Roy Bean, la loi à l’ouest du Pecos !
Au XIXe siècle dans un bled paumé des Etats-Unis, un juge farfelu décide de condamner son neveu, un gamin atroce, avec la complicité d’un greffier inapte et d’un huissier arriéré…
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Roy Bean, la loi à l’ouest du Pecos !
Sur une banderole en grand :
« Justice de paix et bière glacée ! »
Juge Roy Bean : « Juge » auto proclamé (ancien escroc), la soixantaine, gaillard barbu. Autoritaire, menteur, vaniteux…
Stuart Jonathan Bean : 17 ans, neveu du « juge ». Méprisant, insolent, fainéant et ne craignant pas du tout l’autorité de son oncle.
Le Greffier : Aux ordres du « juge » qu’il admire. Greffier improvisé, ayant quelques soucis avec l’orthographe…
L’huissier : Huissier aussi peu légitime que le greffier ou le juge, il essaie néanmoins de remplir son office du mieux qu’il le peut… Moins subtil que le greffier, il s’applique à l’imiter au maximum.
Le Juge rentre furieux, suivi du greffier et de l’huissier.
Stuart, le neveu rentre ensuite, nonchalant, méprisant.
Le Juge : Au tribunal ! Amenez-le-moi immédiatement au tribunal !!!
Greffier : Mais monsieur le juge, c’est votre neveu !
Le Juge : M’en fous ! Au tribunal !!! Et au trot !
Huissier : Le voilà qui vient de lui-même
Le Juge : Le p’tit salaud, il ne cherche même pas à s’enfuir ! Viens ici p’tite saleté, assieds-toi là ! Là ! A la place des condamnés, là !
Stuart : (Insolent) Des inculpés !
Le Juge : Réponds pas ! Tu sais qui je suis ? Qui je suis vraiment ?
Stuart : Vraiment ? Hé, y’a que toi qui crois vraiment que t’es ce que tu dis !
Le Juge : Je suis le juge Roy Bean, la loi à l’ouest du…
Stuart : Pécore
Le Juge : Pecos !!!
Huissier : Il a dit « Pécore »
Stuart : Roy Bean : Le pécore du Pecos !
Huissier : Oh !
Greffier : Quel irrespectueux !
Le Juge : (Tapant du marteau sur son bureau) Foutre-Dieu ! 25 $ pour « irrespectabilité » flagrante au dépend de ma personnalité ! Greffier, notez !
Greffier : Je note votre honneur, je note.
Stuart : (Ricanant) M’en fous, j’suis mineur alors d’toute façon, c’est toi l’tonton pécore qui va payer à ma place.
Huissier : Oh !
Greffier : Quel effronté !
Le Juge : Greffier, notez : par recours extraordinaire dû à ma bonté juridique, j’abroge la sanction sus déclarée après « l’irrespectabilité » narrative de cette petite merde de neveu
pourri ! C’est noté ?
Greffier : (Ecrivant, maladroit, à la va vite)
(A l’huissier) Oui. Euh…irrespectabilité de…heu… irrespectabilité ? Un r ?
Huissier : Ça ? (Bruit de bouche) Si tu m’avais demandé pour les B, c’est plus mon rayon.
Greffier : On ne choisit pas ses lacunes.
Le Juge : Que le tribunal fasse silence : Stuart Jonathan Bean, fils de mon abruti de frère Sam Bean…
Stuart : Joshua Bean ! L’autre frère, hé l’vieux gâteux croulant !
Huissier : Oh !
Greffier : Outrage votre honneur !!!
Huissier : Outrage ouvertement vexatoire votre honneur !!!
Le Juge : C’en est trop ! Huissier ! Pratiquez votre office ! A savoir claquage subitus en la vilaine face de ce morveux mal poli !
Huissier : Avec « zèlitude » votre honneur !
« Il s’approche et lève la main pour claquer Stuart »
Stuart : (Hurlant) S’il me tape, j’raconterai tout à Mamie Joe !
Le Juge : Huissier ! Par autorité bienveillante de ma juridiction, j’abroge in extenso l’ordre demandé ci-avant d’une torgnole appliquée en l’effigie pustuleuse de l’inculpé
Huissier : Hein ?
Le Juge : « A l’huissier » Coucouche abruti !
Greffier : Heu… Pas la peine que je note l’annulation de la baffe alors ? Parce que… Comme je l’ai pas encore notée…Hein ?
Huissier : Peut-être, mais ce ne sera pas la vérité vraie.
Greffier : Ah ?
Huissier : Ben oui… La vérité vraie, ce n’est pas la vérité de l’à peu près. Nuance.
Greffier : Noter un fait qu’a pas eu lieu aussi…
Huissier : Mais qu’a failli tout de même ! Et tout de même, ben…heu…c’est tout de même !
Le Juge : Oh ! Que le tribunal se la ferme illico, auquel cas je stipulerai à votre encontre des sanctions de la plus haute gravité. Compris ?
Greffier : Oui votre honneur.
Huissier : Oui votre honneur.
Le Juge : Stuart Jonathan Bean, fils de… on l’a déjà mentionné ?
Greffier : Oui votre honneur.
Le Juge : Bon ! En ce jour de … Heu… greffier ! Formulez !
Greffier :(Se levant et déclarant)
En ce jour de septembre 1887 à Langtry, Texas.
Le ministère public personnifié par l’honorable Roy Bean, juge représentant la loi en son
Bar-tribunal à l’ouest du Pecos. Bar-tribunal fournissant : Justice de paix et bière gratuite contre…
Le Juge : (Outragé) Glacée !!! Bière glacée ! Elle est pas gratuite ma bière, enfin ! Idiot ! Elle est glacée !
