Qui A Tué Mamie ?

ON NE CHOISIT PAS SA FAMILLE, D’ACCORD, MAIS C’EST PAS UNE RAISON NON PLUS DE VOULOIR LA MASSACRER ! ALORS QUAND UNE VIEILLE DAME INDIGNE MEURT DE MORT PAS NATURELLE… TRES VITE UNE QUESTION SE POSE : MAIS QUI A FAIT LE COUP ?
VICTOIRE, LA BIGOTE NYMPHOMANE ?
BERNARD, LE POLITICIEN VEREUX ?
OU ÉTIENNE, LE SEXOLOGUE NON PRATIQUANT ?
POUR LA GENDARME CHARGEE DE L’ENQUETE, TROUVER LE COUPABLE NE SERA PAS UNE MINCE AFFAIRE.
ARNAQUES, TRAITRISES, ET MEURTRES FOIREUX. POUR HERITER DU PACTOLE TOUS LES COUPS SONT PERMIS.
ET CERISE SUR LE GATEAU : AU CLUB DES CRAPULES… ILS ONT TOUS PRIS UNE CARTE DE MEMBRES.

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MAIS QUI A TUÉ MAMIE ?

COMEDIE POLICIÈRE

DE
LUC CHAUMAR

 

2 HOMMES ET 2 FEMMES

PITCH : "PETIT MASSACRE EN FAMILLE" OU... COMMENT TRUCIDER SA « MAMIE » EN TOUTE IMPUNITÉ. ARNAQUES, TRAITRISES, ET MEURTRES FOIREUX, POUR HERITER DU PACTOLE TOUS LES COUPS SONT PERMIS. ALORS PETIT CONSEIL D’AMI : A L’HEURE DE L’OUVERTURE DU TESTAMENT… PRIEZ POUR NE PAS FAIRE PARTIE DE LA FAMILLE.

 

CONTACT :
165 RUE MARCADET 75018PARIS
TÉLÉPHONE : 06 62 59 40 82
luc.chaumar@sfr.fr

 

ACTE 1

MUSIQUE ANGOISSANTE. SOUDAIN ON ENTEND LE CRI D’UNE VIEILLE DAME…

VOIX OFF
NON ! … AU SECOURS… IL NE FAUT PAS FAIRE ÇA… PITIÉ… À L’AIDE… AAAgh !!

SUR LA SCENE : 4 PERSONNES SONT FACE AU PUBLIC ! COMME DEVANT UN JURY D’ASSISES. ON LES SENT SOUS LE CHOC.

ETIENNE 42 ANS (HABILLE DECONTRACTE)
Alors je m’appelle Étienne, je suis thérapeute mais pas que, et je jure que je suis innocent : Je n’ai pas tué ma grand-mère ! Ah non alors ! Je l’aimais beaucoup Mamie et d’ailleurs je le jure sur la tête de ma mamie.

VICTOIRE 40 ANS (HABILLEE SANS GOUT)
(Anxieuse) Moi, c’est Victoire, je suis leur cousine. Et je peux vous dire que je n’ai pas tué Mamie non plus. Je le jure sur la Bible, sur le Coran, sur la Thora et aussi sur le vieux catalogue de la redoute.

BERNARD 45 ANS (EN COSTUME DE MARQUE)
Vous me reconnaissez ? C'est moi sur les affiches en ville ! Bernard Bouffartigues, votre futur député ! Alors vous vous rendez bien compte que dans ma position, je n’ai pas du tout tué ma Grand-mère. En politique, on ne tue personne la veille d’une élection, ben non, ça ne fait pas propre. Mais n’oubliez pas, il faut voter Dimanche.

UNE GENDARME ARRIVE A SON TOUR AVEC UN ZAPETTE… ELLE APPUIE SUR UN BOUTON ET LES 3 SE FIGENT COMME DANS UN FILM ARRETE.

LA GENDARME (40 ANS TENUE REGLEMENTAIRE)
Et voilà, maintenant vous connaissez mieux tous les lascars ! Pourtant : Cette nuit un meurtre sordide a eu lieu ici dans cette maison. Et moi, adjudant Gabrielle Goujon, je suis formelle : sur les 3 suspects, il y a un assassin et deux abrutis. Mais ils cachent bien leurs jeux. Bon, le mieux, pour bien comprendre la situation, on va reprendre toute cette histoire depuis le début !

ELLE APPUIE SUR SA ZAPETTE ET LE NOIR SE FAIT ! MUSIQUE.

LE RIDEAU SE LÈVE.

LA LUMIERE S’ALLUME. NOUS SOMMES DANS LE SALON RUSTIQUE D’UNE PETITE MAISON RURALE. AU MUR, UN TABLEAU REPRESENTE UN CHAT AVEC UN AIR STUPIDE ET UN AUTRE, BEAUCOUP PLUS GRAND, REPRESENTE « MAMIE » UNE VIEILLE DAME AU REGARD INQUISITEUR. UN PETIT CANAPE RINGARD ET UN FAUTEUIL EN OSIER MEUBLENT LE SALON. À COUR, UN PETIT GUERIDON AVEC UNE LAMPE ET UNE BOUTEILLE DE LIQUEUR AVEC 4 VERRES.
UNE PORTE DONNE SUR LES ETAGES ET LES CHAMBRES. ET UN AUTRE SUR L’ENTREE. AU FOND, UNE SORTIE DONNE SUR UN PETIT JARDINET. SUR SCENE, BERNARD, ETIENNE, ET ENFIN VICTOIRE. L'AMBIANCE EST ELECTRIQUE. ON SENT LES TROIS TRES INQUIETS.

BERNARD
Mais enfin, ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’il fout ce docteur ? Ça fait une heure qu’il est dans la chambre à Mamie…

ÉTIENNE
Quand quelqu’un meurt on examine le corps. C’est la loi !

BERNARD
Non, c'est le bordel ! Moi je vous dis, que ce n’est pas normal qu’il mette autant de temps.

VICTOIRE
Je le connais. Il est très bien mais il est très méticuleux le Docteur LAFIOLE. Et puis vous allez voir, c'est un puits de science.

BERNARD
Moi je sens le puits à emmerdes. Enfin, Mamie est morte, elle est morte Basta ! Alors il signe le permis d’inhumer, on va voir le notaire et on se casse. Point barre.

VICTOIRE
Vous savez les cousins, j’ai prié ce matin et j'ai eu comme une illumination. Au fond, la mort, c’est juste le plus grand mystère de la vie.

BERNARD
Victoire, tu sais que t'as pas changé toi.

VICTOIRE
Merci Bernard ! Il me va droit au cœur ton compliment…

BERNARD
Ah mais, c'est pas un compliment…

VICTOIRE
C’est vrai je l’avoue, je me suis souvent perdue sur des chemins incertains mais maintenant c'est la religion qui trace ma route.

BERNARD
Et ben, t’es pas arrivée !

ETIENNE
Il a raison, Jésus c'est pas un GPS ! (Il soupire) Quand même : hier soir, on avait une grand-mère en pleine forme et ce matin on se retrouve avec un macchabé sur les bras.

VICTOIRE
Pleine forme, pleine forme. Moi, je la trouvais un peu jaune… ces derniers temps, on aurait dit une boîte de cachous « Lajaunie ».

ETIENNE
Et en plus, elle meurt juste le jour où elle nous avait fait venir pour parler de son héritage.

BERNARD
Quel dommage.

VICTOIRE
Oh oui, quel dommage qu'elle soit morte ?

BERNARD
Non, qu’on se soit déplacés pour rien. Je vais vous le dire franchement, mais chez Mamie, il y a un truc que je n’ai jamais digéré…

VICTOIRE
Son confit de canard !

BERNARD
Non, son manque d'affection ! (Montrant Étienne) Elle aurait pu nous élever Étienne et moi, à la mort des parents et pas nous mettre à l’orphelinat.

ETIENNE
Elle était dans le déni. (Nostalgique) Mais rappelle-toi, quand on venait pour les vacances, on avait toujours droit à un pot de confiture avec ce petit goût amer.

BERNARD
C'était pas amer, c'était rance. Elle nous refilait toujours ses vieux pots périmés !

VICTOIRE
Ah ça, c’est vrai : Un pot de mamie, 3 jours de dysenterie. (Nostalgique) Mais quand même, ça nous faisait des souvenirs.

ETIENNE
Et aussi, ça nous faisait des ulcères.

BERNARD
Alors arrêtons d’embellir le passé. Mamie, c’était une sacrée peau de vache et puis c’est tout.

ETIENNE (TRES PSY)
C'est curieux ce ressenti. Je sens de la rancœur en toi, pourtant, c'est toi qui lui en veux alors que tu as toujours été son préféré.

BERNARD
Ah ça c’est normal, mais il faut dire qu’on partageait les mêmes valeurs : « Travail, Famille, Pognon ! ».

VICTOIRE
Il faut « Twitter » monsieur le curé pour le prévenir, sa paroisse est connectée. Vous savez que lui et moi, on est copains sur Facebook. À la paroisse, on a même fait un « selfie ».

BERNARD
Et aussi, il faut prévenir ses amis pour l’enterrement. Comme ça ils amèneront les fleurs, ça sera toujours ça de gagné…

ETIENNE
Pas la peine, ils ne viendront pas, tout le village détestait Mamie.

BERNARD
Ah bon, et pourquoi ?

ETIENNE
Ben, à cause de son comportement sous l’occupation.

BERNARD
Ah oui, encore cette vieille histoire ? Tout ça parce qu’elle a vécu une belle histoire d’amour avec un soldat allemand.

ETIENNE
Ce n’était pas un soldat allemand, c’était un waffen SS !

BERNARD
Mamie n’était pas collabo ! Elle a fait l'Europe avant l'heure et puis c'est tout ! (Inquiet à nouveau) Mais c’est vrai que c’est long, il fait sa sieste ou quoi le docteur ? Comment déjà : Lafiole. Quel nom à la con, ça ne me dit rien de bon.
VICTOIRE
Quand même, nos parents morts, mamie morte aussi. Maintenant, vous et moi, on est notre seule famille.

BERNARD
Hé oui, c’est pas de veine.

VICTOIRE
Bernard, je me trompe sans doute, mais j'ai l'impression, par moment, que tu ne nous aimes pas beaucoup.

BERNARD
Mais non ! Tu te trompes totalement Victoire, c'est pas que je ne vous aime pas…

VICTOIRE
Ah !

BERNARD
Je crois que je vous déteste vraiment !

ETIENNE
Enfin, mais t’as pas le droit de nous dire ça ! Quand même, je suis ton petit frère.

BERNARD
Je sais, j'aurais dû te noyer à la naissance. C’est trop tard.

VICTOIRE
Mais on t’a fait quelque chose ?

BERNARD
Non !

ETIENNE
Quand je suis né, tu t'es senti dépossédé de l'amour maternel ?

BERNARD
Non plus. Pour moi, t'étais un bébé insipide et en grandissant tu l'es resté.

ETIENNE
Bébé ?

BERNARD
Non insipide. Et puis, au fond, arrêtons de nous voiler la face tous les trois : on n’a jamais été du même monde, et on ne le sera jamais. Point barre.

VICTOIRE
Mais t’as quoi de plus que nous ?

ETIENNE
Bonne question.

BERNARD
Comment vous le dire très simplement… Bon, je vous explique : vous m’avez bien regardé ?

ETIENNE ET VICTOIRE
OUI !

BERNARD
Vous, vous vous êtes bien regardés ?

ETIENNE ET VICTOIRE
OUI !

BERNARD
Et ben voilà : vous avez la réponse ! Aujourd'hui, Étienne tu es devenu un petit sexologue frustré. Et toi, Victoire tu fais ce que tu peux… alors que moi, je suis dans la politique. J’ai changé de classe sociale, je suis devenu un homme de pouvoir.

VICTOIRE
T’es surtout devenu un homme de pot de vins !

BERNARD
Ah non, stop ! Il faut arrêter avec ça ! Les rétros commissions, c’était de la diffamation. J’ai été blanchi…

ETIENNE
Blanchi comme l’argent de tes mallettes. Bernard, tu les as mises où les grandes valeurs du Gaullisme ?

