Surpop’

8 personnes qui ne se connaissent pas vont se retrouver dans une pièce avec pour seule compagnie “La voix”. Ils ont été “choisis” pour sauver l’avenir de l’humanité face au péril de la surpopulation. Ils devront se mettre d’accord à l’unanimité pour éliminer 1 milliard d’êtres humains afin de résoudre le problème.
Comédie dystopique au cœur d’un enjeu sociétal, alliances, conflits, accords, manipulation, complots, rivalités, tous les travers sont étudiés.
Mêlant les codes de la télé réalité et des films complotistes, Surpop’ aborde également le thème de la soumission à l’autorité en référence à Stanley Milgram.

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Liste des personnages (1)

La voixIndifferent • Age indifferent

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Surpop'                      

Brice Ledoyen

 N° dépôt SACD 000164049

En date du 23/02/2016

Personnages :

Chirurgienne

 Musicienne

 Call-Girl

 Retraitée

 Boucher

 Etudiant

 Banquier

 La voix

Scène 1

La voix : Veuillez-vous avancer.

Ils entrent en file indienne, les yeux bandés, une main sur l'épaule de celui qui les précède.

La voix : Veuillez retirer vos bandeaux.

Musicienne : Vous êtes qui ? Qu'est-ce qu’on fait là ?

Etudiant : Et vous, vous êtes qui ?

Boucher : Oh oh, tout doux jeune homme, si tu veux pas finir en hachis !

Etudiant : Du calme, papi. Vous allez faire un infarctus du cœur.

Chirurgienne : C’est sûr, l’infarctus du foie, c’est plus rare.

Call-Girl : Ne vous approchez pas de moi. Je vous interdis de me toucher espèce de malade. Ce n’est pas gratuit de me tripoter.

Musicienne : Il y a toujours des pervers.

Banquier : Vous aussi, gardez vos distances. Et vous, je ne vous permets pas de m’insulter.

Etudiant : Baston générale !

Boucher : Calme-toi, petit, ou tu vas avoir besoin d'un docteur.

Chirurgienne : Je suis médecin !

Retraitée : Et alors ? Vous vous prenez pour qui ? Petite arrogante. Quand on voit l’état de votre profession. Une cohorte de nantis à la solde des laboratoires pharmaceutiques.

Chirurgienne : On en reparlera quand vous aurez mal partout, vous cracherez moins votre venin contre les arrogants médecins.

Call-Girl : Ça se voit, elle a déjà eu affaire à la chirurgie.

Chirurgienne : Vous nous supplierez, je vous le garantis.

Musicienne : Ne la menacez pas !

Retraitée : Je suis assez grande pour me défendre toute seule, je ne vous ai pas sollicité. Je suis présidente du conseil syndical des copropriétaires depuis 14 ans, j’en ai géré des biens plus coriaces. Veillez à vous en tenir à vos affaires !

Banquier : C’est vrai que faire installer un ascenseur, c’est un casse-tête.

Musicienne : Et vous avez fait le Vietnam aussi ?

Boucher : Et les tranchées de Verdun ?

Retraitée : Pire que ça, j’ai vécu en enfer. J’étais enseignante !

Etudiant : Faut pas faire chier mémé.

Call-Girl : Vous, arrêtez de la ramener.

Banquier : Allons, allons, s’il vous plait, mes amis, je vous en prie, gardons notre calme.

Musicienne : Mes amis ? De quels amis vous parlez ?

Banquier : Je disais juste qu’il ne sert à rien de se mettre en colère.

Musicienne : C’est pour moi que vous dîtes ça ?

Call-Girl : Vous vous connaissez ?

Etudiant : Tous les vieux se connaissent. Ils passent leur temps à tchatter.

Call-Girl : Toi, ça suffit ! Ferme-la. Vous vous connaissez ou pas ?

Banquier : Je disais juste …

Boucher : Tu sais mon bonhomme, les avis, c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un.

Retraitée : La bêtise et l'impudence ne feront pas de vous un homme.

Chirurgienne : C'est tout de même étonnant, vous réagissez de la même façon.

Call-Girl : C'est vrai que c’est bizarre, vous vous connaissez ? Oui ou pas ?

Musicienne : Vous n'êtes pas un peu en boucle ?

Call-Girl : Vous, foutez-moi la paix. J'aime bien avoir des réponses à mes questions. Alors ?

Retraitée, Boucher, Banquier : Non.

Etudiant : Menteurs !

Chirurgienne : Même si tu as raison, ça va être difficile à prouver.

Banquier : Ecoutez, essayons d'être pragmatique. Au vu des réactions de chacun, il semble que personne ne se connait ici.

Musicienne : Ce n'est pas impossible

Call-Girl : Oui, c'est envisageable.

Banquier : Mais allons, c'est évident enfin.

Boucher : Ouais, c'est sûr.

Retraitée : Ça ne fait aucun doute.

Chirurgienne : C'est certain.

Etudiant : C'est du flan.

Banquier : Très bien, donc, mis à part Monsieur, tous les gens dont la puberté est un lointain souvenir sont d'accord pour envisager l'hypothèse que personne ne se connait. Cette question étant close, ceci amène donc de fait une deuxième question : Que faisons-nous là ?

Boucher : Ça m'a tout l'air d'un enlèvement, non ?

Call-Girl : Un enlèvement ? Mais pourquoi moi ? Pour quoi faire ? Et qu’ont-ils fait de ma fille ?

Retraitée : Et par qui ?

Etudiant : Et c'est quoi cet endroit ?

Chirurgienne : Quelqu'un a-t-il remarqué quelque chose ?

Musicienne : Quel genre de choses ?

Banquier : Qu'est-ce qu'ils vont faire de nous ?

Retraitée : Qui "ils" ?

Call-Girl : Est-ce qu'ils vont nous tuer ?

Retraitée : Qui « ils » ?

Musicienne : Et c’est quoi ces fringues ?

Retraitée :  Auriez-vous un miroir ?

Chirurgienne : Je ne suis pas sûre que ces questions nous mènent bien loin.

Retraitée : Si elles nous mènent vers la sortie ce sera suffisant.

Boucher : On est entrés, doit bien y avoir une porte.

Musicienne : Et s’il y a une porte, il doit y avoir une sortie.

Etudiant : Faut tâter les murs !

Tout le monde se précipite et tâte les murs pour trouver une issue. Chirurgienne et Banquier restent à part.

Chirurgienne : Ils ne trouveront rien.

Banquier : C'est à peu près sûr. Vous m'avez l'air sensé. Vous avez une idée de ce que nous faisons là ?

Chirurgienne : Si on regarde uniquement les faits, nous étions chacun en train de vivre nos vies et d’un coup, nous voilà ici. La thèse de l'enlèvement tient la route. Je m'apprêtais à ouvrir un comte et …

Banquier : Vraiment ? Moi aussi, Un client venait d'entrer à l'agence, il venait pour une assurance vie car il allait mourir, j'allais lui ouvrir un compte et hop je me retrouve là. Il y a peut-être un lien.

Chirurgienne : Moi, c'est le mari de la comtesse que j'allais ouvrir, au scalpel. Je suis chirurgienne, crise d'appendicite. Peu de chances qu’il s’en sorte. Et hop …

Banquier : Pas sûr que ce soit une piste …

Etudiant : J'ai trouvé un truc !

Tous : Quoi ??

Etudiant : Un truc bizarre. Ici il y a un espèce de machin.

Ils se regroupent autour de lui.

Retraitée : La langue française regorge de vocabulaire permettant d’exprimer une pensée claire et constructive. Et on dit « une espèce ». Même si machin est masculin.

Call-Girl : C’est sûr, un machin, c’est masculin.

Etudiant : Eh bien, allez-y vous puisque vous êtes si maline, vous appelez ça comment ?

Boucher : Pousse-toi. Une poignée ? Une poignée de porte ?

Etudiant : Ouais un truc du genre.

Retraitée : Votre vocabulaire est d’une richesse … Trente ans de ma vie pour ça …

Call-Girl : Qu'est-ce qu'on fait ?

Musicienne : On l'ouvre !

Retraitée : Oh là, pas de précipitations.

Banquier : Qu'est-ce que vous craignez ?

Retraitée : Vu la situation, tout est à craindre.

Musicienne : Je ne vois pas ce qui pourrait nous arriver de pire. On ouvre !

Call-Girl : Attendez ! On n’en sait rien. Il pourrait y avoir des gens malintentionnés derrière cette porte.

Chirurgienne : Vous croyez que des gens malintentionnés attendraient qu'on ouvre cette porte pour nous faire du mal ?

Etudiant : Ils ont peut-être perdu la clé, alors ils attendent. Ils ont cherché partout, mais rien. Alors ils se sont dits : On va se mettre derrière et dès qu’ils ouvrent, on les attrape. Genre embuscade.

Banquier : S’il vous plait, jeune homme, pas de mauvais esprit.

Retraitée : Il a raison, l’heure est grave, il peut y avoir Dieu sait quoi derrière cette porte.

Call-Girl : Ou Dieu sait qui.

Musicienne : Et bien demandez-lui.

Boucher : On ne va pas tortiller du cul pendant deux heures. Poussez-vous !

Call-Girl, Retraitée : Non !

Il pousse les deux femmes et ouvre. Moment de stupeur de tous.

Banquier : C'est un placard.

Musicienne : Avec des chaises.

Boucher : Ça valait vraiment le coup d’en faire des caisses.

Call-Girl : C’est tout de même bizarre qu’il y ait un placard.

Chirurgienne : Allez savoir comment les placards arrivent où ils arrivent … Le destin. Bon, au moins on sera assis.

Call-girl : Attention !

Tous : A quoi ?