Greffier : Oh ! Pardonnez-moi votre honneur, une rature.
Le Juge : 17 $ pour raturage abusif ! Continuez
Greffier : Contre Stuart Jonathan Bean, neveu…
Le Juge :(Fielleux) Persécuteur oui
Greffier : Du juge Roy Bean, accusé, entre autres, de tentative de meurtre pour « conservage » de chaussettes purulentes en présence et malgré une population familiale
HO RRI FIÉE
Le Juge :(Dans sa barbe, aigri) Failli crever moi… Le gaz moutarde, c’est une émanation délicate à côté d’ses pieds crasseux !
Stuart : Mes pieds, y puent pas plus que les tiens !
Le Juge : Calomnie !!! Une de tes chaussettes a été envoyée au médecin légiste qui, après analyse olfactive doit venir témoigner. Huissier, faites-le chercher
Huissier : Il est mort votre honneur. D’affreuses convulsions…Oui
Greffier : Et son assistant choqué s’est depuis mutilé le thorax à coups de serpette.
On craint pour sa santé mentale… Oui
Huissier : Ça, faut l’dire, on est bien inquiet, hein ?
Greffier : Si jeune
Huissier : Quand soudain le malheur vous frappe impitoyablement, hein ?
Greffier : Si jeune
Huissier : On est comme décontenancé, hein ?
Greffier : Si jeune
Le Juge :(Appuyant bien sur les s finals) Abrutissss….
Stuart : (Au public, rapide) Issss ! Voyez ! Ecriture inclusive du pluriel. Plus pécore qu’un pécore, un pécore à la page !
Le Juge : 37$ chacun pour futilité oratoire déblatérée en plein tribunal ! A la caisse !
Huissier :(Très ronchon) 37 $ !!! C’est pas un peu…
Greffier : (Dans sa barbe à l’huissier, rapide) Moi c’est bien simple, si c’est pour me faire taxer pour un oui ou pour un non, je n’besogne plus, c’est de l’effort déconsidéré !
Huissier :(Même jeu) Moi c’est tout pareil, ça m’ôte l’envie, plus motivé…
Le Juge :(A l’huissier et au greffier, très menaçant) Oh ! Y’aurait pas là comme un relent de mutinerie ? Hum ? Non parce que pour les cas express, plutôt que de pendre, (Sortant une vieille pétoire) j’avoine à coup de bastos. C’est moins propre mais ça résout tout autant ! Des volontaires ?
Stuart : (Montrant l’huissier et le greffier) Eux !
Greffier :(Hurlant) Ça va pas la tête !
Huissier :(A Stuart) Fumier va !
Greffier : Y nous ferait flinguer ce p’tit voyou !
Huissier : Fumier va !
Greffier : On n’est pas volontaire, hein Barthe ?
Huissier : Fumier va !
Greffier : Barthe !
Huissier : Du tout, du tout !
Le Juge : (Grand seigneur, rangeant son flingue) En ce cas, la cour magnanime accepte donc votre requête et ne songe plus à vous poivrer les amygdales.
Stuart : Allez tonton, juste un, allez quoi… bute le gros !
Greffier : Objection votre honneur !
Huissier : Mon collègue n’est pas gros et d’un !
Greffier : Et de deux, ce n’est pas de moi dont on parle, mais j’estime tout de même que la doléance de l’inculpé est par trop abusive.
Huissier : Et par trop, c’est par trop !
Le Juge :(Tapant du marteau, apaisant) Messieurs, j’entends bien et vous donne une totale satisfaction en retenant intégralement vos objections.
Stuart : Pfeuh ! S’y va, hé ! Tafiotte !
Huissier : Oh !
Greffier : (Ton gravissime) Votre honneur, au vu des apostrophes hautement avilissantes du prévenu, je réclame à la cour l’instigation imminente d’un Casus belli !
Huissier : Moi aussi, je réclame le…la même chose !!!
Le Juge : Casus belli dites-vous ?
Greffier et Huissier : Oui !!!
Le Juge : A ce point ?
Huissier : Votre honneur, on est quasi obligé là. Demander moins, ça nous dévaloriserait ?
Greffier : On ne se sentirait plus considéré !
Huissier : Casus « bellisons » illico, sinon, c’est la porte ouverte à l’anarchie !
Greffier : Aux jeunes qui s’abrutissent la cervelle !
Huissier : En écoutant des chansons entières d’Aya Nakamura! Entière !
Le Juge : Messieurs, ce que vous me demandez là…c’est grave
Huissier : Grave ? Grave ? Il a osé traiter mon cher collègue de …de gros, alors que, quand on le regarde bien…
Stuart : Il est gros !
Huissier : A peine !!! Jeune homme, apprenez que l’aspect corporel d’une personne ne se juge pas à son aspect physique
Stuart : Alors à quoi donc hé ducon !
Greffier : hum, hum ! Si on pouvait parler d’autre chose que de mon poids, hum ?
Le Juge : Absolument ! 28 $ à l’huissier pour jacasserie débilitante entrainant une conversation foutrement nullissime
Huissier :(Grandiloquent) Puisque même l’insulté ne semble pas vouloir obtenir justice, je fais silence et me retire sur mon tabouret… que j’ai perdu… (Appelant son tabouret) petit, petit, petit
Le Juge : C’est ça, Faites donc. Bon, greffier, on en était où ?
Greffier : (Relisant ses notes) Heu…on en était au… Heu…au cactus belli
Le juge : Casus belli !