VICTOIRE (AVEC HUMOUR)
A mon avis, sur un compte en suisse …

BERNARD
Bon, ça suffit maintenant tous les deux ! La mallette chez le politique c’est comme la matraque chez le CRS ! Ça fait partie de la panoplie. Je vous signale, quand même, que j’ai déjà le soutien du parti pour les cantonales… et mon slogan : « POUR DEMAIN, RETROUSSONS NOS DEUX MAINS ! ET APRÈS DIMANCHE, RETROUSSONS NOS MANCHES ! ».

ETIENNE
C’est beau, on dirait du Macron…

BERNARD
C’est ça, foutez-vous de ma gueule. Mais bon, de tout ça pour le moment, on s’en fout. Pour l’instant, le problème, il est là-haut et il a un stétoscope.

ETIENNE
C'est vrai que là, ça commence à devenir vraiment long, quand même.

VICTOIRE
Dites, j'y pense tout à coup. Tout ça, c’est peut-être à cause des cris… des cris que j’ai entendus de cette nuit ?

BERNARD
Des cris ? Quels cris ? (À Étienne) T’as entendu des cris, toi ?

ETIENNE
Non.

VICTOIRE
Mais si, des cris horribles, comme quelqu'un qu'on était en train d’égorger.

ETIENNE
C’est rien, tu devais faire un cauchemar.

VICTOIRE
Pas possible, je ne dormais pas.

BERNARD
Ou alors c’était un loup…

VICTOIRE
Un loup qui faisait un cauchemar ?

BERNARD ET ETIENNE SE REGARDENT ET PRENENT SUR EUX.
ETIENNE
J’ai une idée. Victoire, tu vas aller aux infos, là-haut. Ce toubib, il faut arriver à le faire parler.

VICTOIRE
Vous avez raison, je vais aller le faire parler.

ETIENNE
Très bien…

VICTOIRE
(Un temps, elle réfléchit) Mais de quoi ?

BERNARD
Mais on n’en sait rien, c’est pour ça qu’on t’envoie.

VICTOIRE
Ah d'accord, je vais le faire parler de rien, (un temps) ça ne va pas être facile comme conversation.

ETIENNE
Victoire, enfin, réfléchis.

BERNARD
C'est pas gagné…

ETIENNE
A ton avis, ce docteur, il a quoi derrière la tête ?

VICTOIRE
Ben, je ne sais pas.

ETIENNE
Enfin, derrière la tête il a des, des… des… DES ?

VICTOIRE
Des cheveux ?

ETIENNE (CRAQUANT)
Mais non des idées ! DES IDÉES ! Il a des idées derrière la tête, c’est pour ça qu’il ne redescend pas, et il faut savoir lesquelles…

VICTOIRE
Ah d’accord ! C’était pas facile à trouver quand même.
BERNARD (A ÉTIENNE BAS)
Laisse tomber, je te dis. Tu vois bien qu’elle a les neurones d’une « Pêche Melba » !

VICTOIRE
Ça y est, j'ai compris, vous voulez que j'aille l’espionner pour savoir ce qu’il pense de la mort de mamie ?

ETIENNE
Voilà, c’est ça ! Tu vois quand tu veux…

VICTOIRE
Ok ! Et après, je reviens, et tous les 3, on se fait un petit rapport.

ETIENNE
Très bien…

VICTOIRE VA POUR SORTIR.

BERNARD
Attends ! Victoire, pour les cris de cette nuit, tu ne dis rien à personne, et surtout pas au docteur, ok ?

VICTOIRE
OK ! T’as raison, motus et bouche cousue. En plus, il faut protéger les loups.

VICTOIRE SORT. BERNARD LA SUIT DES YEUX.

BERNARD
Déjà petite, elle n’avait pas toutes les mises à jour, mais là, on a atteint des sommets. A croire que tout ce qu'elle a pris dans la religion, elle l'a perdu dans le cerveau.

ETIENNE
Tu n’as pas tort ! Dieu a fait l’homme à son image, mais pour Victoire, il a dû laisser bosser un stagiaire.

BERNARD
Allez vite ! Maintenant qu'on s’en est débarrassé pour un petit moment, il faut trouver ce putain de testament. Il doit sans doute être dans la pièce…

BERNARD ET ETIENNE COMMENCENT A CHERCHER DANS LA PIECE.

ETIENNE
Dis Bernard, si on le trouve, on fait quoi ?
BERNARD
On se gave !

ETIENNE
Et si on n'hérite pas ?

BERNARD
On le déchire, on en fait un autre, et on se gave !

ETIENNE
CQFD ! Mais on dit quoi à Victoire ?

BERNARD
Rien, t’es fou ou quoi ? On ne lui dit rien ! Tu te vois partager l'oseille avec cette ravie de la crèche ?

ETIENNE
Pas trop, non !

BERNARD
Et ben moi, c’est pareil ! Alors, il faut trouver le testament et la tune de Mamie avant elle…

ETIENNE
À mon avis, Mamie, elle nous a fait croire qu’elle avait de l’argent pour qu’on s’occupe d’elle, mais à la réflexion, je pense qu’elle n’avait pas d’économies.

BERNARD
Si ! L'oseille, je la sens à 10 mètres, je suis pire qu'un chien truffier ! Et puis, radine comme elle était, je suis sûr qu’ici c’est la caverne d’Ali Baba.

ETIENNE
Ali baba, ça m’étonnerait.

BERNARD
Pourquoi ?

ETIENNE
Parce que, y’avait pas plus raciste que Mamie : pour elle les 40 voleurs, ils étaient tous arabes.

BERNARD
(Surpris) Ah oui, quand même, elle était grave ! Attention, la revoilà.

VICTOIRE REVIENT ET ON LA SENT TOUTE FEBRILE.
ETIENNE
Alors ? Ça y est, tu l’as interrogé ?

VICTOIRE
Oui ! J’ai fait comme on a dit.

ETIENNE
Alors ?

VICTOIRE
Alors, il a bien regardé Mamie, il m’a bien regardée, et il a dit : elle est raide celle-là.

ETIENNE
Normal qu’elle soit raide, elle est morte.

VICTOIRE
Sauf qu’il a dit, elle est raide, parce qu’elle était molle.

ETIENNE
Mais elle était molle ou elle était raide ?

VICTOIRE
Elle était molle et c’est ça qu’il trouve raide.

ETIENNE
Je ne comprends rien, tu peux être un peu plus clair.

BERNARD
Raide ou molle on s’en fout, l’important c’est qu’il signe le certificat de décès et qu’il se barre…

ETIENNE
Voilà, et nous aussi !

VICTOIRE
Et ben justement, il ne veut pas le signer…

ETIENNE (INQUIET)
Comment ça il ne veut pas le signer, mais il a dit pourquoi ?

VICTOIRE
D’après ce que j’ai compris, il a dit qu’il allait demander une voiture à son psy parce que c’était une bonne occasion…

BERNARD
Mais quel rapport avec mamie ?

ETIENNE
C’et vrai ça, pourquoi il veut demander une auto d’occasion à son psy ?

VICTOIRE
Non, pas à l’auto, juste au psy !

ÉTIENNE
C’est le psy qui est une bonne occasion ?

VICTOIRE
Non plus. Mais il a dit aussi que c’était le seul moyen de savoir ce qu’elle avait sous le capot !

BERNARD
A mon avis, il n’est pas docteur, il est garagiste.

ETIENNE (S’ILLUMINANT)
Ça y est, Bernard j’ai compris : en fait, Victoire veut nous dire que le toubib va demander une autopsie !

VICTOIRE
C’est ça ! C’est exactement ce qu’il a dit : une autopsie !

BERNARD
Je confirme, on atteint des sommets.

VICTOIRE
Désolé, mais quand je suis sous le coup de l’émotion, je m’embrouille et je mélange tout. Même que, dans ces moments là, des fois, je suis une vraie « cocotte-minute » prête à imploser.

ETIENNE
Alors le mieux c’est que tu la fermes ! (Se reprenant) la cocotte, je veux dire, c’est symbolique.

BERNARD
Ou alors, tu fais des phrases simples. Mieux tu nous parles en SMS : Mamie morte, on veut la charcuter, LOL.

VICTOIRE
Vous croyez ?
ETIENNE
Il a raison. En plus, je suis sûr que ça te reposera.

BERNARD
Ah oui ! Et nous aussi !

ETIENNE
Bon revenons à notre problème, car inutile de le nier et de nous mentir à nous même, nous avons un gros problème.

BERNARD
Mais tu lui as demandé pourquoi, il ne voulait pas le signer ce permis d’inhumer ?

VICTOIRE
Bien sûr ! Alors, il a bien regardé Mamie, il m’a bien regardée, et il a dit… (Elle se tait).

BERNARD
Ben, il a dit quoi ?

ETIENNE
Ben oui, il a dit quoi ?

VICTOIRE
Rien, pas un mot, silence total.

ETIENNE
S’il veut demander une autopsie, c’est qu’il a forcément découvert quelque chose… quelque chose de pas normal !

ETIENNE
Et c’est clair, que c’est pas net !

BERNARD
Mais quoi ? Mamie est bien morte dans son sommeil de mort naturelle, on est bien d'accord tous les trois, non ?

ETIENNE ET VICTOIRE
OUI !

ETIENNE
Alors le mieux c’est que tu y retournes pour en savoir un peu plus.

VICTOIRE
D'accord !

VICTOIRE SORT. BERNARD EST EFFARE.

BERNARD
Là, elle frise l’obsolescence programmée.

ETIENNE
Dis Bernard, j’y pense depuis déjà un petit moment, mais quand on aura touché l’héritage, ce serait prudent de la fera mettre sous tutelle. Et je connais un Hôpital pas cher où elle sera très bien.

BERNARD
Bonne idée, comme ça, en plus, on pourra aussi lui piquer son livret A.

LE PORTABLE DE BERNARD SONNE.

BERNARD
Allo ? Oui bonjour, un instant. (À Étienne) C’est personnel, tu peux me laisser ?

ETIENNE
Ne t'inquiète pas, je suis une tombe.

BERNARD
Et bien justement, va t'occuper de celle de mamie, les papiers sont dans la cuisine.

ETIENNE SORT MAIS ON SENT BIEN QU’IL AIMERAIT BIEN RESTER. BERNARD VERIFIE QU’IL N’ECOUTE PAS. IL NE PARLE PAS FORT DE PEUR QU’ON L’ENTENDE.

BERNARD
Allô ? Mais bien sûr que je vais payer, Maître, je n’ai pas le choix. Mais il veut combien le petit juge pour enterrer l’affaire ? 50 000 Euros ! Mais à ce tarif-là, le pot de vin, c’est plus du Gamay, c'est du Château Margaux. Franchement, que d’histoires pour une « petite » transaction immobilière… Pardon ? Un gros abus de confiance ? Ne jouons pas sur les mots. Bon, ma grand-mère est morte ce matin… hé oui quel coup, quel coup de bol ! Et normalement je vais hériter. Alors, dites-lui que c’est d’accord pour l’enveloppe et on oublie la mise en examen !

ETIENNE REVIENT. BERNARD RACCROCHE.

ETIENNE
Alors ? C’était qui ?

BERNARD
Ben c’était… Gladys, ma femme Gladys ! Qui venait aux nouvelles. Tu te rends compte 20 ans qu’on est marié dans un mois.

ETIENNE
Et c’est quoi cette mise en examen ?

BERNARD (MAL)
Ah tu as entendu ! Hé ben… c'est… c'est…

ETIENNE
C'est quoi ?

BERNARD
C'est Vanessa ! Notre fille Vanessa ! Elle s’est mise à son examen… Voilà, c’est simple. Il était temps ! Et regarde (Il va vers Étienne et lui montre une photo sur son portable) ça c’est la dernière photo que j’ai faite d’elle. (Admiratif) Franchement, tu ne trouves pas qu’elle a de l’allure ma fille.

ETIENNE (PAS CONVAINCU)
Bof !

BERNARD
Ah ben si !