Etudiant : Méfiez-vous. Ils ont peut-être scié un des pieds. Quelqu’un pourrait tomber. Genre attentat.

Call-Girl : S’il y a des chaises, c’est surement parce qu’ils veulent qu’on s’assoie. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’ils veulent ?

Musicienne : Oulah, vous êtes perchée, vous.

Banquier : Oui, bon il ne faut pas exagérer non plus, c’est un placard avec des chaises. Une chaise est un type de siège, c'est-à-dire de meuble destiné à ce qu’une personne s’assoie dessus, muni d’un dossier. Un siège sans dossier ni repose-bras est un tabouret, mais là ce sont des chaises.

Ils sortent les chaises du placard.

Chirurgienne : Il y a sept chaises et nous sommes sept, troublant …

Musicienne : Comme les sept mercenaires …

Chirurgienne : Ou les sept nains.

Boucher : Ce qui est sûr, c’est qu’on était attendu, mais qu’est-ce qu’ils nous veulent ?

Retraitée : On peut y réfléchir assis.

Etudiant : Mamie fatigue.

Retraitée : Dis donc mon petit bonhomme, je commence effectivement à être fatiguée de ton insolence, j’en ai maté des biens plus costauds que toi, alors tu vas quitter ce petit ton ou je vais te laver la bouche au savon.

Etudiant : Et toi …

Boucher : La ferme ! Tu t’assois et tu te tais ! Tu ouvriras la bouche quand tu auras quelque chose d’intelligent à dire ou bien je t’arrache une côte.

Musicienne : Vous êtes un vrai boucher.

Boucher : Oui, de père en fils. Depuis cinq générations, on taille, on découpe, on tranche. J’étais en plein désossage d’une pintade avant de me retrouver ici, elle faisait à peu près ta taille. Je venais de lui trancher le coup, j’avais sa petite tête dans une main et mon grand couteau dans l’autre et hop, plus rien. Je me retrouve là.

Chirurgienne : Je me demande bien comment j’ai pu arriver ici, je n’ai aucun souvenir depuis l’ablation.

Call-Girl : Ils ont dû nous droguer.

Banquier : Je ne vois pas bien comment.

Call-Girl : Ils ont pu mettre des produits stupéfiants dans notre nourriture, ou dans une boisson.

Chirurgienne : Ça me semble compliqué. J’ai personnellement déjeuné au restaurant de la clinique, la sécurité y est maximale.

Musicienne : Ils ont très bien pu soudoyer ou menacer des gens de notre entourage pour en faire des complices.

Retraitée : Ça ne tient pas debout, j’étais seule chez moi. Comme bien souvent d’ailleurs.

Boucher : Ils nous ont peut-être drogué à distance.

Etudiant : Ouais, avec une sarbacane. Genre Apaches.

Banquier : Je travaille dans un immeuble, je suis au 23e étage. Les fenêtres ne s’ouvrent pas pour éviter les suicides de nos clients. Je pense qu’un indien voulant passer le portillon de sécurité avec une sarbacane aurait été repéré.

Call-Girl : Avec des ondes.

Musicienne : Quoi avec des ondes ?

Call-Girl : Ils nous ont drogué avec des ondes, c’est possible, j’ai lu un article là-dessus.

Chirurgienne : Vous lisez quel genre de revue ?

Boucher : On a été hypnotisé.

Banquier : Je pense que si j’étais sorti de l’immeuble en marchant les yeux hagards et les bras tendus, j’aurais été repéré.

Etudiant : Ils nous ont téléporté par le net.

Retraitée : Vous avez une sacrée imagination, jeune homme. Mais ce n’est pas possible.

Etudiant : Vous en savez rien, il parait que l’armée américaine fait des tests dans des centres secrets.

Retraitée : Peut-être, mais je n’ai pas l’internet, alors le débat est clos. Je n’avais déjà pas voulu de minitel.

Etudiant : Vous avez un micro-ondes.

Retraitée : Vous, il est hautement probable qu’il vous ait téléchargé par les égouts, et je suis polie. Je vais vous rappeler quelques notions de base. Vous avez été « téléchargé » dans ce monde par votre mère. Votre mère est une femme. Cette femme a eu une mère. Cette mère est aussi une femme, et cette femme, ça pourrait être moi. Je pourrais être la mère de votre mère. Alors un peu de respect.

Etudiant : (ne l’écoute pas). Ils ont fabriqué une faille spatio-temporelle. Ils ont arrêté le temps, et pendant que tout le monde était kéblo, ils nous ont emmené ici. Genre j’sais pas … Comme dans les films …

Chirurgienne : Vous regardez quel genre de film ?

Tout le monde s’assoit et attend.

Retraitée : Bon ? Et maintenant ? On fait quoi ?

Banquier : On se calme et on réfléchit.

Etudiant : On réfléchit à quoi ?

Chirurgienne : A la raison de notre présence ici.

Etudiant : Ah ouais …

Banquier : Madame venait de perdre un patient et hop, monsieur désossait une volaille et hop, et moi-même je montais un contrat obsèques et hop. Et vous que faisiez-vous ? On trouvera peut-être un lien.

Call-Girl : Ça ne vous regarde pas !

Banquier : Allons, soyez raisonnable, c’est pour essayer de comprendre.

Call-Girl : Si vous voulez tout savoir, j’étais avec un homme, je le fouettais. Et hop !

Retraitée : Ça ne m’étonne pas. Moi j’exterminais une colonie de fourmis rouges qui a envahi ma terrasse. Elles s’installent près du pommier, je ne sais plus comment m’en débarrasser. Et hop.

Etudiant : Waouh, trop top ta life. Moi je massacrais du zombie. Je venais juste de débloquer le quatrième niveau à Zombie Death Lethal 2 en niquant le dernier King Zombie, et hop j’suis trop zaraf.

Musicienne : « Zaraf » ? J’étais en répétition, je suis concertiste. Nous répétions « La marche funèbre de Siegfried », Acte III du « Crépuscule des Dieux » de Richard Wagner avec un nouveau chef d’orchestre. Il est d’une incompétence, je l’aurais tué. Et hop.

Etudiant : « Crépuscule » ?

Banquier : Tout ceci ne nous avance pas vraiment. Récapitulons. Une ablation, un désossage, un contrat obsèques, une torture consentie, une extermination, un massacre et une marche funèbre … Je ne vois pas de lien …

Un temps.

 

 

Scène 2

La voix : Bonjour et bienvenue.

Boucher : Quoi bonjour ?

Call-Girl : Comment ça bienvenue ? Vous vous foutez de nous.

Musicienne : Qui êtes-vous ?

Chirurgienne : Qu’est-ce qu’on fait là ?

Retraitée : Libérez-moi immédiatement !

Banquier : Où êtes-vous ?

La voix : Tout d’abord je tiens à vous informer que je suis une voix enregistrée, par conséquent je ne peux interagir avec vous ni répondre à vos questions.

Etudiant : Et alors ? Moi je m’en fous, tu as intérêt à me répondre où je te pète la gueule.

Tous (sauf Etudiant) : La ferme !

La voix : Vous vous posez sûrement tout un tas de questions. Je ne vous ferai donc pas languir plus longtemps. La raison de votre présence ici est la suivante. Le monde compte aujourd’hui environ 7 milliards d’êtres humains.

Retraitée : Ça doit être pour le recensement.

Boucher : Ou un sondage.

Retraitée : On n’enlève pas les gens pour un sondage, non, ça doit être pour le recensement.

Boucher : Ou un sondage.

Retraitée : Vous êtes bouché, maintenant on sonde par téléphone ou par l’internet. Pas besoin de nous kidnapper pour nous sonder.

Boucher : Pas besoin de nous kidnapper pour nous compter, ça doit être pour un sondage.

Musicienne : C’est passionnant !

La voix : A l’horizon 2050, les démographes prévoient que la terre devra accueillir près de 10 milliards d’individus. Les prévisions ne sont pas réjouissantes.

Musicienne : D’accord, mais en quoi cela nous concerne ? Je suis musicienne pas politicienne, moi.

La voix : La surpopulation aura des conséquences dramatiques sur les ressources naturelles et l’approvisionnement en eau potable, mais cela entrainera également une hausse considérable de la consommation énergétique et donc viendra le problème du traitement des déchets et donc de la pollution. Le dérèglement du climat lié à l’activité humaine croissante rendra de nombreuses zones infertiles. Les conditions de vie se dégraderont, de rares zones du globe resteront habitables, ce qui augmentera les pandémies dues à la densité grandissante. Et par-dessus tout, le pillage inconsidéré de la terre appauvrira les sols qui ne pourront plus nourrir cet excédent de population. Ce qui inévitablement génèrera des conflits partout dans le monde.

Banquier : Ça répond à votre question ?

Musicienne : Pas vraiment, je ne vois pas ce que je peux y faire. Jouer du violon pendant que le bateau coule ?

La voix : Afin d’éviter cet avenir apocalyptique, nous avons décidé de remédier au problème dès aujourd’hui.

Retraitée : Bravo !

Boucher : Pour une fois que des politiciens se bougent !

Banquier : Oui, on ne peut quand même pas laisser une telle catastrophe se produire, il faut faire quelque chose.

Etudiant : J’en suis. Genre comme un scout.

Musicienne : Si vous avez besoin d’une musique d’ambiance …

La voix : Après de nombreux colloques avec des spécialistes du monde entier, la solution que nous avons retenue est simple. Nous n’arriverons jamais à endiguer la catastrophe, la seule solution est de l’empêcher de se produire.

Tous : Comment ?

La voix : D’un point de vue purement comptable, en supprimant au plus vite un milliard de personnes, le problème est réglé.

Retraitée : Pardon ?

Call-Girl : Qu’est-ce qu’ils veulent dire par « supprimer » ?