Stuart : Ouah les nazes, y savent même pas ce que ça veut dire Casus belli !
Huissier et Greffier : Si on sait !
Greffier : On le sait même très bien !
Huissier : Mais on n’te le dira pas !
Greffier : Voilà, voilà
Huissier : Parce qu’on n’t’aime pas !
Greffier : Voilà, voilà
Huissier : Et les gens qu’on n’aime pas, on n'leur dit pas !
Greffier : Voilà, voilà
Stuart : Oh l’duo d’ringards ! Fermez vos claques merdes !
Huissier : Oh !
Greffier : Tant d’incorrection, tant d’incivilité ! Voilà le visage de ta jeunesse, O pauvre Texas !
Le Juge : Messieurs, je ne suis pas mécontent d’assister à vos échanges. Heureux même de constater de fait ce que j’aurais dû vous déclarer au sujet de mon quotidien avec ce vilain blanc-bec.
Greffier : Nous subissons maintenant ce que vous subites auparavant. O pauvre Texas !
Huissier : Et si on le flinguait tout de suite, on pourrait se boire une petite bière après, parce que fait sacrément soif, non ?
Greffier : (réfléchissant, plutôt convaincu) Ce n’est pas complètement dans les us et coutumes mais de temps en temps une petite variante, c’est pas la mort
Huissier : Surtout pour nous (Le greffier et l’huissier rigolent)
Le Juge : Et mon impartialité alors ! Sous prétexte que c’est mon neveu, je devrais le faire exécuter rapido-presto. Quid des formalités d’usage ?
Greffier : On peut les accélérer
Le Juge : Ben voyons ! Et qui c’est qui va se faire vilipender après par la populace, c’est bibi !
Huissier : Pas si j’ai constaté que c’était régulier…
Le Juge : Va expliquer ça aux familles, abruti !
(Imitant un quidam) Comment ! Le juge, lui, il a le droit de zigouiller son neveu alors que nous, heu… à peine une prune en sa trogne de débilitos et hop ! v’la t’y pas qu’il nous menace de la cour pénale internationale. Juge Roy Bean, salaud d’privilégié.
(Reparlant normalement) Privilèges, privilèges ! Ouais ! J’les entends déjà bisquer, tous ces baveux de fonds d’gamelle
Huissier :(Admiratif) Ça, faut dire, évidemment, c’est des éléments en rabiot qu’on n’avait pas cogités. Hein ?
Greffier : On n’a pas votre expérience aussi
Huissier : Votre vision heu…
Greffier : Globale
Huissier : C’est ça ! Parce que …. C’est dans la globalité des choses qu’on voit…Heu…
Greffier : L’ensemble
Huissier : C’est ça. L’ensemble de toutes les parties. Parce qu’une partie qu’est toute seule, franchement, hein ? … C’est pas assez pour conjecturer
Greffier : Conjecturer, ça nécessite plusieurs parties… visibles !
Huissier : C’est ça ! Quatre ou cinq, au bas mot.
Greffier : Tititi… Ça dépend aussi de l’importance de la partie par rapport à la globalité du tout
Huissier :(Admiratif) Pétard de pétard ! Avouez qu’il en a dans le ciboulot notre greffier ! Waouh !
Greffier :(Fier) Ça m’est venu comme ça
Huissier : Waouh !
Le Juge : Y’a une autre chose qui va vous venir aussi comme ça, c’est une bastos dans la mandibule si j’vous vois encore la brimbaler hors sujet. Compris ?
Stuart : Bute-les, tonton, bute-les ces deux pouilleux.
Greffier : Pfeu…qu’il est répétitif
Huissier : Moi c’est bien simple, même plus envie d’objecter… me sens las, vidé, creux
Greffier : On se dit qu’il va finir par s’essouffler, se fatiguer
Huissier : On se le dit
Greffier : Pis non, il rabâche les mêmes balourdises…ad vitam aeternam…
Huissier :(A Stuart) Triste sire
Greffier : Si encore il innovait
Huissier : Si encore !
Greffier : Quelque chose d’inattendu, de surprenant
Huissier : De pas commun, d’original, hein ?
Greffier : Un autre son de cloche quoi !
Stuart : Qu’on leur coupe les couilles à ces deux pédés !
Huissier : Oh !
Greffier : Ah !
Le Juge : Bingo ! Il innove
Stuart : Toute façon, ils n’sentiront rien, ces deux émasculés.
Greffier : M’ouais… Innovation n’est pas toujours progrès !
Huissier : C’est même souvent l’inverse ! Souvent !
Greffier : J’ai remarqué aussi
Le Juge : Ça s’explique : C’est une question générationnelle.
Huissier : Générationnelle ? Ah bon ?
Greffier : Tais-toi donc, laisse Monsieur le juge développer. Qu’on s’instruise un peu.
Stuart : Oh non ! Chiasse verbale ! Plutôt crever ! Oh l’vieux qui se baratine ! Nananinananère !
Huissier :(Soudain furieux) Pétard de pétard ! Cette fois-ci la soupe est blême, j’l’abolie ! (Ilse précipite sur Stuart)
Stuart :(Narguant) Mamie Joe, mamie Joe
Le Juge :(Hurlant, flingue à la main) Recule !!! Barthe, n’déconne pas ou j’te shoote en plein bidon !