ETIENNE (PAS CONVAINCU)
Ah ben non ! C’est quand même une drôle d’allure, ça fait un peu…

BERNARD
Un peu quoi ?

ETIENNE
Son look rose, son maquillage rose, et son portable à Pompoms roses, ça fait même vraiment…

BERNARD
Influenceuse ?

ETIENNE
Plutôt Pétasse !

BERNARD
Quoi ? Mais pas du tout ! T’es con ou quoi ?

ETIENNE
Ah si ! Et puis regarde ses yeux, ça ne pétille pas… niveau intelligence, on sent bien qu’elle voyage léger.

BERNARD
Mais non plus, tu dis n’importe quoi, ma fille est très cultivée…

ETIENNE
Mon pauvre Bernard, là, t’es aveuglé par la paternité !

BERNARD
Enfin ! C’est Gladys qui s’est chargée de son éducation.

ETIENNE
Là, je suis d’accord avec toi, ta fille, c’est tout le portrait de sa mère.

BERNARD (VIOLENT)
Bon, t’arrêtes d’insulter ma fille maintenant, sinon tu vas en prendre une comme quand on était petit, compris ? Non mais oh ! Et ma femme, c’est pareil, on ne s’éternise pas dessus.

ETIENNE
Ah ça, c'est bien connu aussi. (Se reprenant) Enfin, je veux dire, respect.

BERNARD
Attention : Gladys, c'est une sainte, personne n'y touche !

ETIENNE
Voilà, c'est une sainte nitouche ! Passons à autre chose ! (Perfide) Mais tu sais, si je te dis ça sur ta famille, c’est juste pour être sincère avec toi comme toi tu l’as été avec nous, tout à l’heure.

BERNARD
Merci de ta franchise.

ETIENNE
De rien, c’est aussi fait pour ça un frère.

BERNARD
N’empêche, « moi », j’ai une femme. Ce n’est pas comme certains…

ÉTIENNE
Tu veux dire quoi, là ?

BERNARD
Rien… mais quand même, pour un sexologue, tu ne pratiques pas beaucoup. Même que Gladys se demande si tu ne serais pas un peu... un peu…

ETIENNE
Un peu quoi ?

ETIENNE
Si tu ne fréquenterais pas un peu le Marais ?

ÉTIENNE
Le Marais poitevin ?

BERNARD
Le Marais de Paris ! Enfin si t'es pas gay ?

ÉTIENNE
Moi, Gay ? Pas du tout. Pourquoi tu dis ça ?

BERNARD
Tu as toujours vécu seul.

ETIENNE
Ça n’a rien à voir ! Et puis c’est quoi cette homophobie primaire ? D’abord, c’est faux, je n’ai pas toujours vécu seul ! Et Melissa, t’en fais quoi de Mélissa ? 5 ans de vie commune.

BERNARD
Mais enfin, Melissa, c’était pas pareil…

ETIENNE
Pourquoi ?

BERNARD
Enfin, Melissa, c’était un « LABRADOR » !

ETIENNE
Et alors ?

BERNARD
Ça ne compte pas ! Ce que je veux dire, c’est que tu n’as jamais vécu avec une femme. Et puis, sexologue ? Passer son temps à écouter les histoires de cul des autres, je vais te dire, c’est malsain.

ETIENNE
Je suis une oreille, juste une oreille.

BERNARD
C’est bien ça ton problème ! Tu ne travailles pas avec le bon organe.

ETIENNE
J’aime aider les gens en souffrance. C’est tout…

BERNARD
A d’autres, on fait sexologue quand on n’est pas arrivé à faire Rocco Siffredi, c’est bien connu.

ETIENNE
Dans mon métier, quand je vois ce que je vois et que j’entends ce que j’entends, je préfère rester seul ! Je suis Hétéro mais pas taré !

BERNARD
Tu refoules, c’est tout ! De toute façon, ta vie, je m’en fous complétement. (Se remettant à chercher) Mais il est caché où ce pognon ?

VICTOIRE REVIENT AFFOLEE.

VICTOIRE
Les cousins, c’est la cata, c'est la cata ! La grosse cata…

BERNARD
Qu’est ce qui se passe encore ?

VICTOIRE
Le docteur, il vient d’appeler GABRIELLE GOUJON.

BERNARD (ETONNE)
Gabrielle Goujon, la fille de ce vieux con d’Ignace ?

VICTOIRE
Oui ! Celle que vous surnommiez CHOUPINETTE…

ÉTIENNE
Choupinette ? Ah oui, je me souviens, elle était majorette avec un très beau lancé de bâton !

VICTOIRE
Ah oui, c’était un vrai garçon manqué.

BERNARD
Et c’est pas devenue une fille réussie non plus !

ETIENNE
Mais pourquoi il a appelé Choupinette ?

VICTOIRE
Parce qu’elle est devenue Gendarme ! Et depuis qu’elle est revenue au pays, je peux vous dire qu’elle a chopé la grosse tête. Même que le matin, elle a du mal à enfoncer son Képi.

BERNARD (S’AFFOLANT)
Les flics ! Il est aller appeler les flics ! Je l’avais dit qu’il fallait s’en méfier de ce toubib à la con !

ETIENNE
Il a raison ! Mais pourquoi la gendarmerie ?

VICTOIRE (SENTENCIEUSE)
Parce que le docteur, IL EST CATÉGORIQUE SUR LE CRIME !

BERNARD
Le crime ?

VICTOIRE
Oui, LE CRIME !

ETIENNE
Mais quel crime ?

VICTOIRE
Pour lui, il n’y a aucun doute, cette nuit : ON A ASSASSINÉ MAMIE !

BERNARD
Putain ÉTIENNE ! C’est pas gagné cet héritage ! NOIR…

 

 

 

 

ACTE 2

MÊME DÉCOR. ÉTIENNE, BERNARD, VICTOIRE ET UNE GENDARME, GABRIELLE GOUJON QUI EN IMPOSE. LA GENDARME EST FACE AU PUBLIC ALORS QUE LES AUTRES SONT IMMOBILES DANS LE DÉCOR.

LA GENDARME
Vous comprenez mieux la situation maintenant ? Une vieille dame assassinée, 3 suspects gratinés, et je suis polie ! Et parmi ces 3 là : forcément un coupable ! Mais lequel ? Bon, on continue…

LA GENDARME SE TOURNE VERS LES 3 AUTRES ET ILS S’ANIMENT.

ETIENNE
Enfin, c’est ridicule, c’est pas nous ! On n’est pour rien dans la mort de notre mamie !

LA GENDARME
Ça, ça reste à prouver !

BERNARD
Justement, prouvons-le et finissons-en…

VICTOIRE
S’il vous plaît Madame la Gendarme, il ne faut pas jeter « l’eau propre » sur toute la famille…

ETIENNE (MONTRANT LA BOUTEILLE SUR LA TABLE)
Allez, lâchons prises et instaurons un climat de confiance. Un coup de gnole pour fêter nos retrouvailles ?

ETIENNE VA VERS LE GUERIDON.

LA GENDARME
Pas question : Pendant le boulot, pas de goulot. Et de toutes façons, pas question non plus que quelqu’un touche à cette bouteille, c’est une pièce à conviction.

BERNARD
Enfin, arrête un peu ton cinéma, tu nous connais « Choupinette » !

LA GENDARME (TRES AGRESSIVE)
Stop ! Attention, que ce soit bien clair entre vous et moi, c’est fini « Choupinette », disparue « Choupinette », on oublie "Choupinette" ! Maintenant c'est Adjudant Chef GOUJON. D’accord ?

TOUS (IMPRESSIONNES)
D’accord !

LA GENDARME
Et vous ne me tutoyez pas non plus. Compris Bernard ?

BERNARD
Compris.

LA GENDARME
Compris, qui ?

BERNARD (PENAUD)
Mon adjudant-chef Goujon…

LA GENDARME
Je préfère.

VICTOIRE (BAS A BERNARD)
Je l’avais dit, elle a chopé le melon.

BERNARD (BAS A VICTOIRE)
Là, c’est plus un melon, c’est carrément une pastèque.

ETIENNE
Pour nous innocenter, c’est simple, vous n'avez qu'à faire un prélèvement ADN.

LA GENDARME
Ah mais il est déjà fait votre ADN : ABRUTIS, DÉBILES, NULLOS. Bon, maintenant, on fait dans le sérieux.

ETIENNE
« Choupi… » (il se reprend) enfin, mon adjudant « chef » : Mais elle est morte de quoi au juste ?

LA GENDARME
Ah ça ! Mystère et boule de Shitt ! Mais on le saura bientôt, car je peux vous dire que ça chauffe à l’autopsie.

BERNARD
Vous avez appelé la police scientifique ?

LA GENDARME (FIERE)
Bien sûr. Ils sont déjà au turbin. Mais bon, comme on manquait de place à la gendarmerie, (Ennuyée) Ils font ça à la charcuterie.

ETIENNE
« Chez Boudin et Fils » ? Enfin, ils n’ont pas le caducée !!

LA GENDARME
Non mais ils ont le « Label rouge » !

ETIENNE (AFFOLE)
Mamie qui finit en tripoux, mais quelle horreur.

LA GENDARME REGARDE VICTOIRE UN PEU CIRCONSPECTE.

LA GENDARME (SOLENNELLE)
Bon ! Je ne partirai pas d’ici tant que je n’aurai pas résolu cette affaire. Je suis là pour savoir qui a commis ce forfait.

TETE DES TROIS. BERNARD SORT UNE CARTE DE VISITE DE SA POCHE ET PREND LA GENDARME DE HAUT.

BERNARD
Désolé, mais en ce qui me concerne, mon « adjudant-chef », je suis un peu pressé. Alors, je vais vous laisser papoter entre vous et vous m’appellerez pour prendre rendez-vous. Voilà ma carte…

LA GENDARME PREND LA CARTE ET LA REGARDE.

LA GENDARME
Jolie carte. Et vous comptez aller où ?

BERNARD
J'ai rendez-vous au restaurant avec le préfet Barutel…

LA GENDARME
Le préfet Barutel, tiens-donc. Ça c’est d’un chic !

BERNARD
Vous savez : les grandes carrières se font souvent à l'heure du déjeuner !

ETIENNE
Machiavel ?
BERNARD
Top Chef ! (À la gendarme) Alors appelez ce numéro : Saleconne !

LA GENDARME (MENAÇANTE)
Attention ! Hé ho ! Pas d’insultes !

BERNARD
Mais c’est pas du tout une insulte, c’est un avocat ! Maître Édouard Saleconne, il s’occupe de mes intérêts.

LA GENDARME DECHIRE LA CARTE DE VISITE.

LA GENDARME
Pour le moment, personne ne sort !

BERNARD
Attention, j’ai des relations…

LA GENDARME
Et moi, j’ai des menottes. Un futur député en garde à vue, ça va faire tâche sur le CV !

ELLE MONTRE LA PAIRE DE MENOTTES A SA CEINTURE.

BERNARD
Bon d’accord, je reste. De toutes façons, je n’avais pas très faim… la mort de mamie, ça m’a un peu coupé l’appétit.

LA GENDARME
Je préfère ! Bon, reprenons : Nom, prénom, âge et qualités. Pour vous, les qualités c’est facultatif.

ETIENNE
Mais « tu »… enfin, « vous » nous connaissez. Ça fait 30 ans qu’on est copains.

LA GENDARME
Affirmatif ! Mais je m’en fous, c’est la procédure. Qui commence ? Alors ?

VICTOIRE FAIT UN PAS EN AVANT.

VICTOIRE
Moi je veux bien…

ETIENNE
D’accord, vas-y, mais tu n’énerves pas « Madame l’adjudante ».
VICTOIRE (A LA GENDARME)
Excusez-moi, ne m’en voulez pas, mais par moment, j’ai du mal à verbaliser.

LA GENDARME
Pas grave, verbaliser, c’est mon métier. (Elle regarde les autres, contente d’elle) Verbaliser… Verbaliser. (Ils ne comprennent pas, elle n’insiste pas).

VICTOIRE
Alors mon nom c’est DAUBE, Victoire Daube.