Boucher : Occire, rétamer, désosser.

Etudiant : C’est pas con comme idée. Filez-moi un gun.

Musicienne : C’est une blague.

Chirurgienne : Ou une expérience scientifique pour tester nos limites. Ce ne serait pas la première fois.

Banquier : Quoiqu’il en soit, ça ne nous explique toujours pas ce que nous faisons là. Et pourquoi nous précisément.

Call- Girl : C’est pourtant clair, ils vont nous abattre. Je ne reverrais jamais ma fille. Ma petite Marie. Mon amour.

Chirurgienne : Je ne crois pas, ce ne serait pas cohérent. Par groupe de sept, ils en ont pour des années.

Etudiant : Elle a raison, s’ils avaient voulu nous flinguer, ils pouvaient le faire n’importe où, pas besoin de nous regrouper.

La voix : C’est pourquoi vous avez été amenés ici. Dans un souci d’équité, vous avez été tiré au sort. Ce tirage au sort a été effectué sous le contrôle d’un huissier de justice. C’est donc à vous de décider qui devra être supprimé pour la survie de l’humanité. Votre décision devra être prise à l’unanimité. Ensuite vous serez libres. D’ici-là, bon séjour. Merci de votre coopération.

Call-Girl : Mais ça ne va pas, vous êtes tarés !

Boucher : J’ai un demi-bœuf à trancher. Démerdez-vous sans moi, tas de cons.

Banquier : J’exige d’avoir les coordonnées de cet huissier de justice, je vais vous coller un procès, moi ! J’ai le bras long. Bande de malfrats.

Musicienne : C’est une caméra cachée, c’est pour la télé, c’est ça ? Ho ! Les comiques !

Etudiant : Je préfère mieux ça que la trigonométrie.

Chirurgienne : Avez-vous pris les petites pilules qu’on vous a prescrites ?

Retraitée : Vous êtes le diable !

La voix : Ce n’est pas la peine de m’insulter, je vous rappelle que je suis une voix enregistrée. Et il est maladroit d’employer la locution « Je préfère mieux ».

 

 

Scène 3

Retraitée : C’est bizarre cette histoire de tirage au sort. D’habitude je ne gagne jamais rien et en plus je ne m’inscris nulle part.

Musicienne : Si c’est la seule chose que vous trouvez bizarre … Un tirage au sort, c’est démocratique.

Retraitée : Ah bon, pour vous la démocratie, c’est de refiler le pouvoir à des gens qui n’ont aucune compétence pour régler les problèmes.

Musicienne : C’est bien comme ça que ça fonctionne déjà …

Etudiant : On s’en fout, on a la possibilité de se débarrasser de tous les gens qu’on n’aime pas. Pour commencer, mon prof de maths, je le déteste celui-là et mon oncle aussi, c’est un salaud de première, et mon ex qui m’a largué pour mon meilleur pote, et lui aussi d’ailleurs …

Chirurgienne : A ce rythme-là, on n’est pas arrivés au milliard.

Etudiant : Pourquoi ? Si chacun fait une liste ? Il y a aussi le salopard de contrôleur du train, la voisine de mon père …

Banquier : Vous devriez peut-être garder le professeur de mathématiques, à sept il faudrait une liste de 142 857 143 noms par personne. Vous détestez autant de gens ?

Etudiant : Comment vous savez ça ?

Banquier : Je suis banquier.

Musicienne : Ne vous inquiétez pas, vous aussi, vous pouvez vous en sortir.

Retraitée : Comme tout le monde, je déteste les banquiers.

Banquier : Comment ça, « comme tout le monde » ?

Musicienne : Ah, vous n’étiez pas au courant que tout le monde vous déteste ? Allons, c’est comme les huissiers ou les agents immobiliers. Cela dit, vous avez raison, on n’y arrivera pas en faisant des petites listes.

Boucher : Alors, je vois qu’un moyen, il va falloir tailler dans le gras à grand coup de hachoir.

Call-Girl : Mais, vous êtes malades, on ne peut pas faire ça. On ne peut pas décider de tuer des gens comme ça. Et d’abord qui sont les gens qui ont décidé ça ?

Banquier : Surement un consortium.

Call-Girl : Et pourquoi ne font-ils pas leur sale boulot eux-mêmes ?

Retraitée : Je suis d’accord avec vous, je n’ai jamais demandé à participer à ce tirage au sort.

Boucher : Et quoi ? Vous préférez laisser la situation moisir. On vous dit qu’il n’y aura pas assez de barbaque pour tous, vous voulez attendre que les gens se bouffent entre eux.

Banquier : N’allons pas trop vite tout de même. Tout ceci n’est basé que sur des projections.

Musicienne : Vous avez l’air de vous y connaître. Quel crédit portez-vous à ces projections ?

Chirurgienne : Il est banquier, pas démographe.

Banquier : Effectivement mais j’ai une certaine habitude d’évaluer des risques, celui-ci me paraît élevé.

Retraitée : C’est une sacrée responsabilité. Pour une fois que je gagne quelque chose à une tombola, c’est un cadeau empoisonné. On ne peut quand même pas nous obliger à supprimer autant de gens, il doit bien y avoir d’autres solutions.

Musicienne : Bon visiblement personne ne sait dire de façon certaine si c’est sérieux ou pas. Sans preuves, je ne vois pas pourquoi j’obéirais à des injonctions anonymes.

Call-Girl : Moi aussi, c’est hors de question, je refuse, vous n’aurez jamais ma voix et donc jamais l’unanimité. Vous êtes coincés.

Etudiant : On a qu’à commencer par la supprimer elle.

Call-Girl : Petit con !

Boucher : C’est vrai que vous êtes un peu pénible. Vous êtes toujours comme ça ?

Retraitée : Et vous la grosse brute, votre vie se résume peut-être à dépecer cru, mais là il va falloir mettre les formes. Sans nous, vous ne pouvez rien faire.

Chirurgienne : Toutes vos réticences sont compréhensibles, nous pourrions, j’imagine, discuter des heures à propos de la moralité de la situation, mais je vous rappelle que si nous voulons sortir d’ici, nous allons devoir trouver un accord.

Call-Girl : Jamais ! Ce n’est même pas la peine d’y penser, vous n’aurez jamais ma bénédiction pour ce génocide.

Chirurgienne : Très bien, j’imagine que ce n’est pas la peine d’insister. Nous allons donc rester un moment ici. Espérons que la petite Marie ne s’ennuie pas trop de sa maman, ou pire qu’elle ne soit pas tombée entre de mauvaises mains …

Call-Girl : Bon, allez hop, tout le monde en cercle, on a un milliard de parasites à éliminer, on s’y met.

Musicienne : C’est ce qu’on appelle avoir des idéaux inébranlables.

Call-Girl : La ferme ou je te fais bouffer ton stradivarius, j’ai dit au boulot.

Musicienne : Est-ce qu’une rémunération substantielle est prévue ? Je ne bosse pas gratis, moi.

Banquier : Ah la grandeur des artistes ! Faîtes-le par amour de l’art.

Musicienne : Au nom de quoi, les artistes devraient toujours se contenter des miettes ?

Banquier : C’est en accumulant les miettes qu’on remplit son garde-manger. Nous appelons cela les commissions bancaires.

Chirurgienne : Je vous rappelle que bientôt, il n’y aura même plus de miettes. Et vous croyez qu’on viendra encore vous écouter quand on crèvera tous de faim.

Etudiant : Pour diner : Schubert ou chou-fleur ?

Musicienne : Ça va, ça suffit.

Boucher : Bon, on s’y colle ou on taille la bavette. J’ai une boutique à faire tourner, moi.

Retraitée : Excusez-moi, mais je crois que nous devrions vraiment envisager d’autres solutions avant de nous résoudre à celle-ci.

Chirurgienne : Ça ne nous fera pas sortir plus vite.

Retraitée : J’ai tout mon temps. Pour une fois que je peux passer un moment avec des gens charmants, je n’ai rien de mieux à faire, je suis en retraite.

Etudiant : Qu’est-ce que je disais … Les vieux, ça passe son temps à faire chier le monde. Pendant qu’elle cherche d’autres solutions, je propose de supprimer tous les vieux.

Retraitée : Oh taisez-vous.

Boucher : Je t’avais interdit de la ramener sans un truc intelligent à dire. T’as oublié ?

Call-Girl : Laissez-le parler. Nous devons arriver à une solution commune, alors tout le monde a le droit de s’exprimer. Et pour ma part, je trouve que cette idée est loin d’être stupide.

Musicienne :  Vous voulez bien qu’on taille dans le gras sauf si c’est dans le vôtre.

Banquier : D’un point de vue comptable, ça se défend. La population est vieillissante, nous atteindrions le milliard aisément.

Etudiant : Ils coutent cher à la société et rapportent plus rien, genre des improductifs, supprimons les vieux, de toute façon, ils en ont plus pour bien longtemps. On vote.

Boucher : Avant juste une question petit bonhomme, vieux c’est à partir de quel âge ?

Chirurgienne : Ne l’embêtez pas avec les chiffres. Je pense que dans son esprit, nous faisons tous partis des vieux.

Retraitée : Je ne suis pas certaine qu’octroyer la responsabilité du monde à une bande de sales gosses mal élevés soit une solution d’avenir.

Call-Girl : Possible, mais vous n’êtes pas la mieux placée pour parler d’avenir.

Etudiant : Bon, on vote et on se barre.