Greffier : Barthe, n’te laisse pas manœuvrer par le gamin, recule
Stuart : (Narguant toujours) Mamie Joe, mamie Joe (Le greffier saisit l’huissier qui allait se précipiter sur Stuart)
Le Juge : Suffit ! (Coup de feu en l’air) Greffier notez : Désormais, à chaque « Mamie Joe » prononcé par ce gougnafier, en représailles, j’ameuterai les villageois dès qu’il se pelotera la nouille. Fini l’tripotage à tire larigot ! Petit porc !
Stuart : Quoi ? Nooon !!! Trop dég !
Huissier : Il se tirlipote ?
Le Juge : 24 heures sur 24 ! Quand on demande à monsieur pour débarrasser la table, peau de zob ! Mais pour se pignoler …
Greffier : Peau de zob aussi !
Huissier : Aussi ! (L’huissier et le greffier rigolent)
Stuart : Oh les nabots ! Faut les balourder ces deux ringards
Le Juge : En Bémol ! Jeune présomptueux !
Stuart : (Soudain superbe)
Cause sans la fanfare !
Je suis jeune, il est vrai, mais aux keums libérés
L’impudeur n’atteint pas ce que raillent nos ainés
Silence
Greffier : Quelqu’un a compris ?
Huissier : Après fanfare heu…j’ai comme des absences…
Greffier : Keums libérés ? Mais libérés de quoi ?
Le Juge : De l’impudeur
Huissier : Ah ? C’est… c’est des impudiques alors ?
Le Juge : Oui
Huissier : Ah ?
Greffier : A moins que ce soit des métaphores.
Huissier : Oh là là … des métaphores ??? Déjà, quand on parle normal…Oh là là !
Greffier : (Au juge) Faut que je note tout ce qu’il a « métamorphosé » ?
Le Juge : Et pas qu’un peu. C’est peut-être à charge ?
Greffier : Ah ? Parce que j’ai pas eu le temps de tout…
Le Juge : Faites-vous aider par l’huissier
Huissier : Oh là là !
Le Juge : Pas de négligence ! Si c’est à charge
Huissier : C’est surtout à la charge de notre pomme, oui !
Le Juge : Messieurs, c’est fondamental ! Il en va de votre fonction !
Greffier : En ce cas, ne nous éparpillons pas en vaines lamentations ! Œuvrons !
Huissier : Oui ! Heu…vrons… Alors, en vrac, en vrac…. Heu, (Cherchant) y’avait les mots comme : jeune, impudeur, fanfare. Fanfare ! J’m’en souviens parce que j’aime bien les fanfares ! La grosse caisse surtout …Poumpoumpoum.
Greffier : (Notant) Tititi. Restons concentré. Impudeur, heu…combien de p ?
Huissier : (Qui n’a pas bien saisi) Ça dépend de ce que tu as mangé avant.
Stuart : Moi là, j’kiffe à donf ! J’suis au cirque. Changez rien les nabots !
Le Juge : En Bémol ! Jeune présomptueux ! Fanfare !
Stuart : Ouah ! Le piège minaaable !!! L’autre naze y croit que je vais répéter, hein pépé ?
Greffier : De toute façon que tu répètes ou que tu ne répètes pas…
Huissier : On s’en fout … Parce qu’on n’t’aime pas !
Greffier : Moins maintenant encore que tout à l’heure !
Huissier : C’est dire ! Toi ou une mygale, on préfère la mygale, même galeuse !
Greffier : Même disgracieuse !
Huissier : Même débaucheuse !
Greffier : Même filandreuse !
Huissier : Même crâneuse !
Le Juge : Messieurs, doucement. Songez que vous vous adressez à mon neveu Stuart. Un adolescent ne vous en déplaise. C’est fragile à c’t’âge-là.
Greffier : Nous aussi, même à nos âges on est fragile
Huissier :(Montrant le greffier) Surtout quand on nous traite de gros.
Greffier :(Montrant l’huissier) Ou de Ducon !
Le Juge : Qu’importe ! La sagesse nous invite à mépriser l’insulteur en l’ignorant superbement.
Greffier : Oui, enfin…vous, quand vous ignorez un insulteur, même superbement, le plomb que vous lui envoyez dans le bidon le distingue très bien, lui.
Huissier : Ou dans la tête, ça dépend de l’angle de tir.
Le Juge : Et alors ? En fais-je grand cas ? Non et vous savez pourquoi ? Parce que j’agis en philosophe stoïcien
Greffier : (Admiratif) Ah ?
Huissier :(Admiratif) C’est donc ça ?
Le Juge :(Soudainement inspiré) Point de passion superflue, soyons raisonnable, considérons les tracasseries de la vie comme une épreuve à dépasser avec sang-froid. Ni joie excessive, ni peine exagérée. Le juste milieu, uniquement le juste milieu
Greffier :(Imitant le juge) Ni trop à droite, ni trop à gauche
Le Juge : L’équilibre du juste milieu
Huissier :(Imitant le juge) Ni trop en haut, ni trop en bas
Le Juge : L’équilibre, toujours l’équilibre
Greffier : Comme un funambule
Huissier : Ou un équilibriste !
Stuart : (A l’huissier) C’est la même chose hé ducon !
Le Juge : Ignorez-le
Greffier : Je l’ignore
Huissier : Moi aussi je l’ignore. (Bas, fielleux) Si mon flingue pouvait l’distinguer…
Greffier : Chut !
Le Juge : L’équilibre permet ainsi de supporter le quotidien sans en être affecté. De la distance en toute chose.
Greffier : De la distance en toute chose
Huissier : En toute chose… (Regardant Stuart) Sauf quand on veut claquer l’profil d’un neveu boutonneux.
Greffier :(A l’huissier, agacé)
Ça ne change rien ! Puisque c’est mentalement que tu dois prendre de la distance.