LA GENDARME
Avec un nom pareil, j’aurais du vous laisser interroger par les «Bœufs carottes ». Daube ? Bœufs carottes ? (Elle regarde les trois, mais personne ne comprend pas encore une fois) Bon, on va arrêter avec l’humour. Commencez, j’écoute…

VICTOIRE
J’ai 35 ans, mais je fais plus jeune, je fais des ménages et je suis aussi caissière…

LA GENDARME
Caissière à AUCHAN ?

VICTOIRE
Non, à mi-temps ! Et aussi, j’aime les animaux, la nature, l’écologie et aussi je suis contre la guerre.

LA GENDARME
Je vous demande votre état civil, pas de vous présenter au concours de Miss France.

ETIENNE
Ne faites pas attention, elle a le cerveau qui s’ankylose. Il faudrait peut-être lui taper très fort sur la tête avec un annuaire pour bien activer les neurones.

LA GENDARME (S’OFFUSQUANT)
Re-stop ! Attention, ce genre de méthodes, plus chez nous.

ETIENNE
C’est bien. Alors dans la police, c’est fini la violence ?

LA GENDARME
Ben non, c’est fini les annuaires. On continue…

VICTOIRE
Et aussi, je tiens à préciser que je suis mariée… (têtes des autres étonnés) avec le seigneur.

LA GENDARME
C’est bien, moi je suis toujours célibataire.

ETIENNE
Vous savez, le couple, c’est juste une question de névroses compatibles. Mais je suis sûr que vous allez rencontrer un homme qui vous fera craquer.

LA GENDARME
Pour l’instant, le seul homme qui me fait craquer c'est mon ostéopathe. Bon, vous, c’est fini ?

VICTOIRE
Presque. (Réfléchissant) Et aussi, pour tout vous dire : j’aime l’art A…

LA GENDARME
L’art A ? L’art Africain ?

VICTOIRE (SE CONCENTRANT)
Non Lara Fabian !

LA GENDARME
Bon ! Reprenons : quand avez-vous vu « mamie » pour la dernière fois ?

VICTOIRE
Hier soir, je suis allée lui porter une tisane chaude…

LA GENDARME
C’était un rituel ?

VICTOIRE
Non, une verveine. Et je lui ai raconté mes dernières vacances. Une semaine à Rodez dans un petit hôtel avec vue plongeante sur l’Abbé.

LA GENDARME
Sur la baie ? Mais à Rodez, il n’y a pas la mer ?

VICTOIRE
Non, mais il y avait Monsieur le curé. On était allé faire une retraite avec la paroisse. En journée on a visité un monastère et le soir on a eu droit à un dîner gastro !
ETIENNE
Ah ça, rien ne vaut la grande cuisine !

VICTOIRE
Pas du tout. D’abord on a dîné et après on a eu une gastro.

LA GENDARME
Donc, hier soir, votre grand-mère était en bonne santé ?

VICTOIRE
Elle avait eu un hiver difficile mais depuis quelques jours elle allait mieux et elle reprenait du « poil de la vieille Bête ».

ETIENNE
Il faut dire que Mamie n’a jamais été très résistante !

LA GENDARME
Ah ça, je suis au courant, surtout sous l’occupation !

VICTOIRE
Après, comme elle était fatiguée et qu’elle avait sommeil, je l'ai laissée.

LA GENDARME
Et rien ne vous a paru suspect ?

VICTOIRE
Non, rien. Et ce matin, quand j'ai frappé à sa porte : Elle était passée de la Vie au Tréport !

LA GENDARME N’INSISTE PAS ET SE TOURNE VERS BERNARD.

LA GENDARME
A vous maintenant…

BERNARD (FAUX CUL)
Avec plaisir ! Alors moi, j’étais venu rendre une petite visite amicale à notre Grand-mère. Mamie, vous savez, c’était : La sagesse de la vieillesse, l’humanisme des anciens, le Bouddhisme du terroir.

ETIENNE
Même si quelquefois, elle pouvait être, c’est vrai, un peu soupe au lait.

VICTOIRE
C'est vrai qu'au pays, elle était même classée monument hystérique.
ETIENNE
Mais on l’aimait…

BERNARD
Ah oui alors…

ETIENNE
C’est pour ça, il ne faut pas nous accuser.

LA GENDARME
Je n’accuse personne, j’enquête. Bon reprenons !

BERNARD
Avec plaisir ! Alors moi, j’étais dans l’import-export et aujourd’hui je suis dans la politique. D'ailleurs, je suis plutôt un homme connu dans la région.

LA GENDARME
Ah oui, il est bien connu Bernard Bouffartigues !

BERNARD
Vous voyez…

LA GENDARME
J’en ai souvent entendu parler de Bernard Bouffartigues.

BERNARD (FLATTE)
Merci…

LA GENDARME
C’est toi l’escroc !

BERNARD (OUTRE)
Quoi ? Mais pas du tout ! Pas du tout…

LA GENDARME
Ah si ! D’après Blondin, c’est pas des casseroles que tu traînes au cul, c’est toute une batterie de cuisine. Et avec le lave-vaisselle qui va avec !

BERNARD
Les yeux dans les yeux : je tiens à m’insurger devant de tels propos diffamatoires qui ne visent qu’à calomnier un républicain honnête toujours prompt à servir son pays. Vous savez, on ne vient pas en politique par hasard. Je suis allé voir les français, je les ai écoutés… je les aie entendus… je les ai…

ETIENNE
Bien Enfumés !

LA GENDARME
Ça va Bernard, relax ! C’est pas un meeting ici. Tout le monde le sait bien que t’es pourri, c’est un secret pour personne.

BERNARD
Des rumeurs, juste des rumeurs… C’est infamant.

LA GENDARME
Non, c’est réaliste. Si on fait « pourri » sur Google c’est toujours ton nom qui sort en premier. (Aux autres) Pas vrai ?

ETIENNE ET VICTOIRE ACQUIESCENT.

VICTOIRE
Moi je te soutiens Bernard, car je suis sûre que tu n’es pas devenu un pourri…

BERNARD (ATTENDRI)
…Merci Victoire…

VICTOIRE
…Tu l’as toujours été.

ETIENNE
Mais de toutes façons, il ne faut pas te mettre dans un état pareil, c’est pas ça qui va t’empêcher de gagner les élections. Pas vrai mon Adjudant ?

LA GENDARME
Affirmatif ! Et puis je vais te le dire franchement, tes magouilles, je m’en fous complètement. Du moment que ça n’a pas de rapport avec la mort de la victime. (À Étienne) Vous, je vous ai gardé pour la bonne bouche.

ETIENNE
Alors je suis Étienne Bouffartigues, son petit frère, je vis seul… Je suis sexologue et j’organise aussi des thérapies de groupes…

VICTOIRE
Ah bon ? Je ne savais pas que tu faisais ça aussi ? C’est très intéressant ! Et ça se passe comment les thérapies de groupe ?

LA GENDARME
C’est comme des partouzes mais ça reste dans la tête !
ETIENNE
Pas du tout ! Je soigne les maux par les mots…

VICTOIRE
Je vois ! Un peu comme une confession…

LA GENDARME
Voilà, mais en beaucoup plus cher…

VICTOIRE
Et ça marche ?

ETIENNE
Ah oui, j’ai de très bons résultats sur mes patients ! Mais j’avoue modestement que devant certaines personnes, je suis un peu impuissant.

BERNARD
C’est bien d’être lucide…

ETIENNE
Bon, maintenant tu arrêtes Bernard, parce que je commence en avoir marre de tes allusions depuis ce matin. T’as de la chance que je sois dans le lâcher prise.

BERNARD
C’est sûr que tu me fais peur. Regarde, comme je tremble. (Il fait semblant de trembler des deux mains). Hé, donne-moi un Shaker que je me fasse un cocktail !

LA GENDARME (FERME)
Ça va ! On se calme ! Vous la mettez en veilleuse les Bouffartigues ! Compris ? Bon, reprenons : à votre avis, qui pouvait vouloir la mort de votre grand-mère ?

VICTOIRE
À part tout le département, je ne vois pas.

BERNARD
C'est vrai que, j’ai un peu exagéré, tout à l’heure, le côté altruiste de Mamie. En fait : c’était pas Confucius « Mémé », et même qu’elle en a dépoté de la méchanceté !

ETIENNE
Ah oui, à côté d’elle, Vladimir Poutine c'est le Dalaï lama.

VICTOIRE
Même que moi, je me demande comment elle a réussi à vivre aussi vieille alors que tout le village la haïssait autant.

ETIENNE
Elle a raison et dans ce cas-là, tout le village est suspect.

LA GENDARME
Sauf que tout le village n’était pas dans la maison au moment du meurtre.

VICTOIRE
Vous savez, ces derniers temps, elle regrettait beaucoup ses mauvaises actions. Alors, il lui faut pardonner… Dieu ait son âme !

LA GENDARME
C'est ça refilez lui la patate chaude. (À Étienne) Tu étais où hier soir Étienne ?

ETIENNE
Dans le jardin. Victoire et moi, on avait promis à Mamie de planter des semis. Et je ne vous cache pas que j’aime bien prendre un râteau de temps en temps.

BERNARD (SARDONIQUE)
Avec ta gueule, prendre un râteau, ça ne doit pas être un problème.

ETIENNE LUI LANCE UN REGARD NOIR.

LA GENDARME
Et à l’heure du crime ?

ETIENNE
Je dormais sur mes deux oreilles.

LA GENDARME
Donc, vous n’avez pas d’alibi ?

ETIENNE
Ben non, à part mes deux oreilles.

VICTOIRE
Et moi, je priais ! C’est bon comme alibi ça, le Seigneur ?

LA GENDARME
On va faire avec. Et toi Bernard ?
BERNARD (SOUDAIN TRES MAL)
Ben moi…

LA GENDARME
Ben oui, toi.

BERNARD
Comment dire. Ben… moi aussi, je priais.

SURPRISE DES AUTRES.

VICTOIRE
C’est vrai ?

BERNARD
… Je priais ma femme de revenir. J’étais avec elle au téléphone.

ETIENNE
Cachottier. Alors comme ça Gladys t'a quitté, je le crois pas ?

BERNARD
Pas du tout ! Enfin, c’est compliqué ! On se donne juste un temps de réflexion pour mieux positionner notre relation future ! Créer une nouvelle équation conjugale pour retrouver l’harmonie perdue par des années de vies parallèles.

LA GENDARME
J'ai rien compris, il ne peut être un peu plus clair Boris Cyrulnick ?

BERNARD (PENAUD)
En fait, comment dire, c’est juste que ma femme a eu une relation non appropriée avec un membre du gouvernement.

LA GENDARME
Un membre ?

ETIENNE
Ce qu’il veut dire, c’est que, contrairement à ma vieille chaîne HIFI, sa Gladys n’est pas « Haute-Fidélité ».

LA GENDARME
Ah d’accord, escroc et cocu ! Vous êtes pour le cumul des mandats, vous.

BERNARD
Et je peux vous dire que, quand je l’ai appris, ça m’a laissé sans voix !
ETIENNE
Et être sans voix, pour un député, c’est pas bon signe !

LA GENDARME
Très bien. Et votre femme, elle peut confirmer ?

BERNARD
Que je suis cocu ?

LA GENDARME
Mais non, pour l'alibi.

BERNARD
Bien sûr ! Mais vous savez, malgré les apparences, on s’aime beaucoup avec Gladys.

ETIENNE (PSY)
Je compatis, vraiment ! Tu devrais dire à ta femme de venir s’allonger sur mon canapé… je suis sûr que je pourrais lui faire beaucoup du bien !

BERNARD
Ça va pas non, pervers…

ETIENNE
Je suis le mieux placé ici ! Et sans me vanter, vue mon expérience, je pense pouvoir arriver à bien la pénétrer…

BERNARD (ECLATANT)
… Dégueulasse !

ETIENNE
…dans son inconscient ! Je parle de son inconscient. Enfin Bernard, il faut arriver à savoir pourquoi elle n’arrête pas de se taper tout le monde dans ton dos. Et là, c’est le psy qui te pose la question ?