Retraitée : Très bien, admettons, je reprends votre argument. Si les personnes âgées n’en ont plus pour longtemps de toute façon, quel intérêt de nous supprimer ? Ce ne peut être qu’une solution à court terme. D’ici peu, une nouvelle génération de vieux arrivera et la situation redeviendra la même. Le bénéfice ne serait que de courte durée. Alors qu’en supprimant une génération de jeunes, qui soit dit en passant coûtent également très cher et sont également improductifs, nous éliminons d’ores et déjà le fameux milliard en sus, mais nous influons aussi sur le long terme par une baisse de la natalité pour les prochaines années. Il me semble urgent de les empêcher de nuire.

Etudiant : Rien compris. Bon, on vote.

Musicienne : Le raisonnement tient la route.

Banquier : L’analyse est solide, les conclusions pertinentes, le dossier a toutes les chances d’être accepté.

Call-Girl : Vous voulez vous débarrasser des enfants ? De petits êtres purs et innocents ? Vous êtes un monstre. Faire payer aux enfants les erreurs des adultes, c’est épouvantable comme raisonnement.

Retraitée : Je ne vois pas ce qui m’oblige à aimer les enfants. Et en sacrifiant une génération de bambins, on évite qu’ils se reproduisent.

Boucher : Si vous voulez vraiment agir sur la natalité, supprimer les femmes. Ce sont elles qui donnent la vie, en les éliminant, nous faisons d’une pierre deux coups. Sans femmes, plus d’enfants.

Etudiant : Oui, oui, il a raison. Je vote pour Barbackman.

Chirurgienne : Il me semble, d’un point de vue purement médical, que nous pourrions reprendre votre raisonnement pour justifier l’élimination des hommes.

Boucher : Vous aimez bien pinailler vous.

Banquier : Le problème c’est qu’en supprimant tous les hommes ou toutes les femmes, à la louche ça fait plus de trois milliards. Je vous rappelle que le but n’est pas l’extinction de la race humaine mais de sauver la planète.

Call-Girl : Très bien, alors éliminons les médecins.

Chirurgienne : Pourquoi ?

Call-Girl : Pourquoi pas ? Il n’y a pas de privilèges.

Chirurgienne : Il n’y a pas un milliard de médecins.

Musicienne : Pas bête, sans médecins, plus de soins, la population va s’autoréguler. Les plus résistants survivront. C’est la loi de l’évolution.

Retraitée : Ça revient un peu à se débarrasser des personnes âgées et des malades.

Banquier : Ce ne sont pas les plus résistants qui survivront, mais les plus riches. Ce qui ne changera pas grand-chose par rapport à aujourd’hui

Musicienne : En voilà une excellente idée, supprimons les pauvres. Nous éradiquerons notre milliard et la pauvreté du même coup. Ça passera très bien auprès du grand public.

Banquier : Rien de très nouveau, et pas réellement efficace. C’est ce qui se passe depuis des années et plus on décime de pauvres, plus il y en a.

Etudiant : Supprimons les hommes politiques. Après tout ce sont eux qui nous mènent dans le mur.

Banquier : Hors de question !

Etudiant : Pourquoi ?

Banquier : Ce sont des amis.

Boucher : On a qu’à supprimer les artistes.

Musicienne : Bah oui, on a qu’à. Espèce de fasciste !

Retraitée : Ce n’est pas un peu excessif ? Ça ne vous révoltait pas tant lorsqu’il s’agissait d’occire le troisième âge.

Chirurgienne : C’est sûr, « fasciste », ça clôt le débat. Mais ce n’est pas un argument. Ce n’est pas moi qui le dit, mais certains prétendent que les artistes sont des assistés, qui vivent sur le dos de la bête…

Musicienne : Je dois réellement vous expliquer à quel point les artistes, l’art, la culture sont indispensables à une société ?

Tous (sauf Musicienne) : Euh, non.

Musicienne : Bien !

Boucher : Et si on supprimait les étrangers ?

Call- Girl : J’ai compris, il est con.

Boucher : Je croyais que tout le monde avait le droit de l’ouvrir.

Call-Girl : Les étrangers ? Qui correspond à votre définition de « l’étranger » ? Celui qui n’a pas la même langue ? Celui qui ne vient pas du même continent que vous ? Du même pays ? De la même ville ? Ou du même quartier ? A votre avis, ça représente combien de personnes, les « étrangers » ? Nous sommes tous « l’étranger » de quelqu’un. Pour moi, vous êtes un étranger.

Boucher : Ça va, c’est bon, pas la peine de se mettre la rate au court bouillon. On discute. On pourrait juste supprimer un ou deux pays qui servent à rien.

Retraitée : Eradiquons les sportifs. Et par extension, tous les gens qui portent des survêtements. Ce que c’est laid.

Banquier, Etudiant, Boucher : Bah quoi, c’est pratique un survet.

Retraitée : C’est pratique, mais c’est laid !

Banquier : Pas plus que les fourrures. Supprimons les mémères à fourrure.

Musicienne : On doit supprimer un milliard de personnes, on a intérêt à avoir une meilleure raison que les fringues.

Chirurgienne : Et pourquoi pas après tout, soyons arbitraire et peu importe les raisons de notre choix. Laissons de côté la morale, la bienséance et même la réflexion. De toute façon, nous avons été choisis au hasard, par sur notre capacité à prendre une décision intelligente, au final, seul le résultat compte. Alors, autant se faire plaisir, je propose de supprimer les taxidermistes.

Banquier : Pourquoi ?

Chirurgienne : A cause du brushing.

Banquier : Ah oui, c’est arbitraire. Mais, un milliard de taxidermistes ?

Chirurgienne : Vous ne soupçonnez pas les pouvoirs du consortium des taxidermistes, ils sont partout. A l’affût.

Banquier : Très bien. Prenons juste un peu de marge pour être certain.

Retraitée : Ajoutons les fabricants de prothèses articulaires qui pratiquent le Feng-Shui.

Musicienne : Moi je supprimerais bien les chauffeurs de bus roux.

Boucher : Les roux, d’accord, mais pourquoi les chauffeurs de bus ?

Musicienne : Je ne sais pas, je ne les aime pas, c’est tout.

Banquier : Les vendeurs de meubles imberbes !

Etudiant : Les clowns, je déteste les clowns !

Boucher : Les végétariens !

Call-Girl : Les mous d’la bite ! Les peine-à-jouir !

Banquier : Les pus-du-bec !

Musicienne : Les gras du bide !

Chirurgienne : Les boutonneux !

Boucher : Les bas-du-front !

Etudiant : Les culs-de-sac !

Retraitée : Et dire qu’un jour il sera peut-être ministre …

Etudiant : Vous croivez ?

Banquier : Bien, maintenant que tout le monde est détendu, je vous propose, chers amis …

Musicienne : Arrêtez ça tout de suite !

Chirurgienne : C’est marrant en fait

Etudiant : Ouais, trop délire !

Retraitée : Je ne m’étais pas autant amuser depuis le vote pour l’installation de l’ascenseur.

Musicienne : Oui, enfin, je vous rappelle que l’objectif est d’arriver à un résultat. On est loin du consensus.

Boucher : C’est mal barré, chacun défend son bifteck.

Call-Girl : On n’arrivera jamais à se mettre d’accord, Je ne reverrais jamais ma petite fille.

Banquier : Puisque l’élimination par catégorie semble, comme dirait le jeune homme, un cul-de-sac, je vous propose de raisonner autrement. Plutôt que de désigner les gens à supprimer, ce qui entravera tout consensus, envisageons de créer les conditions qui mèneront à la suppression définitive de notre milliard d’individus.

Etudiant : Vous pourriez faire des phrases moins longues ?

Call-Girl : Et si vous précisiez votre pensée.

Chirurgienne : Il propose de déclencher des maladies inconnues et de laisser faire les virus.

Retraitée : Ce n’est pas un peu périlleux ? Qui dit que le virus va s’arrêter pile au milliard ? Il sait compter le virus ?

Banquier : Cela comporte effectivement quelques risques, c’est difficilement contrôlable mais ça nous évite de choisir. On ne fait pas d’omelette sans casser des gueux, comme on dit dans le milieu.

Boucher : Non seulement ce n’est pas contrôlable, mais c’est surtout inutile. Avec tout ce qui traîne déjà, la population ne cesse d’augmenter. Sida, Ebola, Chlamydia, même combat, sans résultats.

Call-Girl : D’autant que si que ça se trouve, c’est le fameux consortium qui a autrefois développé ces virus pour tenter de régler le problème …

Retraitée : C’est certain, ils ont déjà dû y penser. C’est comme ça que fonctionne les consortiums.

Etudiant : Euh, c’est quoi un consortium ?

Musicienne : Personne ne sait, c’est secret. C’est pour ça qu’on dit toujours un consortium secret.

Chirurgienne : C’est comme une association, mais de malfaiteurs.

La voix : Ho ! Je vous entends ! Foutez la paix à ce consortium et sortez-vous les doigts du cul pour trouver une solution !

Tous : Hé !

La voix : Je vous rappelle que je suis une voix enregistrée.

Boucher : Cela dit, il a pas tort pour les doigts, on est là à discuter le bout de gras mais on n’en a pas encore désossé un seul. Et si on peut pas compter sur les virus…

Banquier : Il n’y a pas que les maladies qui font mourir les gens. Pour une fois qu’on peut faire preuve d’innovation.

Call-Girl : Vous pensez à quoi ?

Banquier : Je pense à quelque chose de grand. D’immense. Qui restera dans les mémoires jusqu’à la nuit des temps. Une avancée incroyable, une approche inédite dans l’art d’éliminer.

Etudiant : Je sais ! J’ai une idée ! On a qu’à rendre obligatoire le téléphone portable sur l’autoroute. Interdiction absolue de conduire avec les deux mains sur le volant.

Boucher : Enfin un truc intelligent. J’ajouterais de rendre obligatoire de rouler bourré. Interdit de prendre la bagnole à moins de deux grammes. Je vous promets qu’il va y avoir de la viande froide.