Le Juge : Philosophie stoïcienne !
Greffier : Ce n’est pas sorcier tout de même ! Excuse-moi, mais pour les subtilités, t’as pas vraiment les bases.
Huissier : (Vexé) Suffit de m’expliquer, je ne demande qu’à apprendre, qu’à m’instruire.
Le Juge : C’est pour cela que nous devons désormais considérer cette petite merde chiasseuse de Stuart sereinement
Huissier : A cause de la distance en toute chose.
Le Juge : Bingo !
Huissier : Voilà, maintenant j’ai pigé. (Au greffier) Pas la peine de vexer les gens
Greffier : Allons !
Huissier : Si ! Toi t’as l’mot qui vexe tout le temps… avec les autres gars, on voulait te le dire, t’es souvent vexant ! Très souvent !
Le Juge :(A l’huissier) Oh ! 26 $ à l’huissier pour déblatération inepte due à une susceptibilité quasi analogue à celle d’une gonzesse !
Stuart : (A l’huissier) Oh la chochotte ! Vexé l’mignon ! Oooh !
Huissier : L’homme délicat est bien seul ici-bas.
Le Juge : Possible, bon ! Greffier, où est-ce qu’on en était déjà ?
Greffier : (Lisant ses notes) Heu…on en était à… Fanfare.
Le Juge : Fanfare ! Telles les trompettes de Jéricho, nous allons faire tomber les murs de l’incompréhension qui nous séparent de nos jeunes adolescents. Comprenons-les d’abord, pour mieux les fustiger ensuite. Greffier, j’vais plaider. Paré ?
Greffier : (Qui note laborieusement) Heu… Oui.
Le Juge :(Au greffier) A vos marques, prêt, partez !
(Pendant tout le discours, le greffier, hyper tendu, fébrile va tenter de le noter)
(Discours inspiré) Outre sa laideur, son odeur âcre et nauséeuse, sa feignasserie congénitale, et sa suffisance intellectuelle basée uniquement sur ses préjugés d’inculte crasseux, l’adolescent est une charge que nous pourrions qualifier d’ordre christique pour les pauvres adultes qui en ont la responsabilité. (Au greffier) Vous suivez ?
Greffier :(Ecrivant comme un dératé) Couci-couça
Le Juge : Faites-vous aider par l’huissier
Huissier :(Bas, vexé) Peux pas…j’ai pas les bases
Le Juge : A quoi devine-t-on qu’un enfant devient adolescent ? Elémentaire chers auditeurs : A son air soudainement outragé pour la moindre peccadille.
Outragé si on lui demande de débarrasser la table.
Outragé si on l’invite à se décrasser l’cul au fond d’un bain moussant.
Outragé si on l’envoie chercher quelques bouteilles de pinards pour son vieil oncle qui en a bien besoin, au vu des malices que l’ingrat lui fait subir toute la journée.
L’outrage est son état quotidien, suivent bien sûr quelques variants comme l’ironie narquoise ou le mépris hautain et silencieux, comme vous pouvez le constater actuellement (Il désigne Stuart, méprisant).
A ce moment-là, l’adolescent nous regarde avec la même tendresse qu’il contemplerait une crotte sortir du derrière de son animal de compagnie.
Mais aujourd’hui, devant ce regard dénigreur, aujourd’hui, moi, le juge Roy Bean, la loi à l’ouest du Pecos, je m’insurge ! Oui ! Aujourd’hui l’oncle bafoué se révolte et s’apprête enfin à dénoncer les jobardises que notre époque de dégénérés a accumulées depuis tant d’années. Jobardises brocardant que si l’enfant est roi, alors l’ado est souverain. Souverain !?!
(Chantant) Ah ça ira, ça ira, ça ira ! Les vilains moutards, faut qu’on les beigne !
Ah ça ira, ça ira, ça ira ! Les vilains moutards, faut qu’on les « bâfrera » !
Révoltons-nous contre cette petite monarchie qui n’engendre que de pitoyables tyrans et réhabilitons la baffe pédagogique !
Baffons à tout va ces affreux petits chiards pour éviter que dans dix ans ils nous fassent payer nos faiblesses passées.
Claquons-les dès aujourd’hui, sinon demain, ils viendront jusque sous nos toits, critiquer nos chemises, nos passes montagnes !
(Sur l’air de la Marseillaise)
Avoine ton bambin !
Talochez vos Rej ‘tons !
Rossons, rossons !
(Montrant Stuart) Qu’un chiard obtus
S’affale sous mes marrons !
Stuart : (Ricanant) Mamie Joe, mamie Joe
Le Juge :(Bas, mauvais) Ouais… Profite, ça n’dura pas…
Greffier : (Poussant un cri, il s’effondre, tétanisé, se tenant la main droite) Aahhggg !
Huissier : Jonas !!!
Le Juge : Qu’est-ce qu’il a ?
Huissier : Ch’ais pas ! Il a crié « Aaahhgg » puis boum !
Le Juge : Greffier, allons, ressaisissez-vous ! J’ordonne la ressaisie !
Greffier : Aahhggg !
Huissier :(Se penchant vers le greffier) Jonas, t’as pas l’air bien ? T’as un souci de santé ?
Greffier : Aahhggg !
Le Juge : Alors ?
Huissier : Comprends pas… Il est peut-être possédé ?
Faudrait de l’eau bénite, quelqu’un a de l’eau bénite ?
Le Juge : Possédé d’un coup, comme ça ?
Greffier : Aahhggg !
