mon… mon assistante, voilà c’est ça mon assistante…
FABRICE : (Incrédule tout en rigolant). Oui ! Comme avec la femme de ménage… Et ça va elle assiste bien l’assistante ?
FRANCOIS : Bon il va falloir arrêter avec vos insinuations douteuses Fabrice. Vous vouliez quoi ?
FABRICE : C’était pour vous dire que si vous aviez besoin de moi, je suis au poste sécu, vous pouvez passer quand vous voulez, ou vous pouvez appeler directement, il faut faire le 82.
FRANCOIS : Ah bon le 82 ? C’est plus le 00 ?
FABRICE : Non j’ai changé le numéro, c’est parce que 82 c’est l’année de sortie de Rambo, le film. Et moi j’adore Rambo ! Je suis fan, le mec il tire dans tous les sens, il zigouille tout le monde il est trop fort, j’adore !
FRANCOIS : Bon bah merci je saurai m’en souvenir.
FABRICE : Bonne soirée monsieur Lancel. Elle a l’air d’avoir déjà bien commencé !
FABRICE sort par la porte
SCENE 7
PAUL arrive par la porte avec un épais dossier à la main.
PAUL : François !
FRANCOIS : Bon est-ce qu’il serait possible de pouvoir s’habiller tranquillement, merde ! (Il finit de s’habiller). Qu’est-ce qu’il y a Paul ?
PAUL : On est dans la mouise François, je viens d’avoir le contrôleur fiscal au téléphone, elle passe lundi pour éplucher le dossier de la campagne de communication qu’on a fait pour la députée Chambot
FRANCOIS : Et alors ?
PAUL : Et alors t’as vu les factures de ce dossier ? Organisation de meeting : 250 000 euros, dîner de gala 75 000 euros, commémoration pour les vétérans de guerre 42 000 euros…
FRANCOIS : Bah oui je sais, c’est moi qui ai fait les devis.
PAUL : Mais t’as vu les montants ?
FRANCOIS : D’accord j’ai peut-être un petit peu gonflé les tarifs. Mais j’ai vu avec le cabinet, ils vont payer, aucun souci. Ça ne leur coûte rien… C’est de l’argent public.
PAUL : Tu sais très bien que c’est strictement interdit ça. Quand elle va tomber là-dessus, elle ne va pas nous lâcher la Bertholet.
FRANCOIS : Bertholet ?
PAUL : Le contrôleur, Mme Bertholet. J’ai déjà eu affaire à elle et crois-moi ce n’est pas une marrante.
FRANCOIS : Ah non ?
PAUL : Dans le milieu on l’a surnommée le morpion, elle court après toutes les bourses et surtout elle les lâche pas.
FRANCOIS : Et on ne peut pas lui dire qu’on a facturé en francs ?
PAUL : Non, vraiment François, je ne sais pas comment on va faire.
FRANCOIS : C’est très simple, on va faire chacun notre boulot.
PAUL : C’est-à-dire ?
FRANCOIS : Moi je magouille et toi tu fais en sorte que ça ne se voit pas, tu vas me monter un faux dossier de toutes pièces ! C’est ta grande spécialité, une petite bidouille par ci, une fausse facture par là et le tour est joué hein ! Tu vas bien nous trouver une astuce de comptable.
PAUL : Tu plaisantes ? Elle arrive lundi à 8 heures, y en a pour trois jours de boulot là !
FRANCOIS : Alors tu ferais bien de t’y mettre tout de suite si tu veux être prêt lundi.
PAUL : Tu veux que je passe mon week-end à faire ça ?
FRANCOIS : Exactement !
PAUL : François, je pensais vraiment que t’étais mon ami…
FRANCOIS : Et je le suis Paul, mais avant d’être ton ami je suis aussi ton patron, alors au boulot,
PAUL sort par la porte, dépité.
SCENE 8
Le portable de FRANCOIS sonne, il décroche.
FRANCOIS : Allo ?
ELISE : Allo mon amour.
FRANCOIS : Elise ? Comment vas-tu mon cœur ?
ELISE : Ça va, mais je me languis de toi à chaque heure qui passe. Chaque seconde loin de toi est une interminable attente.
FRANCOIS : Mais tu sais, tu me manques aussi.
ELISE : Alors tu es seul ce week-end ?
FRANCOIS : Oui, ma femme ne rentre que dimanche.
ELISE : Et elle est où ?
FRANCOIS : Elle est en convention à Chamoux sur Gelon. (ELISE rigole) Non mais c’est très joli il paraît.
ELISE : Dis, on pourrait se voir ce soir du coup ?
FRANCOIS : Ah non ce soir ce n’est pas possible non…
ELISE : Pourquoi ?
FRANCOIS : Non ce soir je ne peux vraiment pas.
ELISE : Tu ne m’aimes plus c’est ça, le torrent de ton amour pour moi s’est tari comme la fleur s’est fanée à la fin de l’automne.
FRANCOIS : Mais bien sûr que non, je t’aime toujours ça n’a aucun rapport mais j’ai déjà quelque chose de prévu…
ELISE : J’ai compris, une autre femme a su ravir ton cœur…
FRANCOIS : Mais non je ne vois pas une autre femme comment peux-tu imaginer une chose pareille…
ELISE : Oui, prends moi pour une buse !
FRANCOIS : Mais non, je te jure, je passe la soirée avec mon frère qui vient de se faire larguer.
ELISE : Ton frère s’est fait larguer ?
FRANCOIS : Oui il s’est fait larguer, tu sais c’est quelque chose d’assez courant de nos jours… Mais tu peux passer demain si tu veux. En début d’après-midi c’est possible ?
ELISE : Oui c’est possible.
FRANCOIS : Quatorze heures ça te va ?
ELISE : Quatorze heures, c’est noté.
FRANCOIS : OK à demain alors mon petit sucre d’orge, bisous. (Il raccroche et note dans son calepin). Alors Elise quatorze heures. Ce n’est pas une vie je vous jure.
SCENE 9
Le portable de FRANCOIS sonne, il décroche.
FRANCOIS : Décidemment ça n’arrête pas ! Allo ?
SOPHIE : Bonsoir François.
FRANCOIS : Sophie mon chaton comment vas-tu ? Je pensais justement à toi…
SOPHIE : Ah bon vraiment ?
FRANCOIS : Oui…
SOPHIE : Alors ça y est enfin seul ?
FRANCOIS : Oui, ma femme est à Chamoux sur Gelon en Savoie (Sophie rigole) Non c’est bien, il paraît même qu’on y mange d’excellents Saint-Bernard.
SOPHIE : Bon, on peut se voir ce soir alors.
FRANCOIS : Ah non ce soir ce n’est pas possible mon ange.
SOPHIE : Ecoute François, pour une fois que nous avons un créneau de libre tous les deux, profitons-en.
FRANCOIS : Non je ne peux pas ce soir.
SOPHIE : Tu ne veux plus qu’on se voit alors ? C’est fini entre nous c’est ça ?
FRANCOIS : Mais non je t’aime toujours, ça n’a rien à voir mais j’ai déjà un dîner de prévu.
SOPHIE : Oui je vois, tu as décidé de consacrer ta soirée à une autre de tes nombreuses maîtresses.
FRANCOIS : Mais non je ne vois pas une autre femme. Mais qu’est-ce que vous avez toutes ce soir, il y a une épidémie de paranoïa ou quoi ?
SOPHIE : Je te demande pardon ?
FRANCOIS : Non j’ai dit ça machinalement.
SOPHIE : Bon et bien voyons-nous ce soir alors.
FRANCOIS : Non n’insiste pas, pas ce soir.
SOPHIE : Ce soir François.
FRANCOIS : Non je…
SOPHIE : Je t’ai dit ce soir.
FRANCOIS : Ecoute Sophie je…
SOPHIE : Ce soir François.
FRANCOIS : Non mais…
SOPHIE : Ce soir !
FRANCOIS : Oh merde, voilà ! (Il raccroche et sort son calepin) Bon alors Sophie… Ah bah non. (Le téléphone sonne de nouveau). Allo ?
SOPHIE : Alors comme çà tu me raccroche au nez ?
FRANCOIS : Sophie excuse-moi. Je suis un peu à cran, j’ai très mal dormi, en plus j’ai le fisc au cul. Ils m’ont collé un contrôleur, il se dénoncerait lui-même pour avoir ses quotas. Je te disais que ce soir je ne peux vraiment pas, je passe la soirée avec mon frère dépressif.
SOPHIE : Tu as un frère ? Première nouvelle.
FRANCOIS : Oui j'ai un frère, tu sais c’est quelque chose d’assez courant de nos jours. Mais on peut se voir demain si tu veux. En fin de journée, vers dix-huit heures ça t’irait ?
SOPHIE : Ah non c’est beaucoup trop tard, j’ai un tas de rendez-vous, plutôt en début d’après-midi.
FRANCOIS : Non avant je ne peux pas ma petite crotte en chocolat.
SOPHIE : Tu pourrais faire un effort.
FRANCOIS : Non j’ai déjà une journée très chargée, avant ça ne va pas être possible.
SOPHIE : C’est toujours la même chose François.
FRANCOIS : Oh ça va tu…
SOPHIE : Non justement ça ne va pas !
FRANCOIS : Non mais…
SOPHIE : Je suis désolé de te le dire comme ça, mais tu me fatigues François !
FRANCOIS : Ah tu le prends comme ça ?
SOPHIE : Oui et encore je reste polie.
FRANCOIS : Ah bah d’accord…
SOPHIE : Si ça continue comme ça, tu vas pouvoir aller voir ailleurs !
FRANCOIS : Ah oui ?
SOPHIE : Parfaitement François.
FRANCOIS : Et bien toi tu me gonfles ! (Il raccroche et sort son calepin). Non mais pour qui elle se prend elle ! Bon alors qu’est-ce que je mets moi, Sophie dix-huit heures ?
SCENE 10
Le portable de FRANCOIS sonne.
FRANCOIS : Mais ce n’est pas vrai, si je tenais le mec qui a inventé le portable je l’étranglerai avec le… le chargeur. (Il décroche) bon écoute Sophie, je…
CELINE : François ?
FRANCOIS : Ah Céline, c’est toi mon amour ?
CELINE : Oui c’est moi, qui c’est cette Sophie ?
FRANCOIS : Qui c’est Sophie ? Et bien Sophie euh… Tu sais ma… Ma cousine Sophie. J’étais au téléphone avec elle et on a été coupé.
CELINE : Ta cousine Sophie ? Je ne crois pas la connaître.
FRANCOIS : Mais si tu la connais, c’est la fille de Tata Renée…
CELINE : C’est bizarre, Tata Renée ne m’a jamais dit qu’elle avait une fille.
FRANCOIS : Ah bon ? Mais elle a plus de 90 ans et elle est complètement gâteuse, elle ne peut pas penser à tout non plus… Donc elle a une fille et cette fille c’est Sophie… Ma cousine Sophie voilà… Bon pourquoi tu appelais ma chérie ?...
CELINE : Mais pour te parler, il n’y a rien à faire ici. Tu es encore au bureau ?
FRANCOIS : Oui je suis toujours au bureau.
CELINE : Il est déjà tard, tu en as encore pour longtemps ?
FRANCOIS : Non, non ; j’allais partir là. Mais Jérôme vient de m’appeler, il s’est fait larguer, il est au bout du rouleau...
CELINE : Encore ?
FRANCOIS : Oui encore…
CELINE : J’espérais que cette fois il avait trouvé la bonne.
FRANCOIS : Mais moi aussi figure-toi, ça nous aurait évité de l’avoir tous les soirs à la maison mais que veux-tu, c’est mon frère, je ne peux pas le laisser dans la panade…
CELINE : Bon François, je pense que je vais rentrer demain finalement.
FRANCOIS : Quoi demain ? Ah Non !
CELINE : Comment ça non ? Je suis bloquée dans un chalet en haut de la montagne, il faut faire 30 kilomètres pour trouver le premier commerce. Il y a plus de marmottes que d’habitants ici, tu es marrant toi.
FRANCOIS : Mais non tu vas être crevée, passe ton samedi là-bas, tu rentreras tranquillement dimanche soir. En plus demain je sens que je vais avoir Jérôme sur le dos toute la journée.
CELINE : Oui, tu as peut-être raison…
FRANCOIS : Bon je te laisse parce que là il faut vraiment que je file, Jérôme m’attend.
CELINE : Je t’aime mon chéri.
FRANCOIS : Moi aussi je t’aime… bisous, à dimanche. (Il raccroche et sort son calepin) Bon dimanche Saint-Bernard. (Il regarde sa montre). Bon il faut que je file moi, je vais finir par être en retard.
FRANCOIS sort par la porte.
NOIR
ACTE II
SCENE 1
CELINE entre par la porte suivie par DAVID qui n’a pas l’air rassuré.
DAVID : Franchement Céline, je ne comprends pas pourquoi tu as absolument tenu à repasser par ici, on aurait pu aller directement à l’hôtel.
CELINE : Mais je t’ai dit que j’avais un dossier à récupérer, on ne reste que quelques minutes.
DAVID : Oui et si ton mari nous tombe dessus…
CELINE : Mais non, j’ai eu François tout à l’heure au téléphone, il m’a dit qu’il partait et il passe la soirée avec son frère, crois-moi qu’il en a pour une bonne partie de la nuit.
DAVID : Oui bah je ne suis pas bien rassuré moi, ça aurait pu attendre lundi ton dossier.
CELINE qui fouille dans une armoire d’archive.
CELINE : J’ai dit à François que j’étais en convention, si je rentre les mains vides, il va se poser des questions, ce n’est pas une flèche mais quand même. (Elle sort un dossier) Ah le voilà !
DAVID : (Surveillant à la porte de la porte) Oh merde ! Y a du monde qui vient !
CELINE : Comment ça du monde ?
DAVID : Paul !
CELINE : Mais qu’est-ce qu’il fiche encore ici à cette heure-là lui ?
DAVID : Je n’en sais rien mais en tout cas il vient dans le bureau !
CELINE : Bon vite cachons-nous.
DAVID : Mais où ?!
CELINE : Et bien dans les toilettes.
DAVID : Je savais qu’on n’aurait jamais dû venir ici !