Retraitée : Et on vire tous les panneaux de signalisation. Ça va être la jungle, un vrai carnage.

Call-Girl : Et si on supprimait tous les flics. Là, tout peut arriver … Et les lois, les tribunaux, les juges. Si les crimes sont impunis, ça va faire monter la tension et là, on peut faire confiance à l’être humain. S’il n’y a plus de punition, les gens vont se lâcher.

Chirurgienne : La régulation par la hausse de la criminalité, c’est violent. Quitte à devenir des barbares sans foi ni loi, inscrivons le droit de porter une arme dans la constitution tant qu’on y est …

Musicienne : On aura beau faire, de toute façon, tant qu’il y aura des médecins, il y aura trop de vies sauvées.

Chirurgienne : Je croyais qu’on en avait déjà parlé. Les médecins pourraient être bien utiles, une bonne erreur médicale et hop.

Musicienne : Apportons la preuve scientifique et absolue de la non existence de Dieu, ça va en perturber plus d’un, ça risque de faire du dégât.

Boucher : C’est possible que ça en dézingue quelques-uns mais en terme de régulation, Dieu, c’est quand même vachement efficace.

Chirurgienne : Je suis d’accord, ne mêlons pas Dieu à ça, nous avons déjà assez de problème.

Retraitée : Afin de réduire la natalité on pourrait financer la découverte d’une pilule qui dégouterait les êtres humains du sexe. Plus d’attirance, plus de désir. Plus de désir, plus de fornication.

Tous (sauf Retraitée) : Ça ne va pas, non, vous êtes malade !

Etudiant : Elle s’en fout, elle ! Elle en a déjà profité !

Call-Girl : Hors de question, c’est mon gagne-pain !

Banquier : Ah bon ? Intéressant …

Musicienne : Qu’est-ce que vous voulez dire par « gagne-pain » ?

Call-Girl : Bah c’est mon métier. Je suis stripteaseuse dans un club libertin et je vends des services de bien-être à des messieurs et parfois aussi à des dames.

Musicienne : Vous êtes une prostituée ? C’est génial ! C’était ce que je voulais faire quand j’étais enfant. Un rêve de gosse et puis la vie m’a mené sur d’autres chemins. J’ai dû faire un choix, la prostitution ou le violon … C’est un grand regret, mais bon je n’ai pas tout perdu quand même, parfois être artiste, c’est un peu faire la pute …

Etudiant : On dit préripratitécienne

Chirurgienne : On dit ce qu’on peut …

Boucher : On aura sauvé la race humaine, mais la vie va devenir ennuyeuse si on peut plus mettre papa dans mamanJe préfère encore devenir herbivore. Tant que ça fonctionne, j’ai bien l’intention de m’en servir.

Chirurgienne : Oui, profitez-en, ça ne va pas durer.

Call-Girl : C’est la procréation le problème, pas le sexe. Devenons tous homosexuels, problème réglé, et moi je peux continuer à bosser.

Boucher : Et pourquoi pas PD tant qu’on y est !

Retraitée : Vous, vous ne serez jamais ministre.

Musicienne : Polluons l’air, l’eau, la terre …

Tous (sauf Musicienne) : Déjà fait …

Boucher : Déclenchons des guerres partout dans le monde sous n’importe quel prétexte.

Tous (sauf Boucher) : Déjà fait …

Chirurgienne : Organisons les conditions d’une haine internationale grâce à des idéologies stupides.

Tous (sauf Chirurgienne) : Déjà fait.

Retraitée : Obligeons tout le monde à pratiquer cinq jours par semaine une activité vide de sens et ennuyeuse pour les pousser à en finir.

Tous :

Banquier : Si on ne sort pas des sentiers battus, on n’est pas sortis d’ici … Soyons imaginatifs, inventons le monde de demain !

Etudiant : Ça, je suis sûr que c’est nouveau. Imaginez la scène. On réunit plein de gens sur toutes les plus grandes places du monde et une fois que c’est bien bondé, on balance des tonnes de billets de banque par hélico et on laisse les gens s’entretuer.

Banquier : On ne joue pas avec l’argent !

Etudiant : Ah bon, alors c’est quoi votre boulot ?

Musicienne : Et si on obligeait tout le monde à fumer. Une petite clope après le repas. Et ce depuis le plus jeune âge, un biberon, du goudron.

Retraitée : Du goudron pour les nourrissons !

Tous (sauf Call-Girl) : Du goudron pour les nourrissons !

Call-Girl : Vous n’aimez pas les jeunes, vous n’aimez pas les bébés !

Retraitée : Et je n’aime pas non plus les tomates farcies, et on n’en fait pas toute une histoire.

Chirurgienne : La cigarette, c’est une bonne idée, mais ça peut prendre du temps. Et puis, les bébés sont très résistants, la preuve, ils survivent malgré toutes les saloperies qu’on met dans les vaccins.

Boucher : Des archéologues pourraient exhumer d’une région inconnue, un vieux document bourré de prédictions annonçant la fin du monde. Si l’information est bien relayée, les suicides collectifs vont se multiplier. Par exemple, le 22 janvier, Neptune passera en Capricorne, tandis que Sheila remontera sur scène. La synchronicité de ces deux évènements totalement improbables entrainera la montée des eaux et la baisse des impôts. Associé à une invasion de coccinelles mutantes, les volcans du monde entier entreront en éruption et une pandémie d’acné purulente s’étendra sur tous les continents ne touchant plus uniquement les adolescents … Ça ressemble à … La fin du monde.

Musicienne : Ça va nécessiter une organisation importante et nous manquons de temps.

Retraitée : On peut coudre l’anus des gens, ensuite on les gave, au bout d’un certain temps, ils finiront bien par exploser.

Chirurgienne : C’est créatif mais potentiellement polluant. Ça n’arrange pas vraiment nos affaires.

Chirurgienne : Et si nous faisions appel à des volontaires

Musicienne : On pourrait organiser une grande campagne de publicité pour susciter des vocations.

Musicienne : Votre vie est nulle ?

Boucher : Vous avez un boulot de merde ?

Retraitée : Vos enfants et votre conjoint vous font chier ?

Banquier : Vous n’avez pas une thune ?

Chirurgienne : Vous vouliez devenir un héros mais vous êtes un raté ?

Call-Girl :  Vous voulez faire quelque chose de grand pour votre pays ?

Etudiant : Mais vous ne savez pas quoi ?

Tous : Alors plutôt que de rester le cul dans votre canapé, venez sauver le monde ! Mourrez !

 

 

 

 

Scène 4

La voix : Bon, ça n’a pas l’air d’avancer beaucoup, je vous rappelle qu’il y a urgence. Vous n’êtes pas dans un cocktail. Vous avez une mission à mener.

Banquier : C’est insoluble.

Musicienne : Si vous n’avez pas réussi à régler le problème, pourquoi est-ce que nous on y arriverait ?

Chirurgienne : Oui, vous tentez de nous refiler le bébé

Boucher : C’est un traquenard votre truc,

Call-Girl : Tout à fait d’accord, j’abandonne.

La voix : Vous ne pouvez pas abandonner. Vous n’avez pas le choix.

Etudiant : Ah bon, c’est ce qu’on va voir ! Et si on se met en grève, vous faîtes quoi ?

La voix : Ce qu’on fait dans toutes les grèves. On vous divise, on accorde des avantages à certain, ou on vous casse psychologiquement. On a l’habitude.

Banquier : Ça ne vous mènera nulle part, vous l’avez dit vous-même, la décision doit être prise à l’unanimité. Plus on sera divisé moins il y aura de consensus.

Retraitée : Vous feriez mieux d’être raisonnable, personne ne peut décider de tuer un milliard d’êtres-humains.

Tous : Elle a raison !

Boucher : Le v’la votre consensus. On est tous d’accord pour la grève. On ne tuera personne ! Tous unis !

Chirurgienne : Exactement ! Le voilà notre pouvoir, celui de nous opposer ensemble à vos projets nauséabonds.

Call-Girl : Vous ne nous diviserez pas, l’union fait la force !

La voix : C’est définitif ?

Tous : Oui !

La voix : Très bien. Je crois que vous n’avez pas saisi l’ampleur du problème ainsi que votre responsabilité. Je vous rappelle que nous sommes face à une situation explosive. Nous ne cherchons pas à nous débarrasser d’un milliard d’individus juste pour le plaisir. Les prévisions sont formelles, la Terre n’y survivra pas et c’est l’extinction totale de la race humaine qui guette. Nous tentons de sauver 6 milliards de personnes …

Call-Girl : Ne cherchez pas à nous culpabiliser.

Musicienne : Ce n’est pas nous qui avons créé cette situation. Moi, j’essaie d’apporter du bonheur aux gens.

Boucher : Moi je fais de mon mieux pour les nourrir.

Retraitée : Moi, j’ai œuvré toute ma vie pour les faire réfléchir.

Chirurgienne : Moi, je les soigne.

Call-Girl : Moi, je les … J’apporte du plaisir.

Etudiant : Bon, moi, je n’ai pas encore vraiment choisi, il faut que j’aille voir le conseiller d’orientation, mais je peux faire plein de trucs bien … Du moment qu’il n’y a pas trop de math.

Banquier : Moi, je propose des prêts à la consommation. Vous voyez, nous travaillons tous pour le bien de l’humanité.

La voix : Vous êtes donc tous coupables ! En améliorant chacun à votre manière les conditions de vie, vous encouragez les gens à se reproduire, vous avez donc favorisé la surpopulation. Vous ne vous en sentez pas responsables, très bien, mais pour dire vrai, on s’en fout ! Vos états d’âmes ne nous intéressent pas, vous ne savez pas de quoi nous sommes capables !