Huissier : C’est arrivé une fois à mon beau-frère. On a dû le brûler vif, résultat, comme il ne prenait pas bien, toutes les bûches y sont passées, on s’est caillé tout l’hiver !
Stuart : En plus ça devait sentir le cochon grillé, Trop dég !
Huissier : Débine pas ! C’est toi l’cochon !
Greffier : Aahhggg !
Le Juge : Est-ce qu’il bave ? Un possédé ça bave
Huissier :(Observant le visage du greffier)
Oui, mais comme au naturel, il bave aussi. Difficile de faire la balance
Le Juge : Ça ne facilite pas la tâche. Si le médecin légiste était là…
Huissier : Au vu de c’qu’on voit, c’est peut-être mieux qu’on lui ait fermé les yeux
Stuart : (Très narquois) Hé ! Moi je sais ! Il vient de saisir toutes les crétineries qu’il barbouillait, le gratte papier…
Huissier :(A Stuart, agressif) Toi, tu… (Puis soudain au juge) N’empêche…. Tant d’écriture d’un coup aussi !
Le Juge : Avec cette chaleur !
Huissier :(Soudain, comprenant) Ça doit être ça ! Oui ! Vite ! Qu’on lui apporte une bonne bière gratuite, tout de suite !
Le Juge :(Très agacé ! Criant) Glacée !!!
Greffier : Aahhggg !
Huissier : Mon Dieu ! Il se dessèche à toute pompe, vite, une bonne bière…
Le Juge : Glacée !!! Arrêtez de dire que mes bières sont gratuites, ça va finir par me faire du tort, c’t’histoire-là ! Vous voulez m’profaner ma réputation ou quoi !
Greffier : Aahhggg !
Huissier : Ouvre ta goule, ouvre ta goule, on va t’imbiber les papilles. Vite une bonne bière …
Le Juge : Glacée !!! Ça vient ! Désolé mais moi quand on dit qu’mes bières sont gratuites, ça m’fustige la vitalité, j’ankylose de partout !
Stuart : Hé ! Fais gaffe qu’il ne vomisse pas, y pourrait s’étouffer
Huissier : (Inquiet que Jonas lui vomisse dessus)
Ah Bon ?
Stuart : Ouais, si ça lui bouche la trachée du larynx, caput l’gros zig !
Greffier : Aahhggg !
Huissier : J’vais te relever la tête mon bon Jonas, pour le cas où….
Le Juge :(Dans sa barbe) Bière gratuite ! Ouais !!! Le prochain qui me narre c’te dinguerie là, j’te le flingue sans sommation, moi !
Greffier : Aahhggg !
Huissier : Jonas, si tu sens qu’tu vas dégobiller…heu…relève le sourcil gauche!
Stuart : Pour foutre le camp ?
Huissier :(Très grave) Obligé. Sinon moi aussi je dégobille.
Le juge :(Dans sa barbe en apportant une bière) Tiens, j’vais me pointer chez l’boucher et j’vais gueuler « bifteck gratuit », tu vas voir comment il va réagir. Courroucé l’pépère !
Greffier : Aahhggg !
Huissier :(Au greffier) Avec le sourcil droit, ça marche aussi ! Hein Jonas ?
Le Juge :(A l’huissier, tendant une bière)
Hé bidule ! Fous-lui ça dans son claque merde, ça devrait requinquer l’comateux.
Stuart :(Moquant le juge) Oh, le service est d’un raffinement, on sent là, toute la fine distinction d’un majordome en devenir, n’est-il pas ?
Le Juge :(A Stuart, mauvais) Toi, dès qu’on invente l’électricité, sur la chaise, direct !
Greffier :(Après la première gorgée, hoquet plus violent, le greffier crache un peu de bière. L’huissier le lâche et le greffier s’écroule sur le sol violemment. Il ne bouge plus)Aahh !
Huissier :(Lâchant le greffier et reculant rapidement) Zut ! Zut de zut !
Silence
Le Juge : Rassure-moi Barthe, tu n’as jamais suivi de formation pour effectuer les premiers gestes en cas de sauvetage ?
Huissier : Non
Le Juge : Ben voilà ! C’est pour ça que tu ne sais pas que lâcher sur un sol en béton la tête d’un quidam dans les vapes, n’est pas recommandé du tout.
Huissier : Ce n’est pas ma faute, j’ai cru qu’il allait tout débagouler…je ne suis qu’un homme.
Le Juge : De l’espèce, oui… Mais pas représentatif non plus, une singularité quoi (Le juge rigole, ainsi que Stuart)
Stuart : Waouh ! La vanne, c’est du lourd !
Le Juge : (Flatté) Plus classe qu’un Butler non ?
Stuart : Waouh ! Tonton, là j’te kiffe méga !
Le Juge : Cool man ! (Ils se claquent les mains en signe de complicité)
Bon ! Ce n’est pas tout ça, va te rasseoir au banc des accusés, faut que j’te condamne maintenant.
Stuart : A mort ?
Le Juge : Vaniteux ! A peine 17 ans et ça veut déjà jouer les cadors de la pègre.
Être pendu, ça se mérite, (Voulant le rassurer, presque tendre) plus tard…peut-être
Huissier : Sinon…heu… pour Jonas, on décide quoi ?
Le Juge : Bon ! Méthodologie ! Constatons d’abord.
(Le juge va vers le greffier qui est dans les vapes et l’observe)
Quand on l’observe, on se dit « bien ! Il ne râle plus ». C’est bien ! Parce qu’à la longue, c’était gonflant.