BERNARD
Et là, c’est le coup de boule qui va te répondre, enfoiré…

BERNARD S’APPROCHE D’ETIENNE MENACANT. ETIENNE VA DERRIERE LE FAUTEUIL POUR SE PROTEGER.

LA GENDARME
Dites, ça commence à bien faire ! Je peux continuer mon enquête moi ?
LA GENDARME (SUITE)
Vous réglerez vos problèmes de familles, en famille, quand j’aurais fini mon enquête ! Alors, les « Frères Karamazov », maintenant on va arrêter « Crimes et châtiments », parce que, là, vous commencez sérieusement à me les gonfler menues. Et attention, parce que, bon, j'ai de la patience… (Montrant son flingue) mais j'ai aussi un flingue.

BERNARD
D’accord je me calme…

ETIENNE
C’est vrai ! Bernard, t'es trop dans l’affect, je voulais juste t’aider.

BERNARD
En te tapant ma femme !

ETIENNE
Pas du tout ! "Lâche prise", s'il te plaît "lâche prise" toi aussi !

BERNARD
Je n’en ai pas fini avec toi, fais-moi confiance. Tu vas prendre cher…

ETIENNE
Attention Bernard, ne me menace pas : si tu veux qu’on déballe le linge sale, il ne va pas être très beau le nettoyage de printemps. (à la Gendarme) Adjudante, je veux faire un déclaration : c’est lui qui a tué mamie ! Il me l’a dit…

BERNARD
C’est n’importe quoi, il essaye de vous balancer des « Mythos ».

LA GENDARME
Allez, le psy, je vous écoute.

ETIENNE
Il a des dettes ! Je l’ai entendu au téléphone ce matin avec son avocat et il a dit que tout était arrangé car Mamie était crevée.

BERNARD
C'est pas vrai, mais c'est pas vrai ! (La gendarme le fixe) Enfin pas tout à fait ! Effectivement, j’ai quelques légers petits problèmes financiers en ce moment. Et c’est vrai que l’héritage de mamie est une aubaine…

ETIENNE (FAYOT)
Ah j’avais raison ! Et il voulait aussi qu’on trafique le testament pour ne rien donner à cousine Victoire. Et ça, j’étais contre…
VICTOIRE
Ah bon ?

BERNARD (SE JUSTIFIANT)
D’accord aussi ! Mais le vol, c’est pas un crime que je sache.

LA GENDARME
Continuez…

BERNARD
Mais j’ai tout dit, je vous jure. J’ai plus rien à cacher, c’est tout !

VICTOIRE
C’est pas vrai, c’est pas tout, il ment encore ! Il est allé voir mamie hier soir dans sa chambre, moi aussi, je l’ai vu.

ETIENNE
Et ça ne se passait pas bien du tout, moi, je l’ai entendu.

VICTOIRE
Il y a eu des cris…

ETIENNE
Il a dû l’étouffer, beurk !

BERNARD (SE JUSTIFIANT)
Mais pas du tout, c’est pas ça du tout.

LA GENDARME
Il n’y a pas eu de cris ?

BERNARD
Si, mais non. C’est compliqué…

LA GENDARME
Allez !

BERNARD
D’accord, je vais parler : Hé bien oui, j’ai pas tout dit ! J'avoue !

ETIENNE
Salaud !

VICTOIRE
Judas !

BERNARD
J'avoue que je suis allé la voir dans sa chambre… juste aller la voir ! Arrêtez de vous emballer comme ça tous les deux, vous commencez à me foutre les jetons.

ETIENNE ET VICTOIRE SE CALMENT.

BERNARD (CONTINUANT)
En fait, Étienne : Entre ce que tu as entendu et ce que tu as cru entendre de ce que tu as entendu et bien tu n’as pas du tout entendu ce qu’il fallait entendre. Parce que, tout ça, en fait, c’est un…

LA GENDARME
…Un malentendu !

BERNARD
Voilà !

VICTOIRE
J’ai rien compris.

ETIENNE
Normal, c’est un politique.

BERNARD
En fait, mamie, je l’ai… je l’ai…

LA GENDARME
Assassinée ?

BERNARD
… Sollicitée ! Je voulais juste qu’elle m’avance un peu d’argent pour ma campagne. Mais elle a fait la sourde oreille.

VICTOIRE
Elle avait dû enlever son sonotone.

LA GENDARME
Donc, il a entendu que vous ne vous êtes pas entendus.

BERNARD
C’est ça…
LA GENDARME
Et finalement, elle vous a donné de l’argent ?

BERNARD
Non, rien. Plus je parlais et plus elle ronflait … alors j’ai eu une soudaine envie de la massacrer… mais je ne l’ai pas fait et je suis reparti.

LA GENDARME SE MET A MARCHER LE LONG DE LA PIECE.

LA GENDARME
C’est curieux quand même tout ça…

VICTOIRE
Quoi donc ?

LA GENDARME
D'après Blondin, un des oreillers de la victime a disparu. L’assassin a sans doute étouffer la victime, et il est ensuite parti avec le coussin, Car ce coussin, c’était l’arme du crime… Et l’assassin a du ensuite s’en débarrasser ou le cacher.

ETIENNE
La voilà la preuve, c’est l’oreiller ! Il faut le retrouver…

VICTOIRE
Il doit être sûrement dans la chambre à Bernard !

BERNARD
Mais pas du tout, c’est ridicule : JE SUIS INNOCENT !

LA GENDARME
Et ben, on va en avoir le cœur net. Allez hop, passez devant.

BERNARD
Attention, ne me molestez pas ! Je suis un futur élu et j’ai le bras long. Cette histoire va aller très loin.

LA GENDARME
Déjà, jusqu’à ta chambre.

LA GENDARME LE POUSSE VERS LA CHAMBRE. IL RESISTE.

BERNARD
Je préviens, tout ça finira à la cour européenne des droits de l’homme ! Sale conne !

LA GENDARME
Ça va ! Arrête un peu avec ton avocat…

BERNARD
Non là, c’était juste une opinion.

ILS SORTENT. UN TEMPS. VICTOIRE SAUTE DANS LES BRAS D'ETIENNE. CELUI-CI N'EST PAS TRES CHAUD ET LA REPOUSSE DOUCEMENT. ILS PRENNENT UN TON TRES COMPLOTEURS.

VICTOIRE
Et voilà le travail, Étienne ! Notre plan a fonctionné parfaitement…

ETIENNE
Oh que oui… Imaginer de mettre les empreintes de Bernard sur le vieux coussin de Mamie pour le faire accuser de meurtre, notre idée était superbe.

VICTOIRE
La «Choupinette», elle a tout gobé…

ETIENNE
Ah ça c’est normal : quand tu commences majorette, tu finis rarement au Panthéon.

VICTOIRE
Et le Bernard, il va prendre un max !

ETIENNE
Et nous on va toucher le pactole…

VICTOIRE
Et avec l’argent, on partira tous les deux en amoureux, en pèlerinage à Lourdes.

ETIENNE
Attention, pas de précipitions, il ne faut pas parler de Lourdes à la légère. Tu as bien récupéré le testament ?

VICTOIRE SORT TOUTE CONTENTE UNE ENVELOPPE.

VICTOIRE
Le voilà ! Il était dans le tiroir de la table de la cuisine. Mamie avait dû le ranger là avant de pousser son dernier soupir et je l'ai piqué discrètement.

ETIENNE
Très bien ! Ouvre-le, et dis-moi ce qu'il y a d'écrit.

ELLE L'OUVRE. ILS SONT EXCITES.

VICTOIRE
D'accord. On va être riche… (Excitée) ça me fait pleins de choses, tout partout !

ETIENNE (FEBRILE)
Alors, il y a écrit quoi ?

VICTOIRE
C'est dur à déchiffrer, il y a beaucoup de consonnes et des voyelles aussi.

ETIENNE
Normal, ça s’appelle des phrases.

VICTOIRE
ÇA Y EST !

ÉTIENNE
Alors on hérite ?

VICTOIRE
Non, c'est pas nous.

ETIENNE
Ah bon ? Mais c'est qui ?

VICTOIRE
Findus et Fleury Michon…

ETIENNE
Quoi ?

VICTOIRE
Et il ne faut pas oublier non plus, l'ami Récoré.
ETIENNE (ENERVE)
Mais c'est quoi ce testament pourri ? Donne-moi ça ! (Il lui prend le papier et le lit) Enfin Victoire : c'est pas du tout ses dernières volontés…

VICTOIRE
Ah bon, et c’est quoi ?

ETIENNE
La liste de Monoprix !

VICTOIRE
T’es sûr ?

ETIENNE
Mais bien sûr, t’as abusé de vin de messe ou quoi ?

VICTOIRE (SOULAGEE)
Tu me rassures ! Parce que je n’aurai pas aimé du tout partager la maison avec les glaces "Haggen-Dazz"… je ne parle pas du tout le scandinave.

ETIENNE
Analysons calmement la situation. Il faut mettre la main sur le testament, sinon ça ne sert à rien d’avoir fait accuser Bernard…

VICTOIRE
Ah si ! Ça soulage…

ETIENNE
Dis donc, n’oublie pas la bible : Si on te frappe sur la joue droite…

VICTOIRE (ENERVEE)
Et ben moi, je lui massacre la joue gauche !

ETIENNE
Évangile selon Saint LUC ?

VICTOIRE
Non, selon Bruce Willis ! Je vais te dire Étienne : si Jésus, au lieu de pardonner, il avait sorti le gun, et ben on n’en serait pas là et ça ne serait pas tant le bordel chez les cathos.

ETIENNE (DEPASSE)
Enfin Victoire, Bernard n’est pour rien dans la mort de Jésus…

VICTOIRE
Si ! (Haineuse) Je le hais, mais je le hais…

ETIENNE
Ah mais je vois, je vois.

VICTOIRE
Surtout après tout ce qu’il m’a fait subir quand on avait 20 ans…

ETIENNE
Ah bon, il s’est mal comporté avec toi ?

VICTOIRE
Oh oui !

ETIENNE (INQUIET)
Mais enfin, il t’a fait quoi ?

VICTOIRE (AU BORD DES LARMES)
Ben disons… que lui et moi… enfin surtout lui. Quand j’y repense… c’est horrible…

ETIENNE
Il a voulu coucher ?

VICTOIRE
Ben non, justement il n’a pas voulu ! Jamais ! C’est pas humiliant ça ?

ETIENNE (FAUX CUL)
Ah si, c’est dégueulasse ce qu’il t’a fait.

VICTOIRE
Mais attention : Femme humiliée, mec mal barrée.

ETIENNE
Bon, cousine, Il faut absolument trouver les dernières volontés de Mamie … alors direction sa chambre. Et quand, enfin, on l'aura trouvé, on pourra enfin coucher…

VICTOIRE
Ah oui, j'adorerais ça !

ETIENNE PREND PEUR ET SE REPREND. ON SENT QUE L’ATTIRANCE DE VICTOIRE NE LUI CONVIENT PAS.
ETIENNE
… Coucher nos 2 noms sur le testament, je veux dire.

VICTOIRE (DEÇUE)
Ah bon ?

ETIENNE
Et après promis, on passera à l’acte…

VICTOIRE
Sexuel ?

ETIENNE
… Notarié ! L'acte notarié ! Victoire, il faut arrêter les fixettes.

VICTOIRE
Juste un bisou alors…

ETIENNE
Non, je te l’ai déjà dit, pas avant le mariage.

ILS SORTENT ALORS QUE BERNARD ET LA GENDARME REVIENNENT AVEC UN PETIT COUSSIN. LA GENDARME A MIS LE COUSSIN DANS UN SAC EN PLASTIQUE.

LA GENDARME
Et voilà, je la tiens ma preuve : enquête terminée, coupable arrêté !

BERNARD
Enfin, c’est ridicule ! Je ne sais pas du tout ce que faisait ce vieux coussin tout pourri sous mon lit, il n'y était pas ce matin. Parole de « Bouffartigue ».

LA GENDARME
C'est foutu, là, même avec ton super avocat, tu vas prendre perpète, c’est certain !