Retraitée : Et alors, vous allez faire quoi maintenant ? Nous torturer ?

Musicienne : Ce n’est peut-être pas la peine de lui donner trop d’idées non plus.

Etudiant : On s’en fout, c’est une voix enregistrée.

La voix : Nous allons vous donner une dernière chance de reconsidérer votre position. Soyez raisonnables, il s’agit de sauver le monde, vous serez des héros !

Tous : Débrouillez-vous !

La voix : Il faut que j’aille pisser, je vous rappelle.

Banquier : Mes amis, nous sommes en train de gagner la partie.

Chirurgienne : Ils ne peuvent rien face à une opposition soudée.

Musicienne : Nous ne nous laisserons plus opprimer.

Etudiant : Plutôt mourir allongé que vivre assis.

Boucher : Finalement il suffit de pas grand-chose pour arrêter de se faire bouffer la couenne sur le dos. Une armée de volontaires est en marche. Unis vers un monde meilleur. Croire au grand soir et aux lendemains qui chantent. La fin de l’oppression, la fin des privilèges.

Banquier : Vous ne seriez pas un peu communiste ?

Boucher : Ah non, mon coin c’est plutôt la Bretagne. Le Morbihan, Plouhinec, ça y dit ?

La voix : Bien … Je ne vous cacherais pas que nos logiciels de simulation avaient envisagé l’hypothèse de cette révolte. La torture fait effectivement partie des réponses possibles. Moi ça m’aurait bien dit, mais le consortium y est opposé, c’est con mais c’est comme ça. Il faut impérativement qu’il y ait une décision consentie de votre part, c’est mieux pour la com’. Sinon, ça risque d’être mal perçu.

Etudiant : Donc vous êtes coincés !

Retraitée : Vous discutez avec une voix enregistrée, jeune homme.

La voix : Nous avons donc envisagé une autre solution, moins impliquante pour vous.

Banquier : Ah vous voyez, on peut toujours négocier. Je n’arrête pas de leur dire à l’agence. Toujours essayer de gratter un peu plus. Petit peu par petit peu.

La voix : Effectivement, vous n’aurez pas à éliminer un milliard de personnes.

Musicienne : On va finir par s’entendre.

La voix : Puisque la constitution d’un groupe de 7 personnes pour supprimer un milliard d’individu n’a pas abouti, vous n’allez devoir supprimer qu’une seule personne

Call-Girl : Vous voilà raisonnable. Ça, c’est dans nos cordes !

Etudiant : C’est presque trop facile ! Je vote pour le prof de math.

Boucher : Oui une seule personne, c’est pas compliqué à trouver. S’il y a un peu plus, je vous le mets quand même ?

La voix : Ça ne va pas se passer tout à fait comme cela. Du fait de votre refus, nous allons constituer un milliard de groupes de sept personnes comme le vôtre. Et chaque groupe devra éliminer un de ses membres. Vous pouvez éliminer n’importe qui du moment qu’il fait partie de votre groupe. Tous les coups sont permis, bonne journée.

Etudiant : Vous pourriez faire des phrases moins longues ?

Chirurgienne : N’allez pas trop vite avec les chiffres.

Retraitée : Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris non plus.

Boucher : Faut dire, c’est pas vraiment clair.

La voix : Comment ça pas clair ? Ce n’est quand même pas très compliqué, non mais qui c’est qui m’a refourgué des flèches pareilles ? Vous étiez 7 ! Vous deviez en éliminer un milliard ! Ça ne marche pas ! On va donc faire un milliard de groupes constitué de 7 personnes. Jusque-là, vous suivez ? Et chaque groupe devra éliminer un de ces membres …

Banquier : Et au final vous arrivez à votre milliard. Bravo ! Rien à redire, c’est parfait ! Vous savez jongler avec les chiffres !

La voix : Merci.

Banquier : Mais en quoi cela nous concerne t’il dorénavant ?

La voix : Vous êtes un des groupes !!! Vous êtes 7, vous en éliminez un et problème réglé !!! Vous vous débrouillez comme vous voulez, mais de toute façon, il faut en faire crever un ! Bonsoir !

Retraitée : Ah oui, j’avais bien compris ça !

La voix : Si vous ne nomminez, euh nommez, bref, si vous vous entêtez dans votre mutinerie et que vous ne désignez personne, vous y passerez tous. Bonsoir.

Etudiant : Ça m’étonnerait que ce soit une voix enregistrée…

Boucher : Toi, tu mérites une médaille.

Un temps, ils se regardent en biais, méfiants.

Banquier : Bon, la question va peut-être vous paraître saugrenue, mais y a-t-il un volontaire ? Un temps. Bon, ça ne coûte rien de demander.

Musicienne : Avec vous ça coute toujours quelque chose.

Boucher : Parce que vous, vos concerts sont gratuits ?

Retraitée : Oh, du calme l’égorgeur !

Etudiant : Allez-y mémé, bousillez-le, et problème réglé.

Chirurgienne : C’est plus facile d’envoyer les autres que de monter au front, trouillard.

Call-Girl : Vous n’en avez pas marre de tout le temps donner des leçons à tout le monde.

Banquier : C’est sûr que vous, vu vos « activités », vous ne prétendez pas à l’exemplarité.

Retraitée : Et vous, connaissez-vous toutes les personnes que vous avez ruinées ? Tous les œufs que vous avez cassés pour vous goinfrer d’omelettes ?

Musicienne Vous passez votre temps à vous plaindre, vous n’aimez personne, vieille aigrie.

Boucher : Madame Crin-crin prend ses grands airs. Je t’en foutrai moi du violon et de la culture, parasite !

Chirurgienne : Et ça vous connait les parasites, votre barbaque en est bourrée. On en retrouve dans tous les cadavres. Empoisonneur !

Etudiant : Entre deux parties de golf, vous trouvez encore le temps d’opérer qui que ce soit ? Escroc !

Call-Girl : « Qui que ce soit » ! Bravo ! Ce doit être la première phrase sans faute de syntaxe ! Petit crétin !

Banquier : Dans le genre parcours sans fautes, on a vu mieux, traînée !

Boucher : Il s’enflamme le gangster. Quelqu’un veut les oreilles et la queue ?

Chirurgienne : Cro-Magnon part à la chasse.

Retraitée : Vous allez bien récupérer ces organes pour vos trafics ? Découpeuse de macchabés.

Etudiant : Je vois pas bien ce qu’on pourrait faire avec les vôtres. Ça sent déjà le cadavre.

Musicienne : Dis-donc le fœtus, à peine formé mais déjà une très grande gueule ! Je vais te faire baisser d’un ton.

Ils sont tous prêts à se battre.

 

La voix : STOP ! Ah elle est belle l’humanité ! Il est beau le « Tous unis » ! On vous demande gentiment d’en exécuter un et on s’approche du massacre ! Chacun dans un coin ! Il doit en rester six, vu comme c’est parti, vous allez foutre en l’air tous les calculs et après je vais devoir me taper des heures sup’ pour reprogrammer le logiciel. Alors on se détend les serial killer ! Je ne vais pas passer mon week-end ici pour rattraper vos conneries. C’est fini la petite fête. On va exterminer mais de façon civilisée. On va anéantir, mais avec classe. Pour commencer, ouvrez le placard.

Ils sortent du placard des tenues de soirée.

La voix : Habillez-vous !

Call-Girl : Mais, c’est ma tenue de scène.

Boucher : Mon costume de mariage.

Banquier : Comment avez-vous eu ces vêtements ?

Musicienne : Vous êtes allés chez moi ?

Retraitée : Je déteste qu’on fouille dans mes placards.

La voix : Evidemment que nous sommes allés chez vous. Je vous rappelle que nous sommes un consortium, nous avons des moyens illimités. D’ailleurs, on y a découvert des petites choses assez « embarrassantes » sur chacun d’entre vous…Vous souhaitez peut-être qu’on en parle …

Tous : Non !

La voix : Allez, qu’on se marre un peu …

Chirurgienne : Si vous faîtes ça …

La voix : Oui ? Si je fais ça, il se passe quoi ? Je vous rappelle que je suis une voix enregistrée, vous allez faire quoi ? Me couper la parole ? Allez vite fait, un petit quizz. A votre avis, chez qui avons-nous retrouvé une mallette pleine de billets ainsi qu’un aller-retour en train pour la Suisse ?

Tous se tournent vers le Banquier.

La voix : Bravo, c’était facile

Banquier : Ce n’est pas ce que vous croyez, c’est juste que j’adore la Suisse, le Lac Léman, le chocolat, les montres …

Musicienne : Un vrai petit paradis, ça donne envie de s’évader …

La voix : Allez, on continue. Chez qui avons-nous trouvé des tonnes de nourriture ? Du gras à s’en faire péter les artères ?

Tous se tournent vers le Boucher.

Chirurgienne : Glouton !

Boucher : Bah quoi, j’aime bien manger, je suis gourmand.

Call-Girl : Vous vous empiffrez, c’est de la goinfrerie !

La voix : Allez ne soyez pas trop dur, ce n’est qu’un jeu. Qui a affiché tous ses diplômes dans son salon et se voue un véritable culte ?

Retraitée : Facile, c’est la prétentieuse. Madame la DOCTEUR ! Madame la CHIRURGIENNE !

Etudiant : Ouais la donneuse de leçon, Madame je sais tout mieux que tout le monde.

Chirurgienne : Je ne m’abaisserai pas à vous répondre.

Banquier : Quelle arrogance !

La voix : Restons dans le domaine médical, qui déteste les docteurs mais en est à son cinquième lifting ?

Le Boucher se tourne vers la Call-Girl.