CELINE et DAVID sortent par les toilettes.
SCENE 2
PAUL arrive par la porte, il sort des dossiers des armoires d’archives qu’il pose sur la table, il commence à trier des feuilles. FABRICE arrive par la porte.
FABRICE : Bonsoir, il n’est pas là Monsieur Lancel ?
PAUL : Ah non il est rentré, il est parti profiter de son week-end lui !
FABRICE : Non c’est parce que il y a une certaine Mme Bertholet à l’accueil, elle voudrait le voir.
PAUL : Bertholet ?! Vous êtes sûr ?
FABRICE : Oui je crois bien.
PAUL : L’air pas commode, très sèche, un peu coincée ?
FABRICE : Oui c’est ça, un peu genre… Playmobil vous voyez (il imite un Playmobil avec les bras et les jambes toutes raides).
PAUL : Mais qu’est-ce qu’elle fait déjà là! On est très très mal… Bon Fabrice, faîtes-la monter. Moi j’appelle M. Lancel.
FABRICE : Reçu cinq sur cinq !
FABRICE sort par la porte.
SCENE 3
PAUL prend son portable et téléphone.
PAUL : Allo François ? Tu es où ?... Il faut que tu reviennes absolument au bureau… Bertholet est là, Bertholet est là !!... Mais bien sûr que non j’ai rien eu le temps de maquiller, je t’ai dit que j’en avais pour le week-end !... Bon à tout de suite mais dépêche-toi !
PAUL raccroche, il récupère les dossiers qu’il range en vrac dans l’armoire. FABRICE et BERTHOLET entrent par la porte.
FABRICE : Voilà c’est ici.
BERTHOLET : (très sèche) Merci Monsieur.
PAUL : (Faussement content) Madame Bertholet ! Quel plaisir ! On ne vous attendait pas avant lundi.
BERTHOLET : Bonsoir M. Moreau… Comme je n’avais rien à faire de mon week-end, je me suis dit que j’allais en profiter pour prendre de l’avance sur ce dossier qui m’a l’air des plus… Comment dirais-je… intéressants !
PAUL : Oh vous savez vous pourriez tout aussi bien rentrer chez vous et voir ça lundi à tête reposée.
BERTHOLET : N’essayez pas de gagner du temps M. Moreau ! M. Lancel n’est pas là ?
PAUL : Et bien non, c’est-à dire que comme on ne vous attendait pas avant lundi…
BERTHOLET : Ce n’est pas grave, ça ne va pas nous empêcher de commencer. J’aimerais voir le dossier Chambot s’il vous plait, les bons de commande, devis, factures etc.
PAUL : Mais avec plaisir Mme Bertholet, suivez-moi dans mon bureau.
PAUL et BERTHOLET sortent par la porte.
SCENE 4
Céline et David arrivent par les toilettes
CELINE : Et bien on a eu chaud !
DAVID : Tu m’étonnes !
CELINE : Dis-moi David, c’est bien toi qui t’es occupé de la campagne de Communication de la députée Chambot ?
DAVID : Oui, je pense que je vais avoir le droit à un interrogatoire en règle de Mme Bertholet la semaine prochaine.
CELINE : Veinard, elle a l’air charmante.
CELINE se dirige vers la porte et va pour sortir
CELINE : François !
DAVID : François ?!
CELINE : Vite les toilettes !
DAVID court dans les toilettes et referme aussitôt la porte, CELINE se retrouve bloquée dans le bureau.
SCENE 5
FRANCOIS arrive par la porte :
FRANCOIS : Quelle galère !
CELINE : Surprise mon chéri !
FRANCOIS : Céline ! Mais qu’est-ce que tu fous ici ?
CELINE : Et bien merci de ton accueil, tu as l’air ravi de me voir !
FRANCOIS : Mais bien sûr que je suis content de te voir mon petit canari des îles, c’est juste que je te croyais en Savoie.
CELINE : Je suis partie en début d’après-midi, je n’en pouvais plus de ce grand hôtel sordide, je voulais profiter de toi dès ce soir. Sacrée surprise hein ?
FRANCOIS : Ah ça pour une surprise ! C’est une… sacrée surprise ! Mais tu sais, tu tombes malheureusement affreusement mal ma chérie, parce qu’on a un contrôleur fiscal qui vient d’arriver à l’improviste et je crois que je vais être bloqué ici une bonne partie de la soirée.
CELINE : Aucun problème je vais rester te donner un coup de main, je connais la plupart des dossiers.
SCENE 6
PAUL arrive par la porte :
PAUL : Ah François te voilà ! (Il voit Céline) Bah Céline, je te croyais en Savoie, qu’est-ce que tu fais là ?
FRANCOIS : Elle fait des surprises ! C’est Noël avant l’heure cette année.
CELINE : Je suis rentrée plus tôt, la convention était terminée et je ne supportais pas de rester là-bas toute seule.
FRANCOIS : Bon alors Paul, on en est où ?
PAUL : Bertholet est dans mon bureau, je lui ai donné deux trois bricoles anodines mais ça ne va pas l’occuper longtemps. En tout cas il ne faut surtout pas qu’elle tombe sur le dossier en l’état sinon on court à la catastrophe.
FRANCOIS : Bon et il est où ce dossier ?
PAUL : Je l’ai remis dans le trieur. (Il va au bureau et ressort le dossier).
FRANCOIS : Parfait, (il va ouvrir la fenêtre) Paul tu sors par la fenêtre avec ce dossier ni vu connu, tu vas le bidouiller tranquillement de ton côté et moi pendant ce temps-là j’embobine la Bertholet pour qu’elle nous lâche la grappe jusqu’à lundi.
PAUL : Mais t’es malade il est hors de question que je descende par la fenêtre, c’est super dangereux !
FRANCOIS : Merde Paul, mets-y un peu du tiens, si elle te croise avec le dossier dans les couloirs on est cuits.
CELINE : Il a raison François, regarde le, il n’a pas vraiment un profil d’acrobate !
FRANCOIS : Bon et bien tu descends et je te balance le dossier par la fenêtre.
PAUL : Ca me plait mieux déjà.
PAUL sort par la porte. FRANCOIS tient le dossier par la fenêtre en guettant régulièrement l’arrivée de PAUL.
CELINE : Et sinon tu as vu Jérôme ?
FRANCOIS : Pas eu le temps, je l’ai appelé pour lui dire que je ne pouvais pas le voir mais tu sais comment il est, il n’a rien voulu entendre. Du coup il passe ici, il ne devrait pas tarder à arriver.
CELINE : Bon, moi je vais me rendre utile, je vais aller discuter un peu avec cette Madame Bertholet pour voir ce qu’on peut en tirer.
FRANCOIS : Bon d’accord mais fais attention, ne vas pas lui mettre la puce à l’oreille plus qu’elle ne l’a déjà.
CELINE : Mais ne t’inquiète pas, nous allons seulement discuter entre femmes.
CELINE sort par la porte, FRANCOIS continue de jeter des coups d’œil par la fenêtre.
SCENE 7
FRANCOIS : Mais ce n’est pas possible ça, qu’est-ce qu’il fout ?
JEROME arrive par la porte
JEROME : Salut François !
FRANCOIS : Ah Jérôme ! Comment ça va ?
JEROME : Mal, très mal, je suis au bout du rouleau.
FRANCOIS : Oui ça tu me l’as déjà dit. Je te demande une petite seconde j’ai une affaire à régler et je suis à toi, mais prends tes aises, fais comme chez toi.
BERTHOLET entre dans le bureau par la porte restée ouverte.
BERTHOLET : Bonsoir, M. Lancel ?
FRANCOIS : Oui c’est moi-même. Vous êtes ?
BERTHOLET : Mme Bertholet, contrôleur fiscal, enchantée.
FRANCOIS : Oh merde ! (Il jette le dossier par la fenêtre, puis se reprenant). Oh mais… Mais rudement content de vous rencontrer Mme Bertholet. (Il va lui serrer la main).
Pendant la conversation FRANCOIS retourne régulièrement jeter des regards furtifs par la fenêtre, ce qui étonne BERTHOLET et JEROME.
BERTHOLET : Inutile d’en rajouter M. Lancel, je crois que vous savez pourquoi je suis ici ?
FRANCOIS : Dans les grandes lignes oui, mais je suis certain que vous allez me donner tous les détails.
BERTHOLET : (désignant Jérôme) Et ce monsieur c’est ?
JEROME : Je suis son frère.
FRANCOIS : Voilà exactement mon frère, nous avons une petite réunion de famille.
BERTHOLET : Bien, cela tombe très bien que vous soyez encore présent M. Lancel j’ai une foultitude de questions à vous poser.
FRANCOIS : Oui mais vite, s’il vous plait parce que nous allions justement partir dîner.
BERTHOLET : Ce sera très rapide rassurez-vous. (Elle sort un dossier de sa sacoche qu’elle lit tout en posant ces questions). Donc vous êtes-bien M. Lancel, PDG de la société de communication et d’évènementiel « Bygmillion » ?
FRANCOIS : Oui c’est bien cela.
BERTHOLET : Dîtes-moi M. Lancel, est-ce que vous connaissez Mme Sophie Chambot ?
FRANCOIS : Sophie comment dîtes-vous ?
BERTHOLET : Sophie Chambot.
FRANCOIS : Non… Non ça ne me dit rien, vraiment.
BERTHOLET : Vous voulez donc me faire croire que vous ne connaissez pas Sophie Chambot, députée et maire de la ville où vous habitez et où siège votre entreprise.
FRANCOIS : Ah Oui ! Sophie Chambot ! Ça me revient ! Ah oui si effectivement je la connais oui. Enfin je la connais… Je l’ai déjà vue à la radio et entendue à la télé quoi. J’ai peut-être même voté pour elle, mais à part ça, je ne la connais pas personnellement.
BERTHOLET : Donc vous déclarez ne pas connaître Sophie Chambot, alors que c’est votre entreprise qui a organisé sa campagne de communication pour les élections législatives pour un montant avoisinant les… 20 millions d’euros.
JEROME : Ah ouais quand même !
FRANCOIS : Oui bah écoutez, on a 2 000 clients, désolé de ne pas tous les connaître personnellement hein. On organise aussi la grande parade de Disney, ce n’est pas pour ça que je vais aller claquer la bise à Blanche-Neige et serrer la paluche aux sept nains allons !
JEROME : (regardant FRANCOIS qui continue ses allers-retours à la fenêtre) Mais qu’est-ce que tu as à regarder sans arrêt par cette fenêtre ?
JEROME se dirige vers la fenêtre mais FRANCOIS lui barre la route.
FRANCOIS : Mais rien ! C’est juste que… C’est juste que j’ai garé la bagnole en double file et je ne voudrais pas qu’un abruti me l’emboutisse c’est tout.
JEROME : Ah bon elle ne donne pas sur le jardin ta fenêtre ?
FRANCOIS : Mais non elle donne sur le parking ! Bon peu importe, va t’asseoir, je finis avec Mme Bertholet et je m’occupe de toi. (Il va vers BERTHOLET qui commence à avancer vers la fenêtre et l’éloigne dans le bureau). Oui, donc, vous me disiez ?
BERTHOLET : Pouvez-vous me donner le nom de la personne en charge de cette campagne chez vous ?
FRANCOIS : Bien sûr, c’est David Leroy.
BERTHOLET : Pour quelqu’un qui ne connait pas le client, vous avez l’air de bien connaître le dossier.
FRANCOIS : Pas spécialement, mais je mets un point d’honneur à savoir précisément ce que fait chacun de mes collaborateurs.
On entend PAUL qui appelle FRANCOIS de la fenêtre.
PAUL : François ! François !
JEROME : On t’appelle.
FRANCOIS : (il va fermer la fenêtre) Mais non c’est rien, c’est… C’est le jardinier.
BERTHOLET : Le jardinier ? Sur le parking ?
FRANCOIS : Oui, oui exactement… C’est un jardinier… Architecte, mais comme ça ne marche pas trop bien pour lui en ce moment, je l’emploie aussi en tant que voiturier, qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?
BERTHOLET : Rien du tout M. Lancel, du moment que les contrats de travail sont conformes… Et ce M. Leroy est-il là ?
FRANCOIS : Malheureusement non, vous savez, vendredi soir, à cette heure-là, vous ne risquez pas de croiser grand-monde. Bon, Mme Bertholet, ce fut un plaisir, mais si ça ne vous ennuie pas, je dois m’entretenir avec mon frère. Mais n’hésitez pas à venir me voir si vous avez d’autres questions.
BERTHOLET : Rassurez-vous je n’y manquerai pas.
BERTHOLET sort par la porte.
SCENE 8
FRANCOIS : Quelle plaie celle-là !
Il court vers la fenêtre et l’ouvre.
FRANCOIS : C’est bon tu as le dossier ?
PAUL : Mais non, il est où ?
FRANCOIS : Mais j’ai été obligé de le balancer, y a Bertholet qui s’est pointée dans le bureau.
PAUL : Mais qu’est-ce qu’on fait ?
FRANCOIS : Ecoute-moi bien Paul, débrouille-toi comme tu veux mais tu as intérêt à me retrouver ce dossier si tu ne veux pas rapidement finir chez ton homonyme.
PAUL : Chez qui ?
FRANCOIS : Pole Emploi ! (il ferme la fenêtre).
SCENE 9
FRANCOIS : Désolé Jérôme, c’est un petit peu la course ce soir. Alors ta Stéphanie ?
JEROME : Mais y a pas de Stéphanie, y'a plus de Stéphanie, François… Elle m’a quitté… Je suis au bout du rouleau là, il faut que tu m’aides !
FRANCOIS : Non, écoute Jérôme, moi aussi j’ai des tas de soucis. Il va vraiment être temps que tu apprennes à t’assumer tout seul. Tu sais, je ne serai pas toujours là pour toi.
JEROME : Mais tu ne comprends pas, elle est partie comme ça ! En claquant la porte !
FRANCOIS : Ah oui comme ça !
JEROME : En claquant la porte ! Tu vois ?
FRANCOIS : Oui, j’imagine bien, oui. Et ça va la porte n’a rien ?