BERNARD
Mais c'est pas possible, enfin, j’ai jamais payé pour tout ce que j’ai fait… alors je ne vais pas quand même pas payer pour ce que j’ai pas fait. C'est pas moral…

LA GENDARME
Moi, du moment que je te fous en taule, ça me va…

BERNARD SE RAPPROCHE ET IL DEVIENT TRES SEDUCTEUR.
BERNARD
Ah ! Tu me déçois beaucoup Choupinette. Après tout ce qu’on a vécu toi et moi, tous ces moments magiques, on croirait que tu ne t’en souviens plus.

LA GENDARME
Ah mais si ! Je m’en souviens. La dernière fois qu’on a couché ensemble… je me suis retrouvée sur la paille !

BERNARD
Normal, on était dans une étable.

LA GENDARME
Et le livret A que tu m'as vidé juste après, lui aussi, il s’en souvient.

BERNARD
On était jeunes. Et puis, c’était juste pour renflouer ma première PME…

LA GENDARME
Parlons-en de ta PME : PUTE… MAGOUILLE… EMBROUILLE !

BERNARD
Pas du tout, c’était un site internet !

LA GENDARME
« Chaudasse.com » !

BERNARD
Je débutais. C’était très coquin mais très honnête.

LA GENDARME
A d’autres ! Et puis te barrer en douce un matin sans donner plus aucune nouvelle, ça ne se fait pas.

BERNARD
Mea culpa, je te dois des excuses.

LA GENDARME
Non, tu me dois surtout du pognon.

BERNARD
Allez ! Pas de mesquinerie entre nous. Tout cela c’est le passé ! Retenons simplement la belle histoire d'amour que l’on a vécue…

LA GENDARME
Moi : j'appelle pas ça une belle histoire d'amour, j'appelle ça une catastrophe humanitaire.

BERNARD
Enfin, toi et moi, ce n’était pas possible. Tous les deux, on était fait pour monter au rideau… pas pour monter à Paris.

LA GENDARME
C'est surtout que t'as rencontré cette grosse vache de Gladys…

BERNARD
Choupinette… oublions ce qu’il s’est passé et recommençons notre « Love story » à zéro. (Nostalgique) Ah, notre première rencontre, je m’en souviens comme si c’était hier. Toi, tu sortais des majorettes et moi je sortais…

LA GENDARME
… De préventive ! 3 mois ferme !

BERNARD
Ma première erreur judiciaire…

LA GENDARME
Tu parles ! Tu t’étais fait gauler pour vols de sacs à mains devant la maison de retraite. Tout jeune, tu faisais déjà dans la grabataire.

BERNARD
Gabrielle, la mort de Mamie c’est un signe.

LA GENDARME
Un signe que tu vas prendre au moins 20 ans.

BERNARD (SORTANT LE GRAND JEU)
…Un signe qu’il fallait qu’on se retrouve. Tous les deux, il faut se donner une nouvelle chance, un nouveau départ. Je ne t’ai pas oublié. (Chantonnant) « Tu n'as pas changé !

ON SENT LA GENDARME TOUCHEE. IL SE RAPPROCHE D’ELLE. ELLE DEVIENT HESITANTE. ELLE EST EMUE.

LA GENDARME
Arrête Bernard, s’il te plaît…

BERNARD
Oh, ma choupinette, ma choupinette, comme tu m'as manqué…

LA GENDARME
C’est vrai ? Tu veux dire que tu es sérieux ?

BERNARD
Mais bien sûr…

LE GENDARME (TOUCHEE)
Tu veux dire que tu m’aimes toujours ?

BERNARD
Mais bien sûr…

LA GENDARME
Tu veux dire que tu vas larguer ta pétasse ?

BERNARD
Mais bien sûr… que non.

LA GENDARME (DEÇUE)
Tu vois…

BERNARD
Mais je le ferai, je te le promets, quand toute cette histoire sera terminée.

LA GENDARME
Tu veux encore m’embrouiller…

BERNARD
Laisse-moi du temps. Depuis que je t'ai revue, tout est remonté, je suis chaud comme la braise quand je te vois… un vrai barbecue à roulette. Je ne pense qu'à une seule chose… te remettre sur la paille !

LA GENDARME
Désolée mais j’ai plus d’économies.

BERNARD
Mais non, te refaire l'amour, te posséder, que nous soyons de nouveau enlacés, toi et moi… Nus.

LA GENDARME
Nus ?

BERNARD
Nus ! Tu te souviens de nos soirées torrides ?

LA GENDARME
Oh que oui, tu finissais toujours par m’attacher au radiateur.

SOUDAIN GABRIELLE SE PRECIPITE DANS SES BRAS. ILS S’EMBRASSENT GOULUMENT.

LA GENDARME
Oh mon Bernard !

BERNARD
Oh Choupinette ! « Ma petite Génisse ».

LA GENDARME
« Mon joli bœuf de Salers ». Comme tu m’as manqué toi aussi ! Moi non plus, je ne t'ai pas oublié. Tu sais, derrière cet uniforme austère et mal taillé, palpite toujours un cœur sensible et romantique.

BERNARD
Je le savais, il ne faut pas freiner nos désirs. Toi et moi, c’est du sérieux ! Bon, reprenons nos esprits… Voilà, ce qu'on va faire : on trouve le testament, on prend l’argent…

LA GENDARME
… Tu me rembourses.

BERNARD
… Et direction la campagne !

LA GENDARME
D’accord ! La Creuse ou la Beauce ?

BERNARD
Non, la campagne électorale. Tiens je m’y vois déjà : (comme s’il priait) Je vous salue mairie pleine de votes. Et bulletin le fruit de mes magouilles est béni.

LA GENDARME
Par contre, je peux t’aimer… (Se reprenant) Mais ce n’est pas possible, je ne peux pas te couvrir pour un meurtre.

BERNARD
Mais c’est pas moi qui ai tué la vieille, je te le répète depuis ce matin !

LA GENDARME
Tu me le jures ?

BERNARD
Bien sûr, je te le jure sur la tête de mon frère.

LA GENDARME N’EST PAS TOUT A FAIT CONVAINCUE.

LA GENDARME
Bon, je vais me débrouiller pour faire disparaître le coussin. (Soudain menaçante) Mais fais très attention : une nouvelle trahison et c’est 20 ans de prison…

BERNARD (REPENTANT)
Je le ferais plus.

LA GENDARME JETTE LE COUSSIN SUR LE FAUTEUIL. SOUDAIN LE PORTABLE DE LA GENDARME SONNE.

LA GENDARME (AU PORTABLE)
Allô Blondin ? Alors t’as les conclusions du légiste ? Je t’écoute… (un temps) Ah ouais… AH ouais… AH OUAIS ! Hé ben, si je m’attendais à ça… (elle raccroche)

BERNARD
Alors ?

LA GENDARME
Tu ne l’as pas tué…

BERNARD
Je me tue à te le dire.

LA GENDARME
Par contre, j’ai une mauvaise nouvelle pour Mamie… une très mauvaise. Tu sais ce qu’elle avait ?

BERNARD (S’EXCLAMANT)
Du cholestérol !

LA GENDARME
Mais non, on a détecté sur les draps des traces de METHOXY CARBONYL PHOSPHATÉ !

BERNARD
Normal, elle ne faisait jamais le ménage.

LA GENDARME (AGAÇEE)
C'est de la mort aux rats ! Sûrement mis soigneusement dans la tisane. (Sentencieuse) Ta grand-mère, on ne l’a pas étouffée, on l’a empoisonnée !

BERNARD
Mais alors l’assassin, c’est elle, C’EST VICTOIRE !

LA GENDARME
Chutt ! T’as raison, c’est peut-être elle, mais attention, pas de précipitation. D'abord on va aller enterrer le coussin dans le jardin.

BERNARD
Mais t'arrêtes pas la cousine ?

LA GENDARME
Pas tout de suite…

BERNARD
Pourquoi ?

LA GENDARME (SOLENNELLE)
Parce qu’à mon avis, il ne faut pas crier Victoire trop vite !

NOIR ET COUP DE TONNERRE !

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 3

MEME DECOR. VICTOIRE ET ETIENNE SONT REVENUS DE LA CHAMBRE.

VICTOIRE
Fiasco total !

ETIENNE
Mais c'est pas possible, ce testament il est bien quelque part !

VICTOIRE
Étienne, il y a un truc qui cloche, je me demande si on n'est pas tous en train de se faire manipuler.

ETIENNE
Manipuler, mais par qui ?

VICTOIRE
Je ne sais pas, mais je sens que ça mal finir… En plus, je sens vraiment de mauvaises ondes dans cette maison depuis la mort de Mamie.

ETIENNE
Arrête s'il te plaît, tu sais que par moments, t'es vraiment flippante. En tout cas, on reste sur nos gardes.

LA GENDARME ET BERNARD REVIENNENT.

LA GENDARME
Bon, c’est fini de me prendre pour une baltringue Victoire, maintenant, il faut tout avouer !

VICTOIRE
Avouer, mais avouer quoi ?

BERNARD LA FAIT ASSEOIR SUR UNE CHAISE.

BERNARD
Allez, crache ta « Valda » qu’on en finisse ! Et on ne te fera pas de fleur…

LA GENDARME
Au contraire, son avenir, moi, je le vois bien fleury mais à « Fleury Mérogis » !

VICTOIRE
Oh non, pas la prison, pitié.
LA GENDARME
La mort aux rats dans la tisane, pourquoi avoir fait ça ?

ETIENNE
Tu as fait ça ?

VICTOIRE
Mais non j’ai pas fait ça ! Moi, je voulais juste voler le testament. C’est tout…

LA GENDARME
Et il est où le testament ?

VICTOIRE
On… (se reprenant) enfin, je ne l'ai pas trouvé.

BERNARD
Mais quelle déception ma pauvre Victoire. Moi qui avais tellement d’estime pour toi.

ETIENNE (FAUX CUL)
Et moi alors…

VICTOIRE
En fait, hier soir, je n’étais pas là où j’ai dis que j’étais alors que j’étais là où on a pensé que je ne pourrai pas être puisque personne ne savait qu’en fait j’y étais.

BERNARD
Elle essaye de nous enfler, il faut la baffer.

ETIENNE
Mais non, elle délire. Vous voyez bien qu'elle n'est pas dans son état normal…

BERNARD
Elle n'a jamais été dans son état normal…

ETIENNE
C'est vrai ! Mais là, Victoire est défaite !

LA GENDARME
D’accord avec vous. Bon, la mort aux rats, c’est toi ou c'est pas toi ?

VICTOIRE
C'est pas moi !

BERNARD LA PREND PAR LE GILET, LA FAIT LEVER, ET COMMENCE A LA SECOUER.

BERNARD (ENERVE)
Moi, là, j’en ai ras le bol de Miss Monde, maintenant on va passer aux choses sérieuses. Alors tu vas avouer, où alors je t’en fous une… compris ?

VICTOIRE (PRENANT PEUR)
Ahhhh ! Bernard, arrête de me secouer la pulpe, je ne suis pas une bouteille d’Orangina.

LA GENDARME
Bernard, tu la lâches. C’est pas réglementaire.

BERNARD (AUX AUTRES)
Laissez-moi la travailler façon Bernard sinon on en a pour des plombes.

LA GENDARME
Pas question ! On la lâche et on la laisse parler.

BERNARD
Et si elle ne parle pas ?

LA GENDARME
Je la défère au parquet.

BERNARD
Mais il faut pas la déférer, il faut le lui faire bouffer le parquet ! (à Étienne) J’ai une idée : et si j’allais chercher la « Gégéne » que papy utilisait pendant la guerre d’Algérie ? Elle est encore à la cave…

ETIENNE
Elle n’y est plus, Mamie l’a revendue sur « Le bon coin ».

BERNARD
Bon, ben on va lui foutre les doigts directement dans la prise…

VICTOIRE (PRENANT PEUR)
Non ! Pas la prise, d’accord, je vais tout dire !

BERNARD
Ah quand même…

LA GENDARME
Pas réglementaire, mais j’avoue : efficace.