Call-Girl : Ça ne va pas, non, chez moi tout est naturel ! Regardez plutôt mamie. Il ne doit plus y avoir une pièce d’origine là-dedans. Ça ne supporte pas de vieillir, c’est pour ça que c’est tout aigrie.

La voix : Effectivement, il y avait un piège.

Retraitée : Je ne vais pas me laisser insulter par une catin, une souillon de bas étage, une gourgandine.

Musicienne : Vous ne seriez pas un peu jalouse. C’est vrai que c’est moche les rides et les seins qui tombent.

La voix : Ne tombons pas si bas. Si ça dégénère, j’arrête.

Etudiant, Musicienne, Call-Girl : Oui ! Arrêtons là, ça va trop loin.

Chirurgienne, Banquier, Retraitée, Boucher : Surement pas ! Il n’y a pas de raison.

La voix : Ah quatre contre trois, la majorité l’emporte, je continue ! Qui n’a jamais voulu avoir d’enfant et ne s’en occupe que très peu pour passer son temps à batifoler.

Tous : La maman de Marie !

Call-Girl : C’est totalement faux ! Comment osez-vous ? J’adore ma fille, mon travail n’empiète pas du tout sur mon rôle de mère

La voix : Les services sociaux ne semblent pas de cet avis. Vous voulez que j’en dise plus ?

Musicienne : Ah oui, on veut des détails.

La voix : Vous qui aimez bien la ramener, voulez-vous nous raconter à quel point vous êtes colérique et autoritaire ?

Musicienne : Je ne suis ni colérique ni autoritaire, fermez-la !!!

Retraitée : Un peu, quand même …

Musicienne : Non !!!

La voix : Et pour finir, qui passe ses journées à ne rien faire, si ce n’est rester collé devant son écran. C’est qui la faignasse ? Tous se retournent vers l’étudiant.

Bien, nous en savons un peu plus sur chacun d’entre vous, c’est toujours sympa d’apprendre à se connaître. Ça crée des liens. Vous allez donc pouvoir voter. Une personne, une voix. Vous trouverez dans le placard, le matériel nécessaire à l’organisation du scrutin.

 

 

Scène 5

Ils installent la table de vote. Ils ouvrent un carton contenant les bulletins et 7 écharpes.

Chirurgienne : Tenez, ça doit être pour vous. Elle lui tend l’écharpe « L’Avarice ».

Banquier : Ça c’est sans doute la vôtre. Il tend à Musicienne l’écharpe « La Colère »

Musicienne : Tiens. Elle tend « La Paresse » à Etudiant.

Etudiant : C’est quoi « La luxure » ?

Call-Girl : Lui prend l’écharpe. « La Gourmandise », Moi j’aurais mis goinfrerie. Elle la tend au Boucher.

Boucher : Madame l’aigrie. Il tend l’écharpe « L’envie » à Retraitée.

Retraitée : Et pour finir, avec celle-ci on ne risquait pas de se tromper. Elle tend « L’orgueil » à Chirurgienne.

Ils se disposent en ligne.

La voix : Vous avez maintenant deux minutes chacun pour expliquer pourquoi vous ne devez pas être nominé, euh nommé, bref, ensuite, vous procèderez à l’élection du défunt. Que le meilleur gagne. Pas de questions, alors action !

Chirurgienne : Bon, je commence. Autant mettre la barre haute dès le début. Taisez-vous laquais ! Oui, je suis orgueilleuse, que voulez-vous ? Pourquoi s’abaisser à la modestie quand on est la meilleure. La plus grande. JE sauve des vies. Vous n’êtes que des vers grouillant dans la boue. Vous êtes des larves, je suis un papillon. Que peut valoir votre existence face à mon destin ? Il ne tiendrait qu’à moi, je vous éliminerais tous. Je vous écraserais du talon de ma chaussure. Tas d’insectes surabondant et superflus. Je suis une immense chirurgienne. Vénérez-moi. Je serais votre guide.

Applaudissements.

Musicienne : Bravo, c’était très bien.

Retraitée : Très convaincant.

Etudiant : Ouais, ça claquait.

Banquier : Difficile de passer après vous. Allez je me lance. L’argent ne fait pas le bonheur. Je n’ai jamais cru à ces fadaises. J’aime l’argent. J’ai toujours aimé l’argent. Le pez, la thune, le flouz, j’adore. Remplir mon compte en banque est ma seule ambition. En avoir plein les poches, sous le matelas, le plus possible. Et surtout plus que les autres. Amasser, entasser, accumuler un maximum d’oseille. Et pour ça je suis prêt à tout. Malversations, conflits d’intérêt, escroqueries en tout genre. C’est passionnant. Et je sais qu’au fond, vous souhaiteriez tous être à ma place. Etre assis sur un tas d’or. Pour vous c’est un rêve, pour moi une réalité. Merci.

Applaudissements.

Boucher : Beau discours. C’était parfait.

Chirurgienne : Le tas d’or, belle image.

Call-Girl : Vous parlez bien.

Retraitée : C’est vrai que ça fait envie. Et l’envie, ça me connait. Oui je suis jalouse de tout ce que vous avez et que je n’ai pas ou plus. Et j’en suis frustrée. C’est pour cela que je déverse ma bile. J’envie surtout votre jeunesse. C’est pour cela que je déteste les enfants. Moi je n’en ai pas eu. Alors j’exècre les gosses et surtout leurs mères. Je conchie leur bonheur sirupeux. J’abhorre leurs sourires extatiques, leurs yeux pétillants, leurs cris de joie. A l’heure où s’approche pour moi la fin, je suis férocement jalouse de tout ce qui fait le sel de votre vie, de vos plaisirs. Je suis aigrie.

Applaudissements

Banquier : Vous étiez très bien.

Call-Girl : J’ai eu l’impression de revoir ma grand-mère. En vrai. Elle était exactement comme vous dîtes.

Musicienne : Afin de m’exprimer au mieux, j’aurais besoin d’un accessoire. Accessoiriste !

La voix : Placard.

Musicienne : Merci.

Boucher : Allez savoir ce qu’elle nous réserve.

Musicienne joue un morceau de violon énervée.

Tous : Applaudissements.  Bravo, Formidable, quel talent !

Boucher : Rien de tel après ça qu’un petit encas. J’aime manger. Je ne parle pas de se nourrir mais de se bâfrer. Pour commencer, pâté en croute, soupe aux choux, terrine de foie gras, fondue de poireaux, et une salade lyonnaise pour faire glisser. Ensuite, escalope de poulet à la moutarde, bœufs aux oignons et riz cantonnais, spaghetti à la carbonara, moules au cidre … Passons aux fromages, brie aux truffes, camembert au calvados. Epoisses de Bourgogne et un petit chabichou du Poitou, il ne faut pas abuser et garder une petite place pour le dessert…

Banquier : Arrêtez, on n’en peut plus.

Musicienne : Je me sens ballonnée.

Retraitée : Je crois que je vais vomir.

Etudiant : Une fois qu’on a bouffé comme ça, quoi de mieux qu’une bonne sieste. Glander dans le fauteuil, le canapé, ou dans un hamac. Mais surtout ne rien faire. Rien de rien, même pas penser, genre rien. Je suis un fainéant, un tire-au-flanc, c’est ma manière d’occuper mon temps. Ne rien entreprendre. Je suis un assisté. Je ne demande pas grand-chose si ce n’est qu’on me prenne en charge, totalement, constamment et indéfiniment. Et comme ça m’épuise de parler, je vais m’arrêter.

Retraitée : Asseyez-vous. Il faut vous reposer. Vous devez être épuisé.

Chirurgienne : Après un si long discours.

Boucher : Petit bonhomme.

Call-Girl : Avec moi, pas besoin de longs discours. Musique. Elle fait une danse suggestive.

Applaudissements.

Musicienne : Quelle grâce, vous bougez magnifiquement.

Boucher : Je ne savais pas qu’on pouvait faire tout ça avec son corps. Encore, qu’y a des trucs, je ne m’y risquerais pas.

Banquier : Il va falloir que j’en parle à ma femme.

Retraitée : Vous êtes souple.

Chirurgienne : Ce n’est pas du tout vulgaire.

Etudiant : Encore …

La voix : Tout d’abord, je voudrais vous remercier tous chaleureusement. Vos prestations étaient remarquables. S’il ne tenait qu’à moi, je vous garderais tous. Mais le consortium exige des résultats. Je me suis reconnu en chacun de vous, vous m’avez bouleversé. Bien, maintenant on vote pour désigner celui qui va crever. Boite !

Ils prennent les bulletins avec les noms et en mettent un dans l’enveloppe. Chacun leur tour en aparté.

Call-Girl : (Froisse les papiers). Toi je t’aime bien, toi je ne t’aime pas, toi, bof, toi tu m’énerves, toi, c’est moi, toi je t’aime bien, toi tu dégages.

Retraitée : Ce n’est pas facile, au fond je les aime bien tous. Mais bon puisqu’il faut choisir.

Banquier : L’important c’est d’optimiser son vote. Peu importe ses convictions, il faut voter utile, stratégique.

Chirurgienne : Aucun doute.

Etudiant : Ça me fatigue de réfléchir, allez hop.

Boucher : On peut en mettre plusieurs ?

Musicienne : (siffle la Marche Funèbre).

Ils vont tour à tour déposer l’enveloppe dans l’urne. A chaque dépôt, La voix dit « A voté ».

La voix : Vous pouvez maintenant mettre l’urne dans le placard et je vais procéder au dépouillement. Afin qu’il n’y ait pas de contestation, ce dépouillement se fera sous le contrôle d’un huissier de justice.

Banquier : Et que sommes-nous censés faire en attendant ?

Etudiant : Bah rien, on attend. Tranquille.