JEROME : C’est ça, rigole… Partir comme ça… Du jour au lendemain… Après trois longues… journées de vie commune…
FRANCOIS : Bon écoute Jérôme, je crois que ce dont tu as besoin avant tout, c’est d’un petit remontant. Je te sers un truc ?
JEROME : D’accord mais un truc léger. Tu sais moi l’alcool…
FRANCOIS : J’ai du cognac, ça te va ?
JEROME : Oui…
FRANCOIS : C’est un cognac que je me fais livrer par un petit producteur, il n’est pas piqué des hannetons.
FRANCOIS sort une bouteille sans étiquette de derrière son bureau ainsi que deux verres.
JEROME : C’est du cognac ça ? Y a même pas d’étiquette.
FRANCOIS : (Servant les verres) Comme un con j’en ai fait couler le long de la bouteille, ça a fait fondre l’étiquette. Allez, à la tienne, tu vas voir, tu vas te sentir tout de suite mieux après.
JEROME et FRANCOIS trinquent et boivent, à la première gorgée JEROME manque de s’étouffer, FRANCOIS avale une petite gorgée et se frappe la poitrine à maintes reprises puis finit son verre.
FRANCOIS : Ah c’est du costaud hein ? Plutôt goûtu non ? Je te ressers ?
JEROME fait signe que non en continuant de tousser.
SCENE 10
Fabrice entre par la porte
FABRICE : M. Lancel, excusez-moi de vous déranger.
FRANCOIS : Mais pas de soucis mon bon Fabrice, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
FABRICE : J’étais à la sécu, quand j’ai vu des papiers tomber dans le jardin, alors j’ai tout ramassé et je crois que c’est à vous. (Il lui tend le dossier Chambot).
FRANCOIS : Ah mon petit Fabrice, alors là vraiment vous êtes génial ! Vous m’ôtez une sérieuse épine du pied mon vieux. Vous seriez rasé, je vous embrasserais !
FABRICE : Mais c’est normal, c’est mon travail.
Le téléphone fixe du bureau sonne, on entend « La Chevauchée des Walkyries de Wagner » très fort. JEROME et FRANCOIS sursautent, FABRICE fait des grands mouvements de chef d’orchestre.
JEROME : Mais c’est quoi ça ?
FABRICE : Ah ça c’est moi, j’ai changé la sonnerie de tous les téléphones, j’adore ce morceau !
FRANCOIS : Ah bon, vous aimez Wagner vous ?
FABRICE : Mais non c’est Apocalypse Now, j’adore quand y a les hélicos qui arrivent, ils zigouillent tout, j’adore !
FRANCOIS va décrocher le téléphone.
FRANCOIS : En tout cas, merci pour tout mon petit Fabrice. Tenez, servez-vous un verre (Il lui montre la bouteille) Allo ?... Ah Paul oui ?... Non mais ne cherche plus il est dans mon bureau le dossier… Oui bah dépêche-toi de revenir, je ne te paye pas pour te promener dans le jardin ! (Il raccroche)
Pendant ce temps, Fabrice en est à son troisième verre cul sec.
FRANCOIS : Alors mon vieux, qu’est-ce que vous en pensez ?
FABRICE : Je le trouve un peu fadasse. Bon, je vais y retourner M. Lancel. A plus tard.
FRANCOIS : Oui à plus tard mon grand.
FABRICE sort par la porte.
SCENE 11
JEROME n’a pas arrêté de dévisager FABRICE, pendant la musique et surtout quand il avalait les verres, il se retente à terminer le fond du verre que Fabrice a laissé, il retousse de plus belle et manque encore de s’étouffer.
JEROME : C’est un furieux lui ! Qui c’est ?
FRANCOIS : Mon nouveau chef de la sécurité. Bon alors, parle-moi de cette Stéphanie.
JEROME : Oh elle est géniale. Drôle, sympa, j’aurais tellement aimé que tu la rencontres. J’ai une photo, tu veux la voir ?
FRANCOIS : Oui d’accord.
JEROME : (sort son portefeuille et l’ouvre) Bon je te préviens, ce n’est pas un top model.
FRANCOIS : Mais y a pas que ça dans la vie ! (Prend le portefeuille et regarde la photo) Ah oui quand même… C’est marrant, je l’imaginais pas comme ça… Je la voyais plus… Enfin moins… Elle a une sacrée tignasse… C’est une perruque non ?
JEROME : Fais voir (il regarde la photo). Mais non, mais enfin François, tu vois bien que c’est Nouchka, mon épagneul breton.
FRANCOIS : Ah bah oui Nouchka ! Suis-je bête ! Je me disais aussi.
JEROME : Elle est là tiens (il lui montre une autre photo).
FRANCOIS : Ah la vache !
JEROME : Alors ? Tu la trouves comment ?
FRANCOIS : Ah bah tu m’avais prévenu ! Mais euh… Comment dire… Elle a pris un parpaing dans la gueule non ?
JEROME : Oh François !
FRANCOIS : (revenant sur la 1ère photo) Je me demande si je ne préférais pas Nouchka moi…
JEROME : Oui bah elle n’est peut-être pas très jolie mais en tout cas elle est gentille.
FRANCOIS : Heureusement, manquerait plus qu’elle morde !
JEROME : Ah non ça non, elle n’a jamais mordu… Même toute petite avant qu’on la stérilise.
FRANCOIS : Ote moi d’un doute là, on parle de Stéphanie ou de Nouchka ?
JEROME : Bah de Nouchka.
FRANCOIS : OK, OK.
JEROME : Qu’est-ce que je vais faire moi maintenant ?
FRANCOIS : Tu vas faire comme tout le monde Jérôme, tu vas te ressaisir, reprendre du poil de la bête. Aller de l’avant et comme on dit : une de perdue, dix de retrouvées.
JEROME : C’est facile pour toi de dire ça, tu réussis tout. Tu es patron, tu as ta femme, tes maîtresses.
FRANCOIS : Tu sais ce que c’est ton grand problème Jérôme ? C’est que tu manques de confiance en toi. Il faut que tu te lâches ! Sors, rencontre d’autres femmes, tu n’as que l’embarras du choix.
JEROME : J’ai plutôt l’impression d’avoir que le choix de l’embarras… T’es marrant toi, mais je les aborde comment ?
FRANCOIS : Mais je ne sais pas moi, improvise. Tu les baratines un peu et le tour est joué. Fais les rire surtout, c’est important le rire. Femme qui rit à moitié dans ton lit.
JEROME : Et pour l’autre moitié, je fais comment ?
FRANCOIS : Bah oui mais si tu ne veux pas faire d’effort non plus…
JEROME : C’est simple pour toi, pour draguer tu as une Audi, des costumes Gucci et un duplex dans le XVIème. Moi j’ai des jeans Tati, un studio à St-Denis et je roule en Fiat Punto.
FRANCOIS : C’est vrai que tu pars avec des handicaps… Non moi je pense Jérôme que tu devrais prendre des vacances, regarde-toi, tu as l’air crevé. Quitte Paris deux ou trois semaines.
JEROME : Pour partir où ?
FRANCOIS : Je ne sais pas moi, te détendre dans une petite station balnéaire, va chercher un peu de soleil, ça te changera les idées hein ?
JEROME : A Dunkerque ?
FRANCOIS : Oui… J’imaginais un truc un peu plus au Sud…
JEROME : Lille ?
FRANCOIS : Et bah pourquoi pas ?! C’est très sympa Lille, une charmante ville. Tiens d’ailleurs si tu vas à Lille, je connais un petit club privé, ça s’appelle le Carlton, tu dis que tu viens de la part de mon copain Dominique, ils te feront un prix. Tu vas voir, les filles sont superbes !
JEROME : Ouais c’est ça, je les connais tes clubs privés, c’est des bars à putes.
FRANCOIS : Oh dis-donc ! Je ne te permets pas là ! Ce n’est pas du tout ça ! Ce sont de… De charmantes jeunes filles qui… Qui te tiennent compagnie moyennant une légère contribution financière.
JEROME : C’est bien ce que je dis, ce sont des putes.
FRANCOIS : Oui bah peut-être mais je n’aime pas ce mot ! C’est très péjoratif et surtout atrocement vulgaire. Et tu sais très bien que j’ai absolument horreur de la vulgarité (en voulant ranger la bouteille et les verres, il renverse du cognac par terre) Ah putain de bordel de merde, fais chier !
JEROME : (se lève et va vers la fenêtre) Moi j‘en ai marre. Je vais me foutre en l’air !
FRANCOIS : Mais qu’est-ce que tu fais ?
JEROME : (il ouvre la fenêtre et passe une jambe par-dessus bord) Je vais me jeter par la fenêtre !
FRANCOIS : (qui le rattrape) Mais ça ne va pas non ?! Arrête un peu ! On est au premier étage, la seule chose que tu risques c’est de te péter une jambe. (Il le ramène à l’intérieur). En plus ils viennent de nous planter des parterres de fleurs magnifiques, tu vas tout saloper.
JEROME : (rentrant penaud) Même mes tentatives de suicide sont ratées… Je peux aller aux toilettes ?
FRANCOIS : Bien sûr vas-y, mais pas de bêtises hein ?
JEROME : Non, non…
JEROME va pour ouvrir la porte mais elle est fermée.
JEROME : C’est fermé.
FRANCOIS : Comment ça c’est fermé ?
JEROME : Les toilettes, c’est fermé.
FRANCOIS : Ce n’est pas possible, ça ne ferme que de l’intérieur.
JEROME : Je t’assure viens voir.
FRANCOIS : (Essayant d’ouvrir la porte) La serrure doit être bloquée, aide-moi à tirer.
JEROME et FRANCOIS se mettent tous les deux à tirer sur la poignée, au bout de quelques efforts, ils arrachent le verrou, la porte s’ouvre, DAVID tient fermement la poignée de l’autre côté. Avec le choc JEROME se retrouve par terre plusieurs mètres derrière.
JEROME : (Pleurnichant) J’en ai marre moi…
FRANCOIS : Qu’est-ce que tu fous là David ?!
DAVID : Bonsoir François, et bien je… Je… J’étais aux toilettes.
FRANCOIS : Un vendredi soir passé 20h dans mon bureau ?
DAVID : Ca pressait…
FRANCOIS : Et donc que faisais-tu dans mon bureau ?
DAVID : C’est parce que en fait je… je voulais passer prendre le dossier Chambot pour bosser un peu ce week-end et puis j’ai eu une petite envie pressante alors voilà…
FRANCOIS : En parlant de Chambot tu tombes bien, on a le contrôleur fiscal, Madame Bertholet qui est ici, alors motus et bouche cousue sur le dossier. Tu vas voir Paul il va te briefer, réunion de crise dans mon bureau dans dix minutes. Allez file ! Et sois discret que la Bertholet ne te tombe pas dessus !
DAVID acquiesce et sort par la porte.
JEROME : (qui a une envie pressante) Bon bah moi j’y vais !
JEROME sort par les toilettes.
SCENE 12
On frappe à la porte du bureau. FRANCOIS va ouvrir c’est JULIE qui entre.
JULIE : Surprise mon roudoudou ! (Elle lui saute au cou).
FRANCOIS : Julie ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? On t’a laissé monter ?
JULIE : Oui, j’ai dit à la Sécurité que j’avais rendez-vous. Je m’ennuyais, tu as décommandé au dernier moment, moi je ne pouvais pas attendre demain matin, alors j’ai voulu te faire une surprise… Tu sais que je t’aime, je t’aime, je t’aime ! (Criant de plus en plus aigüe).
FRANCOIS : Tais-toi, mais tu es folle ! Il y a mon frère juste à côté et ma femme qui doit être à trois bureaux d’ici.
JULIE : Ta femme ?! Mais je croyais qu’elle était en Savoie !
FRANCOIS : Oui bah moi aussi figure-toi, mais elle aussi a voulu me faire une surprise en rentrant plus tôt. Il ne faut surtout pas qu’elle te trouve ici.
On entend un bruit de chasse d’eau.
FRANCOIS : Voilà Jérôme, bon file dépêche-toi !
JULIE va pour sortir par la porte.
JULIE : Il y a du monde dans le couloir, ils viennent par ici je crois !
FRANCOIS : Mais ce n’est pas vrai. Bon euh… Tiens, cache-toi dans le placard.
JULIE : Tu ne trouves pas que c’est un peu éculé le coup de la maîtresse dans le placard ?
FRANCOIS : Mais non pas du tout ! Ce sont les meilleures techniques les plus efficaces !
JULIE se cache dans le placard.
SCENE 13
JEROME arrive par les toilettes et PAUL et DAVID par la porte.
FRANCOIS : Ah vous voilà, alors comment ça se passe avec la Bertholet ?
PAUL : Elle est avec Céline, on essaie de gagner du temps mais elle est coriace, elle va absolument vouloir voir le dossier.
FRANCOIS : (prenant le dossier) Ne t’inquiète pas, j’ai remis la main dessus pendant que tu faisais ta petite promenade champêtre.
JEROME : François, t’as pas de l’aspirine ? J’ai mal au crâne, c’est à cause du cognac je crois.
FRANCOIS : Ecoute, va voir Fabrice en bas, il va t’emmener à l’infirmerie.
JEROME sort par la porte.
PAUL : Moi je vous dis qu’on est mal avec ce dossier !
DAVID : Bah moi je n’y suis pour rien dans cette histoire, j’ai eu beau dire que je n’étais pas d’accord, on m’a donné les devis, les bons de commandes et m’ont m’a demandé de fermer ma gueule !
PAUL : En tout cas, si on ne trouve pas une solution rapidement, c’est direction la prison et sans passer par la case départ !
FRANCOIS : Bon alors des idées pour nous sortir de cette mouise ?
FRANCOIS montre le dossier PAUL et DAVID soufflent, regardent leurs pieds etc…
FRANCOIS : Bon David, c’est toi le Directeur de la campagne tu dois bien avoir une idée non ?
DAVID : Ah bah oui ! Ah bah bien sûr ! On me demande mon avis maintenant ?
PAUL : Oh s’il te plait, ne fais pas ton rabat-joie !
DAVID : Moi rabat-joie ? Bah tiens François t’as qu’à demander son avis à Paul, il a toujours une solution lui, un coup de baguette et hop ! Disparue la ligne de chiffres compromettante, c’est un petit peu le Gérard Majax de la comptabilité.