Mais attention, pas de raisonnement précipité, il ne bouge plus non plus, du coup, peut-on considérer cela comme un mieux, hum ?
Huissier : « Le mieux est souvent l’ennemi du bien » Souvent !
Le Juge : Parfois oui, parfois non. Tout dépend du contexte
Huissier : C’est pour ça que j’ai dit souvent, parce que ce n’est pas tout le temps… mais c’est quand même souvent.
Le Juge : Sinon que pouvons-nous constater d’autre ? Un indice ?
Les trois hommes regardent le greffier allongé au sol. Silence :
Huissier : Le plancher, c’est du merisier ?
Le Juge : De l’acacia. Le merisier, ça se salit trop vite.
Huissier : Ah ? Le sapin, c’est bien aussi
Le Juge : Trop clair ! Le juste compromis c’est l’acacia. Couleur mat sans assombrir la pièce
Huissier : Ah ? Mais l’acacia, c’est coûteux
Le Juge : Faut ce qu’il faut.
Huissier : C’est coûteux
Stuart : (Auprès du greffier) Hé, v’la l’indice qui nous le ravigote. Le pèlerin respire.
Le Juge : Oh !!! Mais c’est qu’il nous donnerait des leçons, ce p’tit bâton merdeux !
Huissier : Un inculpé qui se mêle des indices des autres ! Sans-gêne va !
Le Juge : C’est les jeunes de maintenant ça ! Tout de suite, ils la ramènent sur tous les plans. C’est pour ça que je ne les aime pas. Surtout les mâles, parce que les femelles, quand elles sont toutes nues, ça reconsidère un peu l’espèce…
Huissier : Oui. Mais c’est pas facile aussi de les voir toutes nues
Le Juge : Faut les séduire… avec du charme
Huissier : Ah ? C’est donc ça ? Moi j’ai un chapeau, il m’a coûté 32 $
Le Juge : Mazette !
Huissier : C’est dire la qualité supérieure du chapeau, 32$.
Quand je le mets… vous m’avez vu avec ?
Le Juge : Quelle allure !
Huissier : Et bien quand je le mets, je fais le même effet … que quand je n’le mets pas. 32$ ! C’est à vous dégouter d’être coquet !
Le Juge : Que veux-tu… moi aussi, les critères d’aujourd’hui me laissent baba
Huissier : A trop exiger de nous, les femmes finiront par se retrouver toutes seules ! Et après, c’est nous qui dirons non ! (Parlant à une femme imaginaire) Trop tard ! N’insiste pas, va-t’en petite mijaurée ! Désormais, je me refuse !
Stuart : (Au juge) T’interviens pas ?
Le Juge : Il vit une scène qu’il ne connaitra jamais… Charité chrétienne
Huissier :(Parlant à une femme imaginaire)
Non te dis-je, non ! Arrête de te prosterner toute nue devant moi ! Ça « m’insipide » !
Greffier : (Se réveillant soudain)
Oh là ! Faut le maitriser rapidement, sinon on en a pour toute la journée
Le Juge : Te voilà réveillé ?
Greffier : Une crampe à l’avant-bras. Ça m’a tellement saisi que j’en ai tourné de l’œil
Huissier :(Parlant toujours à une femme imaginaire. S’échauffant)
Quoi, qu’est-ce donc ? D’autres pimbêches viennent à moi, implorant caresses et bisous !
Arrière femmes impudiques ! Arrière ! Il n’est plus temps !
Inutile de mendigoter mes attouchements ! Je mets mes mains dans ma poche et comme ça, je n’attoucherai personne ! Que tchi !
Le juge : Ça s’embrase !
Greffier : Faut réagir tout de suite
Le juge : Sinon faudra l’abattre
Stuart : Tonton, j’pourrais l’faire, dis tonton !
Huissier :(Criant en courant) Fallait pas vilipender mon chapeau ! Bande de chichiteuses !
Greffier : Barthe, reviens vers nous, Barthe !
Le juge : Nous sommes là Barthe, sur ton flanc droit…enfin gauche maintenant
Greffier : Barthe, arrête-toi tout de suite.
Huissier :(Parlant à des femmes imaginaires) De toute façon, vous m’indifférez autant que je vous indiffère. Alors peuh ! J’m’en fiche de tout !
Le juge : (Tentant de l’attraper) Il est vif le bougre
Greffier : C’est qu’il court après ses rêves
Stuart : Et il n’est pas près de les rattraper
Huissier : Femme cruelle ! A trop ignorer mon habit, vous m’avez façonné en moine !
Greffier : (Attrapant l’huissier) J’le tiens ! Vite ! Venez m’aider
Le Juge :(Hurlant au greffier) Fais lui une prise de judo ! Wasa-ari, wasa-ari !!!
Huissier :(Se débattant) Lâchez moi, non ! Non ! Je pense des femmes ce que je veux ! Non ! Vous n’aurez pas ma liberté de penser !
Stuart : (Qui voulant attraper l’huissier prend un coup. Hurlant) Ah ! Il m’a donné un coup de pied. J’le dirai à mamie Joe !
Le juge : Fayot !
Huissier :(Chantant du Florent Pagny)
Prenez mon lit, mes lingots d'or, ma bonne humeur
Les p'tites cuillères, tout c'qu'à vos yeux a d'la valeur
Mais vous n'aurez pas
Non vous n'aurez pas
Ma liberté de penser
Greffier : (Tenant l’huissier) Y chante à mon oreille, c’est affreux ! Je souffre ! Aaghueu !
Le Juge : Faut lui occuper la gueule !