VICTOIRE
En fait, pour Mamie, je vous ai menti. La tisane, elle ne l’a pas pris dans son lit…

LA GENDARME
Elle l’a pris où ?

VICTOIRE (MAUVAISE)
… Dans sa gueule !

LA GENDARME
Quoi ?

VICTOIRE (ELLE CRAQUE)
Elle était trop méchante avec moi, depuis toujours. J’ai dit qu’elle m’aimait mais c’est pas vrai, elle n’arrêtait pas de m’humilier. Quand j’étais petite, elle disait tout le temps que quand je serai grande, je serai stupide.

LA GENDARME
Elle n’était pas méchante, elle était visionnaire c’est tout.

VICTOIRE
Et hier soir, elle m'a virée en disant qu'elle n’en avait rien à foutre de mes infusions. Alors, j'ai tout balancé et je suis partie.… et je suis aller pleurer dans le jardin.

LA GENDARME
Et c’est tout ?

VICTOIRE
Non, c’est pas tout.

LA GENDARME
Continuez…

VICTOIRE
Elle a ajouté qu’elle attendait quelqu’un.

LA GENDARME
Une visite, mais de qui ?

VICTOIRE
J’en sais rien. Mais elle était toute fébrile. Même que son dentier faisait des castagnettes.
ETIENNE
Normal, son dentiste était espagnol.

LA GENDARME
Un visiteur du soir, comme c’est étrange. C’est bon, c’est tout ?

VICTOIRE
Non, c’est pas tout. Elle a ajouté qu'on ferait bien la gueule tous les 3, et surtout ce gros foireux de Bernard. Elle l’a bien précisée : « gros foireux de Bernard ».

BERNARD
Mamie m’adorait. C’est ridicule…

LA GENDARME
Bon là, c’est tout ?

VICTOIRE
Non, c’est pas tout. J’ai un alibi, car cette nuit, je n'ai pas dormi seule… et toc.

ON SENT ÉTIENNE QUI FAIT PROFIL BAS. BERNARD EST STUPEFAIT.

BERNARD
Toi, t’as un mec, non ?

LA GENDARME
Et c'est qui la victime ? Enfin je veux dire "l'heureux élu".

VICTOIRE
Je ne peux pas le dire.

ETIENNE (MAL)
Elle a raison, peut-être que nous devrions respecter sa vie privée…

BERNARD
Oh le boulet ! Laissez la moi, juste une minute et je vous promets qu'elle va pleurer sa mère mais qu'elle va arrêter de nous faire sa sucrée… C'est qui ?

VICTOIRE
Bon, d’accord ! De toutes façons, notre amour doit éclater au grand jour… cette nuit, j'ai dormi avec… avec… Avec Étienne !

LA GENDARME ET BERNARD LE REGARDENT.

BERNARD
Toi ?

LA GENDARME
Vous ?

ÉTIENNE (MINIMISANT)
Moi ! Mais attention, elle a dit « dormi » pas « couché ! Je tiens à le préciser sur le procès verbal.

LA GENDARME
T'as une liaison, toi ? (à Étienne) C’est fou, je te croyais un peu mou du trois pièces ?

ÉTIENNE
Mais pas du tout ! Il faut arrêter avec toutes ces suppositions.

VICTOIRE
En plus, Étienne est un vrai gentleman, et il n'a pas essayé d'abuser de la situation !

LA GENDARME
Normal ! Il est psy, mais il n’est pas con.

BERNARD (REVANCHARD)
N’empêche que vous êtes une bonne bande de faux-culs tous les deux ! Vous êtes cousins, vous couchez ensemble, beurk, vous essayer de me piquer ma part d’héritage… rebeurk et bilan des courses, vous vous faites choper comme des baltringues. Ah bravo la famille…

LA GENDARME
Donc, résumons : L’assassin serait en fait ce mystérieux visiteur…

VICTOIRE
C'est ça votre honneur…

LA GENDARME
Il aurait mis le poison dans la tisane et le coussin chez Bernard pour détourner les soupçons ? Et si l’argent n’était pas le mobile du crime ?

ETIENNE (REDEVENANT PSY)
Et si c’était Freudien ?

LA GENDARME
Ce Freudien, il est du village ?

ETIENNE
Non, ce que je veux dire, c’est que tout cela ressemble à une théorie à Lacan.

BERNARD
Ah non, plutôt à une théorie à la con ! (Montrant victoire) Pour moi, elle nous manipule grave et tout ça, c’est une pure invention d'un cerveau dérangé.

VICTOIRE
Tu sais ce qu'il lui dit le cerveau dérangé au gros foireux ?

BERNARD (SE RETENANT)
Fais gaffe toi, remets pas une pièce dans la machine à baffes !

LA GENDARME
Stop ! On fait un break ! J'avoue que tout ça me dépasse un peu. Je vais en référer à l’adjudant Blondin et je reviens. Mais attention, interdiction de sortir de la maison, sinon c'est direction le schnouf… Compris ?

TOUS
Compris !

LA GENDARME ENLEVE LES MENOTTES A VICTOIRE ET SORT DE LA MAISON.

BERNARD
On est mal… très mal.

ETIENNE
Moi ça va, j’ai ma conscience pour moi. (Il montre la bouteille de liqueur sur la table). Par contre, j’ai besoin d'un petit remontant. Une petite goutte quelqu'un ?

ETIENNE SE SERT UN VERRE MAIS NE LE BOIT PAS.

VICTOIRE (VEXEE)
Je ne bois pas avec des mécréants. (Énigmatique) Et je tiens à vous dire que la vengeance est un plat qui se mange froid… et moi je sens qu'il sera copieux. Un accident est si vite arrivé. Tiens, je vais aller finir de m'occuper des hortensias, ça va me détendre. (Soudain inquiétante aux deux autres) On a creusé un grand trou dans le jardin … alors ça serait bien qu’il serve à quelque chose.

SOUDAIN ON SENT BERNARD TRES INQUIET. VICTOIRE PREND UNE PELLE DANS LE COIN DE LA PIECE.
BERNARD
Attends ! Tu veux dire quoi par là ?

VICTOIRE
Qu’un de ces jours, ici, il faudra faire un grand nettoyage…

BERNARD (INQUIET)
Tu veux dire nettoyer la maison ?

VICTOIRE (TON AMBIGU)
Voilà, on va dire ça.

VICTOIRE SORT VERS LE JARDIN. BERNARD S’AFFOLE.

BERNARD
Etienne vient ici ! Pose ce verre et viens ici tout de suite !

ETIENNE POSE SON VERRE ET LE REJOINT.

ETIENNE
Qu'est ce qui se passe ?

BERNARD
Cette fille est complétement folle…

ETIENNE
Tu parles d’un scoop.

BERNARD
Et je crois aussi qu'on court un grand danger.

ETIENNE
On risque quoi ?

BERNARD
De se prendre un coup de pelle dans la tronche et de finir dans le jardin, en compost.

VICTOIRE
Tu crois qu’elle serait capable de nous jardiner ?

BERNARD
Etienne : tu te souviens du rêve qu’on faisait quand on était petit ?
ETIENNE (NOSTALGIQUE)
Rencontrer « CASIMIR » ?

BERNARD
Mais non, se débarrasser de cette vieille salope qui nous a pourris la vie toute notre enfance.

ETIENNE
Ah oui, aussi.

BERNARD
Et bien, Victoire est passée à l'acte.

ETIENNE
Tu crois que ce serait une « Sérial cousine » ?

BERNARD
Il faut que je t’explique une chose. Moi, j'étais un bébé adorable, tu te souviens ?

ETIENNE
Ben non, je t’ai toujours connu enfoiré.

BERNARD
Justement, si je suis devenu un salaud intégral… c’est à cause de Mamie. (Moue d'Étienne) Ah si : On ne naît pas pourri… on le devient.

ETIENNE
Simone de Beauvoir ?

BERNARD
Patrick Balkany ! Et toi, si t’es imbaisable, si tu refoules tes pulsions et si t’es con comme un balais, tu n’y es pour rien.

ETIENNE
C’est aussi la faute à Mamie ?

BERNARD
Non, ça c’est la faute à la nature. Mais au fond, c’est pareil…

ETIENNE
Mais quel rapport avec Victoire ?

BERNARD
Elle a fait ce qu’on n’a pas oser faire… "Couic Mamie"…

ETIENNE (DOUTANT)
Je pense que t’es en train de te monter un peu trop le bourrichon. Victoire psychopathe, enfin, elle a toujours eu le QI d'un playmobil.

BERNARD
Toi, t'as pas le courage de tuer quelqu’un, ça se voit.

ETIENNE
Ça se voit à quoi ?

BERNARD (MONTRANT SON SEXE)
Sexuellement, t’es pas équipé pour ! Et moi, j’ai voulu l’étouffer…

ETIENNE
Ah bon ?

BERNARD
Mais j’ai glissé, et ça a foiré.

ETIENNE
C’est ballot !

BERNARD
Alors pour l'empoisonner à la tisane, il reste qui ? C’est elle je te dis ! Rien ne l’arrête, et toi et moi, on est les prochains sur sa liste.

ETIENNE
Et ce visiteur du soir ?

BERNARD
Une fausse piste pour paumer "Choupinette" !

ETIENNE PREND CONSCIENCE QUE BERNARD A RAISON.

ETIENNE
Victoire, une tueuse, mais bien sûr. Il faut tout dire à la majorette

BERNARD
Pas question : En politique, on ne dénonce pas… on fait chanter.

ETIENNE
Et là, on fait quoi ?

BERNARD
J’ai bien réfléchi et il faut agir avec courage…

ETIENNE
T’as raison, on va l’affronter !

BERNARD
Non, on va se casser ! Et rapido en plus !

ETIENNE
Mais le testament ?

BERNARD
Tant pis pour l’héritage, et tant pis pour la Juge. Je vais chercher ma valise.

ETIENNE (INQUIET)
Je viens avec toi…

BERNARD
Non ! Tu m'attends ici…

ETIENNE
Pas question. (Peureux) J’ai les chocottes.

BERNARD
Juste 5 minutes, enfin un peu de virilité…

ETIENNE
Et si elle revient, je fais quoi ?

BERNARD
Rien tu ne prends pas de risques et tu gagnes du temps. Et surtout tu ne la contraries pas… on ne sait jamais.

ÉTIENNE
D’accord : Je vais dire "Amen" à tout …

BERNARD
Ça lui plaira. J’ai un P38 planqué dans ma valise. Comme ça, si la cousine veut nous faire des misères… hop, on lui mettra un peu de plomb dans la cervelle.

ETIENNE
Ça ne pourra que lui faire du bien.

BERNARD VA A LA CHAMBRE. ETIENNE RESTE SEUL ET ON NE LE SENT PAS DU TOUT RASSUREE. VICTOIRE REVIENT. AVEC DES BOTTES EN PLASTIQUE ET AVEC LA PELLE… ELLE EST CALME ET PRESQUE JOVIALE.

VICTOIRE
Ah, je vais mieux, moi. Travailler le jardin, ça détend.

ETIENNE (PEUREUX)
Ah ça ! Le retour à la terre, ça rend terre à terre !

VICTOIRE
Par contre, pour mettre sous les hortensias, il me faudrait un bon engrais … Qu'est ce que je pourrais mettre sous les fleurs… t'as pas une idée ?

ETIENNE (TERRORISE)
Non ! Pas sous les hortensias… pitié Victoire, je ne veux pas finir en plates-bandes.

VICTOIRE
T’es sûr que ça va cousin ?

ETIENNE
Pas du tout. Écoute, je ferai tout ce que tu voudras ! Même, tiens, je peux t'aider à te débarrasser de Bernard. Mais laisse-moi la vie…

VICTOIRE
Mais enfin, pourquoi, je te ferai du mal ?

ETIENNE
Parce que, j’ai pas voulu coucher…

VICTOIRE
On s’en fout ! De toutes façons, j'ai réfléchi, t’es pas mon type d’homme.

ETIENNE
Ah bon, t’es plutôt Brad Pitt ?

VICTOIRE
Non, plutôt le PAPE FRANÇOIS. Allez la bise.