FRANCOIS : Mais c’est vrai ça Paul, trouve nous une solution ! En attendant je vais planquer le dossier derrière l’armoire pour pas que la Bertholet tombe dessus. (Il cache le dossier derrière une armoire en le laissant dépasser un peu).
PAUL : Ah non moi j’en ai marre, c’est vous qui magouillez et c’est toujours moi qui doit régler les problèmes ! Je ne suis pas d’accord !
FRANCOIS : Mais on ne te demande pas d’être d’accord, on te demande juste de régler le problème Garcimore !
PAUL : (Résigné) D’accord… Mais comme tout bon magicien, j’ai besoin d’un assistant… Donc David devrait rester avec moi ce week-end ?
FRANCOIS : Excellente idée ! David, tu l’assistes pour le week-end.
DAVID : Oh génial, je devais passer la soirée avec Claudia Schiffer et je me retrouve à tenir la jambe au David Copperfield du pauvre…
PAUL et DAVID sortent.
SCENE 14
MARIE entre par la porte.
FRANCOIS : Mais qu’est-ce que vous voulez encore vous ?
MARIE : j’espérais que vous soyez parti pour pouvoir finir mon travail Monsieur.
FRANCOIS : Ça tombe bien parce que j’allais justement partir…
Pendant ce temps BERTHOLET est entrée par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel !
FRANCOIS : Madame Bertholet, quel plaisir !
BERTHOLET : N’en faîtes pas trop Monsieur Lancel.
MARIE fait signe à FRANCOIS qu’elle va commencer à faire le ménage, il lui fait signe que c’est bon.
FRANCOIS : Que puis-je faire pour vous Madame BERTHOLET ?
BERTHOLET : J’aurai besoin du dossier Chambot s’il vous plait, votre comptable m’a dit que c’est vous qui l’aviez. Ce qui m’a paru étrange vu que vous m’avez affirmé tout à l’heure ne pas être très au fait de ce dossier.
FRANCOIS : Vous savez, comme c’est un gros chiffre d’affaire je préfère le garder ici, au cas où.
BERTHOLET : Puis-je y avoir accès ?
FRANCOIS : Mais bien sûr, tenez il doit être par là…
FRANCOIS commence à fouiller dans l’armoire à dossier mais ne trouve rien.
FRANCOIS : Ca alors c’est dingue, il était encore là pas plus tard qu’hier…
MARIE : Vous voulez que je vous aide à chercher Monsieur Lancel ?
FRANCOIS : Non, non, occupez-vous de votre ménage vous !
BERTHOLET : Alors ce dossier ?
FRANCOIS : Et bien écoutez, je suis désolé mais je n’arrive pas à mettre la main dessus. Vous en avez vraiment besoin maintenant ?
BERTHOLET : Oui Monsieur Lancel, c’est une obligation légale pour vous d’avoir ces documents et de me les fournir. Je patiente.
FRANCOIS : Bah oui mais écoutez je ne le trouve pas, je ne vais pas vous le chier le dossier.
BERTHOLET : Et je vous prierai d’être un peu moins familier en ma présence si cela ne vous dérange pas !
MARIE qui nettoyait dans les coins tombe sur le dossier caché.
MARIE : J’ai trouvé un dossier Monsieur Lancel, ce n’est pas celui que vous cherchez ?
FRANCOIS : Mais non ! Mais pas du tout ! C’est un dossier que j’ai perdu la semaine dernière ça !
MARIE : (Lisant le dossier) Dossier Chambot (toute contente d’avoir trouvé le dossier,) ça a l’air d’être ça, je vous ai sorti une belle épine du pied !
BERTHOLET : Et bien heureusement que vous avez une femme de ménage plus consciencieuse que vous Monsieur Lancel.
FRANCOIS : Ah oui elle est géniale. Ah elle aime ça nettoyer… Balayer… Astiquer, casa toujours pimpant hein ! (Il lui arrache le dossier des mains).
PAUL arrive par la porte.
PAUL : Excusez-moi Madame Bertholet, mais vous avez laissé votre portable dans mon bureau et il est en train de sonner.
BERTHOLET : Je vais récupérer ce dossier si vous permettez Monsieur Lancel, pour éviter qu’il ne s’égare encore.
FRANCOIS : Non mais je vais le mettre au coffre, il ne peut rien lui arriver je suis le seul à posséder la clé. Vous n’aurez qu’à repasser quand vous en aurez besoin, OK ? (Il met le dossier dans le coffre-fort de son bureau).
BERTHOLET : La clé s’il vous plait ?
FRANCOIS : C’est bizarre, mais on pourrait croire que vous n’avez absolument aucune confiance en moi.
BERTHOLET : J’attends Monsieur Lancel…
FRANCOIS donne la clé à BERTHOLET à contrecœur. BERTHOLET sort par la porte.
PAUL : François, elle a le dossier, qu’est-ce qu’on va faire ?
FRANCOIS : Attends… (Il va vers Marie qui continue à faire le ménage) Vous, dehors !
MARIE : Mais je n’ai pas fini de nettoyer Monsieur Lancel…
FRANCOIS : Mais non c’est bon, vous en avez suffisamment fait pour aujourd’hui.
MARIE : Ah non j’ai horreur du travail à moitié fait et…
FRANCOIS : (Criant) Vous allez me foutre le camp oui !!!
MARIE : (Se dirigeant vers la sortie) Je vais me plaindre à mon syndicat !
FRANCOIS : C’est ça !
MARIE sort par la porte.
SCENE 15
PAUL : Bon alors ?
FRANCOIS : Ne t’inquiète pas mon petit Paulo, je sais exactement ce que nous allons faire. (Il prend son téléphone portable et compose un numéro).
PAUL : Tu appelles qui ?
FRANCOIS : Un vieux copain qui va nous sortir de la mouise, il est dans tous les coups tordus c’est un vrai spécialiste !
PAUL : Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens pas rassuré…
FRANCOIS : Allo ? Allo ?… Franfran appelle Nono, je répète Franfran appelle Nono… Allo ? Mais j’entends rien, il est vraiment pourri ce téléphone.
PAUL : Je pencherai plutôt pour ton opérateur, tu es chez qui ?
FRANCOIS : Je ne sais pas, tu sais bien que je n’y connais rien. C’était gratuit, je n’ai pas tout compris. Franfran appelle Nono…
PAUL : Et puis ça veut dire quoi « Franfran appelle Nono » franchement ?
FRANCOIS : C’est un code pour ne pas être identifié des fois que les téléphones soient sur écoute… Franfran appelle Nono… Allo ? Allo ? Ah, Arnaud Mouillet ? Oui, c’est François Lancel à l’appareil… Ça va bien merci, dis-moi mon petit Arnaud j’aurai besoin de tes services, si tu vois ce que je veux dire… Non j’ai besoin de tes services… Oui mais moi non plus je n’entends rien la ligne est pourrie… Je disais que j’ai besoin de tes services, si tu vois ce que je veux dire … Il faudrait que tu m’envoie un de tes gars pour récupérer un dossier dans le coffre-fort de mon bureau… Bien sûr qu’il faut que ça ait l’air d’un cambriolage… OK, tu vois où est l’entreprise ?... Bien, alors c’est le bureau 100 au 1er étage, la fenêtre donne sur le parking… Euh sur le jardin… Non le jardin, pas le parking !... Oui, demain soir vers 21 heures par exemple… Non 21 heures… 21 heures !... OK et pour le tarif ?... Combien ?!... J’ai bien entendu là ce n’est pas la ligne qui déconne ?... Et bien ce n’est pas la crise pour tout le monde on dirait… Bon c’est d’accord, je compte sur toi… A plus tard. (Il raccroche). Et voilà c’est réglé.
PAUL : Attends, tu vas faire cambrioler ton bureau pour faire disparaître le dossier ?!
FRANCOIS : Mais oui réfléchis, ça règle tous nos problèmes ! On arrive lundi matin, j’arrive dans le bureau accompagnée de la Bertholet, toutes griffes dehors avec ses yeux de merlan frit prête à récupérer le dossier et là PAF ! On a été cambriolé ! Plus de dossier Chambot !
PAUL : Et tu crois que c’est ça qui va l’arrêter la Bertholet ? Tu ne la connais pas. Je ne la sens pas cette histoire, moi, je ne la sens vraiment pas !
FRANCOIS : Epargne-moi tes états d’âme veux-tu, parce que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour nous sortir d’affaire, contrairement à toi qui n’est pas fichu de me changer trois lignes de compta sur une facture !
PAUL : Je te rappelle quand même que c’est à cause de tes magouilles qu’on est dans ce sac de nœuds.
FRANCOIS : Et voilà des magouilles… Tout de suite les grands mots, moi j’appelle ça de l’optimisation fiscale.
PAUL : Bon je vais voir où en est Bertholet.
FRANCOIS : Excellente idée, ça m’évitera de t’entendre geindre !
PAUL sort par la porte.
SCENE 16
FRANCOIS est à son bureau, JULIE sort du placard.
JULIE : Ca y est je peux sortir ? J’étouffe moi là-dedans mon roudoudou !
FRANCOIS : Je l’avais complètement oubliée celle-là ! Tu ne peux pas rester ici mon amour, je t’assure il faut que tu t’en ailles, j’ai un tas de problèmes à régler.
JULIE : Oh mais tu me manques tellement mon choupinet…
FRANCOIS : Et puis arrête s’il te plait avec ces surnoms ridicules mon petit lapin en sucre.
JEROME arrive par la porte. FRANCOIS qui était dos à la porte se retourne précipitamment.
FRANCOIS : Ah ce n’est que toi, tu m’as fait peur !
JEROME : C’est qui ça ?
JULIE : Moi c’est Julie…
FRANCOIS : Bah bien sûr tu as raison, donne ton vrai prénom au premier venu… C’est Julie une… Une amie proche si tu vois ce que je veux dire.
JEROME : Une amie très proche si je vois bien ce que tu veux dire…
FRANCOIS : Oui c’est exactement ça, Julie voici Jérôme, mon frère, dont je t’ai parlé tout à l’heure.
JULIE : Enchantée.
CELINE arrive par la porte.
CELINE : Bonsoir Madame, je ne crois pas vous connaître, vous êtes ?
JULIE et FRANCOIS se regardent et hésitent quelques secondes.
JULIE : Françoise !
FRANCOIS : (En même temps) Stéphanie !
CELINE : Je ne comprends pas bien c’est Françoise ou Stéphanie ?
FRANCOIS : Stéphanie bien sûr ! Françoise… François, c’est moi François… Voilà François c’est moi et là c’est Stéphanie… La copine de Jérôme !
JULIE : (Elle saute au cou de Jérôme) Mon amour !
JEROME : (Blasé) Oh non…
CELINE : Mais je croyais qu’ils étaient séparés ?
FRANCOIS : Bah oui mais tu sais ce que c’est, l’amour ça va, ça vient…
CELINE : C’est marrant parce qu’ils ont l’air aussi surpris l’un que l’autre.
FRANCOIS : Non mais ça c’est parce qu’on a bu un peu de cognac pour fêter ça, donc on est tous un peu émus.
JULIE : Oui c’est ça ! (Elle prend un verre de cognac et en avale une bonne gorgée, elle se met à tousser).
FRANCOIS : Ah oui ça détartre !
CELINE : Eh bien je suis contente de voir que vous vous êtes réconciliés en tout cas. Et si on allait arroser ça tous ensemble !
FRANCOIS : Excellente idée, on pourrait aller manger un morceau parce que moi je meurs de faim.
JEROME : Je ne sais pas si…
CELINE : Taratata, ne faîtes pas la fine-bouche, on vous invite !
CELINE pousse à moitié JEROME et JULIE vers la porte, le téléphone fixe du bureau sonne.
FRANCOIS : Vous n’avez qu’à commencer à descendre, je vous rejoins dans cinq minutes.
CELINE : Ne traine pas trop mon chéri.
FRANCOIS : Mais non mon canard.
CELINE, JULIE et JEROME sortent par la porte.
SCENE 17
FRANCOIS décroche le téléphone.
FRANCOIS : Allo ?... Ah c’est vous mon petit Fabrice… Comment ?... Vous avez une certaine Stéphanie à l’accueil ?... Et elle cherche mon frère ?...Ohlalalala… Ecoutez Fabrice, faites là entrer tout de suite et vous l’amenez à mon bureau par l’escalier de service… Oui par l’escalier ne discutez pas, il ne faut absolument pas qu’elle croise ma femme ou mon frère qui sont en train de descendre… Bon écoutez je vous paye pour obéir, pas pour réfléchir, alors faites ce que je vous dis bon sang ! (Il raccroche). Quelle galère, mais quelle galère !
DAVID arrive par la porte.
DAVID : Tu parles tout seul ?
FRANCOIS : Mais qu’est-ce que tu fais encore à te promener partout toi ? Tu sais bien que la Bertholet ne doit pas te tomber dessus !
DAVID : T’es marrant, tu m’as collé avec Paul et elle le lâche pas d’une semelle.
FRANCOIS : Tâche de l’éviter en tout cas parce que j’ai suffisamment de problèmes comme ça ce soir.
FABRICE et STEPHANIE arrivent par la porte.
FABRICE : Mission accomplie Monsieur Lancel !
FRANCOIS : Formidable mon petit Fabrice, vous êtes un chef ! Vous devez être Stéphanie ?
STEPHANIE : Oui, bonsoir.
FRANCOIS : Et voici David, un de mes collaborateurs.
DAVID : Bonsoir.
FRANCOIS : C’est bon Fabrice vous pouvez disposer.
FABRICE : (Il se met au garde à vous). A vos ordres Monsieur Lancel !
FABRICE sort par la porte.
DAVID : Tu l’as recruté dans la légion celui-là ?
FRANCOIS : Je ne sais pas qui l’a recruté mais il fait un excellent boulot, c’est tout ce qui compte.
STEPHANIE : Jérôme n’est pas là ?
FRANCOIS : Si, si, il va arriver. Mais pourquoi vous êtes là, je croyais que vous vous étiez séparés ?
STEPHANIE : Oui, mais je suis venue m’excuser… J’aimerais pouvoir lui dire que j’ai eu tort et recoller les morceaux… Vous croyez que c’est encore possible ?