Stuart : T’as qu’à lui filer lui une bonne bière gratuite
Le Juge :(Superbe) Halte !!! (Tout s’arrête) !!! Temps mort !!! On arrête tout !
(Très contenu…) Je le dis calmement, sans la moindre animosité, limite désinvolte : mes bières n’ont jamais été, ne sont pas et ne seront jamais gratuites.
Je préfère être bien clair maintenant parce que, à la longue, si la chose venait à se répandre, j’ai peur de connaitre comme l’ombre d’un début de contrariété.
Le greffier et l’huissier redeviennent normaux
Greffier : Et quand vous êtes contrarié…
Le juge :(Glacial) Je flingue à tout va
Huissier : C’est humain
Greffier : On a tous nos petites particularités
Huissier : Moi, dans ce cas-là, je fais de la cuisine… des quiches lorraines
Greffier : Excellentes !
Huissier : Merci. Avec une petite salade d’avocat….
Greffier : Ah ! Tais-toi, tais-toi, j’en salive d’avance.
Huissier : Des avocats ! On n’en a pas à la cour, mais on en a plein les gamelles !
Greffier : C’est le seul endroit où ils sont acceptables
Huissier : Parce qu’ailleurs, indigestes ! (Huissier et le greffier rigolent)
Le Juge : Hum, hum… Sinon, le procès en cours, ça vous intéresse encore ?
Greffier : Monsieur le juge, (A l’huissier) tu permets que je parle pour nous deux ?
Huissier : Oui, tu parles si bien, même que parfois, je ne comprends pas tout, c’est dire si tu parles bien.
Greffier : Mon collègue et moi…
Huissier : Nous deux quoi !
Greffier : On se dit pourquoi ?
Huissier : Pourquoi.
Greffier : Pourquoi juger votre neveu Stuart, alors qu’on ne peut pas le condamner ?
Huissier : Ça, ça nous démotive le moral, Hein ?
Greffier : Tout à l’heure, à un moment, je me suis même senti bafoué
Huissier : Moi aussi ! On ressent pareil toi et moi, c’est fou !
Le Juge : Que voulez-vous mes amis, j’ai beau être l’un des plus grands juges de tous les temps…
Greffier : Le plus grand, oh oui ! Le plus grand !
Huissier : On n’pouvait pas espérer mieux !
Greffier : Des moins bien, on en aurait trouvé plein, mais des mieux que vous, non !
Huissier : Non !
Greffier : Peut-être qu’au Kansas ? Hein ?
Huissier : Moi, une fois, j’y suis allé, que des prétentieux !
Le Juge : Aussi grand suis-je, une autorité supérieure m’impose ses inflexibles volontés…
Stuart : (A voix basse, souriant) Mamie Joe
Greffier : Une femme bien contrariante !
Huissier : Pour contrarier, elle contrarie ! Sans critiquer, on dirait qu’elle est née pour ça
Le Juge : Et tabasser aussi, son crochet du gauche… C’est qu’elle m’en a fait bouffer, la vieille salope
Stuart : Tu insultes mamie Joe !?!
Le Juge : Avec tendresse ! Ce n’est donc plus une insulte mais une affectueuse taquinerie
Greffier : Moi c’est comme ça que je l’ai entendu
Huissier : Moi, c’est surtout le côté affectueux qui m’a émotionné
Stuart : Ouais ! On entend ce qu’on a envie d’entendre
Huissier : Toi t’entends de la puanteur, parce que t’as un cerveau plein de puanteur ! Pire que tes chaussettes !
Le Juge : Quoi qu’il en soit, mes bons amis, vous connaissez maintenant ma triste situation. Je ne suis qu’un juge subalterne puisqu’au-dessus de moi trône la redoutable mamie Joe
Stuart : Alors c’est moi qui commande, bande de tocards, puisque je suis son chouchou
Greffier : Jamais !
Huissier : Jamais !
Le Juge : Personne ne pourrait me délivrer de la vieille ?
Greffier : Si, nous !
Huissier : Moi aussi !
Greffier : J’ai dit nous, ça te met aussi dans la boucle
Huissier : Ah ?
Le Juge : En ce cas, permettez-moi de vous nommer illico Marshall. Amenez-la dans un autre comté et faites-la pendre pour préférence grand-maternelle au détriment de son fils ainé, pourtant bien méritant.
Greffier : On y va ! Ça ne vous fera pas trop de peine ?
Huissier : C’est quand même votre maman, quand même
Le Juge : Il y a si longtemps. Sellez deux chevaux, armez-vous, winchester, kalachnikov, épieux, dagues, etc… vous savez où elle habite ?
Greffier : Oui. On y va de… ce trot !
Huissier : De ce galop même.
(A Stuart) Petit chouchou, à notre retour, tu feras moins le fier à bras
L’huissier et le greffier sortent
Stuart : Ils vont se faire déchiqueter
Le Juge : J’n’en pouvais plus de ces deux gugusses, faut que je renouvelle le staff
Stuart : Hé pépé, ma bière gratos ! T’as les genoux trop cagneux pour me la servir, ou quoi ?
Le Juge :(Allant chercher une bière pour Stuart, dans sa barbe, las)
Y’a peut-être une chance pour qu’ils déboulonnent la vieille, peut-être.
Noir
Voix de Stuart : Active l’ancêtre, active !
Bruit d’un coup de poing puis :
Voix de Stuart : Aaghue !
Voix du juge :
(Sur l’air de la Marseillaise)
Avoine ton bambin !
Talochez vos Rej ‘tons !
Rossons, rossons !
Qu’un chiard obtus
S’affale sous mes marrons !