VICTOIRE S'APPROCHE AVEC LA PELLE DANS LA MAIN. ETIENNE S’AFFOLE CAR IL N'A PAS CONFIANCE.

ETIENNE
Non ! Surtout pas ! Ne m'approche pas…

VICTOIRE
Hôla ! On revient. Hop Hop… c’est moi… c’est Victoire, ta cousine.

ETIENNE
Attention, si t'approches, je vais crier !

VICTOIRE
Mais tu pètes complétement les boulons mon pauvre garçon. Je te le dis… parti comme tu es, un jour, tu vas finir six pieds sous terre.

ETIENNE
Non ! Pas dans le trou, je ne suis pas un semis, je ne suis pas un semis.

VICTOIRE
Bon, je vais au garage pour trouver de quoi biner. Mais t'as vraiment un pet au casque, toi…

VICTOIRE SORT. ETIENNE RESTE TOUT SEUL. ON SENT QU'IL A EU PEUR. UNE MUSIQUE ANGOISSANTE MONTE PEU A PEU. SOUDAIN IL ENTEND UN BRUIT VENANT DU JARDIN.

ETIENNE
Bernard, c'est toi ? Bernard ? BERNARD ?

ETIENNE VA DANS LE JARDIN.

ETIENNE
Non pas ça… pas ça ! NON PITIÉ !

ON ENTEND LE BRUIT D’UN COUPS DE FEU. BERNARD REVIENT AVEC UNE PETITE VALISE.

BERNARD
Frangin ? T’es où Étienne ? J’ai pas retrouvé mon arme, je suis sûr qu’on me l’a chouravé. C'est sûrement la folle ! Il faut se barrer vite ! Étienne ? T’es où ?

BERNARD VA AU JARDIN.

BERNARD (OFF)
Ahhhh ! Oh la là…

BERNARD REVIENT. IL EST SOUS LE CHOC. VICTOIRE REVIENT DU GARAGE AVEC UN BINETTE !

VICTOIRE
T’as vu ce que j’ai fait dans le jardin… c’est du beau boulot ! Hein ?

BERNARD
C’est toi qui a fait ça ?

VICTOIRE (FIERE)
Ben oui !

BERNARD
Mais pourquoi ?

VICTOIRE
J’avais besoin de me défouler !

BERNARD
Après Mamie, le cousin. Et le suivant c'est qui ?

ON SENT BIEN QUE VICTOIRE NE COMPREND PLUS.

VICTOIRE
C'est "qui qui " ? Mais de quoi on parle ?

BERNARD
D’Étienne !

VICTOIRE
Ah lui ? Je crois qu’il ne va pas bien du tout…

BERNARD
Ah ben j’ai vu…

VICTOIRE PENSE QU’ELLE PARLE DE SES TRAVAUX DE JARDINAGE.

VICTOIRE
On a eu un échange « un peu vif »… il est où ?

BERNARD
Toujours dans le jardin, il n’a pas bougé.

VICTOIRE
Très bien. Alors je m’excuse et je rebouche le trou.

BERNARD
Non ! Pas d’accord. Pas d’accord du tout… Victoire, tu es un danger public, une psychopathe… une grande malade. Il faut te soigner sinon tu vas décimer tous les "Bouffartigues".

VICTOIRE
Décidément, entre toi et Étienne, y'en a pas un pour rattraper l'autre.

A CE MOMENT, LA GENDARME REVIENT AVEC UN OBJET DANS UN GRAND MOUCHOIR.

BERNARD
Ah Choupinette, c’est bien Victoire la coupable. Elle vient de tuer Étienne avec mon révolver. Et elle l’a achevé à coup de pelle…

LA GENDARME
Quoi ?

VICTOIRE
Mais non, c'est pas vrai ! Vous êtes tous devenus fous ou quoi ? C'est pas moi la tueuse…

BERNARD
Et c'est pas moi le tueur…

VICTOIRE
J’ai pas pu tuer Étienne, j'étais au garage…

BERNARD
Et moi dans la chambre…

ON SENT LA GENDARME COMPLETEMENT PERDUE.

LA GENDARME (ELLE EN A MARRE)
Bon, on calme le jeu tous les deux ! On va aller régler tout ça avec l’adjudant Blondin. Et ton révolver, ce ne serait pas celui là par hasard ?

LA GENDARME LUI MONTRE LE GRAND MOUCHOIR AVEC UN REVOLVER A L’INTERIEUR.
BERNARD
Mais si c’est lui, tu l’as trouvé où ?

BERNARD LE LUI PREND DES MAINS ET POINTE VICTOIRE.

LA GENDARME
Par terre devant l’entrée du jardin ! Hé rends le moi, c’est un pièce à conviction.

BERNARD (MONTRANT VICTOIRE)
Ouvre les yeux Choupinette, elle va me foutre un grand coup dans la tronche par surprise avec sa pelle… c’est une fourbe.

VICTOIRE
Et lui, il va me plomber par derrière, c'est un politique.

LA GENDARME
Bon, vous me donnez ces armes tout les deux ou alors je vais me fâcher…

BERNARD
Attention Victoire, si t’avances, tu vas les prendre les pruneaux. Et ta gueule, elle va ressembler à un Far breton.

VICTOIRE
Et toi, tu vas finir en carpaccio…

BERNARD
Essaye et il ne va pas se déplacer pour rien… le Docteur Lafolle !

VICTOIRE
LAFIOLE ! Putain : DOCTEUR LAFIOLE ! Trop c’est trop ! Connard, pauvre type… cocu ! Tiens, prends ça.

VICTOIRE SE PRECIPITE ET VEUT DONNER UN COUP DE PELLE A BERNARD QUI ESQUIVE PUIS TIRE… ET VICTOIRE SE TIENT LE VENTRE. ELLE EST TOUCHEE.

VICTOIRE
(Elle chante en gémissant) Plus près de toi mon dieu, plus près de toi ! (Illuminée) Le paradis… je vois déjà le paradis ! Oh putain, c’est moche, il n’y a que des Mac Do.

VICTOIRE S’ECROULE… MORTE. TETE DE LA GENDARME DEPASSEE.

LA GENDARME (EFFAREE)
Bernard, mais qu'est ce que tu as fait ?

BERNARD
Mais rien, t’as vu, je me suis défendu. C'est tout.
LA GENDARME
Allez donne-moi cette arme, c'est fini maintenant. On va bien s’occuper de toi.

BERNARD
J'ai pas confiance. Je sens qu’encore une fois, on va tout me foutre sur le dos. J'ai un sixième sens et là je renifle l'embrouille. Ma Choupinette, partons loin.

LA GENDARME VEUT LUI PRENDRE L'ARME DE FORCE.

LA GENDARME
Il n'y a plus de Choupinette, je te l’avais dit que je ne pouvais pas te couvrir un meurtre… alors deux !

BERNARD (AFFOLE)
Pitié, je ne veux pas aller en prison sinon c'est foutu pour les élections.

LA GENDARME S'APPROCHE POUR LE DESARMER.

LA GENDARME
Mais non, ils sont tous passés par là. Tu verras que tu te feras même des relations. Allez donne…

LA GENDARME ESSAYE DE LUI PRENDRE L'ARME DE FORCE ET BERNARD SE DEFEND.

BERNARD
Non.

LA GENDARME
Allez… ALLEZ !

SOUDAIN UN COUP PART. BERNARD EST TOUCHE ET TITUBE.

BERNARD (AGONISANT MAIS TRES POLITIQUE)
Françaises ! Français ! J'assume les conséquences de cet échec et je me retire définitivement de la vie politique... Oh c’est beau le paradis… Mince, elle a raison, il n'y a que des mac do.

IL S'ECROULE. LA GENDARME RESTE UNE SECONDE HEBETEE A LA VUE DES CADAVRES. PUIS ELLE REGARDE LE PORTRAIT DE MAMIE. UN TEMPS…

LA GENDARME
Et ben, maintenant au moins, ils sont d’accords. (Au public) Alors on est bien d’accord, Victoire a tué Mamie puis Victoire a tué Étienne et Bernard a tué Victoire avant que je tue Bernard en légitime défense ! On mettra ça sur le rapport… D’accord ? Vous témoignerez tous que c’est la vérité ? Merci (FORT) C’est bon, tu peux venir. Ces deux nases se sont entre-tués comme prévu et le public n’a rien compris… comme d’habitude.

ETIENNE REVIENT DU JARDIN BIEN VIVANT.

ETIENNE
Et voilà le travail ma Choupinette. Là, franchement, je me suis débrouillé comme un chef.

LA GENDARME LE REJOINT ET L’EMBRASSE FOUGUEUSEMENT.

LA GENDARME
Tu as été parfait mon « tienou »… (elle regarde les 2 morts) Mon Dieu : ils sont aussi minables morts que vivants. Elle, je ne l’ai jamais aimé, malgré ses croyances… elle n’était pas très catholique.

ETIENNE
Et mon frangin, ce sera une perte pour personne. Il était vraiment con comme une table. Et puis il était d’un tel mépris…

LA GENDARME (IRONIQUE)
Et à la fin… un tel mépris qui croyait prendre.

ETIENNE
Bon, maintenant, on trouve le testament et on touche le pactole.

LA GENDARME
J’efface les preuves qui pourraient m’accuser du meurtre de la vieille…

ETIENNE
… tu quittes la gendarmerie…

LA GENDARME
…Et après, tous les deux, tu sais ce qu’on va faire ?

ETIENNE (S'ILLUMINANT)
On va ouvrir un centre de Thérapie en Ardèche…

LA GENDARME
Non… on file au soleil et on n’en branle pas une. Hé ho, ras le bol de tous ces ploucs.

ON SENT ETIENNE PAS TROP D’ACCORD MAIS IL NE DIT RIEN. IL VA CHERCHER DEUX VERRES DE GNOLE.

ETIENNE
Comme tu voudras « Choupinette » ! Bon ! Allez… un petit remontant avant de partir ?

LA GENDARME
D’accord ! On va dire que je ne suis plus en service.

ILS TRINQUENT DEVANT LE PORTRAIT DE LA GRAND-MERE.

ETIENNE
Allez Mamie, A ton argent !

LA GENDARME
Et à la santé de mon Grand-père que t’as dénoncé sous l’occupation vieille vache !

SOUDAIN ELLE SE TIENT LE VENTRE ET TITUBE… LA GNOLE ETAIT EMPOISONNEE.

LA GENDARME (AGONISANT)
Elle décape vraiment ! C'est pas vrai… (elle montre la bouteille) Étienne, le poison, il n'était pas que dans la tisane ?

ETIENNE
Je sais… c’est moi. Désolé…

LA GENDARME
Mais pourquoi tu m'as fait ça ?

ETIENNE
J’avoue : j’ai jamais eu le sens du partage.

LA GENDARME
(Très militaire) Repos… éternels ! (Pour elle) Ah là la !! Je meurs vraiment comme une conne. Et en plus, j'ai horreur des mac do !

ELLE TOMBE RAIDE. ETIENNE LA REGARDE UN MOMENT. PUIS IL PREND SON PORTABLE ET FAIT UN NUMERO.

ETIENNE
Allô Gladys ? C’est bon, tout s’est passé comme on avait prévu, mon amour. Ils sont tous morts, et ton mari aussi bien sûr. D’accord je le lui dis de ta part. (À Bernard) CRÈVE CONNARD ! C’est fait, je le lui ai dit. Bon, j’ai le testament, toi et moi on va pouvoir enfin s’aimer en toute liberté… tu te rends compte que ça fait des années qu’on attendait ça ? Le temps d’enterrer tout le monde et je rentre. Moi aussi je t’aime ma Gladys, c’est ça, à très vite mon cœur.
(IL RACCROCHE ET REGARDE LE PUBLIC) D’accord : tout ça c’est pas très moral… mais ça va être très rentable ! Et finalement, comme dit le proverbe : bien mal acquis profite quelquefois.

IL REGARDE MAMIE ET LE PORTRAIT DE LA VIEILLE DAME S’ECLAIRE ET ON ENTEND UN RIRE STRIDENT ET ANGOISSANT. NOIR. MUSIQUE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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