FRANCOIS : Mais bien sûr, bien sûr… Vous savez ce qui serait génial Stéphanie ?
STEPHANIE : Non quoi ?
FRANCOIS : C’est que vous vous cachiez dans ce placard.
STEPHANIE : Mais pourquoi ?
FRANCOIS : Pour lui faire une surprise bien sûr ! (Il commence à la pousser vers le placard). Vous surgissez du placard, vous criez « surprise ! », ça va le scotcher sur place.
STEPHANIE se met dans le placard, FRANCOIS ferme la porte et STEPHANIE la rouvre aussitôt.
STEPHANIE : Mais comment je saurai qu’il faut que je sorte ?
FRANCOIS : Ne vous inquiétez pas, je vous ferai un signe !
FRANCOIS referme la porte du placard mais STEPHANIE la rouvre de nouveau.
STEPHANIE : Mais c’est quoi le signe ?
FRANCOIS : Je frapperai trois grands coups sur la porte !
FRANCOIS referme la porte du placard mais STEPHANIE la rouvre de nouveau.
FRANCOIS : Mais quoi encore ?!
STEPHANIE : Je voulais vous remercier pour ce que vous faîtes Monsieur Lancel, vous êtes la bonté incarnée.
FRANCOIS : Mais y a pas de quoi mon petit.
FRANCOIS referme la porte du placard.
DAVID : Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de surprise ?
FRANCOIS : Ce serait trop long à t’expliquer, mais si mon frère ou pire ma femme, tombent sur elle, c’est plus une catastrophe, c’est la merde internationale !
JEROME arrive par la porte.
JEROME : Bon qu’est-ce que tu fais François ? On t’attend depuis tout à l’heure.
FRANCOIS : Oui c’est bon j’arrive ! Y pas le feu !
FRANCOIS va pour sortir par la porte suivi de DAVID.
FRANCOIS : Bertholet ! Vite David planque-toi il ne faut pas qu’elle te voie ici !
FRANCOIS tourne en rond pour chercher une cachette.
FRANCOIS : Dans le placard !
FRANCOIS ouvre le placard, JEROME aperçoit STEPHANIE, FRANCOIS qui se rend compte de son erreur referme.
FRANCOIS : Ah non c’est occupé !
JEROME : Mais c’est Stéphanie ?
FRANCOIS : Mais non c’est personne ! David, dans les toilettes, vite !
DAVID : Encore ?
FRANCOIS : Allez !
DAVID sort par les toilettes.
SCENE 18
BERTHOLET arrive par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel, j’ai quelques questions à vous poser.
FRANCOIS : Alors ça aurait été avec plaisir Mme Bertholet mais là vous tombez très mal parce que nous allions justement sortir dîner avec mon frère, n’est-ce pas Jérôme ?
JEROME : (Qui ne lâche pas le placard des yeux) Euh oui…
FRANCOIS : Est-ce que ça ne peut pas attendre lundi matin, parce qu’il est quand même déjà assez tard, je me demande d’ailleurs si c’est bien légal de faire travailler des fonctionnaires à cette heure-là moi.
BERTHOLET : Vous savez quand on aime son travail, on ne compte pas les heures. Très bien Monsieur Lancel, mais je compte sur vous pour être ici lundi à la première heure. Nous étudierons en détail le dossier Chambot.
FRANCOIS : Formidable, j’ai hâte d’y être !
BERTHOLET sort par la porte. JEROME commence à se diriger vers le placard.
JEROME : François, je t’assure que je suis certain d’avoir vu Stéphanie.
FRANCOIS : (Qui court se mettre devant le placard pour en bloquer l’accès, en se positionnant il frappe un coup sur la porte) Mais non, mais non tu divagues !
JEROME : Je t’assure… (Il tend la main vers le placard mais JEROME l’intercepte tout en redonnant un coup dans la porte).
FRANCOIS : Mais non, mais non c’est parce que tu es complètement obsédé par cette fille, tu as l’impression de la voir partout et c’est bien normal, crois-moi je suis déjà passé par là, je sais ce que c’est.
CELINE et JULIE arrivent par la porte.
CELINE : Mais qu’est-ce que vous faites ? Ça fait un quart d’heure qu’on vous attend en bas.
JULIE : C’est vrai ça, qu’est-ce qui vous retient si longtemps ?
FRANCOIS : Mais rien du tout, une simple histoire de placard.
Pour appuyer ses paroles FRANCOIS frappe un coup sur la porte du placard, STEPHANIE surgit du placard.
STEPHANIE : Surprise !
Tout le monde est surpris laissant un blanc de quelques secondes.
FRANCOIS : Mais qui vous a demandé de sortir vous ?!
STEPHANIE : Bah vous m’avez donné le signal.
FRANCOIS : Mais non je ne vous ai pas donné le signal !
STEPHANIE : (l’air désolé) Mais si… Vous… Vous avez frappé trois fois…
FRANCOIS : Ah oui mais non là, j’ai frappé mais ce n’était pas le signe. Ce n’est pas un signe ça (il refrappe sur le placard).
CELINE : François ?
FRANCOIS : Oui mon amour ?
CELINE : Pourrais-tu me dire, s’il te plait, qui est cette femme et ce qu’elle fait dans ton placard ?
JULIE : Oui j’aimerais bien savoir aussi !
STEPHANIE : Je suis Stéphanie, l’amie de Jérôme.
CELINE : Stéphanie tiens donc… Et alors François, est-ce que je pourrais savoir pourquoi est-ce qu’il y a dans cette pièce deux Stéphanie qui prétendent toutes les deux être la petite amie de Jérôme ?
FRANCOIS : Ah mais c’est une excellente question ça Céline ! Merci de l’avoir posée d’ailleurs… Mais ce serait plutôt à Jérôme de répondre à cette question. Alors Jérôme, pourquoi est-ce qu’il y a deux Stéphanie ici hein ?
JEROME : (Il commence à bégayer) Ah non, Mais… M… Mais… Mais y en a M… Ma… Marre… Je… Je…
STEPHANIE : Qu’est-ce qui t’arrives ?
JEROME : (toujours en bégayant) Mais c’est parce quand je m’énerve, je commence à bégayer et après quand je bégaye ça m’énerve alors je m’en sors pas.
CELINE : Bon on ne va pas y passer la nuit, c’est laquelle Stéphanie ?
JEROME désigne STEPHANIE.
CELINE : Et l’autre qui c’est ?
JULIE : Bon ça va, je suis Julie la maîtresse de François.
FRANCOIS : Ah non merde !
CELINE : Oh François ! Franchement mêler ton frère et cette pauvre Stéphanie à tes histoires sordides, vraiment tu me déçois.
JULIE : Et c’est tout ? Pas de scène de jalousie ? Pas de colère monstre ?
CELINE : Oh vous savez, si j’avais dû m’énerver à chaque fois que François avait été en voir une autre, je pense que je serai morte d’une crise de nerfs depuis bien longtemps.
JULIE : (A François) Ah bravo ! Et toi qui me disais que ta femme était une vraie mégère, un véritable tyran.
CELINE : Ah bon il vous a dit ça ?
JULIE : Mais oui.
CELINE : Et vous l’avez crue ? C’est touchant tant de naïveté. Ma pauvre fille, la première chose que l’on apprend en fréquentant François, c’est à ne rien prendre de ce qu’il dit comme argent comptant. En tout cas François, je te demanderais s’il te plait de ne pas raconter n’importe quoi à mon sujet.
SCENE 19
PAUL et BERTHOLET arrivent par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel, je croyais que vous sortiez dîner ?
FRANCOIS : Oui mais j’ai été un petit peu retardé.
CELINE : Bon et bien nous allons vous laisser travailler, allez dehors tout le monde.
Tous sortent par la porte sauf BERTHOLET, FRANCOIS et PAUL.
FRANCOIS : Bon qu’est-ce que vous voulez encore ?
PAUL : Madame Bertholet tient absolument à consulter la clôture de l’année dernière, qui est ici (Il va fouiller dans l’armoire des dossiers).
FRANCOIS : A ce propos Madame Bertholet, je voulais vous poser une question.
BERTHOLET : Oui ?
FRANCOIS : Comment se fait-il qu’on vous ait demandé de venir faire un contrôle fiscal dans mon entreprise et surtout pourquoi le dossier Chambot en particulier ?
BERTHOLET : Vous savez Monsieur Lancel, je ne fais qu’exécuter les ordres, mais mon ordre de mission était très bien renseigné, c’est sûrement quelqu’un qui vous a dénoncé. Sûrement même quelqu’un qui travaille ici.
PAUL : Bon j’ai le dossier.
BERTHOLET : Retournons-y alors.
BERTHOLET et PAUL vont pour sortir par la porte mais FRANCOIS arrête PAUL.
FRANCOIS : Attends Paul il faut que je te parle deux minutes.
BERTHOLET : C’est que nous avons beaucoup de travail Monsieur Lancel.
FRANCOIS : Ca ne sera pas long je vous le rends tout de suite après.
BERTHOLET prend le dossier des mains de PAUL.
BERTHOLET : (Très autoritaire) Je compte sur vous pour me rejoindre dans les plus brefs délais Monsieur Moreau, nous avons du pain sur la planche !
PAUL : Je fais au plus vite Madame Bertholet.
BERTHOLET sort par la porte.
SCENE 20
FRANCOIS : Formidable, vous avez l’air de très bien vous entendre.
PAUL : Oh arrête un peu tu veux, qu’est-ce que tu voulais me dire ?
FRANCOIS : Cette histoire de dénonciation là… Ça veut dire qu’il y a une taupe dans l’entreprise !
PAUL : Ah bon tu crois ?
FRANCOIS : Mais oui c’est évident, comment ils auraient pu savoir où chercher exactement sinon ?
PAUL : Et tu penses que c’est qui ?
FRANCOIS montre les toilettes à PAUL.
FRANCOIS : David !
PAUL : Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ?
FRANCOIS : Mais réfléchis, c’est lui qui était chargé de la campagne, il la connaissait dans les moindres détails, il était entièrement contre les fausses factures et je l’ai surpris caché dans les toilettes tout à l’heure, il devait fouiner dans mon bureau ! Il s’est planqué quand il a entendu du bruit.
PAUL : Et qu’est-ce qu’on va faire ?
FRANCOIS : On va le faire avouer ! Il va voir comment on traite ceux qui pactisent avec l’ennemi.
FRANCOIS prend le téléphone fixe et compose un numéro.
FRANCOIS : Ca ne fonctionne pas, ce n’est pas le 00 la sécu ?... Ah non Rambo ! (il recompose le numéro). Allo c’est vous mon petit Fabrice ?... Oui c’est Monsieur Lancel, dîtes-moi, vous vous y connaissez en techniques d’interrogatoire ?... Parfait, parfait, je vais avoir besoin de vos services pour faire parler un de mes collaborateurs, alors venez dans mon bureau immédiatement… Oui bien sûr ramenez du matériel si vous en avez. (Il raccroche).
PAUL : Attends tu es vraiment sûr de ce que tu fais là ?
FRANCOIS : Mais oui je suis sûr que notre ami Fabrice saura se montrer très persuasif.
PAUL : Ce n’est pas l’efficacité qui me fait peur, c’est la méthode.
FRANCOIS : Bon, voilà ce qu’on va faire, je fais sortir David des toilettes, toi tu te caches derrière la porte et quand il sort tu lui sautes dessus, tu le maîtrises, on le coince sur la chaise et on le cuisine.
PAUL : Et pourquoi c’est moi qui dois le maîtriser ?
FRANCOIS : Parce que c’est moi qui décide ! Bon vas-y prépare-toi.
PAUL se met derrière la porte.
FRANCOIS : C’est bon David tu peux sortir !
DAVID arrive par les toilettes.
DAVID : Ah ce n’est pas trop tôt !
PAUL saute sur le dos de David qui se met à crier, ils se déplacent comme ça dans toute la scène, au bout d’un moment FRANCOIS intervient et parvient à asseoir DAVID sur la chaise qu’il place à côté du bureau.
FRANCOIS : Ahah ! On te tient sale traître !
DAVID : Mais ça ne va pas bien ! Qu’est-ce qui vous prend ?
PAUL : On sait tout David, tu ferais bien de te mettre à table !
DAVID : Mais de quoi vous parlez ?
FRANCOIS : Ne fais pas l’innocent tu sais très bien de quoi on parle !
PAUL allume la lampe du bureau et lui met devant le visage.
PAUL : (Avec l’accent allemand) Nous avons les moyens de te faire parler !
FRANCOIS : Avoue !
DAVID : Mais qu’est-ce que vous voulez que j’avoue, je ne sais rien moi !
PAUL : Il a l’air sincère quand même.
FRANCOIS : Lui ? Sincère ?! Non mais regarde-le avec son regard sournois, son menton fuyant il a tout d’un collabo ! Je suis sûr que pendant la guerre ses grands-parents vendaient du beurre aux allemands !
DAVID : Je ne dirai rien !
FRANCOIS : Ah oui et bien c’est ce qu’on va voir.
SCENE 21
FABRICE arrive par la porte, il porte une batterie de voiture et des pinces crocodiles.
FABRICE : C’est bon Monsieur Lancel, j’ai tout ce qu’il faut. Où il est le prisonnier ?
PAUL : (Désignant la batterie) Mais c’est pour quoi faire ça ?
FABRICE : C’est très simple. On accroche les pinces sur la personne que l’on veut faire parler. De préférence à une zone sensible.
DAVID : (Qui commence à paniquer) Comment ça une zone sensible ?
FABRICE : En général on choisit les parties ! Et on allume le courant ! Résultats garantis !
DAVID : Mais c’est un malade !
FABRICE : Pour plus d’efficacité on peut même lui mettre les pieds dans une bassine d’eau.
DAVID : Ah non mais là je ne suis pas d’accord ! (Il se lève mais FRANCOIS le rassoit).
FRANCOIS : Alors parle !
DAVID : (Qui commence à paniquer) Non mais François tu ne peux pas me faire ça, c’est puni par la loi, tu sais.
FRANCOIS : Allez-y mon petit Fabrice !
FABRICE frotte les deux pinces l’une contre l’autre et s’approche de DAVID.