Boucher : Attendre l’exécution, comme ça sans se faire une petite bouffe. Il y a à grailler dans le placard ?

La voix : Ce n’est pas un garde-manger.

Retraitée : A votre avis, comment vont-ils zigouiller le gagnant ?

Boucher : J’espère qu’ils vont trancher d’un coup sec. Rapide.

Retraitée : Surtout que ce ne soit pas douloureux.

Chirurgienne : Ne vous inquiétez pas, ce sont des professionnels de l’élimination. Ils doivent avoir de bons médecins. Ils vous feront ça gentiment avec une petite injection, vous ne sentirez rien.

Banquier : C’est rassurant, je suis un peu douillet. En tout cas mes chers amis, je crois que je peux maintenant vous appeler « mes chers amis », je tenais à vous dire à quel point j’ai été ravi de vous rencontrer. Je suis finalement heureux de partager mes derniers instants, ou les vôtres, ici en votre compagnie. Ces quelques heures passées avec vous m’en ont appris énormément sur l’humanité et je jure que si je m’en sors vivant, je deviendrais quelqu’un de meilleur grâce à vous.

Musicienne : Mouais … Je me méfie. A chaque élection, tout le monde dit qu’il a compris, qu’il va changer et puis ça repart de plus belle. Chacun joue sa partition.

Etudiant : Ouais, c’est d’la tchatche. Ils font rien qu’à parler. Moi je veux pas crever. J’espère que ça va être sur vous que ça va tomber. N’importe lequel. Je débute dans la vie. Je suis un oisillon.

Retraitée : Un oisillon ? Vous me faîtes plutôt penser à une dinde.

Boucher : C’est bon la dinde. J’espère qu’ils ont prévu le dernier repas du condamné. Je veux bien partir mais le ventre plein.

Call-Girl : Moi en ces derniers instants, c’est vers Marie, mon ange, mon amour, que vont mes pensées. Peut-être, mon ange, mon amour, que tu vas devoir grandir sans ta maman. Je ne serais plus là pour te prendre dans mes bras quand tu auras peur ou quand tu auras froid. Tu seras seule. Mais sache que je ne t’ai pas abandonné. Si tu trouves des objets bizarres à la maison, ne t’inquiète pas, c’est pour le travail. Eh, plutôt que d’attendre à rien faire, ça vous tente une partouze ?

La voix : Désolé nous n’avons pas le temps. Il est l’heure de procéder au décompte des voix. L’avarice, one point. L’orgueil, one point. La paresse, one point. L’envie, one point. La colère, one point. La luxure, one point. La gourmandise, one point. Bon alors ça nous donne quoi tout ça. Je refais les calculs … Putain vous faîtes chier !  On ne va pas y passer le week-end. On ne vous demande pas grand-chose, juste d’en buter un. Ce n’est pas la mer à boire tout de même !

Musicienne : Ne vous mettez pas en colère comme ça, c’est mauvais pour la santé, croyez-moi.

La voix : Vous devez m’obéir, vous êtes les otages et je suis le consortium, je suis tout puissant.

Chirurgienne : Non mais, quelle prétention ! Un peu d’humilité.

Banquier : Le peuple s’est exprimé

La voix : Et depuis quand on écoute la voix du peuple ? Bon, on va faire un deuxième tour de vote. Et vous ne me faîtes pas le coup du pape,on me sort une majorité, sinon je vais bourrer les urnes.

Boucher : Il n’y a pas une contrepèterie ?

Call-Girl : Depuis combien de temps vous n’avez pas baisé, ça vous détendrait, vous voulez pas que je vous fasse une …

La voix : Magnez-vous !

Etudiant : Il n’y a plus de bulletins.

La voix : Boite, crayon, feuille

 

 

Scène 6

Ils vont tour à tour déposer l’enveloppe dans l’urne. A chaque dépôt, La voix dit « A voté ». La voix récupère l’urne et regarde les bulletins. Sur chaque est inscrit « La voix »

La voix : Bande de sales cons !

Banquier : Vous vouliez une majorité, vous en avez une.

Retraitée : Tel est pris qui croyait prendre.

Chirurgienne : J’aime bien ces vieilles expressions, c’est désuet mais tellement charmant.

Etudiant : Ouais, c’est l’arroseur qu’est trempé.

Musicienne : Et voilà comment on bloque le système.

La voix : N’en soyez pas si sûr. Vos votes équivalent à un vote blanc. Vous bloqueriez l’élection si ceux-ci étaient pris en compte. Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes assez malins, nos logiciels de simulation ont simulé ce qui se passerait si c’était le cas. Le chaos. Et donc, puisque vos voix ne valent rien, celles des autres ont d’autant plus de poids. Je n’ai probablement pas omis de vous dire que cette éradication d’un milliard d’êtres humains n’a rien de vraiment officiel, ceci doit rester secret.

Call-Girl : Oui, enfin, un milliard en moins, ça va finir par se voir. Il ne va pas tenir longtemps votre secret.

La voix : Bien sûr. Mais il nous faut un protocole qui soit acceptable par tous, une question de com’. C’est pour cela que nous avons réunis un panel représentatif de la population afin d’examiner le déroulement dudit protocole. Ils vous observent depuis votre arrivée. Ils sont juste là. (Montre le public). Vous ne pouvez pas les voir ni les entendre, enfin un peu si quand ils toussent. Ils sont parfaitement au courant de la situation et de ses enjeux. Ils sont comme vous, boucher, chirurgien ou prostituée, jeunes ou vieux, avares ou prétentieux. Puisque vous avez choisi de vous taire, c’est à eux que je vais demander de décider.

Mesdames et messieurs, ladies and gentlemen, tout d’abord, merci d’avoir répondu à cette convocation. Before all, thank you for your money. Vous avez suivi le déroulement du protocole, you have  … (il cherche), euh … Tout le monde parle français ? Très bien …

J’imagine que vous avez plein de questions à me poser, mais je n’ai pas le temps. No time. Ça devait être bouclé rapidement mais ils font de la résistance. Je vais donc vous faire passer le matériel, the material, afin que vous puissiez voter. Assistante !  En votre âme et conscience, si vous en êtes équipés, c’est à vous que revient l’immense privilège de désigner le vainqueur. Pesez bien votre décision, C’est de l’avenir de la planète dont il est question. Après ce vote, tout va changer ! Oui je sais on vous l’a déjà faite, vous n’êtes plus dupe, mais là, croyez-moi, rien ne sera plus pareil. Nothing ! Nada ! Nichts ! Imaginez, un monde sans orgueil …

Chirurgienne : L’orgueil vous méprise !

La voix : Une vie sans colère …

Musicienne : Ça va être la foire aux Bisounours.

La voix : Une humanité qui n’enviera plus son voisin…

Retraitée : (Chante). Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie.

La voix : Des hommes généreux …

Banquier : Au diable, l’avarice …

La voix : Des hommes tempérants qui ne versent pas dans la surconsommation …

Boucher : Bah quoi, j’suis gourmand, j’suis gourmand.

La voix : Un monde sans paresse …

Etudiant : La paresse est la mère de tous les fils.

La voix : Débarrassé du stupre et de la luxure …

Call-Girl : Je sais, c’est mal, mais j’adore ça.

La voix : Imaginez. Et votez ! Comme vous le savez, les votes blancs ne seront pas pris en compte.

Le public vote.

La voix : (Fait le décompte). Notre grand vainqueur est xxx. Je crois qu’on peut l’applaudir. Bravo à vous, champion(ne) !

Le gagnant : Je voudrais juste dire un petit mot pour remercier tous ceux qui ont voté pour moi. Ça me touche énormément. Merci à vous. C’est bon de savoir que vous êtes là dès qu’il y a besoin de lyncher quelqu’un, ça me fait chaud au cœur. Je tiens également à remercier …

La voix : Oui, très touchant, allez le champion, tu sors. Par là. Les autres, vous êtes libres. Par là. Et je vous rappelle que tout ceci doit rester confidentiel. Pas un mot, à personne. Ce serait dommage de gâcher la surprise.

Le texte sera redistribué en fonction du gagnant

Musicienne : Qu’est ce qui va lui arriver ?

La voix : Il va être transformé en farines pour nourrir les animaux que vous mangerez ensuite. Vous voulez plus de détails ?

Musicienne : Non merci.

Etudiant : C’est dégueulasse ! On ne peut pas laisser faire ça.

Chirurgienne : Vous joignez l’utile à l’agréable, bande de pervers.

La voix : Vous préférez surement rester un peu plus longtemps en notre compagnie pour vous accorder sur le meilleur moyen d’accommoder ses restes …

Tous : C’est bon, salut. (Au gagnant) Et bonne chance. Ils sortent tous.

La voix : Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi. On en est au qu’au début et j’en ai déjà marre. Je pensais que ça se passerait beaucoup plus simplement, que les gens seraient contents de faire un truc bien, au moins une fois dans leur vie. Mais non, il faut toujours que ça râle. Et ce n’est que le premier. Maintenant il va falloir organiser un milliard de groupes comme ça. On n’a pas fini. Je vais prendre des stagiaires. Bon, ceci étant dit. Pour le groupe numéro deux, sont convoqués ici-même à 20 heures demain … (Donner 7 noms de spectateurs). Afin de nous assurer de votre présence effective, vous serez retenus en captivité jusqu’à l’heure dite. Ne tentez pas de vous échapper, il y a des gardes à l’entrée. Un seul cas de dérogation est possible, offrez une place à un ami, ou un ennemi, pour venir demain. Nous intervertirons vos noms dans le groupe. C’est une petite manip sur le logiciel, rien de très compliqué. Avec un peu de chance, il sera élu à votre place. Je souhaite aux autres, une bonne soirée, on se voit très bientôt.

Noir.

 


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