DAVID : (Qui commence à pleureur). D’accord ! D’accord ! Je vais tout avouer ! Ne le laissez pas s’approcher de moi.
FRANCOIS : Donc tu avoues ! Ecoutez merci mon petit Fabrice, vous avez été d’une efficacité redoutable ! Vous pouvez disposer.
FABRICE : Mais de rien Monsieur Lancel.
FABRICE sort par la porte.
DAVID : D’accord François, tu as gagné, j’avoue tout.
FRANCOIS : Donc c’était bien toi !
DAVID : Oui c’est vrai c’est moi ! C’est moi qui couche avec ta femme.
FRANCOIS et PAUL : Quoi ?
FRANCOIS : Comment ça tu couches avec ma femme ?
PAUL : Oui comment ça tu couches avec sa femme ?
DAVID : Bah oui, ce n’est pas ça que vous vouliez entendre ?
FRANCOIS : Mais pas du tout, on cherche celui qui a balancé au fisc le dossier Chambot !
DAVID : Ah non alors là je n’y suis pour rien !
FRANCOIS : C’est ça oui, tu couches avec ma femme et tu veux me faire croire que t’es innocent, je vais te faire cuire les grelots moi ! (Il commence à prendre les pinces crocodiles).
DAVID : Mais je te jure que ce n’est pas moi !
PAUL : Calme-toi François, il te dit que ce n’est pas lui, je pense qu’on a été assez persuasifs pour lui faire confiance. On pourrait au moins lui accorder le bénéfice du doute.
FRANCOIS : Oui… T’as peut-être raison, bon qu’est-ce qu’on fait alors ?
PAUL : On va voir Bertholet et on essaye de lui tirer les vers du nez, elle en sait peut-être plus que ce qu’elle veut bien nous dire.
FRANCOIS : Excellente idée, allons-y !
FRANCOIS et PAUL vont pour sortir par la porte, DAVID les suit mais FRANCOIS l’arrête.
FRANCOIS : Non, non, non. Toi tu ne bouges pas d’ici, il ne faut pas que la Bertholet te voie. Et puis il va falloir qu’on ait une petite explication tous les deux à propos de ma femme ! Et si quelqu’un arrive, tu te planques !
DAVID : Ah non j’en ai marre des chiottes !
FRANCOIS : Et bah planque-toi dans le placard !
FRANCOIS et PAUL sortent par la porte.
NOIR
ACTE III
SCENE 1
DAVID est assis au bureau et passe le temps comme il peut. CELINE arrive par la porte.
CELINE : Ah bah tu es encore là toi ?!
DAVID : Oui pourquoi ?
CELINE : Je viens de croiser François qui m’a fait une scène à propos de notre relation et il m’a dit qu’il l’avait appris de ta propre bouche. Qu’est-ce qui t’as pris d’aller lui raconter ça ?
DAVID : Ecoute je n’ai pas vraiment eu le choix…
CELINE : En tout cas, tu peux être sûr que ce n'est pas demain la veille qu’on repassera une semaine ensemble, c’est fini David !
DAVID : Hein mais comment ça ?
CELINE : Tu m’as parfaitement entendue, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.
DAVID : Mais enfin mamour…
CELINE : Y a plus de mamour !
DAVID : Mais tu disais encore hier que tu m’aimais, que je t’enivrais.
CELINE : Oui et bien aujourd’hui tu me saoules ! Tu es un lâche David. Va ! Je ne te hais point !
CELINE montre les toilettes du doigt, DAVID penaud sort par les toilettes.
Quelques instants après FABRICE arrive par la porte.
FABRICE : Monsieur Lancel, excusez-moi mais j’ai oublié mes outils. Oh pardon Madame Lancel ! Monsieur Lancel n’est pas là ?
CELINE : Non…
FABRICE : Vous êtes toute seule ?
CELINE : Oui…
Il y a un flottement de quelques secondes puis ils courent l’un vers l’autre et s’embrasse fougueusement.
CELINE : Oh mon Fabrice ! Tu m’as manqué !
FABRICE : Toi aussi ma Céline.
CELINE : Serre-moi dans tes bras et dis-moi des mots d’amour !
FABRICE : je serai ton Rocky et tu seras mon Adrienne !
CELINE : Oh tu sais parler aux femmes toi !
SCENE 2
FRANCOIS arrive par la porte
FRANCOIS : Céline ! Fabrice !
CELINE et FABRICE se séparent FABRICE est très mal à l’aise, CELINE est plutôt blasée.
FABRICE : Monsieur Lancel, on peut tout vous expliquer…
FRANCOIS : Expliquer quoi ?! Vous n’étiez pas en train d’embrasser ma femme peut-être ?
FABRICE : Non mais c’est…
CELINE : Laisse tomber Fabrice, on ne va pas commencer à inventer une histoire à dormir debout, je crois qu’il a compris…
FABRICE : De toute façon c’est comme vous Monsieur Lancel, vous couchez avec la femme de ménage !
CELINE : Quoi la femme de ménage ?!
FRANCOIS : Ah non pas la femme de ménage !
FABRICE : Oh je vous ai surpris pas plus tard que tout à l’heure.
FRANCOIS : Ah non, non, non, ça c’était un malentendu.
FABRICE : Et vous ne couchez pas non plus avec votre assistante peut-être ?
FRANCOIS : Non… Ah si, mon assistante… Oui ça c’est vrai.
CELINE : Ton assistante ? Mais ce n’est pas vrai, c’est moi qui l’ai embauchée. J’ai fait exprès de prendre la plus incompétente parce que je sais que tu as horreur de ça !
FRANCOIS : Bah écoute, tu l’as parfaitement bien choisie parce qu’elle est archi nulle ! Heureusement qu’on a rapidement trouvé un autre terrain d’entente…
CELINE : Ton assistante… Et après tu veux me reprocher de coucher avec ton chef de la sécurité !
FRANCOIS : Céline franchement ! Je pouvais comprendre avec David, y avait un certain niveau, mais là… Toi qui dis aimer la culture…
FABRICE : Oh ! Je suis très culturé moi hein ! Si ! Même que je fais du culturisme alors…
CELINE : Oui mais c’est son côté romantique qui m’a tout de suite plu chez lui.
FRANCOIS : Romantique ? Ah oui en deux mots : Rome Antique ! Bon vous, je vous interdis de coucher avec ma femme c’est bien compris ?!
FRANCOIS se plante juste devant FABRICE menaçant dans un premier temps, puis FABRICE le toise et le regarde méchamment, une certaine tension s’installe pendant quelques secondes.
FABRICE : (Il baisse la tête, penaud) Je suis vraiment désolé Monsieur Lancel… Je vous jure, je recommencerai plus… Vous n’allez pas me renvoyer hein ?
FRANCOIS : Mais non, mais non… Ça ira pour cette fois.
FABRICE : Merci, vraiment merci Monsieur Lancel !
FABRICE sort par la porte.
SCENE 3
CELINE : Bon et alors tu en es où avec ton contrôleur fiscal.
FRANCOIS : Au point mort ! Impossible de lui faire lâcher quoi que ce soit. On a tout essayé avec Paulo.
CELINE : Tu devrais essayer de lui faire du charme.
FRANCOIS : Je te demande pardon ?
CELINE : C’est une de tes spécialités visiblement, tu devrais tenter ta chance.
FRANCOIS : Dis-donc, je te trouve bien mal placée pour me faire la morale à ce sujet hein. Et puis il est absolument hors de question que fasse du gringue à cette vieille coincée de Bertholet !
CELINE : Et bien demande à Paul de s’en charger alors.
FRANCOIS : Paulo ? Tu es sérieuse là ?
CELINE : Oui pourquoi ?
FRANCOIS : Non mais tu as vu sa dégaine ? Avec son chandail et ses lunettes rondes là, on dirait Harry Potter. Non, non, si il est encore célibataire à son âge c’est parce que même les vieilles biques comme la Bertholet n’en veulent pas !
CELINE : Et bien demande à Jérôme alors.
FRANCOIS : Mais c’est une très bonne idée ça, Jérôme… Avec son petit côté maladroit et son air de cocker dépressif, ça va réveiller ses instincts maternels à la Bertholet ! Il suffira juste que tu le briefes un petit peu. Pendant ce temps-là, moi je vais m’occuper de sa Stéphanie. En tout bien tout honneur bien sûr, c’est uniquement pour faire diversion.
CELINE : Hors de question mon chéri, TU briefes ton frère et JE m’occupe de Stéphanie d’accord ?
FRANCOIS : (Déçu) Comme tu voudras mon petit lapin. (Il prend son téléphone portable). Allo Jérôme ?... Oui, est-ce que tu pourrais passer dans mon bureau s’il te plait ?... Non j’ai quelque chose d’extrêmement important à te dire… Merci, à tout de suite (il raccroche) Bon il arrive, plus qu’à espérer que ça fonctionne.
CELINE : Mais bien sûr que ça va fonctionner, fais confiance à mon instinct féminin.
FRANCOIS : Oui bah il va peut-être falloir y aller mollo avec l’instinct féminin hein…
JEROME et STEPHANIE arrivent par la porte.
JEROME : Bon alors qu’est-ce que tu as de si important à me dire ?
FRANCOIS : Alors je ne voudrais pas paraître grossier, mais je préfèrerais te parler en privé.
JEROME : Ah non mais on s’est réconciliés avec Stéphanie, tu peux en parler devant elle.
FRANCOIS : Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée Jérôme, c’est une affaire disons… familiale…
STEPHANIE : Oh vous savez, je suis quasiment de la famille maintenant.
CELINE : Ecoutez Stéphanie, le mieux est que nous les laissions, vous savez ce que c’est… Des affaires d’homme. Mais je ne vous ai pas fait visiter les locaux, ça vous dirait ? (Elle l’entraine dehors par la porte).
STEPHANIE : Euh bah… Euh oui… Pourquoi pas…
CELINE et STEPHANIE sortent par la porte.
SCENE 4
JEROME : Mais qu’est-ce que c’est encore que cette histoire François ?
FRANCOIS : Jérôme, toi, mon ami… Mon frère…
JEROME : Ca commence mal…
FRANCOIS : J’ai grandement besoin de ton aide.
JEROME : Je n’aime pas du tout ça François, j’ai l’impression que tu vas essayer de m’imbriquer dans un de tes coups tordus.
FRANCOIS : Mais non, mais non, pas du tout. Ecoute-moi au moins.
JEROME : Bon d’accord mais je ne te promets rien hein ?
FRANCOIS : OK, OK… Bon tu sais que je suis actuellement la pauvre victime d’un contrôle fiscal ?
JEROME : Oui… Vaguement…
FRANCOIS : Bien… Tu sais également que ce contrôleur fiscal est une femme, Mme Bertholet, et qu’elle est actuellement dans les locaux ?
JEROME : Oui…
FRANCOIS : Bien, donc c’est très simple, il faut qu’on arrive à se la mettre dans la poche et pour ça j’aurais besoin que tu utilises ton charme naturel.
JEROME : J’ai peur de ne pas bien saisir là…
FRANCOIS : Il faudrait que tu la séduises, comme ça on obtiendrait tout ce qu’on veut, tu saisis ?
JEROME : Dis plutôt que c’est toi qui obtiendrait tout ce que tu veux ! Non François, je suis désolé mais je n’ai pas envie, tu n’as qu’à le faire toi-même.
FRANCOIS : Mais ce n’est pas possible, elle ne peut pas me voir en peinture !
JEROME : Oui b… Ba… Bah… Bah tant pis !
FRANCOIS : Tu sais Jérôme, ça m’embêterait vraiment de devoir dire à Stéphanie, alors que vous venez tout juste de vous remettre ensemble, que Julie est en fait ta maîtresse et qu’elle a inventé sa relation avec moi uniquement pour te couvrir !
JEROME : Ah non tu ne ferais pas ça quand même ? François je suis ton frère !
FRANCOIS : Bien sûr tu es mon frère. Et c’est pour ça que ça me fendrait le cœur de devoir en arriver à de telles extrémités ! Je ne sais pas si je parviendrais à m’en remettre !
JEROME : T’es vraiment prêt à tout hein ? Bon d’accord je vais le faire…
FRANCOIS : Ah merci pour ton aide désintéressée Jérôme, je savais que je pouvais compter sur toi !
JEROME : De rien…
FRANCOIS : Bon écoute je vais appeler la Bertholet, toi tu l’attends ici et tu lui sors ton grand jeu. Alors surtout tu y vas en finesse hein ? Pas avec tes gros sabots, joue-la nous plutôt genre serial lover, parce qu’elle ne m’a pas l’air d’être très « open » si tu vois ce que je veux dire. (Il va décrocher le téléphone fixe). Allo Paul ? … Oui, est-ce que tu peux dire à Bertholet que je voudrais la voir dans mon bureau ?... Merci laisse-la venir toute seule j’ai un plan génial, je te raconterai. (Il raccroche). Bon je compte sur toi Jérôme.
JEROME : Ça va, ça va, j’ai compris !
FRANCOIS sort par la porte.
SCENE 5
JEROME : Ohlala, qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire moi au contrôleur fiscal. J’en ai aucune idée moi… Qu’est-ce qu’on dit à un contrôleur fiscal… Ah oui le rire, il faut que je la fasse rire… Ah ah ah, la fasse rire…
BERTHOLET arrive par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel n’est pas là ?
JEROME : Il… il vient de sortir.
BERTHOLET : Allons bon, il vient de me demander de passer le voir, c’est un comble quand même ! Comme si je n’avais que ça à faire !
JEROME : (Très mal à l’aise) Bonjour, moi c… c’est…
BERTHOLET : Le frère de Monsieur Lancel c’est cela ? C'est Jérôme je crois.
JEROME : Oui, J… Jérôme c’est moi… je n’ai pas changé…
BERTHOLET : Bon j’ai horreur que l’on me fasse perdre mon temps. Vous direz à Monsieur Lancel que ces petits jeux ne m’amusent pas !
JEROME : Non mais attendez ! Il va bientôt revenir il m’a dit qu’il en avait pour 30 secondes.
CELINE arrive par la porte. BERTHOLET et JEROME ne la voient pas.
BERTHOLET : Bien je vais patienter quelques secondes…
JEROME : Vous êtes euh… Enfin je veux dire vous…
BERTHOLET : (Très sèche) Oui ?
JEROME : Vous êtes vraiment euh… Vous êtes vraiment contrôleur fiscal ?
BERTHOLET : Bien sûr, quelle question !
JEROME : Et c’est… C’est bien ?
BERTHOLET : Quand on ne me fait pas perdre mon temps oui !
JEROME : Ça me rappelle une blague, c’est un… Un contrôleur fiscal qui va au ski, il fait une chute alors il va à l’hôpital et là… Sacré facture… Fracture… Aha… Elle est bonne hein…
BERTHOLET : Bon écoutez, je n’ai pas de temps à perdre vous n’aurez qu’à dire à M. Lancel que s’il veut me voir il n’a qu’à se déplacer !
BERTHOLET sort par la porte.
SCENE 6
CELINE : Mon pauvre Jérôme, tu ne sais vraiment pas t’y prendre avec les femmes !
JEROME : Bah tu crois que c’est facile toi ? Je ne la connais même pas.
CELINE : Et alors peu importe, il faut que tu sois plus sûr de toi, on va arranger un peu ton look déjà (elle s’approche de lui et déboutonne le col de sa chemise).
JEROME : Tu es sûre ?
CELINE : (S’approchant de plus en plus de lui) Mais oui, fais-moi confiance. Tu vois Jérôme pour séduire une femme, il faut que tu sois un conquérant !
JEROME : Un conquérant ?
CELINE : Oui, fais ressortir ton côté male.
JEROME : Mon côté male…
CELINE : (Très entreprenante) Oui ton instinct animal… Grrr … Sors lui le grand jeu.
JEROME : Le... Le grand jeu.
CELINE : (Se rapprochant encore de lui) Fais là rêver… Grand fou ! (Elle le repousse) Bon arrête Jérôme, parce que sinon ça va mal finir. Cache-toi ici, je te la ramène et surtout ne change rien ! Rappelle-toi le côté animal ! (Elle pousse Jérôme dans les toilettes) J’ai un coup de chaud moi !
DAVID sort des toilettes.
DAVID : Bon et moi alors, je ne vais pas passer ma soirée dans les toilettes !
CELINE : (Elle prend le téléphone du bureau) Allo Paul ? Est-ce que tu peux dire à Mme Bertholet de venir dans le bureau de François s’il te plait ? Merci.
DAVID : Je fais quoi moi ?
CELINE : Fais ce que tu veux, je m’en contrefiche.
DAVID : Bon je rentre chez moi !
DAVID va pour sortir par la porte, puis fais demi-tour.
DAVID : Bertholet !
CELINE : Toilettes !
DAVID : Mais il y a déjà quelqu’un !
CELINE : Dans le placard alors, ouste !
DAVID se met dans le placard.
SCENE 7
BERTHOLET arrive par la porte.
BERTHOLET : Mme Lancel, votre mari n’est pas là ?
CELINE : Non, mais je vais vous le chercher de ce pas.
BERTHOLET : Il m’a déjà fait déplacer pour rien tout à l’heure, ses petits jeux commencent sérieusement à m’agacer.
CELINE : Si vous voulez bien patienter quelques petites secondes.
BERTHOLET : Je ne fais que ça patienter, vous serez priée de lui dire que je n’ai pas que ça à faire !
CELINE sort par la porte. Soudain JEROME sort en trombe des toilettes, il est en slip kangourou et complètement déchaîné.
JEROME : Te voilà Bertholet !
BERTHOLET : Comment ?
JEROME : Tu vas découvrir mon côté male Bertholet !
BERTHOLET : Mais… Mais…
JEROME : Mon côté animal grrr !
BERTHOLET : Mais vous êtes fou ?
JEROME : Fou ? Oui je suis fou, je suis fou de toi ! Je vais te faire rêver grande folle !!
BERTHOLET : Mais qu’est-ce qui vous prend ?
JEROME : Je vais te faire grimper au rideau Bertho !!
Stéphanie arrive par la porte
STEPHANIE : Jérôme ?
JEROME : (Qui s’arrête net) Oh Stéphanie je…
STEPHANIE : Mais quelle horreur !! Comment as-tu pu…
JEROME : Non mais attends, je vais tout t’expliquer !
STEPHANIE : Oh mais y a rien à expliquer, j’ai très bien compris !!
STEPHANIE sort par la porte, JEROME la suit en courant
JEROME : Non mais attends, ce n’est pas ce que tu crois !!
JEROME sort par la porte.
SCENE 8
MARIE arrive par la porte quelques secondes après.
MARIE : Monsieur Lancel, c’est normal que votre frère court en slip après une dame dans les couloirs ? (Voyant BERTHOLET) Pardon Madame, Monsieur Lancel n’est pas là ?
BERTHOLET : Non et j’aimerais bien savoir où il est…
MARIE : Je vais enfin pouvoir terminer mon ménage. (Elle commence à nettoyer). En tout cas, on dirait que c’est de famille de se promener en slip au bureau.
BERTHOLET : Comment ça ?
MARIE : Et bien pas plus tard que tout à l’heure, juste avant que vous n’arriviez c’est Monsieur LANCEL qui se promenait en sous-vêtement.
BERTHOLET : Et ça ne vous choque pas plus que ça ?
MARIE : Oh non, moi vous savez, ça va faire dix ans que je travaille ici, alors j’en ai vu ! Les coucheries à droite à gauche après la fermeture, c’est monnaie courante. Je peux vous dire que la nuit, il s’en passe de drôle ici !
BERTHOLET : De drôles ?
MARIE : Oh oui vous savez Monsieur et Madame Lancel, ils forment un sacré duo et vas-y que je te trompe par ci, que je te trompe par là.
BERTHOLET : Ah vraiment ?
MARIE : Ils feraient partie de clubs échangistes ou sado-maso ces deux-là que ça ne m’étonnerait pas hein. Bon ce n’est pas tout ça, mais ça y est moi j’ai terminé, je vais pouvoir rentrer chez moi. Ah je voulais vous poser une question...
BERTHOLET : Oui ?
MARIE : C’est bien payé vos soirées là ?
BERTHOLET : Comment ça ?
MARIE : Bah oui les soirées de Monsieur et Madame Lancel, vous touchez combien ? Non parce que vu que je suis souvent là tard le soir, peut-être que je pourrais faire quelques extras.
BERTHOLET : Mais enfin ça ne va pas… Mais pas du tout je… Je ne suis pas du tout là pour ce genre de choses, je…
MARIE : Oh ça va… Je comprends que vous ne vouliez pas en parler, je demanderai directement à Monsieur Lancel. Bonne soirée.
MARIE sort par la porte.
NOIR
ACTE IV
SCENE 1
FRANCOIS, DAVID et CELINE sont dans le bureau
DAVID : Bon je ne compte pas dormir ici moi.
FRANCOIS : Oui et bien tant que la Bertholet est dans les parages, tu ne quittes pas ce bureau.
CELINE : Et avec Jérôme alors ?
FRANCOIS : Ça n’a rien donné.
DAVID : Qu’est-ce que Jérôme a à voir là-dedans ?
FRANCOIS : J’ai eu une idée géniale vois-tu, j’ai envoyé Jérôme séduire Bertholet pour qu’on l’ait dans la poche. Malheureusement, elle est restée complètement insensible à ses charmes.
DAVID : Attends, t’as envoyé ton frère pour draguer ton contrôleur fiscal ?
FRANCOIS : Exactement !
DAVID : Oh le plan pourri !
FRANCOIS : Oui bah ça va, on se passe de tes commentaires.
DAVID : Peut-être qu’elle aime les femmes qui sait.
FRANCOIS : Mais ne dis pas n’importe quoi.
CELINE : (Qui surveillait la porte) Non mais attends il a peut-être raison. Attention, revoilà Mme Bertholet, cache-toi David !
DAVID : (Qui commence à paniquer) Mais où ? Dans le placard ou dans les toilettes ?
FRANCOIS : Mais on s’en fout, où tu veux ! Vite !
DAVID n’arrive pas à prendre de décision et reste planté au milieu de la pièce en pleine hésitation, FRANCOIS l’attrape et le pousse sans ménagement dans les toilettes.
FRANCOIS : Allez ouste !
SCENE 2
BERTHOLET arrive par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel ?!
FRANCOIS : Oui !
BERTHOLET : Savez-vous où se trouve Monsieur Moreau ? Cela va maintenant faire un quart d’heure qu’il est introuvable. Je vous rappelle que j’ai besoin de lui pour avancer sur le dossier.
FRANCOIS : Mais je n’en sais rien moi, je ne suis pas sa nourrice !
BERTHOLET : Sur un autre ton je vous prie. Je vous rappelle que vous avez l’obligation légale de…
FRANCOIS : Oui bon ça va j’ai compris, je vais l’appeler, inutile de vous énerver.
FRANCOIS téléphone avec son portable.
FRANCOIS : C’est la messagerie. Je vais aller le chercher, il ne doit pas être bien loin.
BERTHOLET : Très bien, je compte sur vous pour revenir très rapidement Monsieur Lancel.
FRANCOIS : Et vous pouvez compter sur moi.
FRANCOIS sort par la porte.
CELINE : Alors Madame Bertholet, comment ça se passe ?
BERTHOLET : Mal, j’ai la désagréable impression que l’on cherche à m’empêcher de faire mon travail correctement. Il est évident que tout ceci sera consigné dans mon rapport.
CELINE : Je comprends oui… J’ai appris ce qui s’était passé avec Jérôme, le frère de François…
BERTHOLET : Ceci aussi sera signalé, ce sont des comportements totalement inadmissibles !
CELINE : Je comprends tout à fait… Quel goujat. Mais vous savez Madame Bertholet, les hommes sont des rustres.
BERTHOLET : Exactement !
CELINE : (Qui commence à se rapprocher de BERTHOLET) Ils n’ont aucune sensibilité… Ils ne peuvent pas nous comprendre.
BERTHOLET : Vous êtes dans le juste.
CELINE : (Qui devient de plus en plus entreprenante) Nous les femmes nous avons besoin d’attention… De tendresse…
BERTHOLET : (Qui s’éloigne de CELINE en hurlant) Mais vous êtes complètement malades dans cette entreprise !
SCENE 3
FRANCOIS et PAUL arrivent en trombe par la porte
FRANCOIS : Qu’est-ce qui se passe ?!
BERTHOLET : (Hors d’elle) Il se passe, Monsieur Lancel, qu’après votre frère, c’est votre femme qui me fait des avances ! Je vais vous faire arrêter pour corruption de fonctionnaire moi !
FRANCOIS : Franchement Céline ! Pas avec elle quand même ?
CELINE : Oui et bien excuse-moi de vouloir essayer de régler tes problèmes.
FRANCOIS : Déjà David et Fabrice…
PAUL : Comment Céline avec Fabrice ?
FRANCOIS : Oui !
PAUL : En plus de David ?
FRANCOIS : Oui !
PAUL : Mais enfin Céline tu m’avais juré qu’il n’y avait que moi dans ta vie ?
CELINE : Et bien je t’ai menti Paul…
FRANCOIS : De quoi ?! Toi avec Paul ?! Ah non, pas Paulo quand même ?
CELINE : C’est son petit côté intello qui me fait craquer.
FRANCOIS : C’est carrément la soupe populaire là ! L’Emmaüs du plumard !
CELINE : Et toi alors avec Julie, ton assistante, la femme de ménage…
FRANCOIS : Ah non ! Pas encore la femme de ménage !
BERTHOLET : Mais j’ai compris ! La société d’évènementiel n’est qu’une couverture. Pour blanchir l’argent. En fait c’est un lupanar ici !
FRANCOIS : Mais qu’est-ce que vous allez vous imaginer enfin ?
BERTHOLET : Nous allons reprendre tous les dossiers depuis le début, croyez-moi vous n’allez pas vous en tirer comme ça. Je vais vous faire arrêter pour proxénétisme aggravé moi !
FRANCOIS : Mais non !
CELINE : Ça ne va pas bien vous !
PAUL : Moi je n’y suis pour rien !
Tous sortent dans un brouhaha en criant.
SCENE 4
DAVID sort des toilettes il vérifie que personne n’arrive par la porte puis ouvre la fenêtre, il va pour l’enjamber puis voyant LE CAMBRIOLEUR s’arrête immédiatement et va se cacher dans le placard. LE CAMBRIOLEUR entre dans le bureau, il cherche quelques secondes puis trouve le coffre et s’en approche. CELINE et FRANCOIS arrivent par la porte, LE CAMBRIOLEUR surpris s’arrête net.
FRANCOIS : Franchement tu nous as mis dans de beaux draps.
CELINE : Désolée de vouloir t’aider.
FRANCOIS : (Voyant le cambrioleur) Bon qui c’est encore celui-là Céline ?!
CELINE : Mais comment veux-tu que je le sache ?
FRANCOIS : Parce que tu as quand même l’air d’être la grande spécialiste des hommes de cette entreprise !
CELINE : Non mais c’est toi le champion pour inventer des fausses identités, tu veux qu’on reparle de ta Julie ? Tu passes ton temps à mentir à tout le monde.
FRANCOIS : Ça y est ! Ça va être de ma faute maintenant. Et bien allons-y alors, c’est… je ne sais pas moi… Le mari de… De…
CELINE : De Madame Bertholet ?
FRANCOIS : Et bah voilà c’est parfait ça, le mari de Bertholet.
BERTHOLET arrive par la porte.
BERTHOLET : Monsieur Lancel, j’ai besoin de… (Voyant LE CAMBRIOLEUR) Qui est cette personne je vous prie ?
CELINE et FRANCOIS : Votre mari !
BERTHOLET : (Criant) Je ne suis pas mariée ! Arrêtez de raconter n’importe quoi et suivez-moi j’ai des questions !
FRANCOIS : (Criant à son tour) Oui bah ça va, j’arrive !
CELINE : (Criant également) Moi aussi je viens !
BERTHOLET, CELINE et FRANCOIS sortent par la porte. LE CAMBRIOLEUR surpris de ne pas avoir été arrêté, se remet à l’ouverture du coffre, il force la porte et en sort le dossier Chambot. FABRICE arrive à ce moment-là, un pistolet à la main.
SCENE 5
FABRICE : On ne bouge plus ! Alors tu croyais que je ne te verrais pas avec toutes les caméras de surveillance que j’ai fait installer ? Je vois tout moi ici… J’entends tout… Une mouche qui pète, je la repère ! (Il appelle par la porte) Monsieur Lancel ! Monsieur Lancel vite !
FRANCOIS arrive par la porte.
FRANCOIS : Qu’est-ce qu’il se passe ?
FABRICE : J’ai arrêté un cambrioleur Monsieur Lancel, il a forcé votre coffre et volé ce dossier : dossier Chambot. (Il le tend à François).
FRANCOIS : Ah oui mais non… Je vais vous expliquer mon petit Fabrice.
BERTHOLET arrive par la porte suivie de CELINE.
BERTHOLET : Monsieur Lancel ! Nous n’avons pas terminé !
FRANCOIS : (Hurlant à son tour) Mais vous avez fini de hurler vous à la fin ! Vous ne pouvez pas parler normalement comme tout le monde ? Est-ce que je hurle moi ? Non, alors !
BERTHOLET : (Voyant le dossier Chambot dans les mains de François) Qu’est-ce que vous faites avec ce dossier ? Il ne devait pas bouger de votre coffre.
FRANCOIS : Et bien figurez-vous que nous avons été les victimes d’un odieux cambriolage, perpétré par cet individu sans scrupules. Et sans l’intervention inopinée de Fabrice, notre excellent chef de la sécurité, le dossier Chambot allait être volé.
BERTHOLET : Allons bon un cambriolage maintenant ! Et comme par hasard c’est le dossier compromettant qui en est la cible…
FRANCOIS : Le hasard que voulez-vous…
FABRICE : Monsieur Lancel, je devrais peut-être fouiller le bureau pour être sûr que le voleur n’a pas de complice.
FRANCOIS : Faites mon bon Fabrice.
FABRICE : Je vais commencer par les toilettes.
FRANCOIS : Oui allez-y excellente idée.
FABRICE commence à ouvrir la porte des toilettes mais CELINE la referme violemment et s’interpose.
CELINE : Non pas les toilettes !
FABRICE et BERTHOLET : Pourquoi pas les toilettes ?
FRANCOIS : Oui c’est vrai ça ma chérie, pourquoi Fabrice ne peut pas aller fouiller les toilettes ?
CELINE : Et bien parce que tu sais très bien mon chéri, qu’il n’y a absolument personne dans les toilettes. Aussi ça ne sert à rien que Fabrice aille fouiller puisqu’il n’y a personne dans les toilettes.
FRANCOIS : Ah oui bien sûr ! Tu as tout à fait raison. Inutile d’aller fouiller Fabrice il n’y a absolument personne dans ces toilettes.
BERTHOLET : Mais comment vous pouvez en être sûr ?
FRANCOIS : Parce que je le sais c’est tout ! Ce sont vos toilettes où ce sont les miennes ? Je suis quand même le mieux placé pour savoir qu’il n’y a personne dans mes toilettes non ?
FABRICE : Bon je fouille le placard alors.
FRANCOIS : Oui, oui, allez-y…
FABRICE ouvre le placard et y trouve DAVID.
FABRICE : Aha ! Je te tiens !
FRANCOIS : Mais il tient qui ?
FABRICE tire DAVID hors du placard.
FABRICE : Oh Monsieur Leroy qu’est-ce que vous faites ici ?
BERTHOLET : Monsieur Leroy ?!
FRANCOIS : Mais ce n’est pas possible ça ! Qu’est-ce que tu fous dans le placard ?!
DAVID : Mais c’est toi qui m’a dit que je pouvais…
FRANCOIS : Non ! Non ! Non ! Non ! Tu ne peux pas être dans le placard !
DAVID : Ah bon pourquoi ?
FRANCOIS : Parce qu’un trou du cul comme toi, sa place c’est dans les chiottes !
CELINE : François je t’en prie, tu es d’une vulgarité… Et puis calme toi tu vas finir par nous faire une crise d’apoplexie.
FRANCOIS : Mais comment veux-tu que je reste calme avec un abruti pareil. David Leroy, le roi des cons oui !
BERTHOLET : Monsieur Lancel ! Vous m’aviez assuré que Monsieur Leroy n’était pas dans l’établissement !
FRANCOIS : Oui bah je vous ai aussi dit que j’étais ravi de vous voir, faut pas tout prendre au pied de la lettre non plus.
BERTHOLET : Monsieur Leroy je vais vous demander de me suivre, j’ai quelques questions concernant le dossier Chambot. Vous aussi Monsieur Lancel.
FRANCOIS : Non, nous ne vous suivrons pas !
DAVID : Parfaitement, nous ne vous suivrons pas !
BERTHOLET : Et bien nous allons appeler la police et vous répondrez aux questions en garde à vue au commissariat !
FRANCOIS : Peu importe vos menaces, nous ne vous suivrons pas !
DAVID : Moi je vous suis Madame Bertholet !
FRANCOIS : Et bien moi je vous suis aussi !
FABRICE : Bon je vais le livrer le cambrioleur à la police et renforcer la sécurité.
Tous sortent par la porte.
NOIR
ACTE V
SCENE 1
CELINE est seule dans le bureau, SOPHIE arrive par la porte.
SOPHIE : Bonsoir, François n’est pas là ?
CELINE : Bonsoir, non il est occupé, vous êtes ?
SOPHIE : Vous ne me reconnaissez pas ?
CELINE : Non pourquoi je devrais ?
SOPHIE : Mon visage ne vous dit vraiment rien ? Je suis Sophie Chambot.
CELINE : Ah mais oui bien sûr.
SOPHIE : Ca y est, ça vous revient.
CELINE : Excusez-moi je suis vraiment désolée.
SOPHIE : Il n’y a pas de mal.
CELINE : Vous êtes la cousine Sophie, la fille de tata Renée.
SOPHIE : Absolument pas.
CELINE : Comment ça ?
SOPHIE : Je suis Sophie Chambot, la députée-maire de votre ville.
CELINE : Au temps pour moi, vous savez je m’intéresse très peu à l’actualité.
FRANCOIS arrive par la porte.
FRANCOIS : Céline, mon amour, est-ce que… (Voyant Sophie) Sophie ?! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?!
SOPHIE : Je voulais te faire une surprise François.
FRANCOIS : Oui alors il va falloir arrêter avec les surprises ce soir. Bon Céline… Je te présente… Sophie… Sophie ma… Ma cousine Sophie, tu sais la fille de tata Renée dont je te parlais tout à l’heure.
CELINE : Ne te fatigue pas François, Sophie s’est déjà présentée… Et entre nous tu pourrais laisser la pauvre tata Renée en dehors de tes histoires.
FRANCOIS : Alors comme ça tu lui a déjà tout dit. C’est formidable, mes maîtresses viennent directement se présenter à ma femme maintenant. Remarque comme ça on gagne du temps.
CELINE : (Plus du tout étonnée) Ah parce qu’en plus vous…
SOPHIE : Oui, ça nous arrive.
CELINE : Je vous souhaite bien du courage.
SOPHIE : Je vous remercie.
FRANCOIS : Bon quand vous aurez fini de prendre le thé on pourra peut-être passer aux problèmes sérieux.
SCENE 2
FABRICE arrive par la porte, il est en treillis avec un bandeau rouge sur la tête et a son arme à la main.
FABRICE : Le périmètre est sécurisé !
SOPHIE : Qu’est-ce qu’il se passe ici, c’est le débarquement ou quoi ?
FABRICE : J’ai appelé les collègues en renforts, ils ont cerné le bâtiment. J’ai donné ordre de tirer à vue sur toute personne sortant de l’immeuble, si les complices du cambrioleur tentent de s’enfuir, ils sont cuits. Alors, rassuré Monsieur Lancel ?
FRANCOIS : Ah bah oui, étant donné qu’on est tous à l’intérieur et qu’il est à peu près l’heure de se barrer, je suis complètement rassuré !
BERTHOLET arrive par la porte elle à la jambe en sang et a énormément de mal à marcher.
BERTHOLET : Monsieur Lancel !
FRANCOIS : Mais qu’est-ce qu’il y a encore ?
BERTHOLET : Ma jambe !
CELINE : Mais vous saignez ! Vite asseyez-vous là.
CELINE tire la chaise du bureau pour asseoir Bertholet.
CELINE : François, va me chercher une serviette dans les toilettes ; Sophie, occupez-vous d’elle.
FRANCOIS part chercher une serviette dans les toilettes, il la donne ensuite à Céline qui passe devant BERTHOLET et essuie le sol.
FRANCOIS : Mais qu’est-ce que tu fais ?
CELINE : J’éponge ! Avec le sang elle va nous saloper tout le parquet.
FRANCOIS : Mais qu’est-ce qu’il vous est arrivé ?
BERTHOLET : Je me suis faîte agresser par un chien enragé, une bête sanguinaire !
FRANCOIS : Mais c’est impossible voyons, il n’y a pas de chien ici.
FABRICE : Ah ça, ça doit être Sylvester.
SOPHIE : Sylvester ?
FABRICE : Mon dogue allemand, je l’ai mis à patrouiller dans les couloirs à cause des cambrioleurs.
FRANCOIS : Mais enfin ce n’est pas un cambrioleur, c’est le contrôleur fiscal !
FABRICE : Bah oui mais Sylvester il ne sait pas lui.
BERTHOLET : Vous avez essayé de m’assassiner Monsieur Lancel !
FRANCOIS : Mais non, mais non.
FABRICE : Ça, c’est parce que vous avez des petits pieds, il n’aime pas les petits pieds Sylvester.
BERTHOLET : Oui enfin je chausse du 42 quand même.
FABRICE : Cherchez plus c’est ça, en-dessous de 45, il niaque !
BERTHOLET : Monsieur Lancel, je vais porter plainte pour tentative d’homicide, vous finirez votre vie en prison.
FRANCOIS : Bon Fabrice, allez me chercher votre clébard !
CELINE : Pour quoi faire François ?
FRANCOIS : Quitte à terminer au trou, autant qu’il nous la finisse !
BERTHOLET : (s’apercevant de la présence de Sophie) Mais je vous reconnais… Vous êtes…
FRANCOIS : Mais non, mais non, vous hallucinez, c’est parce que vous avez perdu beaucoup de sang.
BERTHOLET : Sophie Chambot !
SOPHIE : Et bien ça fait plaisir de croiser enfin quelqu’un qui me reconnait.
BERTHOLET : Monsieur Lancel, vous m’aviez assuré que vous ne la connaissiez pas personnellement !
SOPHIE : Mais si, on se connait très bien. Vous êtes aussi une de ses conquêtes ?
FRANCOIS : Mais non c’est le contrôleur fiscal qui enquête sur le dossier de ta campagne !
BERTHOLET : Je vais tous vous faire arrêter pour association de malfaiteurs moi !
SOPHIE : Oui, faites ce que vous avez à faire.
FRANCOIS : Ah bon ça ne t’affole pas toi ?
SOPHIE : Oh tu sais, je fais de la politique, ce ne sera pas ma première mise en examen.
BERTHOLET : Vous ne vous en sortirez pas cette fois ! Je ne vais rien lâcher !
SOPHIE : Vous êtes une teigneuse vous hein ?
BERTHOLET : Et ne m’insultez pas, sinon je vous colle un outrage à agent public moi et…
Le portable de SOPHIE sonne, elle décroche.
SOPHIE : Excusez-moi… Allo ? Ah bonsoir Monsieur le Premier Ministre… Oui… Oui… Ah écoutez je suis très honorée… Bien sûr vous pouvez compter sur moi… Cela prend effet quand ?... Immédiatement, c’est formidable… Très bien alors on se voit lundi matin au Ministère… Merci bonne soirée Monsieur le Premier Ministre. (Elle raccroche) Mes amis, je viens d’être nommée officiellement Ministre des Finances avec prise de fonction immédiate.
CELINE et FRANCOIS : Félicitations.
BERTHOLET : Ministre des Finances, mais alors ça veut dire que vous êtes…
SOPHIE : Votre supérieur hiérarchique oui.
BERTHOLET : A votre service Madame la Ministre !
SOPHIE : Autant vous dire que vous allez clore votre enquête en cours sur cette société.
BERTHOLET : Bien… Bien entendu Madame la Ministre.
SOPHIE : Et abandonnez toutes les poursuites contre Monsieur Lancel et son entreprise.
BERTHOLET : Evidemment Madame la Ministre !
SOPHIE : Vous pouvez rentrer chez vous.
BERTHOLET : Au revoir Madame la Ministre.
BERTHOLET sort par la porte.
SOPHIE : Bien, voilà une bonne chose de faite, j’ai tout un tas d’affaire à régler, je t’appellerai plus tard François. Bonne soirée à vous.
TOUS : Au revoir Madame la Ministre.
FABRICE : Bon moi je vais rappeler les collègues parce que si Mme Bertholet sort maintenant, ils vont nous en faire une passoire.
FRANCOIS : Allez-y mon petit Fabrice.
FABRICE sort par la porte.
SCENE 2
CELINE : Quelle soirée !
FRANCOIS : A qui le dis-tu.
CELINE : Enfin bon, te voilà débarrassé de ton contrôleur fiscal.
FRANCOIS : Tu sais ma petite chatte, j’ai beaucoup réfléchi ce soir et je me demande où est-ce qu’on va dans tout ça ? Avec nos escapades amoureuses, à se mentir sans cesse.
CELINE : Oui je suis entièrement d’accord avec toi, au fond on s’aime. On devrait repartir sur des bases saines.
FRANCOIS : Tu as tout à fait raison.
CELINE : Plus de liaisons.
FRANCOIS : Plus de liaisons.
CELINE : Plus de mensonges.
FRANCOIS : Plus de mensonges.
Leurs portables se mettent à sonner, ils regardent chacun le leur.
CELINE : Ah c’est… C’est ma mère…
FRANCOIS : C’est Jérôme, je…
Ils s’éloignent l’un de l’autre tout en décrochant leur téléphone.
CELINE : Allo mon chéri, je ne peux pas te parler pour le moment…
FRANCOIS : C’est toi mon petit oiseau des îles ?
NOIR
FIN